Les plus récents articles publiés sur Sisyphe.
- Fil de presse & infolettre mensuelle33813 éléments (2190 non lus) dans 75 canaux
Les plus récents articles publiés sur Sisyphe.
- Fil de presse & infolettre mensuelleLes écrans, comme l'argent, sont de mauvais maîtres. Dans un précédent article, on a vu que des conférenciers au colloque tenu à Paris le 30 avril 2014 ont analysé quelques répercussions négatives du temps d'exposition des enfants aux écrans. Dans le jargon militaire, on parlerait de dommages collatéraux du bombardement cathodique-numérique.
- ÉducationLorsqu'on naît en France en 2014, on est, dans l'immense majorité des cas, assigné mâle ou femelle et on sera ensuite éduqué, socialisé en fonction de cette assignation de genre. C'est la fameuse phrase de Beauvoir ; "on ne naît pas femme on le devient" et il en est de même pour les hommes ; on ne naît pas homme, on le devient par des processus de socialisation et d'éducation. On va vous apprendre des comportements, des attitudes, des manières de parler, de jouer, de travailler qui correspondront à ce qu'on attend d'un homme, ou d'une femme au XXIème siècle en France.
De façon quasi universelle, dans le monde, les familles préfèrent avoir un garçon qu'une fille. Dans certains pays, comme par exemple en Inde, on aura plus tendance à avorter d'un fœtus féminin, voire à tuer la nouvelle née dans certains pays. On tend également à pratiquer davantage d'échographies pour vérifier qu'on va bien accoucher d'un garçon et, dans de nombreuses familles, on dit vouloir continuer à faire des enfants jusqu'à ce qu'on ait un garçon.
Garçons et filles sont donc éduqués différemment et ce qu'on apprend aux garçons est valorisé, considéré comme plus intéressant, plus utile, que ce qui est enseigné aux filles.
Dés les premières heures de la vie :
Dés la naissance (et parfois même avant si l'on sait le sexe), à partir du moment où le genre est assigné, les parents projettent des attentes différentes sur le nouveau-né et commencent à le décrire de façon différente. Ainsi, alors que rien objectivement ne le justifie, la fille est décrite comme plus petite, plus douce, plus fine et moins attentive que le petit garçon. Elle est aussi vue comme moins coordonnée, plus calme et plus faible. De ces fausses constatations découlent évidemment des comportements différents et ce, à peine 24 h après la naissance ; une nouvelle-née de quelques heures sera vue comme calme même si rien ne le justifie. Le garçon bénéficie également d'attentions particulières ; ainsi la durée de l'allaitement est en moyenne de 30 minutes pour les garçons et de 10 minutes pour les filles. Le plus grand besoin de nourriture dont auraient besoin les garçons ne justifie évidemment absolument pas par les 20 minutes de différence. Il a également été montré que les enfants mâles sont nourris plus rapidement que les filles ; l'apprentissage de la frustration ne leur est pas inculqué. Une étude montre que les mères sont plus attachées à leur fils et plus indifférentes à leur fille.
Cowan et Hoffman montrent que les parents attendent de leur fils qu'il soit indépendant, ambitieux et travailleur alors qu'on attendra d'une fille qu'elle soit gentille et attirante. Les valeurs attendues pour un garçon sont évidemment valorisées dans notre société et correspondent davantage à l'idée qu'on se fait de la réussite par exemple. Si l'on attend d'une fille qu'elle soit par exemple attirante, cela signifie également qu'on dévalorisera les autres attitudes qu'elle pourrait avoir si ces attitudes sont jugées comme ne correspondant pas à son genre. Ainsi l'agressivité, pourtant vantée par nombre d'études comme la qualité pour être un bon leader, attitude hautement valorisée dans nos sociétés, sera fortement réprimée chez les filles.
Une étude de Condry et Condry étudie le comportement d'adultes face à la vidéo d'un jeune enfant, tour à tour habillé de manière féminine et masculine et mis face à un diable à ressort. Les réactions des adultes sont notées selon qu'ils croient avoir affaire à une fille ou à un garçon. Lorsqu'il s'agit d'un garçon, les adultes ont tendance à voir davantage de colère dans son attitude et à la valoriser. Lorsqu'il voient une fille, ils pensent voir davantage de peur. D'autres études, prenant comme participants des adultes ou des enfants montrent qu'on a toujours tendance à voir davantage la peur chez les filles (ou ce qu'on suppose être des filles) et de l'assurance chez les garçons. Le comportement et les attitudes des filles sont vues de façon plus négative que celui des garçons. Bien évidemment, l'attitude étudiée se répercute sur la façon dont on perçoit les enfants autour de nous ; à force de dire et répéter que les garçons sont forts et que les filles sont faibles, ils finissent par adhérer à ces stéréotypes et à les reproduire. L'expérience a été répétée avec pour observateurs des enfants entre 3 et 5 ans, observant des supposées filles et supposés garçons en train de jouer ; on constata que, malgré leur jeune âge, les observateurs avaient déjà des préjugés de genre.
Dans les crèches, les filles sont moins sollicitées et encouragées que les garçons ; les professionnels interrogent davantage les garçons en leur autorisant davantage d'interactions entre eux. En revanche ils interrompent les filles. Dés cette période, on porte une attention soutenue à l'apparence de la fille dont les vêtements ne lui permettent pas toujours de se mouvoir librement ou sans se salir, ce qui a visiblement davantage d'importance que chez un garçon. Les jouets de garçons sont davantage liés à l'extérieur, permettent plus de manipulation et sont présents en plus grand nombre à la crèche. Ils encouragent la réussite et la créativité alors que ceux des filles sont davantage tournés vers le "faire semblant" et "imiter maman". Dés l'âge de 4 ou 5 ans, les filles commencent à inhiber consciemment leur agressivité.
Lorsque les parents discutent avec leurs enfants ou racontent des histoires, ils évoquent davantage la tristesse avec leur fille et la colère avec leur fils. La colère est vue comme une qualité relativement positive pour un homme ; on dira qu'il a du tempérament et ne se laisse pas faire, alors qu'une fille en colère sera vue comme hystérique et sachant peu se contrôler. La tristesse correspond davantage à une qualité féminine, plus faite de passivité.
On constate ici que le garçon dés les premières années de sa vie, bénéficie d'un traitement avantageux face à la fille. Il est davantage interrogé, davantage stimulé et les qualités qu'on est censé avoir pour "réussir" dans nos sociétés sont valorisées chez lui alors qu'elles sont découragées chez les filles.
Le sexisme et les stéréotype dans les livres pour enfants.
On retrouve également des stéréotypes dans les livres pour enfants où le masculin est valorisé et mis en avant ; ainsi 60 % des personnages sont masculins. Dans les titres et la couverture, cette surreprésentation est encore plus importante : 2/3 des personnages sont des hommes. Dans les livres pour les plus jeunes enfants, on trouve énormément de personnages anthropomorphiques qui sont également sexués. Si par hasard ils ne l'étaient pas, le parent qui raconte, masculine les personnages animaux asexués. Anne Dafflon Novelle montre qu'il y a dix fois plus de héros masculins que féminins dans les livres consacrés aux enfants de 0 à 3 ans. Les femmes et les filles sont plus souvent représentées à l’intérieur, dans un lieu privé et prennent davantage part aux activités domestiques. Les hommes et les garçons sont plus illustrés dehors que dedans, dans un lieu public que privé, s'occupant de façon très active, en faisant du sport par exemple.
Nous nous habituons ainsi à considérer que le monde est avant tout masculin et que les femmes y exercent des rôles subalternes. Le masculin va de soi alors qu'il faut représenter le féminin pour qu'il existe. Les personnages masculins sont d'ailleurs peu représentés par des attributs de genre alors que les femmes le sont davantage avec une surabondance d'objets stéréotypés censés montrer ce qu'elles sont (bijoux, maquillage etc). En revanche, on décrit davantage le caractère des personnages masculins qui sont plus travaillés. L'universel est donc masculin dans les livres pour enfants.
Dans ces livres, les garçons reçoivent plus souvent des encouragements et des récompenses pendant que les filles se voient opposer des interdictions. Les garçons sont davantage grondés mais ont moins d'interdictions comme dans la vie réelle, en particulier au collège.
Nous nous habituons ainsi à concevoir des rôles sexués et sexistes où le monde appartient aux garçons et où les filles ne jouent qu'un rôle subalterne, secondaire. Le masculin devient le neutre, l'universel et on s'habitue progressivement à voir, par les livres pour enfants, des rôles fortement sexués où les filles ont toujours le second rôle;
A l'école maternelle
Dés l'école maternelle, les professeurs tendent à interroger davantage les garçons que les filles ; ils sont à la fois interrogés et sollicités, y compris lorsqu'ils ne le demandent pas. Les filles sont davantage invitées à se faire plus discrètes, voire à se taire. La punition pour une fille trop bavarde est de la mettre à côté d'un garçon. Les professeurs tendent à montrer aux enfants un monde où les femmes sont absentes : tous les personnages évoqués lors d'une activité sur les professions sont masculins par exemple. Les petits garçons sont davantage aidées par les profs, les ATSEM et les petites filles sur la demande des professeurs. Une autre étude menée en Suède rendait compte des mêmes conclusions : sans en avoir conscience, les enseignants encourageaient les garçons à prendre des risques et à s'amuser et répétaient sans cesse aux filles de "faire attention". Les adultes laissaient ainsi beaucoup plus de place aux garçons, qui utilisaient en moyenne les deux tiers du temps de parole. Lors des échanges avec les enfants, les éducateurs acceptaient sans difficulté que les garçons interrompent les filles alors qu'ils demandaient aux filles d'attendre patiemment leur tour. Lors des repas, les éducateurs demandaient de l'aide aux petites filles qui aidaient à servir et jamais aux garçons.
Ainsi là encore, le monde présenté est un monde où le masculin est valorisé ce qui offre aux garçons la perspective d'un monde qui leur appartient et où il est mieux d'être un garçon qu'une fille. Les filles, elles, sont mises en retrait et doivent aider leurs camarades garçons. Nous nous habituons collectivement à dévaloriser le féminin et à encourager le masculin.
Les jeux et activités
Les jeux et activités proposés aux enfants dépendent de leur sexe ; ce qui entraîne une relation différente à l'espace. En effet les garçons sont davantage supposés jouer au foot, à la bagarre dans l'espace public alors que les filles restent plutôt jouer à l’intérieur dans des espaces plus réduits. Ainsi, les garçons apprennent à occuper l'espace et à se l’approprier ; les femmes apprennent à le partager.
Cette socialisation se poursuit à l’adolescence. Yves Raibaud a étudié les espaces de loisir pour jeunes et a ainsi pu constater que les filles disparaissent progressivement du secteur public de loisirs à partir de 12 ans. Dans toutes les structures d’animation en France, l’offre de loisirs subventionnée s’adresse en moyenne à deux fois plus de garçons que de filles, toutes activités confondues. Raibaud en conclut : "La proposition sportive et culturelle organisée, proposée et en définitive consommée par les jeunes est donc inégalitaire. On peut penser de plus qu’elle participe à la consolidation des standards et stéréotypes sexués." Les pôles non mixtes habituent les adolescents au rôle qu'ils devront jouer ; ainsi la salle de danse avec ses miroirs et ses postures entraînera les filles à être gracieuses.
Les garçons apprennent ainsi à occuper l'espace et à se l'approprier au contraire des filles.
De l'école primaire à l'université
Dès le primaire, les filles sont plus performantes à l’école. Les statistiques de l'INSEE, nous montrent qu'elles redoublent moins et leur taux de réussite au brevet et au baccalauréat, pour l'ensemble des séries est meilleur. A la fin du collège, les filles s’orientent davantage vers l’enseignement général que vers l’enseignement professionnel mais en se détournant des filières scientifiques et techniques.
Comme à la maternelle et au primaire, les enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles, notamment en mathématiques. Une étude de l'université de Liège montre que les interactions sont plus fréquentes avec les garçons qui sont plus fréquemment félicités pour leurs performances, et critiqués pour leur comportement. L’inverse est observé pour les filles, qui sont plus fréquemment louées pour leur bon comportement et critiquées pour leurs performances.
Marie Duru-Bellat a montré que les enseignants pensent inconsciemment qu'un garçon aura forcément un meilleur niveau qu'une fille. Plusieurs expériences de correction en aveugle ont ainsi montré que les professeurs ont tendance à surévaluer les bonnes copies des garçons et à sous-évaluer les bonnes copies de filles. Inversement, ils montrent plus d’indulgence pour les mauvaises copies de filles et plus de sévérité pour les mauvaises copies de garçons. Si les garçons réussissent c'est grâce à leur intelligence, si les filles le font c'est à cause de leur sérieux. Dans tous les cas, dés le primaire, les enseignants prédisent une meilleure réussite pour les garçons que pour les filles face à des élèves de niveau pourtant équivalent.
On est très exactement dans ce qu'on peut appeler une prophétie auto réalisatrice. Si nous partons du principe que les garçons sont meilleurs en sciences pures, que nous faisons tout pour les encourager - en multipliant les interactions, en les sur-valorisant, en punissant leurs mauvais résultats, alors les garçons réussiront mieux dans ces matières ; et cela n'aura rien d'inné. Une étude où le même exercice est nommé d'abord "géométrie", domaine où les filles sont censées être moins bonnes, puis "dessin" offrira des résultats différents ; dans le premier cas, les filles obtiendront des résultats inférieurs. Les filles intègrent donc également ce préjugé. A niveau égal et dès le collège, les filles s’estiment moins bonnes en mathématiques que les garçons et semblent moins apprécier cette matière. Puisque le corps enseignant, leurs parents leur font comprendre qu'elles ne sont pas faites pour les sciences dures et n'ont pas cette "fameuse bosse des maths" alors les filles font s'autocensurer et lorsque des élèves se jugent très bons en mathématiques si 8 garçons sur 10 vont en filière scientifique, seulement 6 filles le feront.
Tout ceci a évidemment des conséquences sur la vie estudiantine.
Post bac, les filles représentaient 42,8 % des effectifs des universités en 1960-1961 contre 57,57 % en 2009-2010. Mais les parcours universitaires demeurent nettement différenciés. Alors que les filles constituent 70 % des étudiants en lettres et sciences humaines, elles sont moins de 30 % dans le domaine des sciences fondamentales.
Au sein des classes préparatoires aux grandes écoles, les femmes représentent 75 % des étudiants dans les filières littéraires et 30 % des élèves scientifiques. Les filles sont très minoritaires dans les écoles réputées les plus prestigieuses du système scolaire français qui les ont acceptées tardivement (1973 pour Polytechnique, 1986 pour Normal Sup).
On peut donc en conclure que, si les filles font des études plus longues que les garçons, et obtiennent de meilleurs résultats, elles sont concentrées dans un nombre limité de filières qui sont moins professionnalisées. Les filles sont également moins présentes dans les filières les plus prestigieuses.
A force de répéter aux filles qu'elles ne peuvent pas, qu'elles n'y arriveront pas, qu'elles feraient mieux de, nous arrivons à ce qu'en effet, elles se cantonnent à certains rôles et n'osent pas.
Nous constatons que le garçon dés lors que son genre lui a été assigné, a des privilèges qui, certes lui échappent et dont il n'est pas responsable, mais dont il bénéficie bel et bien. Dés sa naissance, les qualités qui seront plus tard valorisées dans la réussite sociale, sont mises en avant et poussées. Son agressivité sera ainsi poussée et on la mettra plus tard en avant en expliquant qu'elle fait le bon leader. Par défaut, le masculin est l'universel et le féminin doit toujours être nommé pour exister. Ainsi il existe des blogs féminins, de la chick-lit, des magazines féminins. Il ne s'agit évidemment pas de tenir les garçons et hommes pour responsables de ces privilèges dont ils bénéficient bien malgré eux pour certains. Mais il s'agit de les nommer, les montrer et surtout tenter de les faire évoluer.
Bien évidemment l'étude des privilèges (de genre, de race, de classe etc) ne s'étudient qu'à autres privilèges égaux. Il n'aurait pas de sens, par exemple de comparer la situation d'un homme SDF et de Ségolène Royal.
Ce texte a avant tout pour but de montrer que ce qu'on appelle la domination masculine, le sexisme, sont des réalités. Nos sociétés élèvent leurs garçons en les considérant comme supérieurs aux filles et les préparent à avoir un rôle central dans la société alors que les femmes sont préparées à un rôle passif, subalterne.
The post Les avantages à naître et grandir homme en France appeared first on Crêpe Georgette.
Entretien avec Rita Banerji, qui a fondé en 2006 la 50 Million Missing Campaign pour lutter contre le génocide féminin dans son pays.
- Biotechnologies, GPA, PMALe romantisme serait-il incompatible avec le féminisme ? C'est bien le cas du romantisme philosophique aux XVIIIème et XIXème siècles.
- PhilosophieJe vais vous résumer Repenser le colonialisme de Ann Laura Stoler et de Frederick Cooper.
Le livre est avant tout une façon pour les auteurs d'expliquer leur manière d'étudier les rapports coloniaux, une sorte d'historiographie.
Il existe différentes façons de voir la question coloniale.
