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Les Aphrodites – Intrigante Agathe est le premier tome de l’adaptation en BD du roman Les Aphrodites (1793), que l’on doit au célèbre écrivain libertin André-Robert Andréa de Nerciat (Andréa de Nerciat), qui a marqué d’une pierre blanche le genre au travers d’œuvres phares, telles Le Doctorat impromptu (1788) ou encore Le Diable au corps, publié à titre posthume en 1803 (NB : ce dernier ne doit pas être confondu avec le roman éponyme de Radiguet, porté de nombreuses fois à l’écran). Cette adaptation dévolue au 9ème Art est orchestrée par le bédéaste Emmanuel Murzeau (son blog), auteur de Northmen (avec Mathieu Gabella), qui démarre de fait une série à l’érotisme feutré, exacerbée par le trait « agile » du dessinateur. Le tome 2, Les Aphrodites – Le masque aveugle, vient d’ailleurs de paraître (fin octobre 2011).
D’une esthétique raffinée, entre croquis au fusain et eau-forte, l’œuvre se veut fidèle au roman de Nerciat et « farouchement littéraire », avec un sens du verbe gentiment suranné. Nulle contemporanisation ici, mais un attachement certain au franc-parler de l’époque (XVIIIème siècle). Frivole et d’une grande générosité dans l’acte, via ses nombreuses scènes de sexe (et ce malgré une « DP » avortée), cette Intrigante Agathe offre la vision d’exquises bourgeoises multipliant les postures lascives dans des décors de noblesse dorée ; un cadre qui en décuple l’attrait. Ces femmes à l’appétit sexuel (quasi) gargantuesque, superbement esquissées par Murzeau, dévoilent au fil des pages leurs formes voluptueuses, voguant au gré des marivaudages et cocufiages réglementaires. Une œuvre gracieuse, qui ne manquera pas d’émoustiller les lecteurs et ferait (presque) bander un mort !
On regrettera juste l’encrage un tantinet trop sombre de quelques cases et le choix d’une police de caractères rendant parfois la lecture fatigante. Mais arrêtons de chicaner ; les œuvres de ce type et de cette qualité ne courent pas forcément les rues – ou plutôt les rayonnages des librairies -, donc je ne peux que vous enjoindre de vous plonger dans ce 1er tome des Aphrodites !
D’un point de vue occidental, les Japonais ont un rapport étrange avec les créatures marines, et plus généralement avec les choses de la nature, qu’elles soient animales ou végétales. Dans le folklore nippon, un kappa est un petit esprit de la nature, qui se matérialise sous la forme d’une tortue anthropomorphe. Pour survivre, le kappa doit être humidifié en permanence. Il se nourrit exclusivement de concombres.
Underwater love est un authentique Pinku Eiga, qui respecte le cahier des charges du genre. Doté d’un petit budget, le film doit contenir au moins trois ou quatre scènes de sexe, plutôt explicites. Généralement, on obtient une espèce de mutant qui se situe entre sexploitation et film d’auteur.
Asuka travaille chez un poissonnier installé au bord d’un lac. Fiancé au patron de l’entreprise, elle souhaite se marier très prochainement. Mais c’est à ce moment qu’Asuka rencontre un kappa. Elle découvre que la créature s’appelle en fait Aoki, et qu’il est un ancien amoureux du lycée, mort noyé dans un marécage, puis réincarné en tortue. Aoki va tout faire pour passer du temps avec Asuka et il va même tenter de la séduire. C’est sans compter le Dieu de la mort (un fumeur rasta japonais à la robe bariolée) qui va bouleverser le destin du couple.
Le look du kappa constitue déjà une bonne tranche de rigolade puisqu’il s’agit clairement d’un homme dans un costume vaguement bricolé (une carapace collée sous la chemise, un bec accroché avec des élastiques). L’intrigue amoureuse est un peu simplette et donne lieu à quelques instants comiques légers. Le kappa tient plus du reptile que de l’humain et son organe sexuel est aussi impressionnant que monstrueux. Pourtant, cela ne rebute pas les jeunes filles qu’il croise, bien au contraire. Même si le membre a l’air d’être fait de plastique, les scènes érotiques impliquant le monstre sont clairement à connotations zoophiles !
La plus-value du film vient de ses incursions dans la comédie musicale. Les chorégraphies sont loin d’être professionnelles, d’ailleurs souvent c’est un peu n’importe quoi, mais elles sont faites avec un enthousiasme très communicatif. On finit par adhérer totalement au trip grâce à la musique de Stéréo Total, groupe electro-punk au genre indéfinissable. La chanteuse, Françoise Cactus, a interprété des chansons dans plusieurs langues : français, anglais, allemand et elle n’hésite pas à se lancer dans la pop japonaise avec un fort accent français. Peu importe, car associé à des rythmes entraînants, cela donne un charme kitsch irrésistible à l’ensemble.
OFNI à découvrir pour se changer les idées, underwater love rejoint dans son final la mythologie japonaise lorsque Aoki et Asuka s’enfoncent dans la forêt, à la rencontre d’autres kappas (avec toujours plein de costumes sophistiqués tels que des peignoirs). Ce patchwork foutraque est mis en scène par Shinji Imaoka, réalisateur d’autres films roses, et photographié par le célèbre Christopher Doyle (chef photo australien expatrié en Asie), et donc mis en musique par Stereo Total.
Ca se regarde sur dvd, au Royaume-Uni, chez l’éditeur Third Window Film. Des sous-titres anglais sont disponibles. Disponible à partir du 21 novembre 2011.
Cet été nous avons testé une nouvelle salle : la Péniche Henjo. Vous avez été unanimes, l’endroit est absolument fabuleux (superbe vue sur Notre-Dame, accès facile, grand confort dans les salles, propre, élégant sans être froid…) nous avons donc signé pour tous les mois à venir sur la Péniche Henjo.
Nous en profitons pour reprendre nos habitudes en fixant systématiquement la date de la NUIT ÉLASTIQUE au deuxième samedi de chaque mois. Facile à retenir. Pour vous faciliter la tâche, vous trouverez les dates précises de toutes nos prochaines soirées jusqu’en août 2012 dans notre page agenda.
Reiko Nakamura et Yûya Uchida.
Après la sortie de trois coffrets imposants (Volume 1, 2 & 3), ainsi que des récents United Red Army (2007) et Le Soldat Dieu (2010), soit autant de pans du voile levés sur la carrière pléthorique du maître du « pinku eiga » Kôji Wakamatsu, l’éditeur Blaq Out récidive avec le non moins indispensable Piscine sans eau (Mizu no nai puuru, 1982). Au fil de son œuvre, l’esthète Wakamatsu, auteur du sublime Quand l’embryon part braconner, transcenda la forme érotique imposée en lui adjoignant d’importantes résonances politiques et sociales.
Un aspect évidemment présent dans Piscine sans eau, variation sur le méconnu Belles endormies de Yasunari Kawabata, l’œuvre de Wakamatsu nous relatant les mésaventures d’un homme effacé et introverti, qui s’interpose néanmoins un jour pour empêcher le viol d’une femme, créant un semblant de relation avec cette dernière. En parallèle, sa psyché torturée reprend le dessus et il finit par nourrir des fantasmes malsains, s’introduisant dans l’appartement de demoiselles célibataires pour, celles-ci dûment anesthésiées par le chloroforme, leur faire l’amour et les prendre en photo…
Pour ce faire, le réalisateur peut compter sur un Yûya Uchida des grands jours, troublant dans le rôle principal (le pervers en question), et que les plus attentifs d’entre vous auront remarqué dans Furyo (Nagisa Ōshima, 1983), Black Rain (Ridley Scott, 1989) ou encore Izo (Takashi Miike, 2004). L’acteur retrouvera Wakamatsu pour le réussi Les liaisons érotiques (1992), aux côtés de Takeshi Kitano.
Vision de rêve...
Sleeping Beauty
Poinçonneur de tickets dans le métro, le protagoniste, dont on ne connaîtra jamais le nom, s’évade de son quotidien morose et répétitif par des fantasmes « corsés », directement accompagnés de multiples passages à l’acte. A ce titre, la grenouille en cage, abattue par le chloroforme, symbolise le cloisonnement de son existence, étouffée par une vie de famille en apparence parfaite. D’un érotisme mortifère, le film exhale par instants une poésie « autre », comme lors de ces séquences prenant place dans une piscine vide (donnant son titre au film).
Récit de l’aliénation quotidienne engendrant la perversion criminelle, où un « peeping tom », loin de s’arrêter au statut de voyeur, devient acteur de ses rêveries sexuelles, Piscine sans eau parle avant tout de l’incommunicabilité entre les êtres, englués dans leur sphère intime et dans l’impossibilité de s’ouvrir aux autres, donc voués à une « déshumanisation » certaine. L’autre, pour être approché – et plus si affinités -, se voit dès lors « objetisé », entièrement soumis aux désirs d’une seule personne. Et ce ne sont pas les menues attentions du « psychopathe », préparant le petit déjeuner de sa victime avant de quitter les lieux, qui y changeront quelque chose…
La sublime Reiko Nakamura.
Les victimes, chimiquement endormies telles de « Belles au bois dormant », ne sont ni plus ni moins que des poupées aux mains d’un « Prince pas si charmant », Wakamatsu rejouant sa propre version du conte, pour le moins personnelle (euphémisme !). L’œuvre est aussi un écrin à la beauté fragile de Reiko Nakamura, aperçue dans Oh ! Women : A Dirty Song (Tatsumi Kumashiro, 1981) ou Fireflies in the North (Hideo Gosha, 1984).
Stylisé et dérangeant, jusqu’à une conclusion ouverte, Piscine sans eau, d’une maîtrise formelle sidérante, rend le spectateur complice des exactions d’un prédateur sexuel d’un genre particulier, exposées avec neutralité. Un « main character » à propos duquel le réalisateur se garde bien de porter un jugement. Encore un coup de génie de Wakamatsu, dont la classe éclabousse chaque image !
Photo de groupe...
Les pratiques variant d’un juge à l’autre quant à la modification ou non de la mention de sexe à l’état civil d’un transsexuel, la circulaire n° CIV/07/10 du 14 mai 2010 est venue préciser que les magistrats « [pourront] donner un avis favorable à la demande de changement d’état civil dès lors que les traitements hormonaux ayant pour effet une transformation physique ou physiologique définitive, associés, le cas échéant, à des opérations de chirurgie plastique (prothèses ou ablation des glandes mammaires, chirurgie esthétique du visage…), ont entraîné un changement de sexe irréversible, sans exiger pour autant l’ablation des organes génitaux ». Reste à savoir ce qu’il faut entendre par « changement de sexe irréversible », un sénateur faisant remarquer qu’aucune des transformations citées dans le texte n’est irréversible à l’exception stricto sensu de la glande mammaire, laquelle peut d’ailleurs être secondairement remplacée par une prothèse.
Dans une réponse ministérielle du 30 décembre 2010, le Garde des Sceaux répond que cette notion « fait référence à la recommandation n° 1117 du Conseil de l’Europe relative à la condition des transsexuels, citée par le rapport de la Haute autorité de santé « Situation actuelle et perspectives d’évolution de la prise en charge du transsexualisme en France » de novembre 2009. Cette notion est d’ordre médical et non juridique et, selon certains spécialistes, le caractère irréversible peut résulter de l’hormonosubstitution, ce traitement gommant certains aspects physiologiques, notamment la fécondité, qui peut être irréversible. Il appartient aux personnes concernées d’en rapporter la preuve, notamment par la production d’attestations de médecins reconnus comme spécialistes en la matière (psychiatre, endocrinologue et, le cas échéant, chirurgien) et qui les ont suivies dans le processus de conversion sexuelle. Le procureur fonde ensuite son avis, au cas par cas, sur les pièces médicales produites par le demandeur. »
Rép. min. n° 14524, JO déb. Sénat 30 déc. 2010, p. 3373
source : forum-famille.dalloz.fr, 12/01/2011 - lien de l'article : http://forum-famille.dalloz.fr/?p=1953
[tribune]
interview - "Il faut faciliter le changement d'identité"
(Philippe Castel, porte-parole de l'Interassociative lesbienne, gaie, bis et trans)
La transsexualité ne sera plus considérée comme une affection psychiatrique de longue durée, a promis la ministre de la Santé, Roselyne
Bachelot, à la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Une initiative
saluée par Philippe Castel, porte-parole de l'Inter-LGBT*. Avec quelques bémols
toutefois.
Par Anne Vidalie, lexpress.fr, (publié le 18/05/2009 mis à jour le 19/05/2009)
Quelle est la portée de cette annonce?
C'est une décision symbolique, certes, mais le symbole est important: on ne considérera plus, en France, les "trans" comme des malades
mentaux. Par ailleurs, nous saluons le fait que le gouvernement ne profite pas de ce prétexte pour dérembourser la prise en charge médicale. Les
"trans", comme les femmes enceintes, ne sont pas des malades, mais des personnes qui peuvent avoir besoin de soins médicaux.
Reste à espérer que la ministre de la Santé entame une démarche auprès de ses homologues européens pour les convaincre de lui emboîter le pas. Et auprès de l'Organisation mondiale de la santé, qui classe la transsexualité parmi les pathologies mentales.
Au-delà du symbole, quelles décisions attendez-vous désormais du gouvernement?
Il reste beaucoup à faire pour que les transsexuels et transgenres soient pleinement reconnus. Et notamment, faciliter le
changement d'identité. Nous souhaitons qu'ils puissent, comme en Belgique et en Espagne, obtenir un nouvel état civil et une modification de leur numéro de Sécurité sociale
sans en passer par une opération chirurgicale synonyme de stérilisation. Certains "trans" se satisfont pleinement de
l'hormonothérapie, voire considèrent la réassignation chirurgicale comme une atteinte à
leur intégrité.
Cela vous gêne-t-il que Roselyne Bachelot parle de "troubles de l'identité de genre"?
Oui, car ce vocabulaire vient amenuiser la portée de la décision. Si les "trans" ne sont plus considérés comme des malades, pourquoi parler encore de "troubles"?
Aujourd'hui, le suivi psychiatrique est obligatoire pour obtenir une hormonothérapie. Nous souhaitons qu'il soit possible, et non impératif, car nous insistons sur la
responsabilité des individus.
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/il-faut-faciliter-le-changement-d-identite_761389.html
* l'Interassociative lesbienne, gaie, bis et trans
La violence de l’État français envers les personnes LGBT et ses conséquences : insultes, discriminations dans la vie quotidienne, agressions physiques, meurtres… Sans oublier les suicides d’ados !
Et pour les personnes transgenres ?
La stérilisation comme condition du changement d’identité !
par Trans Aide
Le maintien à tout prix de la vision discriminante de la cellule familiale – qui se doit d’être composée uniquement d’un homme de sexe mâle et d’une femme de sexe femelle – a pour conséquences violences, discriminations, suicides et malheureusement morts d’autres êtres humains ayant une orientation sexuelle, une identité de genre différente…
Cette violence de l’État français consiste à refuser le mariage républicain pour les personnes homosexuelles et à obliger les personnes trans-identitaires à divorcer pour obtenir leur changement d’état-civil. L’État rejette aussi tout projet de famille fondé sur l’amour et la parentalité, à une partie de la population à cause de son orientation sexuelle ! Le projet de loi de la députée Nadine Morano, qui donnait des droits parentaux sans distinction d’orientation sexuelle aux beaux-parents demandeurs, a provoqué une levée de boucliers dans la majorité actuelle ! Vous vous rendez compte ? Un début de reconnaissance de l’homoparentalité en France ! Pour ces élus (de plus en plus coupés) du peuple, c’est une hérésie que l’égalité face à un projet familial…
On remarquera aussi que les défenseurs de l’homoparentalité n’étaient pas vraiment au mieux de leur forme pour défendre des valeurs reposant sur l’égalité des droits pour toutes et tous. Il y avait là un certain manque d’ardeur, voire de conviction face aux tenants de la discrimination.
La violence de l’État français s’exprime aussi au travers du Ministère de la Santé et de sa ministre Roselyne Bachelot – qui a refusé à Trans Aide l’entrevue que
nous lui demandions pour discuter des nouvelles dispositions préconisées par la HAS au Ministère de la Santé, totalement contraires aux droits humains : centre de tri, stérilisation
chimique puis chirurgicale (condition pour obtenir en France une modification de son état civil !).
En réponse à une question écrite du député de Nancy, la Ministre de la Justice, madame Rachida Dati, a réagit par une fin de non-recevoir, citant exclusivement les transsexuels, dont elle
estime le traitement satisfaisant ; elle n’évoque ni la question ni même le terme transgenre ! Le Tribunal de Grande Instance de Nancy, lors d’un récent jugement, a d’ailleurs rejeté
la demande de changement d’identité d’une personne transgenre, essentiellement parce qu’elle avait refusé de fournir la preuve de sa stérilisation… Les attendus, sur lesquels nous reviendrons
ultérieurement, soulignent clairement que, sans cette preuve, une personne transgenre pourrait procréer… On voit bien que c’est la parentalité qui est au cœur de la répression d’État contre les
Trans.
En France, la HAS – Haute Autorité de Santé – appelle donc à une répression accrue et verrouille donc la liberté de vivre son identité de genre en émettant un rapport dont les conclusions sont un recul effarant sur une situation déjà scandaleuse. Aujourd’hui, on tente de psychiatriser les plus faibles, et on stérilise les « anormaux » ! En ne nous accordant pas le droit au changement d’état-civil dans des conditions respectueuses des droits humains, l’État français fait tout pour nous détruire.
Pas stérilisé(e) ? pas de papiers ! Voilà la position de l’Etat français !
Pour les quelques groupes Trans qui voulaient encore croire à la possibilité d’apitoyer nos dirigeants, le message est clair : si vous voulez vivre,
battez-vous ! Ces gens-là ne nous donneront pas spontanément cette égalité car ils préfèrent fermer les yeux sur les violences, les discriminations et les morts engendrées par leur politique
du « bien pensant mâle hétérosexuel dominant », supposé être la seule « bonne voie ». Pas besoin de « guide » de la pensée pour imposer leur « loi naturelle »
reposant sur le seul modèle de cellule familiale où l’amour n’a pas sa place : un mâle dominant sa femelle soumise ! C’est le fondement de la vision hétéro-patriarcale et sectaire de la
famille… Notre vision à nous est authentiquement républicaine : l’égalité des droits pour toutes et tous !
Mais combien de morts, de tentatives de suicide, d’actes de violence et discrimination au quotidien faudra-t-il encore pour obtenir l’égalité des droits ? La communauté LGBT (Lesbienne Gai
Bi Trans) assiste bel et bien à un raidissement de l’État français, à une stigmatisation et à une répression accrues envers les personnes transgenres. L’égalité républicaine n’est réservée,
dans les faits, qu’aux citoyens définis comme mâles et hétérosexuels… Blancs de préférence ! Bref, une communauté d’autant plus minoritaire que, dans ses rangs, surtout chez les jeunes
hétérosexuels, beaucoup rejoignent désormais notre combat contre les violences sexistes, l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.
Face
à la politique discriminatoire de l’État français, mobilisons-nous pour en finir avec une situation indigne d’une République digne de ce nom.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de l’odieux chantage : stérilisation contre modification d’état civil !
Nous exigeons l’accès à
la parentalité et au mariage républicain pour tous et toutes !
