Il ne faut pas négliger les effets du couvre-feu sur une population LGBT+ pour qui les interactions sociales sont une part primordiale de la vie.
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En grandissant, on se rend parfois compte qu'on connaît très mal la sexualité. On comprend que si on avait été mieux informée plus tôt, on aurait probablement été plus épanouie... et on aurait davantage joui !
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Retour sur ce phénomène qui fait autant flipper votre entourage que la peste ou le Covid : le célibat à 30 ans. Attention, alerte coup de gueule, je suis colère. Alors, au lieu de me venger sur le premier passant qui me jetterait un regard de travers -vivant à Marseille, c’est monnaie courante- ou sur […]
Cet article Femme célibataire de 30 ans, cherche à le rester ! est apparu en premier sur Desculottées.
Marita était nonne sur une île croate quand elle a rencontré Fani, la religieuse qui allait devenir son grand amour. « J’ai simplement écouté mon coeur », explique celle qui a depuis quitté l’Eglise catholique, tout comme son amie. Leur vie est le sujet d’un documentaire qui vient d’être montré pour la première fois au …
L’article « Nun of your business » ou l’histoire d’un amour inattendu entre deux nones (DOC/VIDEO) est apparu en premier sur Association STOP HOMOPHOBIE | Information - Prévention - Aide aux victimes.
Tueurs en série, terroristes, pédo-criminels… Qui sont les hommes gays ou bis qui ont plongé dans la violence ? Qu’ont-ils en commun ? Le « placard » dans lequel certains sont restés enfermés, est-il à l’origine de ces actes criminels ? Autant de questions auxquelles l'enquête exclusive de Komitid tente de répondre dans une série de trois articles.
L'organisation Human Rights Watch appelle les autorités algériennes à annuler les actes d’accusation et remettre immédiatement ces personnes en liberté.
L’article Algérie : 9 femmes et 35 hommes condamnés pour « homosexualité » est apparu en premier sur Association STOP HOMOPHOBIE | Information - Prévention - Aide aux victimes.
L'organisation Human Rights Watch appelle les autorités algériennes à annuler les actes d’accusation et remettre immédiatement ces personnes en liberté.
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La VR (virtual reality) fait maintenant partie des nouvelles technologies sexuelles faisant sa place dans le porno.
L’expérience porno virtuelleLe principe de la réalité virtuelle dans le porno se base sur le visionnage d’une scène érotique en 3D où vous êtes vous même le personnage en action. La scène peut être filmée à 360° pour encore plus de réalisme mais reste généralement tournée à 180°. Pour pouvoir regarder cette catégorie de porno il faut être muni d’un casque VR sur les yeux, d’écouteurs et éventuellement d’un sextoy connecté à l’expérience virtuelle.
Le côté intime attire les amateurs de porno en réalité virtuelle. Le consommateur a en effet l’impression de vivre une véritable expérience avec son actrice X favorite. Eh oui, actuellement ce type de contenu érotique reste surtout réservé à un public masculin. Les scènes sont tournées d’un point de vue d’homme qui a un rapport sexuelle avec une femme. La gente féminine et le public homosexuel semble donc relativement exclu du visionnage de porno VR.
La réalité virtuelle va-t-elle remplacer le porno classique ?L’offre de pornographie en réalité virtuelle semble pourtant s’étendre et les tournages se multiplient. Pornhub abriterait ainsi plus de 7500 vidéos en VR compatibles avec les casques prévus à cet effet. Mais l’expérience pose quelques limites, elle serait avant tout visuelle et auditive. Pour émoustiller ses autres sens et notamment ceux intimes, un sextoy connecté semble nécessaire cependant tous les pornos VR ne proposent pas l’expérience en interaction avec des jouets coquins.
L’engouement pour le porno VR existe mais il ne va pas remplacer la pornographie classique de sitôt. La réalité virtuelle dans le X se place plus comme une catégorie : une valeur ajoutée au porno et...Lire la suite sur Union
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Saviez-vous que Jean Genet avait réalisé un film ? Un seul et unique film. Cet OVNI érotique est diffusé demain au festival du film underground de Lausanne (LUFF). C’est une histoire de l’oeil, intitulée «Un chant d’amour».
Imaginez une enfilade de cellules. Dans chacune d’entre elles un homme se masturbe en pensant au détenu d’à côté. Dans chaque cellule, les prisonniers se tordent contre les murs qu’ils embrassent. Leurs désirs sont aveugles, car des murs les séparent. Ils ne savent pas de qui ils sont amoureux. Quand il y a un trou dans un mur, il est si étroit qu’on peut seulement y glisser un brin de paille… pour y souffler de la fumée de cigarette. Deux prisonniers s’échangent la fumée. C’est cela le chant d’amour. Ils ne se voient pas, mais ils s’embrassent par la fumée.
Prison scopique
Dans le film, la seule personne qui voit, en dehors du spectateur, c’est le maton… qui mate. Passant tel un chat, de porte en porte, sans bruit, il soulève l’oeilleton et regarde les prisonniers tout en se touchant. Lui aussi rêve de sexe entre hommes, jaloux de ces corps sculptés et de cette liberté paradoxale dont ils jouissent. Les prisonniers couvrent les murs de sperme et de graffitis obscènes. Certains rêvent de la forêt. D’autres rêvent que la figure tatouée sur leur bras les enlace. Le maton devient fou à ce spectacle. Que va-t-il faire ?
Un film sous haute tension
Durant les 25 minutes que dure ce film onirique, la tension s’accumule dans cet univers de cachots survoltés. C’est le seul et unique film réalisé par Jean Genet, en 1950. Interdit pendant 25 ans, il n’est sorti de la clandestinité que très lentement car Jean Genet lui-même ne voulait pas qu’il soit diffusé. Pour lui, ce film ne reflétait que des fantasmes finalement très mièvres. Une histoire sentimentale ? Peut-être. Il était en tout cas impossible de «voir» Un chant d’amour et cela, certainement, participait de son histoire. Mais à quoi bon faire un film s’il ne peut être vu ?
A quoi bon faire un film invisible ?
L’histoire commence ainsi : en 1950, Jean Genet, âgé de quarante ans, a déjà été condamné treize fois par la justice. Il a écrit pratiquement tous ses livres, la plupart en prison. Le problème, c’est qu’il ne pourra plus aller en prison. En 1946, après sa treizième condamnation, alors qu’il doit écoper de 10 mois, ses amis Jean Cocteau et Jean-Paul Sartre ont demandé un recours en grâce signé par une foule d’artistes et de penseurs (Picasso, Mauriac, Breton, Claudel, Prévert…). En 1949, après une longue procédure, le président de la République (Vincent Auriol) amnistie Jean Genet qui… cesse alors pratiquement d’écrire.
Privé de prison, privé d’inspiration ?
Jean Genet devenu muet décide de faire un film muet. Ce film en noir et blanc rendra hommage à la prison dans laquelle il a passé le plus de temps : la prison de Fresnes, dont les murailles apparaissent au début et à la fin du film. C’est à Fresnes qu’il a écrit Miracle de la rose. C’est à la sortie de Fresnes qu’il a rencontré Jean Cocteau grâce à qui ses écrits ont pu sortir de l’ombre. Jean Genet admire Cocteau. Lui aussi, comme Cocteau, il veut faire du cinéma. Il écrit d’ailleurs ses livres comme des scripts de film, ainsi que le dévoile un ouvrage passionnant de Jane Giles, publié en 1993 aux éditions Macula.
Le cinéma de Genet
Ce livre magistral – intitulé Le cinéma de Genet – dévoile une foule de détails inouïs sur la vie du romancier. Comme Proust, Genet écrivait des textes puis les découpait en bandes qu’il montait avec des bouts d’autres textes, afin que les descriptions documentaires de son autobiographie se mêlent à des fictions. Dans Un chant d’amour, c’est la même construction : prison / rêve / prison / fantasme / prison. Les murs servent de séparation entre des séquences qui se mélangent de façon parfois hypnotique. La prison c’est le réel, mais on ne sait parfois plus dans quel monde les acteurs évoluent.
Nico Papatakis, futur mari d’Anouk Aimée
Il semblerait que Jean Genet ait toujours rêvé de cinéma, au point que ses romans en portent la trace : découpés, montés, remontés comme des bobines. Lorsque, en 1950, Jean Genet se met en tête de faire un film, il a déjà une connaissance précise de cet art. Première étape : trouver de l’argent. Jean Genet s’adresse à un vieux compagnon de misère, rencontré à la fin de la guerre, en 1943. Cet homme s’appelle Nico Papatakis et c’est en hommage à lui que la célèbre chanteuse Nico porte ce nom. Un entretien passionnant avec Nico Papatakis est d’ailleurs reproduit dans le livre, qui relate toute l’affaire.
La rose rouge, tremplin d’artistes comme Juliette Greco
Nico Papatakis : «J’avais à l’époque un endroit qui s’appelait La Rose rouge, un cabaret théâtre, où pendant deux heures tous les soirs il y avait un spectacle. Genet y venait de souvent ; je l’avais connu à la fin de la guerre et, alors que j’étais patron cette boîte, il est venu me demander si je voulais bien financer pour lui un film : “Mais vous savez, je veux faire un film dans la tonalité de ce que je fais en général, donc un film érotique.” Je lui ai donné mon accord. Il me dit : “Réfléchissez bien, parce que cela comporte des tas de risques”, et à l’époque c’était très dur, parce que cela tombait sous le coup de la loi. Tout ce qui s’apparentait au film pornographique (ce n’en n’est pas un, mais cela pouvait être assimilé à ce genre de films) était très dangereux, on était passible de prison.»
Des acteurs qui ne savent pas jouer
Malgré les risques, Nico Papatakis accepte. Il finance le film. Le décor de prison est monté dans les locaux de La rose rouge. Un célèbre opérateur cinéma, Jacques Natteau, est chargé de filmer. Les acteurs sont recrutés. C’est Jean Genet qui les choisit, parmi ses amants et ses (mauvaises) connaissances du «milieu interlope de Pigalle». l’acteur tatoué s’appelle Lucien Sénemaud. Genet vit en couple avec lui. Le fumeur de cigarettes est un proxénète tunisien qui exerce aussi le métier de coiffeur (il sait bien manier le rasoir). Il y a aussi un danseur martiniquais appelé Coco. Les autres sont des «jeunes frappes» ainsi que le résume Nico, qui refuse d’en dire trop long.
Un générique de film sans noms
Leur nom n’apparaît pas au générique pour les protéger. D’ailleurs personne n’est crédité dans ce film, à part Jean Genet puisqu’il est déjà «hors la loi», c’est-à-dire intouchable. Une légende persistante veut que Jean Cocteau ait participé au film, mais Nico Papatakis le nie. Au bout d’environ deux mois (les retards s’accumulent car les acteurs sont rarement disponibles quand on a besoin d’eux), le film est en boîte. Il fait plus de 40 minutes. Jean Genet le réduit à 25 minutes. Suivant leur accord, Nico Papatakis essaie de le vendre clandestinement à de riches amateurs, pour rentrer dans ses frais.
Passeur de film interdit
«La seule façon de l’exploiter était de trouver des gens riches qui aimaient le travail de Genet pour leur vendre des copies.» Chaque fois qu’il traverse une frontière, avec les bandes cachées sur lui, Nico prie que les douaniers ne le fouillent pas trop. Ca ne rapporte pas vraiment. Il parvient aussi à en vendre à des distributeurs indépendants. Certains d’entre eux organisent des séances privées, parfois interrompues violemment par la police. C’est lors d’un de ces passages à New York que Nico Papatakis présente celle qui deviendra Nico à Andy Warhol. C’est aussi à cette occasion que Nico Papatakis devient le producteur du premier film de Cassavetes (Shadows).
Et quand enfin le sexe est devenu autorisé…
Dans les années 60, l’underground bouge. Mais Jean Genet n’en a cure. Il devient politisé, milite du côté des Black Panthers ou des palestiniens et renie Un chant d’amour qu’il trouve peut-être trop bourgeois (romantique). Lorsque Nico Papatakis obtient que le film reçoive un prix de neuf millions de francs, en 1974, Jean Genet refuse avec mépris et met son producteur dans une situation délicate : Nico Papatakis doit rembourser de l’argent. Il était pourtant prévu dans leurs accords que le film serait exploité commercialement… du moins autant que son statut d’oeuvre illégale le permettrait. En 1974, quand le film sort enfin de l’illégalité, parce que les lois condamnant le sexe changent et que, peu à peu, l’homosexualité n’est plus proscrite, Genet l’enterre. Il faut attendre la mort de l’écrivain, en 1986, pour qu’Un chant d’amour devienne visible. Enfin, visible. Mais à travers quelle sorte d’oeilleton ?
Nous qui matons ce film, dans quelle prison sommes-nous ?
.
A VOIR : Un chant d’amour, de Jean Genet, produit par Nico Papatakis, 1950.
Diffusion le 16 octobre, au Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF), du 14 au 18 octobre 2020.
Un chant d’amour sera diffusé dans le cadre d’une séance intitulée films-rêves. Cette séance est organisée par Maxime Lachaud, auteur, réalisateur et journaliste français qui viendra par ailleurs présenter au LUFF Texas trip - A Carnival of Ghosts, son dernier long métrage co-réalisé avec Steve Balestreri (un aperçu de la scène artistique contemporaine du Texas à travers ses drives-in abandonnés et artistes underground).
A LIRE : Le Cinéma de Jean Genet. Un chant d’amour, de Jane Giles (avec des entretiens et des textes inédits signés par Philippe-Alain Michaud, Albert Dichy, Serge Daney, Edmund White, Jean Genet, Nico Papatakis, Frédéric Charpentier), éditions Macula, Coll. Cinéma, 1993.
Saviez-vous que Jean Genet avait réalisé un film ? Un seul et unique film. Cet OVNI érotique est diffusé demain au festival du film underground de Lausanne (LUFF). C’est une histoire de l’oeil, intitulée «Un chant d’amour».
Imaginez une enfilade de cellules. Dans chacune d’entre elles un homme se masturbe en pensant au détenu d’à côté. Dans chaque cellule, les prisonniers se tordent contre les murs qu’ils embrassent. Leurs désirs sont aveugles, car des murs les séparent. Ils ne savent pas de qui ils sont amoureux. Quand il y a un trou dans un mur, il est si étroit qu’on peut seulement y glisser un brin de paille… pour y souffler de la fumée de cigarette. Deux prisonniers s’échangent la fumée. C’est cela le chant d’amour. Ils ne se voient pas, mais ils s’embrassent par la fumée.
Prison scopique
Dans le film, la seule personne qui voit, en dehors du spectateur, c’est le maton… qui mate. Passant tel un chat, de porte en porte, sans bruit, il soulève l’oeilleton et regarde les prisonniers tout en se touchant. Lui aussi rêve de sexe entre hommes, jaloux de ces corps sculptés et de cette liberté paradoxale dont ils jouissent. Les prisonniers couvrent les murs de sperme et de graffitis obscènes. Certains rêvent de la forêt. D’autres rêvent que la figure tatouée sur leur bras les enlace. Le maton devient fou à ce spectacle. Que va-t-il faire ?
Un film sous haute tension
Durant les 25 minutes que dure ce film onirique, la tension s’accumule dans cet univers de cachots survoltés. C’est le seul et unique film réalisé par Jean Genet, en 1950. Interdit pendant 25 ans, il n’est sorti de la clandestinité que très lentement car Jean Genet lui-même ne voulait pas qu’il soit diffusé. Pour lui, ce film ne reflétait que des fantasmes finalement très mièvres. Une histoire sentimentale ? Peut-être. Il était en tout cas impossible de «voir» Un chant d’amour et cela, certainement, participait de son histoire. Mais à quoi bon faire un film s’il ne peut être vu ?
A quoi bon faire un film invisible ?
L’histoire commence ainsi : en 1950, Jean Genet, âgé de quarante ans, a déjà été condamné treize fois par la justice. Il a écrit pratiquement tous ses livres, la plupart en prison. Le problème, c’est qu’il ne pourra plus aller en prison. En 1946, après sa treizième condamnation, alors qu’il doit écoper de 10 mois, ses amis Jean Cocteau et Jean-Paul Sartre ont demandé un recours en grâce signé par une foule d’artistes et de penseurs (Picasso, Mauriac, Breton, Claudel, Prévert…). En 1949, après une longue procédure, le président de la République (Vincent Auriol) amnistie Jean Genet qui… cesse alors pratiquement d’écrire.
Privé de prison, privé d’inspiration ?
Jean Genet devenu muet décide de faire un film muet. Ce film en noir et blanc rendra hommage à la prison dans laquelle il a passé le plus de temps : la prison de Fresnes, dont les murailles apparaissent au début et à la fin du film. C’est à Fresnes qu’il a écrit Miracle de la rose. C’est à la sortie de Fresnes qu’il a rencontré Jean Cocteau grâce à qui ses écrits ont pu sortir de l’ombre. Jean Genet admire Cocteau. Lui aussi, comme Cocteau, il veut faire du cinéma. Il écrit d’ailleurs ses livres comme des scripts de film, ainsi que le dévoile un ouvrage passionnant de Jane Giles, publié en 1993 aux éditions Macula.
Le cinéma de Genet
Ce livre magistral – intitulé Le cinéma de Genet – dévoile une foule de détails inouïs sur la vie du romancier. Comme Proust, Genet écrivait des textes puis les découpait en bandes qu’il montait avec des bouts d’autres textes, afin que les descriptions documentaires de son autobiographie se mêlent à des fictions. Dans Un chant d’amour, c’est la même construction : prison / rêve / prison / fantasme / prison. Les murs servent de séparation entre des séquences qui se mélangent de façon parfois hypnotique. La prison c’est le réel, mais on ne sait parfois plus dans quel monde les acteurs évoluent.
Nico Papatakis, futur mari d’Anouk Aimée
Il semblerait que Jean Genet ait toujours rêvé de cinéma, au point que ses romans en portent la trace : découpés, montés, remontés comme des bobines. Lorsque, en 1950, Jean Genet se met en tête de faire un film, il a déjà une connaissance précise de cet art. Première étape : trouver de l’argent. Jean Genet s’adresse à un vieux compagnon de misère, rencontré à la fin de la guerre, en 1943. Cet homme s’appelle Nico Papatakis et c’est en hommage à lui que la célèbre chanteuse Nico porte ce nom. Un entretien passionnant avec Nico Papatakis est d’ailleurs reproduit dans le livre, qui relate toute l’affaire.
La rose rouge, tremplin d’artistes comme Juliette Greco
Nico Papatakis : «J’avais à l’époque un endroit qui s’appelait La Rose rouge, un cabaret théâtre, où pendant deux heures tous les soirs il y avait un spectacle. Genet y venait de souvent ; je l’avais connu à la fin de la guerre et, alors que j’étais patron cette boîte, il est venu me demander si je voulais bien financer pour lui un film : “Mais vous savez, je veux faire un film dans la tonalité de ce que je fais en général, donc un film érotique.” Je lui ai donné mon accord. Il me dit : “Réfléchissez bien, parce que cela comporte des tas de risques”, et à l’époque c’était très dur, parce que cela tombait sous le coup de la loi. Tout ce qui s’apparentait au film pornographique (ce n’en n’est pas un, mais cela pouvait être assimilé à ce genre de films) était très dangereux, on était passible de prison.»
Des acteurs qui ne savent pas jouer
Malgré les risques, Nico Papatakis accepte. Il finance le film. Le décor de prison est monté dans les locaux de La rose rouge. Un célèbre opérateur cinéma, Jacques Natteau, est chargé de filmer. Les acteurs sont recrutés. C’est Jean Genet qui les choisit, parmi ses amants et ses (mauvaises) connaissances du «milieu interlope de Pigalle». l’acteur tatoué s’appelle Lucien Sénemaud. Genet vit en couple avec lui. Le fumeur de cigarettes est un proxénète tunisien qui exerce aussi le métier de coiffeur (il sait bien manier le rasoir). Il y a aussi un danseur martiniquais appelé Coco. Les autres sont des «jeunes frappes» ainsi que le résume Nico, qui refuse d’en dire trop long.
Un générique de film sans noms
Leur nom n’apparaît pas au générique pour les protéger. D’ailleurs personne n’est crédité dans ce film, à part Jean Genet puisqu’il est déjà «hors la loi», c’est-à-dire intouchable. Une légende persistante veut que Jean Cocteau ait participé au film, mais Nico Papatakis le nie. Au bout d’environ deux mois (les retards s’accumulent car les acteurs sont rarement disponibles quand on a besoin d’eux), le film est en boîte. Il fait plus de 40 minutes. Jean Genet le réduit à 25 minutes. Suivant leur accord, Nico Papatakis essaie de le vendre clandestinement à de riches amateurs, pour rentrer dans ses frais.
Passeur de film interdit
«La seule façon de l’exploiter était de trouver des gens riches qui aimaient le travail de Genet pour leur vendre des copies.» Chaque fois qu’il traverse une frontière, avec les bandes cachées sur lui, Nico prie que les douaniers ne le fouillent pas trop. Ca ne rapporte pas vraiment. Il parvient aussi à en vendre à des distributeurs indépendants. Certains d’entre eux organisent des séances privées, parfois interrompues violemment par la police. C’est lors d’un de ces passages à New York que Nico Papatakis présente celle qui deviendra Nico à Andy Warhol. C’est aussi à cette occasion que Nico Papatakis devient le producteur du premier film de Cassavetes (Shadows).
Et quand enfin le sexe est devenu autorisé…
Dans les années 60, l’underground bouge. Mais Jean Genet n’en a cure. Il devient politisé, milite du côté des Black Panthers ou des palestiniens et renie Un chant d’amour qu’il trouve peut-être trop bourgeois (romantique). Lorsque Nico Papatakis obtient que le film reçoive un prix de neuf millions de francs, en 1974, Jean Genet refuse avec mépris et met son producteur dans une situation délicate : Nico Papatakis doit rembourser de l’argent. Il était pourtant prévu dans leurs accords que le film serait exploité commercialement… du moins autant que son statut d’oeuvre illégale le permettrait. En 1974, quand le film sort enfin de l’illégalité, parce que les lois condamnant le sexe changent et que, peu à peu, l’homosexualité n’est plus proscrite, Genet l’enterre. Il faut attendre la mort de l’écrivain, en 1986, pour qu’Un chant d’amour devienne visible. Enfin, visible. Mais à travers quelle sorte d’oeilleton ?
Nous qui matons ce film, dans quelle prison sommes-nous ?
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A VOIR : Un chant d’amour, de Jean Genet, produit par Nico Papatakis, 1950.
Diffusion le 16 octobre, au Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF), du 14 au 18 octobre 2020.
Un chant d’amour sera diffusé dans le cadre d’une séance intitulée films-rêves. Cette séance est organisée par Maxime Lachaud, auteur, réalisateur et journaliste français qui viendra par ailleurs présenter au LUFF Texas trip - A Carnival of Ghosts, son dernier long métrage co-réalisé avec Steve Balestreri (un aperçu de la scène artistique contemporaine du Texas à travers ses drives-in abandonnés et artistes underground).
A LIRE : Le Cinéma de Jean Genet. Un chant d’amour, de Jane Giles (avec des entretiens et des textes inédits signés par Philippe-Alain Michaud, Albert Dichy, Serge Daney, Edmund White, Jean Genet, Nico Papatakis, Frédéric Charpentier), éditions Macula, Coll. Cinéma, 1993.
J’ai la même relation avec le tag bi qu’avec les mecs cis : la plupart des vidéos qu’il englobe sont cringy as fuck, mais je continue à y fourrer mon nez pour les quelques rescapées qui me font grimper au rideau. Je sais, on en a déjà maintes et maintes fois parlé, mais j’avais besoin d’ouvrir à nouveau le sujet, en tant que personne bi et adepte de ce tag. Il me brise le coeur et me le reconstruit dans la foulée. Pourquoi ? Ah, ça…
Je m’y reconnais pasC’est pas faute d’avoir entendu la même ritournelle de la part de mes ex masculins, mais non : être bi ne signifie pas « faire des plan à trois ». Désolée de vous décevoir (non), mais le plan à trois, ou threesome, c’est un autre tag. De fait, faudra m’expliquer pourquoi une majorité de vidéos hébergées, encore en 2020, sous le tag bi peuvent être résumées comme suit : meuf chaude 1 passe la soirée avec meuf chaude 2, « ouhlala je t’ai effleurée » allez on se tripote et « OH NON DIS DONC », un mec nous observe/surprend ! Que faire ? Un plan à trois avec un parfait inconnu, pardi !
Bored and third-wheeling, @AlyssaReeceXo agrees to a hot threesome with couple @IVANACHERRYKISS and @Vincexxxx!
— Adult Time (@Adulttimecom) September 9, 2020
Watch the new #ModelTime episode created by Alyssa "Stop It Or I'll Snap!" @ https://t.co/5E4Nntn7iJ pic.twitter.com/7hUuhxRRH9
Si vous vivez votre bisexualité comme ça, aucun problème. Tout ce que je dis, c’est que nous sommes une majorité de meufs bi à ne pas nous reconnaitre dans cette représentation, omniprésente dans le porn. Et je parle même pas des mecs bi, qui sont absents de ce magma de vidéos et films fantasmés par des mecs cis-hétéros. C’est pas tant le fait qu’il y ait un plan à trois qui me dérange, mais plutôt le fait que ceux-ci font quasi systématiquement appel à un imaginaire qui, IRL, porte préjudice aux femmes bisexuelles. Non, nous ne sommes pas là pour pimenter ton couple, ni pour charmer beau-papa et finir dans le pieu avec maman (sérieux, wtf ?), et pas là non plus pour s’incruster dans la vie sexuelle de notre meilleure pote.
« Mais si tu tapes ‘féministe bi’, tu devrais t’y retrouver, non ? » Qu’on soit bien clair, c’est précisément ce point là qui m’échappe : pourquoi devrais-je atteindre Bac+12 en recherche de porn pour pouvoir tomber sur une représentation un tant soit peu adéquate de ma sexualité ? Et pour info, si vous tapez « feminist bi » sur PornHub, vous tomberez en premier lieu sur une vidéo élégamment intitulée : « FEMINIST BITCH GETS A MOUTH FULL OF COCK ». Où est le fucking rapport avec la choucroute ?
Ma concurrence à moiQu’on se le dise, le porno dit « bi » mainstream étant très (TRÈS) largement sujet au male gaze (ndlr : la vision d’homme cisgenre hétérosexuel dans une œuvre artistique), son visionnage à l’aube de ma sexualité et sans outil pédagogique pour l’appréhender n’a pas eu que des effets positifs. À voir des heures de meufs qui performent un maximum dans l’art de hurler à chaque contact, tenant des heures et enchainant les orgasmes, j’ai fini par me croire aux olympiades de la gymnabaise. Et c’est terrible, mais aujourd’hui encore, même avec le recul et l’expérience, je me sens poussée à la concurrence lorsque je visionne ce genre de pornos, pour plusieurs raisons.
Déjà, physiquement, et ça dépasse le cadre tag bi : les meufs sont archi normées. Minces, blanches, des seins qui défient la gravité… On en a déjà parlé, mais quand on nous oppose « il en faut pour tous les goûts ! », j’ai quand même l’impression que certains goûts sont plus privilégiés que d’autres. C’est soûlant, mais c’est pas vraiment ça qui me dérange le plus, et ce n’est pas le sujet du jour.
« Mais vous êtes en train de baiser ? Je proteste pendant 30 secondes et je vous rejoins ! »Ensuite, pour la faire courte, mes premières relations, je les ai eues avec des meufs. À l’époque, je n’avais AUCUNE autre représentation de la bisexualité que celle donnée dans le porn. Je ne savais pas moi-même poser un mot sur ma sexualité, donc vas-y pour trouver quelque chose qui s’en approche ailleurs que sur des sites de cul. Je me voyais mal me pointer au Furet du Nord (ndlr : la Fnac des Ch’tis, histoire d’être un peu chauvine), arriver au comptoir et claquer : « Bonjour, excusez-moi, auriez vous des recueils de témoignages ou toute autre ouvrage se rapportant à la sexualité d’une femme qui aime à la fois relationner avec des hommes et des femmes, s’il vous plaît ? » Avec des parents cathos tradis c’était mission impossible. Sans autre moyen d’explorer, je me suis rabattue sur le porn.
Et si vous me faisiez un massage pendant que je ne fais rien ?Comme évoqué plus haut, j’y ai découvert des meufs qui tiennent des heures, gémissent fort, et prennent du plaisir à se taper une autre meuf avec en bonus le voisin/beau-père/beau-frère/petit ami de celle-ci. Cliché à mourir. Mais ça à l’époque, je ne pouvais pas le savoir, alors je n’ai pas pu m’empêcher de m’y comparer, et de me sentir un peu nulle face à ces meufs. Sans dévoiler mes goûts et habitudes en matière de sexualité avec des meufs, disons que ce que je voyais à l’écran se trouvait extrêmement loin de mes préférences. Si loin que j’en suis venue à questionner ma légitimité à me dire bi.