1. La colonie est un domaine d'exploitation en utilisant des méthodes de production impossible en métropole.
2. La colonie est une zone exempte des inhibitions générées par la bourgeoisie. C'est un lieu d'opportunités sexuelles et économiques. On finira par établir la morale sexuelle dans le but de sauver la race (crainte de la mixité).
3. La colonie est le laboratoire de la modernité où l'on fait des expériences d'ingénierie sociale. Cela rencontrera la résistance des colonisés qui refuseront l'agriculture de plantations.
4. La colonie est l'endroit où se trouve l'Autre et face à qui s'exprime l'européanité.
On a peu étudié la façon dont l'empire se remet en cause lorsqu'il y a confrontation en son sein ou chez les colonisés. L'empire n'a jamais été omnipotent ou monolithique.
Les frontières entre blancs et colonisés sont perméables et changeantes. Parfois les colonisés sont classés dans des catégories où certains comportements les feront accuser de viol. Parfois l'empire ouvre la possibilité au mariage entre colons et colonisés.
L'empire s'interrogeait sur la dose de civilisation à insuffler au colonisé qui peut servir leurs intérêts.
Par exemple en Algérie française l'excellence d'un élève est d'être ni trop proche de normes françaises, ni trop éloigné de la culture algérienne.
L'empire colonial construit des catégories qui n'existaient pas vraiment chez les colonisés, comme par exemple les tribus en Afrique.
L'expansion coloniale a été impliquée dans la reconfiguration de la culture et de la société au XIXème et au XXème siècles.
George Balandier découvre Les "tribus" ne vivent pas dans un état original mais qui est conséquences de la situation coloniale. Sa découverte aura au départ peu d'écho. Dans les années 70, on pense le colonialisme indissociable du capitalisme. On étudie peu comment s'est construit le colonisé.
Dans les années 80, les études coloniales évoluent sous l'influence des études marxistes et féministes.
L'histoire coloniale ne peut être écrite à partir des archives coloniales car elle exclut différentes éléments et ne reflète que la vision du colon.
On n'est pas sûr que le colonialisme a bénéficié à l'économie de l'empire. On observe qu'il y a eu beaucoup de conflits dans les colonies, dans les entrepôts, les compagnies ferroviaires, chez les colons, les dirigeants d'entreprises et les responsables coloniaux.
L'état colonial se voit reproché sa brutalité par les missionnaires et au contraire, les colons lui reprochent de ne pas l'être assez.
Il n'y a pas de fonctionnement hégémonique, d'unité et de cohérence. Par exemple, dans les Indes Hollandaises, l'état peut se permettre d'intervenir dans l'enseignement en Hollande mais ne peut pas se permettre de ne pas intervenir dans les colonies car la préservation de la race en dépend.
L'empire n'est pas une extension de la nation.
Pendant la Révolution, la France est confronté au fait que le territoire revendiqué est différent de celui englobant des populations considérées comme françaises.
Après la Révolution, Napoléon envisage d'augmenter l'espace pour augmenter la nation. Pendant la 3eme République, on parle de 100 millions de français dont moins de la moitié vit dans l'hexagone et parle français.
Le lien entre la nation et l'empire est complexe.
Il est difficile d'être assimilationniste comme la France quand on veut maintenir une distance avec les populations colonisées. Selon Jacques Marseille, c'est l'intérêt pou l'Europe qui fait diminuer l'intérêt pour les colonises. On passe d'un modèle impérialiste à un modèle partiellement européen.
Le mot colonialisme risque de masquer le fait que les gens qui avaient tenté d'imposer le colonialisme ont été fort différents. Par exemple, l'armée. Les soldates exercent et subissent une coercition. Ils font respecter la volonté de l'élite et ont leurs propres exigences. Parfois les troupes ont des liens avec les colonisés et créent des catégories interstitielles.
Du côté des colonisés, on cherche le meilleur type d'alliances. Ainsi, en Afrique australe, on profite des règles coloniales pour renforcer le patriarcat. Dans les Indes néerlandaises, les javanaises préfèrent le concubinage au mariage avec les colons ainsi elles peuvent rester des propriétaires fonciers. Il est donc important d'étudier l'intime chez les colonisés, et la vision de la masculinité et de lé féminité des colonisés par les colonisateurs.
Il existe des stratégies différentes entre les empires ou au sein même de l'empire selon les lieux.
Par exemple en 1920 à Sumatra, on cherche à former des familles alors qu'en France et en Grande-Bretagne on pense qu'on ne peut rien changer au mariage africain.
A partir du XIXème siècle, l'impérialisme s'embourgeoise. L'esclavagisme colonial devient une question centrale. On précise ce qu'est une nation "civilisée" et on légitime le fondement de l'économie bourgeoise. On condamne l'esclavage au nom d'une définition universelle de la libre main d'œuvre. On souhaite que les anciens esclaves soient salariés ; comme ceux-ci ne le souhaitent pas, on affirme que leur différence repose sur la race et exige un contrôle strict.
Au XIXème siècle, le projet anti-esclavage voit l'esclave comme un être potentiellement civilisable ; phénomène du libérateur. L'intervention est une nécessité pour le progrès mondial.
A la fin du XIXème, l'intervention est toujours aussi brutale et coercitive mais on cherche à montrer que c'est dans un but raisonné. Par exemple la violence du roi Leopold au Congo est condamnée mais pas si elle peut être associée à un réformisme progressif.
Par exemple on pénètre dans l'intimité des foyers des colonisés, on cherche à démontrer qu'il n'y a qu'une façon pour un homme ou une femme d'être moderne.
Les colonisés réagissent différemment aux menaces ; panarabisme, panafricanisme, "péril noir", "péril jaune", étudiants coloniaux.
La "race" est un concept complexe dans les colonies ; il est à la fois élément majeur du projet colonial mais on n'en parle pas aussi souvent qu'on pourrait le penser. "Le terme “race” fut en effet évité aussi souvent qu’il fut appliqué".
Actuellement on s'interroge sur le concept de "post colonialité" comme un concept étendu dans le temps et l'espace. Le "post" suggère que la décolonisation reste encore à s'accomplir.
Le mot "colonialité" montrent qu'il y aurait une homogénéité de relations de pouvoir.
Le suffixe "ité" semble indiquer qu'il y a une essentialité au fait d'avoir été colonisé et que le colonialisme est le seul fait important et significatif pour tous ces peuples.
Même question autour des termes "héritage colonial" qui recouvre des réalités très différentes.
Cela suppose que l'historiographie coloniale a sous-estimé les catégories raciales. Au XVIIIème siècle, il y avait un flou entre la race et la classe. La notion de "racisme culturel" qu'on prétend nouvelle ne l'est peut-être pas tant que cela. Le racisme n'a jamais reposé sur le seul somatique et s'est au contraire toujours fondé sur des différences culturelles en matière d'éducation, de tempérament, de psychologie et sur le lien entre l'essence cachée de la race et ses marqueurs visuels.
Il n'y a pas de dichotomie aussi nette dans les colonies entre les dirigeants et les dirigés, les blancs et les noirs, les colonisateurs et les colonisés. Il existe des espaces interstitiels.
L'ambivalence fait aussi partie de la relation coloniale.
Ce seraient donc davantage les catégories du colonialisme qui perdureraient plutôt que le colonialisme en lui même. Il faut donc comprendre comment ces catégories ont façonné les contextes post-coloniaux.
On a d'abord parlé de mission civilisatrice puis on parle maintenant de développement ce qui fait office de pont pour franchir la période de la décolonisation.
Beaucoup d'agences de développement en Afrique australe estiment que leur objet est la pauvreté autochtone qui est vue comme le projet normal d'une croissance alors qu'il s'agit plutôt du résultat d'une histoire coloniale douloureuse. Le développement est critiquée carl plaque le concept de modernité sur tous les peuples.
Mais attention le développement n'est pas que cela ; les peuples s'en sont saisies pour en faire un outil de revendication comme par exemple en employant le mot "tiers-monde" prononcé à Bandung en référence au "tiers état". Il s'est ainsi constitué l'idée qu'un niveau de vie décent est un droit humain fondamental.
Il faut donc critiquer le développement mais en montrant que les populations peuvent s'en emparer.
The post Résumé de Repenser le colonialisme de Ann Laura Stoler et de Frederick Cooper appeared first on Crêpe Georgette.
Je vais vous résumer Repenser le colonialisme de Ann Laura Stoler et de Frederick Cooper.
Le livre est avant tout une façon pour les auteurs d'expliquer leur manière d'étudier les rapports coloniaux, une sorte d'historiographie.
Il existe différentes façons de voir la question coloniale.
1. La colonie est un domaine d'exploitation en utilisant des méthodes de production impossible en métropole.
2. La colonie est une zone exempte des inhibitions générées par la bourgeoisie. C'est un lieu d'opportunités sexuelles et économiques. On finira par établir la morale sexuelle dans le but de sauver la race (crainte de la mixité).
3. La colonie est le laboratoire de la modernité où l'on fait des expériences d'ingénierie sociale. Cela rencontrera la résistance des colonisés qui refuseront l'agriculture de plantations.
4. La colonie est l'endroit où se trouve l'Autre et face à qui s'exprime l'européanité.
On a peu étudié la façon dont l'empire se remet en cause lorsqu'il y a confrontation en son sein ou chez les colonisés. L'empire n'a jamais été omnipotent ou monolithique.
Les frontières entre blancs et colonisés sont perméables et changeantes. Parfois les colonisés sont classés dans des catégories où certains comportements les feront accuser de viol. Parfois l'empire ouvre la possibilité au mariage entre colons et colonisés.
L'empire s'interrogeait sur la dose de civilisation à insuffler au colonisé qui peut servir leurs intérêts.
Par exemple en Algérie française l'excellence d'un élève est d'être ni trop proche de normes françaises, ni trop éloigné de la culture algérienne.
L'empire colonial construit des catégories qui n'existaient pas vraiment chez les colonisés, comme par exemple les tribus en Afrique.
L'expansion coloniale a été impliquée dans la reconfiguration de la culture et de la société au XIXème et au XXème siècles.
George Balandier découvre Les "tribus" ne vivent pas dans un état original mais qui est conséquences de la situation coloniale. Sa découverte aura au départ peu d'écho. Dans les années 70, on pense le colonialisme indissociable du capitalisme. On étudie peu comment s'est construit le colonisé.
Dans les années 80, les études coloniales évoluent sous l'influence des études marxistes et féministes.
L'histoire coloniale ne peut être écrite à partir des archives coloniales car elle exclut différentes éléments et ne reflète que la vision du colon.
On n'est pas sûr que le colonialisme a bénéficié à l'économie de l'empire. On observe qu'il y a eu beaucoup de conflits dans les colonies, dans les entrepôts, les compagnies ferroviaires, chez les colons, les dirigeants d'entreprises et les responsables coloniaux.
L'état colonial se voit reproché sa brutalité par les missionnaires et au contraire, les colons lui reprochent de ne pas l'être assez.
Il n'y a pas de fonctionnement hégémonique, d'unité et de cohérence. Par exemple, dans les Indes Hollandaises, l'état peut se permettre d'intervenir dans l'enseignement en Hollande mais ne peut pas se permettre de ne pas intervenir dans les colonies car la préservation de la race en dépend.
L'empire n'est pas une extension de la nation.
Pendant la Révolution, la France est confronté au fait que le territoire revendiqué est différent de celui englobant des populations considérées comme françaises.
Après la Révolution, Napoléon envisage d'augmenter l'espace pour augmenter la nation. Pendant la 3eme République, on parle de 100 millions de français dont moins de la moitié vit dans l'hexagone et parle français.
Le lien entre la nation et l'empire est complexe.
Il est difficile d'être assimilationniste comme la France quand on veut maintenir une distance avec les populations colonisées. Selon Jacques Marseille, c'est l'intérêt pou l'Europe qui fait diminuer l'intérêt pour les colonises. On passe d'un modèle impérialiste à un modèle partiellement européen.
Le mot colonialisme risque de masquer le fait que les gens qui avaient tenté d'imposer le colonialisme ont été fort différents. Par exemple, l'armée. Les soldates exercent et subissent une coercition. Ils font respecter la volonté de l'élite et ont leurs propres exigences. Parfois les troupes ont des liens avec les colonisés et créent des catégories interstitielles.
Du côté des colonisés, on cherche le meilleur type d'alliances. Ainsi, en Afrique australe, on profite des règles coloniales pour renforcer le patriarcat. Dans les Indes néerlandaises, les javanaises préfèrent le concubinage au mariage avec les colons ainsi elles peuvent rester des propriétaires fonciers. Il est donc important d'étudier l'intime chez les colonisés, et la vision de la masculinité et de lé féminité des colonisés par les colonisateurs.
Il existe des stratégies différentes entre les empires ou au sein même de l'empire selon les lieux.
Par exemple en 1920 à Sumatra, on cherche à former des familles alors qu'en France et en Grande-Bretagne on pense qu'on ne peut rien changer au mariage africain.
A partir du XIXème siècle, l'impérialisme s'embourgeoise. L'esclavagisme colonial devient une question centrale. On précise ce qu'est une nation "civilisée" et on légitime le fondement de l'économie bourgeoise. On condamne l'esclavage au nom d'une définition universelle de la libre main d'œuvre. On souhaite que les anciens esclaves soient salariés ; comme ceux-ci ne le souhaitent pas, on affirme que leur différence repose sur la race et exige un contrôle strict.
Au XIXème siècle, le projet anti-esclavage voit l'esclave comme un être potentiellement civilisable ; phénomène du libérateur. L'intervention est une nécessité pour le progrès mondial.
A la fin du XIXème, l'intervention est toujours aussi brutale et coercitive mais on cherche à montrer que c'est dans un but raisonné. Par exemple la violence du roi Leopold au Congo est condamnée mais pas si elle peut être associée à un réformisme progressif.
Par exemple on pénètre dans l'intimité des foyers des colonisés, on cherche à démontrer qu'il n'y a qu'une façon pour un homme ou une femme d'être moderne.
Les colonisés réagissent différemment aux menaces ; panarabisme, panafricanisme, "péril noir", "péril jaune", étudiants coloniaux.
La "race" est un concept complexe dans les colonies ; il est à la fois élément majeur du projet colonial mais on n'en parle pas aussi souvent qu'on pourrait le penser. "Le terme “race” fut en effet évité aussi souvent qu’il fut appliqué".
Actuellement on s'interroge sur le concept de "post colonialité" comme un concept étendu dans le temps et l'espace. Le "post" suggère que la décolonisation reste encore à s'accomplir.
Le mot "colonialité" montrent qu'il y aurait une homogénéité de relations de pouvoir.
Le suffixe "ité" semble indiquer qu'il y a une essentialité au fait d'avoir été colonisé et que le colonialisme est le seul fait important et significatif pour tous ces peuples.
Même question autour des termes "héritage colonial" qui recouvre des réalités très différentes.
Cela suppose que l'historiographie coloniale a sous-estimé les catégories raciales. Au XVIIIème siècle, il y avait un flou entre la race et la classe. La notion de "racisme culturel" qu'on prétend nouvelle ne l'est peut-être pas tant que cela. Le racisme n'a jamais reposé sur le seul somatique et s'est au contraire toujours fondé sur des différences culturelles en matière d'éducation, de tempérament, de psychologie et sur le lien entre l'essence cachée de la race et ses marqueurs visuels.
Il n'y a pas de dichotomie aussi nette dans les colonies entre les dirigeants et les dirigés, les blancs et les noirs, les colonisateurs et les colonisés. Il existe des espaces interstitiels.
L'ambivalence fait aussi partie de la relation coloniale.
Ce seraient donc davantage les catégories du colonialisme qui perdureraient plutôt que le colonialisme en lui même. Il faut donc comprendre comment ces catégories ont façonné les contextes post-coloniaux.
On a d'abord parlé de mission civilisatrice puis on parle maintenant de développement ce qui fait office de pont pour franchir la période de la décolonisation.
Beaucoup d'agences de développement en Afrique australe estiment que leur objet est la pauvreté autochtone qui est vue comme le projet normal d'une croissance alors qu'il s'agit plutôt du résultat d'une histoire coloniale douloureuse. Le développement est critiquée carl plaque le concept de modernité sur tous les peuples.
Mais attention le développement n'est pas que cela ; les peuples s'en sont saisies pour en faire un outil de revendication comme par exemple en employant le mot "tiers-monde" prononcé à Bandung en référence au "tiers état". Il s'est ainsi constitué l'idée qu'un niveau de vie décent est un droit humain fondamental.
Il faut donc critiquer le développement mais en montrant que les populations peuvent s'en emparer.
The post Résumé de Repenser le colonialisme de Ann Laura Stoler et de Frederick Cooper appeared first on Crêpe Georgette.
L'approche de réduction des méfaits aurait pour but de réduire les méfaits individuels et sociaux liés à une pratique afin, prétend-on, de favoriser le bien-être des individus et de la communauté.
- Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants, industries du sexeLe verset 38 de la Sourate, Les femmes, proclame que « les hommes sont supérieurs aux femmes, parce Dieu leur a donné la prééminence sur elles et qu'il les dote de leurs biens.
- Voile ou foulard islamiqueNous sommes heureux de répondre à l'invitation de nos amies de Femmes solidaires le 4 octobre 2014 pour discuter Abolition avec le grand public.