Pour Trans Aide
Association nationale transgenre
La secrétaire nationale,
Delphine Ravisé-Giard
secretariat@trans-aide.com
source : Trans Aide - www.trans-aide.com
sur le même sujet
XVIIe conférence internationale sur le sida (3-8 août 2008, Mexico) | |||
Les transgenres
organisent leur lobby |
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Coordinatrice du réseau des transgenres d'Amérique latine (Red LacTrans), Marcela Romero était fière de voir la communauté transgenre prendre une place plus importante durant la XVIIe édition de la conférence internationale sur le sida. Non seulement visible, la communauté a su se faire entendre lors de nombreuses sessions ou au cours de présentations de posters décrivant les actions des associations. «Nous prouvons que la communauté transgenre est présente, déclare Marcela Romero. Elle a des choses à dire et fait partie de la société civile, au même titre que les hommes ou les femmes biologiques. Qui mieux que nous, peut parler de nous ? Nous ne pouvons plus accepter que d'autres parlent à notre place !». Cette conviction est d'ailleurs à l'origine de la création de Red LacTrans, qui regroupe depuis 2004 des associations de 20 pays d'Amérique Latine souhaitant s'organiser politiquement et porter une parole commune au sujet de la reconnaissance des droits des transgenres. |
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Le droit à la différence | |||
L'engagement politique dans la société civile est primordial. Keyla Simpson est consultante auprès du ministère de la Santé au Brésil et se bat
depuis plus de 10 ans pour faire de la question transgenre un sujet incontournable dans les débats publics de son pays. «Les transgenres cumulent les stigmates, sont victimes de
nombreuses discriminations et vivent dans une grande vulnérabilité, notamment face au VIH/sida.» L'espérance de vie des transgenres en Amérique Latine est d'environ 35 ans. Dans
la majorité des cas, les décès sont dus soit au VIH, soit à des violences physiques. Le fait que les droits fondamentaux ne soient pas appliqués à leur encontre aggrave d'autant
plus la vulnérabilité de ces personnes. |
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Préparer l'avenir
A Cali, Valentina Riascos Sanchez tente au sein de son association de lutter contre toutes les formes de discrimination. Elle a créé une «carte
d'identité» transgenre, reprenant la photo de la personne, ainsi que ses nom et prénom féminins. Au recto de cette carte, sont inscrits quelques articles de loi, sur les droits
des personnes en cas d'arrestation et la liberté de chacun à pouvoir exercer le travail sexuel. Valentina souhaiterait que toutes les personnes transgenres puissent être en
possession de cette carte, afin de faciliter leurs relations avec les autorités et réduire le nombre de violences policières. Elle œuvre aussi pour que les transgenres puissent
être appelées par leur prénom féminin. Ce dernier point semble primordial pour la prise en charge médicale des membres de la communauté. En effet, explique Marcela Romero, de
nombreux transgenres vivant avec le VIH négligeraient leur suivi médical, faute d'un accueil respectueux et non stigmatisant dans certains établissements médicaux. Comment se
sentir à l'aise dans un lieu de soins quand tout le monde, y compris le médecin, vous parle au masculin ?
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Mobilisation et défense des transgenres en France
A la veille de la remise par l'HAS d'un rapport sur les transgenres, Camille Cabral, directrice du PASTT (2) à Paris, souhaiterait qu'un réseau
similaire à celui de l'Amérique Latine puisse voir le jour en France et par la suite en Europe. Selon elle, la Red Lac Trans doit servir d'exemple en terme « d'empowerment (3) »
pour l'ensemble de la communauté transgenre internationale. |
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L'action d'Arcat | |||
Dans son action d'accompagnement global de personnes vivant avec le VIH et les hépatites chroniques, l'association Arcat mène depuis 2001 un programme d'information et de prévention spécifique pour un public transgenre latino. Programme qui a pour objectif de réduire le risque d'infection par le VIH et les IST et d'informer sur l'accès aux soins et les services adaptés à la prise en charge de personnes transgenres. Un psychologue et une animatrice de prévention proposent des entretiens individuels de prévention en langue espagnole. Ils peuvent réaliser des accompagnements physiques quand l'état de santé ou la situation sociale des usagères le nécessitent. L'association met également à disposition des dépliants adaptés (sur le VIH, les IST, les hépatites, le mode d'emploi du préservatif, les droits sociaux) et va réaliser des brochures spécifiquement destinées à la population transgenre et aux personnes les prenant en charge. Préservatifs et gels lubrifiants sont distribués lors d'actions qui ont lieu toute l'année, dans un local situé à proximité d'un lieu de prostitution à Paris, et à bord d'un bus qui sillonne les lieux de prostitution dans une forêt aux alentours de la capitale. Cette action est menée en collaboration avec l'association « les amis du bus des femmes » qui intervient spécifiquement auprès du public prostitué. En 2007, 211 personnes transgenres ont bénéficié des entretiens menés par ARCAT dont certaines ont été orientées vers des services sociaux hospitaliers et des consultations spécialisées de médecins proctologues et médecins endocrinologues. | |||
Miguel-Ange Garzo, Christine Etchepare et Anne Guérin (Arcat, Paris) | |||
(source : Pari-t) |
Les associations de transsexuels et de lutte contre le sida et le Centre régional d’information et de prévention du sida (Crips) publient une première étude exploratoire décrivant la
situation sociale, les comportements sexuels et le recours aux soins des personnes trans.
L’étude a été réalisée auprès des 179 personnes ayant répondu à un questionnaire élaboré par le Crips et Act Up-Paris puis diffusé via Internet de mai à juin 2007. Les informations recueillies mettent en évidence des caractéristiques socio-économiques proches de la population générale, mais avec des modes de vie marqués par moins de vie de couple, moins d’activité sexuelle, plus de rapports sexuels associés à des échanges d’argent, des prises de risques plus importantes vis à vis du VIH, davantage de consommation de substances psychoactives.
Depuis l’ère du sida, la connaissance de la population homosexuelle masculine s’est améliorée notamment en matière de comportements sexuels et de compréhension de la construction identitaire, mais les associations de transsexuels et de lutte contre le sida pointent le manque de travaux sur la ou les populations qu’elles représentent. Le terme de transsexualité, sans définition clairement établie, recouvre des situations et des comportements variés chez des personnes qui ont en commun de se sentir en désaccord avec le sexe qui leur est assigné biologiquement à la naissance : transgenres, transsexuels, travestis, hommes se sentant femme ou l’inverse.
L’âge moyen des participants est de 39,6 ans. Plus de 93 % se sont définis par rapport aux notions de transsexuels (72,6 %) et de transgenres (54,8 %), 34,1 % répondant oui pour ces deux items (tableau 1). Parmi les participants, 41,9 % se déclarent hétérosexuels, 21,8 % homosexuels, 33,5 % ne se déclarent ni homosexuels ni hétérosexuels et 2,8 % se déclarent à la fois homosexuels et hétérosexuels. Orientation sexuelle et identité ne sont pas associées.
Cette enquête a notamment mis en évidence certaines particularités des comportements sexuels et préventifs :
Au cours des 12 derniers mois, 61 % des répondants ont eu
des rapports sexuels, et la moitié déclare avoir un partenaire principal.
Lorsque les répondants ont un partenaire principal, il s’agit d’une personne transsexuelle
dans 18,6 % des cas, d’un homme dans 30 % des cas et d’une femme dans 52 % des cas.
Parmi les répondants, 18,4 % rapportent des actes sexuels contre de l’argent, donné ou
reçu.
La proportion de répondants déclarant avoir eu des rapports sexuels dans les 12 mois
précédents diminue avec l’âge, passant de 75 % chez les moins de 30 ans à 32 % chez les plus de 50 ans.
Les personnes enquêtées déclarent en moyenne 4,4 partenaires dans les 12 derniers mois.
Une proportion importante des participants (82 %) déclare ne jamais utiliser de
préservatif pour les rapports bucco-génitaux et la moitié lors de rapports avec pénétration avec leur partenaire principal.
Bien que la différence ne soit pas significative, les personnes qui ont un homme pour
partenaire principal sont plus nombreuses à ne jamais avoir utilisé de préservatifs avec ce partenaire au cours des 12 derniers mois (72 % versus 64 % pour les personnes qui ont
pour partenaire principal une femme et 37 % pour celles qui ont pour partenaire principal une personne trans, p=0,07).
Le recours au test de dépistage du VIH dans les deux dernières années concerne 49,7 %
des participants, 29 % y ont eu recours antérieurement à cette période et 21 % n’ont jamais fait de test de dépistage. Sur l’ensemble de l’échantillon, 4,5 % se déclarent
séropositifs, 77,0 % se disent séronégatifs, 16,8 % ignorent leur statut sérologique et 1,7 % ne sont plus certains d’être séronégatifs.
Rapportés aux seuls participants qui ont eu au moins un test de dépistage au cours de la vie
(n = 141), le pourcentage se déclarant séropositifs serait de 5,7 %.
Dix-sept pour cent des participants déclarent avoir déjà eu une autre IST dans leur vie. Il
s’agit généralement d’infections à gonocoques ou d’herpès génital.
Cette enquête montre la faisabilité d’un recrutement par Internet pour atteindre une population cachée dont les caractéristiques sociales ont de nombreux points communs avec la population générale en terme d’âge, de proportion d’immigrés, de niveau d’étude et d’activité professionnelle, comme l’indique la comparaison avec l’Enquête décennale santé 2003 (EDS) réalisée en population générale.
Bien que l’infection à VIH semble plus présente dans la population trans que dans la population générale, en relation avec les prises de risques plus importantes, elle apparaît nettement moindre que dans la population gay. Ce résultat peut être lié à des comportements différents, notamment une diversité de partenaires moins importante dans la population enquêtée que dans la population homosexuelle masculine.
Le taux de séropositifs déclarés dans cette population socialement bien insérée est plus bas que ceux observés dans les études publiées dans d’autres pays
qui dépassent souvent 10 % .
http://femmesida.veille.inist.fr/spip.php?article629 - Rédigé le 2 juillet 2008
Source en ligne : BEH, 1er juillet 2008 / n°27
1er décembre 2008 : 20ème Journée mondiale contre le sida
Le 1er décembre 2008 a marqué le 20ème anniversaire de la Journée mondiale de lutte contre le sida, créée en 1988 par l'Organisation mondiale de la Santé. |
STOCKHOLM - Le professeur français Luc Montagnier, co-lauréat du prix Nobel de médecine 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi, a estimé qu'un vaccin thérapeutique du sida pourrait voir le
jour dans "quatre ou cinq ans".
"C'est difficile à dire mais c'est peut-être une affaire de quatre ou cinq ans", a-t-il déclaré
samedi à l'AFP, en marge d'une conférence de presse à Stockholm où il doit assister la semaine prochaine à la remise de la prestigieuse récompense.
A la question "n'est-ce pas une échéance trop optimiste?", il a répondu: "on a déjà dix ans de travail derrière nous" et souligné que la recherche sur le vaccin thérapeutique était "plus facile" que celle du vaccin préventif.
"C'est une maladie très complexe (...) nous sommes toujours en train de chercher à expliquer pourquoi le système immunitaire décline et nous cherchons toujours la nature du réservoir du virus", a-t-il rappelé au cours de la conférence de presse.
Il a également souligné qu'à défaut d'éradiquer la maladie, il y avait "diverses manières de réduire la contamination" via l'éducation, l'information et la prévention d'autres maladies en particulier dans les pays en voie de développement.
De son côté, Françoise Barré-Sinoussi a souligné qu'il était impossible de donner une échéance pour la mise au point d'un vaccin préventif.
"On ne sait pas, il faut tout simplement le reconnaître, et travailler", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Elle aussi a insisté sur l'importance des recherches portant sur la manière dont "le virus est capable de constituer un réservoir dans le corps, réservoir consistant", qui explique qu'aujourd'hui les malades doivent suivre un traitement "le reste de leur vie".
"C'est une maladie sexuelle. Le virus affecte les muqueuses. Donc si nous voulons développer un vaccin, nous devons appréhender et mieux comprendre la réponse immunitaire et le mécanisme de protection des muqueuses", a-t-elle ajouté.
La scientifique a également exprimé son impatience de "retourner à une vie normale" et au travail après les cérémonies des Nobel, soulignant qu'elle était sollicitée de toutes parts depuis deux mois.
Les deux scientifiques français ont été couronnés en octobre pour avoir découvert le virus immunodéficitaire (VIH) responsable du sida qui a déjà tué 25 millions de personnes à travers le monde.
Le comité a aussi récompensé le chercheur allemand Harald zur Hausen pour avoir identifié le virus responsable du cancer du col de l'utérus qui touche chaque année 500.000 femmes dans le monde.
Les trois chercheurs liront dimanche leur discours récipiendaire à l'Institut Karolinska à Stockholm.
Ils recevront leur prix mercredi des mains du roi de Suède, lors d'une cérémonie à Stockholm. Il s'agit d'une médaille, d'un diplôme et d'un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (930.000 euros) à partager.
Le chercheur allemand recevra la moitié de la somme et les Français se partageront l'autre moitié. (source : AFP, 06/12/2008)
La Transidentité et les medias
Par Karine Solène Espineira
Un cadre et un contexte propices à la discrimination
En 2004 et 2005, différents groupes de personnes transgenres et transsexuelles se sont constitués en association ou en collectif avec la volonté de s’imposer dans l’espace public, d’êtres visibles et intelligibles, de provoquer du débat hors des cabinets de psychiatrie. Le transsexualisme a donné lieu à des émissions de télévision tout au long de ces 20 dernières années, à des études écrites qui permettent à des érudits rationalistes de se proclamer expertEs en la matière et nous faire partager leur crise des certitudes.
Notons qu’en l’absence de reconnaissance sociale, de l’existence d’un groupe Trans., la transphobie n’existe pas, semble t’on dire. On ne pourrait donc discriminer ce(ux) qui n’aurai(en)t pas de substance !
Emissions de débat, documentaires ou films montrent la Transidentité avec plus ou moins de clarté, de souci pédagogique ou humain ; le thème est spectaculaire dans sa nature même : un homme devenu femme ou l’inverse ! Ce n’est pas banal comme sujet de questionnement moral ou philosophique, social ou religieux, psychologique ou psychiatrique à en croire l’intérêt de Colette Chiland, Patricia Mercader ou Pierre-Henri Castel pour ne citer qu’eux.
La Transidentité doit-elle se montrer, s’expliquer et se légitimer sur des plateaux de télévision ou bien doit-elle être moquée sur l’autel du divertissement ?
Transphonies et Transphobie, Mission impossible
Nous avons recueilli des centaines d’impressions, de points de vue, d’opinions qui nous font penser qu’expliquer la Transidentité au grand public en l’état du débat est peu ou prou une mission impossible. Face à cette difficulté, nous avons observé une militance du sans voix, dans la première génération (années 80-90) à quelques exceptions près, laquelle butait contre le mur d’une politique de l’identitaire la ramenant toujours à un « trans-sexualisme ».
Un peu comme s’il n‘était même plus nécessaire d’obliger une personne à mettre une étoile jaune, ou un triangle rose ; c’est la victime qui se désigne, le prisonnier qui s’enferme, le discriminé qui s’exclut.
A ce petit jeu, c’est le tortionnaire qui gagne à tous les coups.
La nouvelle génération pose : trans’ et fière de l’être et rompt avec l’engrenage de la victimisation.
Les trans’ sont des monstres pour certains, des fous pour d’autres, entre ces deux visions on trouve toutes sortes de qualificatifs recueillis sur des années de « micro trottoirs » sur la scène du réel jusque dans les émissions de télévision :
...des vicieux, des pédés, des dingues, des homos refoulés, des enculés, des marginaux aux marginaux eux-mêmes, des êtres qui souffrent, des exclus, des gens bizarres, des machins, des castrés, des travelos, des choses, des bidules, des phénomènes de foire, des êtres humains en détresse, des erreurs de la nature, des êtres fascinants, des femmes ambiguës...
Pour ce qu’il faudrait faire d’eux, quelques exemples :
...les tabasser, les tuer, les exterminer, les aider, les accepter, les comprendre, les intégrer...
Ces propos ne sont en rien le fruit de notre imaginaire mais bien d’une collecte de longue haleine effectuée sur des chantiers, des cours d’école, des bancs universitaires, des administrations, et issus d’un plombier comme d’un ingénieur, d’une maîtresse de maternelle comme d’une secrétaire de la sécurité sociale, d’un père de famille comme d’un célibataire, d’une lesbienne comme d’une hétérosexuelle notoire, au lendemain d’une émission, d’un film, d’un documentaire.
Tous les âges, toutes les catégories socioprofessionnelles, tous les sexes et attirances affectives possibles pour si peu de termes, si évocateurs.
Mais il faut heureusement noter que là où certains ont dit “ pédés ” ou “ enculés ”, d’autres ont parlé “ d’homos refoulés ”, que là où on s’est exclamé “ les accepter ”, d’autres ont précisé “ les intégrer ”.
Cependant, cela n’empêche personne de croire que les conditions de vie se sont améliorées pour ces personnes, même si l’ombre de la prostitution ou de l’agression plane toujours sur eux. En résumé : si l’on voit des émissions sur les transsexuels, cela ne peut qu’améliorer leur sort pour les uns, c’est dangereux et ça peut créer des vocations pour les autres ; un choix, un courage incroyable, expressions qui côtoient abominations, horreur intégrale ou encore boucherie.
Mais comment expliquer le silence, la mutité jusqu’au sans fond ?
Le transsexualisme télévisuel : l’invention d’une Transidentité ?
A partir de l’échantillon (précisé en Sources), nous avons dégagé un certain nombre d’étapes relatives au traitement du sujet dit transsexuel sur les plateaux de télévision, de la Transidentité dans les documentaires. Comment présenter et montrer une personne dite trans’, comment décrire et narrer un état de Transidentité ?
Que disent-elles (les personnes concernées, amiEs et familles), que disent-ils (journalistes, animateurs, juristes, médecins, l’homme de la rue) ? Les mises en scène détiennent-elles les clés des dénotations et des connotations qui forment le parti pris de la compréhension et des rejets, de jugement émotionnel et/ou de la conscience réflexive ?
Comment se conclut une telle approche dite informative et non iconographique à raptus émotifs ? Où se trouve la parole dans l’image ? Sacrilège ou voyeurisme,
Violence des images ou de la parole ? Que reste-t-il de cette narration de l’impossible ? Le silence de l’image pour la lumière de la voix, la réflexion contre l’émotion, mais est-ce vraiment cela que vous voulez ? rétorqueraient certaines de ces personnes que l’on ne sait où mettre, dont on ne sait que faire et quoi leur dire.
Myriam et les garçons ou comment jeter les trans à l’opprobre publique
Un synopsis
Tout récit a un scénario, une trame, un fil conducteur, une histoire écrite d’avance en somme. Celle de cette émission reprend l’idée de la tromperie et du mensonge. « There’s something about Miriam » (2004) de la chaîne Sky One qui ne l’oublions pas est un reality show ; un jeu à la Crying Game reprendront les tabloïds britanniques.
Pour expliciter, imaginons un jeu tel que Marjolène, une bachelorette draguée par six jeunes gens, qui se révélerait être à la fin du jeu, un homme. Car la pétillante Miriam est une jeune transsexuelle mexicaine pré-op (avant opération). Les candidats ont assigné avec succès la chaîne en justice, voulant interdire la diffusion d’une émission les ayant humiliés selon leurs avocats, certains affirmeront même avoir subis un traumatisme grave ; ils avaient en effet embrassé Miriam.
Le synopsis transmit par TF6 est le suivant :
Avec Myriam et les garçons, TF6 propose de découvrir un Bachelorette d’un genre nouveau. Tous les ingrédients de ce programme de télé-réalité sont réunis : une belle maison, une fille superbe, Myriam, et 6 garçons prêts à tout pour la séduire.
Mais Myriam a un énorme secret que seuls ses prétendants ignorent : Myriam est une fille différente des autres. Myriam est en fait... un homme.
Les sites Internet reprennent l’information ainsi, extraite :
Myriam et les garçons" arrive sur TF6 avec Vincent McDoom TF6 lance un programme Real Tv qui a déjà fait parler de lui "Myriam et les garçons", une sorte de "bachelor transexuel" présenté par Vincent Mcdoom à partir du mercredi 8 mars à 22h20. Myriam cache un "détail".
L’émission de télé réalité sulfureuse Myriam et les garçons arrive sur TF6...
C’est le mercredi 8 mars à 22h20 que débute la diffusion de ce concept ( la version originale et non une déclinaison française ) Ce, durant six semaines. C’est Vincent Mc Doom qui présentera chaque semaine en début d’émission ce qui attend les télespectateurs de TF6.
Diffusée en 2004 sur Sky One, en Grande-Bretagne, l’émission a engendré pas mal de réactions...
Tous les ingrédients de Bachelorette sont là : 6 beaux garçons prêts à tout pour séduire une jolie fille dans un cadre idéal ( villa de luxe, piscine...) Durant deux semaines...
Le hic : les garçons ignorent que Myriam a un détail que n’ont pas habituellement les demoiselles...Les prétendants ignorent tous que Myriam est un homme...
