34513 éléments (2947 non lus) dans 75 canaux
« Sexe cité » est un recueil de dix récits érotiques qui met en scène des femmes et leur désirs les plus enfouis. Dix récits qui démarrent de manière classique et où la femme, centrale dans le scénario, se fait posséder par son désir, sa libido qui explose. Chaque récit, va un peu plus loin,…
Cet article Critique du recueil « Sexe Cité » de Stella Tanagra est apparu en premier sur NXPL.
Il existe des lieux où les femmes possèdent la prééminence sur les hommes, parce qu’elles sont en nombre inférieur : elles constituent la denrée rare. Elles ont donc le choix des partenaires. Mais pourquoi sont-elles vêtues en pute ?
Sur le marché du sexe en général – dans les clubs échangistes en particulier – il y a plus d’hommes que de femmes. Suivant la loi de l’offre et de la demande, les femmes se retrouvent donc hyper-valorisées : les voilà «reines des abeilles», entourées de bourdons qui quémandent le droit de leur procurer du plaisir. A elles de sélectionner les «heureux élus». Renversant l’ordre habituel du monde, ce sont les femmes qui choisissent, qui décident des pratiques, qui imposent leurs envies. C’est en tout cas ainsi que la règle est posée, notamment dans les clubs qui laissent les femmes entrer gratuitement et font payer aux hommes seuls un droit d’entrée prohibitif, posant d’office le rapport d’inégalité comme la norme. Dans cet univers qui fonctionne à l’envers du nôtre, la femme vaut plus qu’un homme. Il lui revient donc le privilège de prendre les devants.
Bien qu’elle soit en position dominante, la femme pourtant s’habille comme une prostituée. Comment comprendre ce paradoxe ? Dans un article passionnant consacré aux femmes dans les milieux dits «libertins», le socio-anthropologue Philippe Combessie tente de résoudre l’énigme. «Dans les sex-clubs, pour les femmes, le port du pantalon est proscrit. Elles sont invitées à porter des tenues propres à rehausser les stéréotypes les plus classiques de la femme comme objet de désir : silhouettes cambrées voire hyper-cambrées par des talons très hauts, bas résille, jupes très courtes ou minishorts, épaules dénudées, parfois poitrine apparente. On les voit donc arborer des costumes plus ou moins inspirés de ceux de femmes dont l’activité professionnelle consiste à faire commerce de l’exhibition de leur corps : danseuses de revue, strip-teaseuses, hôtesses de bar américain»…
Pour Philippe Combessie, il ne faut pas forcément voir là une volonté d’avilir la femme, au contraire. Le «déguisement» relève d’un jeu qui flirte avec l’érotisme de l’infraction : «C’est justement parce que la “libertine“ a quelque chose de la prostituée – le nombre de partenaires sexuels qu’elle peut accumuler et la facilité avec laquelle elle sépare coït et affect – qu’il n’est pas question qu’elle soit prise pour telle, même si des simulacres de prostitution sont volontiers organisés.» Tout cela est «pour de faux». Dans l’univers théâtral des clubs ou des soirées privées, les hommes et les femmes ne font jamais que mimer des personnages. «Les rapports d’argent comme les relations de domination sont singés comme si nous étions dans un espace où le ludique a pris le pas sur le réel. On est là avant tout dans un jeu, au sein duquel, pour reprendre le vocabulaire de Michel Foucault au sujet des hétérotopies, les acteurs “se trouvent dans une sorte de rupture absolue avec leur temps traditionnel“».
En rupture, surtout, avec la morale usuelle… Dans la vie normale, il est mal vu qu’une femme offre facilement l’accès à son corps. Pire encore, que ce soit elle qui chasse. Voilà peut-être pourquoi les femmes échangistes s’identifient si facilement à des prostituées : parce que l’image des tapineuses n’est pas forcément négative. Pour le dire plus clairement : dans l’imaginaire collectif, la prostituée est une figure ambivalente, associée à la femme fatale et aux créatures diaboliques, tentatrices, qui hantent les romans du 19e siècle. La prostituée sort la nuit, comme les fauves, et se poste en embuscade dans les quartiers «dangereux» où elle opère en prédatrice. Elle peut avoir autant de relations sexuelles qu’elle veut avec des inconnus. Elles n’est pas tenue d’avoir des enfants avec ceux qui l’entretiennent. De ce point de vue, certainement, elle offre à rêver, autant aux hommes qu’aux femmes, dans les espaces dédiés au fantasme du plaisir sans lendemains.
Pour donner à ce fantasme l’allure d’un jeu presque réel, de nombreux clubs échangistes organisent des soirées au cours desquels les participants font semblant d’acheter des services sexuels. «De l’argent ostensiblement fictif est alors distribué», raconte Philippe Combessie qui précise : «les personnes invitées à vendre leurs charmes sont tour à tour des femmes ou des hommes.» Dans l’univers «para-prostitutionnel» des clubs, il est en effet courant de renverser les rôles, pour souligner l’aspect fictif des transactions. Il s’agit de mettre à distance la sexualité vénale, afin que dans l’intervalle séparant le faux du vrai les joueurs puissent s’amuser à faire semblant.
«J’ai assisté à une séance au cours de laquelle les hommes se sont d’abord vu distribuer des billets libellés monnaie de singe, raconte Philippe Combessie ; la femme désignée Reine des putes s’est vu offrir une semaine dans un hôtel au Cap d’Agde. D’une soirée Just a Gigolo, j’ai rapporté des euros factices illustrés de petits coeurs : chaque femme avait reçu 15 de ces billets à l’entrée, et devait, ensuite, les utiliser pour acheter des services sexuels. […] On pourrait apparenter ces soirées à des formes de carnaval.» Comme dans les carnavals, donc, les gens qui viennent s’évader le font en renversant les règles sociales. Les voilà, en toute impunité, dans la peau d’un(e) autre, libres enfin de devenir gigolo pour la nuit ou courtisane d’un soir. Reste à savoir pourquoi ce sont justement ces peaux-là – celles de la pute (mâle ou femelle) – qui remportent le plus de succès.
Pourquoi faut-il obligatoirement se déguiser en racoleuse dans une «party» ? A ce stade-là de la réflexion, Philippe Combessie devient lumineux. S’appuyant sur la théorie des scripts sexuels (voire l’article précédent), il souligne à quel point les humains peinent à s’exciter. Même quand on a envie de faire l’amour avec des inconnus, il est parfois terriblement difficile d’y parvenir. Pourquoi ? «Pour qu’un rapport charnel unisse des êtres humains, il faut qu’un script sexuel mette en concordance simultanément trois niveaux : culturel (un scénario considéré comme érotique dans un groupe humain donné), interpersonnel (une interaction entre deux individus, ou plus) et intrapsychique (un fantasme excitant)», résume Combessie. Rien de plus compliqué que mouiller ou bander pour des gens qu’on ne connaît pas et «dont la plupart, si cela se trouve, ne sont même pas de notre milieu» (Desproges).
Cela tient presque du miracle. Pour qu’il y ait une tension érotique, il faut : que le cadre autorise le désir, que la situation soit stimulante, que l’autre ait un corps ou un regard brûlant, que ses mots ou ses gestes coïncident avec ce que vous avez dans la tête…
«Si l’on est convaincu par ces analyses, on perçoit la difficulté devant laquelle se trouvent les responsables d’espaces dédiées à des pratiques de sexualité collective entre inconnus», conclut Philippe Combessie. Dans les sex-clubs, les gens – qui ont payé cher pour entrer – sont parfois très tendus, demandeurs, et se regardent en chiens de faïence, ce qui augmente encore la difficulté. «On comprend le caractère limité des scénarios susceptibles d’entraîner suffisamment d’excitation pour qu’en l’espace de quelques heures au maximum, des inconnus deviennent partenaires sexuels. Le scénario de la prostitution, ou plus exactement d’une forme imaginée de prostitution, […] est sans doute l’un des modèles les plus faciles à reproduire – ou à “singer“. Le modèle de la poupée Barbie sexy peut donc être lu comme le plus petit commun dénominateur des fantasmes masculins dans l’Occident contemporain, apte à exciter le plus grand nombre d’hommes présents dans ces espaces, quelle que soit leur origine».
.
A LIRE : «L’argent en milieu “libertin“ : entre mise en scène et occultation», de Philippe Combessie. Dans : Terrains/Théories 1 (2015).
POURQUOI LES FEMMES DOMINENT LE MARCHE DU SEXE.
ILLUSTRATION : le graphiste Eric Stanton, publié notamment par Taschen.
La voie est libre pour la préparation d’un projet de loi sur le mariage égalitaire en Suisse. Hier, par sept voix contre cinq et une abstention, la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats a donné son feu vert à l’initiative parlementaire des Vert’libéraux déposée fin 2013. La commission homologue du Conseil national avait déjà donné suite en février dernier. Quelques mois plus tard, c’est le Conseil fédéral qui s’était exprimé en faveur d’une ouverture de toutes les formes d’union, y compris le partenariat enregistré, à tous les couples, quelque soit leur orientation.
Ce vote positif a été fêté par quelques dizaines de militants réunis sur la Place fédérale autour d’une tourte de mariage géantes. Ils venaient de transmettre aux conseillers aux Etats les 16’094 signatures récoltées par la pétition Operation Libero pour le mariage pour tous.
Scrutins en vue
En fin de compte, c’est le peuple qui tranchera, puisqu’une modification de la Constitution sera en jeu. Une première indication de l’état de l’opinion suisse sur ce plan pourrait intervenir en février ou en juin 2016, avec la votation sur l’initiative du PDC sur la pénalisation fiscale des couples mariés. Cet objet vise, en réalité, à introduire une définition étroite du mariage, comme l’union d’une femme et d’un homme. Rejeté par les deux chambres et controversé au sein même du PDC, il est combattu par les associations LGBT nationales et locales, qui viennent de créer une plateforme, Pro aequilitate, pour se lancer dans la campagne.
Une autre bataille à l’horizon est celle de l’adoption de l’enfant du partenaire par le conjoint de même sexe. Un projet du gouvernement devrait être soumis au cours de la session parlementaire actuelle.
John Poppleton est un artiste photographe établi à Sacramento, en Californie, profondément inspiré par la beauté des couleurs et textures trouvées dans les couchers de soleil.
Sa série photo Black Light Bodyscapes combine parfaitement la beauté du corps féminin avec la splendeur des autres créations de la nature trouvées sur Terre.
En utilisant des pigments fluorescents, les paysages sont peints directement sur la peau des modèles et photographiés sous la lumière noire pour créer une œuvre unique.
Voir la page Facebook de l’artiste : https://www.facebook.com/JohnPoppletonUVArt
Test bien spécial aujourd’hui avec un gel de massage Nuru de la marque de référence des gels Nuru Mr Nori’s MagicGel. Je sens que ce test va intéresser tous les lecteurs et lectrices qui aiment se faire du bien. Mais c’est quoi un massage Nuru au fait ? Encore une pratique pas du tout connue…
Cet article Test du gel de Massage MagicGel Nuru Moist est apparu en premier sur NXPL.
La laïcité est devenue une ligne de fracture essentielle du féminisme. Encore au début de l’été, Christine Delphy a été scandaleusement attaquée pour avoir rappelé la «falsification» de la loi de 1905, ses usages islamophobes et racistes. Une autre réécriture de l’Histoire consiste à présenter la laïcité comme pierre angulaire du mouvement féministe des années 1970. Rien n’est plus faux ; elle en était absente. Qui a lu ses textes fondateurs le sait : Delphy analyse le «patriarcat» comme une structure économique par laquelle la classe des «hommes» domine celle des «femmes», tandis que Monique Wittig s’intéresse à l’«ordre symbolique» hétérosexuel et à la «différence des sexes», catégories notamment produites par la psychanalyse.
En revanche, un acquis essentiel du féminisme est son inquiétude épistémologique. C’est-à-dire une attention permanente à ces questions : qui parle ? Qui tient un discours sur qui ? Qui s’exprime à la place d’un-e autre ? En cela, s’arc-bouter sur la laïcité revient à empêcher de parler celles et ceux qui s’expriment à partir de leur religion. Notamment des lesbiennes, des femmes, des gays, des trans, etc., qui veulent penser leur statut en puisant dans leur judaïsme, leur islam ou leur christianisme.
À cet égard, le numéro spécial «Judaïsme et homosexualité» de la revue juive Tenou’a (n°160, été 2015) est très stimulant. Agaçant, aussi, en raison d’une prétendue objectivité bienveillante qui permet de donner la parole à des psychanalystes homophobes. Excepté cela, il présente un vaste panorama du mouvement juif contemporain, loin d’être friendly dans ses composantes dominantes. On y lit des entretiens avec des rabbins gays. On y apprend qu’une synagogue gay a été fondée à New York dès 1973. Une bonne part des textes relève de l’exégèse de deux versets du Lévitique : interdisent-ils l’homosexualité ? ou la sodomie ? condamnent-ils l’acte ? ou la personne ? Les réponses divergent selon les différents courants du judaïsme (massorti, libéral, orthodoxe). On relève en particulier ces propos du rabbin libéral Yann Boissière : «cette stratégie de la chirurgie érudite esquive le fond du problème, qui exige de prendre ses responsabilités face au texte». C’est-à-dire de reconnaître que la Torah réprouve l’homosexualité et d’affirmer : «ce texte est nôtre mais nous avons le droit de ne pas être d’accord». Ce geste irrévérencieux, qui rend passionnant l’articulation des questions sexuelles et des questions religieuses, pose la question du rapport au dogme et appelle, au sein même du religieux, à une attitude critique, sans doute bien plus subversive que la laïcité comme nouvelle croisade.
Photo : Christine Delphy dans un débat télévisé de 1985 face à Simone de Beauvoir. Image extraite du documentaire que Sylvie et Florence Tissot ont consacré à Christine Delphy, Je ne suis pas féministe, mais… (projeté le 15 octobre à Lyon dans le cadre de la Quinzaine de l’Égalité Femmes-Hommes).
The post Laïcité, je raye ton nom appeared first on Heteroclite.
La disparition de Têtu au cœur de l’été a rappelé cette évidence : dans un contexte globalement défavorable pour l’ensemble de la presse, les médias LGBT français sont plus fragiles encore que les autres. Premier d’entre eux désormais, le site Yagg sait qu’il doit évoluer et s’adapter pour éviter de connaître le sort de Têtu. Comme annoncé dans un chat entre la rédaction et ses lecteurs il y a un peu moins d’un an, le pure player, qui revendique 2,5 millions de pages vues par mois, repose depuis fin mai sur un modèle freemium, associant contenus payants et gratuits. Les revues de web, les articles «people» et certaines brèves restent en accès libre. Mais pour lire les articles plus longs, ceux qui demandent aux journalistes plus de travail d’enquête, de recherche et de temps, il faut désormais s’acquitter de 4,5€ par mois (2,9€ au tarif réduit pour les chômeurs et chômeuses, étudiant-e-s et précaires) ou de 45€ par an (29€ au tarif réduit). Yagg propose également d’autres offres d’abonnement : un engagement sur deux ans pour 79€ qui permet en outre de recevoir un livre publié aux éditions Des Ailes Sur Un Tracteur ou un abonnement à 35€ par an pour les membres d’associations LGBT. Pour assurer sa viabilité, l’équipe du site vise à terme les 3 000 abonné-e-s. Une campagne de crowdfunding (via la plateforme Ulule) menée entre le 6 février et le 19 mars s’est révélée chronophage mais efficace. L’objectif initial de 15 000€ a été atteint en dix jours et à la fin de l’opération, qui a duré quarante-cinq jours, Yagg avait gagné 41 000€ (moins une commission de 8% prélevée par Ulule) et 1112 (pré-)abonné-e-s. Depuis, ce chiffre a progressé beaucoup moins rapidement, à un «rythme de croisière» que l’équipe attribue en partie à la période creuse de l’été et à un manque de disponibilité pour faire connaître les offres d’abonnement. La promotion de ces dernières devrait reprendre de façon plus soutenue à la rentrée car avec 1466 abonné-e-s fin août, Yagg doit encore parcourir la moitié du chemin. Une partie des anciens abonnés de Têtu, désormais orphelins de leur magazine, pourraient d’ailleurs rallier le pure player. Pour l’heure, 49% des abonnés se sont engagés pour un an, 23% pour deux ans et 28% pour un mois (chaque abonnement étant tacitement reconductible). Outre l’accès à tous les articles du site, l’abonnement donne droit à deux newsletters hebdomadaires (un agenda des sorties et un «debrief» – bientôt disponible – condensant l’essentiel de l’actualité LGBT de la semaine) et à des invitations pour des événements organisés par Yagg (les séances de cinéma du «jeudi, c’est gay-friendly») ou ses partenaires (festivals, etc.). Enfin, une fois par mois environ, les abonné-e-s pourront prochainement lire ce qu’on appelle, en jargon journalistique anglo-saxon, un longread, c’est-à-dire «un dossier réunissant textes, illustrations, vidéos, etc.» qui «décrypte un événement d’actualité ou un fait historique marquant».
En mode spartiate
Ancien président d’Act Up-Paris (1994-1996), Christophe Martet a cofondé Yagg en novembre 2008 avec trois autres anciens de Têtu (Judith Silberfeld, Xavier Héraud, Yannick Barbe, ce dernier étant retourné à Têtu début 2013 pour en assurer la rédaction-en-chef jusqu’à cet été). À ses yeux, le passage d’un modèle gratuit à un modèle freemium était indispensable pour survivre sans un mécène tel que Pierre Bergé (qui a permis à Têtu de se maintenir à flot entre 1995 et 2013). Bien que ses revenus aient doublé en 2013-2014 par rapport à l’exercice précédent, la publicité ne représente en effet qu’un tiers environ du chiffre d’affaire annuel de la SAS LGNET, éditrice du site. L’argent restant provient de levées de fonds ou de campagnes de prévention du VIH et des IST réalisées par la rédaction pour le compte de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), un organisme dépendant du ministère de la Santé. En 2013 et 2014, Yagg a également assuré, moyennant rémunération, la gestion technique et rédactionnelle du site de Têtu, avant que celui-ci ne reprenne son autonomie. En revanche, l’entreprise ne bénéficie d’aucune aide du Fonds d’innovation numérique de la presse (créé par Google pour favoriser la «transition numérique» des médias et doté de 60 millions sur trois ans) : sa demande de financement a été rejetée en juin. La déception a été grande pour toute l’équipe, qui avait monté son dossier pendant plusieurs mois. Yagg devra donc continuer pendant quelques temps encore à vivre en mode spartiate. «Aucun salaire ne dépasse 1,4 fois le SMIC» (un peu plus de 2000€ bruts par mois), explique Christophe Martet. Les salaires représentent les deux tiers des charges de l’entreprise, qui emploie actuellement six personnes : la rédactrice-en-chef Judith Silberfeld, la rédactrice-en-chef adjointe Maëlle Le Corre, les deux journalistes Christophe Martet et Xavier Héraud (qui s’occupent aussi de la gestion administrative pour le premier et technique pour le second), une responsable marketing en charge de la vente de publicités et un apprenti à temps partiel. Yagg vit sans pigiste (à l’exception de Bénédicte Matthieu, qui tient une chronique sportive hebdomadaire, «Terrains de jeux»), mais les bloggueurs et bloggueuses hébergé-es sur le site participent également à l’animation de la «communauté Yagg», tout comme les contributeurs et contributrices extérieur-e-s (militant-e-s, artistes, etc.) régulièrement invité-e-s à donner leur opinion dans des tribunes libres. Il n’en reste pas moins vrai que l’équipe est petite pour la masse de travail nécessaire, qui pourrait encore augmenter avec le passage au freemium. Christophe Martet en est conscient : «il va falloir qu’on écrive plus d’articles longs, ce qui signifie que, par manque de temps, on publiera sans doute un peu moins… D’un autre côté, il est indispensable que l’on continue à mettre en ligne du contenu plusieurs fois par jour pour augmenter l’audience». Si cette quadrature du cercle semble compliquée à résoudre, l’ensemble de la Yagg team est bien déterminée à relever le défi. Tout en sachant que la balle est désormais dans le camp de ses lecteurs et lectrices : la survie du site dépend en grande partie de leur engagement.
The post Yagg, à l’heure des mutations, passe en mode freemium appeared first on Heteroclite.
http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Une-petition-veut-condamner-les-propos-de-Vitus-Huonder-14596003|En un mois, les organisations gay et lesbienne suisses Pink Cross et LOS ont récolté quelque 21’000 signatures. Elles vont être envoyées à la Conférence des évêques suisses, pour lui demander de condamner les propos tenus le 31 juillet en Allemagne par l’évêque de Coire, Vitus Huonder. Le prélat s’était livré à une exégèse de deux versets de l’Ancien testament où il est question de la mise à mort des homosexuels.
Elle l’imagina vierge du désert, habitant l’un de ces endroits gelés par la nature et les amours brisées. Une vieille bâtisse retapée, quelque part dans un petit village, à mi-chemin entre la mer et la montagne. Dans son écrin de solitude, il chercherait à se racheter, en quête de paix intérieure et de silence. Il serait un loup alpha dont le nombre élevé d’anciennes maîtresses aurait fait pâlir de jalousie le marquis de Sade. Un bad boy dont le regard hypnotique t’obligeait à te raccrocher à ta petite culotte, ton caleçon ou ton arme, si par malheur, il se posait sur toi.
Un sourire se dessina sur les lèvres de l’écrivain, ses doigts coururent sur le clavier. Il était là, devant elle, un chouïa voûté, le regard charbonneux qui la mettait au défi d’inventer sa vie.
The lovesick man. 92, 5 kg pour 1, 86 m. La barbe aussi noire que ses yeux. Les cheveux drus où filaient quelques poils blancs. Portant la queue à droite, le pistolet semi-automatique à gauche, le costume coupé chic aussi bien qu’une paire de jeans usés. Il fumait. Trop. Il possédait un chien sans nom, récupéré un soir d’ivresse amoureuse, sur un trottoir mouillé. L’homme avait de l’humour, les petites rides aux coins de ses yeux en témoignaient, il savait rire. Mais pas avec n’importe qui. La plupart du temps, son visage était hermétique. Il parlait peu.
Elle l’appela Sigmund Kalt, lui colla une ex-femme chinoise, une môme qui croyait encore au Père Noël et rajouta un Douk-douk noir à sa panoplie. Voilà. Non. Il roulerait en Audi A5. Noire. A certaines heures, il pourrait boire un peu trop de bière ou de whisky. Son pistolet serait un Sig Sauer P230. Son surnom, elle le prononça à voix haute : « Sig ».
L’histoire pouvait commencer.
L’article Prologue est apparu en premier sur Impudique Magazine.