Infos pratiquesSamedi 4 octobre 2014
Agora, 21 rue de Stalingrad, Nanterre
de 10h30 à 16h00
Entrée gratuite, inscription et programme : FS.abolition.4octobre@outlook.fr
Pour alerter l'opinion et nos éluEs, Rosen effectue une marche de 800 kms de Saintes à Paris. Elle témoigne. Venez nombreux la rencontrer et échanger avec elle ! La délégation du Mouvement du Nid du Loiret et ses partenaires (Mix-Cité, Forum des Droits Humains, PCF) vous invite à la projection du documentaire "Les Survivantes de la prostitution", qui sera suivie d'un débat.
Infos pratiquesSamedi 4 octobre 2014
Pour marcher avec Rosen, rendez-vous sur le site Marche pour l'abolition.
L'arrivée de Rosen et de ses soutiens est prévue à 17h00 Place du Martroi, où une conférence de presse aura lieu à 18h00 en présence du Maire de la ville
À 20h00, Salle Eiffel, 15 rue de la Tour Neuve à Orléans[le lieu a été mis à jour - 30/09/14],
nous projetons le documentaire Les Survivantes de la prostitution avant de débattre et échanger avec le public, en compagnie de Rosen.
Rosen Hicher a survécu à 22 ans de prostitution et milite aujourd'hui pour l'abolition du système prostitueur. Elle se bat pour que chacun regarde enfin en face la violence commise par les "clients" prostitueurs en exigeant et/ou en obtenant un acte prostitutionnel, ainsi que pour que toutes et tous aient un jour réellement le droit de ne pas être prostituées.
Rosen Hicher était de celles que notre société appelle "les indépendantes" parce qu'elles ne sont pas sous la coupe d'un proxénète ou d'une mafia. Elle dit pourtant aujourd'hui : Si j'avais continué, je serai morte.
Elle effectue une marche de 800 kms pour "l'abolition de l'esclavage sexuel », avec ce slogan : permettre aux "clients" de nous acheter, c'est permettre aux proxénètes de nous vendre. Rosen veut mobiliser autour de la proposition de loi de lutte contre le système prostitutionnel, qui doit être débattue au Sénat. Cette proposition de loi a été votée le 4 décembre 2013 par les députés à l'Assemblée Nationale.
La proposition de loi de lutte contre le système prostitutionnelUn petit rappel de son contenu : renforcer la lutte contre le proxénétisme, supprimer la répression à l'encontre des personnes prostituées, interdire d'exploiter la précarité d'autrui pour lui imposer un acte sexuel par l'argent, responsabiliser les clients en les sanctionnant, et développer la prévention et l'éducation sur ce sujet.
Le 8 juillet 2014, une commission spéciale du Sénat a supprimé le volet "pénalisation du client" et cette proposition de loi tarde à être mise à l'ordre du jour des séances publiques du sénat d'une manière inquiétante.
Rosen Hicher, soutenue par 60 associations de lutte contre les violences faites aux femmes et défendant l'égalité Femmes - Hommes, est partie le 3 septembre 2014 de Saintes, le dernier endroit où elle a été prostituée, pour gagner à Paris, là où elle a été prostituée pour la première fois. Par cette marche, elle veut alerter l'opinion et nos éluEs de l'urgence à mettre un terme à l'esclavage sexuel et à voter cette proposition de loi dans son entier telle qu'elle a été votée à l'Assemblée nationale.
À lire aussiCe blog a été créé pour soutenir Rosen et prendre de ses nouvelles tout au long de son périple. Vous y trouverez des billets de sa main, une carte des lieux traversés, une revue de presse, les messages de soutien qu'elle reçoit... allez-y pour y ajouter le vôtre et faire un bout de route avec elle !
Suivons Rosen, en marche pour l'abolition
Aller à pied jusqu'au Sénat, à Paris. Choisir pour étapes les villes où elle a été prostituée. Etre péripatéticienne (au sens philosophique), marcher en pensant et en militant : c'est la décision qu'a prise Rosen, co-fondatrice du mouvement des Survivantes de la prostitution. Une façon de dire à nos éluEs l'urgence de voter la loi sur le système prostitutionnel mais aussi de donner espoir à toutes les personnes ligotées dans la prostitution et qui ne voient pas d'issue.
Entrée libre, tout public !
Samedi 4 octobre 2014 à 20h00
Maison diocésaine de Nîmes, 6 rue Salomon Reinach.
L'info en plus
La délégation du Mouvement du Nid du Gard excelle dans la prévention et la sensibilisation à travers le support théâtral. Au bout de la nuit est représenté les 3 et 4 octobre 2014 dans des lycées des environs, tandis que le 9 décembre 2014, c'est un lycée d'Alès qui reçoit la Compagnie les 100 têtes et la pièce de théâtre "Descentes", créée à partir des témoignages de personnes de personnes prostituées accueillies à la délégation du Gard et d'échanges avec l'équipe. À découvrir ici !
Au bout de la nuitAu bout de la nuit, c'est un coup de cœur que j'ai eu pour une œuvre autobiographique, "Le soleil au bout de la nuit". C'est une rencontre avec une femme extraordinaire, à la fois fragile et forte, généreuse et battante : l'auteure Nicole Castioni...
C'est ainsi qu'Annette Lowcay, comédienne et porteuse de l'adaptation théâtrale de l'histoire de la députée européenne, résume en quelques mots les motivations d'une entreprise artistique de qualité, menée sur le thème de la prostitution.
Entre rires et émotions, le spectateur suit l'histoire de Nicole, qui se démonte et se reconstruit comme les éléments de son décor ; transposée d'un univers de l'enfance, qu'on pouvait penser paisible, jusqu'au trottoir de la rue Saint-Denis. Nicole rêvait du grand amour, du prince charmant et d'un enfant... Mais un intrus lui vole son innocence et, à 20 ans, l'amour passionnel la conduira petit à petit vers une destruction programmée.
Après la rupture, les overdoses, le jeu avec la mort, l'ultime espoir l'amène sur le long et périlleux chemin de la réinsertion, jusqu'à nous permettre de partager les événements heureux de sa vie de femme : la naissance de ses filles, ses amours et son discours d'investiture au Parlement de Genève. Les différentes étapes du processus d'entrée dans la prostitution sont représentées dans la pièce avec une belle justesse : de la jeunesse volée aux illusions perdues en passant par la manipulation, le réseau et la drogue, tous les ingrédients de l'infernale spirale sont mis en scène.
Un grand moment d'émotion théâtrale
Toutes ces étapes douloureuses sont interprétées avec brio et mesure par une comédienne de talent endossant, avec une habilité déconcertante parfois, tantôt le rôle de Nicole et tantôt celui de ses agresseurs. Le chantage affectif, la toile subtile qui enchaîne, par l'amour et par la coke...
Annette Lowcay, seule en scène, a l'art de les rendre palpables, par son jeu, mais aussi par la vertu d'une poignée d'objets symboliques : un pardessus, une paire de chaussures, une cordelette. Rien d'impudique, rien de sordide ni d'excitant, mais une plongée sobre dans l'itinéraire exemplaire d'une femme peu commune.
Dans la presseVoix du Nord : « Un témoignage bouleversant… joué avec délicatesse et pudeur. »
Ouest France : « Une mise en scène sobre et épurée soulignant la violence des mots et des sentiments. »
La Provence : « Tout est admirable dans ce spectacle. L'adaptatrice et comédienne, Annette Lowcay, dont la voix est d'une rare beauté et le jeu tout en retenue... Un spectacle édifiant et bouleversant, tout en dignité. »
La Vie : « Une mise en scène ingénieuse et efficace, un sujet servi par un langage sans détour où l'autodérision vient alléger la gravité du propos. »
Dernières Nouvelles d'Alsace : « Une merveilleuse leçon d'espoir. »
Voix du Nord : « Nicole Castioni magistralement incarnée par Annette Lowcay … Une histoire qui donne envie de se battre parce que l'humanité peut aussi engendrer du bien !... Un pied de nez à la fatalité. »
Nouvelle République de Tours : « Une émouvante leçon d'humanité… une performance d'acteur. »
La Marseillaise : « “Au bout de la nuit” devrait être vu tant pour son exquise vitalité que pour la tendresse superbe qui débouche sur un hymne à la vie, stupéfiant de justesse. »
Au bout de la nuit, présentation et interview d'Annette Lowcay Paru dans notre revue trimestrielle, à l'occasion de l'anniversaire des 7 ans d'Au bout de la nuit.À télécharger, la double page consacrée à "Au bout de la nuit" lors de son septième anniversaire.
Cliquez sur les images pour les agrandir !
Entrée libre, tout public !
Samedi 4 octobre 2014 à 20h00
Maison diocésaine de Nîmes, 6 rue Salomon Reinach.
L'info en plus
La délégation du Mouvement du Nid du Gard excelle dans la prévention et la sensibilisation à travers le support théâtral. Au bout de la nuit est représenté les 3 et 4 octobre 2014 dans des lycées des environs, tandis que le 9 décembre 2014, c'est un lycée d'Alès qui reçoit la Compagnie les 100 têtes et la pièce de théâtre "Descentes", créée à partir des témoignages de personnes de personnes prostituées accueillies à la délégation du Gard et d'échanges avec l'équipe. À découvrir ici !
Au bout de la nuitAu bout de la nuit, c'est un coup de cœur que j'ai eu pour une œuvre autobiographique, "Le soleil au bout de la nuit". C'est une rencontre avec une femme extraordinaire, à la fois fragile et forte, généreuse et battante : l'auteure Nicole Castioni...
C'est ainsi qu'Annette Lowcay, comédienne et porteuse de l'adaptation théâtrale de l'histoire de la députée européenne, résume en quelques mots les motivations d'une entreprise artistique de qualité, menée sur le thème de la prostitution.
Entre rires et émotions, le spectateur suit l'histoire de Nicole, qui se démonte et se reconstruit comme les éléments de son décor ; transposée d'un univers de l'enfance, qu'on pouvait penser paisible, jusqu'au trottoir de la rue Saint-Denis. Nicole rêvait du grand amour, du prince charmant et d'un enfant... Mais un intrus lui vole son innocence et, à 20 ans, l'amour passionnel la conduira petit à petit vers une destruction programmée.
Après la rupture, les overdoses, le jeu avec la mort, l'ultime espoir l'amène sur le long et périlleux chemin de la réinsertion, jusqu'à nous permettre de partager les événements heureux de sa vie de femme : la naissance de ses filles, ses amours et son discours d'investiture au Parlement de Genève. Les différentes étapes du processus d'entrée dans la prostitution sont représentées dans la pièce avec une belle justesse : de la jeunesse volée aux illusions perdues en passant par la manipulation, le réseau et la drogue, tous les ingrédients de l'infernale spirale sont mis en scène.
Un grand moment d'émotion théâtrale
Toutes ces étapes douloureuses sont interprétées avec brio et mesure par une comédienne de talent endossant, avec une habilité déconcertante parfois, tantôt le rôle de Nicole et tantôt celui de ses agresseurs. Le chantage affectif, la toile subtile qui enchaîne, par l'amour et par la coke...
Annette Lowcay, seule en scène, a l'art de les rendre palpables, par son jeu, mais aussi par la vertu d'une poignée d'objets symboliques : un pardessus, une paire de chaussures, une cordelette. Rien d'impudique, rien de sordide ni d'excitant, mais une plongée sobre dans l'itinéraire exemplaire d'une femme peu commune.
Dans la presseVoix du Nord : « Un témoignage bouleversant… joué avec délicatesse et pudeur. »
Ouest France : « Une mise en scène sobre et épurée soulignant la violence des mots et des sentiments. »
La Provence : « Tout est admirable dans ce spectacle. L'adaptatrice et comédienne, Annette Lowcay, dont la voix est d'une rare beauté et le jeu tout en retenue... Un spectacle édifiant et bouleversant, tout en dignité. »
La Vie : « Une mise en scène ingénieuse et efficace, un sujet servi par un langage sans détour où l'autodérision vient alléger la gravité du propos. »
Dernières Nouvelles d'Alsace : « Une merveilleuse leçon d'espoir. »
Voix du Nord : « Nicole Castioni magistralement incarnée par Annette Lowcay … Une histoire qui donne envie de se battre parce que l'humanité peut aussi engendrer du bien !... Un pied de nez à la fatalité. »
Nouvelle République de Tours : « Une émouvante leçon d'humanité… une performance d'acteur. »
La Marseillaise : « “Au bout de la nuit” devrait être vu tant pour son exquise vitalité que pour la tendresse superbe qui débouche sur un hymne à la vie, stupéfiant de justesse. »
Au bout de la nuit, présentation et interview d'Annette Lowcay Paru dans notre revue trimestrielle, à l'occasion de l'anniversaire des 7 ans d'Au bout de la nuit.À télécharger, la double page consacrée à "Au bout de la nuit" lors de son septième anniversaire.
Cliquez sur les images pour les agrandir !
Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a entériné une loi faisant de cet État américain le premier à définir dans quelles circonstances « oui veut dire oui » et à instaurer des règles pour encadrer les enquêtes sur des accusations pour agressions sexuelles sur les campus.
- ViolencesLe 5 octobre de chaque année la Journée internationale de non prostitution est soulignée partout dans le monde. Cette année, la Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle (CLES) marque cette date en lançant une campagne sur les réseaux sociaux intitulée « Ni client, ni complice ! Refusons la banalisation de l'exploitation sexuelle ».
- Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants, industries du sexeLa représentation est suivie de libres échanges animés par nos associations : le CRLCLAF, Femmes Solidaires, Osez le Féminisme 69, la délégation du Mouvement du Nid du Rhône. À quelques jours de la quinzaine de l'Égalité, venez nombreuses, nombreux partager un spectacle intense et découvrir notre travail, nos convictions et nos revendications.
Infos pratiquesMercredi 1er octobre 2014, à 19h00, au Centre Culturel de Villeubanne
234 cours Émile Zola, m° Flachet
Entrée : 5 euros ; tarif réduit de 3 euros pour les étudiantEs
Le Mouvement du Nid recommande cette œuvre écrite à partir de récits de personnes en situation de prostitution, couronnée par le premier prix du concours d'auteurs d'œuvres théâtrales de Clermont-Ferrand en 2010 et représentée au Festival Off d'Avignon en 2013.
Synopsis
Marina est une jeune fille comme les autres. Dans les galères quotidiennes d'une existence banale. Les petits boulots, les fins de mois difficiles, les amours contrariées. Rien de plus. Rien de grave.
Sa rencontre avec un jeune homme, faussement prévenant, associée à sa candeur naturelle, vont l'entraîner dans l'univers sombre d'un réseau de prostitution. Violence mentale et physique, espace clos, horizon bouché, addictions de toutes sortes... Marina oscillera entre révolte, avilissement et résignation. A moins que ne survive l'infime espoir d'une échappatoire.
Et si toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve ?
Cliquez pour voir la bande-annonce
La presse en parle
[l'auteur] "raconte la grande et petite barbarie quotidienne" (...) avec, distillées parmi ces scènes qui secouent, des petites touches d'humour, comme une respiration. (...) En quelques secondes, l'enthousiasme et l'euphorie font écho à la révolte (...)
Midi-Libre, 28 février 2013
le texte de Grégoire Aubert donne naissance à un spectacle fort (...) dans la mise en scène précise, lisible et efficace de Gaëlle Veillon, le spectacle, d'une force immédiate et d'un impact évident, se déroule sur un rythme qui ne laisse guère le temps au public (averti) de décrocher du sujet (...) les comédiens signent des performances peu communes (...) aux échos prolongés.
Midi-Libre du 9 mars 2012
Pas question de voyeurisme, plutôt de se pencher sur les rapports avec le social (...) la portée de Descentes avec sa violence et ses mots crus, conduit à la réflexion sur la misère humaine. Et non pas au jugement abrupt.
Midi-Libre du 27 février 2012
Nous vous invitons à télécharger le dossier de presse pour tout connaître de la genèse de Descentes, consulter les articles parus dans la presse au sujet de la pièce, et découvrir la démarche de Grégoire Aubert, l'auteur, et de Gaëlle Veillon, metteuse en scène.
Notre expérience en prévention montre qu'il y a lieu de s'alarmer de l'implication des jeunes dans des situations prostitutionnelles, à divers degrés. De toute urgence, les institutions et les acteurs/trices de l'éducation et la protection de la jeunesse doivent se saisir du sujet. Pour comprendre et agir, le Mouvement du Nid - France et sa délégation du Rhône vous invite à participer à ce colloque qui fera date.
Infos pratiquesMardi 30 septembre 2014, de 14h00 à 18h00.
Conseil Régional – Salle de l'Assemblée
1 esplanade François Mitterrand à Lyon
Inscription obligatoire sur ce formulaire : http://bit.ly/3009colloqueados. Participation gratuite.
14h00 - Accueil des participants
Ouverture par M. Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid - France et introduction par Mme Novelli, déléguée régionale à la politique de la ville, au logement et à la solidarité
14h30 - Table ronde n° 1 : éléments d'analyse
Constats à propos de la prostitution des jeunes en France, par Claudine Legardinier, journaliste ;
La perception de la prostitution et de l'égalité femmes/hommes par les jeunes. Analyse de l'enquête du Mouvement du Nid-France, par Benoît Kermorgant, sociologue ;
Les facteurs de risque prostitutionnel chez les jeunes, par Erwan Dieu, chercheur criminologue.