Une simple recherche Google© donne une idée de ce qui se dit déjà sur les forums et les plaisanteries qui ne sont pas méchantes, dit-on généralement avec condescendance, commencent à s’exprimer. Il ne faut pas sous-estimer ces gentilles « blagues » pas plus que celles sur les étrangers ou les femmes lorsque la frontière avec xénophobie et sexisme sont si minces...
Le cinéma s’était fait les dents sur les homosexuels dans les années cinquante, représentés en général comme des psychopathes veules et meurtriers. La Transidentité connaît le même phénomène malgré quelques films « amicaux »...
On sait que les violences verbales et physiques trouvent souvent leur origine dans les représentations stigmatisantes qui infériorisent l’Autre à travers des caractéristiques physiques et morales négatives. L’histoire est un récit plein des cris et de fureur pour reprendre Shakespeare, certes mais aussi pleine d’erreurs. Notamment celle d’accepter qu’une partie de la population puisse discriminer une partie de ses membres pour des questions ethniques, sexuelles ou d’expressions d’identité de genre... Les bonnes raisons n’ont jamais manqué, les atrocités inhérentes non plus...
« Imaginons une belle Villa et six garçons antisémites et une fille qui a un secret... elle est juive ! Imaginons une belle Villa et six garçons très légèrement xénophobes et une superbe jeune femme et il se trouve que son père est noir ! »... Ces exemples sont déplaisant à écrire. La perspective qu’un tel scénario soit possible fait frissonner de dégoût et d’effroi à la fois.
Pour les personnes trans’, tel est l’enjeu. Etre une nouvelle fois moquéEs et jetéEs à l’opprobre publique.
Un fait qui vient tout juste de se produire au Portugal :
Gisberta, immigrante brésilienne, transsexuelle, séropositive, toxico-dépendante, prostituée et sans-abri, a été retrouvée morte le 22 Février 2006 au fond d’un puits plein d’eau, profond de dix mètres, dans un bâtiment inachevé de Porto la seconde ville du Portugal. Le crime a été avoué par un groupe de 14 garçons mineurs de 10 à 16 ans, la plupart d’entre eux faisant partie d’une institution d’accueil pour mineurs, financée par le système public de protection sociale mais sous la responsabilité de l’église catholique.
A la suite de cet aveu, les détails de cet acte terrible ont été découverts. La victime était dans un très mauvais état de santé, et était fréquemment persécutée par les garçons, victime d’insultes et d’agressions. Le 19 février, un groupe de ces garçons est entré dans l’édifice inachevé et abandonné où Gisberta passait les nuits, l’a ligoté, l’a bâillonné, et l’a agressé avec une extrême violence à coups de pieds, de bâtons et de pierres. Le groupe a aussi avoué avoir introduit des bâtons dans l’anus de Gisberta, dont le corps présentait des blessures importantes dans cette partie, et l’avoir abandonee dans ce local. Le corps présentait également des marques de brûlures de cigarettes.
Les 20 et 21 février, ils sont revenus au local et ont de nouveau pratiqué les agressions. Le matin du 21 au 22 Février, il ont finalement jeté le corps de Gisberta dans le puits afin de tenter de masquer leur crime. L’autopsie déterminera si à ce moment la victime était encore vivante ou non. Le fait que le corps ne flottait pas, mais gisait au fond de l’eau du puits semble indiquer qu’elle serait morte par noyade.
En mars 2005, c’est Mylène, transsexuelle de 38 ans qui a été retrouvée morte décapitée à Marseille, émasculée et criblée de coups de coups de couteaux. Les détails de ces crimes sont si forts qu’il est difficile d’en donner tous les détails et la perspective des souffrances endurées par ces personnes donne la nausée
L’oppression que vivent les personnes trans’ est quotidienne dans une société où n’existent que deux sexes sociaux. L’insulte est monnaie courante, pourtant la discrimination de genre a été rejetée par la HALD sous prétexte que nous étions hommes ou femmes à l’arrivée. Mais qu’advient-il des personnes dont le physique interdit l’anonymat, des personnes qui ne peuvent et/ou ne souhaitent pas l’opération, des personnes qui ne peuvent pas changer leur état-civil ?
La discrimination en dit long sur ces états de fait au sein d’une société qui se dit en progrès et dont quelques têtes pensantes n’hésitent pourtant pas à parler d’hérésie en ce qui concerne les transidentités.
Ces “ têtes ” ne pèsent-elles pas le poids de leurs propos ? Nous connaissons quelqu’un chez nous, en France, qui parle de races inférieures, et d’autres se sentent alors autorisés à jeter un Maghrébin dans la Seine. Remarque et comparaison exagérées ? Sûrement pas, pour celui qui est allé rencontrer les personnes dites trans’ dans leur quotidien, dans la réalité qui leur est imposée et que le psychiatre n’appréhendera jamais depuis son cabinet confortable et bien chauffé.
Rien ne justifiera jamais une vie sacrifiée sur l’autel du divertissement et en tant qu’universitaire en science de l’information et de la communication et femme trans’ je m’interroge : accepter ! Et au nom de quoi ?
Karine Solène Espineira
Chargée de communication Directrice de l’association trans’ Sans Contrefaçon à Marseille
Entre autres sources : Et il voulut être une femme, de Michel Ricaud . Lechoix, d’Anthony Page . Les Dossiers de l’Ecran : D’un sexe à l’autre : Elle ou Lui ?, Antenne 2 . Reportages : D’un sexe à l’autre, TF1 . En Quête de Vérité, TF1 . Prostitué(e)s, de Mireille Dumas . Envoyé Spécial : Les femminielli, France 2 . Bas les Masques, France 2 . Tout est possible, TF1 . Thema, ARTE : Gare aux transsexuels (Transsexual Menace), de Rosa Von Praunheim ; I Don’t Wanna be a boy, d’Alec Behrens et Marijn Muyser ...
Emissions de télévision
LE DROIT DE SAVOIR : Faits divers, « Camille et Monica, le mariage interdit d’un couple transsexuel, TF1, mercredi 15 juin 2005.
ON NE PAS PLAIRE A TOUT LE MONDE, présence de Camille et Monica, émissionanimée par Marc-Olivier Fogiel et Guy Carlier, France 3, dimanche 1er mai 2005. LE JOURNAL DE LA SANTE, La Transsexualité, émission présentée par Michel Cymes et Marina Carrères d’Encausse, France 5, jeudi 14 avril 2005. J’Y VAIS, J’Y VAIS PAS ?, Comment assumer mon identité sexuelle ?, émission présentée par Valérie Benaïm, France 3, novembre 2004. ÇA SE DISCUTE, Sexualité : comment assume-t-on son ambiguïté ?, émission de Jean-Luc Delarue, France 2, octobre 2004. LOLA-MAGAZINE FEMININ, Le désir d’être femme, présentée par Lio, Arte, août 2004. C’EST QUOI L’AMOUR, Homme, Femme ! Peut-on être les deux à la fois ?, émission animée par Carole Rousseau, TF1, avril 2004. VIE PRIVEE, VIE PUBLIQUE, Des couples pas comme les autres, invitée Andréa Colliaux, France 3, 2003. THEMA ARTE, XXY Enquête sur le troisième sexe : Les hermaphrodites, univoque, équivoque, documentaire d’Ilka Franzmann, Allemagne, 2002 ; Le mythe de l’hermaphrodite, documentaire de Thomas Schmitt, Allemagne, 2002 ; Southern Comfort, documentaire de Kate Jones-Davis, Etats-Unis, 2000 ; Arte, 2002. C’EST QUOI L’AMOUR ?, Troubles de l’identité sexuelle, émission animée par Carole Rousseau, TF1, décembre 2001. CE QUI FAIT DEBAT, émission de débat en direct présentée et animée par Michel Field, France 3, 2001. LE DROIT DE SAVOIR, Planète Transsexuelle, Enquête sur le 3e sexe, TF1, 2001. ÇA SE DISCUTE, Transsexuels, hermaphrodites, travestis, androgynes : commentvit-on la frontière ?, Emission de Jean-Luc Delarue, France 2, 2000. THEMA ARTE, Je est un(e) autre : Transsexual Menace, de Rosa Von Praunheim,1996 ; I Don’t Wanna be a boy, d’Alec Behrens et Marijn Muyser, 1995 ; Finishing School, Kate Jones-Davies, 1995 ; Arte, 1998. ENVOYE SPECIAL, Les femminielli, magazine de Paul Nahon et Bernard Benyamin,France 2, 1996. BAS LES MASQUES, Je suis né(e) dans la peau d’un autre, émission de Mireille Dumas, France 2, 1996. TOUT EST POSSIBLE, présentée par Jean-Marc Morandini, invitée Christelle J., 1996. TOUT EST POSSIBLE, J’ai changé mon corps, invitée : Gina Noël, présentée par Jean-Marc Morandini, 1994. BAS LES MASQUES, Je ne suis pas celle que vous croyez, émission présentée par Mireille Dumas, 1993. FRANÇAIS SI VOUS PARLIEZ, Je me travestis, et alors ?, émission animée André Bercoff, 1993. REPORTAGES, D’un sexe à l’autre, Magazine de Michelle Cotta et Henri Chambon, TF1, 1992. EN QUETE DE VERITE, Emission présentée par Jean-Pierre Foucault, TF1, 1992. LES DOSSIERS DE L’ECRAN : D’un sexe à l’autre : Elle ou Lui ?, d’Armand Jammot, Antenne 2, 1987. SPECIAL TRAVERSES, Le corps de mon identité, documentaire de Jacques-René Martin, FR3, 1983.
http://andreacolliaux.canalblog.com/archives/2007/07/25/5713136.html (Carnet De Bord d'Un Steward Devenu Hôtesse de
l'Air, 25 juillet 2007)
Sommaire |
En 2000, la Commission contre les crimes de haine par homophobie recensait à peu près 15 assassinats de transsexuels par mois au Mexique[1].
Des transsexuelles sont arrêtées arbitrairement au Venezuela en 2002, alors que par ailleurs d'autres transsexuels sont assassinés[2].
Amnesty international dénonce en 2005 des violences policières exercées sur des transsexuels aux États-Unis d'Amérique[3].
Au Portugal en 2006, une transsexuelle brésilienne fut torturée et violée, puis abandonnée dans un puits, où elle mourut[4]. La non-incrimination de meurtre a provoqué plusieurs réactions de la part des organisations homosexuelles, relayées par les médias.[5]
Les violences sont souvent liées aux discriminations dont sont victimes les transsexuels : sans emploi ou en situation précaire, visibles, vulnérables, certaines personnes deviennent des cibles faciles pour les actes de violence.
DiscriminationsIl est parfois difficile pour des transsexuel/les de trouver un emploi lorsque le sexe donné par les papiers d'identité ou la carte de sécurité sociale ne correspond pas à l'apparence de la personne[6]. Si des lois contre la discrimination sont passées dans la Communauté européenne, dans plusieurs pays, de tels dispositifs législatifs n'existent pas.
Les personnes en transition dans leur changement de sexe peuvent aussi susciter le rejet dans leurs démarches. Les transsexuels subissent aussi souvent l'homophobie de personnes qui confondent le transsexualisme avec l'homosexualité. Les disctriminations sont souvent liées aux préjugés sur les transsexuels.
Elle peut aussi prendre la forme d'un refus d'accepter l'expression de l'identité de genre de ces personnes. Des féministes non-mixtes ont exclu des femmes de certains groupes, ou leur ont refusé l'accès à certaines manifestations parce qu'elles étaient de sexe masculin à la naissance (au Festival de musique féminine du Michigan, dans les années 1990[7], ou dans un bar lesbien de Paris en 1999[réf. nécessaire]).
De même, des transsexuels et des transgenres ont pu ressentir de la transphobie de la part d'homosexuels qui les rejetaient parce qu'ils ne les considéraient pas comme des hommes (qu'ils soient MtF ou FtM).
Transphobie psychiatriqueDans leur appréhension du transsexualisme, certains psychiatres qualifient le transsexualisme au mieux de syndrome (tel qu'enoncé par le sexologue Harry Benjamin) ou encore de psychose[8], une généralisation souvent vue comme insultante et pathologisante[9].
Dans les années 1980, certains psychanalystes assimilaient l'opération de changement de sexe à une simple castration et allaient jusqu'à parler d'"eunuques". Ils en concluaient que les transsexuels étaient des "monstres" après leur opération, et qu'ils devaient être psychotiques pour la désirer.
Les transsexuels peuvent aussi se voir refuser un traitement hormonal lorsque leur demande ne correspond pas à la vision que leur médecin a du transsexualisme[10].
Nombre de transsexuels fulminent devant le protocole officiel, crée par les Dr Cordier, Chiland et Gallarda. Selon eux, les équipes officielles sont transphobes et une transition faite dans le protocole conduit inévitablement à l'abattoir [sic].
Références
« Psychotiques, rétifs à tout traitement psychanalytique, ou “ curieuse erreur de la nature ”, les transsexuels adultes demandent le changement de sexe pour
être en paix avec eux-mêmes. »
Elisabeth Badinter, XY. De l'identité masculine, Odile Jacob, Paris, 1992, p. 70
« Dans le petit milieu parisien, tout le monde a entendu parler de ces gays qui ont récemment décidé de devenir des femmes. Ce que je veux dire, c'est que
dans le transgenre et tout ce qui va avec, il y a des personnes qui se persuadent facilement que rejoindre le sexe opposé résoudra leurs problèmes. La quête de l'identité est devenue un
passe-temps. Si cela les occupe un certain nombre d'années, je redoute le fait qu'une fois l'objectif atteint, ils ne soient pas plus satisfaits qu'avant.(...) Le pire qui me fut donné de voir,
c'est cet atroce film de Titan, Cirque noir, où des mecs baraqués commencent une scène de sexe, bientôt rejoints par un autre mec baraqué qui, pour une
raison étrange, garde son pantalon – ce qui est assez rare dans la pornographie. Plus tard il finit par se déshabiller et on découvre, horreur, que ce mec viril a un vagin. Quand j'ai vu
ça l'effet a été tellement débandant que je n'ai pas pu me branler pendant trois jours ».
Didier Lestrade, Cheikh – journal de campagne, Flammarion, 2007, page 113.
« L'enfant sera ainsi né d'un individu, son père, qui sera devenu une femme, ce qu'un tribunal atteste, sans que la douleur, le désarroi de l'enfant devant
cette scène d'horreur, ne fasse réfléchir ni reculer. »
Nathanaël Majster, cité par Marcel Czermack (Psychiatre), Comment ne pas être déprimé, Journal français de Psychiatrie n° 8.
« Les transsexuels sont des chauve-souris qui n'aiment pas se montrer au grand jour. »
Vincent Mc Doom, in Tuner (site d'information indépendant sur les médias), propos recueillis par Fabrice Staal, le 30 mars 2007.
« Tous ces noirs mal blanchis me font penser à ces travelos hermaphrodites horribles, ces transsexuels immondes qui, après « l’Opération », se retrouvent ni
hommes ni femmes, ni bête ni rien »
Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines, Le Dilettante, 2006.
Pettiti Louis-Edmond (magistrat)
« Le système de mise à l'épreuve pour un contrôle médical s'impose. Le vrai transsexuel l'accepte et admet en même temps un contrôle psychiatrique. Le sujet qui
n'est pas un vrai transsexuel veut accélérer le passage à l'opération. »
Louis-Edmond Pettiti, Les Transsexuels, PUF, Que sais-je ?, 1992
source : Trans Aide
Transphobie & Discriminations > A qui signaler les faits?
http://www.cncdh.fr/article.php3?id_article=336
http://www.halde.fr/Contact.html
> VELA (Collectif pour informer et témoigner sur les discriminations envers les lesbiennes, les gays, les
bis, les trans et les intersexes ainsi que pour organiser des actions contre ces discriminations) -
http://vela.over-blog.com
Michelle Blanc se confie sur la transphobie en voyage
Un véritable parcours qu'a vécu Michelle Blanc. Montréalaise, spécialiste en marketing web et transsexuelle, cette dame parcourt le monde malgré cette différence marquante qu'est l'identité du genre. (source : touristiquementgay.com, 19 octobre 2010)
Michelle Blanc. Photo : ©OSA IMAGES.
L'article « Transphobie en voyage », publié lundi par Touristiquement Gay, a suscité de nombreuses réactions. Afin de bien comprendre la réalité des femmes et des hommes transsexuels, nous avons rencontré Michelle Blanc.
Montréal - Née sous le nom de Michel Leblanc, Michelle Blanc est aujourd'hui mondialement connue pour les questions de stratégie et de marketing web. Riche en contenu, son blogue pousse les gens à mieux comprendre et adapter leurs entreprises aux médias sociaux. Avec son livre « Les Médias sociaux 101 », on y retrouve certains de ses billets du blogue et elle documente les changements majeurs que le Web apporte à notre quotidien. Michelle Blanc s'est surtout fait connaître par les Québécois lors de son passage à la populaire émission Tout le monde en parle en novembre 2008. Depuis, madame Blanc a vécu de nombreuses menaces de morts et de messages haineux. Tout ça à cause de sa transsexualité.
Touristiquement Gay relatait plus tôt cette semaine les difficultés que pouvaient vivre les personnes transsexuelles en voyage.
« C'est une véritable angoisse qui commence ». C'est un fait. Plusieurs problèmes se posent lorsqu'une transsexuelle décide de partir en voyage. Dès l'entrée aux douanes, plusieurs questions sont demandées. Il est encore plus ardu lorsque l'on entre dans certains pays des Caraïbes ou villes américaines. Lorsque Madame Blanc arrive à une douane de Paris « il n'y a pas trop de problèmes, ni de niaisages. J'ai seulement à montrer mes papiers de ma chirurgienne ».
Le fait est qu'il devient inconcevable pour Madame Blanc d'aller dans certains pays musulmans. Dans ces pays, l'homosexualité est passible de peine de mort, mais faut-il encore le prouver. Pour une transsexuelle, une certaine évidence est clairement identifiable. Une transsexuelle meurt pour des raisons de différence à tous les trois jours dans le monde.
Transphobie en vacance : une réalité
L'un de ses pires voyages a été celui à Key West aux États-Unis. Réputer pour être une destination gay friendly et d'ouverture, il en était tout autrement pour elle. Tout au long de sa visite, Madame Blanc a vécu bon nombre de mépris et d'injures verbales de la part de la population locale. Est-ce parce qu'elle a été hors de la saison touristique ? Comment une transsexuelle peut etre renseignée sur l'ouverture d'une destination à cette différence lorsque même une destination s'affichant gay friendly affiche un mépris.
Que ce soit dans les rues, dans un bar, dans un restaurant et même à l'hôtel, des situations difficiles peuvent survenir sans prévenir. Regards malsains, ignorance et dégoût, ce ne sont que quelques mots qui résume ce que peut vivre madame Blanc lors de ses nombreux voyages à l'étranger.
Même dans un Club Med gay il devient parfois difficile de se sentir parfaitement accepter. Dans les Îles Turquoises, elle se souvient que le Club Med comptait environ 70% du personnel ayant un comportement adéquat avec elle, mais que le 30 % restant étant très inconfortable fasse à sa transsexualité.
Des raisons culturelles et religieuses font souvent en sorte que les gens posent des jugements sur la condition des transsexuelles. Dans bon nombre de pays, les femmes sont à la base, des gens considérés inférieurs. Imaginez lorsqu'une personne est transsexuelle. L'image de la transsexuelle prostituée est encore bien présente dans toutes les cultures du monde. Même dans les pays industrialisés.
Les lois oubliées pour les transsexuelles
Heureusement qu'il y a des mouvements politiques qui font pression sur les gouvernements pour que les choses changent. Au Canada, ces mouvements se font encore timides. L'identité du genre ne
fait pas encore partie des crimes haineux. Cela veut donc dire que si une transsexuelle se fait suavement assassiner pour cause de différence, l'agresseur ne sera pas jugé pour un crime
haineux.
Le Canada veut changer cette politique et inclure aux crimes haineux, ceux sur l'identité de genre. Mais encore il faut qu'il passe au gouvernement fédéral. Ayant un gouvernement conservateur, beaucoup de travail est à faire pour passer des changements de ce genre.
Ce projet de loi est rendu en troisième lecture. Le NPD, le Bloc Québécois et le Parti libéral du Canada confirment qu'ils adopteront cette loi.