Jax Miller est née à New York, et vit désormais en Irlande. Les infâmes, son premier roman traduit dans plus de dix langues, paraît aux Etats-Unis et en Angleterre en 2015. Chez nous aussi, quelle chance !
Extrait choisi
Freedom et les pauvres types
Deux semaines plus tôt
Je m’appelle Freedom, et c’est une soirée comme les autres au bar. Il y a une nouvelle fille, une blonde, seize ans peut-être. Elle a encore les yeux plein de couleur ; ça ne fait pas assez longtemps qu’elle bosse. Ça viendra. Elle aurait bien besoin de manger un morceau, de se remplumer un peu. Je sais qu’elle est nouvelle parce qu’elle a les dents blanches, un joli sourire. Dans un mois ou deux, ses gencives seront tachées de débris noirs, et elle n’aura que la peau sur les os. C’est comme ça dans ce métier. Tout ce qu’il y a de beau dans la jeunesse est bousillé par le désir sordide des hommes et l’asservissement à la came. Ainsi va la vie.
Un motard la tire par ses boucles dorées en direction du parking. L’endroit est trop bondé pour que les gens s’en aperçoivent. L’homme se fond parmi le reste des blousons en cuir et des cheveux gras noués en queue de cheval, foule compacte de l’entrée à la sortie du bar. Mais je m’en aperçois, moi. Je la vois. Et elle me voit aussi, le regard voilé par une expression suppliante, une étincelle d’innocence qui pourrait bien survivre si je fais quelque chose. Mais il faut que je le fasse maintenant.
« Occupe-toi du bar », dis-je, sans m’adresser à personne en particulier. Ma propre agilité me surprend quand je bondis par-dessus le comptoir pour m’engouffrer dans la mêlée, poussant, jouant des coudes et des pieds, criant. Je les retrouve au sillage de parfum laissé par la fille. J’arrache le bouchon rouge du Tabasco d’un coup de dent et le recrache. Le motard ne peut pas me voir arriver derrière lui tandis qu’il essaie de quitter le bar ; il fait bien deux têtes de plus que moi. Je verse une bonne dose de sauce piquante au creux de ma main.
Je possède toujours les vêtements que je portais quand on m’a violée. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je suis complètement maso. Je m’appelle Freedom, Liberté, même s’il est rare que je me sente libre. C’est le marché que j’ai passé avec les pauvres types : je n’accepterais le programme de protection qu’à condition de prendre ce nom. Freedom McFly, même s’ils n’ont pas voulu que je garde le McFly. Ça faisait trop Burger King, d’après eux. Trop années quatre-vingt. Putains de pauvres types.
C’est Freedom Oliver, du coup.
J’habite Painter, dans l’Oregon, un patelin noyé sous les déferlantes de sable, de pluie et de meth, où je travaille dans un bar rock appelé le Whammy Bar. Mes habitués sont des gros lards issus des gangs de motards de la côte Ouest comme les Hells Angels, les Free Souls ou les Gypsy Jokers, qui en pincent pour ma solide carcasse tatouée et en profitent pour me mettre la main au panier.
« Viens voir que j’tâte ton p’tit cul. »
« Viens faire un tour sur mon gros engin. »
« Et si je te croquer, l’Olive ? »
Je cache mon dégoût derrière un sourire qui convainc la foule et bombe un peu plus la poitrine ; ça fait rentrer les pourboires, même si ça me donne la chair de poule. Ils me demandent où j’ai pêché mon accent, et je leur réponds Secausus, dans le New Jersey. En fait, c’est celui d’une banlieue pourrie de Long Island, Mastic Beach. Aucune chance que ces péquenauds fassent la différence, de toute façon.
Je défonce mon parapluie au petit matin après la fin de mon service et la fermeture du bar. Je plisse les yeux dans la pluie d’octobre et la fumée d’une Pall Mall. Je vous jure, il a plu tous les jours depuis que je suis née. A ma gauche, attenant au Whammy Bar, se trouve l’Hôtel Painter. L’enseigne en néon grésille sous la pluie, mais à cause de quelques lettres claquées, on lit « Hôtel Pine ». Pas mal trouvé, vu que c’est un de ces motels glauques avec chambres louées à l’heure offrant un toit branlant à quiconque veut se payer une chatte pas chère. Ces dames sont blotties sous l’auvent de la réception pour s’abriter de la pluie, et me crient au revoir. J’agite la main en retour. Boucles d’or n’est pas là. Tant mieux. Les affaires n’ont plus l’air d’aller fort à cette heure-ci.
Merde à ce parapluie, s’il n’a pas envie de fermer. Je le jette par terre avant de grimper dans un vieux break rouillé jusqu’à l’os. J’enlève mon piercing au nez et écrase mon mégot dans un cendrier plein à ras bord.
« Bordel de Dieu ! » je crie, effrayée par un coup sur la vitre. La condensation m’empêche de voir à l’extérieur, alors je baisse la fenêtre d’un centimètre pour tomber sur deux costards-cravates. « Trouducs de pauvres types. » Ils me regardent comme si j’étais cinglée, j’imagine qu’ils s’y attendent. Les gens ont un mal de chien à comprendre ce que je dis la plupart du temps. « Il est pas un peu tard pour vous ? »
- C’est toi qui nous obliges à nous déplacer toutes les deux minutes, rétorque un des hommes.
- C’était un accident, dis-je avec un haussement d’épaules, en descendant de la voiture.
- Essayer d’aveugler quelqu’un au Tabasco, tu appelles ça un accident ?
- Question de sémantique, Gumm, dis-je en jouant avec mon trousseau de clés. Le type maltraitait une des filles, alors je lui ai mis une gifle. Sauf que j’ai mal visé et que je lui ai touché les yeux. C’est vraiment un hasard si on venait de me renverser du Tabasco sur la main une minute plus tôt… De toute façon, il ne va pas porter plainte, alors je suis désolée que vous ayez fait ce trajet depuis Portland pour rien.
- Tu joues avec le feu, dit Howe.
- Le Tabasco n’a jamais rendu personne aveugle. » Je secoue mes cheveux trempés par la pluie. « Ça fait juste un mal de chien et ça empêche de dormir.
- En tout cas, il était assez remonté pour appeler les flics. Tu serais dans une cellule à l’heure qu’il est, si on n’était pas intervenus, dit Gumm.
- Bah, ça lui irait bien, le bandeau de pirate. » Je les emmène dans le pub fermé, remets le courant et attrape trois Budweister. Ils reluquent les bouteilles. « On se détend. Je dirai rien. » je leur promets.
L’éclairage est faible, presque en mode salle d’interrogatoire, au-dessus du comptoir planté au milieu d’un grand parquet vermoulu où trônent quelques tables de billard. L’air est imprégné d’une odeur de tabac froid, incrustée dans les sillons du bois comme une chanson gravée sur un vinyle. La stéréo s’allume au son de Lynyrd Skynyrd. Les marshals Gumm et Howe récupèrent chacun un tabouret retourné sur le bar, puis s’assoient.
« Tu connais le tarif », dit l’agent Gumm, cheveux poivre et sel, moustache en guidon de vélo, bajoues flasques. Il aimerait mieux être ailleurs, ça se voit. Moi aussi, j’aimerais mieux qu’il soit ailleurs. C’est le tribunal qui les envoie. Merde au système. Qu’on en finisse. On remplira les formulaires, j’aurai droit à un sermon. Retiens bien cet avertissement. Ouais, ouais, je le retiens à fond. A côté de Gumm, l’agent Howe, qui parcourt un dossier tiré d’une enveloppe en papier kraft.
« Comment ça va le boulot, Freedom ?
- Je vous répondrais volontiers un truc bien senti, mais je suis trop crevée pour ces conneries, dis-je en essuyant ma veste en cuir avec un torchon. Tapez-moi sur les doigts et on pourra tous rentrer chez nous, d’accord ?
- Je demandais, c’est tout », maugrée Howe, beau gosse d’une petite quarantaine d’années aux cheveux de jais et aux yeux verts. Je me le taperais bien. Si c’était pas un connard fini, je veux dire. Quoique, je ne suis pas sûre que ça m’arrêterait.
« Laissez tomber vos conneries. Vous avez fait tout ce chemin depuis Portland pour me casser les pieds à cause d’une petite bagarre de rien du tout. »
Ils font rouler leurs bouteilles entre leurs paumes. Gumm se sert de sa manche pour essuyer les gouttes de bière sur le bois. Ils se regardent en haussant les sourcils, l’air de se dire : Tu y vas ou j’y vais ?
« Vous allez cracher le morceau, oui ou non ? » Exaspérée, je me hisse sur le bar devant eux. J’enlève leurs enveloppes de sous mes fesses et je m’assois en tailleur, les genoux à hauteur de leurs yeux.
« Freedom, Matthew a été relâché de prison il y a deux jours. Il a fait appel, et il a gagné », déclare Gumm avec un toussotement forcé.
Mais c’est super chouette, dites donc ! Je pose mes coudes sur les genoux, le menton sur les poings. Quelle expression vais-je feindre ? Va pour l’ignorance, comme si je n’avais aucune idée de quel Matthew on parle. Mais je le sais. C’est pour cette raison que je suis un témoin protégé. Relevant du Programme de Traitement et d’Information pour la Protection des Témoins Exceptionnels. PTI-PTE. Pauvres types. Veinarde que je suis, j’ai été libérée sur un non-lieu définitif, ce qui signifie qu’on ne peut pas me juger deux fois pour le même crime. C’est ce qu’on appelle avoir de la chance dans son malheur.
« Et ? » Je ne veux pas qu’ils s’aperçoivent que mon cœur bat la chamade et que je commence à transpirer.
« Pour une période qui reste à déterminer, nous allons renforcer ta protection, déclare Gumm en se penchant vers moi. Un de nos agents passera te voir toutes les semaines. On te conseille de faire profil bas.
- Encore plus bas que dans un bar de motards du trou du cul du monde, vous voulez dire ?
- C’est pas si cher payé pour avoir tué un flic ? Freedom. »
Et revoilà ces regards mauvais et ces rictus que j’ai bien trop l’habitude de voir chez ces types. « Allez, ça ne te coûtera rien de l’avouer une bonne fois pour toutes. Tu ne peux repasser devant le juge, de toute façon. On sait que c’est toi qui l’as fait.
- Bonne chance pour le prouver. Et merci de m’avoir prévenue, espèces d’enfoirés. » J’avale ma bière et pointe la porte du menton. « Gaffe à la pluie quand vous rentrerez de la grande ville. Je voudrais pas que vous mourriez dans un horrible accident. » Je termine ma bouteille. « Ce serait trop moche. »
Ils comprennent le message, au moins. Parfois ils s’incrustent. Parfois pas. Il y a des moments où ils s’attardent exprès, juste pour m’énerver. « Au fait… » Howe se lève de son tabouret, et ferme son manteau. « Je suis obligé de te poser la question. La procédure, tu sais… » Il parle entre ses dents, comme s’il avait des épines plantées dans le cul.
Je lui épargnerai la peine, ne serait-ce que pour qu’ils déguerpissent plus vite. Leurs dossiers se collent à mes bottes mouillées quand je saute du bar. Je récupère les papiers, et les leur rends. « Vous inquiétez pas, je prends toujours mes médocs. » Un beau mensonge. Et je crois qu’ils le savent, mais qu’ils s’en foutent. « Pas la peine de demander. »
Je pense à Matthew, relâché de prison après dix-huit ans ; dix-huit ans de détention qui ont assuré mes dix-huit ans de liberté.
Seule dans mon appart merdique, j’enlève mes vêtements mouillés et sèche mon corps nu sur les coussins d’un canapé en tweed à l’odeur de moisi. Seule, je pleure. Seule, je regarde une vieille photo de mon défunt mari, Mark, unique rescapée d’un incident impliquant un évier et une boite d’allumettes il y a vingt ans. Seule, j’ouvre une bouteille de whisky. Seule, je murmure deux prénoms dans le noir.
« Ethan. »
« Layla. »
Seule. Connards de pauvres types.
Mon avis
« Alcoolique et suicidaire, Freedom Oliver se cache depuis dix-huit ans dans une petite ville de l’Oregon sous la protection du FBI ». Si vous vous arrêtez à ces deux lignes de résumé ou au bandeau racoleur « Je m’appelle Freedom et j’ai tué ma fille », vous risquez de passer à côté d’un roman coup de poing.
Je vous l’accorde, le décor façon film d’action américain est planté : des flics gros bourrins, des fanatiques religieux dont le gourou est un vrai sadique, les dégénérés de sa belle-famille et au milieu, Freedom qui crève d’avoir abandonné ses deux mômes.
Oubliez vos aprioris et laissez-vous emmener dans cette course-poursuite effrénée ! Jax Miller a le don de filmer l’histoire qu’elle vous raconte. L’écriture est très visuelle et le rythme rapide. Quant à l’intrigue, elle est beaucoup plus complexe que la 4ème de couverture le laisse supposer.
Alors, deux noms à retenir : Freedom Oliver et Jax Miller !
Les infâmes, Jax Miller, éditions Ombres Noires 352 pages 21 €
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claire-Marie Clévy
Régis Descott est auteur de thrillers psychologiques tels que Pavillon 38, Caïn et Adèle, Obscura, L’année du rat, Souviens-toi de m’oublier.
Résumé
Le Dr Morel et six apprentis aux dons mystérieux se retrouvent dans un vaste château, l’Etoile. Le riche propriétaire, Philippe Wolf, souhaite voir disparaître l’esprit qui harcèle sa famille. Que se passe-t-il vraiment en ces lieux perdus au fond des bois ? Des portes claquent, un piano joue sans pianiste.
Extrait
La voiture traversait des paysages que le soleil de novembre n’égayait pas : labours et bosquets aux teintes fauves se détachant sur un ciel bleu pâle, laitières en sursis dans des prés humides, absence d’oiseaux. Quand la route s’enfonçait dans un bois, la luminosité déclinait sur le tapis de feuilles mortes jonchant les bas-côtés. Nous n’avions croisé aucun véhicule depuis les kilomètres.
Assis à la place du mort, le Maître nous tournait le dos, mais à ses yeux, que l’un ou l’autre interceptait parfois dans le rétroviseur, nous voyions bien qu’il jouissait de notre embarras.
La surprise avait eu lieu au petit matin sur le quai de la gare de l’Est, quand chacun d’entre nous, persuadé d’entreprendre ce voyage seul avec lui, avait découvert les cinq autres. Le cou enveloppé d’une écharpe à carreaux, sa veste en mouton retourné tendue sur son ventre proéminent, un sac à ses pieds, il nous attendait devant la voiture 8. On aurait dit un passager s’apprêtant à embarquer à bord du Transsibérien pour Vladivostok, et nous nous préparions pour un voyage aux frontières de l’inconnu plutôt que vers une banale propriété familiale.
Il est probable que nous ayons tous eu le même réflexe en apercevant sa silhouette sur le quai : la joie de le retrouver en ces circonstances, nous qui ne l’avions fréquenté que dans son cabinet de consultation ou des cafés anonymes - et l’étonnement de le voir accompagné.
La plus jolie réaction fut celle de Vicky, arrivée bonne dernière en courant, tandis que quelques minutes avant le départ nous l’attendions encore, gauches et muets, avec le Docteur qui terminait son premier cigare de la journée. Après nous avoir détaillés de ses yeux beiges, la jeune femme manifesta sa surprise à voix haute et, naturelle, spontanée et immédiatement séduisante, rit de s’être crue son unique disciple, exprimant ainsi tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Le coup de sifflet du contrôleur mit un terme à cet intermède.
Une fois assis, chacun se réfugia dans ses pensées, évidemment occupées par la malice du Dr Morel, ce week-end dans un château « habité » où nous devions éprouver nos dons, et surtout les cinq autres, ces inconnus chez qui nous hésitions à voir des semblables ou des rivaux. Mais le train nous entraîna à son allure infernale, laissant derrière lui des panoramas à peine entrevus, tout comme nos interrogations, nos espoirs et nos doutes.
Dans le taxi où nous étions entassés, celui qui se prénommait Clovis, dont les longs membres et la calvitie suggéraient un échassier déplumé, reprocha au Docteur ses cachotteries. Ce dernier, sur le même ton désinvolte, argua de l’humilité nécessaire à tout apprentissage.
- C’est en se confrontant à l’autre qu’on grandit, n’est-ce pas ? poursuivit-il tout en ambiguïté.
« L’autre » : nous-mêmes, mais également la quête qui nous réunissait. Pour rompre le silence, tandis que nous poursuivions notre progression sur cette route déserte, Vicky, la plus sociable - ou en tout cas la plus expansive -, évoqua son métier d’agent immobilier spécialisé dans les produits de luxe à Paris.
- Je fais visiter de beaux appartements à une clientèle bourgeoise qui trouve quelque chose à redire sur tout, précisa-t-elle pour excuse son propre aspect bourgeois qui n’avait gêné personne.
Elle était d’une élégance très sophistiquée pour une partie de campagne, une séductrice sont la volubilité révélait le peu de goût pour la solitude, mais nous lui étions surtout reconnaissants de cette main tendue et de sa voix rauque qui emplissait l’habitacle.
- Et je fais des photos, ajouta-t-elle avec un air de connivence.
Peut-être aurions-nous pu alors deviner la nature de ses images, mais personne ne releva.
Concentré sur la route, le chauffeur, ignorant la particularité de ses passagers, demeurait hermétique à notre conversation.
L’entrain de Vicky finit par être communicatif et, grâce à ses efforts, on sut qu’Evelyne était agent de l’administration fiscale à Bordeaux, Luca cuisinier urgentiste, capable de remplacer à la dernière minute un chef qui faisait défection, et Leila infirmière dans un service de soins palliatifs, profession dont la gravité imposa le respect. Leila qui passa l’essentiel de ce trajet à envoyer des textos, à destination de son fiancé et de ses deux jeunes frères, devions-nous apprendre plus tard.
- Et qu’est-ce qu’il en pense, de tout ça, papa ? demanda Vicky au Docteur.
Derrière ses lunettes à monture épaisse, autant protection que loupes à travers lesquelles elle scrutait le monde, Evelyne se fendit d’un sourire pincé. A l’avant, une main occupée par un cigare éteint, le Maître ne s’embarrassa d’aucune réponse.
Enfin, le véhicule s’arrêta devant un haut portail et le chauffeur descendit pour sonner à l’interphone.
Moins d’une minute plus tard, la grille s’ouvrait et nous nous engagions sur un chemin goudronné, avec l’impression de pénétrer un univers interdit, ou en tout cas étranger.
Mon avis
Dans un château isolé, de pièce en pièce et de portrait en portrait, l’auteur nous balade en instillant le doute. Mais dans quelle réalité sommes-nous ?
Très très belle réussite ! Il est fort dommage que Régis Descott ne bénéficie pas de plus de médiatisation autour de ses œuvres. Vous ai-je déjà dit qu’il était un des maîtres du thriller psychologique ? Vous pouvez le répétez. Et surtout, n’hésitez pas à le lire et à l’offrir !
Les variations fantômes, Régis Descott, éditions JC Lattès 19,50 €
Valérie Tong Cuong signe ici son dixième roman.
Résumé
Un après-midi d’été, Milo, douze ans, fonce à vélo sur une route de campagne. L’ivresse de la descente, un virage, et c’est la chute.
Tandis que l’enfant se bat pour sa vie, c’est toute sa famille qui vole en éclats. Milo était censé réviser ses cours d’histoire avec sa jeune tante. Que faisait-il sur cette route ?
Prologue
Elle se retourne, sourit, inspire avec lenteur pour souligner l’importance de l’entreprise. Se remet en position, tête inclinée. Prête à partir.
Et puis non.
- Attends, souffle-t-elle, sourcils froncés.
Elle rajuste sa robe à damiers, les champs habillent les collines à perte de vue. Les maïs sont à hauteur d’homme, les tournesols brûlés. Dans deux ou trois jours au plus, les tracteurs déploieront leurs bataillons. Les roues écraseront la terre, arracheront les tiges, broieront les feuilles avec sauvagerie.
- Cinq, quatre, trois, deux, un, décompte Milo avec sérieux.
Marguerite s’élance.
Un battement de cils et déjà, il l’a perdue de vue.
La route serpente et disparaît sur une centaine de mètres dans le sous-bois, réapparait puis s’enfonce à nouveau dans les champs.
Le garçon n’aime pas ce moment où il ne la voit plus, ne l’entend plus. Il se sent seul, vulnérable, minuscule face au monde immobile.
Mais la voici qui surgit, tache rouge et blanche sur le lacet de bitume.
- Deux minutes quarante-six ! hurle-t-il joyeusement, comme si elle pouvait l’entendre.
Peine perdue, elle est beaucoup trop loin.
Elle agite les bras : Allez, Milo, à ton tour, descends !
Alors il enfourche son vélo, un vélo bleu avec des étoiles blanches peintes sur le cadre, il courbe les épaules, contracte ses muscles, murmure pour lui-même, Fonce, mon petit vieux, fonce !
Les joues giflées de vent et de soleil, la nuque moite et la mâchoire serrée, il pédale de toutes ses forces. Il ne s’agit pas de compétition ni de record à battre, seulement de vitesse, d’ivresse, il est saoul sur la petite route de campagne, saoul Milo de désir enfantin, de joie, de légèreté, saoul de bonheur - une seconde avant l’impact, il rit encore bouche grande ouverte en pédalant.
Puis tout se brise.
Mon avis
Plutôt qu’en rajouter sur la façon dont Valérie Tong Cuong a évoqué le cheminement des uns et des autres vers le pardon, j’aimerais mettre l’accent sur le personnage-clé de ce drame familial : Marguerite.
L’auteur a su mettre en scène une jeune femme qui, pour exister aux yeux des autres et survivre aux siens, s’est condamnée à mentir. Ce que je retiens de ce roman, c’est l’angle d’approche de la résilience. Pour survivre, Marguerite s’est inventée une vie factice. Ici, le choc provoqué par l’accident de Milo et l’amour d’un homme l’aideront à oser dire sa vérité, à se voir comme une femme capable de réaliser de belles choses, à vivre, enfin.
Bravo à Valérie Tong Cuong pour avoir su éviter la surenchère ! Et merci pour cette leçon de vie !
Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong, éditions JC Lattès 19 €
En 1968, alors que la jeunesse en France réclame le droit de «jouir sans entraves», les tabous deviennent la cible : pour s’émanciper, il faut faire sauter les interdits. Il devient «Interdit d’interdire». Mais les tabous ont la vie dure. De nos jours, ils existent encore, surprise.