15h30 - Discussion/débat
15 h 45 - Table ronde n° 2 : expériences de terrain
Travail social d'accompagnement de jeunes de banlieue en situation de risque prostitutionnel, par Liliana Gil, éducatrice spécialisée à l'Aide Sociale à l'Enfance ;
Observations des services de Police de Lille (sous réserve) ;
L'accompagnement judiciaire des mineurEs : les défaillances du système, par Lorraine Questiaux, chargée de mission juridique et judiciaire du Mouvement du Nid-France
16h45 - Discussion/débat
Les nouveaux enjeux de la prévention : perspectives et recommandations, par Claire Quidet, vice-présidente du Mouvement du Nid-France.
18h00 - Pot amical
IntentionNotre expérience dans la prévention montre qu'il y a lieu de s'alarmer de l'implication des jeunes et même très jeunes dans des situations prostitutionnelles, à divers degrés. Nous pensons que le sujet doit attirer de toute urgence l'attention des institutions et des acteurs/trices concernés par l'éducation et la protection de la jeunesse : éluEs, responsables et personnels de l'Éducation nationale, personnels de la justice, de la police et de la protection judiciaire, promoteurs des Droits des Femmes, de l'égalité et de la lutte contre les violences sexistes, acteurs/trices sociaux et éducatifs, organisations de parents d'élèves, associations concernées.
Ce colloque organisé en tables-rondes privilégie les échanges entre les acteurs et actrices de terrain avec des appuis théoriques d'expertEs, sur ces deux axes :
=> Les adolescentEs déjà engagés dans des pratiques prostitutionnelles : scolaires, mineurs placés, isolés, étrangers ; cette pratique est déjà un fait chez certaines, certains d'entre eux. Qu'en connaissons-nous et comment y faire face ?
=> Les risques d'un basculement des adolescentEs dans la prostitution et ses facteurs favorisants : pornographie accessible, hyper-sexualisation, banalisation des rapports de sexe marqués par la violence, etc. Analyse de ces facteurs. Comment prévenir ?
Le Mouvement du Nid donnera à cette occasion les résultats de son enquête portant sur les représentations des jeunes de 15 à 25 ans sur la prostitution. Vous qui êtes concernés, nous vous invitons à participer à ce colloque et à vous y inscrire dès maintenant gratuitement en utilisant le lien suivant : http://bit.ly/3009colloqueados
Découvrez aussi sur simple demande le numéro 182 de notre revue, Prostitution et Société, "Prostitution des jeunes, notre cri d'alarme !".
Le groupe de travail « Comprendre le système prostitutionnel pour mieux agir », installé dans le département du Loir-et-Cher depuis 2 ans, accueille Rosen Hicher lors de son passage à Blois. Rendez-vous dans les locaux du Planning Familial pour une rencontre inoubliable avec la co-fondatrice des Survivantes de la prostitution.
Infos pratiquesLundi 29 septembre 2014, à partir de 18h00
Artemisia / Planning familial du Loir-et-Cher, 28 rue des Écoles, à Blois
Merci de confirmer votre présence auprès du Planning ! Rendez-vous sur sa page ou au 02 54 74 33 41 et par courriel : mfpf.41@wanadoo.fr
Rosen Hicher a survécu à 22 ans de prostitution et milite aujourd'hui pour l'abolition du système prostitueur. Elle se bat pour que chacun regarde enfin en face la violence commise par les "clients" prostitueurs en exigeant et/ou en obtenant un acte prostitutionnel, ainsi que pour que toutes et tous aient un jour réellement le droit de ne pas être prostituées.
Rosen Hicher était de celles que notre société appelle "les indépendantes" parce qu'elles ne sont pas sous la coupe d'un proxénète ou d'une mafia. Elle dit pourtant aujourd'hui : Si j'avais continué, je serai morte.
Elle effectue une marche de 800 kms pour "l'abolition de l'esclavage sexuel », avec ce slogan : permettre aux "clients" de nous acheter, c'est permettre aux proxénètes de nous vendre. Rosen veut mobiliser autour de la proposition de loi de lutte contre le système prostitutionnel, qui doit être débattue au Sénat. Cette proposition de loi a été votée le 4 décembre 2013 par les députés à l'Assemblée Nationale.
La proposition de loi de lutte contre le système prostitutionnelUn petit rappel de son contenu : renforcer la lutte contre le proxénétisme, supprimer la répression à l'encontre des personnes prostituées, interdire d'exploiter la précarité d'autrui pour lui imposer un acte sexuel par l'argent, responsabiliser les clients en les sanctionnant, et développer la prévention et l'éducation sur ce sujet.
Le 8 juillet 2014, une commission spéciale du Sénat a supprimé le volet "pénalisation du client" et cette proposition de loi tarde à être mise à l'ordre du jour des séances publiques du sénat d'une manière inquiétante.
Rosen Hicher, soutenue par 60 associations de lutte contre les violences faites aux femmes et défendant l'égalité Femmes - Hommes, est partie le 3 septembre 2014 de Saintes, le dernier endroit où elle a été prostituée, pour gagner à Paris, là où elle a été prostituée pour la première fois. Par cette marche, elle veut alerter l'opinion et nos éluEs de l'urgence à mettre un terme à l'esclavage sexuel et à voter cette proposition de loi dans son entier telle qu'elle a été votée à l'Assemblée nationale.
À lire aussiCe blog a été créé pour soutenir Rosen et prendre de ses nouvelles tout au long de son périple. Vous y trouverez des billets de sa main, une carte des lieux traversés, une revue de presse, les messages de soutien qu'elle reçoit... allez-y pour y ajouter le vôtre et faire un bout de route avec elle !
Suivons Rosen, en marche pour l'abolition
Aller à pied jusqu'au Sénat, à Paris. Choisir pour étapes les villes où elle a été prostituée. Etre péripatéticienne (au sens philosophique), marcher en pensant et en militant : c'est la décision qu'a prise Rosen, co-fondatrice du mouvement des Survivantes de la prostitution. Une façon de dire à nos éluEs l'urgence de voter la loi sur le système prostitutionnel mais aussi de donner espoir à toutes les personnes ligotées dans la prostitution et qui ne voient pas d'issue.
(le texte n'est pas de moi mais de xenomorf,un habitué de site )
Le Guatemala – berceau de la civilisation maya - a été un des premiers pays colonisés par les espagnols, dès le début du XVIème siècle. Les Mayas étaient organisés en cités-Etats dont certaines étaient rivales, ce que les Espagnols ont su mettre à profit pour contrôler le pays, même si le dernier royaume maya a été soumis plus de 170 ans plus tard. Indépendant en 1821, le Guatemala appartient un temps à l’Empire du Mexique, puis aux Provinces Unies d’Amérique Centrale (démantelées en 1840). A la fin du XIXème siècle le pays finit par tomber sous la coupe de l’United Fruit Company, une compagnie américaine qui va faire la pluie et le beau temps autant en termes politiques qu’économiques pendant plus d’un siècle. Aujourd’hui, la domination n’est plus si directe (au XIX, la UFC était propriétaires des chemins de fer, de ports, et de milliers d’hectares) mais le pays reste soumis aux intérêts privés et étrangers : concessions minières ou pétrolières, plantations de palme ou de bananes… jusqu’à devenir une base arrière des narcos mexicains. Ce modèle prédateur a entraîné une succession de coups d’État, de révolutions, de contre-révolutions… qui a abouti à créer les conditions d’une guerre civile sanguinaire, une des plus longues de l’histoire de l’humanité, qui a duré de 1960 (voire 1954) à 1996. En pleine guerre froide, l’oligarchie guatémaltèque a reçu l’appui des USA ; de l’autre côté, les rebelles se sont structurés en mouvements et organisations diverses. Certaines étaient plutôt marxistes (Forces armées rebelles - FAR, puis Armée de guérilla du peuple – EGP), d’autres plus liées à l’identité indigène (Organisation du peuple en arme – ORPA).
On ne saurait comprendre les divers conflits internes qui ont ravagé l’Amérique Latine (Colombie, Guatemala, Nicaragua) sans prendre en compte les très profondes inégalités notamment en terme d’accès et de propriété de la terre. Au Guatemala, très rural, qui reste un des pays les plus inégalitaires du monde, 2.6 % des propriétaires concentrent les 2/3 de la superficie du pays, pendant que 54 % des agriculteurs doivent se contenter de 14 % des terres. Ces inégalités se basent sur un profond racisme, qui a toujours structuré un système de pouvoir 1 dont la majorité indigène était absente, et entraîné le mépris à l’égard de leurs formes de vie et d’organisation. Le pays est pourtant d’une très grande diversité : 22 « nations » indigènes, plus les Xincas (peuple venu du nord avant la colonie, considéré comme indigène mais non maya), et les Garifunas (descendants d’esclaves africains).
Ce racisme et une idéologie anticommuniste soutenue par les USA a permis la mise en œuvre de stratégies de terreur : massacres de villages entiers, terre brûlée, tortures, disparitions, crimes et violences sexuelles systématiques, de la part de l’armée guatémaltèque, de groupes paramilitaires contre des villages « soupçonnés » d’être des bases arrières des guérillas. "Habituellement, la mécanique des tueries est la même : on commence par terroriser la population avec l’arrivée massive de troupes, accompagnées d’hélicoptères et d’avions qui procèdent en larguant des bombes jour et nuit. Ensuite, les soldats établissent un cordon autour des villages ciblés, tirent sur les gens qui essayent d’entrer ou de sortir ; ils maintiennent ce bouclier pendant une ou deux semaines afin d’affamer la population et de créer un état de panique. Les comités locaux d’autodéfense essaient d’installer les pièges, de creuser des tranchées au bord des chemins et d’user des feux d’artifice pour se défendre. L’armée, de son côté, essaie de brûler les entrepôts de grains et de maïs. Finalement, les soldats sélectionnent des villages et y entrent systématiquement, tirant des mitraillettes et lançant des grenades sur la population, brûlant les maisons et les champs. S’ensuit alors la fuite des villageoises, des femmes, des mères enceintes, des enfants de quatre, cinq et six ans affamés, trempés par la pluie et souvent blessés par les balles des soldats. Des témoins ont raconté des histoires de femmes violées, de mères enceintes tuées et de corps des bébés arrachés des ventres maternels et fracassés sur des roches." (Hickey, Les Mayas, victimes de l’histoire dans la guerre civile du Guatemala, 1954-1996). 83 % des plus de 200.000 morts et disparus étaient indigènes… ce qui a conduit à pouvoir mettre en avant la dimension de génocide du conflit. 626 villages détruits, plus d’1.5 millions de réfugiés ou déplacés. Dans 85 % des massacres, les femmes assassinées avaient été victimes de violences sexuelles. 35 % de ces victimes étaient des enfants et des adolescentes.
Après 20 ans d’impunité, où les victimes ont dû cohabiter avec leurs tortionnaires, les procès ont débuté autour de 2010/2011. L’ancien dictateur Rios Montt a été condamné le 10 mai 2013 pour génocide et crime contre l’humanité, faisant ainsi du Guatemala le premier pays au monde à avoir jugé un tortionnaire par un tribunal national. Quelques jours plus tard, le jugement était annulé, le procès doit encore reprendre depuis le début, et Rios Montt, très vieux et malade, ne fera vraisemblablement pas de prison. Reste quand même l’image de cette dizaine de femmes indigènes violées et torturées pendant la guerre civile qui ont attendu 17 années avant de pouvoir témoigner, sans aide psychologique, stigmatisées autant par le système que leurs communautés et qui ont pu parler et faire reconnaître les crimes dont elles ont été victimes. Ce procès, la dimension génocidaire, l’utilisation de la violence sexuelle dans les actes jugés ont aussi été rendu possible grâce à la détermination de 2 femmes : la juge Yasmin Barrios – qui a malheureusement été suspendue depuis, en raison de son rôle moteur contre les tortionnaires - et l’ancienne Ministre de la Justice Claudia Paz y Paz. Première femme à ce poste, nommée en 2010, Claudia Paz y Paz a permis en quelques années de faire chuter la criminalité de 9 %, dans un pays où structurellement l’impunité règne (moins de 2 % des cas d’homicides résolus). Son mandat n’a pas été renouvelé en mai dernier. Ses très bons résultats n’ont pas réussi à compenser ses actions qui mettaient en cause le système dominant.
Les pratiques de violence institutionnelles ont changé mais pas cessé. En 2011, 800 familles mayas ont été expulsées de leur communauté pour permettre l’installation d’un grand projet de biocarburants. Il y a actuellement plus de 3.200 conflits recensés autour de questions de ressources (terres, eau, concessions minières ou pétrolières), dont la majorité donne lieu à des pratiques de répression quasi quotidiennes extrêmement violentes et de criminalisation de la protestation sociale. Le 15 août 2014, 3 membres d’une communauté qui manifestait contre son expulsion ont été exécutés par la police. Non seulement l’État guatémaltèque ne respecte pas les droits territoriaux des communautés, ni les pratiques de négociation, mais il ne respecte pas non plus les lois qu’il a lui-même voté, les droits humains les plus élémentaires ni la Convention 169 de l’OIT – Organisation Internationale du Travail (Nations Unies) qui oblige les Etats à réaliser des consultations préalables des communautés, et quand ils le font, à respecter la décision. Cette question de l’accès aux ressources de production agricole pour les indigènes, en grande majorité paysans, prend d’autant plus d’importance quand on sait que le Guatemala est le pays où les taux de malnutrition infantile sont les plus forts d’Amérique Latine & Caraïbes – autour de 50 %, devant Haïti, et le 4ème au monde.
Cette violence et cette impunité institutionnalisées, l’exclusion économique, le manque de perspectives d’emploi, la pénétration des narcos, les inégalités, la pauvreté ont fait exploser les niveaux de violence dans les années 2000, aidé en cela par le développement des « pandillas », ces gangs de rue d’adolescent(e)s ultraviolents. Le taux d’homicides a quasiment doublé dans la dernière décennie, comme tous les pays d’Amérique Centrale. C’est une des seules régions du monde où tous les indicateurs se dégradent, avec les pays les plus dangereux du monde, où on meurt plus qu’en Irak ou en Afghanistan, poussant des milliers de jeunes honduriens, salvadoriens, guatémaltèques et mexicains à migrer en masse vers les USA.
Dans le même temps, un autre type de violence a augmenté. Le Guatemala occupe le 2ème rang des pays les plus violents à l’égard des femmes, après la Russie, non seulement en terme de fémicides, mais également les autres formes de violence malheureusement les plus courantes : violence domestique/intrafamiliale (les définitions de ces dernières changent selon les pays), violence sexuelle. Le Guatemala identifie également la violence économique ou patrimoniale. Chaque jour, 2 femmes sont assassinées au Guatemala. Depuis la signature des Accords de Paix en 1996, le pays s’est pourtant doté de lois adaptées aux conventions internationales réprimant la violence envers les femmes et notamment créé la figure juridique du fémicide2, à l’instar d’autres pays d’Amérique Latine, dès 2008. Pour autant, au Guatemala, on n’en a pas fait une circonstance aggravante, et la plupart des cas de meurtres de femmes ne sont pas classés comme fémicides (moins de 1%).
Le contexte d’impunité généralisée et de violence institutionnalisée a bien évidemment renforcé une violence de genre installée sur un machisme structurel particulièrement fort : l’adultère des femmes était seul puni jusqu’en 1995. Traditionnellement, les fêtes de naissance – et le paiement de la matrone – sont plus importantes si naît un homme. La violence est également acceptée socialement comme méthode éducative.
On a constaté une très forte augmentation des cas de violence intrafamiliale (d’environ 5.000 cas en 2003 à presque 35.000 en 2011), sans qu’on puisse précisément l’attribuer à une hausse réelle des cas, au rôle des organisations féministes qui poussent à la dénonciation où à un meilleur suivi statistique établi par les lois votées les années précédentes. 3 cas sur 5 concernent des familles sans emploi ou à revenus très bas. En ce qui concerne les violences sexuelles, on enregistre entre 3.500 et 4.000 cas par an, soit 54 pour 100.000, ce qui constitue un des taux les plus forts au monde, alors que les statistiques ne concernent pourtant que les zones urbaines principales. Une des principales causes de l’explosion de cette violence est l’impunité quasi généralisée qui règne au Guatemala. Le taux d’élucidation des homicides est déjà ridiculement bas, à l’image des crimes sexuels : presque 4.000 cas de crimes sexuels en 2011, dont 289 font l’objet de procès… et 68 condamnations. Le viol conjugal est sensé être puni mais comme dans d’autres pays il est peu dénoncé et surtout il reste « acceptable » socialement.
En matière de violences sexuelles, une organisation fait un travail absolument indispensable et remarquable : Colectiva Actoras de Cambio (la « Collective Actrices de changement »), née en 2003 à partir d’une équipe de projet travaillant sur l’accompagnement psychosocial des victimes du conflit armé, projet mené par l’UNAMG (Union nationale des femmes guatémaltèques). Cette « collective » s’est structurée juridiquement en 2009. Leur action contribue aussi bien au soin des femmes victimes, qu’à construire la mémoire des crimes qu’elles ont subis, la recherche de la justice mais aussi créer les conditions pour que cette violence ne se reproduise pas.