L'éducation, des lois claires et une culture plus ouverte ne feraient qu'aider les transsexuelles à voyager.
lien de l'article : http://www.touristiquementgay.com/actualites/homophobie/michelle-blanc-se-confie-sur-la-transphobie-en-voyage
sur le même sujet . Tous les trois jours, un-e transsexuel-le, est assassiné-e dans le monde
Pays d'émergence du phénomène transsexuel au début du XXe siècle, l'Allemagne réunit alors les conditions nécessaires à la mise en pratique des théories du Dr Magnus Hirschfeld sur les " intermédiaires sexuels ". Après le saccage par les nazis de l'Institut de Sexologie, la France prend le relais en Europe : l'artiste Michel-Marie Poulain raconte son changement de sexe dans Voilà et la déportée Marie André Schwidenhammer crée la première structure d'aide aux transsexuels. Ces deux pionnières posent ainsi les jalons d'une visibilité sociale qui atteint son apogée avec la culture cabaret transgenre à Paris dans les années 1950-60 lorsque les Français découvrent la scandaleuse Coccinelle. Cependant, même après la " libération sexuelle ", les pouvoirs judiciaires, policiers et psychiatriques mettent en place une répression en vue d'empêcher les transsexuels de changer d'état civil et de faire leur transition dans de bonnes conditions. Les années 80 sont marquées par la figure du Pasteur Doucé qui, avec son Centre du Christ Libérateur, œuvre à la politisation de la question transsexuelle. Son assassinat en 1990 entraînera la création d'un tissu associatif rassemblant transgenres et transsexuels dans la lutte pour la reconnaissance de leur dignité.
(source : Evene, repris par le blog de Natacha, Présidence Fondatrice de l'Association "Trans Ma Vie Mon Être")
Des exemples historiques
> Eon, chevalier hermaphrodite
> L'homme qui croyait être une fille ou la démence singulière d'un gentilhomme de Bigorre au XVIIe siècle. En 1725, un obscur gentilhomme de Bigorre meurt après s'être appliqué sur le sexe un « monstrueux appareil » destiné, dans son esprit, à le rendre conforme à ce qu'il croit être depuis l'enfance : une fille. Ce destin tragique – sans doute l'un des premiers que l'on puisse qualifier de transsexuel – nous est connu grâce au récit qui en est fait par l'un des chroniqueurs judiciaires les plus importants du XVIII e siècle, Gayot de Pitaval, qui lui consacre une notice dans ses Causes célèbres. (source : http://idemec.mmsh.univ-aix.fr/Axes-recherche/experiences-transgenres.pdf)
> L'histoire de Lily Elbe,
première "Transsexuelle" de l'Histoire à être opéré(e) bientôt au cinéma (avec Nicole Kidman)
L'histoire de Mademoiselle Rosette (1678-1725)
«M. V.., natif de Barège en 1678, passa de l'enfance à la mélancolie avec délire. A la folie près de se croire fille, il conservait l'usage de toute sa
raison; l'éducation paternelle ne le changea point. On l'envoya à Toulouse, où il prit le degré de bachelier en droit; il fuyait ses camarades, vivait dans la retraite, affectait d'être
dévôt, et tout cela pour convaincre qu'il était fille. |
L'histoire de Dumoret alias Mademoiselle Rosette a été étudiée par Sylvie Steinberg, dans son ouvrage La confusion des sexes; le
travestissement de la Renaissance à la Révolution (Fayard, 2001. Voir le forum
La Folie XVIIIème) et plus récemment par Alain Chevrier, dans Histoire de Mademoiselle Rosette : Testament cassé d'un homme qui croyait être une
fille (Gallimard, Collection «Le cabinet des lettres», 2007. Voir encore la présentation de l'ouvrage et la biographie de l'auteur sur le site Amazon.fr) :
l'histoire a été rapportée par le polygraphe François Gayot de Pitaval dans un des volumes de son recueil de Causes célèbres, paru en 1741.
source : http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/trans.htm
Une histoire d'aujourd'hui qui reflète « l'expression d'une souffrance »
Pendant près de deux ans, Stéphanie a réussi à faire croire à sa compagne qu'elle était… un homme.
Pour pouvoir se marier avec la femme qu'elle aimait, Stéphanie, une Vitryate de 23 ans, avait changé le sexe inscrit sur sa carte d'identité. La tromperie a été découverte. (source : L'Union, 29 octobre 2008)
Mariage non célébré : le jugement aujourd'hui
C'EST aujourd'hui qu'un transsexuel comparaît devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour « faux et usage de faux en écriture publique, faux et usage de faux ».
Souvenez-vous du 7 juin dernier. Un mariage n'avait pu être célébré à la mairie de Vitry-le-François parce que le futur époux était en fait… une femme.
C'est en vérifiant le dossier de mariage du couple que Claudine Brocard, 5e adjointe au maire chargée des affaires générales, a découvert la tromperie. Le futur mari, Stéphane, 23 ans, n'avait
pas présenté les documents originaux, sa carte d'identité notamment, mais des photocopies. En la regardant d'un peu plus près, elle a constaté que la lettre M (= masculin) au bas de la carte
d'identité était plus petite que les autres. « Nous avons contacté la mairie de Thionville, en Moselle, où il était né, avait alors raconté le maire PS Jean-Pierre Bouquet dans nos colonnes le 8
juin dernier. Sur l'extrait original de l'acte de naissance que nous avons reçu, nous avons découvert que Stéphane était en réalité… une femme ».
« Une souffrance »
En tant qu'officier de police judiciaire, l'élu socialiste a aussitôt signalé cet acte délictueux à l'autorité judiciaire. Il a transmis la situation au procureur de la République de
Châlons-en-Champagne. Entendu par les gendarmes, le « futur époux » a reconnu les faits. Pendant près de deux ans, il a réussi à faire croire à sa compagne qu'il était… un homme. « Cette femme se
considérait comme un homme.
Montaigne est passé à Vitry le 10 septembre
1580.
Montaigne remarqua que cette histoire avait beaucoup marqué les esprits : les jeunes filles conseillaient de ne plus accomplir de grandes enjambées de peur qu'elles ne subissent le même sort.
Une anecdote qu'a reprise Montaigne dans ses Essais pour expliquer le pouvoir de l'imagination sur l'être humain et sa perception de la réalité.
Note de caphi : Aujourd'hui, à de rares exceptions, on ne pend plus les transsexuel(le)s mais, plus de 5 siècles après Montaigne,
elles-ils sont encore discriminé(e)s et quelquefois battu(e)s par des individus qui se réfèrent à des lois plus ésotériques que naturelles. Ostracismes et chasses aux sorcières sont encore bien présentes de nos jours et l'évolution en matière politique est encore bien lente, même dans le pays des
Lumières.
[tribune] La passion transsexuelle
Directement concernée par le sujet, car elle-même transsexuelle, Rachel Pollack nous explique que la transsexualité est un acte de foi, une passion pour une identité plus profonde que celle déterminée par l'anatomie.
par Rachel Pollack *
source : L'économiste ("premier quotidien économique du Maroc"), 28 janvier 2011
Depuis toujours, et dans pratiquement toutes les cultures, des hommes et des femmes ont choisi
d'adopter le comportement du sexe opposé, de changer de sexe en allant jusqu'à modifier leur corps. La transsexualité est une révélation spirituelle qui les pousse à affronter
les conventions sociales et à surmonter les obstacles physiques pour se réaliser enfin.
La transsexualité est la manifestation contemporaine d'un désir et d'une pratique qui remontent à la nuit des temps. Depuis toujours, et dans pratiquement toutes les cultures, des hommes
et des femmes ont choisi d'adopter le comportement du sexe opposé, de changer de sexe en allant jusqu'à modifier leur corps.
Dans la mythologie homérique, Aphrodite est la déesse de l'amour. Mais ses fidèles la désignaient également par le mot «hermaphrodite», une contraction des noms d'Hermès (un dieu
phallique) et d'Aphrodite. Et l'apparition même de cette déesse suggère un héritage transsexuel. Hésiode raconte qu'Ouranos (Uranus), le dieu du ciel, devenu tyrannique, opprimait son
épouse Gaïa (la Terre mère) et tuait leurs enfants. Gaïa créa une faucille et la donna à son fils Chronos (Saturne), qui s'en servit pour émasculer son père, jetant les organes mâles à la
mer. Aphrodite émergea alors de l'eau, la femme idéale. Ce qui différencie les transsexuels d'aujour-d'hui des fidèles d'Aphrodite ou de Cybèle, c'est surtout la technologie médicale. Le
premier pas pour les transsexuels est l'hormonothérapie. (...) la
suite ici
Rachel Pollack (Etats-Unis)
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* Rachel Pollack est l'auteur de 17 ouvrages, dont «Unquenchable Fire», primé aux Etats-Unis. Son prochain livre, «The Body of the Goddess», une étude de la religion préhistorique vue au travers du corps de la femme, sortira début 1997. En 1992, elle a plaidé la cause des transsexuels devant le Conseil de l'Europe, à Strasbourg. Née de sexe masculin, Rachel Pollack vient de fêter les vingt ans de sa vie de femme.
LIRE AUSSI > HISTORIQUE ET ETHNOLOGIE DE LA TRANSSEXUALITE ET DU TRAVESTISSEMENT (de -1490 avant J.C. jusqu'à aujourd'hui)
. Les Transgenres à travers l'histoire de l'art . Le troisième sexe dans le monde . Etre transsexuel-le . Les hommes, les femmes et nous : transsexuel/les et transgenreslien de l'article : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2268/articles/a373252-au_pays_des_hommesfemmes.html
> Lire aussi la Lettre d'Asie : "L'envol du troisième sexe en Thaïlande" dans du 18.02.11. . Le 1er juillet 2010 a été inauguré à Pattaya le bureau de HON (Health and Opportunity Network), un centre d’accueil pour transsexuels séropositifs. > LIRE (Gavroche-Thailande.com, 21-12-2010) . Le gouvernement thaïlandais a provoqué la polémique en censurant le film "Insects in the Backyard" dont le héros est un transsexuel, au motif d’ "immoralité". LIRE > Censure: la Thaïlande envoie les transsexuels au placard (5 janvier 2011) [Thaïlande] Haruna, Miss Transsexuel, milite pour le respect de ses semblables
La Japonaise Haruna Ai lors du concours de beauté Miss International Queen 2009 à Pataya (Thaïlande), le 31 octobre 2009
PATTAYA, Thaïlande (AFP, 2-11-2009) — Haruna, animatrice de télévision, l'a emporté sur 20 autres créatures venues des quatre coins du monde pour devenir la Miss International Queen 2009.
Un titre sérieux dans un pays où les transsexuels font partie du paysage social, et où la tolérance est loi à l'égard de bien des pratiques considérées ailleurs comme déviantes, dégradantes, voire illégales.
Des millions de Thaïlandais ont regardé en direct le spectacle retransmis depuis Pattaya, cité balnéaire connue à l'étranger pour avoir porté
l'industrie du sexe à un niveau qui frise l'industrialisation.
"Je suis très, très heureuse", confessait Haruna en larmes à l'AFP, quelques heures après son sacre au Tiffany, présenté comme le plus grand cabaret de transsexuels du monde.
Grandie par un diadème en faux diamants, elle ajoutait: "Je veux que des compétitions comme celles-là montrent à tous qu'ils doivent s'aimer et vivre librement".
"Le mode de vie japonais est plus traditionnel et les transsexuels ne sont pas libres. Mais en Thaïlande, ils font ce qu'ils veulent", a-t-elle dit.
La soirée n'aura pas toujours porté les attributs du discours politique le plus élaboré, lorsque défilaient sous les hurlements goguenards les
belles en costumes nationaux.
Avec une Américaine toute de plumes vêtues, et une Anglaise en hallebardier de la Tour de Londres, portant cuissards de satin noires et bonnet à poil.
Les lumières tamisées du Tiffany ont ensuite accueilli les candidates en robes de soirée puis maillot de bain rose, sous un ballet aérien de cerfs-volants fluorescents.
De quoi permettre le triomphe d'Haruna, repartie avec 10.000 dollars, un an de séjour dans un hôtel et un bon pour 500 dollars de chirurgie esthétique que visaient ses deux dauphines, la Thaïlandaise Karngsadal Wongdusadeekul et la Brésilienne Daniela Marques.
Mais les commentaires "backstage" évoquaient une autre réalité, faite de discrimination et de frustrations.
"Je ne peux que rêver d'un événement comme celui-là aux Etats-Unis", a admis l'Américaine Sunny Dee-Lite, 32 ans, sortie première du défilé en robe.
La Chinoise Maggie Gao a pour sa part remporté cette année le prix de Miss Monde Shenzhen, organisé dans cette ville du sud de la Chine. Avant de se voir retirer son prix lorsque les organisateurs ont constaté qu'elle était un homme.
Quant à Camilia Dzelma, 22 ans, elle appelait à plus de transparence après avoir été acceptée par sa famille musulmane à Singapour. "Je suis là pour montrer au monde que je ne suis pas un monstre", a expliqué ce professeur de danse pour enfant d'une école publique. Et d'ajouter: "Ma mère m'a appelé pour me souhaiter bonne chance".
Même en Thaïlande, où les pratiques sexuelles sont libérées de la plupart des barrières morales qui pèsent en Occident, le combat n'est pourtant pas complètement gagné.
Les transsexuels s'y plaignent de ne pouvoir changer d'identité sur leurs papiers comme dans certains pays occidentaux. Et de nouvelles lois ont restreint les possibilités d'opérations.
La Thaïlandaise Sorawee Nattee, qui a gagné à 21 ans le titre national en mai, a même été convoquée pour son service militaire. "Mais quand j'y suis allée comme ça, en fille, avec des seins, ils m'ont dit de partir".
THAÏLANDE • Transsexuelle mais pas “démente” du tout
Assez nombreuses dans un pays qui les tolère plutôt bien, les transsexuelles se battent pour que l’armée cesse de les réformer pour des motifs humiliants qui gâchent leur vie, témoigne Global Post.
09.11.2010 | Patrick Winnn | Global Post
© Dessin de Istvan Banyai paru dans The New Yorker
Paru dans
DE BANGKOK, Thaïlande
C’était le jour de l’enrôlement dans la banlieue de Bangkok. Avec ses locks châtains tombant sur ses épaules, Prempreeda Pramoj Na Ayutthaya se dissimulait au milieu d’un millier
de jeunes. A l’appel de son nom, elle s’est levée, les jambes flageolantes, pour traverser la foule de garçons stupéfaits.
“J’ai paniqué. Au début, ils croyaient que j’étais la sœur d’un des leurs, raconte-t-elle. Mais quand je me suis avancée, tout le monde a compris que je n’étais pas une fille
et il y a eu un énorme raffut.”
La plupart des 500 000 Thaïlandais qui peuvent être tirés au sort par l’armée chaque année craignent d’être incorporés dans l’infanterie. Mais peu d’entre eux redoutent autant
d’être appelés que les katoeys, comme on appelle ici les transsexuelles. Ces jeunes, qui sont génétiquement des hommes mais se considèrent comme des femmes, voient l’enrôlement
comme une menace contre leur identité. “Ils nous coupent les cheveux et détruisent notre féminité. On fait tout ce qu’on peut pour l’éviter”, explique Prempreeda.
L’importante population de transsexuelles thaïlandaises pose un problème à l’armée, pour laquelle les katoeys doivent faire leur service militaire à 21 ans, comme tous les autres
garçons de leur âge. Dans la pratique, elle admet rarement ces jeunes parfumés aux cheveux longs et à la poitrine gonflée par les hormones. Ils sont considérés comme inaptes au
service, souvent pour “poitrine déformée”.
Mais le motif de rejet le plus fréquent est aussi le plus accablant : trouble mental ou, pis encore, démence. C’est ce terme qui a été inscrit en 2006 dans le dossier de Samart
Meecharoen, ce qui a poussé cette réceptionniste de 26 ans à devenir militante. Après avoir raté un entretien d’embauche pour avoir été cataloguée comme “démente” – la
plupart des employeurs exigent une attestation de service militaire des candidats –, elle a porté plainte contre le ministère de la Défense avec l’aide d’une association de
défense des homosexuels. “Ne comprennent-ils pas qu’ils ruinent notre vie ? s’insurge Samart. Ça nous suit toute notre existence. Même quand on veut ouvrir un compte en banque
ou qu’on fait une demande de visa, les gens nous voient comme des fous.”
Même si le ministère de la Défense a toujours le droit de rejeter les katoeys comme malades mentaux, l’affaire de Samart a conduit l’armée à s’abstenir de classifications aussi
préjudiciables à la carrière des intéressés. Pour rejeter les katoeys, les officiers de haut rang recommandent désormais d’utiliser une mention passe-partout : “Le corps de
cette personne ne correspond pas à son sexe de naissance.” La décision n’est pas définitive, mais beaucoup de transsexuelles souscrivent à cette formule. Ceux qui ont été
jugés “déments” ou “déformés” espèrent que ces qualificatifs peu flatteurs seront effacés de leur dossier.
Les jeunes katoeys qui craignent d’être enrôlés se rendent sur ThaiLadyBoyz.net, le plus grand site en langue thaïe sur la vie des transsexuelles. Le site propose en ligne une stratégie pour les futurs appelés.
“Fais-toi belle mais reste décente”, écrivait ainsi un usager. Prempreeda a suivi le conseil en choisissant une tenue correcte mais assez féminine pour montrer aux
officiers qu’elle était une vraie katoey. Elle avait alors 20 ans et prenait des hormones importées d’Allemagne depuis l’âge de 17 ans pour avoir de la poitrine. “Le médecin
de l’armée, plutôt jeune, m’a fait entrer dans une petite pièce fermée par un rideau, raconte-t-elle. Il y avait des garçons qui montaient au 1er étage dans l’espoir de
surprendre une scène sexuelle. Bien sûr, les transsexuelles sont les clous du spectacle.”
Prempreeda s’attendait au pire. Le médecin lui a demandé d’enlever le haut et a vu qu’elle portait un soutien-gorge de sport. “Il a ri, dit-elle. Il était évident qu’il
utilisait son autorité pour voir mes seins.” Son diagnostic a été “poitrine déformée”.
Aujourd’hui âgée de 31 ans, Prempreeda travaille comme chercheuse et consultante privée. Elle a eu de la chance. “Le président du conseil de révision a été très gentil quand
je lui ai demandé de ne pas ruiner ma carrière”, souligne-t-elle. Selon elle, les mentions de “démence” ou de “déformation” appliquées par l’armée aux
katoeys brisent le mythe selon lequel la Thaïlande serait un paradis pour les gays. “Nous ne sommes pas la cible de crimes ou de violences homophobes, observe-t-elle,
mais nous poursuivons notre lutte et il nous faudra beaucoup de temps.”
http://www.courrierinternational.com/article/2010/11/09/transsexuelle-mais-pas-demente-du-tout
REPÈRE KatoeysTerre de tolérance, la Thaïlande compterait de 10 000 à 100 000 transsexuelles. Malgré les moqueries et les préjugés, les katoeys sont acceptées. Il faut dire que le bouddhisme thaïlandais évoque quatre sexes différents, dont un sexe hermaphrodite et celui d’un homme qui dévie de la norme
hétérosexuelle. Désormais, la possibité de recourir à une opération de changement de sexe rend la vie des katoeys plus facile. En revanche, ce changement de sexe n’est pas reconnu juridiquement par la Thaïlande, et leur communauté milite pour ce droit.
Sur le web Global Post L'article original (en anglais) Fiches pays Même sujet RENCONTRES DU TROISIÈME GENRE À BANGKOK Transsexuelle, et alors ?Et en France ?