Tout le monde s’étonne que la libération sexuelle n’ait pas marché. Elle semble même avoir reculé. Pourquoi ? Impossible de répondre à cette question sans d’abord remettre les choses au point concernant la notion d’interdit : il existe un préjugé, actuellement, selon lequel le tabou (1) est le garde-fou de la civilisation. Ce préjugé nous vient de Freud : dans «Malaise dans la civilisation», publié en 1930, Freud affirme que la sexualité est une pulsion qui met en danger la société, un élément de désordre inscrit au cœur même de l’humain. Freud prône le contrôle et la répression des pulsions. Réduisant le rapport entre désir et interdit à un simple rapport d’opposition entre ce qui relèverait de la pulsion (bestiale) et ce qui appartiendrait à l’esprit (spirituel), Freud réduit la sexualité à n’être qu’une sorte de bouillonnement instinctif, primaire, naturellement présent en l’homme et que seul un intense effort de répression permettrait de dompter, pour le salut de l’humanité… Seuls les tabous, dit Freud, protègent l’homme du chaos.
S’il faut en croire cette conception dite «naturaliste», l’expression instinctive de la sexualité serait donc entravée par la culture. La société ne serait qu’une énorme machine à refouler le désir. Il faudrait donc casser la société pour libérer les désirs (ou bien le contraire, ainsi que l’affirme Herbert Marcuse). Arrivent les années 70. Au moment même où une génération entière se livre aux joies de la «révolution sexuelle», un jeune chercheur nommé John Gagnon (1931–) propose de revoir le problème à l’envers. Fils d’un père mineur anarchiste et athée, de lointaine origine française, et d’une mère irlandaise catholique, John Gagnon était normalement destiné au travail dans la mine. Mais sa mère a de l’ambition. Elle ne veut pas que ses enfants finissent «comme leur père». John Gagnon a de la chance. Au moment où il achève ses études secondaires, les Universités américaines s’ouvrent aux juifs puis aux noirs (sic). Un système de bourses est mis en place pour équilibrer les populations, par quotas : des jeunes gens pauvres issus du milieu blanc gagnent le droit d’entrer gratuitement à l’Université.
John Gagnon fait donc des études supérieures, en sociologie. Il travaille un temps comme gardien de prison, puis se fait recruter par hasard à l’Institut Kinsey, en 1959, quelques années après la mort du célèbre sexologue, Alfred Kinsey, survenue en août 1956. Dans sa préface au livre «Les Scripts de la sexualité», Alain Giami raconte : «C’est là, sur le campus néoclassique de Bloomington que John Gagnon commence à découvrir l’univers culturel de la sexualité en se promenant dans les archives de l’Institut Kinsey. Il donne cependant l’impression de s’y ennuyer, de gérer tranquillement l’héritage et la gloire passée de Kinsey, dans un institut somnolent où l’on ne fait plus de recherches vivantes, où l’on met de l’ordre dans les archives et l’on finit les travaux laissés inachevés par le Maître. Lorsqu’un beau jour arrive presque par hasard, William Simon («Bill»), un autre sociologue de Chicago.» Naissance d’une amitié. Les deux hommes travaillent ensemble et, lentement, élaborent la fameuse «théorie des scripts».
La sexualité trouve son intensité dans les interditsCette théorie remet complètement en question les théories de Kinsey… autant que celles de Freud dont elles s’inspirent. Kinsey a en effet repris l’idée de Freud selon laquelle l’être humain, «naturellement», serait une bête de sexe incontrôlable dont les pulsions menaceraient l’ordre social. Pour Gagnon et Simon, cette théorie est absurde car l’homme est «par nature» un être social. Il est faux de penser que les interdits sont un moyen de réprimer, canaliser ou encadrer le désir. Les interdits sont, au contraire, un moyen d’exalter, stimuler, susciter le désir. Voici comment ils l’expliquent dans un texte publié en 1968 : «Si la sexualité joue un rôle important dans la conduite des affaires humaines, c’est bien parce que les sociétés ont créé et inventé son importance […]. En d’autres termes, il est possible que la plupart des sociétés humaines aient interdit la plupart des formes d’expression sexuelle, non pas pour contenir des forces anti-sociales, mais pour assigner à la sexualité une importance qu’elle n’aurait pas eue autrement. Les contraintes et les interdits ont eu pour effet de rendre cette activité intense, chargée de passion, et unique».
Pour John Gagnon et Bill Simon, les tabous ne peuvent donc pas mourir, parce que la société toute entière les entretient soigneusement. Les humains ne pourraient éprouver de désir si ces désirs étaient rendus obligatoires. Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point la vision de corps nus dans l’enceinte des camps naturistes, des saunas ou des plages provoque si peu d’émois comparés à la même vision sur la scène des clubs de strip… Dans les espaces où la nudité est considérée comme normale, on bande beaucoup moins que dans les espaces «interdits». Il faudrait donc revoir nos positions par rapport aux tabous… sans verser dans l’excès inverse. Qui peut souhaiter revenir en arrière, à l’époque où les filles-mères étaient jetées à la rue, les gays chimiquement castrés et les masturbatrices enfermées à Ste Anne ?
LA SUITE de ce dossier avec un article sur «Pourquoi les femmes doivent s’habiller en pute dans les sex-clubs ?».
A LIRE : Les scripts de la sexualité. Essais sur les origines culturelles du désir, de John Gagnon. Traduction : Marie-Hélène Bourcier. Préface d’Alain Giami. Editions Payot.
A lire : «Les constructions sociales de la sexualité», de Michel Bozon et Henri Leridon. Dans: Population n°5, 1993.
«Présentation de l’article de John Gagnon», de Michel Bozon et Alain Giami. Dans: Actes de la recherche en sciences sociales Vol. 128, 1999.
POUR EN SAVOIR PLUS : Pourquoi on ne bande pas forcément sur une femme en rut ? «Prenez une superbe femme, remplie de désir». Qui est Alfred Kinsey ? «Un orgasme par minute, vingt minutes, sans s’arrêter», «A quoi reconnait-on qu’une femme simule ?»
(1) Je prends le mot «tabou» au sens très restrictif d'«interdit sexuel». Il s’agit bien sûr d’un usage moderne du mot, totalement détourné du sens qu’il pouvait prendre dans la culture polynésienne d’où il tire son origine.
La reine de la pop a posté sur ses réseaux sociaux un photo montage de son visage sur un auto-portrait du photographe parisien Frédéric...
The post Le photographe Frédéric Fontenoy demande réparation à Madonna pour plagiat appeared first on Paris Derrière.
L’application qui a achevé de chambouler (voire de désertifier) la scène gay serait florissante, merci pour elle. C’est en tout cas ce qu’il ressort des documents hackés chez Avid Life Media, propriétaire du site de rencontres Ashley Madison. En effet, cette entreprise canadienne a récemment étudié la possibilité de racheter Grindr.
Très secret sur ses chiffres, Grindr prévoirait en fait pas moins de 38 millions de dollars de recettes cette année – une croissance moyenne de 10 millions de dollars par an depuis 2012, grâce aux abonnements et à la publicité. L’app de drague gay possède 10,5 millions d’utilisateurs, dont 3,8 l’utilisent au moins une fois par mois.
à vendre
En mai dernier, la presse économique avait spéculé sur la mise en vente de l’application par son fondateur, Joel Simkhai. La transaction était évaluée à 10 millions de dollars.
Comme le relève Gay Star News, on ignore où en sont ces projets de rachat. Après le scandale Ashley Madison, où 30 millions d’utilisateurs du site spécialisé dans l’infidélité ont vu leurs données personnelles diffusées au grand jour (ainsi que les pratiques douteuses du site), on peut imaginer que l’opération n’est plus vraiment à l’ordre du jour chez Avid Life Media.
Vu sur Dresser un ou une esclave consentante, Eros Power
L’auteur, Eros Power, m’a adressé ce guide, Dresser un ou une esclave consentante, il y a plusieurs mois. Après en avoir lu quelques pages et l’avoir laissé de côté pour privilégier des œuvres de fiction, je me suis penchée à nouveau sur ses 177 pages (selon ma liseuse) et les ai terminées aujourd’hui. Il s’agit […]
Cet article provient de Littérature érotique
The post Eye Candy: Ronda ArouseMe, Transsensual, more pretty porn appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
J’ai une relation particulière avec la marque NJoy et ses sextoys en acier. Tout d’abord, ils sont beaux, dans un acier sublimement usiné, très haut de gamme et enfin les formes et sensations sont à tomber. Ensuite, la marque NJoy fait juste partie du club restreint des marques ayant un sextoy légendaire à son catalogue…
Cet article Test du plug NJoy Pure Plug Large est apparu en premier sur NXPL.
Notre ami Jean-Luc Romero (nous ne le connaissons pas personnellement mais c’est c’est exactement le genre d’homme courageux que nous aimerions compter parmi nos vrais amis, alors osons le mot) lance une importante pétition dans le but d’éviter une peine de 6 mois à 7 sénégalais condamnés le 21 août 2015.
De quoi sont-ils accusés ? D’actes contre-nature. Concrètement ? D’être homosexuels ! Oui, vous avez bien lu : ces personnes ont pris 6 mois de prison car elles sont homosexuelles !
Elles ont été arrêtées, il y a un mois, dans un appartement privé, sur dénonciation avec comme unique preuve : un préservatif qualifié d’ « entamé ».
Alors si cela vous choque ou bouleverse comme moi signez la pétition en ligne ici :
https://www.change.org/
Francis Loup
Vu sur Les Yeux bandés, Clarissa Rivière
Quatre textes composent ce recueil, Les Yeux bandés, écrit par Clarissa Rivière. Je connaissais déjà la deuxième, Massage à quatre mains. C’est le texte que j’aime le moins, car il lui manque un contexte. Dans le premier texte, Jour de grève, c’est la goujaterie finale qui m’a plu, parce que le texte me semblait jusque […]
Cet article provient de Littérature érotique
Je me souviens de ce soir d’été où je donnai rendez vous à mon compagnon sur un parking désert, vêtue d’une robe-bustier noir, je l’attendais en regardant les étoiles qui brillaient dans ce ciel magnifique… Ma patience fut de courte de durée, je sentis son souffle sur ma nuque, sa main gauche effleurant mon épaule,…
Cet article Ma surdité et ma sexualité est apparu en premier sur NXPL.
Monique Ayoun est romancière et journaliste. Elle est l’auteur de Mon Algérie, Le radeau du désir et Histoire de mes seins.
L’amant de Prague est son troisième roman.
Extrait
… et prise de nostalgie aiguë, Carla composa lentement le numéro de Peter. Cette fois, elle avait tenu très longtemps !
C’était le trente-deuxième jour après son départ. Elle le savait grâce à sa montre-calendrier. La sonnerie retentit, voilée par la distance. Une peur excitante faisait battre ses tempes. Qu’allait-elle lui dire ? Surtout, pas un mot de leur rupture. C’était oublié. Et s’il était furieux de l’entendre ? Et si une femme répondait ? Et s’il n’était plus là ?
Il était là. C’est lui qui décrocha tout de suite, dès la première sonnerie. Elle retrouva avec émotion sa voix rauque et profonde. Lui ne prononçait jamais aucun mot d’amour, mais quelle tendresse contenue dans chacune de ses phrases ! Il semblait lui aussi avoir oublié leur dernière scène. Il n’était pas du tout furieux. Il parlait avec enthousiasme du pays. Les gens, le temps, tout était formidable. Il ne lui demandait pas de venir, c’est vrai, mais elle le sentait ému de l’entendre et lorsqu’elle évoqua son désir de le rejoindre, il ne dit ni oui ni non mais lui donna tous les détails pratiques pour le faire. Le jour même elle achetait son billet pour Prague.
Résumé
Prague.
Carla est venue retrouver son bel amant, Peter, dans la ville aux mille tours et aux mille clochers. Elle est exubérante, spontanée, solaire, passionnelle, Peter est son contraire. Est-ce qu’il l’attend ou est-ce qu’il n’a pas du tout envie de la revoir ? Il s’est passé plus de trente-deux jours depuis son départ.
Mon avis
Un sujet rarement abordé - le comportement passif-agressif dans le couple - et puis Prague, la ville aux mille tours et aux mille clochers, et Kafka, l’écrivain hypersensible tel Peter, le personnage masculin du roman.
Carla aime Peter qui ne l’aime pas. Tous les deux souffrent des silences de Peter, de son apparente indifférence, de sa colère rentrée qui les entraînent dans une relation sadomasochiste dont l’issue se devine très vite. Peter se soumet aux désirs sexuels de Carla jusqu’à l’orgasme. Mais à quel prix ?
Au-delà de cette relation passionnelle qui tourne en rond, s’égare dans les rues et ruelles de Prague et s’emmêle aux mots de Kakfa, il n’existe pas de réelle intrigue, dommage. Le roman semble inachevé. J’aurais aimé plus de profondeur dans la psychologie des personnages. L’écriture est belle mais la lectrice que je suis est restée sur sa faim.
L’amant de Prague, Monique Ayoun, éditions La Grande Ourse 15, 50 €
Actu suisse et internationale
Mariage pour tous: l’Irlande du Nord esseulée
Allemagne: Hambourg donne son feu vert à la diversité
Buzz
Vis ma vie en selfies
Parle-moi de sexe «J’étais le seul au monde à aimer les garçons»
Cybersexe, l’extase puissance X
Culture
Virginie Despentes, comédie humaine
LE1F, l’esprit et le corps du hip-hop
De quoi la Sissy Bounce est-elle le nom?
Théâtre: la saison traversée par des thèmes 360°
Drague nocturne, de la bd à la scène
Cinéma de Meryl Streep à Dior, entre rock et couture
Portfolio
Visa pour l’image
Gaymap
Gros plan rentrée lausannoise
Portrait «Rien ne sert de se plaindre, il faut agir»
Ainsi que les brèves, les agendas, les plans et vos rubriques habituelles: Transdessinée, fiche cuisine arty, Tu t’es vu? et Chants nocturnes de Greta Gratos.
Le premier septembre aura lieu l’opération « J’achète un livre de SFFFH francophone », dont le but est de mettre en valeur les livres de fantasy, SF et horreur écrits en français, souvent peu connus des lecteurs. Cette invasion des grenouilles m’a permis, l’année dernière, de découvrir un auteur formidable, Jean-Philippe Jaworski, dont vous pouvez lire une … Read More →
The post Anti-héros aimé appeared first on Julie Derussy.
La saison 7 de NXPL commence en fanfare avec le test d’un superbe godemichet en verre car aujourd’hui, je vais vous présenter un modèle bien spécifique de la gamme de godemichets Spartacus Blown. Présentation du Spartacus Blown « Double Ended with Bubbles » Ce que j’adore dans les godemichet en verre, c’est le design, le touché si…
Cet article Test du Godemichet en verre Spartacus Blown est apparu en premier sur NXPL.
Le titre est tapageur: «De l’argent de l’Eglise pour le lobby homo». Alors que le scandale suscité par les propos de Vitus Huonder sur la condamnation biblique des homosexuels n’est pas encore retombé, la «Neue Luzerner Zeitung» relève qu’Action de carême a accordé une aide de 7000 francs à un projet de vidéo documentaire sur les minorités sexuelles en Afrique. L’article est polémique, et reprend un texte paru au début du mois sur un site catholique conservateur américain Catholic News Agency (CNA). Il accuse l’œuvre d’entraide catholique suisse de soutenir le lobbying LGBT à l’approche du Synode sur le couple, la famille et la sexualité convoqué par le pape pour début octobre.
Conforme aux statuts
Matthias Dörnenburg, porte-parole alémanique d’Action de carême, souligne que le projet, porté par European Forum of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Christian Groups, une organisation chrétienne LGBT basée aux Pays-Bas, a été choisi conformément aux statuts d’Action de Carême. L’organisme a déjà aidé «des projets de lutte contre la discrimination fondée sur la couleur, la religion, le sexe ou l’orientation sexuelle. Or en Afrique la situation des personnes homosexuelles ou bisexuelles est effrayante. Cela nous a incités à soutenir ce projet, car il s’agit d’une prise de conscience et en aucun cas de propagande politique.»
Interrogée par le quotidien lucernois, la Conférence des évêques suisses a maintenu un silence prudent et confirmé que le choix de ce bénéficiaire relevait «de la compétence de la direction d’Action de Carême». Le comité, présidé par l’évêque de Bâle Felix Gmür, n’est consulté que pour les dons les plus importants.
A noter que le documentaire n’a finalement pas été réalisé. Son auteur aurait été pris d’une subite «peur de voyager en avion», selon CNA. Les témoignages recueillis auraient toutefois été publiés sous forme écrite.
Marre des unes sur le top des hopitaux ou le classement des villes selon le prix de l’immobilier? Voici pour vous une nouvelle façon de trouver une cité accueillante.
La société de surveillance et détection des piratages informatiques CybelAngel, a travaillé sur les données personnelles qui ont récemment fuité suite à un piratage de grande ampleur. CybelAngel a analysé les adresses françaises parmi les inscrits, que voici en exclusivité mondiale pour Sexpress.
Il en ressort que dans le match Paris – Marseille, la capitale compte près de 3 fois le nombre d’inscrits marseillais. Et que Bordeaux tient la tête du classement avec 2,1% de sa population en recherche du frisson extraconjugal. Le total du nombre d’inscrits en France s’élève à 325 000 profils (35 000 femmes et 290 000 hommes), soit l’équivalent de la population de Nice.
On compte donc 8 hommes pour une femme (8,3%), ce qui est conforme à la moyenne mondiale des inscrits sur Ashley Madison. Autant le savoir, messieurs, la concurrence est acharnée.
15 utilisatrices actives en France?
D’après le site Gizmodo, qui a aussi travaillé sur la base de données d’Ashley Madison, seules 2409 profils de femmes ont échangé via la messagerie instantanée du site. Sur les 5 550 000 inscrites sur le site, cela représente 0,04% d’utilisatrices actives. Si l’on rapporte ces proportions aux inscrites françaises, cela donne… 15 femmes. Oui, 15 femmes en France auraient chatté sur Ashley Madison. Cependant, il faut relativiser les chiffres de Gizmodo car si 11 millions d’hommes ont utilisé la messagerie instantanée, soit ils ont tous parlé à des robots très perfectionnés, soit Ashley Madison est un site gay qui s’ignore…
Dans le dossier de presse du lancement de la version française du site en 2012, Noel Biderman, son fondateur, vantait les mérites en ces termes : « Nous sauvons des dizaines de milliers de mariages chaque jour ». La vie privée était censée être protégée : « AshleyMadison.com est l’unique plateforme permettant de supprimer totalement son profil, ses photos, et tout l’historique des messages… Pour ne laisser aucune preuve digitale. ». Et les femmes, nombreuses (« 33% des membres »). Je pense que Gleeden doit être en train de faire un audit sécurité complet…
Enfin à présent tout français voit ses communications officiellement enregistrées par l’Etat, et rien ne semble arrêter la course folle vers toujours plus de surveillance et de traçage. Donc ne vous inquiétez pas, vos données seront toujours en sécurité quelque part.
Elle a invité ses trois enfants à dîner. Ça fait des semaines qu’elle pense à ce dîner, des semaines qu’elle ressasse mentalement ce qu’elle aura à leur annoncer: que celui qu’ils appellent papa et que les autres surnomment Mort est en réalité une femme, et que son prénom sera désormais Maura. Mais le soir venu, Maura n’en a pas la force. «Transparent», c’est le récit tout en délicatesse du coming-out de cette femme qui a vécue enfermée durant une soixantaine d’années dans le corps d’un professeur de sciences politiques fraîchement retraité, et qui étouffe dans sa grande villa de la banlieue chic de Los Angeles.
La série dépeint le quotidien de Maura et de ses trois enfants, qui eux aussi se cherchent: Sarah, l’aînée, trompe l’ennui de sa vie rangée de femme mariée et de mère de deux enfants en ayant une liaison avec une ancienne camarade du lycée, Josh, le cadet, collectionne les conquêtes, tandis qu’Ali, la benjamine, semble être restée bloquée à l’adolescence.
Révolution heureuse
Maura mène tranquillement sa révolution heureuse, suscitant l’empathie, l’étonnement voire l’amusement autour d’elle. Pas de rejet, pas de cassure dans cette famille excentrique et névrosée mais une poignée de non-dits qui volent en éclats et vont pousser les proches de Maura à rebattre les cartes, à prendre eux aussi des décisions courageuses, à changer de cap, quitte à parfois le regretter…
La série est signée Jill Soloway, scénariste de la géniale série Six Feet Under, qui s’est inspirée de sa propre histoire familiale. En effet, il y a quelques années, son père lui a annoncé qu’il était une femme. Diffusée aux États-Unis en 2014 sur la chaîne privée Amazon Prime, la série a remporté un tel succès – et au passage le Golden Globe de la meilleure série comique cette année – qu’une deuxième et troisième saison sont d’ores et dejà annoncées.
Le personnage attachant de Maura, aux antipodes des représentations télévisuelles souvent caricaturales de la transsexualité, et le message de tolérance que véhicule «Transparent» en ont même fait un outil au service de la communauté trans, comme l’expliquait Jill Soloway il y a quelques mois au magazine culturel français Télérama: «A mon grand plaisir, la série est aussi devenue un outil, utilisé par les jeunes trans, pour se faire comprendre de leurs parents. Jeffrey Tambor (l’acteur qui interprète Maura, ndlr) appartient à leur génération, ils saisissent mieux son personnage, apprécient sa douceur, sa gentillesse. Ils ont compris que sa «transition» n’est pas un acte d’agression. Et à travers lui, ils comprennent leurs enfants. Ce n’était pas ma volonté, mais «Transparent» est en train d’aider la cause trans à travers le monde.» Preuve que la télévision peut parfois être aussi une fenêtre sur le monde.
L’éclairage de Karine Espineira Chercheuse en sciences sociales, coresponsable de l’Observatoire des transidentités et auteure de l’ouvrage «Médiacultures. La transidentité en télévision».– Que pensez-vous du personnage de Maura?
Karine Espineira – C’est un personnage très positif, plein d’humour. C’est intéressant que sa transition soit ce qu’on pourrait appeler «tardive». Dans les années 1990, c’était le profil majoritaire des personnes qui faisaient leur transition, parce qu’elles n’avaient pas osé avant. La série permet donc aussi à une des premières générations de personnes trans à avoir fait leur transition de se reconnaître dans le parcours de Maura, bien que le cadre social ne soit plus le même.
– Pensez-vous que cette série peut aider à faire avancer la cause trans?
– Ce traitement de la transidentité est pour ainsi dire nouveau. Avant on s’intéressait aux opérations, au taux d’hormones, à quelle date vous aviez été opéré, etc. Dans cette série, la personne est inscrite dans un tissu relationnel, et non plus dans un cadre médical. De ce point de vue je pense que « Transparent » est susceptible de faire avancer la cause trans, conjointement à d’autres médiatisations comme celle de Laverne Cox par exemple, l’actrice de la série «Orange Is the New Black».