Ces victimes ne sont pas prise en compte par la médecine formelle. Celle-ci, d’origine occidentale, est totalement inadaptée à leur conception culturelle, d’autant qu’on ne devient pas médecin au Guatemala (comme dans beaucoup de pays d’Amérique latine) pour le serment d’Hippocrate mais pour bien gagner sa vie. En outre, d’un point de vue politique, Actoras de cambio ayant été créée sur des fondamentaux féministes, la médecine moderne ne permet pas de réflexion « politique » à partir du soin, par exemple une douleur physique augmentée par la stigmatisation ou la négation de la cause de cette douleur. Il a fallu créer des méthodes pour « Théoriser depuis le sensible », depuis le ressenti, les émotions, acceptées mais décortiquées et expliquées, comme point de départ de processus de soin mais aussi de débats politiques… tout en explorant d’autres voies : thérapie de libération émotionnelle - AFT, Advanced Integrated Therapy, de spiritualité libératrice, de bioénergie, de dialogue avec le corps… L’idée bien adaptée aux latinos et en particulier aux peuples indigènes est de ne pas séparer corps/esprit/cerveau, la grande erreur des peuples occidentaux. On retrouve aussi l’approche d’éducation populaire qui considère chaque personne comme source de savoir et vise à faire de chaque personne un acteur ou une actrice de sa propre vie (au contraire de l’approche verticale occidentale, où il y a des « sachants » et des « apprenants »).
Ce type de démarche est aussi né du contexte. Les survivantes et les victimes de violences sexuelles sont sorties du silence imposé autour de 2008. Depuis la fin du conflit armé, on évoquait certes les disparitions, les tortures, les exécutions mais très très peu les violences sexuelles, ce qui été vécu comme une forme de négation de la souffrance, d’élimination, notamment de la mémoire… ou une « memoria silenciada », une mémoire tue. Cette mémoire des violences sexuelles était invisibilisée aussi dans les communautés, et les victimes stigmatisées… d’autant que le conflit est très mal évoqué dans les programmes scolaires, car le discours officiel est celui de l’oubli. A partir de 2008, le silence est rompu, les femmes – qui avaient commencé à l’évoquer entre elles, en parlent, ainsi qu’à l’intérieur de leurs communautés, à défendre leur démarche, et à travailler avec d’autres groupes de survivantes, à créer des réseaux et des espaces de rencontre. Un 1er « festival » est organisé en 2008, non pas pour fêter mais pour rendre visible la douleur, le fait de se soigner et de retrouver sa dignité, à travers la danse, le théâtre, la poésie. Son slogan était « J’ai survécu, je suis là et je suis vivante ». Un gros travail est également réalisé avec les jeunes, avec les enseignantes pour introduire la question de la mémoire (actions de sensibilisation, guides pédagogiques). Certaines femmes acquièrent le courage de faire de leur témoignage de vie une publication, où elles se racontent, autant leur traumatisme que la façon dont elles s’en sont sorti. Les pratiques de travail au quotidien d’Actoras de Cambio ne sont pas éloignées de leurs positionnements politiques : communication non-violente, souci d’éviter les coupages de parole, les jugements de valeur, les réactions violentes ou exagérées analysées immédiatement… et elles ne sortent jamais d’une rencontre, d’une réunion avec un malaise ou des non-dits.
Cette violence est aussi présente dans les communautés. Certaines victimes ont continué à subir des violences sexuelles après le conflit, car elles étaient stigmatisées comme « putes », qui auraient elles-mêmes provoqué la violence sexuelle (!), mais le travail de récupération a aussi permis de lutter contre la violence installée dans les familles, les communautés, et que les autorités traditionnelles ne reconnaissent pas vraiment. Un travail d’autant plus délicat qu’en questionnant le machisme, elles questionnent les rôles, notamment traditionnels, et comment la cosmovision maya est interprétée comme un système de pouvoir à leur détriment. Le conflit a en outre installé et normalisé la violence sexuelle, qui a augmenté après. Les religions ne jouent pas leur rôle car elles ont un discours ambigu, qui légitime la violence contre les femmes qui sortent de leur rôle. D’autre part la vision traditionnelle a installé l’idée que les femmes ne savent pas faire en général, s’y prennent mal, parlent mal espagnol, à tel point qu’elles s’autocensuraient au début. Les festivals ont permis d’installer l’idée que les femmes sont victimes mais pas seulement, et elles sont aujourd’hui bien plus prises au sérieux, ce qui permet d’aborder d’autres thèmes : ni violence, ni maltraitance mais non plus de moqueries et de harcèlement. Elles sont de plus en plus reconnues comme actrices, prennent des responsabilités, sont de plus en plus invitées aux réunions, même si leur présence au sein des autorités traditionnelles reste limitée. Les festivaux de la mémoire (le 2ème a eu lieu en 2011) sont aussi important pour la visibilité de la problématique, la crédibilité de leur travail mais aussi comme moment de solidarité entre elles, dont elles sortent pleine d’énergie, comme étape « d’epoderamiento » (empouvoirement/empowerment). Les festivaux permettent également d’attirer d’autres personnes, des jeunes filles en particulier.
Ces initiatives sont structurantes. Après la violence, certains groupes souhaitent lancer des activités économiques. En tout état de cause, elles deviennent aussi référentes contre la violence, sont interpellées par d’autres victimes, les accompagnent à la police, au tribunal, et montre également un autre modèle au reste de la communauté, notamment aux enfants. Aujourd’hui, il y a quelques résultats, et des changements sont visibles. Si il y a des cas de violence, plusieurs femmes accompagnent la ou les victimes. Il peut y avoir des dénonciations publiques en cas d’inaction – dans la plupart des cas - des autorités. Il semble que le nombre de viols ai diminué dans certaines communautés. Il reste aussi des cas où les autorités communautaires n’ont pas voulu bouger après des dénonciations, même publiques, et au final ont rejeté les accusatrices ! L’impact est mitigé car même avec du rejet, on constate la fin d’une certaine impunité. Dans un autre cas, un violeur a fini par partir de lui-même car il était stigmatisé par les femmes de la communauté. Dans une autre communauté, 250 femmes ont lu publiquement les noms de violeurs connus. Qu’un groupe de femme soit mobilisé dans une communauté permet déjà de générer un climat de fin d’impunité voire de respect. Le rôle du collectif est d’autant plus important que les femmes ne sont pas indépendantes, elles n’ont souvent ni maison à leur nom ni travail. Ce type de démarche commence à se développer dans certains pays d’Amérique Centrale, sous le nom de « défense sociale des droits ». Cette approche s’est développé face à l’échec dans certains pays de l’approche traditionnelle par les droits, quant les institutions de la justice (police, justice, institutions démocratiques) ne fonctionnent pas ou sont corrompues. La défense sociale des droits apporte une protection, non pas via le droit et les institutions, mais via la communauté, le groupe, la mobilisation, la solidarité.
Quelques paroles :
« Logramos brillar » (Nous avons réussi à briller)
« Elles ne sont plus silencieuses mais maitresses de la parole » (Je traduit Senoras, au sens de SeigneuREs, puisque le mot n’existe pas en français, par maitresse. « Dame » traduit l’épouse du seigneur et n’est donc pas adapté)
« Yo soy voz de la memoria y cuerpo de la libertad » « je suis la voix de la mémoire et le corps de la liberté »
« Ni oubli, ni silence »
« Quand il y en a une, ce sont 10, 100, 1000 femmes sur le chemin de la liberté »
=====
(1)Le pouvoir est détenu par les « ladinos », blancs ou non-indiens, une oligarchie essentiellement terrienne. Les régimes militaires a aussi permis de créer une caste politique de généraux à la retraite. Depuis quelques années, une oligarchie commerçante commence à se structurer. Mais à la base, ces 3 secteurs ont les mêmes intérêts. Certaines familles ont des monopoles absolus sur certains produits et organisent des filières entières à leur seul profit (comme les médicaments, ou les œufs, qui valent plus cher que dans les pays voisins).(retour au texte1)
(2) Le fémicide est une figure juridique servant à mettre en avant la spécificité des crimes contre les femmes. Selon Diana Russell, « le fémicide est le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». En Argentine, c’est une circonstance aggravante. Un crime d’honneur est par exemple un fémicide. Un crime décrit comme « passionnel » est un fémicide. Selon l’OMS « Le fémicide est généralement commis par des hommes, mais il arrive parfois que des membres féminins de la famille soient impliqués. Le fémicide se distingue des homicides masculins par des particularités propres. Par exemple, la plupart des cas de fémicide sont commis par des partenaires ou des ex-partenaires, et sous-entendent des violences continuelles à la maison, des menaces ou des actes d’intimidation, des violences sexuelles ou des situations où les femmes ont moins de pouvoir ou moins de ressources que leur partenaire ». En Argentine, en 2009 a notamment été mis en avant le fait que le machisme des policiers avaient empêché une femme de porter plainte 5 fois… avant que son ex compagnon ne la tue. (retour au texte2)
The post Conflits et violences sexuelles au Guatemala appeared first on Crêpe Georgette.
Aujourd'hui, nous allons étudier comment être cool sur twitter. Cela ne vous a peut-être jamais paru indispensable mais c'est là le but que tout le monde devrait chercher à atteindre.
Ces quelques conseils de pur bon sens devraient vous y aider.
1. La dénonciation des lobbies
Sachez dénoncer les lobbies, attaquer les groupes influents qui font du mal à notre coolitude par leur argent, leur pouvoir de nuisance et leurs accointances politiques.
Oui je parle bien évidemment des féministes. Et particulièrement des fausses féministes. Comment reconnaître une fausse féministe ? C'est assez simple, cela n'est pas Simone de Beauvoir. Vous pouvez donc sans trop de crainte de vous tromper, accuser de "faux féminisme" toutes celles qui ont l'outrecuidance de se prétendre comme telles.
Rajoutons bien sûr que vous êtes vous même un vrai féministe mais vous avez la délicatesse de ne pas l'étaler partout. Votre féminisme est tout intérieur et c'est là une politesse de cœur qui vous honore.
Prenons une situation pour illustrer notre situation. Un tout petit millier de braves garçons, sont en train de se rire (gentiment bien sûr) de victimes de harcèlement sexuel ou d'une victime de viol. Et voilà qu'une horde, que dis-je une meute, que dis-je une armée, que dis-je UNE TRENTAINE de féministes leur sautent dessus. c'est intolérable. Condamnez-les (les féministes hein qu'on s'entende bien). Il y en a marre de cet esprit de meute qui sévit dans le féminisme actuel, cela n'est pas Simone de Beauvoir qui aurait fait cela, on ne peut plus rien dire.
Pire que les fausses féministes, il y a les fausses féministes lesbiennes, les fausse féministes trans ou les fausses féministes noires. Et qu'est ce que sont ces méthodes que de préciser la couleur de peau, l'orientation sexuelle ou le genre ? ON EST TOUS DES HUMAINS MERDE. Avec leurs conneries, on aura Le Pen au pouvoir, ils ne viendront pas pleurer.
2. La dénonciation des lobbies (bis).
L'antiracisme, la lutte contre la transphobie ou l'homophobie c'est très bien mais quand même on doit savoir continuer à apprécier l'humour et une bonne blague sur les travelos du bois de Boulogne a le mérite de toujours détendre l'atmosphère ce que certains de ces "militants" ne savent plus reconnaître. Pourtant vous avez une pote trans qui en rigole beaucoup.
Vous mêmes êtes d'ailleurs de tous ces combats, puisqu'en tant qu'homme blanc hétérosexuel, vous savez à l'occasion, apostropher vos potes d'un vigoureux "pd" ou "negro". C'est votre petite participation à la lutte, bien plus efficace que les simagrées de ces faux militants (oui là aussi il y en a, c'est fou comme le monde est infecté) : déconstruire les stéréotypes, votre combat de tous les jours. Ce n'est pas Martin Luther King qui se serait comporté comme cela.
3. Ayez du BON SENS.
Ce qui manque à tous ces militants de pacotille c'est une démonstration frappée au coin du bon sens. On a quand même un président noir aux USA non ? Marine le Pen est présidente du FN, non ? AH. Tout cela est quand même un signe que les choses ne vont pas si mal.
3. Soyez transgressif.
Un bon compte twitter n'est rien sans une image, transgressive et politiquement incorrecte. Une bonne image de sodomie ou d’éjaculation faciale (appelez là "cumshot" on n'est pas chez les ploucs), en ces temps, où le cul est nul part, fera son petit effet. Evidemment là, appelez-la "image de petit chiot qui court" vous êtes un fin plaisantin.
Le porno reste un domaine injustement méconnu, peu présent sur Internet ; il est de votre devoir de le mettre en avant, de manière très régulière. L'amicale des libertaires anonymes vous en sera gré.
4. Blagues et militantisme, un combat.
Un frontiste qui fera une blague sur les femmes à renvoyer au foyer, cela serait très sexiste et pas beau à voir.
Mais vous vous n'êtes pas frontiste. Vous pouvez donc faire ce genre de blagues du moment que vous conservez cet air débonnaire, cynique et désabusé qui a fait votre réputation.
Gardez cela en mémoire. Si, dans votre fort intérieur, vous répétez que vous êtes dans le "second degré" alors tout vous est permis.
Il faudrait être quand même sacrément con pour ne pas comprendre que vos blagues sur les femmes et le ménage, sont, en plus d'être originales, une sorte de mise en abyme des réactionnaires. Vous êtes un grand incompris c'est là le problème.
5. Le vrai réactionnaire et vous.
Il y a les vrais réactionnaires qui mettent des logos de la manif pour tous et ont des propos très vilains. Et il y a vous, qui n'êtes pas réactionnaire puisque vous êtes vous. Vous avez donc toute légitimité - et cela n'a rien à voir c'est votre simple bon sens qui parle - à trouver "qu'on ne peut plus rien dire", "que le politiquement correct sévit", "que quand même cette histoire de cisgenre c'est du n'importe quoi", que "le féminisme c'était bien à partir du moment où ca consistait juste à demander le droit de vote".
N'hésitez pas à asséner cela très régulièrement entre deux twits de blagues cryptiques.
6. Etre drôle.
Ayez de l'ambition. Aspirez à devenir un futur Laurent Gerra. Faites des vannes sur le physique. La vie personnelle. L'orientation sexuelle. La couleur de peau. le poids. La maladie mentale. Les gens doivent savoir rire d'eux mêmes.
7. Ce qui se comprend bien s'énonce clairement.
Votre TL doit être composée à 75% des gifs animés et à 13.2% de videos youtube.
8. Réfléchissez à vos punchlines.
Un mec cool se doit de choquer (vous n'y êtes pour rien si les gens ne savent pas apprécier votre humour).
Une bonne phrase comme "hier ma grand-mère est morte est j'ai pensé à lui éjaculer dans la bouche" devrait faire son petit effet.
Une bonne blague doit comporter au choix :
- une évocation nécrophile
- une évocation pédophile
- une connotation antisémite
(Attention si vous combinez les 3, vous êtes dieudonné, méfiance).
9. Le cynisme débonnaire
Quand vous ne comprenez pas un concept féministe ou antiraciste, commencez par insulter celle ou celui qui en a parlé ; c'est là une façon amusante d'engager la conversation et on reconnaît ainsi rapidement les gens susceptibles. Puis exigez des explications. Surtout ne les lisez pas.
Terminez par une punchline à votre façon (voir point 9).
Ne cherchez surtout pas à comprendre ces concepts ; si cela vous semble con, c'est que cela l'est forcément.
Je comprends que tout ceci soit difficile à mettre en place et nécessite quelques ajustements de votre compte twitter ; c'est néanmoins à ce compte là que vous arriverez à être cool et apprécié des gens cool.
Demain nous étudierons la différence entre Finkielkraut et un gens cool de twitter.
The post Comment être cool sur twitter appeared first on Crêpe Georgette.
Prostitution des jeunes, notre cri d'alarme
Ce numéro est le dernier paru, découvrez-le sur simple demande!
ÉditorialJeunes et prostitution, le Mouvement du Nid lance l'alerte !
TémoignageFaute de données suffisantes, le phénomène demeure méconnu ; pourtant tout nous porte à croire que la prostitution des mineurs et jeunes majeurs – filles et garçons – est en nette augmentation, malgré sa quasi-invisibilité. (...) Les associations – dont le Mouvement du Nid – sont de plus en plus confrontées, dans nos villes, à des situations dramatiques, des vies brisées. Des réseaux criminels trafiquent et exploitent des filles toujours plus jeunes, sur notre territoire, mais ils sont loin d'être les seuls. Un proxénétisme « de proximité », insoupçonné et tout aussi florissant, cible les jeunes Françaises en situation de vulnérabilité.
Marc
Une relation sexuelle, ce n'est pas anodin. On y met de soi.
Extraits de témoignages de jeunes
Gros planDéfinitions
Le risque prostitutionnel chez les jeunes Bien d'autres facteurs de vulnérabilité que la précarité économique influent sur le passage à la prostitution. Il est utile de savoir les repérer mais aussi d'identifier des situations qui, dans le réel, sont bien éloignées des images d'Épinal présentées dans les médias...
Rencontre
Liliana Gil, éducatrice
La prostitution des mineures, c'est grave en Thaïlande mais ici, nos gamines, ce serait de leur faute ?