De fait, mon problème avec le tag bi, c’est que : de un, il manque de variété et participe donc à véhiculer des clichés biphobes, de deux, je n’ai pas grandi avec d’autres représentations que celle-là. Dieu merci, et c’est d’ailleurs ce qui m’a réconciliée en partie avec ce tag, les représentations et la parole autour de la bisexualité se sont un peu développées ces dernières années, et permettent aux plus jeunes de jouir d’une pédagogie sexuelle bien plus riche que celle qui m’avait alors été présentée à l’époque. Pour une fois, ouais, merci les réseaux sociaux.
@madsteapartyUn petit goût de reviens-yhere’s part two of my song about being #bisexual in honor of pridemonth! #fyp#foryou#foryoupage#viral#music#songwriter#bi#lgbt#originalsong
♬ boy bi by mad – mad tsai
« Pourquoi tu critiques ce tag alors que c’est celui dans lequel tu fourres le plus ton doi… NEZ, ton nez ? », tout simplement parce que j’ai le droit, déjà, c’est ma sexualité, et j’estime être suffisamment éduquée sur le sujet et concernée pour savoir ce qui m’influence ou non en matière de sexe, aujourd’hui.
Ceci étant dit, notons également que j’ai le droit, comme toute personne un peu horny, de ne pas avoir envie de passer une heure à chercher LA vidéo dans laquelle il y a ni violences (ni sexuelles, ni physiques en général), ni mec cis qui débarque de nulle part, on sait pas trop pourquoi, et, surtout, où tout ne tourne pas subitement autour dudit mec cis. Alors parfois, je baisse les bras, et je laisse ma libido se faire porter, par une part de biphobie intériorisée peut-être. Je jouis en fronçant les sourcils, clairement.
Aussi, je regarde ce tag parce que je sais que je vais tomber sur un maximum de plan à trois où les meufs font la paire face au mec. Je sais, j’ai dit plus haut que j’aimais pas le fait que ce tag en regorgeait, mais ce n’est pas contradictoire : j’aime les plans à trois, je n’aime pas qu’on associe systématiquement la bisexualité à cette pratique, c’est tout. Donc, je disais, le threesome FFM (deux meufs, un mec) est une pratique que j’aimais jadis, et que je ne compte pas remettre sur la table de sitôt, a priori, donc le porn vient ici répondre visuellement aux rêves érotiques et fantasmes que je peux avoir ponctuellement. Pour la millième fois, c’est du cinéma, et regarder des plans à trois ne veut pas plus dire que je veux en faire un IRL le lendemain, que regarder La La Land ne donne une envie irrépressible de faire des claquettes en pleins bouchons sur l’A1. Ça réveille mes fantasmes, ça me fait du bien, point.
« On t’attend pour combler tous tes désirs et oublier les nôtres »Et on en vient donc à la dernière raison : parce que ça me fait du bien, et que c’est, à la base, la fonction première du porn. Comme pour les réseaux sociaux, je m’aventure du côté des sites de cul uniquement quand je suis dans le mood, et que je sais à la fois ce que j’en attends et ce qu’ils ont à m’offrir. J’ai beaucoup moins de colère et de frustration en moi depuis que je peux constater que les choses changent, et que le tag bi évolue sur certains sites, majoritairement féministes ou queer. C’est lent, parfois je perds espoir ou tombe de haut, mais ça change petit à petit, et c’est tout ce qui m’importe.
Bref, tout ça pour dire : petit tag bi, je t’ai tant détesté pour ton influence pourrie en début de sexualité, j’en suis absolument pas désolée, mais sache que j’apprends désormais à t’aimer, et c’est plutôt chouette. Bisous mouillés, et à très vite !
Parmi les mesures prévues figurent le lancement en 2021 d’une campagne gouvernementale de lutte contre les LGBTphobies sous l’angle de la santé, et la poursuite du financement des campagnes associatives.
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La grande marche traditionnelle, déjà reportée au 7 novembre prochain, vient finalement d'être annulée en raison de l'épidémie de Covid-19 et remplacée par une semaine de visibilité LGBTQI+ sous plusieurs formes.
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Initialement cité à comparaître le 18 juin 2020, Marcel Campion, célèbre forain et candidat à la mairie de Paris, comparaîtra ce jeudi 15 octobre 2020 à 13h devant la 14e chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Bobigny pour injures homophobes.
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En 2003, sortait Lucky de Alice Sebold. Elle y racontait le viol qu’elle avait subi et ce qui en avait découlé. « Lucky » parce que lorsqu’elle avait porté plainte, les flics lui avaient dit qu’elle avait au fond de la chance car la dernière à avoir été violée à cet endroit-là avait aussi été coupée en morceaux.
Je me souviens, lorsque je lisais le récit du viol, que je la trouvais chanceuse moi aussi. Je me disais qu’avec un viol pareil (elle était vierge, c’était un inconnu, il avait un couteau, il l’a massacrée de coups des poings et le viol en lui-même était physiquement très brutal), elle serait soutenue. Quelle naïveté ; son père s’est indigné qu’elle ne se soit pas davantage débattue lorsque le violeur a lâché son couteau et sa mère lui a dit qu’il valait mieux que cela arrive à elle, qu’à sa sœur, qui ne l’aurait pas supporté.
Mais je me disais qu’Alice Sebold était la bonne victime, celle qu’on croit et qu’on plaint.
Dans un viol il faut deux partenaires ; un bon violeur, qui correspond à tous les stéréotypes sur le sujet et une bonne victime. C’est un jeu où il faut cocher toutes les cases pour espérer un peu de soutien. J’avais tort, il n’existe aucune bonne victime, sauf si elle a eu le bon goût de mourir pendant l’agression. On adore les victimes mortes, on peut les parer de toutes les vertus et surtout elles sont silencieuses, elles n’emmerdent personne avec leurs traumas, leur féminisme.
J’ai attendu que ma mère meure pour témoigner d’un des viols que j’ai subis, en 1992 parce que notre relation face à ce qui m’est arrivé était trop complexe pour que je le fasse de son vivant. Même si elle m’a enfin crue en décembre 2019, je sais qu’elle n’aurait pas aimé que « je parle de ces choses-là » et pour une fois je lui ai fait ce plaisir.
Sans doute y-avait-il un peu de lâcheté de ma part aussi parce que je sais qu’en racontant ce viol, je perds de ma qualité de témoin impartial qui peut parler des violences sexuelles (à peu près impartial, je ne suis qu'une femme). On associera désormais mes propos à mes traumas, mon passé, un passif psychiatrique ou que sais-je.
Mais je considère qu’il est important de témoigner si l’on a un petit impact médiatique. Déjà il est arrivé assez souvent que des très jeunes femmes me contactent pour parler des violences sexuelles qu’elles avaient subies en me disant qu’elles savaient que moi je ne me « serais pas laissée faire ».
Parce que témoigner que ce que vous avez vécu est un viol (même si c’est mon cas puisqu’il est stéréotypé c’est assez facile de le comprendre) aide les jeunes femmes qui ont été, sont ou seront victimes du même type de viol, à le savoir.
Ensuite je veux interroger cette notion de courage entourée au fait de témoigner. Si je parle de mon agression en 2001 avec un scalpel sous le gorge, pour de l’argent, vous ne trouverez pas courageux que je témoigne. Si je dis avoir insulté un skin head en 1992, qui m’a tabassée ensuite, vous ne me trouverez pas courageuse. Pourquoi serait-il courageux de témoigner dans le cas spécifique du viol sauf si vous pensez que c’est honteux de l’avoir été. Associer du courage au fait de témoigner en dit davantage sur le malaise que vous avez à entendre des récits de viol ; l’idée d’un pénis, d’un doigt ou d’un objet introduit dans une bouche, un vagin ou un anus met davantage mal à l’aise que celui d’un couteau dans de la chair. Parce que beaucoup de gens ne trouvent pas courageux qu’on se remémore le viol, puisqu’on le raconte, ca ils s’en contrefoutent mais qu’on expose « ce qui doit rester du domaine privé ».
Il n’y a pas de plainte à déposer ici, pas d’enquête à mener, personne à condamner. Juste je suis une de plus.
Enfin je veux témoigner parce qu’il y a toujours les bonnes et mauvaises victimes, que j’en ai toujours été une mauvaise, y compris parfois au sein des mouvement féministes.
Et, bien évidemment, je ne témoigne pas pour les hug et autres soutiens virtuels qui ne sont pas le sujet face à un propos certes ancré sur un cas individuel mais bien politique.
C’était en 1992, j’avais 18 ans. Ce soir-là pour ceux qui connaissent Lyon, j’étais au fin fond du plateau de la Croix-Rousse chez un mec avec qui je me suis disputée. Je suis donc repartie saoule, défoncée au cannabis, habillée court sexy et transparent à une époque sans uber, sans téléphone portable et sans internet. J’habitais sur la colline de Saint Paul. Presque arrivée un homme m’a sautée dessus, armé d’un couteau. Je ne me suis pas débattue, je ne dirais pas qu’il y avait là une décision consciente, mais je n’étais pas non plus en état de sidération. Je dirais simplement qu’entre être violée et peut-être rester vivante, et être violée et en plus poignardée ou morte, j’ai pris, en un quart de millionième de seconde, l’option 1.
Lorsqu’il est parti, malgré toute l’éducation patriarcale que j’avais reçue, j’étais forte de la conviction inébranlable que ce n’était pas de ma faute ; le couteau et le côté très inquiétant (même si cela peut paraitre surprenant pour un violeur, le fait est que celui-ci était quand même dans son attitude, très particulier) y ont aidé.
Je suis arrivée dans ce commissariat où 3 hommes étaient à l’accueil. Revenaient-ils d’une opération ? Vu l’heure et leur état d’excitation virile c’est bien possible. J’avais l’attitude d’une personne qui a minima a été agressée ; bras abimés, vêtements sales et déchirés. Je me souviens de ce regard goguenard qui m’a toisé de haut en bas. J’ai dit « j’ai été violée ». L’un d’entre eux m’a répondu que s’il avait été mon père il m’aurait mis une paire de claques pour sortir vêtue ainsi. Les comparaisons entre hommes qu’ils adorent pour voir qui a la plus grosse. La violence physique sur « leurs » femmes. Le transfert de responsabilité. Je suis repartie.
J’ai longtemps pensé, parce qu’on en est là, parce que le viol fait partie de la vie collective des femmes, que j’avais eu de la chance. De ce type, mon violeur comme je l’appelle, je n’attendais rien. C’est un inconnu, je peux le qualifier à loisir de psychopathe, ca m’arrange, c’est plus facile que de le penser inscrit dans un monde où les hommes, psychopathes ou non, violent les femmes sous le regard des hommes psychopathes ou non qui détournent les yeux, les applaudissent ou les trouvent par ailleurs vachement sympa alors bon tu comprends ca va rester mon pote. « Et puis qui me dit que tu ne l’as pas provoqué cet homme », me disaient des potes, qui n’avaient d’autre lien que le sacro saint lien viril avec un type qui viole des femmes armé d’un couteau.
Mais j’attendais plus des gens que j’aimais et qui m’aimaient ; j’attendais qu’on rassure cette part infime de moi qui disait « quand même tu auras hurlé peut-être qu’il serait parti ». Peut-être oui. Ou pas. Et on hurle moins bien avec un couteau dans la gorge.
Bien évidemment parce que c’est ce qui arrive à l’immense majorité des victimes de viol ce n’est pas ce qui est arrivé ; personne n’a eu une attitude correcte a minima. Je mentais, j’avais beaucoup d’imagination, je cherchais l’attention, c’était une occasion pour ne pas aller en cours, je faisais mon intéressante.
Je me souviens des moments que j'ai passés à errer dans Lyon à la recherche de mon violeur pour qu'il me confirme que oui j'avais bien été violée puisqu'il était désormais le seul qui allait me croire.
J’ai découvert au fil des années que je n’étais pas également assez traumatisée, y compris au sein des mouvements féministes. On m’a soupçonné de ne pas vouloir voir en face le traumatisme que j’avais forcément (je souffre d’un long traumatisme dû à la déportation de mon père dont je n’arrive pas du tout à me défaire. Après son suicide, j’ai eu une période de six mois de traumatisme très profond suivi d’une dépression de deux ans. A l’heure actuelle j’ai un traumatisme du à l’agonie difficile de ma mère, je pense donc avoir une légère idée de ce qu’est et n’est pas un traumatisme). Et le fait est que je n’ai pas été traumatisée par ce viol ni pas l’autre. Et le fait est que pour beaucoup de gens cela fait de moi une personne dégénérée, une salope qui doit aimer être violée par des hommes avec des couteaux.
Alors je témoigne aussi pour celles-là, celles qui vont bien mais pour qui cela n’enlève rien à la gravité du viol qu’elles ont subi. Celles qui ont ri, bu, fumé sont sorties en robe ras la chatte et qui ont été violées et vous emmerdent qui plus est.
On doit avoir honte d’avoir été violées, on doit se sentir mal d’avoir été violées, on doit avoir un traumatisme (pas trop long ni profond non plus sinon on emmerde tout le monde avec).
Les femmes violées qui parlent sont haïes déjà parce qu’on n’aime pas bien les femmes qui parlent, ensuite parce qu’elles dérangent cet ordre établi où les hommes aiment les femmes dans cette hétérosexualité rose bonbon. A la limite les femmes comme moi auraient pu servir puisqu’on a été violé par des hommes à la marge, le fameux inconnu au grand couteau. Mais non même pas puisqu’on a l’outrecuidance de ne pas s’être suicidé ensuite, de ne pas s’en vouloir une seconde et d’inscrire notre violeur dans la communauté des hommes.
Je ne suis pas en train, bien évidemment, de jeter l’opprobre sur les victimes qui sont traumatisées. Mon livre Une culture du viol à la française est dédiée à deux combattant-e-s, qui luttent contre les traumatismes profonds que leur ont causé leur viol.
Il n’y a pas de bonne victime dans une société patriarcale parce qu’elle dérange la sacrosainte hétérosexualité ; ou l’exploitation des femmes par les hommes est appelée le mariage, où la violence des hommes sur les femmes est appelée passion ou drame familial, où le viol est appelé « sexualité un peu rude » ou « tu l’as quand même bien cherché salope ».
Plus nous témoignons, plus notre nombre croit, plus nous sommes haïes parce qu’il devient très difficile de détourner les yeux en hurlant « c’est pas moi ».
Lorsque je définis la culture du viol je dis que c’est l’ensemble des idées reçues sur le viol, les victimes et les auteurs et que, invariablement ces idées reçues contribuent à déculpabiliser les violeurs, culpabiliser les victimes et invisibiliser les viols eux-mêmes. Si je devais resserrer cette définition, je dirais que la culture du viol est la haine profonde, terrible, des femmes violées qui ont le toupet de s’exprimer. De nous déranger dans notre monde confortable où les pères aiment leur fille, les frères leur sœur, les maris leur femme et les inconnus dans la rue toutes les femmes. Chaque témoignage de plus est un clou dans le cœur des hommes, qui ne supportent décidément plus qu’on les embête autant avec nos petits problèmes qui relèvent de la misandrie.
Nous sommes toutes des mauvaises victimes parce que nous reconnaitre victimes légitimes ferait admettre qu’il y a un problème, réel, que ce problème s’appelle la virilité, l’hétérosexualité, l’exploitation.
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Le port du masque pourrait induire en erreur. Si le virus se transmet via les gouttelettes projetées dans l’air, il se propage aussi par un contact des mains avec des surfaces infectées portées à la bouche, au nez ou aux yeux. Et comme les scientifiques ont également détecté le virus dans les liquides biologiques : sang, sperme et selles, cela signifie que toutes les formes de contacts sexuels sont potentiellement contaminantes.
Que faire avec mon partenaire ?Si les partenaires ne sont pas infectés et qu’ils vivent sous le même toit, ils peuvent avoir des rapports sexuels dès lors qu’ils respectent strictement les gestes barrières tout au long de la journée. Les personnes qui ne vivent pas sous le même toit doivent éviter les rapprochements physiques de moins de deux mètres, incluant les contacts sexuels. Cette consigne s’applique à tous les partenaires sexuels qui ne vivent pas sous le même toit, qu’il s’agisse de nouveaux partenaires, de partenaires occasionnels ou réguliers.
Bien sûr, si l’un des deux est infecté, il convient de procéder à un isolement complet. C’est-à-dire, même pas de caresse, de baiser, d’étreinte ou de câlin quelconque. Comme pour toutes les IST, si l’un des partenaires est infecté sans le savoir, il risque de transmettre la COVID‑19 à son ou ses partenaires.
Si l’un des partenaires est en contact avec d’autres personnes, par exemple d’autres partenaires sexuels, les personnes avec qui il vit ou travaille ou qu’il croise au supermarché, etc., les risques qu’il attrape la COVID‑19 et la transmette sont augmentés.
Enfin, si vous avez des relations sexuelles avec des partenaires anonymes ou des partenaires dont les renseignements personnels sont inconnus vous empêchez les autorités sanitaires d’assurer le suivi approprié en cas...Lire la suite sur Union
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Changer la couche, donner le bain, gérer les pleurs, préparer le biberon… « C’est pas trop mon truc » rétorquent certains pères. Pourtant, ces tâches relèvent moins du loisir que de la nécessité pratique. Et surtout, elles cristallisent un grand angle mort de l’égalité femmes-hommes : aujourd’hui encore, en France, les hommes s’occupent moins de leurs enfants que les femmes, en particulier lorsqu’ils sont tout petits.
Un samedi matin de septembre, Victoire Tuaillon a assisté, en spectatrice, à un Atelier du futur papa, animé par Gilles Vaquier de Labaume. Ce père de trois enfants et spécialiste de la petite enfance enseigne toute sorte de techniques, savoirs et pratiques, qui, selon lui, sont indispensables à acquérir avant l’arrivée d’un nourrisson. Que faut-il savoir et apprendre à faire lorsque l’on devient père ? Comment construire un lien avec son enfant ? Qu’est-ce que ça veut dire, s’impliquer ? Comment prendre sa place de père ?
Pour répondre à ces questions, Victoire Tuaillon et son invité sont de retour aux studios de Binge Audio. Alors, biberon en verre ou en plastique ?
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ÉMISSION
Retrouvez toutes les références sur https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/papa-mode-demploi
CRÉDITS
Les couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été enregistré le 8 juillet 2020 à Binge Audio (Paris 19e). Prise de son : Quentin Bresson. Réalisation et mixage : Solène Moulin. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Sébastien Brothier (Upian). Chargée de production : Camille Regache. Chargée d’édition : Naomi Titti. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le validisme prend la figure de la personne valide comme norme et comme modèle dans l’organisation de la vie en société et « se traduit par des discours, actions ou pratiques paternalistes, condescendants et dénigrants à l’égard des personnes handicapées, qui les infériorisent, leur nient toute possibilité d’être satisfaites de leur existence et leur refusent le droit de prendre en main leur propre vie » (communiqué du CLHEE). Et les communautés LGBT+ ne sont pas épargnées par de tels comportements.
Faire relation
Le validisme diffuse l’idée que les personnes handicapées sont moins attirantes, moins désirables du fait de leur handicap. Selon les types de handicap, certaines personnes se verront ainsi exclues malgré elles des champs de la sexualité et du romantisme ; d’autres personnes seront à l’inverse fétichisées et sur-sexualisées. Il s’agit, dans tous les cas, d’une forme de déshumanisation. Le validisme expose par ailleurs les personnes handies à davantage de risques de violences physiques et psychologiques de la part de leur(s) partenaire(s) : il est indispensable d’interroger collectivement le validisme intériorisé dans nos attirances et nos interactions autant que d’inclure les personnes LGBT+ handies dans nos solidarités.
La sérophobie
La sérophobie désigne la discrimination spécifique des personnes séropositives. Ces dernières vivent une forme de validisme qui cible particulièrement le domaine des relations intimes. Le compte Instagram, @seropos_vs_grindr, met au jour la sérophobie que peuvent vivre au quotidien les hommes gays séropositifs : rejets immédiats, préjugés sur leur hygiène et leurs pratiques, insultes, confusion entre VIH et séropositivité, méconnaissance des modes de transmission, voire incitation aux comportements à risque.
L’accessibilité des espaces
La question du validisme dans les espaces LGBT+ ne concerne pas seulement l’accessibilité physique pour les personnes en fauteuils ou béquilles ; elle concerne aussi les personnes qui ont des hypersensorialités au bruit, à la lumière, au toucher, les personnes victimes d’addictions ou encore les personnes ayant des syndromes de stress post-traumatique suite à des agressions. Des espaces bruyants avec des lumières fortes, consommation d’alcool et de drogues, beaucoup de promiscuité physique ne sont pas des espaces accessibles pour bon nombre de personnes LGBT+. Il convient donc de réfléchir à nos espaces et à nos modes de socialisation pour multiplier les alternatives sécurisantes, accessibles, et non validistes.
Pour aller plus loin :
Collectif Lutte et Handicap pour l’Egalité et l’Émancipation : https://clhee.org/
@seropos_vs_grindr sur Instagram
Association CLE-Autistes : https://cle-autistes.fr/
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Créée en 1977 pour accueillir et défendre les personnes LGBT+ juives, Beit Haverim est composée principalement de bénévoles et de volontaires basé·es à Paris. C’est Alain Beit le président de l’association qui nous a parlé de ses activités et ses objectifs. L’association propose à ses membres de maintenir un lien avec le judaïsme à travers diverses activités : « Les personnes viennent chercher un endroit où elles ne sont pas jugées, elles veulent maintenir un lien avec la tradition. Nous leur proposons des cours d’hébreu, des repas de fête et une vie collective », précise-t-il. Mais « la conciliation entre la religion et l’homosexualité demeure encore difficile chez certaines familles bien qu’une avancée dans son acceptation soit notable ces dernières années », dit-il. En effet, des mariages homosexuels sont de plus en plus visibles et les couples renouent avec les valeurs judaïstes dans un désir de transmission. Mais ces avancées ne cachent malheureusement pas l’homophobie subie par une partie de la communauté juive, et l’antisémitisme d’une partie de la communauté LGBT+.
Shams ouvre ses portes aux LGBT+ du Maghreb et du Moyen-OrientLes personnes LGBT+ provenant du Maghreb et du Moyen Orient se retrouvent souvent à l’intersection de plusieurs problématiques et discriminations dont l’homophobie, la transphobie et l’islamophobie. Nous avons interrogé Yacine Djebelnouar, le président de l’association Shams France qui accueille toute personne provenant du Maghreb ou du Moyen Orient, religieuse ou pas. D’après lui : « les questions du coming-out et de la conciliation entre la foi et la sexualité sont encore du domaine des tabous car l’homosexualité est toujours perçue comme n’étant pas en adéquation avec ces cultures ». Une contradiction qui découle souvent d’une conception sociale de l’homosexualité comme antagoniste à la religion. Les difficultés se traduisent sur le plan familial par le rejet et l’exclusion. Dans les administrations, cela se traduit par le refus du mariage homosexuel car bien que ce dernier soit autorisé en France depuis la loi de 2013, il exclut les personnes provenant de 11 pays dépourvus de cette loi. Une discrimination qui les engage dans des démarches administratives pour faire valoir ce droit. Confrontées à toutes ces problématiques, les personnes viennent souvent chercher l’aide et le refuge auprès de l’association.
David et Jonathan, l’association LGBT+ chrétienneCe travail autour de la double identité religieuse et LGBT+ est assuré aussi par l’association David et Jonathan fondée en 1972. Rencontré au Centre LGBTI de Lyon, François, membre de la collégiale et ancien co-président national de l’association, nous a fait part des problématiques qu’ils et elles rencontrent: « c’est principalement la question de la compatibilité entre la foi et l’homosexualité qui les amène chez nous». Car bien que l’association soit détachée de tout mouvement d’Église, nombreux et nombreuses sont ses adhérent?es engagé?es dans des paroisses et qui font face à des discriminations. Établir un dialogue avec l’Église est donc l’une des activités que l’association mène « notamment sur des questions autour de l’accompagnement spirituel, l’égalité des droits, le mariage civil et l’homoparentalité », précise-t-il. L’association propose aussi d’accompagner les personnes dans leur conciliation en leur proposant des groupes de spiritualité, des recherches et des lectures de textes bibliques.
Ces associations représentent l’étendue des identités et des récits de la communauté LGBT+. Elles militent pour garantir l’égalité entre tous les individus, quelle que soit leur vie sexuelle ou affective et leur identité de genre. Par ailleurs, des églises, mosquées et synagogues inclusives accueillent les personnes LGBT+ provenant des trois religions monothéistes. Des travaux sont en cours pour interpréter les discours religieux homophobes en revoyant l’interprétation des textes. Une Pride pour les LGBT+ musulmans était prévue à Londres par l’association Imane mais a été annulée à cause de la crise sanitaire. Un mouvement homosexuel au sein de l’Église catholique nommé le DUEC propose des lieux de réflexion et de prière. Ceci montre bien une réappropriation du discours religieux par la communauté queer qui jusqu’à présent le subissait. Si aujourd’hui l’homophobie existe bien dans l’interprétation du discours religieux, il faut aussi reconnaître l’existence de croyant?es LGBT+ et l’importance de repenser l’opposition entre la religion et l’homosexualité pour ouvrir la voie à la conciliation.
Contacts
Beit Haverim : https://beit-haverim.com
Shams France : https://shams-france.org
David et Jonathan : https://www.davidetjonathan.com
© illustration Isabelle Valera
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Faire les choses autrement… Puisqu’il est inenvisageable d’organiser une grande Marche des Fiertés LBGT+ dans les rues de la capitale cette année pour cause de crise sanitaire, l’Inter-LGBT, l’association organisatrice, propose de multiplier du 2 au 7 novembre les manifestations de visibilité et de fierté à Paris et dans toute l’Ile-de-France.
Qui ne s’est jamais époumoné sur une chanson dans une langue étrangère, sans jamais vraiment faire attention au sens des paroles ? De nombreux artistes évoquent la sexualité dans leurs morceaux et, parfois, ils parlent même carrément de porno. Hé oui, quand on parle de culture porn c’est ça : le porn qui s’enfile aussi dans vos oreilles.
Si comme moi vous avez grandi à une époque à laquelle Google Trad n’existait pas encore, et que l’anglais n’était pas vraiment votre point fort au collège et au lycée, vous vous êtes probablement ambiancé·e sur des chansons, pour réaliser quelques années plus tard que les paroles criées en yaourt parlaient de cul. Eh oui, figurez-vous que « Pony » de Ginuwine ne parle pas d’un petit équidé, et que le « Genie in a Bottle » de Christina Aguilera n’a rien à voir avec le génie d’Aladdin.
Eh oui, moi aussi, j’étais sur le cul.Mais si certains artistes font leur possible pour faire des paroles à double sens, histoire de laisser le public spéculer et de conserver le bénéfice du doute, d’autres n’hésitent pas à y aller franco dans leurs chansons. Y compris en allant jusqu’à parler de porno.
Des tubes inspirés par les magazinesQuelle meilleure façon de parler de porno que de parler de ses premiers émois ? Pour beaucoup d’artistes, ces derniers remontent à avant les tubes, avant Internet, et ce sont donc les magazines qui leur ont permis de découvrir l’érotisme et la pornographie. Ainsi, plusieurs artistes ont rendu hommage aux centerfolds, ces pages centrales des magazines coquins, graphiques et emblématiques.
C’est notamment le cas de J. Geils Band dans leur morceau « Centerfold », dans les années 80. Les paroles, une fois traduites, sont sans équivoque et racontent l’histoire d’un homme qui découvre que son crush du lycée a bien changé et se retrouve désormais dénudée sur papier glacé. « Une part de moi a été arrachée, les pages de mon esprit se sont effacées, je ne peux le nier, je crois que je suis obligé de l’acheter (…) Mon ange est dans les pages centrales. »
Dans les années 80, toujours, Devo fait partie de ces groupes qui n’ont jamais hésité à faire des chansons particulièrement explicites, preuve que les rappeurs de notre génération n’ont rien inventé. Leur tube « Penetration In The Centerfold » y va nettement plus franco que celui de J. Geils Band : « Il y a un nouveau magazine dans les rayons, c’est le meilleur du moment (…) Dans les pages du milieu, il y a quelque chose qui me donne des démangeaisons : une fille avec un doigt dans la fente, et un mec qui lui défonce le cul. » Classe.