Près de la moitié des trans’ opéré-e-s dans des hôpitaux français ont été victimes de complications. Les résultats d'une étude de l'Inserm confirment les constatations des associations sur le terrain. Les études sur les trans’, leur santé, leur parcours sont rares, et la publication des premiers résultats d’une enquête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) la semaine dernière par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS) est, en soi, une bonne nouvelle. Les conclusions, en revanche, n’en sont pas, et viennent confirmer ce que les associations sentent sur le terrain... > LIRE (yagg.com, 3-12-2011) LIRE aussi > . Chirurgie de réattribution sexuelle sur Wikipédia Sur la transidentité en ASIE . Transsexuel-le-s en Inde . [Népal] Première reconnaissance officielle du troisième sexe par le nouveau gouvernement maoïste (septembre 2008) . [Indonésie] l’école coranique des travestis . [Pakistan] Du mieux pour les trans’, considérés par la cour suprême comme des citoyens à part entière - Une transsexuelle star de la télévision pakistanaise pour aller plus loin . Le troisième sexe dans le monde . La transsexualité dans l'Histoire (jusqu'à aujourd'hui) Au pays des hommes-femmes
Tout laisse penser qu'Anna Grodzka, 57 ans, tête de liste du Mouvement de Janusz Palikot à Cracovie aux législatives du 9 octobre, siègera à la Diète polonaise. Elle sera, signale le
quotidien Gazeta Krakowska, la première personne transsexuelle de l'histoire parlementaire polonais. Son programme : défendre les droits des
transsexuels. "Ils sont vraiment très nombreux", explique Mme Grodzka. "Si les estimations se confirment, elle sera aussi la seule députée transexuelle au monde en exercice", précise le journal, expliquant qu'il y a déjà eu des transsexuels au parlement italien et
néozélandais. Anna Grodzka, qui elle-même a subi une coûteuse opération de changement de sexe, dirige aujourd'hui l'association Trans-fuzja et se bat pour que ce type d'opération soit
remboursé, au moins partiellement, par la sécurité sociale.
lien : http://www.courrierinternational.com/breve/2011/10/10/une-deputee-transsexuelle-a-la-diete
> Après l'élection de [la] transexuel[le] Anna Grodzka et de l'activiste gay Robert Biedroń, Palikot veut transformer la politique en polonaise > LIRE Presseeurop.eu (19-10-2011)
sources : TOUTLECINE.COM, 8/11/2008 / eparsa.fr, 08 11 2008 / FilmsActu, 10/11/2008 / Cinema-France, 15/09/009 / ecranlarge.com - Fil d'info : Casting-Production+Nicole Kidman, Elle (avril 2010)
Commentaire : Quand fera t-on jouer les personnages de transsexuelles par... des transsexuelles ? Sans vouloir dénier le talent certain de Nicole Kidman, n'y a-t-il pas à Hollywood ou ailleurs des comédiennes Trans talentueuses ? Caphi > actu > Tomas Alfredson reprend The Danish Girl De la direction d'Anand Tucker, le film The Danish Girl passe à celle de Tomas Alfredson (Morse). Prévue au casting, Charlize Theron quitte également la production. (Cinema-France, 15-09-2009) filmographie & biographie de Tomas Alfredson The Danish Girl
Le transsexualisme
d'Einar Wegener ("Lily Elbe")
1930 : Einar Wegener ("Lili Elbe") demande à Magnus Hirschfeld de le transformer en femme, ce qui sera fait par Gohrbandt, à
Berlin. Felix Abraham pratique quelques vaginoplasties (technique alors bien maîtrisée) et des greffes d'ovaires.
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Gerda Wegener (la femme d'Einar Wegener) : biographie Injustement, Gerda Wegener est pratiquement oubliée, en dépit d’une abondante production artistique. Gerda Gottlieb Wegener Porta ( 1889-1940) . Femme peintre internationalement renommée, portraitiste et illustratrice. Danoise, Fille d'un ecclésiastique, elle part à Copenhague pour poursuivre sa formation artistique à l’Académie Royale des Arts. Elle se marie avec son compagnon l’artiste Einar Wegener (1882-1931) en 1904.
Elle voyagea en Italie, en Angleterre et en France où elle se fixa à Paris en 1912, où elle devient célèbre comme peintre et commença à
illustrer pour les magazines comme Vogue, La Vie Parisienne, Fantasio.
Dans son art, Gerda Wegener a reconnu la décadence comme un passage entre le romantisme et le cubisme, entre art nouveau et l'art déco. Elle était dynamique, énergique, ambitieuse. Elle a cherché le succès et la richesse et a vécu une vie parisienne confortable et bourgeoise. Sa célébrité parisienne l’encouragea à tenter sa chance dans son pays natal. Elle a ainsi fait plusieurs expositions à Copenhague à intervalles réguliers. Sa carrière a bénéficié sa s doute de son talent mais aussi d’une assiduité et un travail acharné sans oublier les avantages que son mariage avec Einar Wegener . Einar Wegener était considéré comme un artiste plus talentueux, il a aidé sa femme dans sa carrière artistique. Il se travestissait sous une apparence féminine que Gerda dessinait. Son déguisement en "Lili" est devenu le modèle féminin favori de Gerda. Einar Wegener devient une femme transsexuelle et subit la premier intervention de changement de sexe, et en 1930, il devient « Lili Elbe ». Le roi de Danemark a déclaré le mariage des « Wegener » invalide en octobre 1930. En 1931, Gerda Wegener s'est marié avec le commandant Fernando Porta (en né 1896), un officier italien, aviateur et diplomate et a déménagé avec lui à Maroc, entre Marrakech et Casablanca. Elle a divorcé en 1936 et est retournée à Danemark en 1938. Elle l'a fait sa dernière exposition en 1939 qui fut un échec. Elle meurt en juillet 1940. En dépit d’une brillante vie, elle est morte dans la pauvreté et l’anonymat. Un esprit libre et sans taboue, dans une France sans complexe, Gerda avait réalisé de nombreux dessins érotiques, dans la majeure partie en forme d’illustration, où elle transgressait les interdits de son époque. On peut admirer certains oeuvres dans le Musée d'art Moderne, Centre George Pompidou à Paris. Léda et le cygne de Wegener est une illustration, Léda exhibe devant le cygne son sexe en relevant sa jupe, et en baissant sa culotte comme si elle invitait le cygne, Léda n'est pas abusée par le cygne, au contraire, c'est elle qui mène le jeu. A noter
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Nouvelle sortie de l’éditeur Tabou, spécialisé dans les publications tournant autour de la sexualité et de l’érotisme, le tome 1 de la série Mara, intitulé La folie lucide, est un nouveau présent offert aux lecteurs par l’érotomane italien Cosimo Ferri, connu pour avoir jadis participé au magazine X Comics et de par ses indéniables talents d’illustrateur (entre autres pour Marvel Comics), sans pareils quand il s’agit de croquer de divines pin-up aux formes délicieuses, rappelant cette grande lignée transalpine d’auteurs racés (Serpieri, Manara, Magnus, Frollo, Crepax).
Mara : La folie lucide suit les pas du personnage éponyme, romancière et nymphe vengeresse au corps de rêve, qui débarque avec son homme dans un château vétuste, où se cristallisera les tensions d’une intrigue policière réminiscente des romans d’Agatha Christie ou du célèbre Cluedo. Le passé et ses vérités insondables rejaillissent au sein d’une famille bourgeoise sous les yeux de Mara, qui ne tardera pas à mener l’enquête.
Ferri, scénariste et dessinateur de l’œuvre, concocte un cocktail détonnant, où son héroïne assoiffée de sexe se fait joyeusement culbuter au fil des pages, tout en poursuivant ses investigations. Un doux parfum de libertinage emplit cette BD, qui ne devrait pas manquer de réjouir les lecteurs. Un plaisir (coupable ?) « trois en un », entre « Art de la fesse », fantastique et péripéties rocambolesques, comme une version féminine/féministe des aventures du protagoniste macho des S.A.S. de Gérard De Villiers, l’espionnage « exotique » en moins. C’est ce qui marque les limites du tome 1 de Mara, mais vous auriez tort de vous en priver ! Vivement la suite !
Générant les pensées de femmes singulières, l’exposition explore les questions de genre pour mieux les réinventer. Afin de faire évoluer le regard de nos contemporains, cet événement réunit des artistes questionnant ces notions par leurs propres expériences. À travers des œuvres photographiques, vidéo et performances, la galerie invite à découvrir un univers encore trop souvent inexploré. Brisant les clichés homophobes et lesbophobes, « Sexe et convenances III » s’annonce comme un événement retentissant, riche de conférences, de séminaires et de débats. Parmi les artistes exposés :
Photographe internationale, Tina Fiveash collabore avec des artistes telle que Deborah Kelly, pour retracer l’histoire des femmes homosexuelles dans les années 50, considérées alors comme des criminelles.
Émilie Jouvet, jeune photographe et réalisatrice, explore depuis dix ans les figures du monde queer parisien dans leur intimité et leur lâcher-prise. Elle réalise pour l’occasion des mises en scène jouant avec le genre et l’identité.
Karine Pelgrims réalise des photographies et des vidéos. Intuitive et engagée, sa production souligne qu’être lesbienne est un choix politique
Aurélie Dubois dévoile une création allant à l’encontre du code des genres, s’orientant vers une sexualité non discriminatoire. Elle explore ce thème principalement par le biais du dessin.
Louis(e) de Ville, comédienne, performeuse « burlesque » et « éducatrice sexuelle » crée sa propre propagande féministe en explorant, exploitant et détournant les codes du genre.
Wendy Delorme, actrice et performeuse, est l’auteure de livres retentissants sur la sexualité des femmes et réalise des performances dédiées à la manifestation de l’orgasme et de l’acte sexuel.
Plus d’infos ici : http://www.galeriepascalvanhoecke.com/
Steve McQueen, réalisateur de l’excellent film coup de poing Hunger, s’associe à nouveau avec l’acteur Michael Fassbender pour son nouveau film : Shame. Ca sortira le 11 décembre 2011 dans les salles françaises.
Résumé allociné :
Le film aborde de manière très frontale la question d’une addiction sexuelle, celle de Brandon, trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Quand sa soeur Sissy arrive sans prévenir à NY et s’installe dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie…
La cuisine de Muki, c’est un peu l’émission de Maïté mais en lieu et place du gibier et autre anguille, ce sont de jolies jeunes filles qui se font cuisiner. Dans une recette inédite, le site associe nudité, érotisme, cannibalisme et gastronomie.
C’est assez inquiétant car Muki propose de véritables petits scénarios de fantasmes où les victimes subissent le même sort que les gigots, dindes et autres viandes en sauce. Tout cela serait relativement inoffensif si les auteurs de ce site n’allaient pas jusque dans les moindres détails culinaires : thermomètre à viande dans les fesses, la ficelle de la paupiette de veau est utilisée pour emmailloter de la donzelle et l’on constate une obsession particulière pour les modes de cuisson : au four, à la broche, barbecue à la texane, etc.
Les corps nus sont savamment exposés à côté ou sur divers fruits et légumes, placés dans des décors bariolés et bricolés, ce qui élève parfois cet érotisme bizarre au rang d’art surréaliste. On pense à la grande bouffe, aux films de cannibales, mais aussi à tous les contes impliquant des ogres.
Les cuistots déviants apprécieront sans doute le contenu. L’accès se paye à la semaine et uniquement à la semaine. Le menu vous en coûtera une quinzaine de dollars US.
tinetine au congo
Précédemment...
La transidentité reconnue en Australie (11 March 2010) ,L'Australie a reconnue légalement la possibilité de ne pas entrer dans le carcan de la binarité de genre. C'est historique ! Pour le première fois unE individuE est reconnuE comme n'appartenant à aucun des genres institutionnels. L'article en question > www.pinknews.co.uk/2010/03/11/australia-is-first-to-recognise-non-specified-gender
REVUE de PRESSE
Transsexualité: dans notre article sur la récente décision française de retirer la transsexualité de la liste des maladies mentales, décision plus complexe et contestable qu'il n'y paraît, nous avions signalé un article d'Aujourd'hui l'Inde qui indique qu'au Tamil Nadu, les transsexuels peuvent cocher une case "T" sur leurs papiers d'identité plutôt que d'être contraints de choisir la case "homme" ou "femme". C'est aujourd'hui au tour de l'Australie d'admettre qu'un transsexuel puisse, cette fois, ne cocher aucune des deux cases. De là à ce que la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) juge, comme elle l'a fait pour la case "religion" sur les cartes d'identité, qu'on pourrait tout simplement supprimer la case "sexe" sur les papiers, comme le souhaite certaines associations LGBT, il faudrait une petite révolution...
Sur Libération, 17/03/10. (source : http://vospapiers.blogspot.com/2010/03/biometrie-et-identification-107.html)
Les autorités acceptent de délivrer des papiers d'identité sans sexe spécifié
Les autorités de Nouvelle-Galles du Sud en Australie ont accordé à ["une personne à l'identité sexuelle non définie"] des documents d'identité neutres quant à son genre, reconnaissant ainsi son androgynie. Une première mondiale. (source : E-llico.com, 18 mars 2010)
Né(e) homme puis devenu(e) femme pour finir par refuser de trancher quant à son genre, Norrie n'a pas de sexe spécifié sur ses papiers d'identité.
"Lorsque j’aurai des papiers à remplir et que quelqu’un me demandera 'êtes-vous un homme ou une femme ?', je pourrai répondre '"aucun des deux, voici un document qui l’atteste, merci d’en convenir'", a expliqué Norrie au journal Sydney Observer.
lien de l'article : http://v2.e-llico.com/rubrique.htm?rubrique=telex&articleID=21593
Comprendre
. Le changement d'identité pour les transsexuel-les . L'auto nomination ou la réappropriation de notre identité . Etre transsexuel-le Sur la transidentité dans le monde . Le troisième sexe dans le monde . La transsexualité dans l'Histoire (jusqu'à aujourd'hui)
Il n’y a pas de rapport sexuel est un film de Raphaël Siboni qui sortira en janvier 2012. Extraits du dossier de presse :
SYNOPSIS
Un portrait de HPG, acteur, réalisateur et producteur de films pornographiques, entièrement conçu à partir des milliers d’heures de making-of enregistrées lors de ses tournages. Plus qu’une simple archive sur les coulisses du X, ce film documentaire s’interroge sur la pornographie et la passion pour le réel qui la caractérise. DEPUIS PLUS DE DIX ANS, HPG ENREGISTRE ET ARCHIVE LES MAKING-OF DE SES TOURNAGES AVEC UNE CAMÉRA-TÉMOIN PLACÉE SUR UN TRÉPIED. A L’ORIGINE, CES MILLIERS D’HEURES ÉTAIENT DESTINÉES À DES SITES INTERNET PORNOGRAPHIQUES POUR UNE DIFFUSION EN LIVE-CAM, C’EST À DIRE EN « FAUX DIRECT ». C’EST À PARTIR DE CETTE MATIÈRE BRUTE QUE RAPHAËL SIBONI A RÉALISÉ UN FILM DOCUMENTAIRE. COMMENT AS-TU RENCONTRÉ HPG ? J’ai rencontré HPG par l’intermédiaire de Thierry Lounas, notre producteur respectif chez Capricci Films. Je venais de terminer le scénario d’un film de science-fiction à caractère pornographique et Thierry m’a parlé des milliers d’heures de rushes qu’HPG voulait confier à un artiste. COMMENT AS-TU COMMENCÉ À TRAVAILLER SUR CE PROJET? HPG m’a d’abord montré quelques scènes qu’il avait sélectionnées. J’ai tout de suite été fasciné par la singularité de ces images, enregistrées par une caméra posée dans un coin du décor, parfois presque oubliée. HPG m’a donné accès à l’intégralité de ses rushes, sans aucune restriction. J’ai commencé à tout regarder, sans faire de choix. Cependant, face à l’immensité de la tâche, je me suis restreint aux rushes filmés ces dernières années, en HD, qui représentent déjà plus d’un millier d’heures de making-of. COMMENT AS-TU FAIT TA SÉLECTION ? La caméra du making-of enregistre en continu. Les rushes sont très répétitifs. Il y a beaucoup de scènes d’attente, ponctuées par de courtes séquences hardcore. On y voit des gens au travail. Les positions sont souvent identiques, les axes de caméra changent peu. Les acteurs se masturbent entre chaque scène et les actrices passent beaucoup de temps à attendre. Mais parfois, au détour d’un plan, des scènes magnifiques surgissent, par accident. J’ai voulu faire un film qui puisse retranscrire certaines émotions, certains chocs que j’ai pu éprouver en visionnant cette matière brute. J’ai cherché à faire un montage qui soit proche de mon rapport aux rushes d’origine : une suite de séquences pensées par blocs qui s’inscrivent dans la durée, avec peu de coupures.Marque de prêt à porter d’origine danoise, Forrest & Bob se distingue par des campagnes de pub osées. On a du mal à voir le rapport entre ces vidéos érotiques et la marque de mode (qui ne vend pas encore de lingerie). Mais qu’importe !
Ceux qui ont encore un souvenir ému du joyeusement paillard et débridé de Paprika du pape de l’érotisme Tinto Brass risquent d’être fort désorienté par le nouveau film de Bertrand Bonello. Dans la majorité des films d’auteurs français traitant explicitement de la sexualité, la chair est triste, désespérément triste. Cet aspect mortifère n’est pas totalement absent du nouvel opus de l’auteur du Pornographe mais un glissement vers un fantastique cérébral transcende un sujet « à thèse » pour nous emmener dans un trip poétique et sensuel, d’une élégance singulière. Et Bonello, contre toute attente, flirte avec les plus grands cinéastes contemporains, Lynch et Cronenberg en tête.
Pourtant, passé une exposition qui tient d’un dispositif abstrait un peu désincarné, L’apollonide finit par envoûter et captiver, et l’on se dit, au bout d’une heure que l’on tient un film rare et précieux, qui risque de vous hanter longtemps.
Cette immersion dans un monde clos, secret et voluptueusement pervers titille dans un premier temps l’œil du cinéphile avec une accumulation de références littéraires, picturales et cinématographiques, qui loin d’être purement gratuites, ouvrent le film vers des horizons passionnants. Les yeux sans visage côtoie L’homme qui rit d’Hugo tandis qu’une irruption brutale de violence fait basculer le film chez Dario Argento. Lyrique et hypnotique, cette description des maison closes à l’aube du XXème siècle est en quelque sorte la version parisienne du très beau (et très chiant aussi) Les fleurs de Shanghai de Hou Hsiao-Hsien.
Ce qui frappe dans le film de Bonello n’est pas cette vision « vaguement puritaine » du sexe mais la multitude d’entrées qu’offre son film, beaucoup plus complexe et profond qu’il n’en a l’air. Il s’apparente au début à un exercice de style somptueux. Le montage, d’une fluidité incroyable, glisse sur les corps (souvent nus) des demoiselles de petites vertus, la photographie tout en clair-obscur est splendide, le décor, loin de sombrer dans la reconstitution pompière, évoque le meilleur du fantastique transalpin. Et lorsque Night in white satin des Moody blues accompagne ces images, l’envoûtement est total.
Mais derrière son formalisme impressionnant, L’Apollonide décrit avec minutie le quotidien des prostitués de maison close, leurs angoisses quotidiennes, leurs espoirs qui se vident chaque jour. En apparence, elles semblent s’accommoder d’un climat doux et légèrement étouffant. Elles vivent dans une sorte de prison dorée où coule du champagne, où des hommes fringants leurs promettent de racheter leurs dettes. Mais tout ça n’est qu’un leurre. Pas dupe, elles acceptent leur condition sans sourciller, simulant des orgasmes que nous ne voyons jamais à l’écran (hormis en split screen).
Il émane du film une tristesse, une mélancolie propre aux grands films malades. Bonello filme l’intimité de ces filles avec une grâce absolue. Sans adopter le style frontal du documentaire, l’auteur de Tiresia reste néanmoins lucide et objectif, il reste près de ces jeunes filles aux regards tristes sans forcer le côté misérabiliste. Il laisse le spectateur choisir sa position. Et n’hésite pas à brouiller les pistes passant du chaud au froid, d’une sensualité à fleur de peau (les filles qui se caressent par affection) à une froideur clinique déconcertante (la visite médicale). L’apollonide n’est ni une apologie des maisons closes, ni une critique radicale de leur fonctionnement. Le film est plus subtil que cela à l’image de cette étrange « partie fine» où le « monstre » est exhibé dans une soirée mondaine. Ce monstre est une jeune fille défigurée qui ressemble étrangement au joker de Batman. En apparence objet de dégoût et attraction de foire, elle semble au contraire prendre plaisir et tirer parti de la situation, ce qui confère au film une dimension ambiguë supplémentaire, indiquant alors que ces filles ne sont pas uniquement les pantins d’hommes lubriques. Au contraire, dans des mises en scènes où les hommes sont le plus souvent manipulés comme des enfants, elles restent maîtres de la situation et ne se laissent que rarement dominés.