– Vous expliquez dans votre livre que le traitement médiatique de la transidentité verse souvent dans la «glamourisation» ou le misérabilisme. «Transparent» parvient-il à éviter ces écueils?
– L’histoire de Maura, elle est banale et extraordinaire à la fois. Elle est banale parce que c’est une transition assez courante dans les communautés trans. Elle est extraordinaire parce qu’on est encore une fois dans un bouleversement du genre, des attitudes. Son histoire n’est pas celle d’un deuil mais d’un épanouissement. Et dans ce sens là, c’est une histoire extraordinaire parce ce n’est pas forcément une histoire qu’on voit ou qu’on vit tous les jours. La majorité des gens ne connaissent les personnes trans que par les représentations médiatiques, elles n’en ont pas forcément rencontrées en vrai, et tout l’imaginaire qu’elles construisent autour des personnes trans, elles ne le font que par l’intermédiaire des médias.
» Karine Espineira «Médiacultures. La transidentité en télévision» (L’Harmattan, 2015)
Worlds to get lost in: Wetware: Cyberpunk Erotica ($3.89)
Gratitude to our sponsor in Spain, women-run Lust Cinema.
The Department of Homeland Security, keeping America safe, one anus at a time. #rentboy http://t.co/MZ4dXeBEad pic.twitter.com/D7XTlu5ISI
— Christopher Moraff (@cmoraff) August 27, 2015
Thank you to our sponsor, Nubile Films.
I can't believe you wipe arses for a living. I would NEVER want to be a care home worker. It should be criminalised. #jobstreatedlikesexwork
— Pandora Blake (@pandorablake) August 25, 2015
Thank you to our sponsor in Holland, Abby Winters.
Thank you to our sponsor and friends, Pink Label TV.
The post Sex News: Rentboy raid, a real bionic penis, Ashley Madison’s fake female profiles appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
Alors que le parlement français est en cours d'adoption d'un nouveau cadre législatif visant à lutter de manière efficace contre le système prostitutionnel, M. Philippe Saurel, Maire de Montpellier, Président de Montpellier Méditerranée Métropole et candidat aux élections régionales, vient d'annoncer un futur arrêté destiné à limiter les troubles liés à la prostitution.
Si nous pouvons entendre les soucis des riverains, souvent avancés pour justifier ce genre d'arrêté (entendre bruit de voitures et préservatifs usagés), nous ne pouvons nous empêcher de rétorquer que ceux-ci sont généralement causés par les clients prostitueurs.
De plus, ces nuisances ne peuvent égaler l'indignation que doit susciter l'esclavage sexuel que subissent ces femmes nigérianes, roumaines, bulgares et françaises victimes pour la plupart de proxénétisme et de traite des êtres humains.
Face à cette prostitution de rue bien connue des Montpelliérains, la réponse facile, celle que Monsieur Saurel semble choisir, consiste à éloigner le problème. Nettoyer le paysage (et c'est bien de cela qu'il s'agit) réduirait certainement localement pour une période les troubles à l'ordre public mais aggraveraient les conditions déjà difficiles des personnes prostituées :
L'arrêté anti-prostitution n'est en réalité qu'une pâle copie du délit de racolage, qui n'a pas permis en 10 ans de lutter concrètement contre le développement de la prostitution dans les rues de notre ville.
De nombreuses collectivités s'engagent dans des campagnes visant à dissuader le clientélisme et placent toute leur énergie dans la lutte contre le proxénétisme. Monsieur Saurel, pourquoi ne pas utiliser les effectifs que vous comptez mettre en place contre les troubles liées à la prostitution pour la lutte contre le proxénétisme et le clientélisme ?
Si nous réalisions un micro-trottoir dans la rue à propos du viol, les mots ne seraient pas assez forts pour en parler. On nous évoquerait ce "crime abominable", qui "détruit la vie des femmes" et dont "elles ne peuvent jamais se remettre". Le violeur serait qualifié de "monstre", de "salopard", "d'être inhumain", qu'il faut "enfermer à vie", voire "tuer" ou "castrer". Si nous parlions de viol sur des mineur-es de moins de 15 ans, les réactions seraient encore plus violentes et virulentes.
Si nous interrogions ensuite sur les gens sur ce qu'est pour eux un viol, la définition serait sans doute la suivante : "une jeune femme court-vêtue rentrant chez elle tard le soir, violée par un inconnu armé d'un couteau". Nous savons que ces représentations sont fausses mais elles ont profondément ancré nos esprits et il est extrêmement difficile de se sortir de l'esprit cette image pour se rappeler que le viol a davantage lieu dans un lieu privé et par une connaissance. Pourtant nous sommes à peu près toutes et toutes convaincues, que si nous ne condamnons pas tous les viols, nous condamnons les plus terribles, les plus violents, les plus atroces.
Lydia Gouardo est née en 1962. Son père légitime Raymond Gouardo la viole entre 1971 et 1999, date à laquelle il meurt. Elle fera plusieurs fugues, tentant de chercher secours auprès de différents services sociaux ou de la gendarmerie. Elle sera toujours renvoyée chez son père. Elle aura six enfants de ses viols ; elle écrit en 2008 un livre Le silence des autres et en 2014, Léonore Le Caisne, ethnologue au CNRS, publie Un inceste ordinaire. Et pourtant tout le monde savait.
Dans la cité où vivait cette famille, les enquêtes ont montré que beaucoup de gens savaient.
Les extraits qui suivent sont extraits de l'article de Léonore le Caisne, paru dans la revue Ethnologie française.
- "Ben évidemment ! s’écrie ainsi l’ancienne secrétaire de mairie. Quand on dit dans les journaux que tout le monde savait et que personne n’a rien fait, tout le monde savait, c’est vrai… Tout le monde savait que les enfants, c’était de son père !"
- "Y a que les anciens, qui savent !, lance un agriculteur. C’est vraiment des vieilles souches qui sont d’ici. Puis après y en a qui sont parties et qui sont revenues, mais… Mais vraiment qui ont connu l’histoire du pays…"
- "Bah on le voyait bien, y a personne d’autre qui venait, quand même ! Y a personne d’autre qui venait, parce que personne n’avait le droit de rentrer. Y avait jamais un mec qui rentrait la‑dedans."
- "On disait que c’était lui le père. Mais vous savez, les bruits… Moi, au début, je disais : « Non », puis après, à force de la voir enceinte, tous les enfants se ressemblaient, et elle n’avait pas de mec, alors… [rires]"
- "Nous, si vous voulez, on l’a su par des rumeurs. Comme on allait faire nos courses à Super M., et bon, c’est vrai que quand on rentrait à Super M. et qu’il était devant nous, les filles qui étaient à la caisse, elles disaient entre elles : « Tiens, c’est lui qui fait les gosses à sa fille ! » Et nous, c’est comme ça qu’on l’a su."
Si nous interrogions des gens au sujet d'un homme qui viole sa propre fille pendant des dizaines d'années et la met enceinte un grand nombre de fois, aucun mot ne serait pas assez dur pour le qualifier. Sans aucun doute certains arriveraient à se demander pourquoi elle est restée en ignorant les phénomènes d'emprise, la séquestration, la torture subie par cette jeune femme - en plus des viols - mais chacun s'accorderait à reconnaître que ce père est définitivement un monstre à enfermer. Dans les faits, cela n'est pas ce qu'il s'est passé. Les institutions savaient. Les voisins savaient. L'école savait, les gendarmes savaient, les médecins qui ont examiné ses blessures savaient, les éducateurs savaient, tout le monde savait. La tentation serait évidemment grande de se dire que cela ne se passerait pas comme ca "ailleurs", que là-bas c'étaient des "paysans", des "arriérés" mais que nous au moins on aurait agi différemment. Et pourtant les faits sont têtus ; des gens, sans aucun doute très semblables à nous, ni pires ni meilleurs que nous, se sont tus devant ce qui était un viol incestueux se déroulant quasiment sous leurs yeux. Pire ils en ont ri, pire ils ont fait des commérages, pire ils ont opéré des constructions mentales entre ceux qui savent "les vrais habitants, les anciens" et ceux qui ne savent pas "les nouveaux". Dans notre culture pourtant, comme dans bien d'autres, l'inceste - surtout entre parent et enfant - est dénoncé comme un tabou absolu, comme l'horreur ultime. Mais la réalité est têtue face aux objections de façade ; tout un pan de notre société n'a pas agi pour mettre immédiatement fin aux viols commis par cet homme. Cet homme a pu violer, séquestrer et torturer sa fille très longtemps et beaucoup de gens lui ont trouvé des excuses en expliquant par exemple que "Il avait sa personnalité un peu dure, mais j’aime bien les gens comme ça. Bon, il était peut‑être dur avec elle, mais faudrait voir comment elle était aussi. Les maillots, les décolletés, pour quelqu’un qui était si maltraité… Faut faire la part des choses. Ça se trouve, c’est peut‑être une fille qui voulait ce qu’elle voulait…" Même dans un cas donc d'inceste sur des dizaines d'années, il faut encore atténuer l'horreur des faits et encore excuser.
En 1977, Roman Polanski est arrêté ; il aurait mis de la drogue dans du champagne qu'il aurait fait boire à une adolescente de 13 ans, Samantha Geiner . Il l'aurait ensuite violée, bucalement, vaginalement et analement. Au terme de la procédure, il sera finalement accusé de relations sexuelles illégales avec une mineure ; il fuira les Etats-Unis pendant sa libération sous caution et ne sera jamais jugé pour ses crimes. Alain Finkelkraut écrivait "ce n'était pas une fillette, une petite fille, une enfant, au moment des faits" ; doit-on en conclure que ce genre de comportements aurait été acceptable avec quelqu'un qui n'était pas une fillette ? Et Costa Gavras de dire "elle en faisait 25" ; là encore on peut se demander s'il serait alors licite selon lui de violer une femme de 25 ans. Lorsque Polanski a été arrêté en Suisse, une pétition comportant des dizaines de signatures a demandé sa libération. Polanski est régulièrement reçu à Paris, on lui donne des prix, il est interviewé et donne son avis sur tout et rien. Il ne s'agit pas évidemment de se dire qu'on devrait enfermer Polanski à vie pour des actes commis il y a 40 ans. Il s'agit plus simplement de remarquer le gap entre ce que nous pensons du viol de mineure de moins de 15 ans et nos réactions lorsque de tels actes sont commis. Si nous interrogions les gens sur l'idée qu'un adulte puisse droguer une mineure de moins de 15 ans pour la sodomiser, là encore, les mots seraient sévères ; on parlerait de l'envoyer en prison, sans nul doute certains souhaiteraient qu'il lui arrive la même chose. Rien de tout cela ne s'est passé ici. Polanski a fui, il a échappé à la justice et collectivement nous montrons que cela n'est pas très grave puisque nous continuons à lui donner des prix, à le féliciter pour ses films ou à l'interviewer. Pire nous cherchons des excuses à son comportement en blâmant sa victime, la mère ou l'époque sans jamais nous demander pourquoi tout d'un coup nous sommes si timorés. Nous serions furieux qu'on ose nous dire que nous excusons le viol d'adolescentes droguées mais pourtant quel signe a renvoyé la société française face à ce viol ? A quel moment avons-nous par exemple collectivement dit que même si nous pouvons apprécier le travail de Polanski, nous condamnons sans aucune équivoque ce qu'il a commis ?
2014-2015. Des soldats de l'ONU - dont des français - sont accusés d'avoir violé des enfants entre 8 et 15 ans en Centrafrique : l'affaire est révélée par la transmission d'un rapport confidentiel de l'ONU. Pendant un an, l'ONU et l'UNICEF ont mené des entretiens avec les enfants faisant état de violences sexuelles. Ces entretiens n'ont pas déclenché d'enquête, ni amené qui que ce soit à offrir protection ou aides aux enfants concernés. L'un des enfants interrogés révélait ainsi continuer à être violé alors que l'enquête de l'ONU avait - normalement - commencé.
Paula Donovan, co-directrice du groupe Aids Free World déclare "The UN’s instinctive response to sexual violence in its ranks – ignore, deny, cover up, dissemble – must be subjected to a truly independent commission of inquiry with total access, top to bottom, and full subpoena power". ("La réaction instinctive de l’ONU aux violences sexuelles commises dans ses rangs – consistant à ignorer, nier, dissimuler puis feindre – doit faire l’objet d’une commission d’enquête véritablement indépendante, disposant d’un accès illimité, à tous les échelons, ainsi que d’un pouvoir complet d’assignation.")
Deux soldats français ont été suspendus par l'armée française pour le viol d'une enfant de 5 ans au Burkina Faso. Ils n'ont pas pour autant été arrêtés. Alors qu'il y avait un rapport sur ce viol l'ONU avait négligé d'en prévenir l'armée française. Il y a quelques jours, Amnesty international a demandé l'ouverture d'une enquête pour des homicides et un viol commis par les casques bleus à Bangui. Comme le souligne Lauren Wolfe, l'allégation de viol n'est pas prise au sérieux. Roméo Dallaire, chef de la mission de maintien de la paix au Rwanda durant le génocide de 1994 parle quant à lui d'une culture du silence quant aux exactions commises par les casques bleus.
Imaginons-nous, nous interroger sur le viol d'enfants de 5 ans par des militaires armés, chargés d'assurer leur protection. Demandons-nous quelles seraient nos réactions face à de tels actes ; on imaginerait des marches blanches et des appels au lynchage et des déclarations de principes la main sur le cœur. Et pourtant beaucoup de rapports nous montrent que l'ONU n'intervient pas pour enquêter face à ces abus. De très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux - trop nombreuses pour qu'on puisse les éluder - justifiaient l'existence de ces viols par la "situation de stress très dure vécue par les soldats" (on imagine que les réfugiés, eux, ont des conditions de vie tranquilles). D'autres expliquaient encore que les africains mentent et inventent des choses afin d'extorquer de l'argent aux blancs. Encore une fois, la réalité des faits se heurte à nos représentations mentales. Dans notre esprit, nous sommes totalement choqués par la pédocriminalité et nous serions outrés qu'on puisse penser le contraire. Dans la réalité, le sort d'enfants africains noirs nous est complètement indifférent. Dans nos rêves les plus fous de pourfendeurs du viol, le viol d'un enfant doit être puni ; dans la réalité le viol d'un enfant de 5 ans qui a été filmé entraine pour l'instant la simple suspension des soldats et de vagues déclarations de principe de Ban Ki-Moon.
Nous pourrions multiplier les exemples. Nous pourrions évoquer des dizaines d'exemples où les faits correspondent exactement à nos représentations mentales du viol.
Nous savions déjà que les viols les plus communs, les plus courants ne sont que peu condamnés, tant par la justice que socialement. Nous savions qu'être violée par une connaissance ne fait pas de vous une "bonne victime de viol" car dans nos représentations mentales le viol ne ressemble pas à ce genre d'actes. Mais nous nous pensions impitoyables face à ce que nous appelons parfois "de vrais vols" ; les viols sur mineurs, la pédocriminalité, les viols sous la menace d'une arme ou les incestes.
Nous nous pensions impitoyables face aux viols d'enfants par des hommes lourdement armés. Nous nous pensions impitoyables face au viol d'une fille par son père sur une dizaine d'années. Nous nous disions fermement que droguer une adolescente pour la violer était un comportement extrêmement répréhensible.
Il n'en est rien. Ces exemples, qu'on pourrait multiplier à l'infini montre combien collectivement nous sommes au fond très tolérants face aux violences sexuelles. Nous trouverons toujours des excuses aux violeurs et toujours des responsabilités aux victimes quelle que soit la gravité du viol. Il serait aisé de se dire que nous ne sommes pas concernés ; que ce sont d'autres gens qui pensent ainsi mais que nous, nous les condamnons. Mais si tous et toutes nous réagissons ainsi, si tous et toutes nous continuons à nous dire que l'impunité face aux violences sexuelles n'existe pas, qu'il n'existe pas de culture du viol alors les viols continueront dans la plus grande indifférence. Nous avons beau jeu de condamner les viols commis par l'Etat islamique, nos mots ne sont pas assez forts pour dénoncer ces "barbares" qu"'il faudrait "exécuter". Mais pourquoi nos perceptions changent-elles quand nous sommes concernés ? Pourquoi ne sommes nous pas aussi prompts à juger lorsque des cas fort similaires arrivent en Occident ? La vérité - aussi culpabilisante soit-elle - est que les violences sexuelles ne sont pas vraiment un problème pour nous. La vérité est que nous nous en accommoderons toujours, quitte à distordre la vérité dans tous les sens. Les positions de principe, à agiter les bras en tout sens en hurlant que le viol c'est mal, ont fait long feu.
The post De la tolérance envers le viol appeared first on Crêpe Georgette.
http://yagg.com/2015/08/26/rentboy-com-attaque-pour-promotion-de-la-prostitution-que-fait-la-communaute-gay-par-thierry-schaffauser/|La police américaine a débarqué le 25 août dans les locaux de la compagnie afin d’arrêter son boss et tous ses employés. Ils sont accusés de tenir un «bordel sur internet» et risquent jusqu’à 5 ans de prison. Le Français Thierry Schaffauser, travailleur du sexe syndiqué, signe une tribune où il défend ce site. Il appelle à une mobilisation contre une vague de prohibitionnisme.
http://yagg.com/2015/08/26/rentboy-com-attaque-pour-promotion-de-la-prostitution-que-fait-la-communaute-gay-par-thierry-schaffauser/|La police américaine a débarqué le 25 août dans les locaux de la compagnie afin d’arrêter son boss et tous ses employés. Ils sont accusés de tenir un «bordel sur internet» et risquent jusqu’à 5 ans de prison. Le Français Thierry Schaffauser, travailleur du sexe syndiqué, signe une tribune où il défend ce site. Il appelle à une mobilisation contre une vague de prohibitionnisme.
La scène d’horreur a tourné en boucle hier sur toutes les télévisions américaines. Une journaliste et un cameraman d’une station locale de Virginie abattus en direct, durant un duplex matinal, tandis que leur invitée était blessée par balle.
Ancien collègue
L’auteur de la fusillade a tenté de se suicider avant d’être arrêté par les policiers. Il est mort peu après, à l’hôpital. Vester Lee Flanagan avait brièvement été un ancien collègue des deux victimes. Embauché en 2012, il avait été licencié l’année suivante dans des conditions houleuses. La police avait été appelée à la rescousse pour le raccompagner hors des bureaux de la station.
Il avait alors entamé des poursuites contre son employeur pour discrimination, comme il l’avait fait avec une autre chaîne qui l’employait à la fin des années 90. En vain.
Déclencheur
Flangan ne cachait pas sa haine à l’encontre d’Alison Parker, une des deux victimes. La chaîne l’aurait embauchée alors qu’elle avait tenu des «propos racistes», selon lui. De fait, dans un manifeste fleuve de 23 pages envoyé à ABC News, Flanagan a expliqué avoir été victime de harcèlement raciste et homophobe sur son lieu de travail, en tant que Noir et gay.
L’homme de 41 ans cite la tuerie de Charleston, perpétrée en juin par un jeune militant proche du Ku Klux Klan dans une église de la communauté noire, comme le déclencheur de son passage à l’acte. «C’est la goutte qui a fait déborder le vase… mais ma colère n’avait cessé de grossir. J’ai été comme un baril de poudre humain, sur le point de faire BOUM.»
«Terroriste gay»
La dérive de Flanagan rappelle celle de Floyd Corkins. Ce jeune Noir avait fait irruption, armé, dans les bureaux du Family Research Council à Washington, le 15 août 2012. Cet ancien bénévole au sein d’un centre LGBT voulait commettre un massacre afin de se venger de l’activisme de cette organisation contre le mariage égalitaire. Il avait été maîtrisé après avoir blessé un garde. Corkins a été condamné à 25 ans de prison.
La scène d’horreur a tourné en boucle hier sur toutes les télévisions américaines. Une journaliste et un cameraman d’une station locale de Virginie abattus en direct, durant un duplex matinal, tandis que leur invitée était blessée par balle.
Ancien collègue
L’auteur de la fusillade a tenté de se suicider avant d’être arrêté par les policiers. Il est mort peu après, à l’hôpital. Vester Lee Flanagan avait brièvement été un ancien collègue des deux victimes. Embauché en 2012, il avait été licencié l’année suivante dans des conditions houleuses. La police avait été appelée à la rescousse pour le raccompagner hors des bureaux de la station.
Il avait alors entamé des poursuites contre son employeur pour discrimination, comme il l’avait fait avec une autre chaîne qui l’employait à la fin des années 90. En vain.
Déclencheur
Flangan ne cachait pas sa haine à l’encontre d’Alison Parker, une des deux victimes. La chaîne l’aurait embauchée alors qu’elle avait tenu des «propos racistes», selon lui. De fait, dans un manifeste fleuve de 23 pages envoyé à ABC News, Flanagan a expliqué avoir été victime de harcèlement raciste et homophobe sur son lieu de travail, en tant que Noir et gay.
L’homme de 41 ans cite la tuerie de Charleston, perpétrée en juin par un jeune militant proche du Ku Klux Klan dans une église de la communauté noire, comme le déclencheur de son passage à l’acte. «C’est la goutte qui a fait déborder le vase… mais ma colère n’avait cessé de grossir. J’ai été comme un baril de poudre humain, sur le point de faire BOUM.»
«Terroriste gay»
La dérive de Flanagan rappelle celle de Floyd Corkins. Ce jeune Noir avait fait irruption, armé, dans les bureaux du Family Research Council à Washington, le 15 août 2012. Cet ancien bénévole au sein d’un centre LGBT voulait commettre un massacre afin de se venger de l’activisme de cette organisation contre le mariage égalitaire. Il avait été maîtrisé après avoir blessé un garde. Corkins a été condamné à 25 ans de prison.
Et oui, j’ai pris une grande pose au grand dam de mes lecteurs et lectrices qui me harcelaient pour avoir des nouvelles. J’avais besoin d’un break estival, le voila terminée, moi tout bronzé, et prêt à repartir dans une nouvelle saison ! Et je reviens avec un sacré stock de nouveautés qui vont vous plaire,…
Cet article Les vacances sont terminées est apparu en premier sur NXPL.
Issue du mouvement New Age – qui prétend remettre les humains en contact avec la nature – la chamane française Flo Kardinal propose à Paris un atelier destiné aux personnes qui souhaiteraient faire l’expérience physique de leur animalité.
La chamane et chorégraphe française Flo Kardinal – alias Flo White Wolf –anime à Erosphère – «festival participatif des créativités érotiques» –, du 27 au 30 août 2015, un atelier «Invocations animales et érogènes» destiné dit-elle à «pratiquer la canalisation avec votre animal». Ainsi qu’elle l’explique : «cela agit comme un masque et vous sortez de vos inhibitions, si vous en avez. Vous êtes portés par une énergie physique et une dimension d’approche, une gestuelle. Cela décuple vos savoir-faire et votre séduction car vous êtes dans la sphère du lâcher prise donc du pouvoir de l’instant. Vous devenez magnétique et sensuel.» Les explications ne sont pas très claires (euphémisme), mais – ainsi que Flo l’indique – «Nous sommes dans l’espace de la sensation» : il faut le vivre pour le comprendre.