Difficile de ne pas associer pornographie et masturbation, l’un entraînant souvent l’autre. Et cet entraînement est très présent dans le titre « The Girls Of Porn » de Mr Bungle. Cette chanson au titre évocateur raconte les effets des pages de papier glacé des magazines pornos sur le principal intéressé : « Ma main se fatigue et ma bite est douloureuse, mais les filles du porno en veulent plus, alors je tourne les pages du magazine une fois de plus, et je laisse juste mon sperme voler. » Eh oui, les traductions littérales ont parfois de quoi faire rêver.
Des tubes sur les tubesÉvolution des modes de consommation du cul obligent, il n’y a pas que les magazines qui inspirent les artistes qui chantent le porn, dansent le porn, ne sont qu’amour pour le porn. Dans sa chanson « Porno Freak », Blowfly annonce la couleur dès le premier couplet en racontant : « Assis à la maison, jouant avec ma bite, j’ai décidé de regarder une vidéo. Il n’y a que les films cochons qui m’excitent, comme Deep Throat et The Devil In Miss Jones. » La chanson est une véritable ode au travail de Gerard Damiano.
Brian McKnight, lui, a carrément décidé de dédier une chanson à YouPorn ! Après que le site porno a décidé de faire la promotion de son titre « If Ur Ready To Learn », dans lequel il propose à une femme de lui montrer « comment sa chatte fonctionne » (sic) puisqu’elle n’est pas « venue le voir en premier », il a accepté d’écrire un hymne pour la plateforme. Malheureusement (mais sans surprise), le clip a rapidement été censuré de YouTube, et n’est désormais disponible… que sur YouPorn.
Les Français·es ne sont pas en resteParmi les chansons qui m’ont valu de sacrées réalisations, et dont je vous parlais en introduction de cet article, impossible de ne pas citer Yelle et son tube « Je veux te voir ». Je me rappelle encore le regard outragé de ma mère alors que je chantais les paroles dans la voiture, du haut de mes 16 ans. Désolée, maman…
Tout ceci n’est évidemment que ma petite sélection du moment, mais vous même vous savez, du titre « Le Pornographe » de Brassens à la chanson « Porno Graphique » de Mylène Farmer, ainsi que tous les artistes dont on a pu vous parler en 10 ans, la liste est longue. Et d’ailleurs, toutes ne sont pas en faveur de la pornographie. Des chansons telles que « Violent Pornography » de System of a Down qui s’époumone en parlant des « filles qu’on étrangle et de la sodomie, toutes ces merdes qu’on peut voir à la télé« , ou encore « I Hate Porn » de Halo of Kitten, qui au moins annonce la couleur dès son titre. Les paroles sont toutes aussi équivoques, puisque le chanteur y raconte qu’il n’a « aucune envie de voir quelqu’un se faire enculer« . Chacun ses choix, hein.
Cet article Comment les vibrations nous mènent-elles à l’orgasme ? Un sexologue nous explique est apparu en premier sur Madmoizelle.
Faire vivre dans son corps les âmes des animaux et des plantes. Danser nu-e, pieds nus. Danser avec le vent. Danser avec le bruit du vent. Danser même si on ne sait pas danser. Toutes ces leçons, on les doit à Laban, père de la danse moderne, qui inventa l’écriture du mouvement.
Entre 1913 et 1919, Rudolf Laban (1879-1958) crée à Monte Verità une «école de l’art de vivre» (shule für lebenskunst) qui consiste, pour les élèves, à danser du soir au matin, jusqu’à l’épuisement. La colonie végétarienne de Monte Verità accueille depuis déjà 13 ans toutes sortes de visiteurs étranges : ils s’exposent nus au soleil, pratiquent l’amour libre et rêvent de matriarcat. Mais lorsque Laban inaugure son école, attirant des dizaines d’élèves qui se déchaînent dans les clairières, les gens du pays parlent de Balabiott, les «danseurs nus», autrement dit des «possédés». Laban est-il le diable ?
Des folles qui dansent nues
La danse contemporaine n’existerait pas sans Laban. Pour l’historien Kaj Noschis, «Certes, Isadora Duncan, depuis 1900, marque les esprits par ses mouvements faunesques […] ; certes Nijinski, dans les chorégraphies de Diaghilev avec son ballet russe de 1909 à Paris, ouvre des horizons inconnus, tandis que Martha Graham innove aux Etats-Unis. Mais le véritable travail de théorisation de la danse comme “langage du corps” et sa diffusion par un enseignement passionné constituent l’apport de Laban et de ses élèves.» Lorsqu’il créé son école à Monte Verità, en Suisse –alors que les théories de Freud commencent à se diffuser–, Laban exploite l’idée, stupéfiante pour l’époque (1), qu’il faut danser non pas sur de la musique, mais sur les niveaux profonds de la conscience.
«S’abandonner à l’envie»
A Monte Verità, dont il devient l’animateur, Laban réveille ses élèves en sonnant le gong. Exercice d’échauffement. Alors que le soleil s’élève dans le ciel, les danseurs (surtout des femmes) doivent improviser, vêtus de tuniques légères (parfois rien), pieds nus dans l’herbe pour réveiller leurs énergies. L’entrainement se poursuit avec des exercices de balancements puis de mouvements choraux au fil desquels, prenant confiance, les femmes guidées par Laban se libèrent des injonctions : il ne s’agit pas, ici, de «faire joli», ni de plaire. Il s’agit de «s’abandonner à l’envie […], d’absorber les pouvoirs qui d’habitude osent à peine faire surface sous notre couverture civilisée», ainsi que le formule Marie Wigman, une des principales amantes et élèves de Laban.
Le goût des parades militaires, du sang et du vertige
Laban est un séducteur, tendance polygame. De son père, général. il a gardé le goût des ports altiers, postures redressées. De sa jeunesse, il a gardé aussi le goût de la chasse et des traques à l’aube. Adolescent, dans la province musulmane de Bosnie, il s’est initié à la danse soufie. Il aime la transe mystique. En 1900, il épouse sa première femme et suit des études d’art à Paris. En 1901, il voit un spectacle d’Isadora Duncan qui l’enchante. En 1905, son épouse meurt. En 1910, il fonde une école de danse à Munich, épouse une chanteuse viennoise (Maja) à qui il fait 5 enfants et qu’il emporte dans son tourbillon : Maja le partage avec d’autres femmes, car Laban ne saurait être l’homme d’une seule. En 1911, il devient célèbre avec une «Nuit de Sabbath» pour le carnaval de Schwabing qui regroupe 800 danseurs déguisés en démons.
La danse comme fusion, élan, union
En 1912, il découvre l’école où le genevois Jacques Delcroze enseigne l’eurythmie, un art corporel censé reconnecter l’homme aux rythmes naturels. Tout novateur qu’il soit, Delcroze fait sagement danser sur de la musique. Laban, plus radical, invente la danse libre, à laquelle il convertit Suzanne Perrottet (ex-enseignante chez Delcroze), avec qui il fait ménage à trois, puis Marie Wigman (jeune diplômée de l’eurythmie), avec qui il fait ménage à quatre. Ses danses à lui sont sexuelles. Muse, maître, amant et mentor, Laban fait s’enflammer les femmes et leur inspire l’envie de vivre, de créer. Wigman invente en 1913 sa fameuse danse de la sorcière, Hexentanz. Lorsque la guerre éclate, Laban s’installe avec ses trois femmes à Zurich, en Suisse (pays neutre) où ils enseignent «le mouvement».
Les nuits fauves : danser non-stop
En 1916, il s’éprend d’une quatrième femme, Dussia Bereska. En août 1917 –alors que le carnage de la guerre atteint les sommets de l’horreur–, tous ensemble, il créent à Monte Verità un spectacle qui commence à 18h (Danse du soleil couchant), se poursuit à 23h (Démons de la nuit, devant la grotte de Gusto Gräser) et s’achève à 6h du matin (Danse du soleil levant), dans une atmosphère survoltée d’orgie rituelle et de joie fiévreuse. Cette nuit sera la plus intense de leur vie. Dans les années 1920 et 30, Laban s’emploie à développer des «danses choriques» aux dimensions grandioses, ce qui, inévitablement, fait de lui l’interlocuteur tout désigné des nazis lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Le voilà directeur du Département Danse sous la direction du Ministère de la Propagande sous Goebbels. Laban va-t-il enfin pouvoir réaliser son rêve?
Chorégraphie pour 1000 danseurs
En 1936, avec Marie Wigman, il est responsable de la danse en avant-première des Jeux Olympiques de Berlin : une chorégraphie pour 1000 danseurs, devant 20 000 spectateurs, inspirée des textes de Nietzsche ! Scandale. Pourquoi ? L’archiviste Hermann Müller explique : Laban privilégiait la danse circulaire revenant sur elle-même, en contradiction avec «l’avancée linéaire des marcheurs fascistes.” Le spectacle est donc jugé «dégénéré». Goebbels l’interdit et «déchaine contre Laban une campagne de diffamation où le danseur est traité de juif et d’homosexuel. Il doit tout quitter. Frappé d’arrêts domiciliaires, il réussit à s’enfuir en France et de là passe à Londres» (Kaj Noschis). Qu’à cela ne tienne. Laban réussit ce coup de génie de convaincre les forces alliées (2). Il compose des chorégraphies pour usines d’armement, c’est-à-dire qu’il optimise les mouvements des ouvriers, afin d’accélérer les cadences de production tout en minimisant la fatigue et l’usure physique.
Son enthousiasme est contagieux
Son énergie est infatigable. Après-guerre, il étend ses principes à la formation des managers, fait rentrer ses exercices de danse dans le programme scolaire, collabore à des spectacles et peaufine avec passion un système de notation du mouvement sur lequel il travaille depuis plus de 30 ans : il s’agit de créer, dans le domaine postural, l’équivalent des partitions musicales. A Monte Verità, Laban avait déjà mis au point l’icosahedron, une cage permettant de crypter tous les gestes humains.
Par la suite, Laban enseigne une grammaire de la danse en utilisant l’icosahedron comme moyen technique d’indiquer les mouvements. Sa tentative est révolutionnaire : il est le premier à tenter la création d’une écriture des mouvements. Son système (Labanotation) est encore utilisé par les chorégraphes.
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A LIRE : La Maîtrise du mouvement (1950), de Rudolf Laban, Actes Sud, coll. Art de la danse, 1994.
A LIRE : «Monte Verità», de Valérie Da Costa, in : Le Bonheur, Dictionnaire historique et critique, sous la direction de Michèle Gally, CNRS éditions, 2019.
A LIRE : Monte Verità (Ascona et le génie du lieu), de Kaj Noschis, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011.
A VOIR : Monte Verità, La Montagne de la vérité, film documentaire de Henry Colomer, AMIP - Audiovisuel Multimedia International Production, La Sept ARTE. France | 1997 | 52 minutes.
EXTRAIT VIDEO SUR LABAN
NOTES
(1) Cette idée n’est pas de lui, ainsi que le dévoile Hermann Müller, archiviste de Monte Verità : «Elle a été développée par Gusto Gräser, qui avait été l’élève de Raymond et Isadora Duncan à Paris en 1900, mais qui s’est distancé de leur style de danse archaïque. Sa danse sans musique est également née de la nécessité - parce qu’il ne pouvait pas payer les musiciens.” L’expression Balabiott (danseur-euse nu-e) est d’ailleurs une invention de Gusto Gräser – qui créé un festival de danse sous ce nom – et aurait ensuite été appliquée par les villageois d’Ascona à tous les Monte Veritains, sans distinction.
(2) C’est Henry Colomer qui en parle dans son magistral documentaire sur Monte Verita, La Montagne de la vérité (1997).
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
Je remercie Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html
Faire vivre dans son corps les âmes des animaux et des plantes. Danser nu-e, pieds nus. Danser avec le vent. Danser avec le bruit du vent. Danser même si on ne sait pas danser. Toutes ces leçons, on les doit à Laban, père de la danse moderne, qui inventa l’écriture du mouvement.
Entre 1913 et 1919, Rudolf Laban (1879-1958) crée à Monte Verità une «école de l’art de vivre» (shule für lebenskunst) qui consiste, pour les élèves, à danser du soir au matin, jusqu’à l’épuisement. La colonie végétarienne de Monte Verità accueille depuis déjà 13 ans toutes sortes de visiteurs étranges : ils s’exposent nus au soleil, pratiquent l’amour libre et rêvent de matriarcat. Mais lorsque Laban inaugure son école, attirant des dizaines d’élèves qui se déchaînent dans les clairières, les gens du pays parlent de Balabiott, les «danseurs nus», autrement dit des «possédés». Laban est-il le diable ?
Des folles qui dansent nues
La danse contemporaine n’existerait pas sans Laban. Pour l’historien Kaj Noschis, «Certes, Isadora Duncan, depuis 1900, marque les esprits par ses mouvements faunesques […] ; certes Nijinski, dans les chorégraphies de Diaghilev avec son ballet russe de 1909 à Paris, ouvre des horizons inconnus, tandis que Martha Graham innove aux Etats-Unis. Mais le véritable travail de théorisation de la danse comme “langage du corps” et sa diffusion par un enseignement passionné constituent l’apport de Laban et de ses élèves.» Lorsqu’il créé son école à Monte Verità, en Suisse –alors que les théories de Freud commencent à se diffuser–, Laban exploite l’idée, stupéfiante pour l’époque (1), qu’il faut danser non pas sur de la musique, mais sur les niveaux profonds de la conscience.
«S’abandonner à l’envie»
A Monte Verità, dont il devient l’animateur, Laban réveille ses élèves en sonnant le gong. Exercice d’échauffement. Alors que le soleil s’élève dans le ciel, les danseurs (surtout des femmes) doivent improviser, vêtus de tuniques légères (parfois rien), pieds nus dans l’herbe pour réveiller leurs énergies. L’entrainement se poursuit avec des exercices de balancements puis de mouvements choraux au fil desquels, prenant confiance, les femmes guidées par Laban se libèrent des injonctions : il ne s’agit pas, ici, de «faire joli», ni de plaire. Il s’agit de «s’abandonner à l’envie […], d’absorber les pouvoirs qui d’habitude osent à peine faire surface sous notre couverture civilisée», ainsi que le formule Marie Wigman, une des principales amantes et élèves de Laban.
Le goût des parades militaires, du sang et du vertige
Laban est un séducteur, tendance polygame. De son père, général. il a gardé le goût des ports altiers, postures redressées. De sa jeunesse, il a gardé aussi le goût de la chasse et des traques à l’aube. Adolescent, dans la province musulmane de Bosnie, il s’est initié à la danse soufie. Il aime la transe mystique. En 1900, il épouse sa première femme et suit des études d’art à Paris. En 1901, il voit un spectacle d’Isadora Duncan qui l’enchante. En 1905, son épouse meurt. En 1910, il fonde une école de danse à Munich, épouse une chanteuse viennoise (Maja) à qui il fait 5 enfants et qu’il emporte dans son tourbillon : Maja le partage avec d’autres femmes, car Laban ne saurait être l’homme d’une seule. En 1911, il devient célèbre avec une «Nuit de Sabbath» pour le carnaval de Schwabing qui regroupe 800 danseurs déguisés en démons.
La danse comme fusion, élan, union
En 1912, il découvre l’école où le genevois Jacques Delcroze enseigne l’eurythmie, un art corporel censé reconnecter l’homme aux rythmes naturels. Tout novateur qu’il soit, Delcroze fait sagement danser sur de la musique. Laban, plus radical, invente la danse libre, à laquelle il convertit Suzanne Perrottet (ex-enseignante chez Delcroze), avec qui il fait ménage à trois, puis Marie Wigman (jeune diplômée de l’eurythmie), avec qui il fait ménage à quatre. Ses danses à lui sont sexuelles. Muse, maître, amant et mentor, Laban fait s’enflammer les femmes et leur inspire l’envie de vivre, de créer. Wigman invente en 1913 sa fameuse danse de la sorcière, Hexentanz. Lorsque la guerre éclate, Laban s’installe avec ses trois femmes à Zurich, en Suisse (pays neutre) où ils enseignent «le mouvement».
Les nuits fauves : danser non-stop
En 1916, il s’éprend d’une quatrième femme, Dussia Bereska. En août 1917 –alors que le carnage de la guerre atteint les sommets de l’horreur–, tous ensemble, il créent à Monte Verità un spectacle qui commence à 18h (Danse du soleil couchant), se poursuit à 23h (Démons de la nuit, devant la grotte de Gusto Gräser) et s’achève à 6h du matin (Danse du soleil levant), dans une atmosphère survoltée d’orgie rituelle et de joie fiévreuse. Cette nuit sera la plus intense de leur vie. Dans les années 1920 et 30, Laban s’emploie à développer des «danses choriques» aux dimensions grandioses, ce qui, inévitablement, fait de lui l’interlocuteur tout désigné des nazis lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Le voilà directeur du Département Danse sous la direction du Ministère de la Propagande sous Goebbels. Laban va-t-il enfin pouvoir réaliser son rêve?
Chorégraphie pour 1000 danseurs
En 1936, avec Marie Wigman, il est responsable de la danse en avant-première des Jeux Olympiques de Berlin : une chorégraphie pour 1000 danseurs, devant 20 000 spectateurs, inspirée des textes de Nietzsche ! Scandale. Pourquoi ? L’archiviste Hermann Müller explique : Laban privilégiait la danse circulaire revenant sur elle-même, en contradiction avec «l’avancée linéaire des marcheurs fascistes.” Le spectacle est donc jugé «dégénéré». Goebbels l’interdit et «déchaine contre Laban une campagne de diffamation où le danseur est traité de juif et d’homosexuel. Il doit tout quitter. Frappé d’arrêts domiciliaires, il réussit à s’enfuir en France et de là passe à Londres» (Kaj Noschis). Qu’à cela ne tienne. Laban réussit ce coup de génie de convaincre les forces alliées (2). Il compose des chorégraphies pour usines d’armement, c’est-à-dire qu’il optimise les mouvements des ouvriers, afin d’accélérer les cadences de production tout en minimisant la fatigue et l’usure physique.
Son enthousiasme est contagieux
Son énergie est infatigable. Après-guerre, il étend ses principes à la formation des managers, fait rentrer ses exercices de danse dans le programme scolaire, collabore à des spectacles et peaufine avec passion un système de notation du mouvement sur lequel il travaille depuis plus de 30 ans : il s’agit de créer, dans le domaine postural, l’équivalent des partitions musicales. A Monte Verità, Laban avait déjà mis au point l’icosahedron, une cage permettant de crypter tous les gestes humains.
Par la suite, Laban enseigne une grammaire de la danse en utilisant l’icosahedron comme moyen technique d’indiquer les mouvements. Sa tentative est révolutionnaire : il est le premier à tenter la création d’une écriture des mouvements. Son système (Labanotation) est encore utilisé par les chorégraphes.
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A LIRE : La Maîtrise du mouvement (1950), de Rudolf Laban, Actes Sud, coll. Art de la danse, 1994.
A LIRE : «Monte Verità», de Valérie Da Costa, in : Le Bonheur, Dictionnaire historique et critique, sous la direction de Michèle Gally, CNRS éditions, 2019.
A LIRE : Monte Verità (Ascona et le génie du lieu), de Kaj Noschis, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011.
A VOIR : Monte Verità, La Montagne de la vérité, film documentaire de Henry Colomer, AMIP - Audiovisuel Multimedia International Production, La Sept ARTE. France | 1997 | 52 minutes.
EXTRAIT VIDEO SUR LABAN
NOTES
(1) Cette idée n’est pas de lui, ainsi que le dévoile Hermann Müller, archiviste de Monte Verità : «Elle a été développée par Gusto Gräser, qui avait été l’élève de Raymond et Isadora Duncan à Paris en 1900, mais qui s’est distancé de leur style de danse archaïque. Sa danse sans musique est également née de la nécessité - parce qu’il ne pouvait pas payer les musiciens.” L’expression Balabiott (danseur-euse nu-e) est d’ailleurs une invention de Gusto Gräser – qui créé un festival de danse sous ce nom – et aurait ensuite été appliquée par les villageois d’Ascona à tous les Monte Veritains, sans distinction.
(2) C’est Henry Colomer qui en parle dans son magistral documentaire sur Monte Verita, La Montagne de la vérité (1997).
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
Je remercie Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html
Ces chaleurs tardives m’ont donné un dernier goût d’été, de désir, de passion et de liberté. Mais je dois me faire une raison : fini les beaux mecs en sueur et petits shorts, les terrasses bondées à toute heure, les sextos nocturnes à côté de mon ventilo, et les pauses boulot masturbatoires et fiévreuses à suffoquer de plaisir. Est-ce que ma vie sexuelle va pour autant s’éteindre du jour au lendemain ? Non. Est-ce que ma consommation de porno s’adapte à cette nouvelle routine automnale qui s’ouvre à moi ? J’en ai bien l’impression. Mais comme dirait Eddy Mitchell – parce why not, et que la référence est excellente – « C’était la dernière séance, et le rideau sur l’écran est tombé ». C’est donc avec mélancolie que je vous partage mon stock passager de vidéos réconfort…
« Dark Twisted Fantasy » Oh la la que cette vidéo porte bien son nom… Le BDSM m’y est certes réaliste et abordable, mais tout autant désirable. On ne rentre ni dans les clichés ambulants, ni dans l’abondance d’accessoires et de pratiques. Parker et Saff font les choses simplement mais brutalement. Les peaux rougissent sous les griffures, les muscles claquent fort les uns contre les autres, les vêtements sont déchirés et arrachés, les mains de Parker embrassent avec fermeté la nuque de Saff. Étrangleur ou étranglé, ils nourrissent tout à tour l’obsession de ce collier de mains autour de mon cou.
Une MILF chaude comme la braise, deux jeunes mecs nonchalants et assis sur un canapé, quoi de plus banal comme scénario ? Je ne saurai dire qui je désire le plus fort, ni pourquoi cette vidéo me fait autant vibrer. Peut-être est-ce parce que finalement je rêve de m’intercaler entre eux trois ? Ou peut-être parce leurs polo, baskets Vans et casquette donnent un faux air de « Wassup Rockers » à ce duo de pseudos adolescents…
Le threesome, encore un grand classique. Toutefois, j’essaye de mettre un point d’honneur à les sélectionner avec exigence. L’alchimie entre chaque protagoniste est pour moi le critère ultime. Plot twist, ce FMM déroge à la règle. On pourrait imaginer la meuf traitée en reine, et au centre de l’attention. Pourtant trop peu présent à mon goût dans le porno mainstream, ici les deux mecs visiblement bisexuels semblent préférer s’amuser ensemble, laissant la cinquième roue du carrosse de côté. Et vous savez quoi ? Je crois que les voir obsédés l’un par l’autre est ce qui me plaît et m’excite le plus.
Je le dis ouvertement : je crush autant sur Dante Dionys que sur Elara. Mais pour être franche avec vous, c’est bien à la place de cette dernière que j’aimerai être dans cette vidéo. Chaise en bois, lumière tamisée, cordes, expérimentation autour de la douleur et des dynamiques de pouvoir, Elara en lingerie et harnais, Dante tout de noir vêtu et en chemise tel un instituteur strict : ai-je besoin d’en préciser plus pour vous inviter à visionner ce petit bijou ?
Et je termine avec l’incontournable Veronika Charm que je ne vous présente plus. De toute sa chaîne, ses vidéos de sexe public sont celles que je préfère et de loin. À chaque fois les risques sont réels et c’est ça que j’aime. Comme ici avec cette branlette dangereuse effectuée non sans brio et dans le plus grand des calmes alors que d’innocents passagers sont assis tout proches et loin de se douter de ce qui se trame juste à côté d’eux…
Image à la une : Parker & Saff
Cet épisode bonus est un peu spécial puisqu’il est réalisé en duo avec Clémentine Sarlat, du podcast La Matrescence, dont je vous recommande l’écoute, d’ailleurs.
Clémentine a reçu Fanny dans son épisode précédent et pour la première fois dans Histoires de Darons, on se retrouve à faire une interview du papa et de la maman, ensemble…
Cet épisode est réalisé en partenariat avec la Fondation Ronald McDonald’s. Cette fondation oeuvre à offrir aux parents d’enfants hospitalisés des maisons où ils peuvent vivre à proximité des centres hospitaliers et au plus proche de leur enfant malade.
Enfin, si vous voulez découvrir les autres épisodes de la collection dans d’autres maisons de parents et avec d’autres podcasteurs et podcasteuses, ça s’appelle Dans la maison des parents et c’est à écouter sur toutes les plateformes de podcast et sur le site de la Fondation : fondation-ronald-mcdonald.fr.
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Il y aura 497 arrestations la nuit même, et environ 4 500 perquisitions avec saisies de plus de 30 000 documents lors de ratissages partout au Québec. La plupart des personnes arrêtées appartenaient à des groupes militants ouvertement en faveur de la justice sociale et de l'indépendance du Québec. Parmi elles, on compte une cinquantaine de femmes.
- Écrits d'Élaine AudetLes coups d’un soir : certains les fuient, d’autres ne jurent que par ça. Lelo a réalisé un sondage sur la séduction par pays qui montre que le sexe sans lendemain demeure une pratique universelle…
Les Français, rois du sexe sans lendemain ?Les coups d’un soir s’avèrent monnaie courante dans le monde entier mais les Français semblent avoir une longueur d’avance. 68% d’entre eux se livreraient au sexe sans lendemain, sans complexe. Mais l’Hexagone reste talonné de près par le Royaume-Uni (62%) ainsi que les États-Unis (57%). Bien que de nombreux pays semblent libérés sur les aventures sexuelles passagères, une certaine tranche d’âge est majoritairement concernée à savoir les 31-40ans (28%) et les femmes plus que les hommes.
L’attirance pour les coups d’un soirMais pourquoi les aventures sans lendemain attirent-elles autant ? Le fantasme de l’inconnu n’y est sûrement pas pour rien. Le fantasme de l’infidélité non plus : la personne reste inconnue de l’entourage donc l’infidèle a moins de chances de se faire prendre la main dans le sac (ou plutôt dans le lit). Pour ceux qui ne veulent pas s’engager, cela représente un parfait compromis aussi puisqu’il n’y pas de contraintes ou de comptes à rendre à la personne en face, bien que le respect soit toujours de mise !
Le sexe sans lendemain a quelque chose d’excitant mais il ne faut pas oublier de se protéger contre les IST.
Les Français, toujours romantiques ?Les Français restent tout de même romantiques puisque près de 90% d’entre eux préfèreraient le sexe avec des sentiments plutôt que sans. Quant au coup de foudre, seulement 53% d’entre eux y croiraient. Les armes de séduction massive seraient selon le...Lire la suite sur Union
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Quatre jeunes, qui avaient tagué cet été des croix gammées et celtiques sur les façades du Banana Café et du Cox, deux célèbres bars LGBT du Ier et du IVe arrondissement, ont été interpellés ce mercredi 7 octobre à leurs domiciles respectifs, en Seine-et-Marne et en Seine-Saint-Denis. Il s’agit de trois mineurs (de 16 et …
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Quatre jeunes, qui avaient tagué cet été des croix gammées et celtiques sur les façades du Banana Café et du Cox, deux célèbres bars LGBT du Ier et du IVe arrondissement, ont été interpellés ce mercredi 7 octobre à leurs domiciles respectifs, en Seine-et-Marne et en Seine-Saint-Denis. Il s’agit de trois mineurs (de 16 et …
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Il y a un mois nous avons rencontré Bertoulle Beaurebec, qui s’apprêtait à sortir son livre « Balance ton corps ». Avec elle nous avons discuté de son parcours, de ses débuts dans le porn à ses projets futurs.
Une bonne hygiène de vie peut permettre d’avoir une meilleure forme sexuelle. Elle passe par plus de libido, plus de plaisir durant les rapports et moins de troubles érectiles ou de troubles sexuels en général. Votre corps (et votre partenaire) vous dira merci par la même occasion ! Voici nos conseils.
Éviter les produits nocifsLes troubles de l’érection peuvent être liés à des maladies mais aussi à des produits utilisés au quotidien dont notamment le tabac. La nicotine présente n’y est pas pour rien : elle diminue l’afflux sanguin vers le pénis. La cigarette peut aussi diminuer la fertilité.
L’alcool fait aussi parti des produits à éviter dans la quête d’une meilleure santé sexuelle. Une trop grande consommation d’alcool peut réduire le désir ou causer des troubles de l’érection, à boire avec modération donc.
La prise de la pilule peut être à l’origine d’une baisse de libido due aux doses d’œstrogène et de progestérone présentes. A ce moment-là, seul le médecin peut l’ajuster, il ne faut donc pas hésiter à lui en parler.