Mais cette maîtrise est aussi illusoire car elles ne sont pas à l’abri d’un détraqué (la juive défigurée), d’une maladie (la syphilis) d’une idéologie rance (le livre où l’on compare le cerveau d’une prostituée à celui d’un criminel) ou de l’usure du temps (les espoirs déçus de Clotilde). En filigrane, loin d’une nostalgie surannée, Bonello évoque une situation de crise qui fait écho à notre époque contemporaine. La patronne (formidable Noémie Llovski) sait que la fermeture de son établissement, pour des raisons purement économiques, est inévitable et que l’avenir pour toutes les filles est précaire. Le film se clôt par des images granuleuses de la prostitution contemporaine. Pas de jugement moraliste, ni de couplet sur le bon vieux temps, mais un constat terrible qui laisse un goût amer dans la bouche.
Assurément l’un des plus beaux films français vus depuis longtemps, porté par un casting féminin exceptionnel, mêlant comédiennes professionnelles et débutantes. Mention spéciale à Céline Salette et Adele Haenel.
(FRA-2011) de Bertrand Bonello avec Céline Salette, Noémie Llovski, Xavier Beauvois, Adele Haernel, Jasmine Trinca, Jacques Nolot, Hafsia Herzi
L'irrésistible Willeke Van Ammelrooy.
Retour sur la collection Jean-Marie Pallardy de l’éditeur Le Chat qui Fume, avec le thriller érotique Love Connection (alias L’amour aux trousses, 1975), qui synthétise une bonne part des obsessions du cinéaste (complot, manigances féminines, étreintes en bord de mer, …). Pour les complétistes, sachez que sont aussi disponibles, entre autres fleurons « Pallardiens », les incontournables L’amour chez les poids lourds, relecture inspirée de l’Odyssée d’Homère dans le milieu des camionneurs, Une femme spéciale ou le sulfureux La donneuse. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.
Love Connection se paye une distribution solide (Pallardy, piètre acteur, ne s’y octroie – une fois n’est pas coutume – qu’un minuscule second-rôle), qui réjouira les cinéphiles déviants, où l’égérie du réalisateur, la gironde Willeke Van Ammelrooy (Règlements de femmes à OQ Corral, L’arrière-train sifflera trois fois, L’ascenseur de Dick Maas) cotoie la divine Corinne Marchand (Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, le western spaghetti Arizona Colt, Borsalino, le sublime Innocence de Lucile Hadzihalilovic), l’habitué du Bis Michel Lemoine (Hercule contre Moloch de Giorgio Ferroni, Arizona Bill de Mario Bava, Les yeux verts du diable de Jess Franco) – qui réalisa en personne le porno Les désaxées & la pépite Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff (sortie en DVD par Mondo Macabro), et Jean Luisi, habitué des œuvres de Pallardy (L’arrière-train sifflera trois fois, Prends-moi de force, La donneuse).
Michel Lemoine, au visage reptilien.
Les accompagnent le routard du porno hexagonal Jacques Insermini (Langue de velours de Jean-Claude Roy, Mes nuits avec… Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard, Le bouche-trou), Jean-Claude Strömme (L’amour chez les poids lourds, Une si jolie petite fille ; réalisateur des Brigades roses & de l’inénarrable Bactron 317 ou L’espionne qui venait du show) et la hardeuse Claudine Beccarie – non créditée (Suce-moi vampire de Jean Rollin, Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole, Les jouisseuses, Prostitution clandestine d’Alain Payet), à qui Jean-François Davy consacra son (excellent) documentaire Exhibition.
« Belle… Le Saint-Bernard idéal pour un désespéré… »
Comme souvent chez Pallardy, le protagoniste de L’amour aux trousses, Francis (incarné avec fièvre par Michel Lemoine), est issu de la petite bourgeoisie et se débat au départ avec des problèmes dont le commun des mortels se soucie peu, ce qui n’est pas pour susciter l’empathie du spectateur… A la mort de son frère (bassement assassiné), il se verra rapidement en proie à deux femmes (son épouse et sa tante) aux obscurs desseins, en un schéma narratif rappelant vaguement La donneuse (Pallardy semble très attaché à cette dualité féminine). Il est d’ailleurs dommage que les personnages s’embourbent dans des dialogues souvent peu crédibles et trop écrits (une des vilaines manies du réalisateur, avec les transitions sonores « à la serpe »), quand les situations ne flirtent pas avec un manichéisme outrancier.
Claudine Beccarie et Robert Leray, en action!
Le jeu de Michel Lemoine, d’une intensité « autre » confinant parfois au grotesque, n’est pas la moindre des curiosités de cet Amour aux trousses, voyant Claudine Beccarie s’ébattre joyeusement dans une baignoire, en compagnie d’une autre naïade et d’un vieillard s’égosillant, qui n’aurait jamais imaginé se taper pareil morceau à son âge (bien que l’acteur soit coutumier du fait, cf. ci-bas). Le tout sous l’objectif du photographe campé par Pallardy, se délectant face à cet étalage de chairs en mouvement… Une mise en abîme (consciente ?) des méthodes du réalisateur et de son art ?
Il est à noter que le « vieux hardeur » est incarné par Robert Leray (Le Ray), qui démarra sa carrière dans le traditionnel avant de bifurquer vers le porno. Les plus pointus d’entre vous l’auront remarqué dans La pipe au bois (Maxime Debest, 1975), Les tripoteuses (Lucien Hustaix, 1975), Sensations (Lasse Braun, 1975), le classique Je suis à prendre (Francis Leroi, 1978) avec la déesse Brigitte Lahaie, ou encore Marie salope (Alain Payet, 1979).
Willeke Van Ammelrooy, en plein coït.
D’autre part, Pallardy se fait une fois de plus le chantre de l’incommunicabilité hommes-femmes, présentant ces dernières comme perfides et manipulatrices (Laurence ne s’intéresse au fond qu’à la fortune de Francis, tout comme Agnès), menant les mâles par le bout du nez, qui se retrouvent seuls face à leurs désirs/pulsions… Pas étonnant dès lors qu’ils forcent leurs compagnes à accomplir l’acte conjugal, dans des accés de brutalité éhontée (postulat partagé par La donneuse). Une vision des choses profondément noire, machiste, voire « monolithique » (engoncée dans ses certitudes). A fortiori, tout cela n’arrange pas la santé mentale vacillante de Francis, fragilisé par un trauma familial enfoui dans son esprit ; la résolution de l’intrigue prendra donc place sur les lieux du drame originel, un aspect que n’aurait pas renié de nombreux gialli.
Au rayon fesses, l’(a)mateur se régalera de la croupe joliment rebondie de Willeke Van Ammelrooy, qui ne serait rien sans ce visage de tragédienne antique, et d’une agréable série de nudités généreuses. Cette édition DVD offre en bonus le journal érotique de Jean-Marie Pallardy (60 min.), un module dédié à la restauration du film (14 min.), 100 photos extraites de la collection privée du réalisateur et les 10 bandes-annonces de la collection.
La belle Corinne Marchand (non, elle ne se désape pas dans le film!).
Bien que mécanique et quelque peu répétitive, la vie sexuelle des robots est intéressante car elle industrialise et mécanise les relations sexuelles humaines; de plus, les robots ont accès à toutes sorte d’accessoires métalliques (piston, vérins hydrauliques ou pneumatiques) et du lubrifiant en grande quantité. C’est du moins comme cela que l’imagine Michael Sullivan, un artiste qui s’intéresse à la sexualité des cyborgs. Sullivan a fait un peu tous les métiers : photographe, sculpteur, animateur, effets spéciaux. C’est lui qui a fabriqué les cafards de Joe’s Apartment pour ceux qui se souviennent de ce film estampillé MTV. Il a aussi exposé ses oeuvres au musée du sexe à New York.
La vidéo ci-dessous propose le court-métrage en animation image par image, précédé d’un making-of. Ce dernier peut-être passé en allant directement à 3:50.
Le Cinéma Nova à Bruxelles, ouvre la nouvelle saison avec du cinéma underground provocateur en présence du réalisateur Nick Zedd et cinéaste-collectionneur Wilhelm Hein.
Au début des années 1980, à New York, se développe le Cinéma de la Transgression, une sorte d’écho filmique au courant musical No Wave (Teenage Jesus and the Jerks, DNA…).
buy viagra professionalOn y retrouve des cinéastes comme Nick Zedd, Richard Kern, David Wojnarowicz, Tessa Hughes-Freeland et de nombreux autres. Leurs films se vautrent dans le vomi et les excrétions suintants du corps social américain ; ils parodient les valeurs morales et les institutions démocratiques dans un crachat anarcho-nihiliste qui ne laisse pas entrevoir de solution politique (en cela ils se différencient radicalement des cinéastes underground des générations précédentes). Les films sont bruts, sales et s’inscrivent dans une éthique de l’amateurisme : les créateurs ne doivent pas rendre leurs travaux rentables ni acceptables. Cette esthétique « trash » (dans le sens premier du mot) vient à la fois de la nécessité de créer avec ce qui est disponible et des pratiques « Do It Yourself », mises en avant par le punk quelques années plus tôt. À la même période en Europe, plus précisément en Allemagne, des cinéastes (comme Birgit et Wilhelm Hein, Werner Nekes) abordaient les mêmes thèmes avec une extrême violence. Certains d’entre eux étaient issus du cinéma abstrait et structurel et participèrent à l’actionnisme viennois qui sévissait dans les années 1960.
Le programme complet : www.nova-cinema.org / www.offscreen.be
Lu dans Variations sur l’érotisme de Scarpetta.
Qu’il me soit permis d’avertir les jeunes imprudentes : voir le piège n’empêche pas de s’y laisser prendre, et cela double le plaisir.
Claude Cahun
Photo : Axl.
Sur le même sujetPhotos réalisées par notre ami photographe Luwri.
Seules les personnes ayant donné leur accord au photographe figurent ici.
L’anonymat est préservé lors de nos soirées pour celles et ceux qui le souhaitent.
Pour voir l’ensemble de ses photos cliquez ici : www.fetishandgothic.com
Human nature est un recueil de photographies réalisées par le japonais Daikichi Amano. En parcourant rapidement les clichés, les connaisseurs penseront immédiatement à genki genki, les délires gentiment zoophiles de pornographes passionnés par l’union entre les jeunes femmes et des créatures de l’océan. Et pour cause, Daikichi Amano en est l’instigateur. Si genki genki donne dans le hard-crad (malgré tout les parties génitales restent censurées!), Human Nature est plus subtil et propose une mise en scène élaborée, un travail sur le fond (les situations) et sur la forme (les textures animales, végétales et humaines).
Ne nous y trompons pas, même si Daikichi Amano présente là des oeuvres d’art dont l’esthétique explose les mirettes, il reste aussi un ancien réalisteur de porno hardcore. On est donc sans cesse ballotté entre des sentiments antagonistes : l’excitation, la répulsion, la beauté des corps, l’horreur biologique. Il faut sans doute chercher du côté des fluides liés à la sexualité, qui rappellent le mucus poisseux des bêtes de la mer. Cronenberg et son exploration du corps et des organes, ne sont pas très loin. Le canadien expérimente à travers la fiction mais Daikichi est beaucoup proche de la réalité.
Le texte est signé Agnès Giard, miss spécialiste des perversion japonaises. Elle revient justement sur cette obsession typiquement japonaise, de tentacules sondant les orifices de jeunes femmes, qui serait née de la célèbre estampe d’Hokusai, “le rêve de la femme du pêcheur”. Les tentacules ainsi que les anguilles ne sont finalement que des substitutions graphiques du pénis. Même si le rapprochement est osé, il reste somme toute assez logique. Mais Daikichi ne se contente pas d’illustrer cela, il met en scène de véritables orgies. Agnès Giard tente d’expliquer l’art de Daikichi Amano, en dressant des parallèles avec la culture japonaise, la pornographie locale, la mythologie. Elle donne des détails sur la manière dont travaille l’artiste.
Le livre vous apprendra quelques détails sur les animaux aquatiques. Certains vivent longtemps en dehors de l’eau; c’est le cas de l’anguille, fréquemment utilisé dans le “genre”. Amano n’utilise pas exclusivement des créatures marines. On trouve aussi des scorpions, des blattes, d’énormes larves, des batraciens ou des vers de terre ! Au fur et à mesure que l’on parcourt les pages du livre, ces étranges et improbables unions deviennent peu à peu surréalistes, sorte de rencontre entre les peintres du siècle d’or néerlandais et le poissonnier du coin. En quatrième de couverture, Marilyn Manson résume assez bien l’oeuvre de l’artiste : “une combinaison de Jean Cocteau et Jacques Cousteau”.
Chaque photo est fascinante, souvent choquante et permet de s’interroger sur les liens entre humains et animaux. Bizarrement, les plus dures à contempler sont celles avec les poulpes. Par leur côté visqueux, leurs huit bras leurs ventouses ultra-collantes, les céphalopodes inspirent peur et répulsion. Encore plus effrayants : ces animaux comptent parmi les plus intelligents, juste après les dauphins. Daikichi a créé une série de mutants dignes de la mythologie grecque : des humains à tête de cerf ou de sanglier, une femme aux cheveux représentés par un poulpe posé sur le crâne, d’étranges créatures humanoïdes faites de plumes ou de végétaux. L’artiste semble bien entendu préférer les femmes (peut-être sont-elles aussi plus courageuses!) mais on trouve aussi quelques modèles masculins.
Les japonais n’ont, semble-t-il, pas les mêmes tabous que les occidentaux. Il faudra donc une certaine dose de courage pour apprécier certaines photos, proprement horribles. A chacun de voir si la curiosité et le goût pour la transgression peuvent surpasser le dégoût. On pourra trouver dérangeant de voir des filles en contact avec des tas de créatures visqueuses, mais le plus dérangeant est certainement la mise à mort des bestioles. Amano n’hésite pas à tuer son vivier au nom de l’art; ce qui avait déjà fait polémique dans Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Ce dernier s’était défendu en disant que de toute façon, les animaux massacrés l’étaient par les tribus indigènes pour leur propre consommation. Daikichi utilise le même prétexte et affirme que les bêtes comestibles sont cuisinées puis dégustées par l’équipe participant au tournage. A travers ces pratiques, c’est toute la relation des insulaires japonais avec l’océan qui se dessine.
La qualité de l’ouvrage est de très haute tenue et la taille des photos permet d’apprécier le travail minutieux sur les couleurs, les éclairages et les complexes mélanges de textures végétales, animales ou humaines. Le livre est publié par les éditions bongout.org, une boîte indépendante allemande située à Berlin. Le texte est proposé en deux langues : anglais, français. 132 pages, 23,5 x 30 cm. On peut trouver Human Nature notamment à la boutique Hors-Circuits à Paris.
Site officiel : http://www.daikichiamano.com/
Café Glow se définit comme un croisement entre un magazine de mode et un site de VOD (vidéo à la demande). On y trouve trois catégories de films : gris (vidéo sexy avec de la nudité), bleu (nudité et érotisme) et rouge (la totale).
Comme on peut le voir, tout est très “design” et très classe. Les filles sont parfaites, un peu trop lisses façon photoshop. Les dessous sont raffinés et les poses langoureuses. Chaque film est téléchargeable individuellement moyennant une petite rétribution (5 à 7 dollars et au cours actuel du dollar, c’est peanut)
Pour vous donner la bave aux lèvres, voici quelques bandes-annonces :
Tiffany aime le bleu
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Sophia Santi fait son yoga :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Tiffany aime l’amour sauvage :
Ca a l’air un peu auteurisant mais why not ! Le film sort en salles le 14 septembre 2011 et ça va être marrant de demander sa place au guichet.
“La vie de plusieurs personnes va être bouleversée par leur rencontre avec Cécile, Femme-Enfant, objet de désir mais libre de choisir. Provocatrice et extravertie, Cécile assume une vie sexuelle libérée qui, transgressant les normes sociales et brisant les tabous, pousse chacun à se dévoiler.
En effet, en quête de vérité, Cécile utilise son pouvoir de séduction pour atteindre l’authenticité de chacun.
Q prend alors tout son sens. Il s’agit, à travers le langage du corps et des sentiments, d’un tableau de la jeunesse en France qui s’interroge sur ses relations intimes. C’est aussi un appel à la liberté des consciences refusant le conformisme et la superficialité d’aujourd’hui…”
Sans doute en référence à Diamonds are a girl’s best friend, Hong Kong Dong, sorte de groupe pop-rock indie néerlandais interprète cette chanson intitulée Lesbians are a boy’s best friend. Le clip tout bizarre et rigolo est signé Corentin Kopp, qui fait partie du collectif créatif Lallali.
Hugo Jozwicki est un jeune photographe français qui vit à présent à Copenhague.
Il a publié quelques très jolis clichés pour “S Magazine” sur le thème de jeunes filles au réveil. Il sera désormais impossible de se lever du mauvais pied.
Réveille-toi : http://www.smagazine.com/blog/2011/08/15/reveille-toi/
Morning glory : http://www.smagazine.com/blog/2011/08/08/morning-glory-2/
Bonjour Copenhague : http://www.smagazine.com/blog/2011/08/02/bonjour-copenhague/
Bon matin, chérie : http://www.smagazine.com/blog/2010/11/08/bon-matin-cherie/
À la Grande Bibliothèque du Québec, il y a quelques jours mois, je cherchais L’érotisme, le fameux ouvrage de Georges Bataille que je souhaite souhaitais lire depuis un long bon moment, notamment à cause de ce coquin de Scarpetta qui le cite abondamment dans son opus Variations sur l’érotisme.
Le bouquin de Bataille m’est tombé des mains plusieurs fois, j’ai fini par le larguer. Allez, bouge de là!
Dans le sillon, je suis néanmoins tombé sur la petite plaquette d’un autre auteur également cité par le bonhomme Scarpetta.
Son titre a immédiatement attiré mon attention dans la foule bibliophile : La mémoire du désir. Du traumatisme au fantasme. Son auteur, Michel Dorais, professeur et chercheur à l’Université Laval, y livre une étonnante mais non moins passionnante archéologie du désir, sans trop s’enfarger dans le langage abscons repoussoir fréquemment utilisé par les analystes.
Je retiens entre autres ceci :
Les frustrations émotives et les traumatismes affectifs de l’enfance, de l’adolescence et même de l’âge adulte non seulement laissent en nous des traces indélébiles, mais encore nous amènent à revivre certaines dynamiques dans nos rapports érotiques.
Pourquoi en serait-il ainsi?
Parce que les expériences les plus signifiantes de notre vie, parmi lesquelles les traumatismes et les frustrations, marquent notre psychisme, fût-ce à notre corps défendant.
Parce que, en renouvelant d’une manière ou d’une autre les mêmes scénarios de vie, nous cherchons plus ou moins consciemment à les exorciser ou à les réécrire de façon différente.
Parce que, en nous liant avec des partenaires semblables à ceux ou celles qui nous ont fait souffrir (que cette ressemblance soit d’ordre physique, psychologique ou symbolique), nous revivons des situations mettant de nouveau en jeu sécurité affective, gratification physique et estime de soi, en espérant cette fois-ci en sortir gagnants.
Je crois bien que je vais y revenir.
Sur le même sujetSorti en DVD (zone 1) par l’éditeur américain Independent Media Distribution, Stripperland! (Sean Skelding, 2011) marche clairement sur les pas de Zombie Strippers (Jay Lee, 2008), où des gogo danseuses se transformaient en mangeuses de barbaque, mais ne peut compter sur le glamour de l’ex-porno star Jenna Jameson (Babydoll, Conquest, Satyr de Michael Zen, The Masseuse de Paul Thomas) et la gouaille de l’horror icon Robert Englund (impérissable Freddy Krueger de l’interminable saga initiée par Wes Craven, présent aussi dans Night Terrors de Tobe Hooper, Wishmaster ou encore Urban Legend), qui illuminaient le B movie de Jay Lee. (NB : « Bob » Englund sera bientôt à l’affiche de « Strippers vs Werewolves », qui devrait se révéler proche du film traité en ces lignes).