Pour le comprendre, il faut aussi probablement être familier de ces mouvements issus de la contre-culture californienne des années 60 : Flo Kardinal fait partie de cette génération de thérapeutes désinhibés qui mélangent transe et danse, cercles de tambour et programmation neuro-linguistique, dans un joyeux cocktail d’ésotérisme et de techniques brevetées. Sur le site du festival Erosphère, l’atelier est ainsi présenté : «Que nous disent et évoquent en nous les parades amoureuses animales, métaphores de nos relations de séduction, ou encore les rapports entre prédateur et proie ? A travers une expérience de guidance, inspirée des traditions chamaniques et de la création chorégraphique, de nouvelles ressources pour nos désirs et stratégies.» Pour comprendre ce sabir (euphémisme), mieux vaut commencer par le début. Qui est Flo Kardinal ?
Flo Kardinal a «la quarantaine passée». Elle est née à Béziers. Elle a grandi dans le sud de la France entre une mère professeur d’éducation physique et un père entrepreneur, «issu d’un milieu très pauvre». Ses parents ne s’entendent pas bien. Les disputes sont constantes. Flo se réfugie dans la danse. «J’étais une enfant qui écoutait le silence, j’aimais la Nature, chanter, danser, célébrer avec mon corps et ma voix ce que je ressentais. Très rapidement j’ai trouvé dans l’expression du corps le remède à mes souffrances et peurs.» Artiste autodidacte, elle étudie successivement : le «Reiki chamanique», les «accords toltèques selon Don Miguel Ruiz», la «bioenergie» et les chakras, puis les «techniques de visualisation» avant de suivre une formation de «thérapeuthe en Soins par le Chant Vibratoire® avec Matilda Aeolia». Par ailleurs, elle est «transmetteuse en France de la Planetary Dance selon Anna Halprin».
Vers l’âge de 30 ans, Flo Kardinal se met à «travailler par rapport à l’animal». Elle crée une pratique LA SECOUSSE LIBRE®™ «dans laquelle j’ai mis en place des stratagèmes et des outils (les visualisations, la transe, la roue des directions, les rêves éveillés) qui potentialisaient ma créativité en tant qu’artiste et me guérissaient ainsi de mes peurs et souffrances en tant qu’être humain». Après quoi, elle entame la «formation “Walking the Shaman’s Path“, voie de guérison et de connaissance de Patricia White Buffalo, une chamane amérindienne» basée en Californie. C’est là que Flo récolte son nom de guérisseuse «Flo White WOLF» en référence à son animal totem, le loup blanc. «La formation en elle-même ne “vise“ pas à trouver son animal de pouvoir mais à constituer son espace de guérisseur, précise Flo. Chacun y est confronté dans ses voyages chamaniques. L’animal de pouvoir est celui qui vous correspond le plus énergétiquement et spirituellement».
«L’animal de pouvoir», ainsi que Flo le définit C’est celui qui «permet au chamane de résoudre les questions et problèmes que lui posent son “client“ en se substituant à lui…». Il faut le distinguer de «l’animal totem, qui porte en lui, pour une personne considérée, les espaces de sa guérison» et de «l’animal médecine, qui vous aide pour une personne précise lors d’un soin spécifique. Il est le médecin de ce problème pour cette personne pour ce moment. Il aide le chamane en sus de son l’animal attitré de ce dernier.» Tout cela est compliqué, comme on voit.
La difficulté va grandissant lorsqu’on demande à Flo comment faire pour identifier son animal. S’agit-il d’imiter un animal jusqu’à avoir l’impression qu’on le devient ? «Non … !». S’agit-il d’un jeu de rôle ? Non plus. «Nous sommes dans la dimension organique loin du mental et de l’analyse, c’est la raison pour laquelle j’amène les gens dans ces espaces au moyen de la transe. Donc on ne peut pas parler véritablement de jeu de rôle, il n’y a pas cette distance du raisonnement. On revient vers son état naturel et sauvage, nous sommes dans le ressenti, le corps, les cellules. Dans l’espace de ce que je nomme la “transe-formation“».
Tout cela n’aide guère. Afin de comprendre, au moins, en quoi va consister l’atelier, je demande à Flo les détails du déroulement : «Il y a aura une préparation corporelle spécifique, roue de médecine singulière et thématique à traverser, des chemins de transe aménagés pour la circonstance afin que les personnes puissent lâcher prise en confiance, rencontrer leurs ressources et s’exprimer, des animaux guides que j’aurai choisi pour la circonstance. Mes instruments de musique : hochet, tambour, ma voix, une voyage chamanique guidé de fin de session».
A quels animaux les participants de l’atelier seront-ils confrontés ? Ne risquent-ils pas de choisir, tous et toutes, les «masques» les plus flatteurs, ceux de panthère, de lion ou de renard ? Qui assumerait d’être une poule ou, pire, un rat, voire une fouine dans cet atelier ? «Nous sommes dans la dimension organique encore une fois et pas celle du jugement, répond Flo. Les personnes rencontrent l’humilité et les secrets insoupçonnés de chaque animal. Ils l’abordent avec leur coeur».
Tout cela pourrait prêter à rire. Mais il n’y a pas vraiment de quoi. Ainsi que le souligne l’ethnologue Laetitia Merli, qui réalise actuellement un documentaire sur les chamanes français, il s’agit bien plus que d’une «mode» ou «du dernier gadget New Age» : «dans les médias et la publicité, l’omniprésence du spirituel à déjà gagné notre société en profondeur et, semble-t-il de façon durable. On ne peut nier une tendance générale à l’écolo-spirituel qui s’est imposée d’elle-même au fil des années. Le chamanisme n’est pas vécu aujourd’hui comme une survivance, un reste de quelque chose, mais au contraire comme un présent en marche, un avenir en train de se faire, au cœur des tendances individuo-globalisées. Le chamanisme est hypermoderne, post-exotique. Il fait la synthèse des imaginaires collectifs spirituo-mystiques actuels. Les grimoires de nos campagnes côtoient désormais les thankas tibétains et les plumes d’aigles des chamanes mongols.»
Peut-on parler d’un effet «Cloud» ? Dans ce village mondialisé, dominé par la world music et la world food, l’idéal nébuleux du Wellness ™ semble en passe de devenir la world therapy de demain. Elle pousse hors-sol comme les tomates modernes. Il n’y a pas de terreau. Les racines plongent dans un liquide nutritif breveté.
.
POUR EN SAVOIR PLUS
Du 27 au 30 août : EroSphère est le festival participatif des créativités érotiques. Cette initiative culturelle non-commerciale et artistique se consacre à la créativité érotique et au désir. Une équipe attentionnée de bénévoles déploie un cadre bienveillant, respectueux et joyeux. Il s’adresse à des personnes en démarche érotique, de toutes orientations. La dernière semaine du mois d’août, le festival EroSphère propose 18 ateliers créatifs, ludiques, initiatiques ou techniques accueillant chacun 30 à 40 participants autour de trois thématiques complémentaires, avec un final immersif le dimanche. Plus de renseignements ici.
Tarif : de 150 à 230€ le Pass pour les 4 jours du festival «IN» selon la date. Sur place, les billets seront en vente à 250€. Pass 1 ou 2 jours en cas de places restantes. Billetterie ici.
Aux Studios Micadanses : 15 Rue Geoffroy l’Asnier 75004 Paris.
LE SITE DE FLO KARDINAL : Flo Kardinal.org
LE DOCUMENTAIRE DE LAETITIA MERLI : présentation de Laetitia Merli sur Chamanisme.org ; «Aujourd’hui les chamanes»
ILLUSTRATION : Copyright photo : Claudia Waldmann. Photo prise sur le site de Flo Kardinal.
Alors que depuis, au moins 2012, des applications pour smartphones sont utilisées comme moyen de prostitution au Japon et surtout, plus grave, ont entraîné une montée de la prostitution des mineures, ici nombre de médias se posent clairement la question (ou est-ce qu’il fallait un sujet racoleur voire qui fasse peur ?) de savoir quand débarquera chez nous une application clairement dédiée à se commander les services d’une ou d’un escort.
Pour l’instant ce type de service n’est parvenu à développer que sur internet et encore relativement timidement. Il n’empêche, « Le Point » et « BFM TV » sont sur la brèche, prêts à lancer un « Breaking News » dont ils ont le secret.
Les premiers essais de ce « nouveau » produit « innovant » sont testés à Berlin (Allemagne). L’objectif est de proposer à des hommes et à des femmes de se prostituer avec des clients potentiels situés à proximité (quelle avancée technique magistrale !) grâce à la géolocalisation, sur le modèle de Uber. Après s’être enregistrés, les utilisateurs indiquent sur le site leur numéro de portable, l’endroit où ils se trouvent, l’heure souhaitée pour le rendez-vous. Ce n’est qu’après cet échange qu’ensemnble elles négocieront le tarif de le genre de prestation. Rien de bien neuf donc, sous le ciel sexuel marchant germanique où, comme dans la majorité des petits d’Europe la chose est soit légale, soit tolérée. En quelques clics, les recherches des éventuel(le)s client(e)s sont envoyé aux membres du site qui sont se proposent de louer leur corps pour une partie de co-voiturage en chambre.
Mais soyons clairs, nous ne parlons toujours ici que de services accessibles uniquement via le web. Et des sites d’escorts, d’annonces et de clubs de prostitution ayant pignon sur rue (selon les législations de chaque pays) sont légion depuis belle lurette sur la toile. La nouveauté tiendrait dans la géolocalisation, pas pratique avec un PC fixe, pas très discret avec un PC portable.
C’est oublier un peu vite que les stores de Android, Microsoft et surtout Apple devraient accepter que de telles apps soient présentent sur leurq plateformeq, qu’elles soient refusées à priori n’entrant pas dans les codes moraux de la pomme ou rapidement retirées chez Android qui procède différemment de son concurrent.
Il y a fort à parier que pour les relations sexuelles tarifées votre smartphone ne vous apportera rien de plus qu’un téléphone quelconque : il vous faudra continuer à composer le numéro.
Le reste n’est, pour l’instant, que fantasmes de journalistes victimes de la canicule de ce début d’été.
Francis Loup
Organisée comme en 2014 en plein cœur de l’été, afin d’éviter tout problème éventuel de crue, de profiter au maximum du soleil et d’animer un été encore trop souvent boudé par les organisateurs de soirées, la CROISIÈRE ÉLASTIQUE a pour la première fois complet, ce qui ne lui était jamais arrivé en 17 ans de soirées fétichiste, un signe supplémentaire que le nouveau duo désormais aux commandes de la NUIT ÉLASTIQUE (dont la croisière n’est qu’un édition annuelle exceptionnelle) a su retrouver la pleine voie du succès, et pas des moindres, même si ce retour en grâce se manifestait déjà régulièrement depuis plus de deux ans.
Vous trouverez une très belle série de photos de cet événement sur le site de l’événement (qui restera en ligne jusqu’à l’édition de l’été 2016) : www.croisiere-elastique.fr
Photo : Paradoxal Studio (www.paradoxal-studio.com)
Graphiste puis scénariste, Jérôme Fansten travaille actuellement à plusieurs longs métrages. Il a déjà publié Les Chiens du paradis et Les Chiens du purgatoire aux éditions Anne Carrière, L’amour viendra, petite ! aux éditions Flamant Noir.
Résumé
Des jumeaux se partagent la même identité, l’entité.
Enceinte après un viol, leur mère s’est enfermée chez elle et n’en est jamais ressortie. C’est là qu’elle leur a donné naissance. Un seul d’entre eux a été déclaré à l’état civil : Jérôme Fansten. Plus de trente ans après leur naissance, ils recherchent les cinq hommes qui ont violé leur mère. Leur but : la vengeance. Rien ne peut leur arriver, ils ne sont qu’un. Mais la vie est joueuse.
Extrait
15/09/2012
Tout est rose, les fringues, les sushis, la musique, même le vin - une muqueuse high-tech géante : Pathé organise une soirée promo pour l’un de ses blockbusters. Et c’est bruyant. Le nombre de naufrages dans l’industrie cinématographique ne pousse pas les vainqueurs à la modestie. Ni les vaincus, d’ailleurs. C’est l’un des rares domaines à ma connaissance où même les losers continuent de se prendre au sérieux.
La poussière ondule dans un rai de lumière. Paraît que 80 % de ces petites merdes en suspension sont des particules de peau morte. Ou des poils. Ou des fragments d’insectes.
Mon tee-shirt est humide. Autour de moi, à vue de nez, sept tonnes huit de Parisiens. La lumière vient de lampes Soleil Foscarini, mais les squames qui voltigent dedans avec leur cortège de pellicules et de dermatoses restent d’origine inconnue : je ne connais pas la moitié des enfoirés qui se trouvent ici.
La clim est en rade. Ou alors c’est moi qui suis nerveux. Je m’éponge le front.
Je m’appelle Jérôme Fansten. Je suis scénariste et romancier. Entre autres.
Mon client N° 1 court partout, plus fébrile encore que d’habitude.
Il me dit :
- T’as vu ce monde ! C’est pour quel film ?
- J’en sais rien.
- T’as ma came ?
De la cocaïne coupée avec du magnésium et du zinc, et un composé de vitamines B (B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9 et B12). Les jours où N° 1 tombe sous les 14/9 de tension, il mélange l’ensemble avec du sérum physiologique et se l’injecte en sous-cutané dans le gras du mollet. Ça lui permet de réaliser des films et de faire courir les techniciens dans tous les sens. Je lui vends sur commande et toujours des quantités suffisantes pour ne pas avoir à le ravitailler avant dix jours.
N° 1 lève le bras et se fige. Un paratonnerre n’attend pas l’orage avec moins de rigidité. Dans le fond, un orgue synthétique balance une toccata post-rock qui fait trembler les murs.
N° 1 me dit :
- Tu connais John Cazale ?
- Oui.
- Il n’a joué que dans cinq films. Conversation secrète, Le Parrain, Le Parrain 2, Un après-midi de chien et Voyage au bout de l’enfer.
- …
- Ce sont les seuls films dans lesquels il a joué. Rien que des chefs-d’œuvre !
N° 1 éclate de rire et me donne une grande claque dans le dos :
- Tu te rends compte ? CE MEC A PROPORTIONNELLEMENT LA FILMOGRAPHIE LA PLUS DINGUE DU CINEMA !
Hum… ? Reprenons…
La poussière ondule dans un rai de lumière. Des fragments d’insectes. Ou des PNC, des particules de 0,5 à 30 microns… ou…
La toccata me fait mal au bide et je m’éloigne des caissons de basse. Une journaliste m’intercepte. On discute. Impossible de lui cacher les blessures d’ego du scénariste, dont personne ne peut se passer mais que tout le monde utilise comme fusible ou comme paillasson.
Je lui dis que, d’un point de vue éthologique, le scénariste se distingue par la complexité de son statut social, l’utilisation d’un langage articulé trop élaboré pour 99 % de ses interlocuteurs, ainsi que l’aptitude de son système cognitif à l’abstraction et à l’introspection - voire au je-m-en-foutisme ou à la putasserie, surtout dans le cinéma français où tout le monde se torche de dramaturgie.
Elle me dit :
- Ça vous fait quoi de cracher dans la soupe ?
Je lui dis :
- C’est un très bon moyen de la rallonger.
Elle sourit. C’est fun d’être fun. Juste après le sadisme, le cynisme est LE trait du hype contemporain.
Elle me dit :
- Vous êtes drôle…
Evidemment. Je lui dis :
- Vous connaissez Donald Westlake ?
- Qui ?
- Westlake.
- Ça me rappelle quelque chose.
Elle ajoute, tout sucrée, en tortillant une mèche de cheveux :
- Il a fait quoi exactement ?
- Des polars.
Des polars et des romans noirs, parmi les plus corrosifs. Je lui cite du Westlake dans le texte :
« Très bien. Parlons du comique. C’est quoi, le comique ?
- Faire rire les gens.
- Oui, mais allons plus loin. C’est quoi le comique, vraiment ?
- Une forme d’acceptation. L’auteur comique fait rire les gens. Alors ils ne le tuent pas. »
Elle me regarde. Je la regarde. Enfin, je regarde surtout la blonde qui passe derrière elle. Une Barbie toute de porcelaine et de silicone. La carcasse est d’occasion, le sourire, en revanche, est flambant neuf. Et trop spontané pour dissimuler les peurs de la veille : la bimbo a galéré pour arriver là, elle avance dans les strass et la lumière sans cacher son bonheur. Déjà les mâles s’échauffent la braguette à l’idée d’abuser de sa confusion.
La journaliste attend que je relance la conversation. Je l’intéresse, forcément, puisque j’ai l’air de lui donner de l’importance. Elle porte une veste de smoking en laine, et satin The Kooples et un pantalon en coton Versace - la hanche est large et donne à son cul la forme d’un porche gothique.
Mon avis
Comment vous présenter l’œuvre de Jérôme Fansten ? Si vous vous attendez à une écriture classique, vous allez être déçus. Laissez-vous faire, l’auteur va vous entraîner dans un univers noir où l’amour pourrait être l’unique porte de sortie.
Quelle plume ! Quel rythme ! Une couleur unique : le noir Fansten ! Je l’attendais. Et vous ?
Si vous n’êtes pas frileux, osez !
Manuel de dramaturgie à l’usage des assassins, Jérôme Fansten, éditions Anne Carrière 350 pages 21 €
Ecrivain américain habitué aux listes de best-sellers, Jeffery Deaver est l’auteur d’une vingtaine de romans, traduits en plus de trente-cinq langues. Il a été récompensé par les prix les plus prestigieux de la littérature policière.
Il est aussi connu pour sa série mettant en scène les personnages de Lincoln Rhyme et Amelia Sachs, réunis pour la première fois dans Le Désosseur, roman adapté au cinéma dans un film où étaient réunis Denzel Washington et Angelina Jolie : Bone Collector (réalisateur Phillip Noyce).
Mon avis
Où est le vrai ? Où est le faux ? Une nouvelle où vous ne trouverez pas de meurtres sanglants ou de psychopathes mais un suspense hitchcockien. Les personnages sont tous crédibles et en paraissent d’autant plus réels. Jeffery Deaver est redoutable, vous êtes prévenus !
De quoi passer un très bon moment de lecture.
Résumé
Hermosillo, Mexique.
Alonso Maria Carillo, dit Cuchillo (le Couteau), jouit d’une réputation de parrain cruel et très efficace. On ne lui connaît qu’un seul vice : sa passion pour les livres rares. Il en possède des milliers qu’il collectionne et conserve dans une immense bibliothèque.
Quand un contrat est mis sur sa tête, Evans et Diaz, les deux hommes chargés de le tuer, trouvent la solution idéale : le brûler au milieu de tous ses livres. Mais comment approcher Cuchillo et atteindre cette bibliothèque ?
Extrait
Mercredi
Ils s’étaient rencontrés pour la première fois la veille au soir et à présent, en ce milieu de matinée, ils commençaient enfin à se laisser un peu aller, à se détendre, à se faire confiance. Presque confiance.
C’était comme ça quand on avait pour coéquipier un inconnu et que vous aviez reçu l’ordre d’éliminer une cible.
- Il fait toujours une chaleur pareille, ici ? demanda P. Z. Evans en plissant les yeux à cause du soleil.
Ses Ray-Ban aux verres teintés ne lui étaient d’aucune utilité.
- Non.
- Heureusement.
- En général, il fait encore plus chaud, répondit Alejo Diaz avec un accent chantant.
- Sans déconner.
C’était le mois de mai et il faisait trente-six degrés. Ils se trouvaient sur Zaragoza Plaza, une place
pittoresque où trônaient les statues de deux hommes austères ; des généraux, avait appris Evans. Il y avait aussi une cathédrale.
Et puis ce soleil… brûlant comme une nappe de pétrole en feu.
Evans avait pris l’avion pour Hermosillo à Washington, la ville où il vivait quand il n’était pas en mission. Là-haut, dans la capitale, la température était agréable et avoisinait les vingt-trois degrés.
- Il peut faire assez chaud, en été, reprit Diaz.
- Assez chaud ? répéta Evans.
- Amis en même temps… T’es déjà allé en Arizona ?
- J’ai joué au golf à Scottsdale, une fois.
- Scottsdale, c’est à environ cinq cent cinquante kilomètres au nord. Imagine. On est en plein milieu du désert ici. C’est obligé qu’il fasse chaud. Tu t’attendais à quoi ?
- J’ai joué seulement six trous, dit Evans.
- Quoi ?
- En Arizona. Pour que j’arrête au bout de six trous… J’ai cru que j’allais crever. Pourtant, on avait commencé la partie à sept heures du matin. Tu joues au golf ?
- Moi ? T’es dingue ! Il fait trop chaud ici, répondit Diaz en souriant.
Evans sirotait un coca en bouteille dont il avait soigneusement essuyé le goulot avec une lingette désinfectante. On disait qu’Hermosillo, capitale du Sonora, était la seule ville du Mexique qui traitait son eau. La glace où l’on conservait les bouteilles était donc probablement sans risques.
Probablement.
Il essuya de nouveau le goulot. Il regretta de ne pas avoir acheté une mignonette de Jack Daniels en guise de désinfectant. Les lingettes donnaient un goût dégueulasse.
Diaz, lui, buvait du café, additionné de trois ou quatre sucres. Du café chaud, pas glacé. Evans n’arrivait pas à comprendre ça. Chez lui, il était accro à Starbucks et quand il se déplaçait dans les pays du tiers-monde, il buvait toujours du café (parce qu’on n’attrapait pas la dysenterie quand l’eau avait bouilli), mais ici, il n’en avait pas avalé une goutte. Il n’imaginait même pas toucher de nouveau à une boisson chaude. La sueur coulait sous ses bras, le long de son temps et de son entrejambe. Il était certain qu’il transpirait même des oreilles.
Châtié par le feu, Jeffery Deaver, éditions Ombres Noires 128 pages 6 €
Traduction de Périnne Chambon
En 1915, Samuel Dashiell Hammett est embauché par la Pinkerton, la plus grande agence de détectives privés américaine de l’époque. Ce nouveau job déterminera le reste de sa vie de manière décisive, puis sera la principale source d’inspiration de son œuvre future. Considéré comme le fondateur du roman noir, Dashiell Hammett est notamment l’auteur du Faucon Maltais, rendu célèbre grâce au film éponyme de John Huston.
100 ans plus tard, ce recueil lui rend hommage, à travers huit nouvelles décalées, mélancoliques, sociales, humoristiques ou politiques, mais toutes délectables.