Prendre soin de son corpsNul besoin d’être un athlète de haut niveau mais pour être en forme sexuellement, mieux vaut entretenir son corps ! Le surpoids cause parfois des troubles érectiles. Il peut entraîner des problèmes de circulation sanguine et du diabète qui se répercutent négativement sur la capacité à avoir une érection. Mais alors, comment mincir et prendre soin de son corps ?
Pour garder la ligne, il faut mettre la main à la pâte et faire un peu de gymnastique. Le sport a de nombreux bienfaits pour la libido : la production d’endorphine, la...Lire la suite sur Union
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Médecin toxicomane converti à la psychanalyse, végétarien bisexuel, séducteur impénitent, peut-être même euthanasieur… Durant sa courte vie, Otto Gross multiplie les mauvais coups (ou plutôt les bons). Il est adepte de l’amour libre. Où qu’il aille, la police le suit.
Pour certains, Otto Gross n’est qu’un suborneur de femmes, un pervers sexuel qui abuse sans vergogne de son pouvoir de fascination. Pour d’autres, c’est un génie qui inspire et illumine les personnes dont il fait la connaissance. Les femmes avec lesquelles il a des relations semblent toutes sortir très marquées par leur rencontre avec ce Don Juan. Otto Gross les choisit révoltées, atypiques. Parfois aussi –pour leur malheur– il les choisit suicidaires. Certaines d’entre elles deviendront des figures marquantes du féminisme. On ne sort pas indemne d’une rencontre avec Otto Gross.
Le fils maudit du flic n°1 d’Autriche
Otto Gross est né en 1877 en Styrie, une province de l’Autriche, dans un milieu bourgeois aisé. Bien qu’il soit bon élève, il supporte mal la discipline. Le problème, c’est que son père –le célèbre Hans Gross (ci-dessous)– est appelé à devenir l’inventeur de la criminologie autrichienne et le créateur d’un projet de coordination internationale de police qui mutera plus tard en INTERPOL. Son père s’est donné pour mission dans la vie de poursuivre les «dégénérés».
Autrement dit : son père est l’incarnation même de cet ordre qu’Otto Gross exècre. Dès qu’il a la vingtaine, étudiant en médecine, Otto fréquente les milieux contestataires de Munich. Son diplôme en poche, il s’embarque comme médecin naval en Amérique du sud où il se livre à des recherches très «expérimentales» sur la flore locale : le voilà morphinomane, puis cocaïnomane.
Quand deux moutons noirs se rencontrent…
De retour en Allemagne, il découvre les travaux de Freud. En 1901-02, il devient psychiatre et publie un livre sur La fonction secondaire du cerveau (celle qui fait les visionnaires). Il suit un premier traitement contre son addiction. En 1903, il épouse Frieda Schloffer, une jeune femme aux idées révolutionnaires issue d’une bonne famille (de médecins) qui s’oppose à ce mariage. Frieda devient ce qu’on appelle une «femme perdue».
«Le mariage d’Otto Gross et de Frieda Schloffer, deux moutons noirs de la société de Graz, est conclu contre l’avis des familles respectives et le couple se trouve immédiatement ostracisé, raconte l’historien Kaj Noschis. C’est pour sortir de l’isolement et vivre selon leurs convictions qu’il quitte Graz, en 1905, d’abord pour Munich et ensuite pour Ascona.»
La bohême insurgée d’Ascona
Lorsqu’il débarque à Ascona (Suisse), en 1906, Otto Gross découvre une sorte de paradis : un petit village de pêcheurs sur les bords d’un grand lac bordé de vignes, surmonté par une colline mythique, Monte Verità, où vivent en colonie les acteurs les plus extrêmes de la contre-culture du XXe siècle. Anarchistes, végétariens, nudistes, opposants radicaux à la société bourgeoise, d’innombrables penseurs et artistes s’y retrouvent pour tester d’autres formes de vie en groupe. Rapidement, Otto Gross y crée un cercle. Il cherche à promouvoir certaines de ses idées, notamment sur la liberté sexuelle : l’amour libre, dit-il, est le meilleur moyen d’en finir avec l’aliénation.
Otto Gross impliqué dans une mort mystérieuse
«Gross a le don de flairer immédiatement chez un interlocuteur une recherche de sens. […] De commerce agréable, le visage ouvert et les yeux candides, il écoute, mais il impose très vite le respect.» Dans le cercle qu’il créé à Ascona, Otto Gross attire les femmes et leur parle avec conviction de ses idées concernant le “matriarcat” (qu’il appelle de ses voeux) et du culte d’Astarté (grande déesse de l’amour des Babyloniens) qu’il invoque au cours d’orgies débridées. Il a de nombreuses amantes, toutes séduites par son discours sur «le plaisir pris sans idée de pêché ni de honte». De beaux discours certainement mais qui, dans le contexte de cette époque, sont difficiles à assumer. Parmi les amantes de Gross, deux d’entre elles se suicident à la morphine et à la cocaïne.
Suicide ou empoisonnement ?
En 1906, la mort de Pauline Charlotte Hattemer, surnommée Babette, survient dans des circonstances qui restent mal éclaircies. Cette beauté fait partie des cinq fondateurs de Monte Verità. Elle vient de Berlin, d’une famille bourgeoise et rêve d’émancipation mais… Tout en professant des idées communistes, elle dépend financièrement de sa famille, ce qui la met en contradiction avec ses idéaux. Pire encore : sa jeunesse, sa beauté, ses couronnes de fleur, en font la cible privilégiée des hommes en quête d’aventure qui viennent à Monte Verità pour des cures de «santé». Sainte, exaltée ou folle : les avis divergent. Certains hommes abusent de sa vulnérabilité. Elle veut en finir. Otto Gross la persuade que chaque être doit être libre de disposer de lui-même. Prenant le contre-pied de la règle qui, en médecine occidentale, fait de «la lutte contre la mort la priorité absolue», Otto Gross offre à Lotte du poison pour qu’elle puisse réaliser son suicide. Elle met près d’une journée entière à mourir, dans des souffrances atroces.
La révolution commence dans le lit
A la même époque, vers 1905, Otto et Frieda conviennent d’un pacte d’«union libre». Frieda se réserve le droit d’avoir des amants, autant que son mari. Ils ont un enfant nommé Peter. Ci-dessous, Frieda et Peter n°1.
En parallèle, Otto Gross entame une relation avec Else Jaffé (la femme du sociologue Edgar Jaffé), qui –après avoir fait sa thèse sous la direction de Max Weber– devient la première femme docteur en sociologie d’Autriche. Else Jaffé est une amie proche de Frieda. Les deux femmes sont si proches qu’elles tombent enceintes presque en même temps et qu’elles nomment chacune leur enfant du même nom : Peter. En 1907, Otto Gross est donc deux fois père. Ses deux fils se nomment Peter. Ci-dessous, Else et Peter n°2.
Libertaire ou irresponsable ?
Quand il parle de liberté sexuelle, Otto Gross a le don de convaincre ses partenaires mais quand elles tombent enceintes, le voilà aux abonnés absents. «Il est opposé à la notion de famille comme noyau formateur. Il laisse dès lors les mères faire face, seules, aux soucis éducatifs et financiers. Il ne ressent aucune responsabilité tant que père. L’important, selon lui, c’est que les jeunes échappent à l’emprise du couple parental. Tel est le principe qui lui permet, face à sa progéniture, de “s’en laver les mains”», explique brièvement Kaj Noschis. Cette attitude démissionnaire ne l’empêche pas d’avoir du succès.
Thérapie par l’orgie
En 1907, il prend pour amante la soeur cadette d’Else Jaffé : Frieda von Richthofen, future épouse du romancier D.H. Lawrence (1). Cette liaison aurait inspiré L’amant de Lady Chatterley. Ci-dessous, les deux soeurs qui furent ses amantes.
En 1908, il a un autre enfant (Camilla) d’une autre femme (l’écrivain Regina Ullman). Son attitude pourrait paraître irresponsable, mais il faut reconnaitre qu’Otto Gross a, malgré ses défauts, de l’honnêteté intellectuelle. A la différence de ses contemporains (Freud, Jung, Weber, etc), qui trompent leur épouse, lui se veut transparent : il ne cache pas ses liaisons. Il ne commet pas d’adultère, au contraire : il encourage ses partenaires à prendre elles aussi des amants. Il les pousse même, probablement, à s’adonner aux expériences de sexe à plusieurs.
Sophie, l’amie de coeur
En 1909, Otto Gross est recherché par la police car «une personne arrêtée à Munich a déclaré lors d’un interrogatoire qu’à Ascona qu’une anarchiste du nom de Lotte avait été tuée par un produit toxique car elle était au courant d’un plan anarchique». Le voilà soupçonné de meurtre et de complicité avec des terroristes. En mars 1911, un nouveau suicide lui vaut des ennuis : une de ses amantes, Sophie Benz, meurt d’une overdose de cocaïne à Ascona. La presse rapporte que le poison a été acheté à l’aide d’une ordonnance signée de la main d’Otto Gross. Lui affirme qu’il s’agit d’un accident : le poison aurait été rangé malencontreusement dans la pharmacie de la salle de bain et les pastilles ingérées par erreur. Franz Jung (1888-1963), ami d’Otto, publiera en 1915 un roman sur ce drame, intitulé Sophie Der Kreuzweg der Demut (Sophie Le chemin de la croix de l’humilité).
La police aux trousses
La presse en parle : «Mort mystérieuse». Des mandats d’arrêt sont lancés contre lui. Son père intervient abord en sa faveur, mais en 1913, c’est Hans Gross lui-même qui cherche à faire interner son fils. Interdit de séjour en Suisse, déclaré «homme dangereux » en Autriche, Otto Gross est en cavale. Le 11 novembre 1913, il est interné de force dans le sanatorium privé de Tulln, officiellement pour protéger sa famille et, le 25 janvier 1914, son père le fait transférer à Troppau en Silésie pour une cure de désintoxication. Au cours du procès qui lui est intenté (comme au représentant des pires «dégénérés»), Otto Gross répond que oui, les dégénérés existent, oui, ils sont condamnables.Les dégénérés sont les bourgeois qui polluent le monde et vivent dans des carcans. C’est un immense tollé dans les milieux anars. Grâce à de multiples protestations publiques, relayées par la presse, Franz Jung réussit à faire libérer Otto Gross.
«Tous nos pères sont bornés»
Cendrars participe aux «pétitions» (ci-dessous, voici son texte, publié dans une revue allemande intitulée Revolution) aux côtés de nombreux artistes expressionnistes et de poètes constestaires.
Cendrars pousse même Apollinaire à écrire lui-même un article qui sera publié vers 1914. Bien que sa réputation soit terriblement ternie par les deux affaires de suicide, Otto Gross obtient donc le soutien d’innombrables intellectuels à travers toute l’Europe. Les attaques sont principalement ciblées contre Hans Gross, désigné comme l’incarnation du pouvoir patriarcal.
Agonie, à l’abandon, dans une ruelle
Curieusement, à la mort de son père en 1915, Otto Gross ne va pas mieux. On aurait pu croire qu’il se sentirait enfin libre, mais non. Il sombre dans la drogue et la pauvreté. Il meurt de froid et de faim à 43 ans (en 1920), après avoir été ramassé à un coin de rue dans Berlin et amené trop tard dans un hôpital. Cela faisait deux jours qu’il gisait dans la neige, dans une allée, où personne ne se souciait de son agonie.
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A LIRE : Monte Verità : Ascona et le génie du lieu, de Kaj Noschis, EPFL press, 2017.
Je remercie le Musée de Monte Verità. Ainsi que Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html
Fondation Monte Verità : rue Collina 84 - 6612 Ascona. Tel : +41 91 785 40 40.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verità et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
Médecin toxicomane converti à la psychanalyse, végétarien bisexuel, séducteur impénitent, peut-être même euthanasieur… Durant sa courte vie, Otto Gross multiplie les mauvais coups (ou plutôt les bons). Il est adepte de l’amour libre. Où qu’il aille, la police le suit.
Pour certains, Otto Gross n’est qu’un suborneur de femmes, un pervers sexuel qui abuse sans vergogne de son pouvoir de fascination. Pour d’autres, c’est un génie qui inspire et illumine les personnes dont il fait la connaissance. Les femmes avec lesquelles il a des relations semblent toutes sortir très marquées par leur rencontre avec ce Don Juan. Otto Gross les choisit révoltées, atypiques. Parfois aussi –pour leur malheur– il les choisit suicidaires. Certaines d’entre elles deviendront des figures marquantes du féminisme. On ne sort pas indemne d’une rencontre avec Otto Gross.
Le fils maudit du flic n°1 d’Autriche
Otto Gross est né en 1877 en Styrie, une province de l’Autriche, dans un milieu bourgeois aisé. Bien qu’il soit bon élève, il supporte mal la discipline. Le problème, c’est que son père –le célèbre Hans Gross (ci-dessous)– est appelé à devenir l’inventeur de la criminologie autrichienne et le créateur d’un projet de coordination internationale de police qui mutera plus tard en INTERPOL. Son père s’est donné pour mission dans la vie de poursuivre les «dégénérés».
Autrement dit : son père est l’incarnation même de cet ordre qu’Otto Gross exècre. Dès qu’il a la vingtaine, étudiant en médecine, Otto fréquente les milieux contestataires de Munich. Son diplôme en poche, il s’embarque comme médecin naval en Amérique du sud où il se livre à des recherches très «expérimentales» sur la flore locale : le voilà morphinomane, puis cocaïnomane.
Quand deux moutons noirs se rencontrent…
De retour en Allemagne, il découvre les travaux de Freud. En 1901-02, il devient psychiatre et publie un livre sur La fonction secondaire du cerveau (celle qui fait les visionnaires). Il suit un premier traitement contre son addiction. En 1903, il épouse Frieda Schloffer, une jeune femme aux idées révolutionnaires issue d’une bonne famille (de médecins) qui s’oppose à ce mariage. Frieda devient ce qu’on appelle une «femme perdue».
«Le mariage d’Otto Gross et de Frieda Schloffer, deux moutons noirs de la société de Graz, est conclu contre l’avis des familles respectives et le couple se trouve immédiatement ostracisé, raconte l’historien Kaj Noschis. C’est pour sortir de l’isolement et vivre selon leurs convictions qu’il quitte Graz, en 1905, d’abord pour Munich et ensuite pour Ascona.»
La bohême insurgée d’Ascona
Lorsqu’il débarque à Ascona (Suisse), en 1906, Otto Gross découvre une sorte de paradis : un petit village de pêcheurs sur les bords d’un grand lac bordé de vignes, surmonté par une colline mythique, Monte Verità, où vivent en colonie les acteurs les plus extrêmes de la contre-culture du XXe siècle. Anarchistes, végétariens, nudistes, opposants radicaux à la société bourgeoise, d’innombrables penseurs et artistes s’y retrouvent pour tester d’autres formes de vie en groupe. Rapidement, Otto Gross y crée un cercle. Il cherche à promouvoir certaines de ses idées, notamment sur la liberté sexuelle : l’amour libre, dit-il, est le meilleur moyen d’en finir avec l’aliénation.
Otto Gross impliqué dans une mort mystérieuse
«Gross a le don de flairer immédiatement chez un interlocuteur une recherche de sens. […] De commerce agréable, le visage ouvert et les yeux candides, il écoute, mais il impose très vite le respect.» Dans le cercle qu’il créé à Ascona, Otto Gross attire les femmes et leur parle avec conviction de ses idées concernant le “matriarcat” (qu’il appelle de ses voeux) et du culte d’Astarté (grande déesse de l’amour des Babyloniens) qu’il invoque au cours d’orgies débridées. Il a de nombreuses amantes, toutes séduites par son discours sur «le plaisir pris sans idée de pêché ni de honte». De beaux discours certainement mais qui, dans le contexte de cette époque, sont difficiles à assumer. Parmi les amantes de Gross, deux d’entre elles se suicident à la morphine et à la cocaïne.
Suicide ou empoisonnement ?
En 1906, la mort de Pauline Charlotte Hattemer, surnommée Babette, survient dans des circonstances qui restent mal éclaircies. Cette beauté fait partie des cinq fondateurs de Monte Verità. Elle vient de Berlin, d’une famille bourgeoise et rêve d’émancipation mais… Tout en professant des idées communistes, elle dépend financièrement de sa famille, ce qui la met en contradiction avec ses idéaux. Pire encore : sa jeunesse, sa beauté, ses couronnes de fleur, en font la cible privilégiée des hommes en quête d’aventure qui viennent à Monte Verità pour des cures de «santé». Sainte, exaltée ou folle : les avis divergent. Certains hommes abusent de sa vulnérabilité. Elle veut en finir. Otto Gross la persuade que chaque être doit être libre de disposer de lui-même. Prenant le contre-pied de la règle qui, en médecine occidentale, fait de «la lutte contre la mort la priorité absolue», Otto Gross offre à Lotte du poison pour qu’elle puisse réaliser son suicide. Elle met près d’une journée entière à mourir, dans des souffrances atroces.
La révolution commence dans le lit
A la même époque, vers 1905, Otto et Frieda conviennent d’un pacte d’«union libre». Frieda se réserve le droit d’avoir des amants, autant que son mari. Ils ont un enfant nommé Peter. Ci-dessous, Frieda et Peter n°1.
En parallèle, Otto Gross entame une relation avec Else Jaffé (la femme du sociologue Edgar Jaffé), qui –après avoir fait sa thèse sous la direction de Max Weber– devient la première femme docteur en sociologie d’Autriche. Else Jaffé est une amie proche de Frieda. Les deux femmes sont si proches qu’elles tombent enceintes presque en même temps et qu’elles nomment chacune leur enfant du même nom : Peter. En 1907, Otto Gross est donc deux fois père. Ses deux fils se nomment Peter. Ci-dessous, Else et Peter n°2.
Libertaire ou irresponsable ?
Quand il parle de liberté sexuelle, Otto Gross a le don de convaincre ses partenaires mais quand elles tombent enceintes, le voilà aux abonnés absents. «Il est opposé à la notion de famille comme noyau formateur. Il laisse dès lors les mères faire face, seules, aux soucis éducatifs et financiers. Il ne ressent aucune responsabilité tant que père. L’important, selon lui, c’est que les jeunes échappent à l’emprise du couple parental. Tel est le principe qui lui permet, face à sa progéniture, de “s’en laver les mains”», explique brièvement Kaj Noschis. Cette attitude démissionnaire ne l’empêche pas d’avoir du succès.
Thérapie par l’orgie
En 1907, il prend pour amante la soeur cadette d’Else Jaffé : Frieda von Richthofen, future épouse du romancier D.H. Lawrence (1). Cette liaison aurait inspiré L’amant de Lady Chatterley. Ci-dessous, les deux soeurs qui furent ses amantes.
En 1908, il a un autre enfant (Camilla) d’une autre femme (l’écrivain Regina Ullman). Son attitude pourrait paraître irresponsable, mais il faut reconnaitre qu’Otto Gross a, malgré ses défauts, de l’honnêteté intellectuelle. A la différence de ses contemporains (Freud, Jung, Weber, etc), qui trompent leur épouse, lui se veut transparent : il ne cache pas ses liaisons. Il ne commet pas d’adultère, au contraire : il encourage ses partenaires à prendre elles aussi des amants. Il les pousse même, probablement, à s’adonner aux expériences de sexe à plusieurs.
Sophie, l’amie de coeur
En 1909, Otto Gross est recherché par la police car «une personne arrêtée à Munich a déclaré lors d’un interrogatoire qu’à Ascona qu’une anarchiste du nom de Lotte avait été tuée par un produit toxique car elle était au courant d’un plan anarchique». Le voilà soupçonné de meurtre et de complicité avec des terroristes. En mars 1911, un nouveau suicide lui vaut des ennuis : une de ses amantes, Sophie Benz, meurt d’une overdose de cocaïne à Ascona. La presse rapporte que le poison a été acheté à l’aide d’une ordonnance signée de la main d’Otto Gross. Lui affirme qu’il s’agit d’un accident : le poison aurait été rangé malencontreusement dans la pharmacie de la salle de bain et les pastilles ingérées par erreur. Franz Jung (1888-1963), ami d’Otto, publiera en 1915 un roman sur ce drame, intitulé Sophie Der Kreuzweg der Demut (Sophie Le chemin de la croix de l’humilité).
La police aux trousses
La presse en parle : «Mort mystérieuse». Des mandats d’arrêt sont lancés contre lui. Son père intervient abord en sa faveur, mais en 1913, c’est Hans Gross lui-même qui cherche à faire interner son fils. Interdit de séjour en Suisse, déclaré «homme dangereux » en Autriche, Otto Gross est en cavale. Le 11 novembre 1913, il est interné de force dans le sanatorium privé de Tulln, officiellement pour protéger sa famille et, le 25 janvier 1914, son père le fait transférer à Troppau en Silésie pour une cure de désintoxication. Au cours du procès qui lui est intenté (comme au représentant des pires «dégénérés»), Otto Gross répond que oui, les dégénérés existent, oui, ils sont condamnables.Les dégénérés sont les bourgeois qui polluent le monde et vivent dans des carcans. C’est un immense tollé dans les milieux anars. Grâce à de multiples protestations publiques, relayées par la presse, Franz Jung réussit à faire libérer Otto Gross.
«Tous nos pères sont bornés»
Cendrars participe aux «pétitions» (ci-dessous, voici son texte, publié dans une revue allemande intitulée Revolution) aux côtés de nombreux artistes expressionnistes et de poètes constestaires.
Cendrars pousse même Apollinaire à écrire lui-même un article qui sera publié vers 1914. Bien que sa réputation soit terriblement ternie par les deux affaires de suicide, Otto Gross obtient donc le soutien d’innombrables intellectuels à travers toute l’Europe. Les attaques sont principalement ciblées contre Hans Gross, désigné comme l’incarnation du pouvoir patriarcal.
Agonie, à l’abandon, dans une ruelle
Curieusement, à la mort de son père en 1915, Otto Gross ne va pas mieux. On aurait pu croire qu’il se sentirait enfin libre, mais non. Il sombre dans la drogue et la pauvreté. Il meurt de froid et de faim à 43 ans (en 1920), après avoir été ramassé à un coin de rue dans Berlin et amené trop tard dans un hôpital. Cela faisait deux jours qu’il gisait dans la neige, dans une allée, où personne ne se souciait de son agonie.
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A LIRE : Monte Verità : Ascona et le génie du lieu, de Kaj Noschis, EPFL press, 2017.
Je remercie le Musée de Monte Verità. Ainsi que Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html
Fondation Monte Verità : rue Collina 84 - 6612 Ascona. Tel : +41 91 785 40 40.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verità et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
Tu es beau, tu es nu. Tu es docile. Tu te tiens selon mes ordres à quatre pattes sur le lit. Le visage enfoui dans l’oreiller. Ta peau est au supplice de ne pas savoir quand ma main va l’effleurer. Puis quand je te touche enfin tu as un léger spasme de soulagement jouissif. Ma…
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Les petit·e·s potes, je suis bien contente de revenir pour un test de sextoys, car ça faisait un bail que je n’avais pas pris le temps d’écrire, d’une part, et de tester des jouets sexuels, d’autre part. Du coup, bon… autant la plupart du temps je délègue, car j’ai des obligations (chiantes) qui m’empêchent de mettre la main à la pâte ; autant là, quand j’ai vu que je pouvais me sacrifier et tester un gode strapless vibrant de qualité, j’ai pas tellement hésité. Je trouverai le temps, me suis-je dit. Dont acte.
J’ai donc reçu à domicile un petit bijou de technologie du cul, un strap-on vibrant télécommandé à 3 moteurs (TROIS), que j’ai demandé de couleur noire pour une ambiance goth-rock-domina-bdsm-berlin. La marque Strap On Me n’en est pas à son coup d’essai, et en tant que fan de leurs produits, j’avais hâte de voir ce bijou. Le Strap On Vibrant est disponible en plusieurs tailles M / L / XL, mais je me suis contentée d’un M car je ne voulais paraître ni prétentieuse ni gourmande.
La bête, présentée par une main innocente (pas la mienne donc)Parlons d’abord, sérieusement, de la présentation et de l’emballage de l’objet. Je milite, mollement, pour plus d’écologie dans le monde du sextoy. (je dis « mollement » car il y a hélas d’autres combats plus sérieux dans ce milieu, qui reste très genré et sexiste). En effet, ma carrière de camgirl et testeuse m’a confrontée à de nombreux emballages complètement inadaptés, parfois inutiles, souvent non recyclables, etc. Pour le Strap-on-me mon avis est : « ça va ». L’emballage est basique mais bien pensé et joli, rien en trop, et je dirais à 50% recyclable. Il contient le toy, la télécommande, un câble usb et une pochette de rangement un tissu.
Ma première bonne surprise est la légèreté de l’objet. Il me paraît bien plus léger que celui que j’ai l’habitude d’utiliser (le Fun Factory Share) qui est pourtant de taille équivalente. En plus, le Strap-On-Me possède trois moteurs à l’intérieur, alors que l’autre aucun, je m’attendais donc à ce qu’il soit beaucoup plus lourd, trop à vrai dire pour une utilisation vraiment optimale. Un vrai bon point, car le principal désavantage des godes dits « strapless » est justement leur poids, qui risque de le faire glisser hors du vagin lorsqu’on le porte, surtout si le périnée manque de tonicité.
Dimension des tailles M et LJe manipule le sextoy dans tous les sens. Il est léger donc, et doux ! Très doux même ! Le toucher du silicone est velouté, on imagine que l’utilisation de lubrifiant (à l’eau, attention) sera agréable et rendra la pratique plaisante et le nettoyage facile. Je trouve la télécommande dans la boîte et commence à essayer les modes de vibration ! Les trois moteurs sont indépendants et possèdent tous trois modes de vibrations et trois vitesses. Du plaisir au cube.
S’il fallait trouver un point négatif pour moi c’est la télécommande. Elle est très pratique, certes, on préfèrera nettement gérer le jouet grâce à elle que devoir se pencher et aller appuyer directement sur le sextoy. Cependant, trois moteurs donnent en toute logique 6 boutons, et croyez bien que d’expérience, le cerveau n’est pas toujours à son top niveau quand on est presque à l’orgasme et qu’on sait qu’on doit appuyer sur un des boutons.
Bon : j’ai tout regardé sous toutes les coutures, j’ai mis l’objet à charger. Du coup la seule chose qu’il me reste à faire est : l’essayer. Écoutez, je vais être honnête, en ces temps de gestes barrière et de distanciation physique, je manque de partenaires pour pouvoir vous faire un compte-rendu du Strap-On-Me Vibrant dans toutes les positions possibles. Et il y en a plein ! C’est ce qui est appréciable avec ce jouet, qui marche avec plusieurs configurations et beaucoup de partenaires de jeu : vous avez un·e ami·e qui aime le pegging ? Hop ! Un·e partenaire qui aime la pénétration vaginale : hop ! Tant de possibilités, si peu de temps…
View this post on InstagramA post shared by Le Tag Parfait (@letagparfait) on Sep 18, 2020 at 7:31am PDT
Je peux d’ores et déjà vous donner un tip, si jamais vous trouvez que le jouet est trop dur à porter, n’hésitez pas à mettre une culotte ou un boxer spéciaux pour godes, ou encore comme nos amies de chez Straplezz : des collants que vous percez à l’endroit adéquat (bonus fétichiste nylon, qui n’est pas pour me déplaire). Je me console en me disant que, étant dotée d’un vagin, j’ai la chance de pouvoir tester le jouet des deux côtés : en le portant et en le recevant. Alors oui, c’est triste, mais ce n’est que partie remise pour le test à deux (envoyez votre CV… non je plaisante, ne le faites pas) !
Suggestion de présentation, SNES non fournieC’est donc devant une vidéo où des personnes se touchent et s’embrassent (drôle de vie que celle d’avant) que je vais me mettre en situation pour ce test in situ du Strap-On-Me : Vibrant. Je sais qu’une image vos mille mots, mais la pudeur m’empêche de vous montrer (c’est faux, c’est la flemme). Comme je m’en doutais, le sextoy est assez léger pouvoir être porté sans qu’il ne tombe (notez que j’ai un périnée très costaud, raffermi par les heures sur Chaturbate, le Lush en place, attendant le chaland), cependant, je me permets d’insister sur la culotte / boxer, ça rend les choses vraiment plus simples, croyez-moi. Il est très doux, et le moteur à l’intérieur de la partie courte est assez efficace pour donner du plaisir à la personne qui porte le strap-on, c’est un plus !