Néanmoins, Stripperland! donne le change sur ce même terrain, en s’attachant les services de Daniel Baldwin (Né un quatre juillet, Vampires de John Carpenter, King of the Ants de Stuart Gordon) – qui cachetonne décidément pour quatre ces derniers temps ! – et Linnea Quigley (Le retour des morts vivants, Creepozoids, Le cauchemar de Freddy), de l’impayable Lloyd Kaufman (patron de la firme Troma, géniteur de The Toxic Avenger, Tromeo and Juliet, Terror Firmer, …), ainsi que de Boyd Banks (Crash de Cronenberg, Jason X, Cypher, Pontypool) et Thom Bray (Prince des ténèbres, M.A.L., mutant aquatique en liberté, House III), pour des caméos pas piqués des vers… Vous me direz, c’est normal qu’il y ait de la vermine grouillante quand on parle de chair putréfiée…
Les rôles principaux sont dévolus aux peu expérimentés Jamison Challeen (Penance for the Slain, I Am Virgin du même Sean Skelding), Maren McGuire (Westender, How the Fire Fell, I Am Virgin), démontrant avec brio qu’elle sait bouger son “body”, Hank Cartwright (minuscule second-rôle dans le Traqué de Friedkin), Ben Sheppard, Shel Bailey et Ileana Herrin (dont ce sont les seules apparitions connues).
« First they dance, then they kill ! »
Le film se voudrait vraisemblablement un démarquage sexy (avoué ?) de Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009) dont il emprunte l’intro centrée sur un ado fragile (ce personnage n’est qu’une pâle resucée de celui incarné par l’excellent Jesse Eisenberg) – qui édicte ses règles de survie en voix off – et sa rencontre avec un chasseur de zombies « redneck ». Mais l’œuvre de Skelding n’en possède ni l’ampleur, ni la virtuosité… La gangrène zombiesque ne contaminant ici que la gent féminine, le parallèle avec le Doghouse (2009) de Jake West (où les femmes d’un bled british muent en mortes-vivantes) est presque inévitable…
Par contre, Stripperland! se révèle généreux sur le gore (SFX réussis, que l’on doit aux Ravenous Studios) et dans une tonalité résolument « grindhouse », BO rock tonitruante à l’appui. Quelques bonnes idées sont aussi développées, telles la lenteur des « zombleuzes » (strippeuses ET zombies… oui, je sais, il faut suivre…), justifiée par leur amour des talons hauts et leur apaisement au contact du hip-hop de Double D (un Daniel Baldwin “freestyle” en rappeur « white trash »).
Mais ses défauts s’avèrent trop flagrants et le film, au rythme anémique, se perd trop souvent en bla-bla inutile. Qui plus est, pour un film portant pareil titre, Stripperland! est affreusement avare en nudité(s). Plus grave, en sus de fautes de goût flagrantes (cf. ces séquences à l’étalonnage douteux), l’avalanche de références et archétypes du genre (la nana « badass » qui en a, rompue au combat, ce savant fou expérimentant sur les « gogo zombies », …) ne dépasse jamais le stade de la citation facile et insuffisamment réjouissante… quand elle ne débouche pas sur un décalque grossier d’une séquence de Zombieland !
“En publiant pour la première fois Ed Fox avec Glamour From the Ground Up, nous voulions présenter l’héritier de la singulière niche photographique, longtemps dominée par le grand Elmer Batters. Mais quand Fox, natif de Californie, s’est mis à photographier les femmes en s’intéressant plus particulièrement à leurs pieds, il n’avait même pas entendu parler de Batters. Il pensait être le seul jeune homme à s’intéresser d’abord aux pieds chez une femme, et il n’osait pas regarder ses modèles dans les yeux de peur qu’elles n’y découvrent son secret. Puis il est devenu photographe officiel de pieds pour le magazine Leg Show, peu avant la mort de Batters, découvrant dans quels pas prestigieux il allait marcher, réalisant qu’il y avait des milliers d’hommes comme lui, sauf qu’ils n’avaient pas son talent pour fixer leur passion sur la pellicule ou sur pixels.
Depuis, Ed Fox s’est forgé une réputation internationale pour son style de photo sensuel qui capture la moindre courbe du corps féminin, jusqu’au bout des orteils. Dans Ed Fox II, il nous offre de voluptueux nouveaux modèles, des sites saisissants lui permettant de conjuguer sa passion pour les automobiles aux paysages du désert du sud de la Californie, ainsi que des fantasmes, des plus doux aux plus épicés, toujours pris en photo dans une caressante lumière naturelle. Comme pour Glamour From the Ground Up, Ed Fox II est accompagné d’un DVD original de 60 minutes donnant vie à ces images inanimées.”
On avait quitté le duo François Gaillard et Christophe Robin sur Blackaria, tentative intéressante de raviver le giallo à travers un univers onirique et fétichiste évoquant à la fois Lewis Caroll, Le venin de la peur de Lucio Fulci, la série des Femme scorpion et le Brian De Palma des années 70. Sans crier au génie, le résultat était souvent surprenant, visuellement inventif et souvent touchant de par cette volonté de sortir des sentiers battus.
Last caress se situe dans la même veine mais affiche des ambitions moindres, permettant au film d’être à la fois plus efficace mais aussi plus timoré sur le plan narratif et visuel.
En s’inspirant ouvertement, du moins pendant les 20 premières minutes, du génialissime La baie sanglante, les auteurs rentrent d’emblé dans le vif du sujet, mêlant sexe, gore et humour potache dans une ambiance à la fois sensuelle, ironique et décomplexée. On pense aussi à l’excellent Torso de Sergio Martino. Le pitch, assez rudimentaire, tourne autour d’un tableau que convoitent plusieurs personnages dans un manoir. Pendant ce temps, cinq individus, visiblement en vacances, viennent rendre visite à la propriétaire des lieux, détentrice du fameux tableau, pur « Mc Guffin » au sens Hitchcockien du terme. Le jeu de massacre commence dans une atmosphère très old school, naviguant entre l’imagerie gothique sixties des films de Margheriti ou Bava (toutes les séquences nous plongeant dans le passé mystérieux), les slashers eighties et les films érotiques kitch dont nous abreuvait régulièrement M6 le dimanche soir.
Le scénario devient alors un prétexte à toute une série de meurtres graphiques très habilement découpés et filmés, agrémentés de scènes de cul plutôt osées dans ce type de production fauchée. Ce ne sont pas des actrices X qui sont venus faire leurs petites apparitions mais bel et bien des comédiennes amatrices peu farouches pour montrer leurs charmes. En premier lieu la chef opératrice, Anna Naigeon, qui entretient un curieux effet miroir avec son propre corps. Pour ma part, je regrette que la jeunesse des comédiens qui ne collent pas avec l’âge réel des personnages.
Le rythme soutenu maintient le spectateur en éveil, qui ne sait pas toujours s’il assiste à un pur film de genre excessif et primaire ou à une bouffonnerie sanglante jouant à fond la carte du second degré. Connaissant François, je pencherais pour la première option mais il est évident que le film oscille constamment entre les deux tendances sans jamais vraiment trancher dans le vif. D’où parfois, l’impression d’assister à un slasher moderne « à la manière de » qui ne s’assume pas complètement. Passé ces réserves, à prendre avec des pincettes si l’on se focalise sur le maigre budget, Last Caress (titre repris à un morceau des Misfits, group punk garage dans la lignée des Cramps) est une bonne surprise, qui démontre qu’avec un dixième du budget régie de n’importe quel film d’auteur français, il est encore possible de réaliser des pelloches qui tiennent la route avec tout ce qui fait saliver le voyeur qui est en nous ; des effets gores crédibles (encore une fois bravo à David Scherer qui livre un travail impressionnant), de l’érotisme chic, des dialogues drôles et vulgaires comme on les aime et surtout un sens de la topographie et de la mise en scène qui n’a rien à envie à certaines productions cossues. D’autant que la direction d’acteur (mention spéciale à Anthony Cinturino très crédible en tueur impassible) est plutôt soignée et les dialogues mieux écrits que dans les précédents opus de François Gaillard. A ce niveau, la présence de Christophe Robin est précieuse.
Une fois admis les partis pris et les intentions plastiques, Last caress séduit aussi par sa photographie contrastée, naviguant entre l’esthétique glacée de certains bons pornos de Marc Dorcel et une luminosité éclatante teintée de rouge et de bleues héritée des meilleurs films de Mario Bava. Les séquences en extérieurs sont moins convaincantes d’un strict point de vue visuel.
Pour l’instant invisible hors festival, le film sortira très prochainement en DVD et peut-être Blu-Ray chez Le Chat qui fume. Logique, on est jamais mieux servis que par soi-même. Du pur cinéma d’exploitation, jubilatoire et racoleur, sincère et jamais ennuyeux. C’est le principal !
(FRA-2011) de François Gaillard et Christian Robin avec Julie Baron, Antony Cinturino, Guillaume Beylard, Ioanna Imbert, Yannis El Hajji, Anna Naigeon, Clara Vallet, Aurélie Godefroy.
Focus sur un autre classique du hard US 70’s de la (défunte) collection de l’éditeur Wild Side : Soft Places (1978), drame pornographique réalisé par Joanna Williams (le teenage porn Little Girls Blue, Chopstix), sous le pseudonyme de Wray Hamilton, avec en tête d’affiche la légendaire Annette Haven (Desires Within Young Girls, V : The Hot One, SexWorld, Dracula Sucks, Co-Ed Fever, Deep Rub, alias Petites mains à tout faire, aux côtés de Desiree Cousteau & John « Mr. 33 cm » Holmes).
Pour lui tenir compagnie, la réalisatrice s’adjoint les services de la starlette asiatique China Leigh (l’OFNI Long Jeanne Silver, dédié au physique « particulier » de l’amputée Jean Silver, Teeny Buns, China Sisters), de Chris Cassidy (Candy Stripers & Sadie de Bob Chinn, SexWorld, China Cat, où elle croise John Holmes dans la peau du célèbre détective privé Johnny Wadd) et de l’incontournable Paul Thomas, acteur (Desires Within Young Girls, Little Girls Blue, la parodie porno Sex Wars – inspirée de la saga de tonton Lucas, une palanquée de Swedish Erotica) et réalisateur prolifique (auteur du magnifique Masseuse II).
« There, does it excite your legal prick ? »
Soft Places se pare d’une tonalité particulière dès l’intro, où le drame (cf. ce « couple » vêtu de noir à l’arrière d’une berline – Annette Haven & Paul Thomas, visiblement de retour d’une cérémonie funéraire) est dynamité par des flashes (réminiscences d’étreintes sexuelles brutales & bucales), emplissant rapidement la totalité de l’écran (hormis une « découpe figée » de l’actrice). Une audace formelle, flirtant avec l’expérimental, qui place d’emblée le film sur des rails peu balisés.
On comprend rapidement que Monique (Annette Haven), l’épouse en deuil, escortée par l’avocat (Paul Thomas) de feu son mari, doit hériter de biens conséquents, lui assurant opulence jusqu’à la fin de ses jours. Mais la tâche s’avère plus compliquée que prévue pour la veuve, supposément frigide (selon les dires de son mari) ; le testament inclut des conditions précises : qu’elle s’abandonne enfin, découvrant l’amour de soi (masturbation), avant d’aimer autrui (première relation saphique, sexe avec un parfait inconnu, …).
Prenant place dans un cadre bourgeois et raffiné, soutenu par la belle BO de A.R. Prajna (dont c’est le seul fait d’armes), le film est une ode à la beauté (en apparence inaccessible) d’Annette Haven, respirant la classe en toutes situations (même les plus scabreuses).
Un côté feutré renforcé par de nombreux et habiles changements de point (flou-net), conférant aux raccords une douceur insoupçonnée.
Soft Places donne à voir à l’amateur une des plus belles scènes de masturbation féminine de l’histoire du porno américain, où l’on découvre un nouvel usage du combiné téléphonique. Une séquence à ranger auprès de la redécouverte de son corps par Georgina Spelvin – sous les accords épiques d’un extrait d’une BO du grand Ennio Morricone, dans cette salle de bain crasseuse du The Devil in Miss Jones de Damiano.
On dérive ensuite vers une somptueuse séquence fantasmagorique, où une silhouette gantée de blanc (« homme invisible ») invite Monique à venir s’occuper de son membre, qui déchargera son nectar dans une coupe à champagne (bue avec avidité par la divine fellatrice)…
Monique s’adonnera aussi à l’exhibitionnisme (en cascade ; d’un taxi – sous les yeux du conducteur médusé – à la cabine d’essayage d’un magasin de haute couture !) et connaîtra son premier acte lesbien (avec la craquante China Leigh) dans un club pour femmes. Qui plus est, ce passage s’ouvre par une séquence étonnante, entre un homme et une jeune hermaphrodite, caractérisant de fait la liberté (de ton & d’esprit) propre à l’époque, où diverses spécialités (homosexualité masculine, fétichisme – non édulcoré, physiques hors normes, …) se mariaient gaiement au sein de productions hétéros, loin de la compartimentation (rigide) en niches du marché vidéo actuel.
Néanmoins, le film s’égare lors d’une (petite) poignée de séquences, telle celle sise dans un bar miteux, repaire de poivrots et catins sur le retour, qui s’étire imperturbablement au-delà du seuil acceptable…
Heureusement, Soft Places emporte la mise par une séquence de baise réussie (entre Annette Haven & Paul Thomas) – qui aurait été magistrale sans ces (très) gros plans anatomiques pas très « glam » – et un superbe plan final, à la symbolique étudiée…
Il y a longtemps que l’idée d’organiser les brunchs du Vicomte me trottait dans la tête.
J’ai jonglé avec plusieurs concepts au fil du temps, ai tenté quelques essais ici et là, mais sans grand succès. Il y a beaucoup de blabla dans les espaces bdsm, mais quand vient le moment de concrétiser…
Finalement tout ça s’est cristallisé récemment, sans crier gare. Un lieu privé tranquille, une ou deux personnes invitées en vue de jaser de thèmes liés à l’échange de pouvoirs, une personne chargée du service (préparation du repas, tablée), une personne destinée au plaisir des invités et de l’hôte, voilà grosso modo la formule des brunchs du Vicomte.
Faire connaissance, échanger, jouer : que demander de mieux? C’est une formule simple, tout est très clair, c’est pas trop long, ça a lieu le jour et non dans la nuit fauve.
J’ai eu le plaisir de tenir le premier brunch du Vicomte ce printemps avec une soumise dévouée et une connaissance croisée dans Facebook en guise d’invité. Ce fut aussi intéressant que distrayant… :- ) Je tiens à les remercier ici, ils se reconnaîtront (j’indiquerai leur nom s’ils le souhaitent).
Je compte reprendre cette formule du brunch sous peu. En fait, j’en ai déjà quelques-uns en route. Comme j’aime prévoir à l’avance…
Cela dit, si l’envie d’une bonne discussion dans une ambiance protocolaire vous prend ou encore que vous souhaitez servir dans un cadre sécuritaire et amusant, faites-mouah signe. Ici ou en privé.
Sur le même sujetCertains films porno tentent de se donner des airs “mainstream” tandis que certains films mainstream incluent des séquences porno. La pornographie peut-elle être artistique et inversement l’art peut-il être porno ? La question est vaste et subjective, habituellement tranchée par les censeurs et autres organismes de classification.
Lawrence Weiner, en collaboration avec Kiki Allgeier, a réalisé un film porno en vue de le projeter dans des galeries d’art. Si côté cul, on se retrouve avec les habituelles pénétrations et fellations, des discussions philosophiques sont intercalées entre les scènes hard (ou même pendant). Du coup, le porno devient artistique et conceptuel. L’objet laisse évidemment perplexe, notamment quand il évoque la quantique physique entre deux pipes. L’oeuvre développe également une théorie intéressante concernant le domaine de l’architecture. L’assemblage de deux briques serait la base fondamentale de toute structure. S’en suivent des travaux pratiques avec divers emboîtements. Même si tout cela reste évidemment abscons, les scènes de cul sont captivantes car plutôt spontanées et elles diffèrent des mouvements mécaniques du porno industriel de masse.
Ce court-métrage de 22 minutes est soutenu par l’institut suisse de l’art contemporain, qui vend le dvd (à tirage limité) pour la rondelette somme de 200 dollars. C’est de l’art, hein.
http://www.swissinstitute.net/exhibitions/exhibition.php?Exhibition=57
Et sinon gratuitement ici, dans une qualité certes médiocre :
Et quelques questions/réponses avec le producteur du film Noritoshi Hirakawa :
“Pour accompagner la chaleur estivale, le bimestriel Clark Magazine propose un numéro spécial “Les enfants du sexe“. La couverture a été confiée au duo de graphistes et de directeurs artistiques français PARTEL OLIVA, à retrouver également dans un portfolio de 10 pages et une interview exclusive.
À travers ces 148 pages, partez à la rencontre du réalisateur sulfureux PIERRE WOODMAN, du graffeur MODE2, ou encore de DIAN HANSON, la femme à la tête de la collection sexy de l’éditeur Taschen, découvrez également de nouveaux supports comme EDWARDA et JACQUES MAGAZINE, appréciez les portfolios de l’artiste américaine AUREL SCHMIDT, MICHAEL BILSBOROUGH, STU MEAD, LIONEL SCOCCIMARO, ou encore les dessins érotisants de MRZYK & MORICEAU…
Également au sommaire, une enquête sur les profondeurs de YouPorn, ainsi que l’histoire du porno américain par ceux qui l’ont fait, sans oublier Dimitri Coste x Larry Flynt, Dennis Cooper, Mark Lapeyre, Harukawa Namio, S.A.S, L’envers de la petite culotte, Vinyles & Sexe, Behind Metropolitan by Ivan Argote, et les habituelles pages modes, livres, agenda, goodies…
Le numéro sera disponible en kiosques à partir du samedi 16 juillet 2011 et dès aujourd’hui en pré-vente sur la boutique en ligne du magazine
Cult Epics nous gâte ! Après la sortie de Score et The Lickerish Quartet (couplée à celle de The Image chez Synapse Films), l’éditeur américain nous propose un nouveau chef-d’œuvre de l’érotisme réalisé par le maestro Radley Metzger, Camille 2000 (1969), en édition Blu-ray & DVD (version longue), dans un master tout neuf, tiré du négatif original (malheureusement, sans sous-titres français). Pour anglophiles avertis donc !
Adapté du roman La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas – fils (Césarine, Diane de Lys) par l’esthète Radley Metzger (The Private Afternoons of Pamela Mann, The Opening of Misty Beethoven), le film nous relate l’itinéraire d’un fils à papa (Armand, campé par Nino Castelnuovo) venu à Rome pour suppléer aux affaires de son paternel, mais qui passera le plus clair de son temps à s’enivrer de l’atmosphère de la ville (comme fantasmée par les américains, telle une carte postale) et ses beautés ravageuses. Il jettera bien vite son dévolu sur Marguerite (Danièle Gaubert), irrésistible mais insaisissable…
La distribution se pare d’un glamour exacerbé, avec dans les rôles principaux : la belle Danièle Gaubert (Les régates de San Francisco de Claude Autant-Lara, Terrain vague de Marcel Carné, La louve solitaire) et Nino Castelnuovo (Rocco et ses frères de Visconti, le western spaghetti Le temps du massacre de Fulci, le giallo Nue pour l’assassin, avec la divine Edwige Fenech, Le patient anglais), aux côtés d’Eleonora Rossi Drago (La traite des blanches de Comencini, Femmes entre elles d’Antonioni, Été violent de Valerio La fille à la valise Zurlini), de la sublime Silvana Venturelli (The Lickerish Quartet, Veruschka) et de l’excellent Roberto Bisacco (Dead stop – Le cœur aux lèvres de Tinto Brass, le fabuleux giallo Torso, Stavisky d’Alain Resnais).