Aujourd'hui à l'Aide Sociale à l'Enfance, Liliana Gil a passé six ans en prévention spécialisée en Seine-Saint- Denis, où le Conseil général a impulsé un travail en direction des jeunes filles. Grâce au travail de rue, aux partenariats avec les collèges et les associations locales, elle a pu commencer à identifier les conduites prostitutionnelles des adolescentes et initier des actions d'accompagnement.
État des lieux
Dossier : Prostitution des mineurs, de jeunes victimes à l'abandonProstitution des jeunes, une banalisation évidente
Si rien ne permet encore de trancher l'éternelle bataille de chiffres sur les dimensions réelles du phénomène, les associations sont unanimes sur le rajeunissement des personnes qui entrent dans la prostitution. Réalité inséparable des migrations, ce fait touche aussi un nombre croissant de Françaises du fait des conditions socio-économiques actuelles et de la plus grande facilité du passage à l'acte.
Problème mal appréhendé par les institutions publiques, relatif déni par les acteurs institutionnels, faible investissement sur le sujet... un récent rapport de l'IGAS (Prostitutions : les enjeux sanitaires, 2012) soulignait les carences de la prise en charge des mineurs victimes de la prostitution dans notre pays : un déni qui rappelle celui qui a longtemps entouré la question de l'inceste et des agressions sexuelles sur enfants. La Protection Judiciaire de la Jeunesse parlait, dès 2006, d'une problématique totalement inexplorée et désinvestie (Anthropos, La prostitution de mineurs à Paris, 2006).
Le Mouvement du Nid témoigne des manques criants en matière de suivi éducatif et d'encadrement, des dysfonctionnements et des réponses inadéquates des services sociaux. Sur le terrain, nos délégations mesurent les conséquences dramatiques de l'ignorance des problématiques prostitutionnelles. Non seulement elle peut faire échouer la mission de protection due aux jeunes victimes, mais elle les met parfois directement en danger en les renvoyant aux mains de leurs proxénètes.
Bien entendu, les personnes compétentes et impliquées existent et sont à saluer. Mais leur bonne volonté est bien mal soutenue... C'est le sens même du mot « protection » des mineurs qui est bafoué. Une situation qui prive les jeunes victimes de leurs droits fondamentaux et viole les engagements internationaux de la France.
Initiatives du Mouvement du Nid et ses partenaires / Spécial PréventionNos outils, nos conceptions, nos actions sur le terrain.
Implanté dans toute la France, agissant sur les causes et les conséquences de la prostitution, le Mouvement du Nid France est à la fois une association de terrain et un mouvement de société. Savez-vous que vous avez une délégation du Mouvement du Nid dans votre département ?
Notre délégation de la Sarthe intervient dans la rencontre et l'accompagnement des personnes, la prévention auprès des jeunes, la sensibilisation par des soirées- débats, expositions, de l'information dans différentes manifestations et des formations.
Pour mieux nous connaitre et si vous avez envie de comprendre le système prostitueur (à travers des thèmes comme les enjeux de la proposition de loi abolitionniste en débat, mieux approfondir ce problème sociétal, bénéficier de plus amples informations) ; si vous souhaitez en parler en famille, avec vos amiEs, vos connaissances,
Les bénévoles du mouvement du Nid se proposent d'animer des rencontres conviviales et de proximité. Il vous suffit de rassembler 5 à 10 personnes autour de vous.
Organisation : Prendre contact avec nous. Nous conviendrons d'une date ensemble.
L'accueil se fait à votre initiative à votre domicile ou dans un autre lieu de votre choix
Nos coordonnées :
Délégation du Mouvement du Nid de la Sarthe
Espace Gisèle Halimi - 30 avenue Félix Géneslay 72100 Le Mans
Tél : 02.43.85.89.98 – Portable : 06.78.59.64.78
Courriel : utilisez notre formulaire de contact !

Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, nos militantEs de la délégation du Mouvement du Nid de Moselle apportent réflexions et analyses issues de leur action de terrain.
Infos pratiquesLe colloque a lieu à Metz. Nous vous indiquons dès que possible les lieu, modalités d'inscription et horaires !
D’un bout à l’autre de l’échiquier social, des militants aux naïfs, monte et gronde une même lamentation, qui a tous les avantages de l’épouvantail :
« Ah les femmes entre elles, c’est pire que les hommes !«
… la division des opprimées, ma bonne Dame…
Noues serions toujours à une mauvaise femme de notre liberté ou de notre solidarité.
Les gauchistes noues ont habituées à agiter le spectre de la femme-plus-dangereuse-que-les-hommes, ils l’ont appelée la Bourgeoise.
Les radicaux antiracistes (androcentrés) ont construit un autre mythe de la nuisible : la Blanche.
Les hommes auto-célébrés « pro-féministes » ont défini les contours inhospitaliers de la Radicale, objet hurlant non-identifié qu’il faut absolument neutraliser, si possible à l’aide d’autres femmes, bouclier ou kamikaze.
Enfin… l’affaire n’est pas nouvelle, le mari et son père ont déjà bien bavé sur la Belle-Mère (dont ils se partagent tout deux les fruits de l’esclavage) et les autres s’acharnent depuis des siècles sur la Maîtresse (cette co-victime d’un collectionneur d’objets humains) et la Lolita (la persécutée parmi les persécutée, dans une culture pédocriminelle).
Les uns font mine de noues prévenir du danger (sur le ton paternaliste propre à nos « camarades » de lutte) pour se dresser comme un ultime rempart neutre et bienveillant; les autres noues préviennent comme le fait un coup de fusil tiré en l’air : noues pourrions lui ressembler, à Elle, la Ève … alors faudrait quand même pas trop noues rebiffer …
Tous organisent la dépendance apeurée et la division entre femmes.
Tous, ils utilisent ces mythes pour blanchir et leurs crimes et leurs bénéfices. Voues voulez parler violences sexuelles masculines ? On voues parlera du racisme contre les hommes et la sur-représentation des hommes racisés et prolétaires en prison (on oubliera de dire que pour des crimes, souvent aggravés, ils ne feront que quelques mois fermes, au pire 3 ans), de la stigmatisation des « clients » du viol, de la persécution des hommes injustement accusés de proxénétisme, de la souffrance des gays et autres hommes « queer » à être stigmatisés par les méchantes « sexophobes » pour leurs « sexualités périphériques », etc. Voues voulez parler exploitation domestique et organisation mondiale de l’esclavage des femmes ? On voues parlera de ces femmes qui exploitent des femmes migrantes, de ces femmes qui sont patronnes …
Devant chaque charnier, voues trouverez un petit viril tout recroquevillé qui geint et pointe son doigt d’inquisiteur sur une femme.
Devant chaque armée d’hommes, voues trouverez un arbre criblé de balles : une femme, La Femme.
…
A l’amie qui, par désespoir et résignation, me disait qu’entre les femelles chimpanzées, elle existait une solidarité qui n’existait pas entre les femmes, je réponds ceci : les hommes ont de tout autres moyens de terreur et de lavage de cerveau que les animaux. La méchanceté (ce que les philosophes des catastrophes nomment le mal absolu et banal), le sadisme, la barbarie, la persécution génocidaire, la spiritualité nécrophile, la socialisation sociopathique, la psychologie psychopathique … ce sont des caractéristiques historiques et psychologiques des virils.
La vérité est que noues sommes toutes à au moins un mâle de notre soeur, à au moins un mal absolu de notre vie.
Noues méritons l’espoir.
Le texte comporte des références explicites au viol et à la violence.
Je pense à ces femmes qui sont rentrées le soir et ont nettoyé leur manteau plein du sperme d'un frotteur.
Je pense à ces femmes qui doivent décerner des médailles à leur mec lorsqu'il a fait, une fois, un plat de pâtes.
Je pense à ces femmes qui serrent les dents très fort devant un supérieur paternaliste.
Je pense à ces femmes qui sourient pour ne pas hurler devant une blague sexiste.
Je pense à ces femmes qui ont dix ans de thérapie pour arriver à gérer leur viol.
Je pense à ces femmes dont le mari les laisse sortir.
Je pense à ces femmes dont le mari aide au ménage.
Je pense à ces femmes dont on n'a pas écouté la voix et à qui on a pratiqué une épisiotomie malgré leur refus.
Je pense à ces femmes qui ne jouent plus à des jeux en ligne car c'était trop invivable.
Je pense à ces femmes qui font 2 km de détour pour rentrer chez elles.
Je pense à ces femmes qui ne sortent pas de chez elles quand il fait nuit.
Je pense à ces femmes qui craignent de rentrer chez elles car il les attend.
Je pense aux femmes aux coups, aux bleus, aux nez cassés, aux vagins déchirés, aux fistules anales après un viol, aux sourires sans dent après un énième coup de poing, aux morsures, aux coups de crosse, aux visages défigurés.
Je pense à ces femmes aux triples journées de travail.
Je pense à ces femmes dont le mari feint des maux de dos subits pour ne pas se taper le ménage.
Je pense à ces femmes qui se font mal au ventre à attendre qu'il daigne se bouger le cul et ne serait-ce que "les aider".
Je pense à ces femmes, ces "ma petite", ces "beaux petits culs", ces "joli chocolat", ces "mademoiselle hey psstt", ces "'hey ma grosse salope", ces "hey grosse pute tu vas répondre", ces "salope réponds ou je te défonce".
Je pense à ces femmes dont on a arraché le foulard dans la rue.
Je pense à ces femmes à qui on a montré l'échographie du foetus à avorter.
Je pense à toutes ces femmes qui ont raconté, qui ont parlé et qui les 3/4 du temps l'ont fait avec le sourire, en en riant parfois. Le sexisme est le quotidien et si l'on n'en rit pas, je ne sais plus ce qu'on pourrait faire. On finit par en rire de ces conjoints paresseux, des frotteurs du métro, des supérieurs condescendants, des blagues sexistes des collègues. Rien n'est grave ; on s'y fait, on tente de respirer. Peut-être un jour on rira du viol ; au point où on en est pour survivre et pour accepter. Pour supporter.
Andrea Dworkin avait écrit un texte Je veux une trêve de vingt-quatre heures durant laquelle il n'y aura pas de viol. Mais quelle optimiste (et dire cela de Dworkin est plutôt drôle). Mais je demande une trêve d'une demie-heure pendant laquelle il n'y aura pas de viol ! Et je sais que même cette demande là basique, simple, ne peut m'être donnée. Une simple demie-heure où pas une femme n'est violée. Vous imaginez le stade de désespoir où l'on peut en être quand on en est à formuler de telles choses ?
Je pense à tous ces hommes qui vont me lire.
Je sais qu'il n'y aura pas d''empathie. Je sais qu'on va me reprocher d'amalgamer trois verres pas lavés et le viol. Je sais que la majorité va lire en se sentant "non concernés". J'ai en effet la chance extrême de n'avoir que des paragons d'antisexisme parmi mes lecteurs masculins que voulez-vous. je sais que tout sera dit (du banal "elle est folle" à "elle n'exagère pas un peu") pour ne surtout pas lire les souffrances. Je sais que très peu vont se demander en quoi ils sont concernés. Comment ils peuvent agir. Pas un ne va s'arrêter sur l'immense souffrance que représentent toutes ces phrases pour mieux se concentrer sur ce que cela lui fait à lui.
Une féministe me disait dernièrement "ce serait bien si déjà ils avaient un peu d'empathie". Je crois que si certains arrivaient en lisant, à ressentir la souffrance que provoque le sexisme et à ressentir de l'empathie alors cela serait déjà un début.
Cela devient parfois difficile, très difficile de penser que le groupe des hommes ne nous haît pas. Quand il y a autant de violences, qu'on en est encore à faire accepter que ces violences ne sont pas le fruit de nos fantasmes, alors oui j'ai du mal à admettre qu'il n'y a pas de haine.
J'ai du mal à admettre que les femmes se tapent l'intégralité des tâches ménagères, soient mal payés, leurs boulots dévalorisées et en plus harcelées, battues, violées, tuées parce qu'elles sont des femmes et que tout cela se ferait sans haine. On ne peut pas vous haïr voyons, on vous aime (comme des beaux tableaux et des belles voitures) et puis on vous baise c'est un signe ça non ?
On nous viole mais sans haine. Ca va alors.
Et s'il devait y avoir une requête, une question ou une interpellation humaine dans ce cri, ce serait ceci : pourquoi êtes-vous si lents ? Pourquoi êtes-vous si lents à comprendre les choses les plus élémentaires ? Pas les choses idéologiques compliquées ; celles-là, vous les comprenez.Les choses simples. Les banalités comme celles-là : les femmes sont tout aussi humaines que vous, en degré et en qualité.
Et aussi : que nous n'avons pas le temps. Nous les femmes. Nous n'avons pas l'éternité devant nous. Certaines d'entre nous n'ont pas une semaine de plus ou un jour de plus à perdre pendant que vous discutez de ce qui pourra bien vous permettre de sortir dans la rue et de faire quelque chose. Nous sommes tout près de la mort. Toutes les femmes le sont. Et nous sommes tout près du viol et nous sommes tout près des coups. Et nous sommes dans un système d'humiliation duquel il n'y a pour nous aucune échappatoire. Nous utilisons les statistiques non pour essayer de quantifier les blessures, mais pour simplement convaincre le monde qu'elles existent bel et bien. Ces statistiques ne sont pas des abstractions. C'est facile de dire « Ah, les statistiques, quelqu'un les tourne d'une façon et quelqu'un d'autre les tourne d'une autre façon. » C'est vrai. Mais j'entends le récit des viols les uns après les autres, après les autres, après les autres, après les autres, ce qui est aussi la manière dont ils arrivent. Ces statistiques ne sont pas abstraites pour moi. Toutes les trois minutes une femme est violée. Toutes les dix-huit secondes une femme est battue par son conjoint. Il n'y a rien d'abstrait dans tout cela. Ça se passe maintenant au moment même où je vous parle.
Cela se passe pour une simple raison. Rien de complexe ou de difficile à comprendre : les hommes le font, en raison du type de pouvoir que les hommes ont sur les femmes. Ce pouvoir est réel, concret, exercé à partir d'un corps sur un autre corps, exercé par quelqu'un qui considère avoir le droit de l'exercer, de l'exercer en public et de l'exercer en privé. C'est le résumé et l'essentiel de l'oppression des femmes."
The post Je pense à ces femmes appeared first on Crêpe Georgette.
Je vous propose de relire le résumé des femmes de droite avant de lire cet article-ci.
J'ai été assez étonnée au cours de cet été, du nombre de réactions au tumblr "women against feminism". Ce n'étaient que protestations outrées à peu près partout, et ce micro évènement a pris une importance démesurée.
Cette année il y aura eu, comme chaque année me direz-vous, 50 000 viols en France. En 2008, il y aurait eu plus de 200 000 viols ou tentatives de viol aux Etats-Unis. On pourrait également parler des femmes tuées par leur conjoint, des femmes harcelées dans la rue ou des femmes battues. Pensons aux inégalités salariales, au harcèlement au travail et au sexisme au quotidien.
Cet été une célèbre féministe américaine, a du quitter son logement suite à des menaces de viol et de meurtre. Ce n'était que le point culminant d'années de harcèlement divers et variés, tous organisés en ligne, à la vue de tous et toutes, dans des propos parfaitement clairs dans leurs intentions.
Des féministes françaises qui avaient souhaité dénoncer le harcèlement de rue se sont vus harcelées et moquées ; là encore sur des sites parfaitement visibles et consultables par tout le monde où des dizaines de topics et messages ont mis en doute la véracité de leurs propos, les ont moquées et tournées en ridicule.
Ces actes là sont concrets ; bien plus concrets qu'une page tumblr où quelques femmes posent avec une pancarte.
Il suffit d'une recherche google de quelques secondes pour trouver des milliers de pages, créées par des hommes, qui crachent sur les féministes et piétinent les droits des femmes.
Le viol, la violence conjugale, le harcèlement de rue, les violences sexuelles sont des actes clairs, concrets, commis par des hommes et qui sont des actes anti féministes. Et pourtant ils ne bénéficient pas du quart des articles dénonciateurs dont a bénéficié ce tumblr.
Et voilà que des gens s'étonnent que des femmes ne soient pas féministes ? Que des femmes se déclarent même anti féministes alors que chaque jour des centaines de milliers d'hommes à travers le monde commettent des ACTES BIEN CONCRETS qui vont à l'inverse des droits des femmes ?
Je suis devenue féministe le jour où j'ai voulu porter plainte quand j'avais 18 ans. Ce soir là j'aurais pu me dire que j'étais tombée sur "un taré", puis sur des flics "'un peu cons" et que ma famille avait été "maladroite". J'aurais pu. Bien sûr il m'a fallu des années pour me dire féministe et analyser tout ce qui m'était arrivé ce soir là ; mais du moins j'avais pu voir qu'il y avait un lien entre tous ces gens et ce qu'ils avaient pu dire ou faire. Ce jour là, mes yeux se sont grand ouverts.
Je le regrette parfois. Souvent.
Je regrette de ne pas rire quand on me demande si j'ai mes règles parce que je suis énervée, je regrette de ne pas rire quand on me siffle dans la rue, je regrette de ne pas parler d'un "gros lourd" quand on m'a peloté dans le metro, je regrette de ne pas apprécier les journaux féminins, je regrette de voir que ma mère déteste systématiquement - mais c'est un hasard - toutes les femmes politiques, je regrette de ne pouvoir voir un film, une série, une pub, sans y voir le sexisme qui y est présent si souvent. Je regrette de "voir le mal partout", d'analyser en termes de genre à peu près tout comportement. Je regrette de voir le sexisme car si, comme de nombreuses femmes, j'y voyais juste "de la connerie" ; peut-être que je serais en paix. Peut-être que je n'aurais pas l'impression d'un système si oppressif qu'il empêche de respirer parfois.