Quel bel objet !Ce genre de sextoy est parfait également pour mes fantasmes (et peut-être avez vous les mêmes ?) – une fois le jouet en place (c’est-à-dire : la partie courte dans mon vagin, pour celles·eux qui n’ont pas suivi), je peux me branler le pénis, tel un mec cis de base (mon rêve), ajoutant le plaisir mental à celui des vibrations du moteur numéro 1 contre mon point G. Quand j’ajoute le deuxième moteur, situé à la base de la verge, mon clitoris se rappelle à moi, et je pars, loin. Avant qu’il ne soit trop tard, je sors le jouet et le retourne : il est temps de tester ce pénis de l’intérieur ! Doux, ni trop gros ni trop petit, la taille M me satisfait pleinement, sans douleur. J’allume le troisième moteur, celui du bout, qui va probablement me faire jouir, et qui fera jouir votre partenaire, je l’espère, en stimulant sa prostate ou son point G.
Premier enseignement, comparés aux habitants des autres pays européens, les Français se masturbent et utilisent moins de jouets sexuels. Ce niveau est en partie dû aux femmes, qui sont moins nombreuses à pratiquer cette activité. Alors qu’une majorité de Français se masturbent (environ 8 sur 10), ce niveau est inférieur à celui des autres pays européens (allant de 87 à 93 % au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne). Les Français s’arrêtent malheureusement à leurs talents de doigtée, alors que de multiples possibilités sont à portée de main.
Mais tout n’est pas perdu ! Durant le confinement, certains Français se sont laissés aller à la découverte d’un territoire inconnu : le monde merveilleux des sextoys.
Cet article Les Français lèvent le voile sur leur intimité sexuelle est apparu en premier sur Union.
Cette semaine, je vous propose un épisode un peu spécial puisqu’il est réalisé en partenariat avec la Fondation Ronald McDonald’s. Cette fondation oeuvre à offrir aux parents d’enfants hospitalisés des maisons où ils peuvent vivre à proximité des centres hospitaliers et au plus proche de leur enfant malade. J’avais interviewé l’année passée Éric, qui avait raconté son combat contre le cancer de sa fille durant une douzaine d’années.
Cette année, je vous propose d’écouter le témoignage de Jérôme, le papa de Lucas, né grand prématuré à à peine 6 mois de grossesse. Lucas n’aura pas traîné, même si son arrivée était d’autant plus attendue par ses parents qu’ils venaient de suivre un parcours PMA de plus de 13 ans.
Vous entendrez Jérôme, grand gaillard taiseux, qui raconte la façon dont il a vécu tout cela, des doutes jusqu’à l’émotion de la naissance, de la façon dont il s’efface face à la maman, pour finir par un burn-out qui l’a obligé à s’arrêter. On parle aussi des difficultés à trouver des mecs pour discuter de ses problèmes… rah les mecs et les émotions… et pourtant, vous entendrez Jérôme s’ouvrir petit à petit, laisser tomber la carapace et laisser transparaitre à quel point il est un père comblé. Un grand merci à toi Jérôme, je sais pas que c’était pas un exercice pour toi, de parler autant, mais t’as été au top.
Et comme je le dis à la fin de l’entretien, la fondation Ronald McDonald’s nous offre cette année la possibilité de vous proposer une interview avec le couple de parents, en collaboration avec Clémentine Sarlat, du podcast La Matrescence. Vous pourrez le retrouver ici ce vendredi 9 octobre prochain, mais d’ici-là, je vous laisse en compagnie de Jérôme !
Enfin, si vous voulez découvrir les autres épisodes de la collection dans d’autres maisons de parents et avec d’autres podcasteurs et podcasteuses, ça s’appelle Dans la maison des parents et c’est à écouter sur toutes les plateformes de podcast et sur le site de la Fondation : fondation-ronald-mcdonald.fr.
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L’article Jérôme, la vie de papa d’un grand prématuré après 13 ans de PMA est apparu en premier sur Histoires de Darons.
Parmi les divertissements, au Japon, il y a les amoureuses virtuelles. Ces jolies filles, disponibles sur Internet, discutent en ligne et jouent avec les hommes qui, en échange les «sponsorisent». Mais comment vivre l’amour avec elles ?
Mirai Akari (la lumière du futur) est une blonde voluptueuse aux couettes retenues par un ruban en forme de papillon bleu. C’est aussi une des VTubeuses les plus populaires du Japon, avec 720 000 abonnés. Lorsqu’elle apparaît sur Internet le 27 octobre 2017, Akari prétend être une voyageuse du temps amnésique, venue «créer des liens» avec les humains du XXI siècle. Pour créer des liens, elle fait des vidéos d’hypnotisme érotique appelées ASMR. Ces vidéos sont des simulations de petits gestes intimes, reproduisant ceux d’une épouse attentionnée : Mirai Akari vous fait un shampoing, vous appelle sur votre mobile, vous chuchote un aveu… Sur sa chaîne Youtube, Mirai Akari s’amuse souvent lors des sessions d’échange en direct (live streamings), à mimer la petite copine qui demande un baiser puis rougit en disant «J’ai honte» (Hazukashii). Pour l’encourager, ses fans lui font des dons pendant les sessions.
Le salaire de l’amour
Lorsqu’elles travaillent en indépendantes, les VTubeuses n’ont guère d’autre moyens de survivre : leurs fans doivent les «sponsoriser». « Elles ont deux types de revenus, explique Deat (le premier VTuber français). L’abonnement et les donations, dont le montant varie suivant leur popularité. » Plus une VTubeuse est aimée, plus elle a de membres inscrits : chaque membre paye 5,95 euros/mois pour avoir le privilège d’en savoir plus sur son idole. Les fans inscrits ont en effet accès aux informations personnelles sur la VTubeuse, mais surtout l’exclusivité des Live Streamings qui leur permettent, presque chaque jour, de discuter avec elle. Pendant ces sessions, la VTubeuse répond aux questions qu’ils lui envoient, par écrit, sur la boîte de dialogue. Parfois, elle joue à des jeux vidéos qu’elle commente en direct. Parfois, elle fait du karaoke. Parfois de l’ASMR.
Payer une animatrice de Live Streaming : combien ?
Parfois elle fait rire ses auditeurs en se donnant des défis : interpréter des héros de dessins animés, imiter des cris d’animaux ou appeler des gens au hasard, en utilisant des applications (KoeTomo ou Saitô-san) qui permettent de téléphoner à des inconnu-es tout en gardant son anonymat. Dans une de ses vidéos les plus célèbres, Mirai Akari se met d’abord en tête de faire dire le mot «sein» à ses interlocuteurs. Elle est connue pour ses blagues grivoises, qui tranchent avec son style «féminin». Son identité réelle relevant du secret, il n’est d’ailleurs pas certain qu’Akari soit une femme. Le fait qu’elle soit peut-être un homme ne semble cependant pas gêner ses adorateurs. Lors des sessions de dialogue en direct, pour lui prouver leur attachement, ils envoient des dons qui dépassent parfois 30 000 yens (300 euros).
Le poids des mots, le choc des cadeaux
«Quand un fan envoie un don (ce qu’on appelle un SuperChat), il l’accompagne généralement d’un message. Le message apparaît dans un bloc de couleur qui attire l’attention. Plus le don est élevé, plus la couleur devient intense. » Un don de 200 yens (2 euros) : couleur verte. 1000 yens (10 euros) : orange. 5000 yens : rouge. Ainsi que Deat le souligne, non seulement la couleur se réchauffe –de plus en en plus ardente–, mais le temps durant lequel le message apparaît se rallonge. « Plus le don est élevé, plus il reste longtemps visible, ce qui permet à tous de lire le message », résume Deat. Le message peut donc prendre la valeur, littéralement, d’une véritable offrande. « Je vous aime» (suki desu ), écrit un fan. «Je vous offre mon coeur. Disposez-en à votre gré» ( shinzô wo sasagemasu. Go-jiyû ni dôzo), écrit un autre.
«Vous écouter me fait palpiter »
Ces déclarations, bien sûr, ne sont pas dénuées d’une part d’amusement ironique. Certains fans trouvent visiblement plaisir à mimer l’amoureux transi. « Etant malade d’Akari-sensei, je mourrais si je n’entendais pas son ASMR », écrit un auditeur, qui a offert 10 000 yens. La somme peut sembler bien exagérée au regard de ce message moqueur. Mais personne n’est dupe. Les mots sont trompeurs, autant que les apparences ou les voix synthétiques des VTubeuses. L’amour pour la VTubeuse, en revanche, est concret, autant que l’argent dépensé pour elle. Que cet amour soit adressé à un personnage de fiction peut sembler vain, en apparence. Un amour à sens unique ne relève-t-il pas de la folie ? Les fans affirment que non.
Aimer une VTubeuse, c’est dans l’absolu
«Les fans de VTubers sont conscients que leurs idoles sont des personnages animés par des individus et non pas des créatures douées d’une conscience autonome , explique Ludmila Bredikhina, VTubeuse sous le nom de Mila et chercheuse spécialisée en nouvelles technologies. Comme dans le théâtre de marionnette, le public se laisse sciemment “enchanter” ». Avec les VTubeuses, ajoute-t-elle, dissociant le réel de la fiction, les fans font comme s’il existait un autre monde dans lequel aimer serait aimer dans l’absolu. Liudmila Bredikhina compare cet effet volontaire d’illusion, avec celui produit par les jardins zen : « Il n’y a pas d’eau dans les jardins zens, mais les spectateurs sont invités à voir de l’eau symbolique dans la disposition du gravier et des roches .» Il n’y a pas d’amoureuse derrière la VTubeuse mais, sur un plan de réalité supérieure, Mirai Akari existe, avec un vrai coeur.
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MIRAI AKARI (ミライアカリ) : Compte Twitter ミライアカリ(Mirai Akari)@MiraiAkari_prj / Chaîne YouTube : Mirai Akari Project / Site officiel de Mirai Akari.
DEAT :Tracking World http://deatrathias.net/TW/ / SeeFace https://www.vseeface.icu/ / Compte Twitter : Deat@Tracking World / Chaîne YouTube : Escapades Virtuelles de Deat
MILA : Compte Twitter : Mila@BredikhinaL / Chaîne YouTube : Mila / Academia : Liudmila Bredikhina
VIDEO 1 : La vidéo d’ASMR que je me suis permis de mettre en ligne ici s’intitule 着信履歴 あなたの彼女 ミライアカリより (Un appel personnel de ta petite copine Mirai Akari) et a été diffusé le 21 octobre 2019.
VIDEO 2 : cette vidéo s’intitule 初!ASMR生放送やっちゃいます!(Première fois ! Faisons du Live ASMR) et a été diffusée en direct le 14 juin 2019.
VIDEO 3 : cette vidéo s’intitule 初体験!あなたと繋がりたい!!【MiraiAkariProject#006】(Première expérience ! Je crée un lien avec toi - Mirai Akari Projet 006) a été diffusée le 11 novembre 2017.
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POUR EN SAVOIR PLUS : le colloque international “Desired Identities. New Technology-based Metamorphosis in Japan”, en accès libre sur la Chaine YouTube du musée du quai Branly-Jacques Chirac, aborde le phénomène “kyara-ka” (transformation en personnage fictif) ainsi que les stratégies et pratiques numériques liées à la présentation de soi : avatar, vocaloid, e-cosplay, VTubing... Organisé en collaboration avec le département de la recherche du musée du Quai Branly, ce colloque se déroulait en LiveStreaming les samedi 27 et dimanche 28 juin 2020.
POUR EN SAVOIR PLUS : Port du masque : danger, perte d’identité ? ; Faire «l’expérience d’un allaitement virtuel» ? ; Qui se cache derrière cette fille ? ; Japon : le boom des travestis virtuels ; L’industrie des petites copines en ligne.
Parmi les divertissements, au Japon, il y a les amoureuses virtuelles. Ces jolies filles, disponibles sur Internet, discutent en ligne et jouent avec les hommes qui, en échange les «sponsorisent». Mais comment vivre l’amour avec elles ?
Mirai Akari (la lumière du futur) est une blonde voluptueuse aux couettes retenues par un ruban en forme de papillon bleu. C’est aussi une des VTubeuses les plus populaires du Japon, avec 720 000 abonnés. Lorsqu’elle apparaît sur Internet le 27 octobre 2017, Akari prétend être une voyageuse du temps amnésique, venue «créer des liens» avec les humains du XXI siècle. Pour créer des liens, elle fait des vidéos d’hypnotisme érotique appelées ASMR. Ces vidéos sont des simulations de petits gestes intimes, reproduisant ceux d’une épouse attentionnée : Mirai Akari vous fait un shampoing, vous appelle sur votre mobile, vous chuchote un aveu… Sur sa chaîne Youtube, Mirai Akari s’amuse souvent lors des sessions d’échange en direct (live streamings), à mimer la petite copine qui demande un baiser puis rougit en disant «J’ai honte» (Hazukashii). Pour l’encourager, ses fans lui font des dons pendant les sessions.
Le salaire de l’amour
Lorsqu’elles travaillent en indépendantes, les VTubeuses n’ont guère d’autre moyens de survivre : leurs fans doivent les «sponsoriser». « Elles ont deux types de revenus, explique Deat (le premier VTuber français). L’abonnement et les donations, dont le montant varie suivant leur popularité. » Plus une VTubeuse est aimée, plus elle a de membres inscrits : chaque membre paye 5,95 euros/mois pour avoir le privilège d’en savoir plus sur son idole. Les fans inscrits ont en effet accès aux informations personnelles sur la VTubeuse, mais surtout l’exclusivité des Live Streamings qui leur permettent, presque chaque jour, de discuter avec elle. Pendant ces sessions, la VTubeuse répond aux questions qu’ils lui envoient, par écrit, sur la boîte de dialogue. Parfois, elle joue à des jeux vidéos qu’elle commente en direct. Parfois, elle fait du karaoke. Parfois de l’ASMR.
Payer une animatrice de Live Streaming : combien ?
Parfois elle fait rire ses auditeurs en se donnant des défis : interpréter des héros de dessins animés, imiter des cris d’animaux ou appeler des gens au hasard, en utilisant des applications (KoeTomo ou Saitô-san) qui permettent de téléphoner à des inconnu-es tout en gardant son anonymat. Dans une de ses vidéos les plus célèbres, Mirai Akari se met d’abord en tête de faire dire le mot «sein» à ses interlocuteurs. Elle est connue pour ses blagues grivoises, qui tranchent avec son style «féminin». Son identité réelle relevant du secret, il n’est d’ailleurs pas certain qu’Akari soit une femme. Le fait qu’elle soit peut-être un homme ne semble cependant pas gêner ses adorateurs. Lors des sessions de dialogue en direct, pour lui prouver leur attachement, ils envoient des dons qui dépassent parfois 30 000 yens (300 euros).
Le poids des mots, le choc des cadeaux
«Quand un fan envoie un don (ce qu’on appelle un SuperChat), il l’accompagne généralement d’un message. Le message apparaît dans un bloc de couleur qui attire l’attention. Plus le don est élevé, plus la couleur devient intense. » Un don de 200 yens (2 euros) : couleur verte. 1000 yens (10 euros) : orange. 5000 yens : rouge. Ainsi que Deat le souligne, non seulement la couleur se réchauffe –de plus en en plus ardente–, mais le temps durant lequel le message apparaît se rallonge. « Plus le don est élevé, plus il reste longtemps visible, ce qui permet à tous de lire le message », résume Deat. Le message peut donc prendre la valeur, littéralement, d’une véritable offrande. « Je vous aime» (suki desu ), écrit un fan. «Je vous offre mon coeur. Disposez-en à votre gré» ( shinzô wo sasagemasu. Go-jiyû ni dôzo), écrit un autre.
«Vous écouter me fait palpiter »
Ces déclarations, bien sûr, ne sont pas dénuées d’une part d’amusement ironique. Certains fans trouvent visiblement plaisir à mimer l’amoureux transi. « Etant malade d’Akari-sensei, je mourrais si je n’entendais pas son ASMR », écrit un auditeur, qui a offert 10 000 yens. La somme peut sembler bien exagérée au regard de ce message moqueur. Mais personne n’est dupe. Les mots sont trompeurs, autant que les apparences ou les voix synthétiques des VTubeuses. L’amour pour la VTubeuse, en revanche, est concret, autant que l’argent dépensé pour elle. Que cet amour soit adressé à un personnage de fiction peut sembler vain, en apparence. Un amour à sens unique ne relève-t-il pas de la folie ? Les fans affirment que non.
Aimer une VTubeuse, c’est dans l’absolu
«Les fans de VTubers sont conscients que leurs idoles sont des personnages animés par des individus et non pas des créatures douées d’une conscience autonome , explique Ludmila Bredikhina, VTubeuse sous le nom de Mila et chercheuse spécialisée en nouvelles technologies. Comme dans le théâtre de marionnette, le public se laisse sciemment “enchanter” ». Avec les VTubeuses, ajoute-t-elle, dissociant le réel de la fiction, les fans font comme s’il existait un autre monde dans lequel aimer serait aimer dans l’absolu. Liudmila Bredikhina compare cet effet volontaire d’illusion, avec celui produit par les jardins zen : « Il n’y a pas d’eau dans les jardins zens, mais les spectateurs sont invités à voir de l’eau symbolique dans la disposition du gravier et des roches .» Il n’y a pas d’amoureuse derrière la VTubeuse mais, sur un plan de réalité supérieure, Mirai Akari existe, avec un vrai coeur.
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MIRAI AKARI (ミライアカリ) : Compte Twitter ミライアカリ(Mirai Akari)@MiraiAkari_prj / Chaîne YouTube : Mirai Akari Project / Site officiel de Mirai Akari.
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MILA : Compte Twitter : Mila@BredikhinaL / Chaîne YouTube : Mila / Academia : Liudmila Bredikhina
VIDEO 1 : La vidéo d’ASMR que je me suis permis de mettre en ligne ici s’intitule 着信履歴 あなたの彼女 ミライアカリより (Un appel personnel de ta petite copine Mirai Akari) et a été diffusé le 21 octobre 2019.
VIDEO 2 : cette vidéo s’intitule 初!ASMR生放送やっちゃいます!(Première fois ! Faisons du Live ASMR) et a été diffusée en direct le 14 juin 2019.
VIDEO 3 : cette vidéo s’intitule 初体験!あなたと繋がりたい!!【MiraiAkariProject#006】(Première expérience ! Je crée un lien avec toi - Mirai Akari Projet 006) a été diffusée le 11 novembre 2017.
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POUR EN SAVOIR PLUS : le colloque international “Desired Identities. New Technology-based Metamorphosis in Japan”, en accès libre sur la Chaine YouTube du musée du quai Branly-Jacques Chirac, aborde le phénomène “kyara-ka” (transformation en personnage fictif) ainsi que les stratégies et pratiques numériques liées à la présentation de soi : avatar, vocaloid, e-cosplay, VTubing... Organisé en collaboration avec le département de la recherche du musée du Quai Branly, ce colloque se déroulait en LiveStreaming les samedi 27 et dimanche 28 juin 2020.
POUR EN SAVOIR PLUS : Port du masque : danger, perte d’identité ? ; Faire «l’expérience d’un allaitement virtuel» ? ; Qui se cache derrière cette fille ? ; Japon : le boom des travestis virtuels ; L’industrie des petites copines en ligne.
En visite ensemble, de l'exposition Dora Maar à Beaubourg, nous lisons le vers de Paul Eluard affiché en exergue d'une photo, du temps déborde, le poème d'Eluard en deuil de sa muse Nush qui venait de décéder.
Dora Marr – Nush Eluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris
« Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour
En trop : le temps déborde.
Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.»
Je reçois dans la nuit un message d'elle me remerciant de tout ce que je lui apporte. Le matin, nouveau message, me demandant cette fois un Break, résultat de sa relation triangulaire compliquée: son Mari, son Amant associé, l'Amoureux, Moi le libertin pour la folie légère et les balades culturelles à deux.
Nous nous écrivions tous les jours depuis un an, mes doigts sont trop habitués pour les en frustrer, je continue de lui écrire, mes doigts sont satisfaits mais je respecte son souhait en n'appuyant pas sur Envoi, messages silencieux pour silence imposé.
Il est temps de les exposer, les voici:
Premier jour sans vous écrire, sans vouloir de réponse pour tenir ma promesse. Message silencieux.
Que dire ?
Vous raconter l’Eclipse et ma main qui tétanisait à la recherche de la source de notre complice de trio ?
L’exposition magnifique sur le dos nu au musée Bourdelle ?
Voir la mythique robe de Mireille d’Arc dans Le grand blond.
Me ramener au décolleté de la jupe qui dévoile vos fesses, à notre séance d’essayage avant notre sortie libertine, à nos séances photos.
Plus je tente de nous oublier, plus nous sommes présents.
Tout passe dans ma tête, la compréhension, l’incompréhension, la lecture de vos messages, les mots non dits qui apparaissent.
Je vous perçois mieux, de plus en plus duale.
Vous n’avez pas répondu à ma réponse sur votre question concernant votre besoin de transgression. Je n’avais pas compris que ce n’était pas une question.
C’était un cri, une supplique de guérison.
J’ai répondu rationnellement à une prière, ce n’était pas une bonne réponse.
C’est en vous que vous la trouverez.
Vous êtes duale, c’est ce refus de la norme qui nous a fait entrer en résonnance.
Ce n’est pas des écarts de bon aloi, les 50 nuances de Gris des bons bohêmes bourgeois.
Ceux sont ceux de la liberté, de la lucidité, de la conscience.
Ceux d’oser rencontrer un inconnu dans la chambre 44, de l’hôtel Langlois en aveugle, sans l’avoir jamais vu. Baiser, le découvrir à la lumière, le suivre dans une
Cave fétichiste, danser et baiser entre un couple lesbien et un soumis, ne pas s’en étonner et adorer tant d’évidences.
Vous êtes une transgressive dans un monde conventionnel où l’on est amoureuse de son patron, mâle alpha qui vous aime comme un fou et affiche son amour légal et somptueux sur Instagram. Parce que l’image et l’autofiction sont devenues l'opium du peuple.
Cela vous culpabilise.
Je le comprends, cette culpabilité je l’ai, c’est pour cela que je n’ai jamais divorcé.
Me sentir coupable de mes excès, du ridicule de soirées folles, du dégoût que peuvent engendrer pour des gens normaux mes débordements.
Un jour, une amie chère qui a fait une analyse, a mangé avec ma femme et mes filles ; j’y étais.
Le soir, j’ai reçu un message disant;
« Mon dieu, on vous manipule par votre culpabilité, j’avais mal pour vous. «
A chaque départ pour mes libertés secrètes, un regard résigné comme une sacrifiée à l’autel de mon monstrueux égoïsme.
Je lutte, des amis proches quarantenaires, sont morts trop jeunes.
J’angoisse d’une vie qui serait passée à côté de mes désirs.
La mort m’habite souvent.
C’est Thanatos qui donne à Eros ce sentiment d’urgence.
Vous m’avez posé la question de savoir qui vous étiez pour moi et quelle était la nature de notre relation ?
Je vous ai répondu avec de jolis mots, c’était sincère mais incomplet.
Pirouette facile.
Je suis un pudique qui se cache dans l’expansion.
Je ne vous ai pas dit que vous étiez tout simplement celle que je cherchais.
Belle, Bobo et Lucide, Mon double, Charmante et folle,
Si sage en apparence et prodigieusement non conventionnelle dans cette société d’étiquettes.
Ni classique, ni libertine, ni fétichiste mais tout à la fois. Hors des cases, trop libre, trop large pour elles.
Nous sommes une pièce qui ne s’assemble pas au cadre, nous sommes hors-jeu.
Trop polychromes dans un monde monochrome.
J’ai rencontré en vous mon moi, j’ai pu dialoguer avec lui.
Voilà pourquoi nos échanges étaient des évidences sans attente.
On n’attend plus quand c’est arrivé.
Tout le monde attend Godot, c’est l’attente secrète de chacun.
Vous êtes mon Godot, vous êtes arrivée et depuis un an, je ne vous attends plus.
C’est merveilleux de ne plus attendre, de savoir qu’il y a cet autre moi et de pouvoir même si c’est très espacé, retrouver la complétude physique, quand celle morale ne vous quitte plus grâce à Hotmail.
Je ne vais pas envoyer ce message silencieux, je ne sais même pas s’il vous est destiné.
Il m’est destiné avant tout. Car toujours, en l’autre on cherche soit.
Je n’est pas un autre, C’est nous.
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Deuxième jour sans nous écrire. Où sont nos dizaines de messages journaliers ?
Vous êtes là, mes plaisirs de chair d’hier ne vous effacent pas.
Ils vous surlignent au contraire, je me remémore nos orgasmes, les jouissances que je reçois de vous.
Mes ébats intenses de ces dernières heures me paraissent bien fades face à nos classiques.
Je ne veux même pas penser à ceux fous.
Vous êtes du poivre des Indes, celui que l’on cherche au-delà du cap de Bonne Espérance pour rendre son quotidien épicé et exaltant.
Vous étiez dans le vrai en écrivant que notre relation n'est pas que sexuelle.
Ou plutôt, elle est hyper sexuelle car elle n’est pas que.
La science décrit un phénomène inimaginable, deux photons à les milliers de kilomètres sont connectés et imitent, l’un l’autre, leur état.
Aucune onde, rien n’explique cette connexion.
Aurais je trouvé mon photon ?
Et si les scientifiques cherchaient mal car ils cherchent dans des laboratoires ?
Nous l’avons trouvé dans un lit d’une chambre, hôtel Langlois.
Dans une cave rue Le Chapelais,
Dans un lit rue Amelot,
Dans les rues d’Arles,
Dans une cave rue Truffaut,
Dans les profondeurs de la rue Le Regrattier,
Dans une course de taxi parisien, trempés de nos désirs. J’ai découvert le livre extraordinaire d’une femme quittée.
Son regard lucide sur l’homme, l’amour, m’a bouleversé. Ses mots me parlaient, nous parlaient.
Je ne désirais que vous faire partager ce texte, la fulgurance de sa vision de l’amour. De la petitesse des petits amours.
Je m’imaginais vous le laisser dans ma boîte aux lettres. Vous dire de le chercher.
Vous étiez à côté de moi pour partager l’émotion d’une rencontre avec ses mots.
J’ai renoncé, pour respecter votre demande, j’avais annoncé le silence.
En lisant ce livre l’émotion m’a fait oublier que vous le désiriez.
Vous écrire que je suis là ?
Inutile,
C’est pour cela que vous n’êtes plus là.
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Troisième jour sans vos mots. Rien d’écrit aujourd’hui. Trop de choses à dire. L’émotion étouffe ma main.
M’endormir ,
Vous retrouver,
Me réveiller, vous perdre.
Je suis Orphée, je ne peux me retourner au risque à jamais de vous voir disparaître.
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Quatrième jour.
Ce matin, cet après-midi, ce soir. Comme tous les jours depuis la pause. Ma boîte mail est vide.
Et moi si plein de vous, je déborde, Nulle corbeille pour me vider.
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J’avais besoin d’un double.
Vous aviez besoin d’un dérivatif à un amour impossible.
L’impossible s’est réalisé, nous nous sommes trouvés.
Ce silence est impossible à vivre.
Je suis doublement amputé.
De vous et de nous.
Cul-de-jatte qui survit en faisant l’aumône de votre souvenir.
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Vous avez disparu en me laissant votre ombre silencieuse.
Je suis l’ombre de moi-même à force de trop l’étreindre sans rien attraper.
Cette ombre est couleur perte de lumière.
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Vous êtes tout,
Le tout pour le tout.
Nos silences me transforment, En rien du tout.
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Je suis passé rue Saint-Lazare,
Rue Le Chapelais,
Rue Amelot,
Rue Thérèse,
Rue Le Regrattier,
Rue le Sueur,
Rue Truffaut
De rue en rue,
Je refais notre Paris,
Mais le pari de l’apaisement, je l’ai perdu en vous perdant.
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Vos cris manquent à mes coussins.
Nos stigmates manquent à mes draps. Le linge immaculé est un désert d’ennui.
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La fenêtre est toujours ouverte.
Mais le Sacré Cœur ne dépasse plus de la ligne de vos fesses lors de nos levrettes.
Les communards avaient raison.
Cette église, construite en expiation d’une soif de liberté, est laide sans l’horizon de votre cul.
Votre révolte conjugale embellissait le laid de ma vie.
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La petite jeune m’envoie un message ; « Il y aura un avant et un après toi. »
Je désire un pendant avec vous.
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Mon téléphone ne vibre plus des deux coups des notifications de vos messages.
Il reste tristement muet.
Son silence est assourdissant.
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Cinquième jour.
J’ai l’impression de la traversée du désert. 40 jours sans manger et boire.
Les hébreux avaient dieu.
Je suis athée.
Aucune voix pour soulever ma fatigue.
Seul l’espoir mais l’espoir pour un pessimiste c’est un exploit que de le convoquer.
Décidément je ne suis pas sportif.
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Sur le trajet mes doigts ne peuvent se contenir d’écrire ce message qui ne sera pas envoyé.