We live from our mistakes
Camille 2000 prend racine dans le milieu de la jeunesse dorée romaine, où les jet setters tuent le temps entre soirées huppées, shopping et marivaudages en tous genres. Un air de « dolce vita all’italiana » parfumé à la liberté sexuelle (69, année érotique… plus que jamais !) ; insouciance généralisée et autres plaisirs futiles contrebalancés par la relation du couple principal (Marguerite-Armand), qui nous rejoue « Je t’aime… moi non plus » en mode majeur et shakespearien, coups bas compris. Vers un final qui se pose en véritable tire-larmes, où les lieux désertés résonnent des cris de l’amant désespéré… Armand, qui noiera in fine sa peine dans l’alcool et l’effervescence des sorties…Hédonisme 60’s, quand tu nous tiens…
La BO « jazzy » de Piero Piccioni (Main basse sur la ville & Lucky Luciano de Francesco Rosi, Sartana), « swingante » et aux accents psychés, accompagne idéalement les images. Elle n’est pas sans rappeler les compositions du grand François de Roubaix (Le samouraï, Les lèvres rouges, Le vieux fusil), en accord avec un ton délicieusement feutré et luxueux, qui trouve sa quintessence dans des décors opulents (la propriété de Marguerite, siège de fêtes mémorables, cette boîte de nuit « SM kitsch », au thème vaguement antique, …), emplis du mobilier design de l’époque (cf. cette chambre à coucher au lit et oreillers gonflables, en caoutchouc transparent, assortis au reste de l’ameublement).
La forme du film est au diapason du luxe des décors, se révélant joliment sophistiquée (chic), toute en mouvements de caméra fluides (voire « cotonneux »), plans aériens (panoramas de la ville), top shots, légers zooms et « cadres dans le cadre » (image diffractée par des miroirs, jeux de réflexions, …). Une brillance formelle qui atteint son paroxysme avec cette superbe séquence où la respiration haletante de Marguerite (râles de plaisir) guide/induit des changements de point, focalisant alternativement la netteté sur le visage de l’actrice et un bouquet de fleurs blanches (en amorce droite cadre). Ce n’est que la moindre des qualités d’une œuvre qui s’avère élégante de bout en bout, sans fautes de goût (jusqu’aux nudités, amenées de façon subtile).
La sortie officielle de cette édition irréprochable (apanage de Cult Epics) est fixée dès demain (28 juin). Vous savez ce qu’il vous reste à faire… A vos comptes Amazon.com !
Trois jeunes filles naïves ayant refusé les avances de Dionysos subissent la colère de Zeus et sont condamnées à l’exil. Celui-ci prend la forme d’une dimension fantastique où elles deviendront de pures nymphomanes livrées en pâture aux monstres environnants.
D’une vulgarité assumée et sans complexe, le Diable affiche par le biais d’un scénario vaguement emprunté à la mythologie, une pornographie ravageuse. Sa première partie nous fait découvrir les trois personnages principaux, à savoir Alcathoé, Leucippe et Arsippé, brune, blonde et rousse, mais toute les trois résolument dépravées. Évoluant nues dans une jungle peuplée de Fouiks, petites bestioles volantes à la trompe pénienne et fétiches de l’auteur, elles arborent des mensurations aussi superposables que grotesques. Passés quelques touches-pipi saphiques entrent en scène des colosses rockabilly polymembrés, se faisant une joie de satisfaire ces insatiables victimes dont la petite queue probablement vestigiale prolonge délicieusement une série d’orifices souvent béants. Reconnaissons d’ailleurs qu’au delà d’une plastique particulièrement sexuée, l’auteur réserve à ses héroïnes une propension à se faire maltraiter le rectum dont nous nous garderons bien d’analyser le sens. Puis les trois filles traverseront un étrange miroir subaquatique les menant vers un monde encore plus étrange, dont la peuplade locale, leur arrivant à la hanche en taille, est une tribu d’obsédé(e)s sexuel(le)s. Hommes et femmes attachent nos héroïnes et se livrent aux pires sévices que l’anatomie humaine peut supporter, mais non sans un certain savoir-faire. C’est en happy-end que se terminent ces aventures aussi obscènes que comiques, mais vous lirez la fin vous-même.
La dernière partie est vraiment la plus marquante et la différence de taille des protagonistes, que l’auteur utilise déjà dans son album précédent Melonie, s’avère efficace en plaisir perverti. Ces petits personnages ont de plus un langage amusant, sorte de jargonophasie « fristaïle »… Côté dessin, on ne fait pas dans l’estampe, mais dans le numérique. Technique que l’auteur détaille bien dans un petit résumé de trois pages en fin d’ouvrage où il commente la genèse et la création de celui ci. Plutôt sympa.
Au total, une bédé plus fine qu’elle en a l’air, où le trash le dispute à l’humour et où l’érotisme n’a pas vraiment sa place.
Auteur : FILOBEDO. Edition : TaBou. 56 pages.
Un passage lu dans Le Paradoxe amoureux de Pascal Bruckner sur la notion de consentement.
Qu’appelle-t-on consentir?
Par un étrange retournement, presque un demi-siècle après Mai 68, la notion de consentement en vient à être frappée de suspicion. Beaucoup y voient désormais le symptôme d’une servitude imposée et dénoncent une manipulation générale dans toutes les mises en scène amoureuses. Retour sournois du vieux pessimisme culturel qui décrète l’être humain trop immature pour mériter la liberté.
Or le verbe consentir a deux sens : accepter et vouloir. Dire *Je veux bien* ou *J’en ai très envie* n’est pas la même chose. État de fait tolérable d’un côté, souhait intense de l’autre. On peut se résigner à un travail médiocrement payé, faute de mieux parce qu’il faut bien manger. Dira-t-on pour autant que les ouvriers, les employés ne consentent pas à leur condition? Si, mais avec des réserves et l’espoir de l’améliorer un jour : leur *oui* est un *oui peut-être* qui ne présage pas d’une déception éventuelle ou d’un refus ultérieur. Frapper de doute toute forme d’approbation, c’est montrer l’être humain toujours captif, assujetti.
On comprend ce qui est en jeu dans ce débat : une double conception de la liberté comme souveraineté ou comme « intelligence de la nécessité » (Spinoza). Dans un cas, nous ne sommes jamais libres parce que jamais tout-puissants et nous restons sous influence pour nos décisions les plus intimes. Les relations humaines seraient des formes masquées de violence. On peut à l’inverse souligner que nous consentons toujours dans une certaine ignorance de notre propre désir, dans un clair-obscur d’envie et de réticence et que notre volonté doit composer avec l’adversité pour mieux la contourner.
Pas plus l’indépendance absolue que l’asservissement total ne conviennent pour décrire la condition humaine, laquelle est cette possibilité donnée à chacun de s’extraire d’un code, d’une origine sociale, d’une nature. Et plus encore de commettre des erreurs et de les rectifier.
Je rattache volontiers au propos de Bruckner ces deux paroles si différentes dans leur conception, de même que dans leur application : « Je suis soumise à vous » et « vous me dominez ».
Photo : Dirty Luxe, aka Eric Charles.
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Ce n’est pas parce que la collection « L’âge d’or du X américain » de Wild Side vient de s’arrêter brutalement – merci la Fnac ! -, après la parution des ultimes Plato’s : The Movie (Joe Sherman, 1980) & Little Girls Blue (Joanna Williams, 1978), qu’il est interdit de revenir sur les pépites de leur catalogue (pas encore chroniquées sur le site).
The Ecstasy Girls en fait indéniablement partie. Réalisé par Robert McCallum sous le nom de Gary Graver (décédé en 2006), fidèle chef-opérateur d’Orson Welles (le documentaire Filming Othello, le talk-show The Orson Welles Show, …) et directeur photo de Dracula contre Frankenstein (Al Adamson, 1971), Evil Toons (Fred Olen Ray, 1992), ou encore des classiques X US Ultra Flesh & 800 Fantasy Lane (Svetlana, tous deux de 1980), ce film ne manque pas d’atouts à même de séduire les aficionados et éventuels néophytes.
Suite au succès du film, McCallum engendrera d’ailleurs une suite (8 ans après), Ecstasy Girls II, toujours avec ce doux dingue de Jamie Gillis (The Story of Joanna du génie Gerard Damiano, The Opening of Misty Beethoven de Radley Metzger, le sulfureux Water Power de Shaun Costello ).
Hormis notre ami Jamie, les connaisseurs reconnaîtront aussi la sublime Serena (Sweet Cakes, Hot Honey de Bill Maniac Lustig, Insatiable, Coed Fever du même Robert McCallum), Georgina Spelvin – impérissable héroïne du Devil in Miss Jones de Damiano , Paul Thomas (V : The Hot One, Little Girls Blue) – réalisateur du magnifique « porn drama » Masseuse II (avec Ashlyn Gere), John Leslie (Femmes de Sade & Summer Heat d’Alex de Renzy, Desires Within Young Girls) et l’insatiable Desiree Cousteau (Inside Desiree Cousteau, Randy, Deep Rub, Journal intime d’une nymphomane de Gérard Kikoïne). Un plateau de choix donc, pour une œuvre qui tient toutes ses promesses…
The Sex Riviera
Démarrant par un plan de l’affiche du Killer’s Kiss de Stanley Kubrick, The Ecstasy Girls nous dévoile d’emblée ce roublard de Jamie Gillis, partageant ses ardeurs entre deux lolitas (au physique de cheerleaders du campus) et se voyant dérangé par la sonnerie du téléphone (bleu ciel, so 70’s) en plein orgasme. C’est son agent (Jerry, le personnage campé par Gillis, est acteur), qui l’enjoue de se rendre à une première, en compagnie d’une starlette. On comprend rapidement qu’il est « instrumentalisé » par son agent (qui l’emploie plus pour de l’escorting que de l’acting) et, vu sa situation financière, nullement en position de refuser. Jerry sert de « catalyseur », emmenant le spectateur dans la jet set angeleno, ses soirée privées, ses individus pétris de prétention, sa « bourgeoisie hollywoodienne » et autres futilités. A l’issue d’une sauterie mondaine, nous assistons à une étreinte (démarrant par un cunnilingus « acrobatique ») entre Gillis et Desiree Cousteau, sous les yeux de Georgina Spelvin et John Alderman, portée par la BO « swingante » de Richard Hieronymus (Coed Fever, le plutôt burné Lethal Pursuit).
Gillis incarne cet acteur, aux problèmes pécuniers le rendant dépendant de personnalités haut placées, de toute sa présence charismatique, investissant le rôle d’une sincérité (vérité ?) que d’aucuns jugent impossible venant d’un acteur porno. Ils ont bien tort ! Ce cher Jamie est – n’ayons pas peur des mots – un grand acteur de composition, aussi à l’aise dans les séquences dialoguées qu’habile « performer » au lit.
Et son personnage enclenche la mécanique narrative, en bon pourfendeur de la moralité sexuelle et chantre d’un « complot financier », qui devrait se révéler plutôt lucratif… En dévoiler plus serait criminel… Je vous en laisse la découverte…
Formellement, on reconnaît le savoir-faire de Bob McCallum, qui adopte une esthétique « léchée », jouant souvent avec les amorces dans le plan, reflets (transparences ; miroirs, …), contre-plongées et cadrages « insolites », cédant par instants à la caméra subjective (directement induite par les rebondissements du scénario).
Une stylisation qui accompagne divers ruptures de ton, dans un univers de femmes fortes, peu dupes des manigances masculines.
A cet égard, un des sommets du film restera cette fabuleuse scène de sexe entre Gillis et Georgina Spelvin, dans un décor « world » (souvenirs du monde, rapportés de voyages) et sur fond de musique percussive (tribale). Spelvin, au fil de sa carrière (démarrée sur le tard, la trentaine passée), a toujours joué chaque scène sexuelle avec une conviction forcenée, comme si sa vie en dépendait… Quelque chose de précieux et d’indescriptible… Une aura qui résonne au-delà de chaque film, de chaque photogramme… Inoubliable…
Samedi 11 juin à partir de 19h30 à la Cinémathèque française
Trois raretés affolantes issues d’une époque où érotisme et pornographie se portaient comme un charme…
19h30 SEXUELLEMENT VOTRE, un film érotique de Max Pécas (1974) – 86’
Avec Yan Brian, Emmanuelle Parèze, Valérie Boisgel. Moyennant un pécule élevé, Gérard Casanova vole au secours des femmes délaissées par leur mari ou non rassasiées par leur amant.
21h45 FILM SURPRISE, le film que vous n’auriez jamais dû voir…
23h45 MALEFICES PORNO, un film pornographique de Eric de Winter – (1977) – 60’
Avec Gilbert Servien, Manu Pluton, Laurence Legras. Stimulé par la lecture de Meurtres vaudou, un mari impuissant rêve des supplices qu’il pourrait infliger à deux jeunes filles blanches et un africain.
& encore des courts stupéfiants et autres exquises bandes-annonces, des interventions pittoresques et interludes forcément rafraîchissants… N’oubliez pas de vous égarer à plaisir sur le site du dictionnaire http:/www.serious-publishing.fr ou sur le blog de Monsieur Bier, enrichis quotidiennement.
Et aussi :
CARTE BLANCHE à CHRISTOPHE BIER, samedi 18 juin au cinéma LE DIETRICH à Poitiers.
Au programme, JE SUIS UNE NYMPHOMANE de Max Pécas et INONDE MON VENTRE de Maxime Debest, de nombreuses bandes annonces..
Photo : Sexuellement vôtre
Et pour en savoir plus sur le travail de Christophe Bier et son mythique dictionnaire, retrouvez un entretien sur CinemaFantastique.be
“Too much Pussy est un road-movie jouissif et truculent sur la post-pornographie et le mouvement féministe sex-positif.
C’est un documentaire explicite sur les folles aventures de 7 jeunes artistes performeuses, réunies le temps d’une tournée épique, qui ont traversé l’Europe en van pendant l’été 2009, foulé les scènes cosmopolites des boîtes de nuits branchées parisiennes, en passant par les squats queers underground berlinois et les théâtres prestigieux de Stockholm, Copenhague…”
Sortie en salles le 6 juillet 2011 – Plus d’infos sur le site d’Emilie Jouvet
Si le nombre de niches dans lesquelles se décline la pornographie peut parfois donner le tournis, que dire alors des territoires complètement improbables explorés à l’occasion par le fétichisme ? Bien loin de se réduire aux seules combinaisons en latex et aux fantaisies du milieu BDSM auxquels le cantonnent souvent les médias grand-public, ce dernier se déploie en réalité dans une gamme d’univers fantasmatiques sans aucune limite, et souvent dans l’amateurisme le plus total. Pour illustrer le propos, on a sélectionné trois fetish “sympa et bon enfant” pour commencer, avec photos et extraits vidéos à l’appui. D’autres viendront peut-être les rejoindre un de ces jours, si vous êtes sages et qu’on est suffisamment inspirés…
1/ W.A.M. (Wet And Messy) Fetish
Celui-là, tout le monde le connaît, ou du moins pas mal de personnes, on est encore loin de l’underground. Il faut dire que des jeunes filles sexy enduites de matières fluides (sirop, chocolat, mélasse, boue, goudron, gel moussant… sky is the limit !), ça parle à pas mal de monde. Comme par exemple les pop-rockeurs U.S. du groupe Colourmusic, qui, grâce à la participation d’un public consentant, ont carrément consacré un clip au phénomène. L’action commence vraiment à partir d’une minute trente, les grimaces de dégoût du début sont a priori liées à autre chose, et à pour être honnête, on n’a pas forcément vraiment envie de chercher à savoir quoi…
2/ D.I.D. (Damsel In Distress) & Vore Fetish
© alex [in wonderland]
Un poil plus pointu, le fetish de la “demoiselle en détresse” semble quant à lui tirer ses origines de la culture pulp née dans les années 30 et 40, bien connue des amateurs de fiction populaire. Là encore, rien de très complexe, une jeune fille – sexy à souhait si possible – impuissante voire même entravée face à un terrrrible danger. Et bien évidemment aucun héros musculeux pour lui venir en aide, faut pas déconner non plus. A noter que ce fetish se subdivise lui-même en de nombreuses sous-catégories, l’une des plus surprenantes étant sans-doute le vore fetish, où la demoiselle en question est cette fois-ci sur le point de se faire engloutir par un monstre lambda… Ce qui donne lieu à quelques vidéos absolument “what-the-fuck ?!?” comme celle sélectionnée ci-dessous.
3/ Quicksand Fetish
Question : Qu’est-ce qui peut bien faire fantasmer un adepte de W.A.M. ET de D.I.D ? ET bien pas de problème, là encore, c’est prévu, introducing le Quicksand fetish (fétichisme des sables mouvants en VF) , qui pour le coup nous embarque carrément au fin-fond de l’underground fétichiste. Mais ça existe vraiment, ça ? Parfaitement, il y a même des pages de fan-art, des forums de passionnés, des studios dédiés à la pratique (!!!) et même des sites web spécialisés. Et pour ceux qui doutent encore, jetez donc un coup d’oeil à cette vidéo, ainsi que celle ci-dessous. A l’heure où tout le monde semble se plaindre de l’omniprésence sur le net d’une pornographie industrielle et sans âme, il serait peut-être temps de commencer à explorer les chemins de traverse…
Blowjob Master brought to you by PornHub
Blowjob Master brought to you by PornHub
Les préférences en matière sexuelle ne se discutent pas. Cela tombe sous le sens. On peut quand même en parler. Sauf dans des ateliers entre femmes sur la masturbation, par exemple, nulle part on nous apprend à faire ceci ou cela.
J’ai connu plusieurs femmes dans ma vie. Je n’en tire pas de gloire particulière. Mais disons que cela m’a permis de constater la très grande variété des façons d’offrir une fellation à un homme.
Il y a celles que l’activité rebute, quelle que soit notre hygiène corporelle.
Il y a celles qui prennent notre pénis pour un manche à balai et qui se dépêchent à tout épousseter dans les meilleurs délais.
Il y a celles qui se croient dans un film porno et nous la jouent Gene Simmons en représentation.
Il y a celles qui se sentent gauche… et qui le sont.
Or, au lieu de s’en moquer, on peut la diriger la nana, lui faire savoir ce que l’on aime, ce que l’on aime moins.
Enfin, n’est-ce pas la raison pour laquelle on lui propose les Leçons de mademoiselle, afin de lui apprendre à me faire plaisir?
Sur le même sujetSa nouvelle vidéo s’intitule Face to Panty Ratio, la musique est signée par Thurston Moore de Sonic Youth, comme d’hab’ (via Viceland)
Emanation des éminemment respectables éditions superstars de la BD indépendante Les Requins Marteaux, la collection BD-Cul, créée il y a un peu plus d’un an, s’est donnée pour ambition d’inviter une sélection d’auteurs triés sur le volet à revisiter l’univers décadent des BDs porno de gare, comme en publiaient à la pelle les très cheap et désormais cultes éditions Elvifrance dans les années 70 et 80.
A mi-chemin entre hommage déférent (dimensions, pagination, fausses pubs en fin d’ouvrage…) et subversion assumée du format initial (le contenu est, vous l’aurez compris, infiniment plus inspiré), la collection, jusqu’à présent composée de deux ouvrages (Comtesse de Aude Picault, et La Planète des Vulves, de Hugues Nicol), vient de s’enrichir il y a peu d’un troisième volume signé Morgan Navarro, Teddy Beat. Et, autant annoncer franchement la couleur, le résultat est super convaincant.
Déjà auteur d’une flopée d’ouvrages chez différents éditeurs (on citera entre-autres Flipper Le Flippé, Skateboard et Vahinés, Cow-boy Moustache, ou encore Malcom Foot), Morgan Navarro a pour particularité de concilier un univers et un dessin des plus personnels à une versatilité à toute épreuve. Récit d’enfance semi-biographique, fantasmagorie poétique ou science-fiction psychédélique, tous les registres sont bons à exploiter, tant qu’ils lui permettent d’exprimer d’une façon ou d’une autre sa sensibilité si particulière.
Avec Teddy Beat, il a fait le choix d’explorer l’univers fertile des fantasmes adolescents, et retranscrit à la perfection cette période intime où l’imagination débridée se mêle aux premières expériences pour accoucher d’histoires de cul fictives à la fois naïves et hardcore, à la sensualité exacerbée. Loin des récits réalistes de “premières fois” un peu relou qui font les belles heures du cinéma auteurisant français, il plonge tête la première dans un onirisme flamboyant, dévergondé et sans tabou, à mi-chemin entre premiers rêves humides et vantardises hot racontées sur un ton un peu hésitant lors des soirées entre potes de lycée autour d’un feu.
Six courts récits incandescents qui vous replongeront en enfance, tout en vous mettant le feu au caleçon (ou à la culotte, selon votre sexe de prédilection)… Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Teddy Beat, de Morgan Navarro (collection Bd-Cul, éditions Les Requins Marteaux)