Je n'ai pas eu le choix ; nous n'avons pas le choix. J'ai ouvert les yeux et il était impossible de les refermer. On dit "pas de justice pas de paix". Le féminisme est une éternelle quête de justice alors je crois que cela veut dire que je n'aurais jamais la paix.
Je vois autour de moi beaucoup de féministes épuisée, vidées. Cents fois remettre l'ouvrage sur le métier dit-on. On le remet 100 fois, 200 fois, mille fois. On tâche de ne pas répliquer au 1000ème - qui croit être le premier - à nous demander pourquoi on n'est pas plutôt humaniste.
Il est reproché à ces femmes de ne pas être féministes mais on nous reproche de l'être ; toujours les mêmes règles schizophréniques imposées aux femmes. Il faudrait défendre ses droits mais pas trop, ou pas comme on le fait. On n'est jamais assez patiente, on ne s'occupe pas des vrais combats ou pas de la bonne façon, on explique mal, on s'énerve trop, on est trop pressée, on n'est pas assez gentille avec les hommes qui sont féministes mais qui vont cesser de l'être si on continue comme ça, on s'attache à des détails, on exagère les choses, on dénonce trop, on s'indigne trop.
Et vous vous demandez encore pourquoi des femmes ne sont pas féministes ?
A part la joie insigne de constater au quotidien le sexisme crasseux qui s'insinue à peu près partout, jusque dans nos lits et nos amitiés, à part le fait de se faire harceler, foutre de nous, moquer ou ridiculiser c'est vrai qu'on se demande bien pourquoi ces femmes n'ont pas choisi d'êtres féministes.
Les réseaux sociaux ont permis aux féministes de se retrouver et de diffuser leurs idées mais cela a eu une contrepartie énorme ; la visibilité gagnée nous a aussi infligé un harcèlement continu et parfaitement visible. Les féministes qui se sont attaquées aux pires bastions masculins du web ont été traitées dans la boue de la pire des manières, harcelées, moquées, menacées. Et vous vous demandez encore pourquoi ces femmes ne sont pas féministes ?
Se dire féministe est s'assurer dans la majeure partie des cas de longs regards incompréhensifs voire apitoyés qui deviendront ensuite moqueurs. Sur les réseaux sociaux, la grande mode n'est pas de se moquer, qui des racistes, qui des transphobes, qui des machistes pensez donc. Non il faut se moquer de celles et ceux qui les combattent c'est tellement plus drôle.
La stratégie de survie - et qu'on a été nombreuse à adopter pendant des temps plus ou moins longs - est de faire ce que le groupe agresseur attend de nous. Tu veux une paix relative - très relative entendons nous bien - ; dis que tu n'es pas féministe. Pendant quelques heures, tu te moqueras de concert des féministes avec des hommes sexistes et tu auras l'impression d'être en sécurité et puis tu feras semblant de croire que les blagues qui vont surgir à ton encontre sont des blagues entre potes, les mêmes qu'ils se font entre eux. Se dire non féministe c'est faire le pari de la paix, de la protection de ceux qui harcèlent les féministes. Et pourquoi ne pas le faire ? Les sexistes sont beaucoup plus nombreux que les féministes ; alors s'il faut jouer la "femme de service" je comprends ce choix. Je ne l'approuve pas mais le comprend.
Avant de se demander alors pourquoi ces femmes là ne sont pas féministes, je voudrais demander moi, pourquoi autant d'hommes ne le sont pas. Pourquoi autant d'actes non féministes, contraires aux droits des femmes dont perpétrés sans qu'on se demande pourquoi ils le sont ; c'est comme si au fond on trouvait tous ces actes là très normaux, très logiques. On attendait que les féministes les combattent mais pas un instant, on attendait les combattre soi-mêmes et les questionner. Ces femmes là sont non féministes ; il m'a été signalé que des féministes les ont insultées et menacées pour cela. Se tromper d'ennemi, faire le choix, de la victime qui cède parce que cela semble un choix plus rationnel à ce moment là me semble une erreur grave.
Les yeux grand ouverts. Les refermer l'espace d'un instant et ne plus penser au sexisme. Se reposer.
The post Les yeux grand ouverts appeared first on Crêpe Georgette.
Voici la 12ème édition de "Rentrée en Fête", une journée dédiée à toutes les associations d'Orléans. La délégation du Mouvement du Nid du Loiret vous invite chaleureusement sur son stand, pour vous présenter ses activités et échanger avec vous sur ses actions : prévention, relations garçons-filles, lutte contre les violences...
A l'occasion de cette 12ème "Rentrée en Fête", environ 500 associations seront réunies ! La délégation du Mouvement du Nid du Loiret a un stand dans le parc Campo Santo, situé tout près de la cathédrale d'Orléans.
C'est une occasion en or de faire connaissance avec les habitants de notre ville d'Orléans et de ses alentours, et notamment de souhaiter la bienvenue à nos voisins de fraîche date car la mairie associe cette journée à celle des nouveaux arrivants.
L'édition 2014 du Rendez-Vous des Associations, à Nice, accueille cette fois encore de très nombreux stands, dont celui de notre délégation du Gard !
[mise à jour après l'événement]
Le Rendez-Vous des Associations a connu un succès très vif cette année, avec près de 15 000 visiteurs ! Dans un esprit de découverte et dans une ambiance conviviale, les échanges sont allés bon train entre les habitants et leurs associations.
Sur le stand de la délégation du Mouvement du Nid du Gard, nous avons eu la joie de discuter à bâtons rompus avec de nombreuses personnes attirés par notre stand, qui pique toujours la curiosité : nous affichons des extraits de témoignages de personnes prostituées accueillies par l'association, les publications que nous avons mis au point pour la prévention et la conscientisation de l'opinion publique, et bien sûr l'énoncé très clair de nos convictions : la prostitution est une violence et une exploitation insupportable !
Notre stand ne laisse personne indifférent et c'est tant mieux comme le prouvent les échanges très riches que nous avons partagé ce jour-là.
Voici donc le résumé de Histoire du viol de Georges Vigarelloo (XVIème - XVIIIème siècle). Pour celles et ceux qui s'étonneraient de ce déferlement de résumés, je manque un peu d'inspiration en ce moment et le deal - du moins avec moi-même - lorsque j'ai sorti ma wishlist était de vous faire des résumés des livres offerts.
Le viol est sévèrement puni à l'époque classique mais peu poursuivi.
La violence est considérée comme naturelle et existe à la fois du côté des criminels et du côté de la justice ; ainsi entre 1775 et 1785 9 à 10% des décisions du Châtelet sont des exécutions capitales. On tue, on mutile, on torture.
Dans la loi, le viol est puni de mort et parfois de tortures. Si la victime était vierge, la punition est pire et l'est encore davantage si la victime n'est pas nubile. C'est la même chose pour l'inceste.
Le viol en temps de guerre est toléré.
Le rang de la victime, comme celui du violeur compte beaucoup.
Au XVIIIème siècle, la structure familiale change ; la famille est davantage nucléaire que clanique et l'on assiste à une augmentation de la domesticité. Cette domesticité est davantage battue, frappée et abusée. Dans le Languedoc, au XVIIIème, 94% des femmes qui déclarent un enfant illégitime, déclarent également des violences par le maître.
Il n'y a quasiment pas de jugement si la victime est une femme adulte , cela est souvent réglé par des procédures infrajuridiques : une compensation financière du ou de violeurs. dans le Languedoc, à la même époque, 31.68% des injures et des coups sont réglés après une entente financière.
Le vol de grand-chemin est vu comme le crime le plus grave sous l'ancien-régime. Il apparait comme un crime de lèse-majesté qui menace la communauté, met en danger la sécurité des biens et des personnes et empêche les déplacements. L'atteinte aux biens est souvent considérée comme pire que l'atteinte aux personnes.
Dans le cas du viol, on parle davantage de "rapt" ; on rattache le viol au détournement.
Dans les faits, même les victimes les plus jeunes (ex d'enfants de 5 ans) sont vues comme des séductrices. Les plaintes sont rares. Entre 1540 et 1692, il y a 49 plaintes au parlement de paris ; moins de 3 tous les dix ans. Entre 1760 et 1770, 3 et entre 1780 et 1790, 4.
Il est considéré qu'une enfant ou une jeune femme victime de viol ne pourra jamais se marier ; c'est pour cela qu'on préfère l'arrangement financier. On dit que la victime est "gâtée".
Le viol par sodomie n'est jamais évoqué. C'est la sodomie en tant que telle qui est punie, qu'elle soit consentante ou non. la loi à l'époque comprend encore des références à la religion et aux lois divines. Une victime d'un viol par sodomie est coupable au même titre que celui qui l'a violé-e. l'enfant qui "cède" à la violence est considéré comme perdu. L'âge n'est pas une excuse.
Il en est de même pour l'inceste où la victime est condamnée également; la faute est commune et partagée par les deux.
Pour déterminer qu'il y a eu viol, il faut que des témoins aient entendu crier, il faut pouvoir témoigner que la victime s'est défendue et a vigoureusement résisté. S'il n'y a pas de témoins, on examine la réputation de la victime.
A l'époque classique, un volonté contrainte reste une volonté (c'est pour cela qu'on croit aux aveux sous la torture) . On ne tient donc pas compte de la peur, des menaces, des pressions ou du chantage. On ne tient pas compte non plus des traces de coups ; seule compte la défloration.
On pense également qu'un homme seul ne peut violer une femme seule si elle est vraiment déterminée (on retrouve cette idée chez Voltaire, Diderot ou Rousseau).
Si une femme mariée est violée, l'injure est faire également à son mari.
Les viols poursuivis concernent majoritairement des viols sur enfants qui ne sont pas considérés comme des crimes spécifiques. On ne sait pas bien comment déterminer la virginité ; l'existence de l'hymen est discutée. On suppose qu'une fille déflorée aura une odeur différente, une voix qui change, la muqueuse sèche.
A la fin du XVIIIème siècle, la violence des tribunaux comme la torture est beaucoup moins bien acceptée ainsi que la violence aux personnes. Les atteintes aux personnes diminuent et les atteintes aux biens augmentent.
On entame des réflexions sur les crimes moraux comme la sodomie. On commence à dissocier la faute religieuse de l'atteinte aux personnes. On commence à être plus sensible aux viols sur les enfants. La vision sur le viol en général ne change pas mais certains sont vus comme plus odieux et les victimes plus innocentes.
Les plaintes ne sont pas plus nombreuses et les peines ne sont pas plus lourdes. Emergent des critiques sur la clémence des juges. Nait aussi l'idée du viol rural où les gens seraient plus arriérés.
On commence à rejeter le liberté noble et fortuné ; en témoignent les scandales autour de Sade. On ne distingue pas encore la violence sexuelle. La police note ce que font ces libertins mais pas en quoi cea constitue des violences.
Dans la physiognomonie (ex Della Porta), le mot "violeur" n'a pas de place et n'existe pas ; on parle de "satyriasis" qui aurait des érections incoercibles et ne pourrait se maitriser sauf lorsqu'il se marie.
La vision de l'enfance évolue après 1750-1760. Les crimes contre eux sont davantage mis en avant. On constate sa fragilité. Si on étudie le nombre de jugements en appel au Parlement de paris, on passe de 0 entre 1700 et 1705 à 5 entre 1780 et 1785 ; légère inflexion qui montre que le crime existe aux yeux de la justice. On sait davantage reconnaitre les déflorations, les blessures sexuelles, les indices. On connait un peu mieux l'hymen par exemple.
Les plaintes pour viols de garçons restent rarissimes ; c'est la même chose pour l'inceste.
Le nombre de plaintes augmente, mais un verdit de non culpabilité est rendu dans plus de 70% des cas. Quand une peine est prononcée, elle est légère (pour l'époque) : amende, blâme, fouet etc.
On ne sait pas graduer les brutalités et il n'y a en général pas de poursuites si la défloration n'est pas prouvée.
On croit encore en l'enfant libertin avec des enfants de 6 ou 7 ans vus comme sexuellement matures.
Pendant la période révolutionnaire, on voit apparaitre la déclaration des droits de l'hommes du 20 juillet 1789 où l'homme est considéré comme propriétaire de son corps.
l'article 29 du Code Pénal de 1791 dit que le viol sera puni de six ans de fers, mais ne le définit pas pour autant. On ne parle plus de rapt.
La loi sur le divorce est proclamée le 20septembre 1792.
Dans le code de 1791 il n'y a plus de référence religieuse. On juge les actes nuisibles à la société. Le blasphème, la luxure, le concubinage, la débauche, la sodomie ont disparu du code. On distingue les crimes et délits contre les biens et les crimes et attentats contre les personnes.
Cela ne change pas grand chose dans les faits, les femmes qui veulent divorcer pour violences, sont déboutées. La notion de chef de famille existe toujours. Si une femme porte plainte, il n'est pas rare qu'on classe sa plainte et qu'on demande au mari de porter plainte à sa place. On continue à ne pas juger des viols sous menace, chantage, contrainte etc.
Les victimes continuent à être vues comme coupables, porteuses de honte. On pense toujours qu'un homme seul ne peut violer une femme adulte et qu'il faut être plusieurs.
En revanche après 1791, les viols et incestes sur enfants changent ; les victimes ne peuvent plus être poursuivis. Le viol par sodomie n'a toujours pas d'existence pénale.
En revanche, on tend à définir des seuils de violences ; on fixe le degré de gravité par âge et parle nombre de complices. L'article 8 du code de police correctionnelle fixe d'autres délits que le viol ; les "délits contre les bonnes moeurs" ; cet article a une interprétation extensive de la part de la justice.
Les démarches, éventuellement financières entre la victime et le coupable sont parfois judiciarisées avec des contrats devant notaire.
Au XIXème siècle, on continue à penser que le viol se passe là où le progrès n'est pas arrivé ; les villages et les hameaux. On passe d'une criminalité de masse à une criminalité "de fanges et de marges" comme le dit Foucault. (il n'y a plus de bandes et la délinquance est individualisée et axée sur la propriété). La criminalité violente d'ancien-régime devient une criminalité de ruse et de fraude.
La sensibilité s'accentue face à la violence physique et la violence officielle. On supprime la chaîne et les forçats en 1828 et le carcan en 1832.
Le public n'est plus avide du spectacle de la torture et de l'échafaud, mais davantage de l'acte en lui même.
Le nombre de plaintes va croissant et les viols pour enfants occupent la moitié des crimes d'assise après 1850.
Dans le code de 1810, l'article 331 définit l'attentat à la pudeur et la violence sexuelle. La sodomie ne peut plus être punie .
La loi de 1810 approfondit l'intention criminelle. La tentative de viol est l'objet d'un article et d'une définition. La tentative existait avant mais on restait centré sur le forfait achevé.
L'article 64 définit "l'aliéné".
On crée une unité criminelle dans le code appelé "les attentats aux moeurs".
L'adultère est toujours condamné ; on ne condamne quasi exclusivement que l'adultère féminin.
Dans la loi, n'existent toujours pas la pression morale, la contrainte morale ou la tromperie.
Si le viol a eu lieu sans violence, il y aura acquittement.
Ces lois, dans les faits, ne sont toujours pas appliquées ;émerge par exemple l'idée que le viol d'un enfant par un adulte est impossible à cause de la différence de taille des organes génitaux.
En 1832, le code pénal est révisé et prend en compte le critère de l'âge ; l'attentat à la pudeur sur un enfant de moins de 11 ans sans violence sera puni. En 1863, avec la loi du 18 avril 1863, cet âge passe à 13 ans. Avec l'article 331, on définit la violence par ascendant qui élargit encore le critère de l'âge : "un mineur âgé de plus de 13 ans mais non émancipé parle mariage". La jurisprudence l'étant aux ascendants juridiques, par adoption et naturalisation.
Après 1850 par la jurisprudence, on commence à punir des cas où il y a eu violence morale, menace.
La médecine progresse et commence à voir les blessures, les ecchymoses, les traces d'ongles, les hématomes. On remarque le sang, le sperme, les tâches.
En 1857, Tardieu tente de définir les signes cliniques du viol, par exemple l'augmentation de organes génitaux sauf qu'il pense que cela existe également en cas d'onanisme.
En 1830, on traite 106 affaires de viols d'enfants. En 1870, 800. Elles se sont plutôt passées en ville avec le refus des arrangements financiers qui se maintiennent en campagne.
Emerge l'idée qu'il y aurait une pathologie urbaine dont souffriraient les ouvriers. On note la brutalité et la promiscuité présente dans les ateliers. On note que la mixité y règne, propice aux dérèglements.
En 1821, est faite la loi sur le travail des enfants.
Les responsables d'usines et d'ateliers doivent assurer la décence et les bonnes mœurs.
A partir de 1870, on juge de plus en plus le viol en correctionnel considérant que le jury d'assises et trop clément ; on a donc un glissement des chiffres d'une juridiction à l'autre. En 1850 : 50% des forfaits jugés en correctionnelle sont des crimes.