Les voyages ont toujours une destination. La mienne m’éloigne de vous.
Vous sentir m’attendre rendait supportable l’exil. Respiration avant de replonger.
Nos instants étaient des matches qui nécessitaient un temps de récupération.
L’intermittence dans les coups de fouets pour ne pas être prévisible.
Pour fuir l’ennui, la banalité adultérine. Vous mordre la chair. Vous électriser de mes coups, tout oublier le temps d’être dans cette cave rue Truffaut.
Reboot de vies trop rapides, trop occupées, trop compliquées.
Vivre, mais vivre ivre.
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Maintenant Hotmail est plus rapide. Nos centaines de messages l’essoufflaient. Nous épuisions la technique.
Nos mots étaient plus forts que le virtuel.
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Il règne, dans les couloirs de l’étage de l’appartement, le silence triste de l’absence de vos orgasmes.
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J’ai gardé comme premier réflexe en saisissant mon téléphone, de regarder si vous m’aviez écris.
Les réflexes sont plus têtus que la raison. Ils vivent d’habitudes rassurantes.
Cela ne me rassure pas d’oublier que nous sommes en mode silencieux.
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J’étais heureux de vous rendre plus belle que votre beauté physique.
Plus heureuse que votre sourire.
Plus étincelante que vos yeux radieux.
Vous appeliez cela gazouiller comme le font les oiseaux, heureux au printemps.
Vos printemps étaient mes fêtes de Saint Jean.
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Dans ce silence de confessionnal, j’ai envie d’écrire que vous étiez importante pour moi.
Mais je ne peux me résoudre à l’emploi du passé.
Vous êtes importante pour moi. Voilà c’est dit.
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En vous perdant, je me suis trouvé.
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Vous avez agité les mots en moi comme la pulpe dans la célèbre publicité.
Je suis renversé.
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J’aime boire un verre de vin avec toi. Même du bio.
C’est dire que je suis autre avec toi.
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J’ai utilisé le tu !?
Peut-être parce que je me mets à nu.
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A l’instant même de ce dernier message silencieux, par deux fois le téléphone vibre, c'est un message d'elle.
Les messages silencieux cessèrent définitivement.
J’enfonce une porte ouverte : mais il fait froid, trop froid et le chauffage collectif n’est pas encore en action. Il ne nous reste plus qu’à s’enterrer sous des plaids et à boire du café brûlant pour tenter de retrouver un peu de chaleur. Vous êtes bien installé·e·s ? C’est l’heure des gifs, ou du thé, ou des deux, je ne vais pas tout vous dire non plus…
L’automne a ceci d’idéal qu’il permet de cacher une lingerie affriolante sous les mailles serrées d’un gros pull. Exit la laine pour Bea York, on a le droit directement à la lingerie, et à la panoplie complète, un ensemble lilas et des bas en nylon. Dans un souci de transparence c’est un jouet en verre qu’elle tient à la main. Tout ceci est clair comme de l’eau de roche.
Vous la sentez, l’odeur des croissants et du café bien frais qui émane de cette scène ? Non, ça ne vous évoque pas ça ? Pourtant la gorge profonde est un beau moyen de se lever du bon pied. Le joli couple Morgpie maîtrise le sujet sur le bout de la langue et rentabilise les débuts de journée pour régaler nos pupilles, à défaut des papilles avec les viennoiseries.
Le Womanizer, ce petit jouet si innovant est devenu le meilleur ami des clitoris au travers du monde. Non sans blague, on le voit partout et il faut le dire, on ne s’en lasse pas. Betty Foxxx y trouve son compte aussi, elle a dans la main l’aide précieuse pour arriver au sacro-saint-squirt, aussi nommé SSS, d’autant qu’avec une telle manucure tout dérapage est vite risqué.
Dans un rêve éveillé, Vanessa Decker nous laisse explorer ses fantasmes de secrétaire. Évidemment sous sa chemise se cache un attirail de dentelle des plus plaisants, et c’est à un soutien-gorge que son amant s’aggripe, tout en douceur, il ne faudrait pas déchirer le tissu. Quand la poitrine de Vanessa se soulève, je connais d’autres tissus qui sont tendus.
Le fist, quel exercice difficile et capricieux. Si l’école du porn existait, ce serait sûrement la matière la plus exigeante, la plus technique, celle où il faudrait passer aux rattrapages. Cela dit, le couple BananaCreamMuffin a une maitrise sur le sujet et nous offre une belle démonstration anale. On s’accorde sur un 20/20 et on leur laisse les félicitations du jury.
Image de une : Vanessa Decker dans l’attente
Elles sont face à face. Se regardent et se sourient. La première est romancière et éditrice. La seconde est une auteure sous pseudonyme que les activités de jour ne sauraient démasquer… et dont la mention du seul nom fait trembler les bibliothécaires moteurs de recherche.
Régine Deforges : « Comment trouve-t-on la paix dans le supplice? »
Pauline Réage : « Parce qu’on est enlevé à soi-même je pense. »
Dans O m’a dit, Entretiens avec Pauline Réage, 1995, p. 107.
Vignette en couleurs tirée de Histoire d’O de Pauline Réage, illustrée par Léonor Fini. Tchou, 1968, in-4.L’article La paix dans le supplice est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.
Réutiliser un contraceptif usagé, même après l’avoir lavé, représente un gros risque pour la santé. Récemment, un trafic de revente de préservatifs « recyclés » a été stoppé au Vietnam.
Trafic illégalDes sacs remplis de préservatifs usagés ont été retrouvés par les autorités vietnamiennes dans un entrepôt. Environ 345 000 préservatifs s’y trouvaient et étaient destinés au « recyclage » puis à la vente. La police a fait une autre découverte sur place : des milliers de contraceptifs usés, déjà recyclés, emballés et prêts à être vendus.
Le journal vietnamien Tuoi Tre a indiqué qu’une femme de 32 ans, travaillant dans l’entrepôt, aurait déclaré aux enquêteurs recevoir « de la part d’un inconnu une livraison mensuelle de préservatifs usagés ». Elle leur a ensuite expliqué que les préservatifs étaient « lavés, séchés puis remis en forme à l’aide d’un godemiché, dans des conditions peu hygiéniques, avant d’être reproposés à la vente ». La femme « reconditionnerait » les contraceptifs depuis plusieurs mois et certains aurait déjà été mis en vente. Le ministère de la santé vietnamienne considère le risque sanitaire très élevé pour les utilisateurs de ces préservatifs recyclés.
Recycler un préservatif usagé présente des risques !Un préservatif est à usage unique ! Le laver pour le réutiliser par la suite apparaît comme une pratique dangereuse. Pourtant des personnes le font encore, notamment aux Etats-Unis.
Les raisons de cette contre-indication ? Le latex s’avère fragile et ne résiste pas au lavage : il y a un risque beaucoup plus important de déchirure, de glissement...Lire la suite sur Union
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Un homme aussi peut être sexy avec de la lingerie faite pour lui. Et cela, sans forcément passer par le simple boxer et caleçon présents dans de nombreux tiroirs. Bien que le confort et le côté pratique des sous-vêtements originaux peuvent rester privilégiés, ils en existent aussi en version 2.0 !
Le jeu des matières et des formesPour changer du fameux slip en coton, rien de mieux que de jouer avec les matières qui ne sont pas exclusivement réservées à la gente féminine et qui peuvent être au moins aussi confortable que le coton ! De nombreux caleçons, boxers et slips existent en plusieurs types de matières à savoir la dentelle, le cuir, la soie, le satin, la résille, le latex mais aussi le vinyle.
Pour donner une allure originale aux boxers et slips, les formes atypiques restent les bienvenues : une taille de boxer plus ou moins basse, une fermeture sur le devant ou le derrière, des « poches » transparentes…
Boxer Inspire – Noir
Mettre en valeur les fessesLe string représente un excellent type de lingerie pour mettre en avant les fesses. Certains peuvent cependant trouver le string trop désagréable à porter. Le jockstrap apparaît ainsi comme une alternative au string : la ficelle qui passe entre les fesses en moins mais toujours le fessier dénudé. Le jockstrap a d’ailleurs pour point fort de redessiner la courbe des fesses de ces messieurs pour...Lire la suite sur Union
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Tous les hommes que je connais aiment la sodomie. Si ils ne la pratiquent pas ardemment ils l’ont en fantasme. Et chacun de mes quatre hommes aimeraient me prendre par derrière. Et j’avoue ne pas le leur avoir donné à tous satisfaction… Un peu pour les frustrer, les faire languir, désirer plus fort encore, un…
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Voici les conseils de notre sexologue.
Une pratique peu répandueLa fessée fait effectivement partie des fantasmes érotiques connus, je vous l’accorde aisément, sa place reste tout de même assez marginale dans les pratiques sexuelles régulières de l’ensemble de la population, tout du moins dans notre culture. En effet, la fessée flirte avec le sadomasochisme, ce qui ne convient pas à tout le monde. C’est d’ailleurs probablement la raison pour laquelle vous n’avez encore jamais osé en parler à vos partenaires, dont vous craignez, plus ou moins consciemment, qu’ils n’aient pas envie d’entrer dans ce jeu-là.
Vous êtes confrontée à l’un des principaux écueils à la mise en pratique des fantasmes. Celui de la difficulté que ressentent la plu- part des individus à se montrer capable de les évoquer sans craindre de passer pour quelqu’un de bizarre. D’autant plus que dans ce registre, il ne suffit pas de trouver un partenaire ayant les mêmes penchants, il faut trouver son partenaire complémentaire. Il faut dire qu’en matière de fessée il existe deux catégories de personnes, celles qui aiment en recevoir et celles qui aiment en donner, et que les rôles sont rarement interchangeables.
Tâter le terrainPeu importe que vous apparteniez à la première ou à la seconde catégorie, si vous voulez passer à l’acte, il va falloir vous mettre à l’eau. C’est le meilleur moyen de savoir si cela...Lire la suite sur Union
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Les associations Mousse, STOP Homophobie, ELCS, Adheos, FLAG! et Familles LGBT demandent officiellement au ministre des Armées et au ministre de l'Intérieur de mettre un terme aux discriminations contre les personnes vivant avec le VIH.
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Préférez-vous… Visiter les Canaries avec Kim et Paolo ? Un road trip dans les Landes avec Luna Okko ? Ou une rando au Grand Canyon avec Molly et Conor ? L’essor des vlogs pornos doit beaucoup à l’indépendance des pornographes, à la mise en scène du quotidien et au désir d’authenticité de la part des usagers. Mais cette nouvelle proximité pornographique ne saurait cantonner nos fantasmes à la chambre à coucher ! En se déplaçant, les pornographes tracent la géographie de nos envies. Voici donc, pour vous, un petit guide de l’exhib à travers les vlogs pornos de voyages.
Situer nos envies de sexe en voyageNée d’un sourire ou d’un geste obscène, l’envie qui palpite entre nos jambes ne connaît pas de frontières. En voyage, l’envie de sexe est ce qui nous inspire le plus. Ce serait dommage de ne pas la partager. La présence des autres (ou leur imminence) nous rend inventifs – exhib ou furtifs ! Les espaces publics ne sont plus des lieux de passage ou des paysages à contempler mais des mondes à habiter. Arbres aguicheurs. Atmosphère humide. Ruelles à pénétrer… Nos envies de sexe métamorphosent ce qui nous entoure et nos envies de filmer scénarisent les plaisirs.
En nous emparant des moyens de production et de communication, notre vie sexuelle peut devenir pornographique. Or c’est justement en voyage que notre autonomie créative transforme le mieux nos fantasmes en réalité. Les vlogs (« vidéoblogs ») sont probablement la meilleure manière de diffuser ces expériences. Pour la linguiste Christelle Combe, le vlog est « une vidéo monologale autocentrée, augmentée de commentaires écrits ». Pour faire simple, disons que c’est une façon de mettre en scène notre image, d’y ajouter du contexte.
With this video our outdoors and public adventures begun in 2016 https://t.co/NLT8N7RKGW
— MySweetApple (@mysweetapplexxx) August 16, 2020
Now you can watch it for free for the first time ever! Don’t miss it and let us know if u like our younger and more amateur version @Pornhub pic.twitter.com/SV7pAvEM1Q
Or, cette contexualisation passionne : les vlogs de voyages ont un immense succès car ils apportent autre chose que les documentaires d’Arte en montrant une manière d’habiter les lieux propre à chacun. Les vlogs pornos, reprenant la vision subjective du gonzo, héritent pourtant autant des sextapes en VHS, redonnant du contexte à la vie sexuelle des performeur·euse·s.
Bien que décrié, Pornhub est devenu l’empire de la monétisation pour pornographes. Depuis 2018, il y a six manières de s’y enrichir : monétisation du streaming par la pub (revenus passifs), vente de vidéos, abonnement, pourboires, parrainages et concours. L’année 2019 a été un tournant pour les modèles indépendants : le nombre de profils d’amateurs vérifiés a été multiplié par 4 ! En septembre 2020, ce nombre dépasse 215 000. Avec l’envol des plateformes de cams et d’OnlyFans, on se demande même si le porno mainstream existe encore…
Le contenu porno de voyages relève de la catégorie Public (tag exhib). Ce sont donc des pornotopies itinérantes et exhibitionnistes. Se filmer dans des lieux publics est devenu une tendance fantasmatique (presque) incontournable pour les couples pornographes. Par rapport aux autres vlogs pornos, les vidéos de voyage laissent une part plus importante à la contextualisation car celle-ci fait monter l’excitation… Le risque de se faire surprendre par des inconnu·e·s reste assez faible lorsqu’on est hors des villes mais particulièrement élevé dans les transports en commun… L’envie de sexe en voyage oscille ainsi entre transgression (surtout dans les lieux publics clos) et connexion au vivant (dans les espaces naturels). Sur Pornhub, les vlogs pornos les plus risqués semblent avoir plus de chance de percer… quitte à se faire choper ! N’est-ce pas, Ella ? Dix ans plus tôt, à l’Oktoberfest, une pionnière allemande du vlog porno (Merry4Fun) était même arrêtée en pleine action !
Vlogs pornos de voyage et exhib authentiqueEntrons maintenant dans le vif du sujet avec notre petit guide illustré. C’est en 2017 que notre aventure commence : Paulita Pappel lance, pour les couples, la plateforme indépendante Lustery ; Kim et Paolo démarrent leurs vlogs de voyage sur Pornhub sous la marque MySweetApple ; enfin, Luna et James entament leur carrière sur ManyVids et Lustery. C’est en 2018 qu’ils publient le premier épisode des Sex Diaries sur Pornhub. Ces vlogs pornos de voyages ont marqué une rupture dans l’esthétique des tendances fantasmatiques.
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Se promener, s’aventurer, s’évader à travers les merveilles du vaste monde : jamais le porno ne sera allé aussi loin. Littéralement, tout en restant si proche de nous par l’authenticité des expéditions ainsi filmées. La particularité de ces vlogs de voyage réside donc là : l’expérience de l’exhib rend le monde plus habitable, plus désirable. Ainsi, les pérégrinations de Kim, Paolo, Luna et James valent autant pour leur aspect lifestyle que pour leurs expériences sexuelles.
Kim et Paolo prennent le busLuna et James se séparent. Les Sex Diaries sont déréférencés. En revanche, les vidéos de MySweetApple sont toujours sur Pornhub, en version courte gratuite ou intégrale payante. Leur profil annonce la couleur : pseudo, logo (pomme rouge callipyge) et marque déployée sur tous les supports. Leur bio explicite leur art :
« Hi, we’re Kim and Paolo, we’re nudists, exhibitionists and #WeFuckEverywhere. We travel around the world doing amateur porn from the most beautiful spots on earth. »
Cette identité souligne les boutons d’appréciation, la mise en réseau de leurs sites et les boutons de monétisation. Le logo devient « watermark » (avec signature sonore) à chaque vidéo et les liens font office de génériques. En y ajoutant les commentaires (l’épinglé est celui qu’utilise le couple pour contextualiser le vlog), on peut dire, avec Christelle Combe, que « le vlogue est un espace générateur d’échanges. » Leurs vidéos apparaissent spontanées, fluides et rassurantes (malgré les prises de risque). Néanmoins, on devine le gros travail de montage et de communication.
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Ainsi, lors d’un Spring Break à Cancun, on découvre avec eux une plage magnifique. On entre dans la mer, on se chauffe sous l’eau transparente, on en ressort, on monte à l’hôtel, on retrouve les vagues, depuis le surplomb du balcon, on baise, caressé par la brise marine en admirant la plage turquoise… Une merveilleuse journée d’intimité et d’exhib authentique. On trouve, parmi leurs 197 vidéos, un vlog porno de voyage particulièrement exemplaire : leur escapade aux Îles Canaries pour un festival. L’excursion commence dans un bus. Très vite, des seins, une bite bandante et des sourires complices. Une fellation et le temps défile ! Là-bas, pause cigarette et exhib, foodtruck et musique, et ce sublime coucher de soleil sur l’écume… Frissons. Câlins et sexe. Pause pipi puis retour en bus. Devinez ce qu’ils y font ! Petit spoiler : l’arrivée est spermatique… Encore une journée bien remplie.
View this post on InstagramMy husband , my life #MikeAngelo #Love #Chili #memory
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Nous vous conseillons ensuite de découvrir les immenses espaces d’Amérique du Sud avec les pornstars Emily Angel et Mike Angelo… Notamment le Chili et les paysages splendides du désert d’Atacama. « Viens », dit-elle, avant d’ouvrir son cul et nos yeux ébahis. Gémissements et écoulements, dans le vent… Là-bas, peu de chance d’être surpris et leurs corps nus silhouettent nos fantasmes à l’infini… Si vous préférez la luxuriance des îles exotiques où la baise frénétique suinte de désir tropical, suivez plutôt Princesse Jasmine : un peu de canoë pour aller goûter aux plaisirs d’une île (presque) déserte… Dans les vlogs pornos, chacun son rythme de vie : pour les aficionados de la golden hour matinale, nous vous proposons une golden shower astrale. Il pleut du soleil dans la bouche de Morgan ! Bon, ces savoureuses aventures en plein air, ça creuse… Pourquoi ne pas faire un petit tour au restaurant ? On y retrouverait un couple d’amis. Il paraît qu’ils sont un peu exhib, eux aussi. Vous verrez : après le dessert, le digestif est offert !
Storytelling porno : road trip, Mile High Club et vlog randoLes vlogs pornos de voyage se prêtent particulièrement bien au storytelling. Le plus souvent, ça part d’une question fondamentale : comment voyager ? Mais le plus important est rarement l’organisation de l’expédition, car, comme disait Godard, « le scénario, c’est le montage. » Le storytelling porno se construit donc surtout après coup : selon le choix du transport, le lifestyle adopté et les péripéties pornographiques.
Luna grimpe la duneAprès leur séparation, Luna Okko et Le James se sont lancés en solo. Depuis, Le James explore la péninsule ibérique, et Luna nous a présenté son nouveau mec (Evan)… et la voici qui publie une sorte de suite aux Sex Diaries. En 2020, la crise sanitaire a fermé les frontières. Tant pis : on relocalise nos vacances dans le Sud de la France. Autant troquer les voyages de luxe contre un road trip de la débrouille ! Luna et son mec partent donc en vadrouille à bord d’un van aménagé. Ça peut paraître un peu trop hippie mais, rassurez-vous, le jeune couple vous explique tout ! 11 minutes sans baise mais remplies de détails passionnants… Mise en musique, sous-titres, incrustations, dédicaces, humour, visite guidée, petit déj’ ou douche en slow-mo, tout est pensé pour immerger l’usager dans le voyage. Jusqu’aux bruits parasites de la vie quotidienne. Les paroles enjouées et éclairantes de Luna explicitant les joies du camping font de ce vlog une ode au voyage. C’est parti pour la #vanlife (à la mode chez les pornographes), les cunnis en forêt, et… vive la liberté ! Ce vlog est actuellement une des vidéos suscitant le plus d’interactions sur Pornhub (« hottest ») et c’est amplement mérité.
On the road again pic.twitter.com/KXP5SyysJZ
— Luna Okko (@luna_okko) June 29, 2020
Nostalgiques des voyages en avion ? Rejoignez le Mile High Club ! C’est ainsi qu’on nomme ceux qui sexent à plus de 1609m du sol… Vous saviez déjà que Kim suce Paolo dans les bus. Mais que fait-elle dans les trains, en croisière et donc… en avion ? La plupart des baiseurs célestes finissent aux toilettes mais notre couple vedette ne bouge pas de leurs sièges ! Adrénaline, rires et excitation. Hum… Revenons sur terre : se connecter au vivant en se promenant fait partie des plaisirs les plus universellement partagés. Marcher dans la forêt ou randonner dans la montagne, crapahuter dans les plaines ou flâner dans les villes : il y a des vlogs pornos pour tous les goûts. Pour clore notre petit guide de l’exhib, nous vous proposons la crème des vlogs rando avec « Horny Hiking», marque du couple américain Conor et Molly Pills. Leur excursion au Grand Canyon est fascinante. Les paysages sont sidérants comme les courbes de Molly. Conseil : ne fermez pas l’onglet avant d’avoir lu les commentaires, ils valent le détour ! Porno et humour. Enfin, mentionnons un couple d’aventuriers très prometteur : LLadventures. Ici, pas de panorama spectaculaire mais une exaltation et un enthousiasme synthétisant parfaitement ce qu’est l’intimité nomade.
Molly Pills au Grand CanyonEnsemble, nous avons parcouru la planète et quelques fantasmes. Nous avons beaucoup appris de la géopornographie. Nous avons aussi découvert que les vlogs pornos de voyages attisent les rencontres. Ainsi, Christelle Combe nous explique que c’est le tissage de liens affectifs « entre le vlogueur et son public qui peut aboutir finalement à la création d’une communauté. » Y penserez-vous lors de votre prochain voyage ?
C’était le buzz d’hier soir… Quelques heures avant le débat présidentiel qui devait confronter Donald Trump et Joe Biden, Eric Trump, le fils de Donald Trump a affirmé appartenir à la communauté LGBT+. Cette déclaration a enflammé toute la toile. Quelques heures plus tard, Eric Trump clarifie ses propos.
Le slip chauffant est une contraception dite masculine peu répandue, pourtant elle a fait ses preuves. Et il est possible d’en coudre un soi-même ! A lire chez Rockie !
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Parmi les pères fondateurs de Monte Verità, le plus célèbre est un prophète-vagabond qui vivait en couple libre avec une femme d’une grande beauté, entourée de huit enfants demi-nus. L'inspirateur du roman “Demian”, de Hermann Hesse : ce serait lui.
Grand, blond, athlétique, avec sa barbe de druide et ses longs cheveux, Gustav Gräser (1879-1958) faisait l’attraction. Quand il traversait les villages, des gens s’agenouillaient, le prenant pour le Christ. D’autres l’insultaient : un sans-domicile fixe. Il souriait à tous, du même bon sourire. Gustav Gräser était pacifiste et rêvait d’un monde libéré de l’emprise de l’argent, donc du mal. «Né à Kronstadt (renommée Stalin en 1950, puis Brasov en 1960), c’est-à-dire dans l’une des sept […] villes fortifiées de Transylvanie construites au XIIIe siècle par les chevaliers teutoniques, Gustav Arthur Gräser avait certes un physique de chevalier teutonique, mais strictement rien de martial ni de militariste dans le fond de son âme. Bien au contraire. Son opposition à toute forme de violence, qu’il professa tout au long de sa longue vie, parfois au prix de graves embrouilles avec les autorités – dont au moins deux séjours en prison et même une condamnation à mort, en 1915, infléchie de justesse par l’arrivée de sa femme accompagnée d’une de ses filles âgée cinq ans– lui valurent l’épithète de “Gandhi occidental”».
La colonie libertaire
Pour le chercheur Wolfgang Wackernagel –qui fait de lui un magnifique portrait–, Gräser était un mystique. De fait, il ne semblait vivre qu’en quête de paix. Il fait partie des fondateurs de Monte Verità. En 1900, accompagné de son frère Karl, il vise le retour à l’état de nature, ohne zwang (sans contrainte), c’est-à-dire sans richesses ni possessions, sans contrat ni jalousie. Lorsqu’Henri Oedenkoven achète le terrain sur lequel les pionniers inaugurent leur projet de vie nouvelle (1), les frères Gräser veulent éviter tout contact avec l’argent. Ils rêvent de troc et s’en tiennent à l’idéal d’une «commune d’amour». Mais Henri qui fait bâtir les bungalows doit payer les charpentiers. Il faut aussi régler la note d’eau courante et d’électricité… En 1901, le schisme devient inévitable : lorsque Henri et sa compagne, Ida, font de Monte Verità un sanatorium, les deux frères vont vivre ailleurs. Karl acquiert un lopin non loin de là et y construit sa cabane en planches, ses meubles à l’aide de branches. Il vit dans cet abri en union libre avec Jenny Hoffmann (la soeur d’Ida) qui tombe enceinte à plusieurs reprises mais reste sans enfants, après une plusieurs morts-nés. Est-ce en raison des conditions trop dures que Jenny doit partager avec son compagnon ?
Vivre de poésie et d’eau fraiche
C’est tout le paradoxe de cet idéalisme : au début du XXe siècle, les révolutionnaires se préoccupent peu d’égalité entre les sexes. Au nom d’une «liberté» qui se résume souvent au refus d’épouser leur compagne ou d’assumer leur paternité, ils imposent à leurs partenaires le statut réprouvé de filles-mères, une vie de misère et un partage des tâches inégalitaire : c’est à elles d’élever les enfants. Karl laisse sa compagne, Jenny, s’occuper des travaux domestiques. Le couple se nourrit de fruits crus et se chauffe à la bougie (parfois Jenny se réfugie chez sa soeur Ida pour profiter de la chaleur du poële).
Une vie d’anachorète
Alors que Karl s’installe en couple, Gustav continue ses pérégrinations : il retourne tout d’abord à Kronstadt, mais c’est une mauvaise idée car le voilà enrôlé. Il refuse de faire son service militaire et finit en prison. «Après cinq mois de geôle, où il écrit des vers» –ainsi que le résume l’historien Kaj Noschis dans un ouvrage passionnant sur Monte Verità– il retourne à Ascona et se voit offrir un lopin auquel il renonce : «Il n’en veut pas. Ne rien posséder et pas travailler non plus, juste vivre tranquille». On le voit parfois travailler chez son frère (il participe à la construction et l’entretien de la maison), parfois dans des cabanes qu’il occupe sans demander la permission, ou dans une caverne, dormant à même le sol près d’un feu de bois.
«A ceux qui demandaient son nom, Gustav Gräser répondait … “Gusto -car j’ai goût à la vie”, et il leur offrait un brin d’herbe en guise de carte de visite, son nom de famille venant de Gras, l’“herbe” en allemand.» Kaj Noschis raconte que Gräser vit de chapardage et de charité. Il offre à qui veut des petites danses ou des poèmes. Il déclame aussi des paroles de sagesse, mais avec une simplicité si désarmante que la plupart de ses interlocuteurs en sont médusés.
Ainsi que l’explique Hermann Müller, son archiviste, le créateur d’un site en son nom , «Gräser est un poète et penseur mystique, fortement influencé par Lao Tseu, dont il traduit le Tao Te King en allemand. Son mode de vie correspond à celui des premiers apôtres chrétiens, des saints errants indiens et des maîtres de sagesse chinois.”
Elisabeth, la veuve solaire
En 1908, il rencontre Elisabeth Dörr (1876-1953), une mère de cinq enfants qui se retrouve à la rue. Elle est la veuve d’un médecin, disparu lors d’un accident de montagne. Le corps n’ayant pas été retrouvé, elle ne peut pas hériter de son mari (selon la législation de l’époque). Elle se lie à Gusto qui lui fait trois enfants. «La famille recomposée (dix personnes au total) vit de dons mais souffre de privations continuelles, erre sur les routes ou campe dans des logements de fortune.»
Alma Mater
Bien que cette famille vive dans le dénuement le plus complet, elle fait fantasmer les visiteurs de Monte Verità. Elisabeth Dörr, notamment, suscite d’intenses rêveries érotiques. Des photos la montrent en «déesse Gaia», allaitant un bébé en public dans une longue robe blanche. Ses cheveux blonds, dénoués, en font l’icône d’Ascona. Il se raconte toutes sortes de fables à propos de cette Felsenfrau (La Dame du Rocher) : qu’elle a eu chacun de ses enfants d’un homme différent. Hermann Hesse –qui vient vivre pendant six mois à Monte Verità (une cure de désintoxication à l’alcool)– fréquente assidument le couple et tombe amoureux d’Elisabeth dont il s’inspire pour faire Madame Eva dans Demian, un roman initiatique qui aurait été fortement inspiré par les théories de Gusto : «La vraie mission de tout homme est celle-ci : parvenir à soi-même.»