Mon avis :
Des nouvelles à la saveur inégale dont certaines mériteraient d’être adaptées au cinéma telles que Poissons rouges, Chariot dans la neige, Jamais Plus ! et, ô combien, la très belle histoire de La fille de Big Bill Shelley.
A savourer au coin du feu, en buvant un bon whisky, par exemple.
Extrait choisi, La fille de Big Bill Shelley de Tim Willock
Titre original : The Daughter of Big Bill Shelley.
Traduit de l’anglais par Natalie Beunat
Je suis la femme la plus âgée d’Amérique, d’ailleurs c’est ce que les gens n’arrêtent pas de me seriner, comme si j’avais besoin d’être prise pour une bête curieuse. Après tout ce que j’ai vu dans ma vie, il m’est impossible de ressentir la moindre tendresse pour l’espèce humaine, même si j’avoue me souvenir d’un ou deux spécimens avec admiration.
Tu sais, je ne suis pas une de ces gentilles petites vieilles, pas plus que je n’ai été une gentille petite fille. Comme le disait mon père, « quand on est gentil, on se fait marcher sur les pieds », ce qui ne veut pas dire qu’il prônait la méchanceté, car je l’ai vu plus d’une fois partager son dernier morceau de pain avec celle ou celui qui mourait de faim. Pour ce qui est du pain, ou plutôt du sandwich, je te raconterai, en temps voulu, une autre histoire.
Quant à mon père, ils l’ont tué sous mes yeux, dans la rivière, le 6 septembre 1915, à Butte dans le Montana. Ils l’ont frappé à la tête avec le manche d’une hache. Ils l’ont encerclé et sont restés là, à rire et à boire pendant qu’ils le regardaient se noyer.
Je vais t’expliquer comment j’ai obtenu justice pour ce meurtre. Que j’y sois ou non parvenue, je te laisserai en juger, parce que moi, honnêtement, je ne sais plus. Me suis-je persuadée que j’avais réussi ? Fort heureusement, je n’aurai plus à me poser la question bien longtemps.
J’avais quatorze ans, et nous avions rejoint le Montana en grimpant dans des trains de marchandises de la Great Northern qui partaient de Saint Paul. Avant ça, nous étions remontés au nord, à Chicago, en empruntant l’Illinois Central au départ de Jackson, Mississipi, où mon père avait réorganisé le syndicat des ouvriers des abattoirs et les avait accompagnés au cours de leur première grève, courte mais sanglante. Et ils avaient gagné. Ce trajet représentait 3000 kilomètres en chemin de fer. Aujourd’hui, en avion, cela te prendrait quelques heures. Nous, il nous a fallu presque deux semaines, et ces wagons de marchandises nous secouaient les os, la cervelle et les reins sans discontinuer. Imagine-toi un peu les vigiles de la compagnie ferroviaire prêts à nous fendre le crâne chaque fois qu’on entrait en gare de triage, tandis que nous devions négocier le moindre bout de plancher avec toutes sortes de vagabonds, de desperados et de cinglés, et moi qui étais encore à apprendre à me débrouiller avec mes règles : oui, voilà ce qu’on appelle voyager à la dure.
Bon, tu dois te demander quel genre de père il était pour infliger de telles épreuves à sa fille ? Et je pourrais te répondre que ce ne sont pas tes oignons, mais je me contenterai de dire qu’il a été le meilleur père qu’une fille puisse avoir. Le meilleur de mon éducation, c’est lui qui me l’a donné, et cela bien qu’un peu plus tard je sois sortie diplômée de l’université de Stanford en Californie, avec mention très bien. A cette époque, je n’étais que la troisième femme à réussir à me hisser dans leur palmarès, juste parce que j’avais obtenu des résultats largement supérieurs à ceux de l’étudiant mâle le plus doué de la promo de cette année-là - 1924 -, ils n’avaient guère eu le choix, pas vrai ? Et je ne veux pas simplement dire par là que mon père m’a enseigné toutes les techniques de survie et comment avoir le courage de ses opinions, ce dernier point étant essentiel, et, au fond, le seul qui compte véritablement. Non. Mon père emportait plus volontiers des livres que des vivres et, dans ces wagons de marchandises, il m’a fait découvrir pas à pas les œuvres de Jack London et de William Shakespeare, de Charles Darwin et des sœurs Brontë, et, est-il besoin de le préciser, celles de Mark Twain et Karl Marx.
Hammett détective, Stéphanie Benson, Benjamin et Julien Guérif, Jérôme Leroy, Marcus Malte, Jean-Hugues Oppel, Benoît Séverac, Marc Vilard et Tim Willocks, éditions Syros 240 pages 15,90 €
C’est une première d’importance symbolique qui s’est déroulée hier, lundi 24 août, devant le Conseil de sécurité. Au cours d’une réunion informelle à huis-clos, cet organe capital de l’ONU s’est penché sur le meurtre d’homosexuels présumés par l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. Jamais encore le conseil de sécurité ne s’était réuni pour évoquer des questions LGBT.
«Les images et vidéos atroces qui documentent l’horrible violence de l’EI sont un rappel obsédant de la capacité humaine à faire le mal»
Selon les organisations de défense des droits des personnes LGBTI, une trentaine de personnes ont été précipitées du haut d’immeubles, lapidées ou décapitées au terme de procès expéditifs depuis l’automne 2014. Plusieurs de ces mises à mort ont été filmées et photographiées à fins de propagande par le groupe jihadiste. «Les images et vidéos atroces qui documentent l’horrible violence de l’EI sont un rappel obsédant de la capacité humaine à faire le mal», a estimé Chad Griffin, président de l’ONG américaine Human Rights Campaign. Sa collègue Jessica Stern, de l’International Gay and Lesbian Human Rights Commission, a soulevé que cette propagande était à même d’encourager les violences homophobes perpétrées par d’autres milices ou par des acteurs privés.
«Mon père aurait été heureux de me livrer à l’EI»
La réunion a notamment donné à entendre les témoignages de deux rescapés: un réfugié syrien ayant fui la ville d’Idleb et un Irakien, qui s’est exprimé par téléphone depuis un lieu non révélé. Pour Jessica Stern, leur histoire montre à quel point le déferlement de haine à l’encontre des LGBT dans la région «existe dans un continuum de violence et de discrimination avant, pendant et après le conflit». Elle a demandé la création de refuges en Irak même pour protéger les personnes visées et, à l’étranger, pour un meilleur accueil pour les demandeurs d’asile LGBTI.En plus des deux pays organisateurs de l’événement, les Etats-Unis et le Chili, les membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité ont tous envoyé un représentant à la réunion (Chine, France, Royaume-Uni et Russie, Espagne, Jordanie, Lituanie, Malaisie, Nigeria, Nouvelle-Zélande et Venezuela). Seuls l’Angola et le Tchad manquaient à l’appel, note RFI. «Aujourd’hui, une porte a été ouverte, s’est félicitée Jessica Stern. La communauté internationale doit comprendre la persécution anti- LGBT comme une composante de la façon dont l’EI traite ceux qu’il qualifie d’impurs.»
Lors de cette rentrée de septembre 2015, la Nuit Élastique semble vraiment vouloir marquer franchement le coup !
Après de nombreuses recherches, les organisateurs nous assurent avoir trouvé un lieu qui correspond idéalement à ce qu’ils recherchent depuis longtemps. Nous savions que depuis sa création la Nuit Élastique s’adresse aux fétichistes du vinyle, du latex et du cuir, et du simili-cuir par extension, depuis le début une grande importance a été donné à la piste de danse, à la musique et à créer des espaces à l’ambiance plus calme d’un point sonore afin de faciliter les conversations.
Très importante a été aussi celui la question des tarifs qui se voulaient, et le sont toujours, très abordables.
Depuis sa création la Nuit Élastique a toujours été ouverte à toutes les formes de sexualités pourvu que l’on soit fétichiste des matières telles que le vinyle, le latex et le cuir, toute autre forme de sexualité peut venir s’y adjoindre.
Ainsi vous pouvez être hétérosexuel, bisexuel, lesbienne, transsexuelle, travestie, peu importe. Depuis la création de la Nuit Élastique il y a plus de 17 ans, tout le monde est le bienvenu et même accepté les bras grands ouverts !
Il en est de même pour les personnes aimant porter des tenues en vinyle ou latex très originales, proches de la mode ou du cosplay, mais aussi des échangistes, des artistes alternatifs, des amateurs de bondage, de shibari, des amateurs de domination/soumission et même de sadomasochisme (plutôt soft).
Après plus de 17 ans d’existence, les organisateurs de la Nuit Élastique nous promettent un grand changement, un choc, une évolution attendue depuis longtemps : une énorme backroom avec toute une série de cabines où deux ou trois personnes pourront s’adonner aux plaisirs de la soumission et la domination, avec grand lit en latex rouge rehaussé d’un mètre, accessible des quatre côtés ce qui permettra aux dominatrices et au dominateurs d’offrir leurs soumises et leurs soumis à de plusieurs partenaires, avec une vraie croix de Saint-André et même un superbe sling. Le tout dans une ambiance de labyrinthe extrêmement sombre, mystérieuse, érotique et donc extrêmement hard.
Bien entendu, l y aura comme toujours un grand bar avec des prix démocratique qui iront de 4 à 8 €, il y aura toujours un endroit pour se changer, un vestiaire, tout le confort, des endroits calmes où l’on pourra discuter aisément et une piste de danse là nettement plus animée avec des jeux de lumière avec les DJ’s habituels de ces dernières années et leur son electro et techno.
La grande nouveauté sera donc cet espace « Fetish Hard » qui vient s’ajouter au reste grâce à une backroom d’enfer !
Rendrez-vous le samedi 5 septembre 2015 pour pour formule augmentée (sauf les tarifs) et améliorées.
Plan d’accès, réservations, photos, tarifs réduits, hôtels et parkings proches, hôtels pas chers, programme et informations complémentaires : www.nuitelastique.com
Le mot publicité évoque généralement l’image d’une pin-up dénudée posant près d’une voiture, d’un paquet de chips ou d’un déodorant pour homme. Parfois aussi, elle sert à vendre des bonnes causes. Est-ce légitime ? Scandaleux ? Faut-il condamner toutes les affiches sexy, sans distinction ?
«La plupart du temps, il est difficile de savoir pourquoi les publicitaires utilisent des photos de femmes à moitié nues pour vendre leurs produits», constatent deux journalistes du site BuzzFeed. Afin de prouver l’aspect parfois gratuit, voire inadéquat de certaines pubs, elles se sont amusées à supprimer le logo et le slogan sur l’image.
Pourriez-vous deviner ce que permet de vendre la photo d’une femme dont la culotte est tombée sur les chevilles ?
Celle d’une cuisinière qui enfourne une dinde, seulement vêtue de ses dessous ?
Trois réponses sont données au choix. Cliquez pour vérifier : l’exercice est assez drôle. On se trompe une fois sur deux ce qui prouve bien que les publicités jouent sur le décalage entre l’image et le produit. Parfois l’image est si totalement déconnectée du message vendeur que l’affiche fait l’effet d’une plaisanterie de très mauvais goût. Parfois, l’effet de surprise est tel qu’on ne peut s’empêcher de trouver la publicité réussie.
Mais sur BuzzFeed, sans faire la différence entre les publicités, sans même tenir compte du message qu’elles essayent de faire passer, la conclusion est sans appel : toutes ces publicités sont condamnables car – pour attirer l’attention – elles «objectifient» la femme. L’article est d’ailleurs sous-titré : «le sex(isme) fait vendre». Les commentaires qui apparaissent sous l’article soulignent cependant que parmi les pubs dénoncées sur BuzzFeed, il y en a certaines qui auraient dû être mises à part et bénéficier d’un droit à l’exception. Lesquelles ?
Celle de Pamela Anderson en bikini, posant pour la cause animale, sur une affiche de l’association PETA : «Tous les animaux ont les mêmes morceaux. Ayez un cœur. Devenez végétarien».
«Cette publicité pour PETA n’aurait pas dû être classée de la même manière que les autres, car elle a un impact positif sur la société. Il ne s’agit pas juste de montrer une femme dénudée», proteste Victoria.
«C’est pour une bonne cause, mais ça reste un moyen d’attirer l’attention des hommes en utilisant un corps de femme, répond Ryan. Je trouve ironique que pour faire passer un message végétarien on traite la femme comme de la viande.»
«Mais c’est justement là la subtilité du message, s’étrangle Bryony. PETA dénonce le fait que des femmes soient traitées comme de la viande et fait le parallèle avec les animaux en jouant sur la similitude du sort qui leur est réservé !».
Une dizaine d’autres commentaires suivent, sur fond de discordance. «PETA traite mieux les animaux que les femmes», affirme Erin. «Ils utilisent le sexe pour vendre une idée, ce qui est peut-être pire qu’utiliser le sexe pour vendre un produit. PETA use des mêmes techniques de propagande que les nazis allemands», clame Jennifer… «Moi je trouve terrifiant qu’ils parlent d’une femme comme d’un animal. Nous sommes des mammifères. Ça me rend malade, Pamela n’est pas un animal, c’est un être humain», s’indigne Rachel.
Une autre publicité suscite la controverse. Celle d’une mannequin (en bikini également) posant pour le don d’organe. Le slogan dit : «Devenir donneur représente probablement la seule et unique possibilité pour vous d’entrer en elle».
«C’est vraiment glauque», s’offusque une commentatrice nommée Alice. «Ce n’est pas glauque si vous pensez aux millions de gens qui attendent un organe dans l’espoir d’avoir la vie sauve, réplique Paula. Parfois, il faut en passe par le plus petit dénominateur commun pour attirer l’attention des gens sur des choses importantes».
«Oui, mais je trouve ça quand même glauque», répond Alice. Une troisième commentatrice, Parisah, s’en mêle : «Cette publicité pour le don d’organe me donne envie de pleurer. Comment peut-on légitimer cette façon de défendre le don d’organe !». «Mais oui, c’est bien cela, il faut vendre sexuellement une femme pour que les gens comprennent la nécessité du don d’organe», se moque Andrea. «Sauver une vie ne suffit pas, il faut que ça soit «sexy«», persifle également Chynna. Nicole fait remarquer que la même phrase fonctionne beaucoup moins bien avec un homme : qui voudrait «pénétrer» un homme ? Elle semble exclure les gays de l’affaire. Les gays ne sont pas concernés par le don d’organe. Une poignée d’autres commentaires suivent… C’est la mêlée.
Dans «La Pub enlève le bas», la chercheuse Esther Loubradou – docteure en Sciences de l’Information et de la Communication – souligne que les affiches cristallisent souvent des réactions antinomiques : «Notre héritage religieux fait que le sexe-plaisir est encore considéré d’un mauvais œil. Les publicités sexuelles, portées par différentes controverses, ont très naturellement à leur tour été étiquetées comme perturbatrices de l’ordre social.»
Pour Esther Loubradou, l’accusation courante portée contre la publicité repose sur un présupposé d’origine puritaine : dans notre société, il est mal vu de mélanger le sexe et l’argent. Quand il s’agit de la femme, en tout cas, le sexe doit relever d’un élan du cœur. Il faut qu’une femme ne se donne à consommer, ou ne livre son corps au regard, que par amour, dans le contexte sanctifié d’une relation sentimentale et dans le but de fonder un foyer. Une femme qui s’offre pour le profit, c’est mal. La femme ne doit s’offrir que pour des raisons «pures». Cette vision rétrograde est d’ailleurs souvent défendue - bec et ongles – par des associations qui militent pour la libération de la femme : ces associations attaquent systématiquement les images suggestives, comme s’il fallait que la femme n’apparaisse dans la sphère publique que boutonnée des chevilles au cou. Le problème, c’est que les publicités qui dénudent des corps ne sont pas forcément des publicités qui discriminent une personne en raison de son sexe.
Le problème, c’est aussi que de nombreuses publicités ont pour but non pas de «vendre» un produit mais une cause humanitaire… Et c’est là que les dissensions apparaissent, révélatrices des contradictions de notre société. Pour Esther Loubradou, les débats autour du soi-disant sexisme des publicités sont souvent ineptes. Dévoiler la plastique d’une modèle n’est pas forcément sexiste, rappelle-t-elle, il s’agit de faire la distinction entre une représentation méprisante et une représentation érotique de la femme. «Cela me semble incompréhensible de ne voir le sexe que comme quelque chose de mauvais. Les choses sont plus complexes.» Par ailleurs, il y a quelque chose d’injuste dans le fait de condamner la pub alors que dans la danse, par exemple, le corps des femmes – outrageusement moulées dans des tutus ou des fourreaux couleur chair – ne semble causer aucune réprobation. «Le sexe marchand reste toujours moins bien accueilli que le sexe dans l’art, souligne-t-elle. D’autre part, à la peur du sexe s’ajoute l’inquiétude traditionnelle concernant la puissance des médias et la manipulation publicitaire. Évidemment, cela ne pouvait qu’entraîner un cadrage général des publicités sexuelles comme menace pour la société, largement soutenu par différentes associations».
UNE IMAGE EROTIQUE EST-ELLE FORCÉMENT SEXISTE ? Testez votre capacité de jugement, en comparant les avis : «L’érotisme c’est du sexisme (chap. I) ?», «L’érotisme c’est du sexisme (chap. II) ?»
EST-CE QUE LE SEXE FAIT VENDRE ?
A LIRE : «La Pub enlève le bas – Sexualisation de la culture et séduction publicitaire», Esther Loubradou, éditions du Bord de l’eau. Ce livre est tiré de la thèse intitulée «Porno-Chic et indécence médiatique : contribution interdisciplinaire portant sur les enjeux communicationnels et socio-juridiques des publicités sexuelles en France et aux États-Unis», de Esther Loubradou. Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication sous la direction de P. Marchand, Toulouse, Université Paul Sabatier.
flickr/stevendepolo
Pilule rose, par opposition à la couleur bleue du Viagra, la flibansérine, récemment commercialisée aux Etats-Unis sous le nom d’Addyi, est censée donner envie aux femmes d’avoir des relations sexuelles.
Ma première réaction fut l’agacement: quand les hommes ont des soucis de performance, on leur donne une molécule leur permettant d’être mécaniquement performants (et qui marche pour presque tous les hommes). Tandis que lorsque les femmes ne peuvent pas avoir de relations sexuelles car elles sont atteintes de vaginisme ou n’ont pas de lubrification, on leur donne une molécule qui soigne le cerveau… la dépression plus précisément et qui aurait comme effet secondaire dans 10% des cas d’augmenter la libido.
Pour les hommes ce serait physique et pour les femmes, ce serait mental.
Bien entendu, pour les hommes déprimés, il suffit de les faire bander, peu importe qu’ils aient envie. Et les femmes atteintes de vaginisme… tant pis pour elles, leur vaginisme est sûrement lié à un problème moral, un viol ou un truc psychologique n’est-ce pas ?
Pour autant, j’ai tenté de savoir s’il existait une femme qui aurait envie de prendre cette pilule. Elodie (prénom modifié), 32 ans, célibataire sans enfant, a accepté de témoigner sous anonymat.
Il y a presque 10 ans, mon gynéco m’avait mis sous une pilule qui ne me convenait pas du tout. Sautes d’humeur perpétuelle (au point où je ne me reconnaissais pas d’être aussi agressive) et zéro libido. Je vivais en couple, inutile de dire que c’était dur pour nous deux. Moi je me sentais bonne à rien, inutile, avec le sentiment d’avoir un corps déjà hors d’état de servir, alors que j’avais une vingtaine d’années. Cela me rendait malheureuse car je voyais bien que mon ami souffrait et moi je pensais faire une dépression.
Le sexe, comme la nourriture, sont pour moi des moyens simples de se faire plaisir rapidement ; le jour où on perd ça, la vie perd de sa saveur. Et surtout j’avais le sentiment que ma jeunesse était déjà finie, que j’avais la vie d’une mamie, etc.
Cette phase a duré deux ans, avec en moyenne un rapport par mois, et a débouché assez inévitablement sur une rupture (ce n’était pas le seul problème ! Mais je vivais aussi mon absence de désir comme un symptôme que quelque chose ne tournait pas rond entre nous donc je nous épuisais à essayer de comprendre…).
Ce que j’aurais attendu de ce médicament, c’est d’avoir à nouveau du désir et de rendre mon corps à nouveau réceptif aux sollicitations (j’avais vraiment l’impression d’être un bout de bois, de passer à côté de tout un pan de ma vie). Mais pour être honnête, à l’époque je n’en parlais à personne, ni médecin ni ami… si j’avais su qu’un médicament existait je serais allée en parler, de préférence à mon généraliste (je n’ai pas une affection folle pour les gynécos, les 4 que j’ai connus étaient ultra axés sur la reproduction, alors la contraception était vraiment le dernier de leurs soucis, et le mot désir n’existait pas dans leur vocabulaire…). Mais c’est aussi car je pensais à l’époque faire une déprime ou une dépression et le généraliste me semble plus approprié pour ces sujets.
Néanmoins, elle nuance l’intérêt potentiel:
Peu de temps après, j’ai changé de pilule (pour une très modulable et qui avait plein d’autres effets bénéfiques – adieu acné et règles, bonjour peau de bébé et cheveux vigoureux), rencontré quelqu’un d’autre et les choses sont rentrées dans l’ordre.
Et elle avoue « une certaine amertume vis à vis de l’industrie pharmaceutique »:
L’industrie pharmaceutique qui commercialise depuis des années des pilules contraceptives dont on sait qu’elles dégradent sérieusement la libido pour 15% des utilisatrices, donc je n’ai pas pu m’empêcher de penser que commercialiser ET le poison ET le remède est un bon business modèle. Ma remarque n’est pas liée qu’à l’industrie, cela vient aussi beaucoup du modèle français où c’est forcément le gynécologue qui s’occupe de contraception, avec pour modèle unique « pas d’enfants entraine pilule » et « enfant entraine stérilet ».
Plus qu’à espérer que les médecins lisent un peu plus Martin Winckler. A ma connaissance, il n’existe rien contre le vaginisme mais il existe beaucoup de très bons lubrifiants. Quant aux hommes sans libido, vous pouvez toujours attendre, peut-être que le traitement arrivera en même temps que la pilule contraceptive pour homme, dans un siècle ou deux.
My newest book Wetware: Cyberpunk Erotica is a labor of love — from myself, and all the authors I worked with to create the collection. To share with you what’s in it, I’ve included the introduction in its entirety — a full free chapter — in this post, below. I hope you like it.
Wetware was was meant to be more than an erotica collection, but also a commentary on the state of cyberpunk culture today. And according to the reviews, the book is more successful in this goal. In fact, the reviews are blowing my mind, so I have to share a few choice snippets with you before you dig in.
Best erotica collection of 2015: Simply put, Blue’s collection is one of the best erotica anthologies I’ve had the pleasure of reading. Gorgeous prose, from Blue’s intro on cyberpunk lit to each erotic story. These stories blur the lines of gender, of sexuality, and of what it means to be human. –Rebecca
Over too soon: Everything was hot, the plots underneath them all varied more than I’d imagined, and the small bits of cyberpunk culture recommendations in between worked wonderfully as transitions. This is the level of substance I want to read in more erotica collections. The lack of any stories that made me cringe or skim through only adds to it. The one time I thought a story would be gross is the time my expectations got tossed on their head. Wetware is simply fantastic. –Ken F
The Future Cannot Come Soon Enough: Each story presents a different version of the future; universes where technology and discovery are seamlessly coupled (pun intended) with unabashed sexuality. The sex is raw, often rough; the characters are needy, hungry, vibrant…real. The collection offers variety in voices, settings, and couplings, all the while maintaining the uniform sterling quality of writing.
I would have a hard time picking a favourite story: I enjoyed the flawless integration of the world building in Sixty Five Night, the twist in Never Say No, and the insight of Synthetic Skin. The prologue, an essay on cyberpunk and sexuality by Violet Blue herself, is not to be missed. –TheJulia
And with that, here’s the first chapter of Wetware:
INTRODUCTION: CODED IN SPIRALS AND PHEROMONES
BY VIOLET BLUE
Cyberpunk sexuality is revolutionary. It always has been, and always will be — this is one of its most threatening, exciting, and arousing aspects. And yet, cyberpunk is so very different than it was a decade ago.
“High tech, low life” is cyberpunk’s front-facing motto. It used to suggest an underclass — in station, gender, sexuality, skin color, ability, or circumstance — a snapshot of the possibility of hacked tech (or biotech) facilitating change, vis a vis the protagonist hacker’s complicated gifts. Contemporarily, the slogan conjures visions of rich corporate tech assholes slumming it in Bay Area dive bars, wearing hoodies that read “hacker” — while there’s not an ounce of punk in them, and their distinct interest is in preserving the financial and moral status quo.
As you’ll see in this collection of erotic short fiction, cyberpunk has changed, and its dystopia has assimilated the hypocrites, the privileged and the assholes. Tech didn’t empower us to even the stakes, it just gave us a window with which to watch Neuromancer, Blade Runner, and The Matrix come true. And new cyberpunk erotica embraces our recalibrated urge to smash the state. Or as Thomas S. Roche puts it in Bishop to King’s Pawn, Two: “The war machine is a fog machine, it always had been.”
A story, interestingly, where love is a side effect of stolen weaponized biotech:
Behind Winged Victory, he was chatting with either Arkady Bougarin or Jovan Stijovic. The latter’s company, SerbArms, manufactured the new Celikkrik, or “Steel Scream.” Did that handshake mean a shipment of ultrasound cannons would be loaded onto an Antonov bound for Athens first thing in the morning?
Bishop put her eyes on him with such intensity that he couldn’t help but notice. That was one of the things these ex-spooks brought with them into their tenure in the shadow government: Peripheral vision that preceded on intuition. Bishop had it in spades, too, though she’d gained it in different environs.
Bishop gave him a subtle smirk, her eyes emitting a knowing glow. Jesus, she loved him. She loved him so much she could feel it like a volt from her brain stem to her stomach, which flipped with the realization, and sent the current to her pussy, which warmed and juiced simultaneously. This was definitely something fucking new for Bishop. She wanted to fuck him right now, with everyone watching.
She practically did. He saw her. She eyefucked him. He eyefucked back. Fuck, fuck, fuck, she was so in love with this fucker that it hurt to look at him.
—Thomas S. Roche, “Bishop to King’s Pawn, Two”
Like more than a few people, cyberpunk fiction was where I finally reconciled with feeling like an outsider in my own body. Beyond its pivotal fantasies of transhumanism, cyberpunk’s sexuality embraced the gender spectrum in a way that actually felt like it could make sense: Individuated.
By the time Snow Crash came out, we were all beyond buying what we were told was “right” and “wrong” about sex, and love, and gender. We knew it was a trick to maintain gender roles and economics, a means of control that would soon cease to make sense. Cyberpunk, when at its best, embraced this. Here, binary belongs to code, not gender, and while it’s arousing to watch Trinity and Neo fuck, it’s great cyberpunk because it’s describing something hot — not prescribing gender, desire or behavior.
Neve sighed.
“I’m afraid I can’t do that, Dave.”
She smiled at the joke, but it made me cold inside. Not just because of the obvious cultural echo, but because Neve has never been allowed to call me by name. Even when Olivia and I had first purchased her, I was always “Master.” It took on a new and deviant meaning once I had started to play with her privately, when Olivia wasn’t around. But when Olivia left, that’s when I’d truly become Neve’s Master.
My eyes bugged out.
“What did you say?” I asked.
“I said I’m sorry, Dave, I can’t let you out of the apartment. Not until after I’ve taught you a lesson or two.”
–Devyn X. Sands, “Never Say No”
This isn’t a typical erotica collection, nor is it a typical fiction anthology. It can’t be. Cyberpunk must remain true to itself, for that is its ethos and heart, and so it must also be about culture as much as techno-wank. This book has hot sex in it, yes. It’s cyberpunk genre fiction, yes; it relies on technology or biotechnology to tell its edgy stories.
But each story is bookended with an interstitial that brings you back to cyberpunk culture, and the things that make those of us who grew up there who we are today, in a wholly celebratory way: little cheers for our cultures and our sexualities, for they are most certainly and wonderfully entwined.
The systems still suck, and our complicated gifts don’t make anything easy, but we deserve pleasure where we can find it.
Casey made his way past a table of Annex guys. There was Jack Newton. His face was pink with a half-dozen drinks or more. He checked Casey out with blatantly non-professional interest.
Casey had not expected anyone to recognize the suit; if they had, then it wouldn’t be much of a damned exfil suit, would it? But everything had been tense as hell at the Annex since those Code Safety activists attempted a backdoor into the Hardware Dev Team’s system a few weeks ago.
Ironically enough, it was Casey’s clean-up of the incursion path that got him the opportunity to falsify the sign-out log and get the Mark V out of the equipment locker. He had the Code Safety crew to thank for his walking into the Smith & Jones bar and seeing Jack Newton and Mike Stanley both damn near pop boners when they caught sight of him.
Casey breathed easier. Newton and Stanley led the Annex’s FBI counter-terrorism liaison team, on TDY from the J. Edgar Hoover building in downtown DC. Sitting with them were Andy Korowski and Mark Blunt, two on-site Annex security contractors. It was Andy who always gave Casey shit when he wanted to prop open the door to third-floor south so Casey didn’t have to ring Andy’s cell for an “exfil” when he was done taking a shit. Andy didn’t spot the suit, either. Ironic, wasn’t it?
Andy and Mark checked him out, too. Those weren’t the looks of Q-Clearance guys spotting their tech on the run; those were guys lusting after a hot blonde piece of ass twenty years their junior.
Casey felt a warm glow. His tension lightened. He rabbited for the back room, trying to look like he wasn’t rabbiting.
—Kendra Jarry, “Synthetic Skin”
This book’s stories reflect the current places that sex and cyberpunk have found themselves in, and that, to me as an editor, was a really interesting thing to discover. Like many who felt that cyberpunk fiction and films spoke directly to their experience, the old-school brand of hard, noir, transgressive, anti-hero fiction was a thing that made sense to me. I grew up in San Francisco; my biological mother was the only blood relation I knew for any length of time, and she was a Stanford engineering grad who was supervising military contract work in Silicon Valley by the time I was nine.
She was a single mom, and also a drug addict whose life spiraled out of control, partying with game designers and hackers (who must be in coder retirement homes by now). I wasn’t allowed friends my own age, so spent my time with her friends and boyfriends, whose computers, magazines and book collections gave me escape into green DOS screens, games and sci-fi.
Things got really bad, and I ran away at 14 to live on the streets with gutter punks my age, whose home lives made mine look like a cakewalk. There, sexuality was fluid and respect was earned. I emerged having replaced my only family member with punk street values—to then find a natural fit with the freaks, phreaks, hackers, career criminals, and evil geniuses at Survival Research Laboratories, my home for over a decade.
It was developing tech, of course. Nate emphasized that there was no quality control.
Protective measures, Nate had cautioned her, must be taken. Don’t give your connectome-reconstruct Marcus control over anything dangerous. Precautions, precautions, precautions.
Amira took none.
A week after she first booted her new Marcus, she visited the Elective suite on Twenty-Two Medical. She went for the whole suite of Skinteractives. Nipples, clit, labia, butt-cheeks, butthole, face, mouth, fingers, earlobes, toes… trachea, even. Everywhere they’d install them.
–Stephen Stavros, “Sixty-Five Night”
I saw many flavors of cyberpunk life as part of SRL, working almost daily at our San Francisco machine shop, and internationally, with the earned title of machine operator at our industrial machine art shows that were performed worldwide.
Many names familiar to cyberpunk (and punk) culture spent time with us. William S. Burroughs had a birthday party at our shop. Hunter S. Thompson slept on the couch (and had to have a flame thrower taken away from him on one occasion). Bruce Sterling fled during production of one of our shows, in what we all joked was abject terror from the loud, drunken butch-dyke lesbian sex that happened on the cot next to him late one night in an abandoned Phoenix warehouse (which we’d commandeered to sleep in). 2600 and Rotten crews (among many others) brought us “presents.” There are so many more stories like these, but you get the idea.
Some of them log out and run at this point. Not many, to be fair.
“Okay,” he says, his voice betraying strain. “This is a dream, right?” He’s tall, in the flesh, with nut-colored hair that sticks out at the front and a square face just starting to soften about the chin. He’s wearing a Heavy Metal T-shirt, but it’s nice and new and clean. No over-muscled warrior then, but attractive enough.
“Of course it is,” I answer soothingly, stroking his ballsack and feeling it tighten in my hand. I can see a room full of files and books and DVDs behind him. It looks like a domestic scriptorium. A study — yes, that’s the word. “Do you like it?” I ask.
“Uh. Yes.”
“Are you alone?”
“Yes. My … everyone’s gone to bed.”
“What’s your real name, Curelion the Hallowed?”
“Joe,” he whispers. His eyes look glazed. I can see him groping at his crotch, but he can’t intercept my hands. He can only feel the effect they’re having, and it’s making him buck and bite his lip.
“Would you like to fuck me, Joe?”
—Janine Ashbless, “Grinding”
Cyberpunk is different now. It was already sophisticated both technologically and socially beyond what society could handle—and it reflected a real, living, breathing culture.
But it has lived to see itself become attainable and popularized, and this changes the whole conversation. All the things that cyberpunk hated are now more part of its worlds than ever. Things have become amazing, and tools of oppression (like gender and sexuality) are being upended — while at the same time something has gone terribly wrong with the way technology was supposed to empower us.
There, in the pale light, I saw her skin begin to blossom, on that single spot at the edge of her right buttock. To my sinking dismay, a drop of blood had appeared.
She sighed, moaned softly. I thought for a second she was going to laugh, but she didn’t.
Something was wrong.
I touched my fingertips to the place on her ass, lifted my hand and inspected the drop of her blood.
It was the wrong color, not quite red enough, too thin. I licked my finger and my mood darkened. I threw the whip down.
Grabbing her hair, then, pushing her head forward. I felt for the lump, knowing it was there. It only took me a minute to find it.
Madeline had engineered this. But why? I worked back the thin plastic covering buried in Coreen’s hair. She grew silent.
“Playing against the rules?” I asked as I exposed the tiny jack, and chuckled.
Coreen remained silent, then let out a faint spray of laughter. Her naked body shook with it.
I left her for a moment and returned with the necessary equipment.
—N.T. Morley, “Dangerous Circuitry”
It is our growing sense of things gone terribly wrong that gives the stories here their power, anchored in one of cyberpunk’s most defiant agents of change: the human sexual connection (even in this book, where the sex isn’t always with humans).
The title of this anthology, Wetware, was considered with express acknowledgement and cyber-nod to Rudy Rucker’s 1988 biopunk sci-fi novel of the same name, itself the middle of the Ware trilogy. Wetware as a genre in hacking indicated biological hacking, of which there is plenty of in the stories here.
The authors whose stories were selected for this collection have all been very patient with me, and deserve a special thank you for putting up with every maniacal edit I requested. I put myself in your seat, dear reader, and us pervy technoweenies are a demanding bunch. I hope you enjoy the selections here as much as I do.
Violet Blue
San Francisco
Find Wetware on Amazon, or buy it direct as a .pdf on Digita Publications.
The post Cyberpunk erotica: The introduction to my new book, Wetware appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
Vu sur Le Maître de jet, Marie Laurent
J’ai découvert l’écriture de Marie Laurent avec le manuscrit du Maître de jet, qui m’a tout de suite plu. Ce n’est qu’ensuite que j’ai lu plusieurs autres textes de l’auteure, comme La Mouche d’Éléonore ou Deux nuances de brocoli (chez Artalys). Marie Laurent est l’auteur de plusieurs romans sentimentaux. Le Maître de jet est cependant […]
Cet article provient de Littérature érotique
Vu sur Lieu de cul(te), Miss Kat
Je suis les publications de Miss Kat depuis le tout début et c’est avec joie que j’ai accueilli sa nouvelle Lieu de cul(te) dans la collection e-ros. Une journaliste consciencieuse est déçue par l’enquête qu’elle a menée sur les sociétés secrètes. Une semaine à la campagne lui permet de se ressourcer. Or, c’est dans le […]
Cet article provient de Littérature érotique
L’idée peut sembler curieuse et audacieuse, on nous annonce la naissance d’un nouveau site de rencontres BDSM, créé assez discrètement cet été en France..
Première particularité de ce site, il est et il restera entièrement toujours gratuit car c’est une association qui est décidé de lancer ce site. Un démarrage en douceur mais qui nous promet d’atteindre avant la fin de l’année 2015 une taille impressionnante !
Ce site, dont le nom est « Couples BDSM » est strictement et uniquement réservé aux couples pratiquant la soumission et la domination sexuelle, quel que soit les rôles de chaque partenaire : soumis tous les deux, dominant(e) pour l’un(e) et/ou soumis(e) pour l’autre, peu importe. Pour devenir membre gratuitement il n’y a qu’une seule et unique chose à faire : il suffit d’aller sur le site, de cliquer dans le menu sur « Publiez gratuitement votre petite annonce », compléter le formulaire et cliquez sur le gros bouton rouge « Envoyer ». Une fois validée, vérifiée et contrôlée celle-ci sera publiée et vous voilà alors membres à vie de « Couples BDSM ».
Vous recevrez ensuite régulièrement une newsletter vous présentant les nouvelles annonces publiées ainsi que le mot de passe qui changera régulièrement afin de protéger l’esprit club privé et réservé de « Couples BDSM ».
« Couples BDSM » s’adresse à tous les amateurs de BDSM francophones, donc essentiellement les couples vivant en France, en Belgique voire en Suisse.
Alors si vous êtes un couple désirant rencontrer d’autres couples qui partagent vos passions, nous vous conseillons de soutenir cette belle initiative en préparant de belles annonces et de belles photos afin de faire de « Couples BDSM » le site dont nous rêvions toutes et tous depuis tant d’années.
Avec « Couples BDSM » vous devriez trouver les parfaits partenaires pour l’organisation de vos soirées privées ou pour vous rendre en groupe de plusieurs couples, devenus amis, dans des soirées de plus grande plus importance.
Pour terminer, nous voudrions insister sur deux points importants pour la réussite de votre annonce : soignez-en le texte, soyez descriptifs histoire de donner envie aux autres membres de vous contacter et ajoutez-y plusieurs photos (jusqu’à six photos sont acceptées). Rappelons que ce sont pas les photos les plus pornographiques qui reçoivent le plus de réponses mais plus simplement les plus belles et les plus subtilement suggestives. Subtiles comme l’est le BDSM, bien entendu. Mais bon, libre à vous de ne pas suivre nos conseils, les amis.
Trop de personnes se plaignent qu’il manque de services de cette catégorie réellement gratuits sur Internet ! C’est pourquoi nous insistons fortement pour que vous soyez nombreux à vous inscrire rapidement sur ce site afin de lui assurer une longue et magnifique vie BDSM numérique. La rédaction de Sentiment Moderne soutient déjà à fond, à fond, à fond cette initiative !
Maintenant c’est à votre tour de montrer votre enthousiasme d’autant que… ça ne coûtera pas un sou ! Mais… beaucoup de plaisir !
Et maintenant foncez sur : www.couplesbdsm.fr
Texte : Karolyne & Ernestine
Les soirées Drôles De Dames propose un concept de soirées festives et sexy toutes tendances confondues (travestis, transgenres, hommes, femmes et couples) et pour La rentrée des classes des Drôles De Dames proposent une nuit sur le thème « spécial écolière » le vendredi 25 septembre de 21 heures à 5 heures du matin.
Au programme :
de 21h00 à 23h00 : buffet chaud froid offert.
2 boissons incluses (Champagne, cocktail…).
Vestiaire
Service voiturier à disposition (en supplément)
Aux platines Dj Jessika High Hells (Monaco)
Château des Lys – 103 rue Marcadet – 75018 Paris.
06 08 58 75 36
Plus d’informations sur la soirée : www.soireesdrolesdedames.com
Pour découvrir des sexualités décomplexées et créatives, le festival Érosphère se tient à Paris à partir demain et jusqu’au 30 août. L’occasion de faire...
The post Fessetivals d’ici et d’ailleurs appeared first on Paris Derrière.
The reviews are all 5-stars (!) for my new collection, Wetware: Cyberpunk Erotica ($3.89)
Gratitude to our sponsor in Spain, women-run Lust Cinema.
AHF/Weinstein has subpoenaed porn performers' medical information?! What a bully. @TalentTesting @cuttingedgetest please protect our info!
— Jiz Lee (@jizlee) August 21, 2015
Thank you to our sponsor, Nubile Films.
Madame Tussaud's in Las Vegas puts out long statement after a Savage turns up on Nicki Minaj wax figure …. pic.twitter.com/64KkcuwfB1
— DJ Akademiks (@IamAkademiks) August 19, 2015
Thank you to our sponsor in Holland, Abby Winters.
Images released for new Warwick Rowers naked calendar. http://t.co/bxTyijdccC pic.twitter.com/bac4W6LSAu
— Gay Times Magazine (@GayTimesMag) August 20, 2015
Thank you to our sponsor and friends, Pink Label TV.
The post Sex News: Apple Watch sex toy, AIDS Healthcare Foundation violating sex worker privacy, Tussad’s Minaj wax troubles appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
C’est sous ce slogan étrange que le tout premier des sextoys-caméra sans fil vient d’être lancé. Le Siime Eye est un vibromasseur capable de prendre des clichés et de retransmettre les images filmées depuis l’intérieur du corps… En théorie, il permet de voir la jouissance. Mais en pratique ?
Le Siime Eye (littéralement «L’oeil vois-moi») est un vibro high-tech muni d’une caméra qui permet de suivre en direct, sur l’écran d’une tablette, d’un téléphone ou d’un ordinateur, la montée de l’orgasme et d’enregistrer les spasmes, sous la forme de photos et de vidéos. Muni de quatre leds, ce gode-espion fonctionne comme une lampe-torche : il éclaire le souterrain dont il sonde les plis et replis, forant son passage à travers les muqueuses que ses vibrations contribuent à mettre en émoi. Récemment lancé sur le marché des outils sexuels par une firme concurrente de Lelo – la compagnie Svakom – le Siime Eye est le plus abouti de tous les jouets conçus pour «voir» le travail du plaisir féminin à l’oeuvre.
C’est le premier qui soit doté d’un système WIFI : il peut donc s’utiliser sans fil. L’objet est inouï, en théorie du moins. Inouï parce qu’il permet de rêver à toutes sortes de plans cul étonnants. Imaginez une femme forcée de voir sur un écran l’image de son orifice lentement pénétré. Imaginez que, comme dans certains cabinets de gynécologie, un rideau blanc sépare son corps en deux. Imaginez qu’elle soit ainsi coupée : quelqu’un se tient devant les cuisses écartées de la femme et manipule l’instrument. Elle, incapable de voir ce qu’on lui fait, peut seulement le «sentir» et regarder sur un écran l’image de ses muqueuses qui palpitent…
D’autres scénarios sont possibles. Imaginez qu’une femme se fasse jouir seule dans une chambre et que dans les autres pièces un ou plusieurs complices regardent le film qu’elle diffuse en live… On peut capter les images – transmises depuis la borne située dans le gode lui-même – à une distance de 30 mètres maximum. Imaginez qu’un(e) pervers(e) menace de filer le mot de passe aux voisins. «Tout le monde, dans le périmètre Wifi, se connectera à ton gode, ma chérie»… Mille autres scénarios sont possibles. A priori, le Siime Eye est l’outil voyeur ultime. Mais qu’en est-il en réalité ? Deux obstacles rendent l’usage de ce gode moins excitant que prévu. Le premier tient à la technique : rien de plus débandant que l’installation du logiciel et les réglages préalables. Une fois qu’on a compris, c’est facile. Mais parfois il y a des bugs, on tape sur tous les boutons à la fois, on s’énerve, la vidéo ne marche pas… Le second obstacle tient à l’effet de déception provoqué par l’image elle-même. Si vous avez l’espoir de voir, comme en photo-macro, la beauté de vos parois internes ou, plus loin, le cratère dilaté de votre col de l’utérus, c’est raté. A l’écran, les muqueuses humides renvoient la lumière comme une surface vitrée : ça brille et c’est rose. Il n’y a rien à voir qu’un ciel bas et lourd, couvercle de chair pesant de toute sa masse sur le petit oeil de la caméra. Une endoscopie des intestins rendrait probablement le même genre d’image.
Vu depuis le Siime Eye, l’horizon vaginal est bouché : rose partout… Il serait vain de trouver là matière à excitation. Mais il serait plus vain encore de rejeter le sextoy après ce constat d’échec car il y a quelque chose de singulièrement éclairant, voire jouissif, dans l’impossibilité de voir le mystère de l’orgasme féminin. Tel qu’on nous l’avait promis, du moins, le mystère n’est pas dévoilé. Ce que le Siime révèle, en revanche, c’est que le vagin n’est pas un tunnel, ni un tuyau, ni même un tube de chair ainsi que nous le font croire les plans en coupe des manuels d’école. C’est un organe constitué d’une «tunique muqueuse très adhérente» dont les deux faces ne cessent de se frotter l’une contre l’autre, ainsi que deux escargots accolés par le ventre lorsqu’ils copulent… en s’enduisant réciproquement de bave et de suçons. Là se trouve la magie merveilleuse du sexe féminin : il n’est pas creux. Il est plein. Ce n’est pas un conduit vide en attente d’être empli. C’est une sorte de tentacule moite qui remue souplement sur lui-même et sur ses viscosités, au fil d’une longue, immense et raisonnée auto-palpation… Ainsi que le formule magnifiquement Luce Irigaray : «La femme “se touche“ tout le temps, sans que l’on puisse d’ailleurs le lui interdire, car son sexe est fait de deux lèvres qui s’embrassent continûment. Ainsi, en elle, elle est déjà deux mais non divisibles en un(e)s qui se baisent».