Le «sans contrainte» comme seule règle de vie
A partir de 1911, le couple ne cesse d’être publiquement impliqué : le prédicateur emmène toute la famille sur une caravane tirée par des chevaux, sillonne l’Allemagne et traverse la tourmente de la première guerre mondiale. Gusto prêche contre la patrie, contre le patriarcat. Il parle de la nature et de mère nourricière. Que la mère soit, dans les faits, une femme sans abri, épuisée par les privations et abimée par huit grossesses, ne le fait pas dévier de sa route. Il s’est fixé une mission et rien ne peut l’en détourner : ni femme, ni enfant, En 1919, il se sépare finalement d’Elisabeth. Ou plutôt, elle touche finalement l’héritage de son mari et –emportant avec elle ses six filles et son second fils–, elle peut enfin refaire sa vie. Lui, «cohérent à l’extrême dans son refus» (ainsi que le note très justement Kaj Noschis) continue à donner des conférences dans les principales villes du pays, prêche le pacifisme au péril de sa vie, survit aux bombardements de la seconde guerre mondiale tout en écrivant sur Lao-Tseu, refuse d’être mobilisé, refuse de se battre, refuse de prendre part à la «grande escroquerie», jusqu’à sa mort en 1958.
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Je remercie Je remercie Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html ainsi que le Musée de Monte Verità
Fondation Monte Verità : rue Collina 84 - 6612 Ascona. Tel : +41 91 785 40 40.
A LIRE : Monte Verità : Ascona et le génie du lieu, de Kaj Noschis, EPFL press, 2017.
«Mystique, avant-garde et marginalité dans le sillage du Monte Verità», de Wolfgang Wackernagel, in: Mystique: la passion de l’Un, de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque international de l’Université Libre de Bruxelles, édité par Alain Dierkens et Benoît Beyer de Ryke. Éditions de l’Université de Bruxelles, 2005, p. 175-18.
NOTE 1 : Le projet original de Monte Verità était celui d’une coopérative et le terrain avait été acheté avec les contributions de chacun des membres du groupe… mais c’est Henri Oedenkoven qui verse l’essentiel de la somme et qui finit par racheter les parts des autres contributeurs. Hermann Müller, qui est l’archiviste du leg spirituel et matériel de Gusto Gräser, explique ainsi la chose : »Henri Oedenkoven, en tant que principal contributeur financier, a enregistré sans scrupule la propriété en son nom, abolissant ainsi le principe de coopération. Les frères Gräser, qui s’accrochaient à l’idéal d’une « Phalanstère » modernisée au sens de Fourier, se sont ensuite séparés d’Oedenkoven et d’Ida Hofmann et se sont retirés dans leurs propres propriétés. Lotte Hattemer et Jenny Hofmann les rejoignent. Après un an seulement, une structure en deux parties est créée : d’une part, l’institution de guérison naturelle d’Oedenkoven et Hofmann en tant qu’entreprise privée, d’autre part, le sanctuaire des frères Gräser, qui est ouvert aux persécutés et aux opprimés de tous les pays. Pour une meilleure distinction, leur isolement doit être appelé «Monte Gusto». Monte Gusto devient une destination pour les chercheurs de liberté de toutes sortes : objecteurs de conscience, homosexuels, juifs, mères non mariées, religieux et artistes. Citons par exemple les écrivains Erich Mühsam, Hermann Hesse, Reinhard Goering, Oskar Maria Graf, Frederik van Eeden, le sculpteur Max Kruse, la créatrice de poupées Käthe Kruse, la pédagogue de la réforme Ellen Key, les danseuses Isadora Duncan et Mary Wigman.«
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITÀ : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
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Photo d’Elisabeth Dörr à Ascona, en 1919, avec ses 6 filles. Peu avant son départ probablement. À gauche de la fontaine : Theodora, Trudchen, Waldtraud, Lottchen, Bernhardine. À droite de la fontaine : la fille Elisabeth et la mère Elisabeth.
Parmi les pères fondateurs de Monte Verità, le plus célèbre est un prophète-vagabond qui vivait en couple libre avec une femme d’une grande beauté, entourée de huit enfants demi-nus. L'inspirateur du roman “Demian”, de Hermann Hesse : ce serait lui.
Grand, blond, athlétique, avec sa barbe de druide et ses longs cheveux, Gustav Gräser (1879-1958) faisait l’attraction. Quand il traversait les villages, des gens s’agenouillaient, le prenant pour le Christ. D’autres l’insultaient : un sans-domicile fixe. Il souriait à tous, du même bon sourire. Gustav Gräser était pacifiste et rêvait d’un monde libéré de l’emprise de l’argent, donc du mal. «Né à Kronstadt (renommée Stalin en 1950, puis Brasov en 1960), c’est-à-dire dans l’une des sept […] villes fortifiées de Transylvanie construites au XIIIe siècle par les chevaliers teutoniques, Gustav Arthur Gräser avait certes un physique de chevalier teutonique, mais strictement rien de martial ni de militariste dans le fond de son âme. Bien au contraire. Son opposition à toute forme de violence, qu’il professa tout au long de sa longue vie, parfois au prix de graves embrouilles avec les autorités – dont au moins deux séjours en prison et même une condamnation à mort, en 1915, infléchie de justesse par l’arrivée de sa femme accompagnée d’une de ses filles âgée cinq ans– lui valurent l’épithète de “Gandhi occidental”».
La colonie libertaire
Pour le chercheur Wolfgang Wackernagel –qui fait de lui un magnifique portrait–, Gräser était un mystique. De fait, il ne semblait vivre qu’en quête de paix. Il fait partie des fondateurs de Monte Verità. En 1900, accompagné de son frère Karl, il vise le retour à l’état de nature, ohne zwang (sans contrainte), c’est-à-dire sans richesses ni possessions, sans contrat ni jalousie. Lorsqu’Henri Oedenkoven achète le terrain sur lequel les pionniers inaugurent leur projet de vie nouvelle (1), les frères Gräser veulent éviter tout contact avec l’argent. Ils rêvent de troc et s’en tiennent à l’idéal d’une «commune d’amour». Mais Henri qui fait bâtir les bungalows doit payer les charpentiers. Il faut aussi régler la note d’eau courante et d’électricité… En 1901, le schisme devient inévitable : lorsque Henri et sa compagne, Ida, font de Monte Verità un sanatorium, les deux frères vont vivre ailleurs. Karl acquiert un lopin non loin de là et y construit sa cabane en planches, ses meubles à l’aide de branches. Il vit dans cet abri en union libre avec Jenny Hoffmann (la soeur d’Ida) qui tombe enceinte à plusieurs reprises mais reste sans enfants, après une plusieurs morts-nés. Est-ce en raison des conditions trop dures que Jenny doit partager avec son compagnon ?
Vivre de poésie et d’eau fraiche
C’est tout le paradoxe de cet idéalisme : au début du XXe siècle, les révolutionnaires se préoccupent peu d’égalité entre les sexes. Au nom d’une «liberté» qui se résume souvent au refus d’épouser leur compagne ou d’assumer leur paternité, ils imposent à leurs partenaires le statut réprouvé de filles-mères, une vie de misère et un partage des tâches inégalitaire : c’est à elles d’élever les enfants. Karl laisse sa compagne, Jenny, s’occuper des travaux domestiques. Le couple se nourrit de fruits crus et se chauffe à la bougie (parfois Jenny se réfugie chez sa soeur Ida pour profiter de la chaleur du poële).
Une vie d’anachorète
Alors que Karl s’installe en couple, Gustav continue ses pérégrinations : il retourne tout d’abord à Kronstadt, mais c’est une mauvaise idée car le voilà enrôlé. Il refuse de faire son service militaire et finit en prison. «Après cinq mois de geôle, où il écrit des vers» –ainsi que le résume l’historien Kaj Noschis dans un ouvrage passionnant sur Monte Verità– il retourne à Ascona et se voit offrir un lopin auquel il renonce : «Il n’en veut pas. Ne rien posséder et pas travailler non plus, juste vivre tranquille». On le voit parfois travailler chez son frère (il participe à la construction et l’entretien de la maison), parfois dans des cabanes qu’il occupe sans demander la permission, ou dans une caverne, dormant à même le sol près d’un feu de bois.
«A ceux qui demandaient son nom, Gustav Gräser répondait … “Gusto -car j’ai goût à la vie”, et il leur offrait un brin d’herbe en guise de carte de visite, son nom de famille venant de Gras, l’“herbe” en allemand.» Kaj Noschis raconte que Gräser vit de chapardage et de charité. Il offre à qui veut des petites danses ou des poèmes. Il déclame aussi des paroles de sagesse, mais avec une simplicité si désarmante que la plupart de ses interlocuteurs en sont médusés.
Ainsi que l’explique Hermann Müller, son archiviste, le créateur d’un site en son nom , «Gräser est un poète et penseur mystique, fortement influencé par Lao Tseu, dont il traduit le Tao Te King en allemand. Son mode de vie correspond à celui des premiers apôtres chrétiens, des saints errants indiens et des maîtres de sagesse chinois.”
Elisabeth, la veuve solaire
En 1908, il rencontre Elisabeth Dörr (1876-1953), une mère de cinq enfants qui se retrouve à la rue. Elle est la veuve d’un médecin, disparu lors d’un accident de montagne. Le corps n’ayant pas été retrouvé, elle ne peut pas hériter de son mari (selon la législation de l’époque). Elle se lie à Gusto qui lui fait trois enfants. «La famille recomposée (dix personnes au total) vit de dons mais souffre de privations continuelles, erre sur les routes ou campe dans des logements de fortune.»
Alma Mater
Bien que cette famille vive dans le dénuement le plus complet, elle fait fantasmer les visiteurs de Monte Verità. Elisabeth Dörr, notamment, suscite d’intenses rêveries érotiques. Des photos la montrent en «déesse Gaia», allaitant un bébé en public dans une longue robe blanche. Ses cheveux blonds, dénoués, en font l’icône d’Ascona. Il se raconte toutes sortes de fables à propos de cette Felsenfrau (La Dame du Rocher) : qu’elle a eu chacun de ses enfants d’un homme différent. Hermann Hesse –qui vient vivre pendant six mois à Monte Verità (une cure de désintoxication à l’alcool)– fréquente assidument le couple et tombe amoureux d’Elisabeth dont il s’inspire pour faire Madame Eva dans Demian, un roman initiatique qui aurait été fortement inspiré par les théories de Gusto : «La vraie mission de tout homme est celle-ci : parvenir à soi-même.»
Le «sans contrainte» comme seule règle de vie
A partir de 1911, le couple ne cesse d’être publiquement impliqué : le prédicateur emmène toute la famille sur une caravane tirée par des chevaux, sillonne l’Allemagne et traverse la tourmente de la première guerre mondiale. Gusto prêche contre la patrie, contre le patriarcat. Il parle de la nature et de mère nourricière. Que la mère soit, dans les faits, une femme sans abri, épuisée par les privations et abimée par huit grossesses, ne le fait pas dévier de sa route. Il s’est fixé une mission et rien ne peut l’en détourner : ni femme, ni enfant, En 1919, il se sépare finalement d’Elisabeth. Ou plutôt, elle touche finalement l’héritage de son mari et –emportant avec elle ses six filles et son second fils–, elle peut enfin refaire sa vie. Lui, «cohérent à l’extrême dans son refus» (ainsi que le note très justement Kaj Noschis) continue à donner des conférences dans les principales villes du pays, prêche le pacifisme au péril de sa vie, survit aux bombardements de la seconde guerre mondiale tout en écrivant sur Lao-Tseu, refuse d’être mobilisé, refuse de se battre, refuse de prendre part à la «grande escroquerie», jusqu’à sa mort en 1958.
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Je remercie Je remercie Hermann Müller et Reinhard Christeller, créateurs du site de référence http://www.gusto-graeser.info/body_indexFR.html ainsi que le Musée de Monte Verità
Fondation Monte Verità : rue Collina 84 - 6612 Ascona. Tel : +41 91 785 40 40.
A LIRE : Monte Verità : Ascona et le génie du lieu, de Kaj Noschis, EPFL press, 2017.
«Mystique, avant-garde et marginalité dans le sillage du Monte Verità», de Wolfgang Wackernagel, in: Mystique: la passion de l’Un, de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque international de l’Université Libre de Bruxelles, édité par Alain Dierkens et Benoît Beyer de Ryke. Éditions de l’Université de Bruxelles, 2005, p. 175-18.
NOTE 1 : Le projet original de Monte Verità était celui d’une coopérative et le terrain avait été acheté avec les contributions de chacun des membres du groupe… mais c’est Henri Oedenkoven qui verse l’essentiel de la somme et qui finit par racheter les parts des autres contributeurs. Hermann Müller, qui est l’archiviste du leg spirituel et matériel de Gusto Gräser, explique ainsi la chose : »Henri Oedenkoven, en tant que principal contributeur financier, a enregistré sans scrupule la propriété en son nom, abolissant ainsi le principe de coopération. Les frères Gräser, qui s’accrochaient à l’idéal d’une « Phalanstère » modernisée au sens de Fourier, se sont ensuite séparés d’Oedenkoven et d’Ida Hofmann et se sont retirés dans leurs propres propriétés. Lotte Hattemer et Jenny Hofmann les rejoignent. Après un an seulement, une structure en deux parties est créée : d’une part, l’institution de guérison naturelle d’Oedenkoven et Hofmann en tant qu’entreprise privée, d’autre part, le sanctuaire des frères Gräser, qui est ouvert aux persécutés et aux opprimés de tous les pays. Pour une meilleure distinction, leur isolement doit être appelé «Monte Gusto». Monte Gusto devient une destination pour les chercheurs de liberté de toutes sortes : objecteurs de conscience, homosexuels, juifs, mères non mariées, religieux et artistes. Citons par exemple les écrivains Erich Mühsam, Hermann Hesse, Reinhard Goering, Oskar Maria Graf, Frederik van Eeden, le sculpteur Max Kruse, la créatrice de poupées Käthe Kruse, la pédagogue de la réforme Ellen Key, les danseuses Isadora Duncan et Mary Wigman.«
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITÀ : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», «Une religion transgenre pour devenir heureux ?».
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Photo d’Elisabeth Dörr à Ascona, en 1919, avec ses 6 filles. Peu avant son départ probablement. À gauche de la fontaine : Theodora, Trudchen, Waldtraud, Lottchen, Bernhardine. À droite de la fontaine : la fille Elisabeth et la mère Elisabeth.
Depuis sa création en 2001, FLAG! a étendu son périmètre d’action à l’ensemble du Ministère de l’Intérieur et au Ministère de la Justice ainsi qu’aux pompiers et à la police municipale par les liens fonctionnels forts qu’ils ont avec le Ministère de l’Intérieur. « Chacune de ses institutions disposent de ses codes, de ses valeurs …
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Le slip chauffant est une contraception dite masculine peu répandue, pourtant elle a fait ses preuves. Et il est possible d'en coudre un soi-même !
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Le plaisir masculin serait mécanique, basique, les hommes jouiraient moins fort que les femmes, le secret d'une sexualité épanouie se trouverait dans la prostate... Venez vous libérer des idées reçues à ce sujet !
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C’est une première parmi les grandes compagnies aériennes nippones. Dès ce 1er octobre, Japan Airlines devrait bannir les expressions genrées de ses vols et jusqu’aux annonces dans les aéroports, au profit de salutations neutres comme « bonjour » ou « bonsoir ». Cette décision concerne les langues autres que le japonais, « pour lequel le …
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Certaines pratiques semblent d’un autre âge et pourtant elles peuvent encore avoir cours.
Comment fonctionnent ces « thérapies de conversion » ?Ces pratiques prétendent transformer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne.
Si l’homosexualité est bien exclue de la liste des pathologies psychiatriques en France depuis 1992, elle reste encore considérée comme une maladie par les promoteurs de ces thérapies de conversion, qui couvrent “un spectre très large de pratiques souvent insidieuses”, la plupart du temps adossées à des organisations religieuses qui espèrent convaincre les participants qu’il est possible de se convertir à l’hétérosexualité ou encore, qui encouragent l’abstinence sexuelle.
Dans la pratique, il est souvent question de hautes doses de médicaments, de séances d’hypnose, voire d’électrochocs et bien sûr de mariages forcés… Et même si aucun chiffre officiel ne circule en France, une étude de 2018 montre qu’ils seraient 700 000 à subir ces traitements aux États-Unis.
Objectif de la loiIl va s’agir de proposer une loi qui vise à créer une « infraction spécifique pour prohiber ces pratiques et prévoit des facteurs aggravants pour prendre en compte la situation des mineurs, public particulièrement victime de ces thérapies« . Une proposition de loi qui permettra notamment de porter plainte et d’interdire toutes « les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne« . Les effets des thérapies de conversion peuvent être dramatiques sur la santé : dépression, isolement, ou encore suicide.
La loi cherche également à distinguer...Lire la suite sur Union
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Le blogue cercle O atteint deux plateaux d’abonnés, à l’infOlettre et la page Pauline Réage dans Facebook. Merci de votre confiance!
L’infOlettre de cercle O compte maintenant 500 abonnés.
La page Pauline Réage dans Facebook a atteint le cap des 1 000 abonnés.
L’article cercle O atteint deux plateaux est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.
J’ai un mari et… plusieurs amants ! Je ne trompe pas mon mari. Je le tromperais si notre contrat était celui de l’exclusivité. Nous ne sommes pas exclusifs. En aimer d’autres que lui, est-ce l’aimer mal ? Ou l’aimer moins bien ou moins fort ? Est ce que j’aime ces hommes de la même manière ? Qu’est ce…
L’article Ma vie, mon Amour, mes Amours est apparu en premier sur NouveauxPlaisirs.fr.
Comment ça c’est l’automne ? J’entends déjà les adieux larmoyants aux robes d’été, ces petites robes à fleurs qui volent au vent. Adieu aussi aux chemisettes ouvertes sur les torses. Adieu aux claquettes-chaussettes. Ne m’en parlez plus, je suis émue. Le retour de la grisaille, mais hauts-les-cœurs ! Retour au métro-boulot-dodo, et on regardera du porno dans l’ascenseur jusqu’au bureau.
Ersties garde une place privilégiée dans mon cœur : c’est du porno allemand et des performeuses très girl next door. Là je me retrouve dans l’ambiance d’une chambre de tiktokeuse, avec les LED survitaminées et les lumières tamisées. Amba et Belle se la joue fougueuses et nous offre un amateurisme décomplexé, gestes saccadés et corps extatiques.
Quoi de plus simple qu’une scène les yeux dans les yeux avec Alice Redlips ? Sa bouche et les mouvements de sa langue sont hypnotiques. Et quand elle s’amuse son sourire fend largement son visage et toute la tendresse de la vidéo explose. Nous, on veut la référence du rouge à lèvre d’Alice, qui ne bave pas, contrairement à elle.
Première question : pourquoi ces lunettes ? Maintenant que j’ai exprimé mon point, revenons à nos geekettes. Quelle concentration Lexxxus Adams, que de réussir à tuer des monstres tandis que Vanessa Phoenix se sustente allègrement d’elle. ET BOUM ! Surprise, J-Mac apparaît et là, c’est le drame. Quoique. Cette scène est si iconique qu’elle a le droit à son meme.
Un génie a dit un jour « Wiggle, wiggle, wiggle », et Aspasie l’a pris aux mots. Iel nous offre un trémoussement timide et délectable comme tout. J’étais à deux doigts de ralentir ce gif, mais je laisse votre imagination faire le travail. Vous reprendrez bien un peu de fesses ?
Éloge de la résille dans 3, 2, 1… Aller on se retient, on se concentre. Kristal Ass est plutôt forte dans le genre multitâche, si son nom rime avec Leeloo Dallas Multipass, on est loin de la science-fiction, plutôt dans l’anal + fellation. Sans blague, quelle prévenance de se préparer à la sodomie, on économise du temps et le temps c’est de l’amusement.
Image en une : Alice Redlips qui s’avance
La Journée Mondiale de la Contraception est célébrée tous les ans le 26 septembre, dans le but de réduire les grossesses non désirées dans le monde. En France, il a fallu attendre 1967 pour que le Parlement autorise la pilule (avant cela, prendre une contraception était passible d’amende) ! Inventée en 1955 par l’américain Grégory […]
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L’Europe reste très en avance sur l’exposition grand public de l’art érotique. Elle compte le plus grand nombre de musées et les plus anciens aussi. Aucun musée érotique ne se trouve en Afrique, Amérique latine ou encore Moyen-Orient.
Amsterdam, la ville des musées érotiques par excellenceAmsterdam abrite le musée du sexe le plus ancien du monde ainsi que le plus visité ! Aussi appelé Temple de Vénus, il a ouvert en 1985 et retrace l’histoire érotique avec de nombreux objets, attractions, tableaux et images érotiques très explicites exposés sur plusieurs étages. Un autre musée est visible dans le quartier rouge de la ville : le musée de la prostitution. Il dévoile le monde de la prostitution, inconnu à de nombreux visiteurs : les maisons closes, la vie des prostitués dans le quartier rouge (l’activité est légale dans le pays), leur point de vue, etc.
Amsterdam ne monopolise cependant pas tous les musées érotiques ! Il y en a plusieurs en Europe et notamment un à Barcelone. Au coeur de la ville, le musée abrite un jardin érotique et l’exposition apparaît en 2 temps : des sculptures et peintures anciennes puis des photographies plus modernes, le tout du plus implicite au plus explicite.
A Bruxelles se trouve aussi un musée de l’érotisme et de la mythologie basé sur des sculptures et des objets antiques.
Du côté de la Russie, le musée érotique PinkRabbit a ouvert ses portes à Saint-Pétersbourg en 2013. Aux allures de donjon SM, il reste plutôt un temple du fétichisme.
L’histoire sexuelle aux Etats-Unis et en AsieLe musée du sexe à New York est le premier musée érotique à s’être installé aux Etats-Unis en 2002. Son...Lire la suite sur Union
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S’il est bien un media qui aura profité de la crise sanitaire, c’est celui du live adulte. L’industrie du porno ayant pris un coup dans l’aile pour d’évidentes raisons de distanciation sociale, nombre de comédiennes se sont retranchées derrière leur webcam afin de ne pas mettre leur carrière trop longtemps en pause et perdre leur fanbase. Au fur et à mesure que le phénomène prend de l’ampleur, on observe de plus en plus d’échanges entre les services de streaming tous confondus, du 18+ au monde du gaming. De fait, il devient très courant de retrouver sa camgirl préférée en live sur Twitch. Malgré des contenus évidemment incomparables, ces pratiques du streaming ne seraient-elles pas les diverses facettes d’un même exercice ?
Les petits mouchoirs« À ma grande surprise les deux se rejoignent pas mal. En faisant les photos, j’ai découvert que beaucoup plus de personnes que je l’imaginais consommaient ce type de contenus. J’ai plusieurs membres de ma commu gaming qui se sont abonnés à mes photos mais aussi des gens qui m’ont découvert grâce aux photos qui me suivent maintenant sur Twitch. » nous explique Peekmin, moneymiss et vendeuse de nudes. « Et il y a vraiment tous les types de profils, on est loin du cliché de personnes bizarres, obsédées etc. »
PeekminSi les propositions sont différentes entre les blowbangs du trio En Marche Noire et l’érotisme photographique de Peekmin, les expériences de streaming sont proches. Un sentiment renforcé par la présence d’une partie du public commun aux deux plateformes. Hélène, du trouple parisien En Marche Noire avec ses nombreuses guests et son univers BDSM, a une vision très inclusive des différents supports : « Je veux agrandir la communauté et devenir une streameuse, que ça devienne l’une de mes principales activités. Fonctionner autant dans ces deux univers est une sacrée ambition mais on ne veut pas se priver de ce qu’on aime sous prétexte d’avoir plus de succès ailleurs. On aime le hard sur Chaturbate et on aime les soirées sur Twitch, ce sera les deux ou rien ahah. En soi, on assume tout et on ne veut rien scinder, pipe, gaming, BDSM, re-pipe, feed, débat en stream, et re-pipe, c’est la vie de rêve ! »
Diablo III du cul avec le #lush de #lovense connecté :) sur @UfancyMeLive : https://t.co/uYAmx5PoPF pic.twitter.com/hhPheUoOet
— x Carmina x (@NineTwenty_) October 13, 2018
Carmina [actuelle rédactrice-en-chef du magazine, ndlr], qui regrette ne plus avoir assez de temps libre à consacrer à la sexcam, nous explique qu’elle retrouve la connexion avec les viewers au travers de Twitch, une expérience assez proche selon elle : « Je me souviens que sur un ancien site de webcam j’avais fait du stream jeu vidéo et sexe en même temps. En fait il n’y a qu’un pas (pour moi) entre les deux. D’ailleurs sur Twitch je dois toujours me retenir de pas faire des trucs « déplacés » à la caméra, sinon je risque un ban. Une fois, j’avais gagné contre un boss et j’ai failli montrer mes seins en signe de victoire, par habitude. »
Cléo Deschamps, camgirl et streameuse sur Twitch où elle chronique des hebntai dans une émission dédiée au manga, partage ce sentiment : « Quand on a fixé une date sur Twitch, j’en parle toujours quand je suis en cam, à l’inverse je ne fais jamais de pub pour mes cams quand je suis sur Twitch (de toute manière rediriger vers du contenu adulte est strictement interdit sur la plateforme donc ça tombe sous le sens.) »
Je suis en #LIVE #CAM #SEXY pendant quelques heures sur mon profil @Cam4_FR :
— Cléo Deschamps (@CleoDeschamps) September 10, 2020
https://t.co/QO5C9SkJVV#lingerie #camgirl #sex #hot #coquine #cul #ass #blueeyes #blonde
Story de ma tenue sur mon Instagram : https://t.co/zGQr8I6Dzp (clique sur ma photo de profil insta !) pic.twitter.com/6xqizy4mLA
Car oui, les règles de Twitch interdisent la diffusion des contenus sexuels et pornographiques, obligeant les utilisateurs et utilisatrices de la plateforme à faire très attention à ce qu’ils ou elles diffusent. La difficulté de jongler entre les deux étant renforcée par ce bon vieux sexisme institutionnalisé qui pousse les services de streaming grand public à fliquer les femmes bien plus que les hommes, comme en témoignent nombre de polémiques sur les décolletés, critiqués, bannis, puis finalement de nouveau autorisés.
Chacun cherche son tchat Prune côté camDans le même temps, d’autres streameur·euse·s séparent totalement les deux activités, ne souhaitant pas que l’une prenne le pas sur l’autre : « J’ai fait en sorte qu’on ne sache pas en premier abord que je suis sex worker sur Twitter / Twitch » nous précise Prune, devant la cam depuis déjà 5 ans, « je veux pas être « la cam girl qui fait sa promotion sur Twitch » alors que je viens 100% pour m’amuser. Je pourrais gagner des clients mais ce n’est pas mon intention, sinon ça redevient un travail. »
Knivy, venue d’abord du monde du jeu vidéo, s’est parallèlement lancée dans les shows cam. « Ce n’est pas la même finalité surtout, sachant que le stream [gaming] c’est surtout un loisir alors que la sexcam c’est plus un travail, même si j’y prends du plaisir. »
Knivy« Je ne fais aucune promo [sur Twitch] de mon contenu justement, » ajoute Knivy. « Ça peut paraître bizarre mais j’y parle de mon travail, comme sur ma chaîne Youtube, sans en faire la pub. Du coup c’est comme si n’importe qui parlait de ça, et il y a des streameurs qui font des radios libres bien plus trash… »
D’ailleurs, il est amusant de noter que ce décalage entre support et contenu peut également se retrouver sur les sites de cam. Prune nous dit par exemple y parler de Kaamelott avec ses viewers, bien loin des clichés de la simple vidéo masturbatoire. C’est bien au travers de cette convivialité que l’on peut aisément rapprocher les différentes activités. Le terme qui revient le plus régulièrement chez celles et ceux que nous avons interrogé.e.s est sans conteste « communauté » renforçant l’idée de proximité entre l’hôte et ses « invité.e.s ». Les liens créés font aussi partie du plaisir du live.
Prune côté Twitch The sex connectionEn ligne sur Twitch pour du Animal Crossing + Regarder des clips sur Youtube
— prun$ETH (@pipouprune) March 31, 2020
Venez me dire bonjour https://t.co/gpFGtwV4gi pic.twitter.com/ScGh8Ztm09
Autre aspect indissociable des services de streaming, qu’ils soient +18 ou sages, le principe de réappropriation de soi. Sur les sites dédiés aux exhib, en vidéo ou en photo, il y a une vraie démarche de maîtrise du corps et de la sexualité. En live, les règles sont strictes et quiconque déborde est immédiatement banni. Même si une camgirl peut prendre des demandes du public, elle fixe les limites (positions, jouets, langage, etc.), garde ainsi le contrôle, évitant ainsi d’être renvoyée à ce rôle de femme-objet que l’on peut retrouver dans certains aspects du porno dit mainstream.