Lorsque la linguiste, philosophe et psychanalyste Luce Irigaray écrit ce texte, en 1974 (1), sa vision fait scandale. Elle vient d’achever une thèse intitulée Speculum qui lui vaut d’être déchue de ses fonctions. Luce Irigaray critique bien trop vivement la thèse freudienne de la femme «en manque de pénis» pour échapper à la juste punition qu’elle mérite. Elle est privée des postes qu’elle occupe à l’université de Paris-VIII-Vincennes et à l’école freudienne (2). Plus de quarante ans ont passé et voilà qu’un sextoy – conçu en forme de spéculum électronique – redonne aux théories d’Irigaray une nouvelle jeunesse : ce que la philosophe disait en 1974 de façon empirique, maintenant n’importe qui peut le constater de ses propres yeux. Le vagin n’est pas un trou. Au fur et à mesure que le Siime Eye pénètre à l’intérieur, il ne fait qu’écarter des pans et des masses humides qui se referment immédiatement sur lui. L’épaisseur de cette chair feuilletée, traversée par des spasmes, contredit l’idée reçue selon laquelle la femme serait un espace vacant et qu’il faudrait «combler». Ainsi que le souligne Luce Irigaray, la femme possède un sexe retourné sur lui-même, qui lui envoie depuis l’intérieur toutes sortes de signaux qui se réverbèrent.
«Donc la femme n’a pas un sexe. Elle en a au moins deux […]. Elle en a d’ailleurs bien davantage. Sa sexualité, toujours au moins double, est encore plurielle. […]. En effet, le plaisir de la femme n’a pas à choisir entre activité clitoridienne et passivité vaginale, par exemple. Le plaisir de la caresse vaginale n’a pas à se substituer à celui de la caresse clitoridienne. Ils concourent l’un et l’autre, de manière irremplaçable, à la jouissance de la femme. Parmi d’autres... La caresse des seins, le toucher vulvaire, l’entr’ouverture des lèvres, le va-et-vient d’une pression sur la paroi postérieure du vagin, l’effleurement du col de la matrice, etc. […] la femme a des sexes un peu partout. Elle jouit d’un peu partout. Sans parler même de l’hystérisation de tout son corps, la géographie de son plaisir est bien plus diversifiée, multiple dans ses différences, complexe, subtile, qu’on ne l’imagine... “Elle“ est in(dé)finiment autre en elle-même. De là vient sans doute qu’on la dit fantasque, incompréhensible, agitée, capricieuse... […] C’est que dans ses dires aussi – du moins quand elle l’ose – la femme se re-touche tout le temps».
On peut ne pas adhérer entièrement aux propos de Luce Irigaray, mais ils présentent l’avantage de déconstruire un discours pernicieux, celui qui fait de la femme un être «privé» de pénis, une créature «atrophiée», souffrant d’avoir un sexe «absent»… Il est en effet courant de dire que la jouissance de la femme ne se voit pas : il n’y aurait «rien» à voir. Ce que les images retransmises par le Siime Eye démentent. Il y a d’ailleurs quelque chose d’un peu ironique dans cet instrument d’optique «aveuglé», littéralement, c’est-à-dire obturé par les replis sinueux de la chair au moment même où il tente son incursion. Tel est pris qui croyait prendre ! On nous avait fait croire que cet instrument était fait pour coulisser dans un trou, c’est-à-dire dans du «rien à voir». Or voilà que ce qu’il révèle est exactement le contraire : s’il n’y a «rien à voir» ce n’est pas parce qu’il n’y a rien, c’est parce qu’il y a trop. L’ironie, c’est que ce speculum – dont le nom même signifie «miroir» – soit le miroir de notre cécité. L’ironie, c’est aussi qu’il soit vendu dans les sexshops sadomasochistes comme Demonia. Luce Irigaray y verrait sûrement une plaisanterie, elle qui assimilait le SM au désir typiquement masculin «de forcer, de pénétrer, de s’approprier, le mystère de ce ventre où l’on a été conçu, le secret de son engendrement, de son “origine“».
A LIRE : «Ce sexe qui n’en est pas un», de Luce Irigaray. Dans: Les Cahiers du GRIF, n°5, 1974. «Speculum. De l’autre femme», de Luce Irigaray, aux éditions de Minuit.
SIIME EYE : en vente à 179,9 euros (TTC) à la Boutique Dèmonia, 22 avenue Jean Aicard, 75011 Paris et sur Internet.
LA VIDEO DE PROMOTION de Siime Eye par Svakom (on appréciera la musique d’ambiance et la voix de la jeune femme). Une Vidéo de démonstration de ce que l’on peut voir avec le Siime Eye sur le site «Objets de plaisir» (il faut descendre en bas de la page pour voir la vidéo).
NOTES
(1) «Ce sexe qui n’en est pas un», de Luce Irigaray. Dans: Les Cahiers du GRIF, n°5, 1974.
(2) S’il faut en croire son portrait Wikipedia ainsi que l'Encyclopedia Universalis et de nombreuses biographies en ligne, Luce irigaray se serait vu retirer son enseignement à l’Université en raison des critiques qu’elle aurait formulé à l’encontre des thèses freudiennes et lacaniennes.
Okay, no one was as great as Bob Fosse. But the new trailer video for San Francisco’s Folsom Street Fair makes me so proud of my hometown right now! FOLSOM STREET was directed and produced by Aron Kantor, choreographed by Danny Dolan, and features Broadway performer Colin Cunliffe, nightlife promoter Mario Diaz, gender-queer drag queen Grace Towers, local treasure Fauxnique, and a variety of San Francisco dancers and performers. The short film’s creators explain,
San Francisco has long pushed culture boundaries, radical self-expression and sexual freedom. Today awash in stories of the changing face of the city and its quickly eroding creative communities, “Folsom Street” joyously celebrates the rich history of diversity that pushes the limits of raw sexuality that make this city the exciting cultural haven that it has always been.
… The film serves as both a metaphor for the Folsom Street Fair and an example of the possibilities of queer community effort and activism.
Folsom Street Fair 2015 is Sunday, September 27, 11am – 6pm on Folsom Street between 8th and 13th streets in San Francisco, CA.
The post Fosse does Folsom in event’s new trailer, Folsom Street appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
Un matin de juin, alors que Monsieur dort, les mots dans ma tête s’alignent ainsi.
Je suis le feu… la passion.
Je veux flirter avec ce qui peut brûler.
Je suis l’eau… car j’aime l’idée que je puisse avoir ce don de soulager la « soif » de ceux qui s’approchent de moi.
Je suis la terre… car à travers mes folies, mes perversités, je reste bien ancrée dans la vie. Et j’ai besoin de ces assises.
Je suis l’air… car ce que j’offre c’est la liberté d’être, de voler, voyager, respirer…
Je suis.
d…
Image : Sue Waddicor.
Sur le même sujetAvant même leur naissance, on prépare les futurs hommes et femmes à des rôles genrés. Dés la vision échographique d'un pénis - ou d'une absence de pénis - , on imagine un prénom sexué, on achète jouets et vêtements qui le sont tout autant et on peint la chambre en fonction du genre qu'on souhaite pour son enfant. Dés lors, hommes et femmes sont préparés à leur future fonction dans la société et l'on se comporte différemment selon le genre de l'enfant ce qui façonne sans nul doute des façons différentes d'être au monde. Ainsi par exemple, les bébés filles sont nourries moins rapidement et moins longtemps, on n'attend pas les mêmes qualités d'elles que des garçons et l'on n'interprète pas de la même façon ce qu'elles expriment. En crèche on va encourager la créativité des garçons et pousser les filles à adopter des comportements "comme maman".
"Généralement, et même dans les milieux féministes, l’idéologie de l’égalité – et ici j’entends la croyance que sauf exception volontaire et consciente, filles et garçons sont élevées de la même manière – empêche de voir à quel point une identité de genre est injectée dans les personnes dès leur naissance. Cette identité de genre n’est pas uniforme selon les milieux, les pays, les régions, les classes sociales : mais elle possède un large substrat commun, celui qui spécifie les aptitudes, les qualités, les attentes et les devoirs de chaque sexe. L’identité de genre, administrée très tôt au nourrisson, n’est pas distinguable de l’identité personnelle : “ je suis une fille ” et “ je suis moi ” ne sont pas deux consciences différentes ; le genre n’est pas un attribut surajouté à une conscience de soi préexistante, mais forme l’armature, le cadre même de cette conscience de soi.
La division du travail selon les sexes n’est pas non plus un apprentissage qui viendrait tardivement – elle est consubstantielle aux “ qualités ” et “ traits ” féminins ou masculins. Il n’est pas “ naturel ” pour un homme de faire certaines choses ou de souhaiter les faire. Un petit garçon qui ne veut pas ranger sa chambre est considéré avec indulgence, de même qu’une petite fille qui ne veut pas se salir les mains avec du cambouis. Le traitement “ égalitaire ” est appliqué, quand il l’est, par-dessus, et sans remettre en cause, ce substrat considéré comme naturel." Christine Delphy, Les causes de l'inertie.
Les futures femmes sont ainsi préparées et façonnées pour deux rôles essentiels :
- être belles pour trouver un époux.
- se préparer à être de bonnes mères et de bonnes épouses.
Il serait illusoire de penser que "les choses ont changé". On ne demande plus à une femme d'être une bonne mère de la même façon qu'on lui demandait en 1950 mais cela reste une injonction extrêmement forte ; entre les tenants de l'allaitement ou du non-allaitement, du cododo, du portage, du congé maternité ou de la reprise immédiate du travail.
L'immense différence entre les rôles sociaux des hommes et des femmes est que ceux des hommes sont profondément valorisés et enviables. On éduque les garçons à être compétitifs, à être raisonnablement agressifs, qualités nécessaires pour être un homme et pour réussir dans la vie (et non pour réussir sa vie d'homme la nuance est importante). Une femme réussit sa vie de femme, un homme réussit sa vie.
Les femmes sont éduquées à être douces, sensibles, maternelles et à s'occuper des autres. Ces qualités ne sont pas valorisées bien au contraire mais elles restent indissociables de ce que doit être et faire une femme.
Pire on part du principe que le futur rôle essentiel d'une femme - être mère - ne s'apprend pas. Il serait inné, viendrait des gènes ou des hormones, de l'instinct ou des tripes mais il ne nécessiterait aucune compétence, aucun savoir-faire, aucune acquisition de compétence. Il faut être une bonne mère, une bonne éleveuse d'enfant, une bonne éducatrice mais cela ne nécessite aucun apprentissage. On l'a en soi. C'est un fonctionnement assez pervers ; cela permet de ne jamais complimenter les femmes qui élèvent des enfants et y arrivent (si tant est que ce mot veut dire quelque chose) et d'humilier celles qui ont des difficultés en remettant en cause non seulement leur faculté à élever des enfants mais leur être tout entier ; faut-il être une femme ratée pour ne pas savoir s'occuper des enfants ! Beaucoup de femmes à la naissance de leurs enfants se sentent démunies, mais elles n'ont pas le sentiment que c'est là quelque chose de tout à fait normal, comme on serait tous et toutes perdu devant une toute nouvelle tâche à accomplir. Elles se remettent en cause puis collectent des informations, se forment, apprennent par des livres, internet ou d'autres femmes. Mais elles n'ont souvent pas l'impression d'être en train d'apprendre et d'acquérir une nouvelle compétence comme on apprendrait une langue étrangère, non elles rattrapent un manque, quelque chose qui leur a fait défaut, ce fameux don qui ne leur a pas été donné ; l'instinct maternel.
Cette naturalité des femmes qui leur fait posséder des savoirs par instinct et non par formation ou par apprentissage est encore davantage perçue chez les femmes racisées qui sont, elles, non plus "seulement" naturalisées, mais surtout animalisées. Les femmes racisées - et en particulier les femmes noires - seraient dotées de cet instinct leur permettant d'éduquer et d'aimer n'importe quel enfant. Ce stéréotype de la mammy - sorte de mère éternelle - a été popularisé lors des périodes esclavagistes afin de justifier la mise en esclavage des femmes noires pour que certaines d'entre elles s'occupent des enfants blancs des esclavagistes. Les réflexions justifiant l'esclavage tendent toujours à trouver des raisons logiques à la mise en esclavage ; elles montrent les noir-es proches des animaux qui sont, dans l'idée populaire de bonnes mères. Les femmes noires seraient donc comme les femelles animaux de bonnes mères à qui on peut confier n'importe quel enfant, elles adoreront s'en occuper - fut-ce gratuitement et sous la contrainte. Cette idée perdure encore aujourd'hui ; il suffit d'étudier - aux Etats-Unis puisqu'en France cela est impossible - la représentation ethnique chez les nourrices pour voir combien ces représentations persistent. Cette croyance raciste et sexiste permet de considérer qu' il n'est nul besoin de considérer que vous avez une formation qualifiante et de vous payer en conséquence puisque vous ne faites qu'après tout exploiter des dons naturels.
"Enfin, l'intuition (si spécifiquement «féminine») classe les femmes comme l'expression des mouvements d'une pure matière. D'après cette notion les femmes savent ce qu'elles savent sans raisons. Les femmes n'ont pas à comprendre, puisqu'elles savent. Et ce qu'elles savent elles y parviennent sans comprendre et sans mettre en oeuvre la raison : ce savoir est chez elles une propriété directe de la matière dont elles sont faites." Colette Guillaumin, Pratique du pouvoir et idée de Nature (2) Le discours de la Nature
Les femmes sont encore en immense partie en charge de l'élevage des enfants - et souvent de leur éducation ; cette tâche ô combien compliquée et prenante n'est jamais valorisée et toujours naturalisée c'est à dire que les femmes n'ont aucun mérite à l'accomplir puisqu'elles savent naturellement le faire. Un homme en revanche accomplit quelque prodige en le faisant puisqu'il n'a pas ce petit supplément hormonal lui permettant de le faire ; lui a du apprendre, lui a du sacrifier de précieuses heures à se former. A partir de là, les choses sont simples ; le temps consacré à l'élevage des enfants ne compte pas, après tout les femmes aiment la chair de leur chair et doivent s'en occuper, les longues heures passées à comprendre pourquoi il pleure/pourquoi il ne dort pas/pourquoi il ne mange pas ne comptent pas, après tout leur instinct maternel va leur donner la bonne réponse et si elles ne l'ont pas c'est que quelque chose chez elle ne va pas.
"Par ailleurs, devenir mère est un élément déterminant de statut social, de respect par son entourage, pour une femme ; mais cet avantage est mitigé par le soupçon qui pèse sans cesse sur elle qu’elle ne mérite pas son statut, qu’elle n’est pas une assez bonne mère. Une pression constante venant tant de l’entourage proche et lointain, des services sociaux, que de l’Etat, s’exerce sur les femmes à cet égard. Elles n’ont en conséquence pas vraiment de moyens de faire à leur tour pression sur leur conjoint pour qu’il accomplisse sa part, car cela est interprété comme le souhait de se “ désengager ” des soins à l’enfant, et la preuve qu’elles ne sont pas de bonnes mères." Christine Delphy, Les causes de l'inertie.
Les choses ne changent guère en ce qui concernent les tâches ménagères qui, de façon écrasante sont encore faites par les femmes. Il est entendu par tous et toutes qu'il ne faut pas mettre en œuvre beaucoup d'intelligence ou de qualités pour les accomplir. Cela vient tout seul, c'est logique. En y réfléchissant un peu, on se rend bien compte qu'il faut bien savoir quel linge utiliser pour faire les vitres, quel mouvement opérer, quelle force avoir. Il faut connaitre la matière du tissu que l'on doit repasser, choisir la bonne température pour le fer et faire le bon mouvement afin de ne pas créer de faux plis. Les expertes savent les tissus les plus compliqués, les sols les plus difficiles. Mais là encore on juge toutes ces tâches bien inintéressantes, non qualifiantes et non intéressantes (et réservées aux femmes racisées lorsqu'on paie chichement quelqu'un pour les faire).
Le bricolage - tâche traditionnellement masculine (même si les choses sont en train de changer, les femmes s'occupent désormais aussi du bricolage quelle chance ont-elles décidément) - est censée nécessiter un lourd apprentissage, une technicité importante et des outils onéreux. Même si l'on peut s'accorder pour dire que planter un clou ne requiert pas plus de technicité que laver une assiette, ces deux tâches ne sont pas vues comme d'un même niveau de compétence. Là où les appareils ménagers facilitent le travail des femmes, les outils sont indispensables au travail de l'homme qui a besoin d'outils complexes et chers pour les réaliser. Là encore une tâche traditionnellement réservée aux femmes, le ménage, se révèle être considérée comme sale, évidente, inintéressante et sans attrait aucun.
Les femmes ont enfin le devoir d'être belles ou au moins d'essayer.
Que n'entendrait-elle celle qui ne fait "même pas" l'effort d'ailleurs ? Dés leur naissances, les femmes subissent donc un flot d'injonctions comme l'ont montré, entre autres, Faludi, Chollet et Wolf.
Il faut être belle ou essayer de l'être ; peu importe que cela coûte du temps, de l'argent et de la mésestime de soi. Les femmes subissent à longueur de journée des injonctions les poussant à être belles ; la beauté en général représentée par une très jeune femme mince, blonde et blanche, objectif inatteignable par beaucoup d'entre elles.
Les femmes sont donc enjointes à s "s'occuper d'elles", merveilleuse expression leur donnant l'impression qu'elles se consacrent du temps, qu'elles prennent du temps pour elles.
Cette injonction capitale qui marque la vie de toutes les femmes n'est pour autant pas valorisée ; on ne va pas complimenter la femme qui a passé deux heures à se coiffer et se maquiller. Bien au contraire, les femmes sont censées taire les efforts qu'elles font et faire comme si les cils leur venaient naturellement longs, la bouche naturellement rouge et les jambes naturellement glabres. Le summum étant atteint avec l'expression "nude" ; vous pensiez bêtement que le nude était le fait de ne pas se maquiller ? Le nude consiste à se maquiller et à ne pas avoir l'air maquillé. Voici ce qu'en dit le magazine Cosmopolitan : "Contrairement à ce que l'on pourrait penser, afficher un joli maquillage naturel nécessite un bon coup de main. Ou plutôt de pinceaux. Alors si vous êtes une adepte du make-up naturel et que vous voulez être belle sans être trop maquillée : Cosmo vous propose ses astuces pour un maquillage nude et discret, parfaitement maitrisé. C'est parti pour un coaching afin de réaliser un maquillage naturel pour révéler toute votre beauté." Imaginez-vous fournir un travail quelconque, peu importe lequel, qui vous a coûté du temps, de l'argent, pour lequel vous avez du vous former de longues heures et dont personne ne verra le résultat, chacun pensant que vous n'avez pas travaillé. C'est le principe du maquillage nude. Le dicton "sois belle et tais toi" prend alors une autre signification "tais toi de te faire belle".
Cette injonction à laquelle les femmes peuvent difficilement échapper est aussi décrite comme futile, ridicule, réservée aux femmes bêtes, aux bimbos, aux connes.
Les efforts qu'on nous demande de faire pour être belles là aussi sont copieusement moqués et décriés. Les blogueuses beauté ou mode sont depuis bientôt dix ans la risée de ce microcosme qu'on appelle la blogosphère. Là où on pourrait admirer la technicité de certaines qui savent transformer un visage, comprendre les ombres et travailler des matières, on préfère les juger comme futiles et bêtes.
Là encore une tâche que doivent accomplir les femmes est vue comme bêtifiante, non qualifiante, futile et inintéressante ; pour autant les femmes sont sommées de s'y intéresser.
Les trois principales tâches auxquelles les femmes sont censées s'adonner sont toutes unanimement décriées et déqualifiées. Elles ne permettent pas de réussir dans la vie, ni de gagner de l'argent (on constate que toutes ces tâches ne sont pas rétribuées), ni d'avoir la considération de ses pairs. Dans ce contexte-là, comment une femme pourrait-elle ne pas être misogyne ? Les hommes pensent toujours faire découvrir l'eau chaude aux féministes lorsqu'ils expliquent l'air grave que les femmes sont aussi misogynes. On apprend aux hommes et aux femmes depuis leur naissance qu'une femme vaut moins qu'un homme, que ses loisirs sont moins intéressants, ses aspirations moins passionnantes et toujours plus futiles et les femmes, avec tout cela, sont misogynes ? Mais c'est une vraie surprise ! Les loisirs dit féminins seront toujours eux aussi vus comme une extension des travaux ménagers et on regardera avec une sorte de commisération semi amusée, les brodeuses, les tricoteuses ou les crocheteuses. Le travail réservé aux femmes ne vaut rien et puis de toutes façons il n'a aucune valeur pécuniaire dans la sphère domestique et guère plus dans le monde du travail et l'on attend bien des femmes qu'elles fassent ces tâches-là tout en leur expliquant que ce sont des tâches inintéressantes ; au vu du nombre d'heures consacrées au ménage ou à l'élevage des enfants, c'est qu'il faudra bien finir par considérer que les femmes sont détestées pour qu'on leur confie sans aucune espèce de culpabilité des tâches que tout le monde s'accorde à trouver nulles.
Ce qui est étonnant c'est que les femmes ne se haïssent pas davantage dans ce monde-là et tentent au contraire de se réapproprier certaines des tâches décrites.
Ne nous y trompons pas. La misogynie intégrée ne sera jamais ce qu'est la misogynie masculine. Lorsqu'une femme fait preuve de misogynie, elle fait mal au groupe des femmes auquel elle appartient. Traiter par exemple une autre femme de pute est un comportement qu'on doit évidemment amender mais il peut s'entendre dans un contexte où traiter les autres femmes de pute est avant tout une stratégie pour éviter d'en être traitée soi même. Moquer les loisirs féminins d'autres femmes est aussi une stratégie pour montrer qu'on n'est pas "comme ca" et espérer gagner un peu de tranquillité de la part des hommes. Un homme qui est misogyne ne se fait aucun mal, pas plus qu'au groupe auquel il appartient. Il insulte, humilie et détruit la confiance en elles et la sécurité des femmes au bénéfice de son propre groupe.
The post Comment la haine vint aux femmes appeared first on Crêpe Georgette.
The post Eye Candy: Gorgeous, hot porn appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.