2892 pic.twitter.com/cY1mBHDBsc
— EnMarcheNoire (@EnMarcheNoire) January 31, 2020
C’est exactement la même chose sur Twitch, les règles sont clairement définies et le manque de respect ou les injures sont immédiatement punis par la modération. Très important dans un univers où le cliché consiste à dire que seuls les hommes seraient de vrais gamers contrairement aux femmes qui seraient uniquement là pour « se montrer ».
À ce sujet, Hélène ajoute d’ailleurs : « être sur ces deux plateformes en même temps nous permet aussi de montrer qu’on peut à la fois avoir tels fantasmes, tels goûts, et être des gens tout à fait normaux et accessibles. C’est important que les gens sachent que nos fantasmes peuvent aussi être féminins et même féministes ! »
View this post on InstagramA post shared by EnMarcheNoire (@enmarchenoire) on Oct 9, 2019 at 4:18pm PDT
Cette notion de réappropriation s’exprime de diverses façons : « dans mon cas, je milite aussi à ma façon en me montrant naturelle sur mes photos, » nous précise Peekmin. « Je ne me maquille pas, je ne retouche pas mes défauts, je ne suis pas toujours 100% épilée et aussi je me permets d’avoir des tarifs plus élevé que la moyenne parce que justement je veux qu’on respecte mon travail, l’implication et le courage que cela demande. »
Une soirée de folie passée en stream sur @OnirismFr !
— Peekmin #twitcheur #IndieNightFever (@peekminoff) September 24, 2020
J'ai eu un gros coup de cœur sur ce jeu, obligée que je continue le let's play… #IndieNightFever https://t.co/sy6dlzI6du pic.twitter.com/GDWri2xyb3
Si les similitudes entre les deux écosystèmes ne sont plus à démontrer, les démarches peuvent différer selon la plateforme d’origine. Celles qui commencent par la cam semblent venir chercher une évasion dans le streaming « tout public » tout en gardant cette proximité avec leur viewers alors que celles qui viennent du gaming paraissent y trouver une extension de leur pratique du live et parfois une façon de la rémunérer. Au delà des motivations de chacun·e, il en ressort le même besoin de s’exprimer sur les multiples plateformes. Deux faces d’une même pièce au service de l’entertainment, permettant en plus à certaines de reprendre le devant de la scène sans avoir de compte à rendre. Qu’elles s’exhibent, mettent leur sexualité en scène ou jouent en direct, ce qui en ressort est la notion de plaisir partagé et c’est, encore une fois, certainement ce qui définit le mieux ces pratiques du streaming.
Plus sur mon https://t.co/oTy7MLSo9rhttps://t.co/rF1s0ZyJBH pic.twitter.com/0lppS7IobR
— Nyo / knivy top 6%onlyfans (@nyo_kaze) September 8, 2020
Notons que les différents services ne se rejoignent pas uniquement par leur ambiance ou leur technique mais également par leur modèle économique. Twitch ne propose certes pas de système de tokens comme sur les sites de cam, mais le principe d’abonnement et de dons s’en rapproche fortement. De la même façon qu’un viewer donnant des jetons à une camgirl aura accès à un contenu spécifique, certains streameur·euse·s proposent des extras exclusifs aux abonnés ou donateurs (emotes, VOD, etc.).
Le streaming, qu’il soit 18+ ou mainstream, fonctionne plus ou moins toujours de la même façon, permettant à celleux qui le souhaitent de soutenir la personne qu’ils suivent. Un principe plutôt sain qui, même s’il passe par une entreprise tierce, à le mérite de renforcer cette sensation de connivence entre l’hôte et ses abonné·e·s.
À l’heure où le cloud gaming promet le jeu partout, tout le temps, la mise en scène de notre quotidien ainsi que de notre sexualité, il y a fort à parier que cette proximité ne va faire que s’accentuer. Nous vivons une époque qui ne cesse de brandir d’affreux étendards puritains mais offre dans le même temps ce fantasme geek ultime qu’est la possibilité de passer de sa partie d’Animal Crossing à une baise débridée en public.
Le sexe en amazone (avec la femme au-dessus), ça n'a jamais été une passion pour Mymy... pourtant c'est devenu la position la plus courante de sa vie sexuelle !
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Notre nouveau T-shirt est enfin disponible ! Cette année, nous avons demandé à Lisa Villaret de nous dessiner dans son style. Vous avez peut-être déjà croisé le travail de Lisa dans le manuel créé pour la série Sex Education, ou sa chaîne YouTube qui regorge de pépites.
Le tee-shirt est en coton bio et a été imprimé à Paris par l’Atelier Amelot.
Le t-shirt en cours d’impressionUne fois commandé nous expédions le T-shirt avec nos petites mains pour qu’il arrive chez vous le plus vite possible !
Le t-shirt superbement porté par Andie (en taille L)Les tailles disponibles vont du S au 2XL, au prix de 25€ + une particpation au frais de port. Vous pouvez commander directement en cliquant ci-dessous.
Si vous n’êtes pas en mesure de précommander par PayPal, envoyez-nous un mail à culturepournous@gmail.com et on trouvera une solution !
Tailles : S €25,00 EUR M €25,00 EUR L €25,00 EUR XL €25,00 EUR 2XL €25,00 EURPlus ou moins. J’ai été mariée pendant 14 ans. J’ai essayé avec mon mari d’introduire des godes dans notre vie sexuelle, des jeux de liens et d’attaches. Mais ce n’était pas son truc. Ensuite, j’ai eu quelques aventures et certains de mes partenaires ont pu remarquer ce petit penchant qui était en moi. Jusqu’à ma première et réelle séance avec un homme dominateur.
Union : Vous pouvez nous en parler ?C’était, il y a deux ans. J’étais très stressée, nerveuse et je me suis posée 1 000 questions. J’ai failli faire machine arrière au moment où je savais qu’il était en route. Il faut dire que pour notre première baise, je l’ai attendu nue à 4 pattes, le cul tourné vers ma porte. C’est ainsi qu’il m’a découverte pour la première fois. Je me demandais comment je pouvais m’avilir ainsi face à un homme. La séance s’est très bien passée et j’ai adoré. Ce fut comme une révélation pour moi.
Union : Qu’avez-vous ressenti ?J’ai réalisé comment des douleurs minimes et maîtrisées pouvaient donner autant de plaisir, comment une humiliation pouvait procurer autant d’excitation. J’ai réalisé que ma...Lire la suite sur Union
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Le patriarcat, dans son sens littéral, signifie “le commandement du père”. Des pères, de la paternité, il en sera question dans les prochains épisodes des Couilles sur la table. En France, près de 70% des hommes adultes ont des enfants. Qui sont-ils, que font-ils ? Qu’est-ce que ça veut dire, être père ? Quels sont les liens entre la paternité et les masculinités ?
Pour inaugurer cette quatrième saison, Victoire Tuaillon reçoit Myriam Chatot, docteure en sociologie, qui vient de soutenir sa thèse sur les pères au foyer. Elles s’interrogent sur cette impression selon laquelle les pères d’aujourd’hui seraient beaucoup plus impliqués, aimants et tendres, que les pères des générations précédentes. Et sur le poncif des pères qui ne demandent qu’à en faire plus, mais qui en sont empêchés par les institutions de la petite enfance, l’État et les mères possessives. La révolution de la paternité a-t-elle déjà eu lieu ? Comment s’exerce la paternité aujourd’hui ? Ceux qu’on surnomme “les nouveaux pères” existent-ils vraiment ?
RÉFÉRENCES CITÉES PENDANT L’ÉPISODE
Retrouvez toutes les références citées sur https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/a-la-recherche-des-nouveaux-peres
CRÉDITS
Les couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été enregistré le 2 septembre 2020 à Binge Audio (Paris 19e). Prise de son : Quentin Bresson. Réalisation et mixage : Solène Moulin. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Sébastien Brothier (Upian). Chargée de production : Camille Regache. Chargée d’édition : Naomi Titti. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.
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Le Gender Recognition Act est une loi britannique votée en 2005 pour permettre aux personnes de changer légalement leur genre. Malgré une longue consultation sur le sujet, le gouvernement britannique a annoncé qu'une réforme, permettant aux personnes trans d'auto-déterminer leur genre, n'est finalement pas prévue.
J’ai beaucoup hésité à écrire sur ce sujet (la maladie de ma mère, son agonie puis sa mort en juillet) et à le publier. Si j’ai l’habitude de prendre la colère comme moteur d’écriture, je ne suis pas sûre que les sentiments qui m’animent aujourd’hui me réussissent tout autant. Je ne suis pas non plus habituée à parler publiquement d’évènements aussi intimes. Mais je me dis que cracher tout cela publiquement me permettra de, peut-être, enfin réussir à dormir au lieu de ressasser ce qu’il s’est passé.
Je me dis également que lorsque j’ai appris la maladie de ma mère et que j’ai cherché à me préparer à sa mort (ce fut un échec), j’aurais voulu (et non pas aimé) lire ce que je vais écrire là. Dans tout ce merdier, si je peux en tirer quelques analyses, si cela peut être utile à quelqu’un, toute cette souffrance n’aura peut-être pas été totalement vaine.
Enfin les articles autour de Alain Cocq ont été l’ultime déclic. Cocq souffre d’une maladie dégénérative très douloureuse. Après le refus de Macron de lui permettre d’être sédaté jusqu’à sa mort, il a choisi d’arrêter ses soins, de boire et de manger. Tout ceci fut extrêmement médiatisé. A bout de souffrances, Cocq a décidé d’accepter les soins palliatifs et a repoussé ensuite sa décision de mourir. Et là il n’y avait plus aucun media s’intéressant à lui. J’aurais aimé savoir si Cocq avait, avant sa décision de mourir, bénéficié de soins palliatifs de qualité et si sa douleur avait convenablement été prise en charge. C’est une chose de vouloir mourir, c’en est une autre que de le vouloir parce que la médecine ne gère pas vos douleurs alors qu’elle peut le faire.
Lorsque j’ai dit sur twitter que ma mère avait un cancer du pancréas, plusieurs soignant-e-s sont venu-e-s me dire en DM de surveiller que sa douleur était bien gérée. Or, je savais, car beaucoup de médecins me l’avaient également dit, que nous savons contrôler la douleur des malades en fin de vie et ce, jusqu’à un stade très avancé ; nous avons les médicaments pour et nous savons les utiliser. On sait donc contrôler la douleur mais c’est donc visiblement peu et mal fait.
Ce texte se veut donc, aussi, un plaidoyer pour les soins palliatifs, termes qui font peur parce qu’ils impliquent une mort plus que certaine (on peut toujours avoir un doute) , une agonie avec une perte d’autonomie (et dans un monde validiste rien ne fait plus peur) accompagnée de douleurs d’intensités variables.
Je vais parler de validisme dans ce texte. Je vous renvoie au site du Collectif Lutte et Handicaps pour l'Egalité et l'Emancipation et son manifeste qui parle ainsi du validisme : « Le validisme se caractérise par la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confère une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées. Il associe automatiquement la bonne santé et/ou l’absence de handicap à des valeurs positives telles que la liberté, la chance, l’épanouissement, le bonheur, la perfection physique, la beauté. Par opposition, il assimile systématiquement le handicap et/ou la maladie à une triste et misérable condition, marquée entre autre par la limitation et la dépendance, la malchance, la souffrance physique et morale, la difformité et la laideur. »
Même si nous souhaiterions tous et toutes mourir d’un infarctus dans notre sommeil, nous serons beaucoup à mourir comme ma mère, dans la souffrance psychique et physique. Et nous serons peu à nous suicider avant. Autant donc que les soins qu’on nous apportera à ce moment là soient les plus adaptés possibles.
Lorsque j’ai cherché à me documenter sur la fin de vie, j’ai été frappée du nombre de gens dont les proches étaient morts dans des souffrances extrêmes sans qu’ils remettent en cause cette souffrance. Beaucoup demandaient la légalisation de l’euthanasie sans pour autant demander, également, l’universalisation des soins palliatifs et une meilleure prise en charge de la douleur.
Ma mère et moi (nous n’avons pas d’autre famille) avons appris qu’elle avait un cancer du pancréas en septembre 2019. Ce cancer a un des pronostics les plus sombres ; 5 ans après l’annonce du diagnostic, tous stades confondus, seulement 7 à 9% des malades sont encore en vie. Ma mère avait 77 ans et un cancer très avancé.
Dans ces cas-là, la médecine ne prétend pas guérir le malade. On lui propose directement des soins palliatifs. On espère stopper la progression du cancer pendant un moment tout en offrant au malade la meilleure qualité de vie possible. Ma mère a ainsi fait une chimiothérapie palliative ; elle ne prétend pas faire disparaitre la tumeur, mais ralentir sa progression.
Quelqu’un m’a écrit que perdre sa mère était la chose la plus douloureuse (si évidemment on l’aime), je prétends pour ma part avoir fait l’expérience d’une successions de deuils, parfois définitifs, d’autres temporaires. L’absence n’est pas, tout au moins pour moi, la chose la plus difficile à gérer.
Evidemment ici je ne vais parler que de moi. Il ne vous aura pas échappé que ma mère est morte donc il est difficile de la faire parler. Le texte paraitra sans doute d’un grand égoïsme aux personnes malades qui le liront ; il l’est sans aucun doute, je le confesse volontiers.
1. Faire le deuil de son validisme.
Si on reprend la définition du Collectif Lutte et Handicaps pour l'Egalité et l'Emancipation en l’appliquant au cancer, il s’agit d’accepter que le malade est seul apte à juger si sa qualité de vie est bonne.
Ma mère m’avait dit au début de sa maladie, qu’elle se suiciderait, ayant vu les ravages du cancer du pancréas chez un de ses amis. Elle ne supporterait pas la douleur mais surtout la perte d’autonomie, me disait-elle. Force est de constater qu’elle s’est adaptée et qu’elle n’a pas vécu cela comme une « perte de dignité », expression validiste qu’on ne cesse de nous seriner face aux malades.
En octobre 2019, à cause du cancer, ma mère a développé un abcès au foie, avec des bactéries très résistantes, qui a dégénéré en septicémie. Son pronostic vital était alors très mauvais. Elle s’est beaucoup affaiblie, ne me reconnaissait plus, perdait le contrôle de certaines fonctions, n’avait plus de pudeur. C’est un moment où j’ai voulu qu’elle meure, « pour elle » me disais-je. Avec le recul, je suis capable de mesurer que c’était surtout pour moi, car je ne supportais pas de la voir dans cet état. C’est là qu’intervient la notion de validisme ; voir la condition physique (et surtout mentale) de quelqu’un changer est difficile mais il convient de ne pas calquer notre propre état de santé sur celui du malade en jugeant que sa vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Ma mère n’a pas conservé de souvenirs de cette période et je dois bien admettre que j’ai du travailler sur moi : accepter que oui, la maladie, ferait peu à peu perdre son autonomie à ma mère. Et alors ? Si elle le vivait bien – et l’entourage – moi – a une part à mon sens importante là-dedans, quelle importance.
15 jours avant sa mort, ma mère ne mangeait plus du tout, elle dormait 20heures par jour d’un mauvais sommeil, elle ne lisait plus ni ne regardait la télé, elle était très défoncée par la morphine et autres. Et pourtant elle m’a plusieurs fois dit « avoir honte mais être heureuse ». Elle était heureuse de mourir chez elle (elle avait peur que je refuse parce que mourir chez elle impliquait que je sois là 24 heures sur 24), la fenêtre ouverte sur son jardin. Heureuse parce qu’elle avait réussi à, à peu près, s’apaiser. Là encore, j’avais plusieurs fois (intérieurement bien sûr) remis en cause l’intérêt de continuer à vivre dans de telles conditions. J’en parle parce qu’il est difficile de voir l’état de quelqu’un se dégrader ; c’est un deuil à faire qui est difficile. Mais si nos sociétés étaient moins validistes, si nous ne voyons pas la dépendance, la perte de contrôle (ex l’incontinence) comme intolérables alors tout cela serait moins mal vécu et par le malade et par sa famille.
Je parle de deuils temporaires car la maladie ne laisse pas de répit. En mai, l’infirmier de ma mère m’appelle car il l’a trouvée dans un très sale état. Je descends donc en plein confinement et je trouve ma mère avec tous les signes d’un AVC (salade de mots, incapacité à répondre à des questions simples, caractère changé etc). Je me souviens rentrer chez elle, dans un Lyon vide – on était en plein confinement – et me dire que ma mère était morte puisque son esprit n’était plus là. J’avais une autre personne en face de moi, totalement différente. Et puis au bout de deux jours, les choses sont à peu près revenues à la normale ; ce n’était pas un AVC mais des séquelles d’une septicémie massive.
Je parle de deuils temporaires car la maladie vous donne l’impression que le malade va mourir dans les jours qui viennent et puis il y a les périodes de rémission où vous vous mettez à lire sur les trois cas mondiaux de miraculés de cancers du pancréas en vous disant que votre mère sera peut-être le quatrième.
Ce qui est difficile à vivre, je crois, c’est de voir combien le malade change mentalement. La dernière semaine de sa vie, ma mère a vu sa dose de morphine doublée par le médecin qui l’a sans doute un peu surdosée, aurait peut-être dû faire des paliers, mais on était en fin de vie et on ne pouvait pas prendre le risque qu’elle ait mal (les douleurs du cancer du pancréas sont extrêmement intenses). Je me suis rendue compte à ce moment-là que je devais dire une nouvelle fois adieu à un morceau de ma mère, la morphine la changeant beaucoup.
Oui il est difficile de voir une personne changer, perdre le contrôle de certaines fonctions, voir son cerveau battre la campagne mais si nous vivions dans une société moins régie par la performance, par l’idée que toute défaillance corporelle est sale, laide et honteuse, nous (malades et proches) le vivrions à mon sens différemment.
2. Faire le deuil de ses certitudes.
On lit souvent des pamphlets contre les médecins et l’acharnement thérapeutique ; mais où commence-t-il ?
J’ai été bannie de twitter parce que j’ai souhaité un cancer (ok c’était très con je l’admets) à un type se prétendant soignant qui me disait qu’il était de l’ordre de l’acharnement thérapeutique que de faire faire une chimio à ma mère. Je ne saurais dire si la chimio a permis à ma mère de mourir moins vite. Je sais en revanche dire qu’elle a souhaité cette chimio même si elle a été difficile. Je sais en revanche qu’elle a dit aux médecins qu’il fallait « tout tenter » pour lui donner un peu de temps et je sais aussi que les médecins ont parfois du mal à lâcher un patient parce que c’est difficile de se dire qu’on ne gagnera pas cette fois-ci.
Peut-être à la fin de sa vie, qu’il aurait fallu arrêter certains traitements plus précocement. Parce que tout traitement a des effets secondaires qu’il faut pallier par d’autres traitements, qui eux-mêmes en ont également. Peut-être a-t-on poussé trop loin. Peut-être aurait-on du sédater 24 heures plus tôt.
Mais je n’ai là-dessus aucune certitude parce qu’il est difficile de savoir ce qui est bon pour le malade et non pas pour soi.
3 jours avant de mourir, ma mère a développé une encéphalopathie hépatique. C’était prévu et les produits de sédation étaient prêts (pour expliquer. La loi Leonetti permet, si le patient est sur le point de mourir et que ses douleurs ne peuvent être soulagées, de le sédater profondément). Ma mère avait rédigé ses dernières volontés en demandant à être sédatée dans trois conditions :
- si la morphine n’était plus efficace face aux douleurs physiques
- si les anxiolytiques n’étaient plus efficaces face aux angoisses
- si elle était en insuffisance respiratoire
Un matin ma mère s’est réveillée dans un état de terreur absolue. J’ai déjà fait des crises de panique, j’ai déjà vu des gens faire des crises de panique ou d’angoisse majeures ; imaginez cela, multipliez-les par 1000 et vous aurez une vague idée de l’état de ma mère. Elle hurlait, pleurait. Malheureusement ses tout derniers mots auront été « aide moi » et le fait est que je ne pouvais pas l’aider, sinon à appeler l’infirmière pour qu’elle arrive au plus vite.
J’ai fait pression pour qu’elle soit sédatée en indiquant bien que les angoisses étaient majeures (j’ai appris ensuite en faisant mes recherches que l’encéphalopathie hépatique pouvait causer des terreurs, des hallucinations). Ma mère étant hospitalisée a domicile et son oncologue étant à 100 km, les décisions se prenaient par téléphone. J’ai donc dû insister une nouvelle fois pour que les doses d’hypnovel soient augmentées car lorsque nous bougions ma mère elle se mettait à hurler, à pleurer, à crier « non » tellement elle avait apparemment peur de tomber.
Je dois faire le deuil de cette décision. J’aurais aimé retarder la sédation espérant que le cerveau de ma mère revienne 5 minutes et que, comme dans les films, on se dise adieu et où elle me donne des conseils à la con sur comment mener ma vie. Même une de ses phrases de droite, j’étais preneuse.
J’aurais aimé accélérer la sédation car je m’en veux de cette matinée ou elle s’est réveillée terrorisée et je me dis que si j’avais emmerdé mon monde la veille, elle aurait été sédatée plus tôt. Il n’y a pas de bonne décision dans de tels cas et c’est difficile à admettre surtout pour quelqu’un comme moi qui aime ce qui est manichéen et binaire.
Et je comprends les médecins qui ont du mal à se dire que c’est terminé, qu’ils veulent tenter encore un truc, qui veulent soulager en entrainant des réactions en chaine difficiles à prévoir.
3. Faire le deuil de la rationalité
J’ai lu plusieurs fois de sérieuses engueulades sur le fait de dire ou pas la vérité aux malades.
Ma mère a appris en avril qu’elle avait des métastases osseuses ; ce n’est pas une réalité qu’elle a pu intégrer et elle me parlait de « son arthrose ». Fin mai, elle a pu prononcer les mots et ses métastases osseuses sont devenues pour elle une réalité avec laquelle elle pouvait vivre.
Il est difficile dans ces cas-là de réinsister ; « non tu ne dois pas faire d’effort sollicitant ton dos à cause des métastases ». « tu as très mal à cause des métastases donc oui il est logique qu’on augmente ta morphine ». Une fois que la vérité est dite, il est difficile de réinsister si le malade ne peut pas/ne veut pas l’entendre. Chacun-e son rythme.
Une heure après avoir appris que c’était désormais une question de jours, ma mère m’a demandé ce que je voulais à Noël avec une tournure de phrase laissant entendre qu’elle serait là. Ce n’était pas du déni, simplement son cerveau lui a laissé un moment de répit bienvenu.
J’ai évidemment dit ce que je voulais à Noël parce que mentir était nécessaire et utile.
Bien malin est celui ou celle qui sait qu'il ne faut pas mentir.
4. Faire le deuil des traumatismes
C’est la partie que j’ai le plus hésité à écrire car c’est peut-être la chose la plus impudique que j’aurais jamais écrite. J’ai l’impression de transgresser un grand tabou en le faisant.
J’ai souhaité lorsque j’ai appris que ma mère allait mourir, m’y préparer (quelle prétention). J’ai ainsi appris l’existence des râles agoniques, qui me terrorisaient. Ils définissent la phase (si j’ai bien compris) où le malade est désormais trop faible pour tousser. Les secrétions s’accumulent au fond de sa gorge, l’air passe au milieu et cela produit un râle. Il n’est pas douloureux pour le malade mais très difficile à entendre pour l’entourage. Certaines études prétendent d’ailleurs que le médicament administré pour tenter de faire passer les sécrétions est surtout intéressant pour la santé psychique de l’entourage, bien plus que pour le malade.
Trois jours avant de mourir, ma mère a commencé à avoir un comportement étrange, que j’ai mis sur le dos de la morphine ; la dose ayant été plus que doublée, il était logique qu’elle soit très HS. Elle a eu quelques hallucinations mais la morphine peut en provoquer. Un soir elle a commencé à refuser l’oxygène, avec une voix de petite fille, elle voulait absolument déambuler dans la maison alors qu’elle en était incapable, je devais donc littéralement la porter d’un endroit à l’autre. L’infirmière est venue en urgence et lui a administré un valium.
elle s’est réveillée à 5 heures du matin en pleine panique avec ces fameux râles agoniques. C’est là que le processus de sédation a été mis en place. Ce qui est assez fou, c’est que je n’ai pas été capable de comprendre ce que c’était alors que j’avais beaucoup lu sur le sujet. Le cerveau humain est curieusement fait.
Ces râles sont indescriptibles, un mélange de toux glaireuse, de ronflement ; ils sont très traumatisants je le confirme (désolée c’est le max que je peux dire là-dessus, je ne sais pas parler de ce que je ressens).
L’hypnovel (le médicament qui sédate) a ensuite été augmenté car visiblement ma mère continuait à être très angoissée. C’est vraiment la chose que je regrette ; qu’aucun soignant ne m’ait dit qu’il y avait un risque de terreurs et d’hallucinations avec une encéphalopathie.
Il y a eu un moment difficile où j’ai du aider l’infirmière à enlever les bagues de ma mère (ses doigts avaient énormément gonflé et cela faisait compression). J’ai eu l’impression de la détrousser ; et de l’autre cela m’a rassurée sur l’efficacité de l’hypnovel car on a vraiment tiré comme des malades sans qu’elle bouge un sourcil.
Le 15 juillet au soir, j’ai eu le sentiment que ma mère allait mourir. Certes comme tous les soirs depuis 8 mois mais ce jour là c’était un peu plus fort. Je l’ai trouvée agitée, le visage crispée, les mains qui bougent spasmodiquement. J’avais l’autorisation de faire des bolus (avec une pompe à médicament, le malade reçoit des médicaments en continu et il peut s’en injecter une dose d’un seul coup ; on appelle cela un bolus) de morphine et hypnovel et c’est ce que j’ai fait. Elle s'est apaisée ; le visage s'est décrispé, les mains sont retombées sur le drap. Malgré cela j'ai su qu'elle allait mourir dans la nuit. Je suis allée dormir, ce que je n'ai pas réussi à faire.
Le lendemain elle était morte. J’ai débranché la pompe à oxygène. Il y a quelque chose que je trouve très bien dans la religion musulmane (peut-être que cela existe dans les autres monothéismes je ne sais pas) c’est la place accordée à la toilette mortuaire ; je pense que cela permet de pleinement réaliser les choses. Sans vouloir faire sa toilette, j’aurais voulu enlever les tuyaux qu’elle avait de partout, cela m’aurait donné l’impression de mettre un point final. Malheureusement les infirmières n’ont pas voulu.
Et voilà l’histoire s’arrête ici.
Si je devais tirer quelques conclusions de cette expérience :
- lire beaucoup et davantage les militant-e-s qui nous informent sur le validisme
- un rapport est paru sur les soins palliatifs ; faire le même rapport côté malades
- comprendre pourquoi la douleur est si mal prise en charge alors qu’on sait le faire ; on sait déjà par les militant-e-s qu’il y a des raisons sexistes/racistes à certaines non prises en charge.
Dans le cas de ma mère il y a sans nul doute un manque d’écoute (du à plein de choses). Lorsque ma mère leur disait que « ca allait » et que je creusais, je découvrais qu’elle était à 5 de douleur. Parce qu’elle ne voulait pas « emmerder les gens », parce qu’elle avait « l’impression de devenir douillette » , parce qu’elle « avait peur que si elle prenait trop de calmants maintenant ils n’agissent plus ensuite ».
- ne pas minorer les angoisses. J’ai demandé et insisté à ce que ma mère soit sédatée à cause de ses terreurs ; les soignant-e-s avaient ses dernières volontés sous le nez mais ils avaient zappé le passage sur les angoisses.
Il y a quelques temps j'ai écrit cet article sur la difficulté à voir vieillir les femmes. Je me suis dit que c'était un petit geste militant de poster cette photo de ma mère, trois semaines avant sa mort. Le cancer lui a pris sa graisse et ses muscles. Ses pupilles sont dilatées à cause de la morphine, symbolisée par le petit sac bleu qui lui en délivre. La maladie l'empêche de boire du vin, elle a donc une menthe à l'eau. Elle essaie de cacher la pompe à morphine avec un foulard qui a bougé, et l'autre foulard essaie de dissimuler ses cheveux trop longs. A côté d'elle, son déambulateur. C'est à la fois elle et plus tout à fait elle. La maladie vole beaucoup de choses.
merci de m’avoir lue
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