Vers 1880, on commence à comprendre la spécificité du viol sur enfant ; on parle de perversité, on dit que cela a à voir avec l'alcoolisme. On évoque la spécificité de l'inceste.
Plus que le viol ce qui domine l'opinion publique est la violence physique ; des lois en 1889 et 1898 sont là pour protéger les enfants des violences physiques.
On commence à avoir une curiosité pour le criminel, le violeur. On étudie sa physionomie parla craniologie. L'homme criminel serait resté à un âge antérieur de l'évolution comme le dit Cesare Lombroso.
Ces techniques furent rapidement décriées ; on comprend qu'il n'y a pas de caractéristiques physiques pour les criminels. Le "dégénéré" deviendrait criminel à cause de son milieu.
1886 : Krafft-Ebing définit les perversions sexuelles.
En 1906, le mot "pédorose" est créé pour les viols sur enfants. On pense que les pauvres et les étrangers (belges, italiens) sont plus susceptibles de violer.
La psychologie est une science embryonnaire. Fin 1880, on débat sur l'hypnose et on incite aux femmes à faire attention aux hommes qui les fixent dans la rue.
On commence à parler des conséquences psychiques du viol même si on n'a pas encore les outils pour les définir. On continue à penser qu'un enfant violé sera souillé, corrompu et donnera naissance à des rejetons pervers.
Le viol de femmes adultes est toujours très peu dénoncé.
En 1978 a lieu de le procès d'Aix en Provence. Au delà des violeurs, on fait le procès du viol et l'on souligne le rapport de force sur les femmes grâce à la présence de groupes féministes.
Ce procès a une logique culturelle (les victimes y jouent un rôle), une logique psychologique( on montre qu'il y a trauma), une logique juridique (on définit les faits, la violence, le non consentement).
Cela permet de constituer les textes de loi encore à l'œuvre aujourd'hui.
En 1990 encore 40% des procès en correctionnelle sont des viols déqualifiés. (il y a eu régression de la correctionnalisation). Le taux d'élucidation a augmenté ; de 71% en 1974 à 85% en 1994. Les peines augmentent, on passe de 54% à 74% entre 1978 et 1992 de condamnés à 5 ans et plus et de 13% à 35% pour les condamnés à 10 ans et plus.
Le nombre de peines pour attentats à la pudeur augmentent aussi.
Les choses changent car les rapports entre les hommes et les femmes changent.
Dans le code pénal du 16 décembre 1992, disparaissent les "attentats aux mœurs" et apparaissent les mots"agression sexuelle". On ne parle plus de "pudeur" et d'"outrage" mais de "violence".
Apparait dans les articles 222-23 le délit de harcèlement sexuel.
No nomme de nouvelles violences comme l'agression verbale , l'exhibitionnisme.
On punit désormais le viol entre époux.
On parle du viol en prison, du viol de guerre au moment de la guerre en Yougoslavie.
Les viols sur enfants deviennent le crime premier.
La parole des victimes est davantage écoutée, on a la certitude qu'il existe un trauma après le viol.
On instaure un suivi médico-social des violeurs.
Conclusion :
Avant le XXème siècle, les procédures sont rares. on tolère la violence. Les crimes contre les enfants ne comptent pas. L'enfant n'est pas vu différemment d'un adulte. Les crimes sur garçons sont méconnus. Les violeurs sont condamnés dans les lois mais pas dans les faits. La victime est culpabilisée ; la femme consent autant que l'homme. La menace, la contrainte ne sont pas prises en compte.
Pendant la révolution, apparait le mot "viol". On juge plus sévèrement le viol sur enfant qui est plus poursuivi, plus dénoncé et moins toléré. La perception des enfants change.
le viol de femmes adultes n'est pas beaucoup poursuivi.
Le violeur est perçu comme un pauvre, un vagabond.
Le XXème siècle permet une réflexion sur l'égalité entre les hommes et les femmes et a des conséquences que la perception du viol.
The post Résumé de Histoire du viol de Georges Vigarello appeared first on Crêpe Georgette.
J'avais publié sur facebook il y a quelques jours une réponse à Nadine Morano au sujet de son texte sur la plage et les femmes portant le foulard, certains m'ont demandé de le publier ici ; le voici donc.
Dans un court texte public sur facebook, Nadine Morano s'élevait contre la présence d'une femme portant un foulard sur une plage publique.
Nadine Morano voit donc arriver un couple ; l'homme va se baigner. La femme qui porte un foulard reste sur la plage.
En 3 minutes Nadine Morano en a conclu qu'ils sont mariés et que cette femme est une "douce soumise" à son mari ce qui l'empêche de se baigner.
Il existe des milliers de raisons qui ont pu empêcher cette femme de se baigner. Peut-être a-elle ses règles et n'aime t elle pas se baigner dans ces circonstances là ? Peut-être n'est elle pas à l'aise en maillot de bain ? Peut-être ne supporte-t-elle pas l'eau de mer ? Peut-être vient elle de manger ?
Mais parce qu'elle porte un foulard sur la tête Nadine Morano en conclut que c'est forcément à cause de l'islam en général et de son mari en particulier.
Peut-être en effet que cette femme estime qu'elle n'a pas à se dévêtir devant des inconnus, peut être estime-t-elle qu'hommes et femmes ont des rôles différents à jouer et que l'un peut se dévêtir à la plage pendant que l'autre ne le peut. On peut estimer cela stupide, Madame Morano, on peut le combattre politiquement mais RIEN dans cette brève scène ne vous permet de conclure quoi que ce soit. Et rien ne vous permet de conclure que son mari la force à quoi que ce soit.
Si vous aviez vu une femme blonde sans foulard, sur une plage mais très habillée, vous ne seriez pas allée en conclure qu'elle était sous la coupe d'une religion misogyne. Vous auriez sans doute cancané puisqu'il semble que la politique se fasse maintenant sous forme de cancans dépolitisés et populistes mais vous n'auriez pas conclu qu'elle était sous la coupe d'un mari misogyne et musulman.
Et c'est cela, madame, le danger de l'amalgame raciste ; interpréter tous les faits et gestes d'une personne au regard de sa religion (supposée ou non). Vous n'avez pas une seconde pensé que cette femme puisse ne pas se baigner pour d'autres raisons que sa religion car, pour vous, elle n'est que sa religion.
Et je le répète, quand bien même, elle déciderait de ne pas se baigner pour des raisons religieuses c'est son droit le plus strict.
Je vous rappelle, Madame, que des milliers de français ont manifesté, pétitionné, fait courir les rumeurs les plus folles pour empêcher la tenue d'un programme qui concourrait juste à assoir dans les établissements scolaires l'égalité entre hommes et femmes. Il me parait malvenu de faire la leçon à quiconque.
Arrivons à la seconde partie de votre texte où vous qualifiez la France de "patrie des droits de l'homme" et où règne "'égalité entre hommes et femmes".
Posons d'abord quelques chiffres
- 50 000 viols par an
- 1 femme qui meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint
- 26% de femmes à l'assemblée nationale
- 23.2% de femmes au sénat
- votre parti comme bien d'autres incapables de respecter la parité et tenus de payer des amendes colossales.
- inégalités salariales à poste et compétence égale
- les femmes plus pauvres et plus précaires que les hommes
- 30% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du CAC40.
Rappelons ensuite ce que toutes les femmes politiques ont eu à subir de la part de leurs coreligionnaires mais aussi des citoyens françaiss ; des phrases qui, sans cesse, leur expliquent qu'elles n'ont rien à faire dans des espaces masculins. Lorsque Patrick Balkany, se permet d'expliquer que Roselyne Bachelot n'a rien à faire sur un plateau télé vu son âge et son physique, que fait il d'autre que ce que vous supposez de ce couple ? Lui, un homme se permet d'expliquer à une femme quelle est sa place.
Lorsque des députés se permettent de caqueter devant des femmes députées que font ils d'autres que leur rappeler que, là encore, leur place n'est pas là ?
Lorsque des gens pendant plusieurs mois se permettent de faire courir les rumeurs les plus immondes et les plus bêtes concernant les ABCD de l'égalité que font ils d'autre que d'expliquer que les femmes n'ont pas à faire ce qu'elles veulent ?
Vous-même êtes très régulièrement attaquée non pas pour ce que vous dites mais pour ce que vous êtes ; les attaques machistes à votre égard sont multiples et intolérables.
Après la lecture de ces simples faits, madame, pensez vous vraiment encore que notre culture est championne en matière d'égalité entre hommes et femmes ?
Pensez vous que nous devons ad nauseam donner des leçons au monde entier alors que nous sommes viscéralement incapables de respecter l'égalité entre hommes et femmes ?
Au lieu de vous préoccuper et de présupposer des intentions d'une femme sur une plage, occupez-vous plutôt de faire respecter l'antisexisme au sein de votre propre parti ; cela vous occupera pour une vie au moins.
The post Réponse à Nadine Morano appeared first on Crêpe Georgette.
Je vais vous résumer Roms & riverains : une politique municipale de la race de Eric Fassin, Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels. Le livre comporte une part importante de témoignages d'acteurs sociaux et de roms ; il n'était pas possible de les résumer.
Le 29 juillet 2010,des gens du voyage attaquent un commissariat après que l'un d'entre eux ait été tué par la police. Lors du discours de Grenoble, Sarkozy, alors président, assimile roms et gens du voyage. Il y déclare : "nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration" et s'engage à faire démanteler la moitié des campements illégaux de roms dans les trois mois et à réformer la politique de lutte contre l'immigration illégale.
La réaction dans l'opposition est forte et Manuel Valls condamne fermement ce discours.
Viviane Reding, commissaire européenne, dénoncera en des termes vifs cette politique où est visée, non pas une nationalité, mais une ethnie (on a juridiquement le droit de traiter différemment une nationalité mais pas une ethnie). Ce sera elle qui sera vivement critiquée.
En 2012 François Hollande est devenu président et Valls ministre de l'intérieur. Est décrétée la circulaire interministérielle du 26 août 2012 qui poursuit l'action entamée par le gouvernement précédent.
Le 14 mars 2013, Valls parle des roms en disant qu'ils auraient "vocation" à rentrer en Roumanie. Le candidat aux primaires socialistes de Marseille dira, lui, qu"ils ne peuvent pas s'intégrer, ce n'est pas dans leur nature.
En octobre, Minute fait une Une raciste sur Taubira ; c'est l'occasion d'un grand meeting antiraciste où sont rassemblées toutes les forces de gauche.
On assiste ainsi à un effacement de trois clivages :
- entre la droite et l'extrême-droite en 2010
- entre la droite et la gauche en 2012
- entre l'aile droite et l'aile gauche du gouvernement du 2013
Il est difficile de savoir s'il existe vraiment une communauté rom ; certains anthropologues disent qu'il y aurait une pluralité de groupes. La question est tellement complexe que seuls les anthropologues peuvent en discuter et pas les politiques.
Il est difficile de savoir combien il y a de roms en France. On pense qu'il y a 20 000 personnes arrivés récemment, ceux qui vivent dans les bidonvilles et 400 000 pour la plupart français, installés depuis longtemps. Sur les 20 000 personnes arrivées récemment, il y a des non roms ; on parle donc d'un sous-groupe des roms dans lequel il n'y a pas que des roms.
Le livre parle donc des roms non pas comme une communauté fondée sur la culture ou l'origine mais comme une minorité caractérisée par l'expérience de la discrimination.
Il existe un processus d'altérisation ; il faut que le groupe qu'on discrimine n'ait rien à voir avec nous.
Les conséquences de la pauvreté et des discriminations (vivre dans des camps, l'insalubrité, la saleté) deviennent des éléments constitutifs d'une culture rom. Ils sont racialisés. On se souvient de ces "anges blonds" soit-disant enlevés qui ne pouvaient être rom,qui seraient tous bruns. Ressortent les vieilles rumeurs des tziganes qui enlèvent les enfants et mangent des animaux domestiques comme les chats. On assimile souvent les roms aux rats, sans jamais supposer qu'ils peuvent aussi souffrir de cette présence sur leurs bidonvilles. On entend des phrases comme "il a fallu subir les rom puis on a subi les rats".
La saleté supposée des roms est vue comme élément de leur culture voire même de leur nature.
Le fait par exemple qu'ils soient obligés de faire leurs besoins dehors parce qu'ils n'ont pas le choix devient un élément pour les distinguer de nous, qui ne ferions pas comme cela. Leurs conditions de vie sont décrites comme constitutives à ce qu'ils sont par les mairies comme si elles n'avaient rien à voir là dedans ; ainsi Aubry décrira la saleté des camps roms alors qu'il appartient à sa municipalité de ramasser les ordures.
Il est beaucoup dit qu'ils sont sales et vivent dans les ordures et les rats sans que soit rappelé que les municipalités refusent d'amener de l'eau courante, de construire des toilettes sèches et de ramasser les ordures de peur qu'ils s'installent.
Leur pauvreté, les discriminations subies sont donc vues comme des éléments de leur culture pour les différencier de nous et les racialiser.
Dans les années 90, aux Etats-Unis a été créé le concept d'auto-expulsion ; ils'agissait de rendre la vie tellement dure aux immigrés qu'ils finiraient par partir d'eux-mêmes.
Ainsi les administrations françaises rendent la vie difficile aux roms en espérant qu'ils repartent ; refus de ramasser les déchets, d'inscrire les enfants à l'école, le 115 n'a jamais de place disponible, refus de les inscrire sur des listes électorales, refus d'enregistrer leurs plaintes.
Le livre aborde ensuite le concept de "riverain" apparu dans les années 2000 lorsque Sarkozy,alors ministre de l'intérieur, fait voter la loi de sécurité intérieure qui pénalise, entre autres, le racolage passif. Apparaît alors le "riverain" qui serait dérangé par les prostituées.
A l'opposé du riverain, naît le bobo ; on se met à définir la classe sociale non plus par l'économie mais par la culture.
Le riverain serait celui qui serait incommodé par les roms et le bobo serait un droit de l'hommiste éloigné des réalités du terrain.
On constate qu'en adoptant ce langage et ce discours, le PS s'éloigne de ceux qui l'ont fait élire sans pour autant regagner le vote de l'électorat populaire.
Pour autant, ceux qu'on appelle les riverains ne sont pas toujours à proximité des roms et n'appartiennent pas toujours aux classes populaires. Les voisins, au sens propre du terme, peuvent parfois être très solidaires des roms même si les médias ne nous parlent pas de leurs initiatives.
La politique de la race définit les autres et nous définit nous mêmes. On fantasme un groupe "les petits blancs" ; c'est une manière d'opposer classe et race comme si les classes populaires étaient forcément blanches et comme si les sujets racialisés n'appartenaient forcément pas au peuple. On parlera de "blanchité" (whiteness en anglais) qui définit un champs d'études non pas d'un groupe social mais d'une identité. Aux Etats-Unis les irlandais sont ainsi devenus "blancs" (ils sont rentrés dans le groupe social dominant en quelque sorte) au détriment des noirs. En France, des groupes sociaux encore renvoyés à l'altérité (par exemple les maghrébins et leurs descendants) peuvent accéder à la blanchité aux dépends des roms.
Face aux roms, les immigrés ou descendant d'immigrés peuvent s'affirmer. On dresse les pauvres contre les encore plus pauvres en faisant miroiter aux premiers la promesse des bénéfices de la blanchité au détriment des seconds.
Dés 2009, nous sont montrés des groupes de "riverains" en colère contre les roms et qui montent des expéditions punitives, démontent ou brûlent des camps, frappent les roms ; groupes qui sont souvent menés en sous-main par des groupes identitaires.
Les municipalités disent "les comprendre".
On peut distinguer deux catégories de riverains :
- la classe moyenne qui se sent menacée dans ses biens et son bien-être
- la classe populaire qui n'est jamais écoutée sauf lorsqu'elle évoque les roms. Cela leur permet aussi de se distinguer d'eux en soulignant qu'eux sont pauvres, mais français et propres par exemple.
La colère des riverains permet aux maires de se tisser une clientèle à peu de frais; s'ils ne peuvent rien faire pour l'emploi ou le logement, ils peuvent au moins partager la colère des "riverains" face aux roms et organiser par exemples des expulsions.
Le commissaire divisionnaire Gilles Beretti nuance les statistiques criminelles autour des roms : pour lui ils sont sur-représentés car beaucoup plus arrêtés. Il souligne également qu'il existe peut de familles mafieuses ; peut-être 5 à 8 dans toute l'Ile de France et que les délits commis ne sont pas spécifiques aux roms mais aux pauvres (faire les poubelles et les dégrader, voler des vêtements mis en container etc).
D'autres policiers soulignent que certains profitent de la présence des roms pour commettre des délits, sachant que cela sera les roms qui en seront accusés.
Le livre, après une série de témoignages se termine par "une chronologie du pire entre 2010 et 2013". Je me suis permise de la recopier de façon exhaustive ; je crois qu'il est bon de la garder en mémoire.
2010 :
juillet :
"Chaque année, une dizaine de milliers de migrants en situation irrégulière, dont des Roms, repartent volontairement avec une aide de l'Etat. Et l'année suivante, après avoir quitté le territoire avec une aide de l'Etat, ils reviennent en toute illégalité pour demander une autre aide de l'Etat pour repartir. Cela s'appelle "un abus du droit à la libre circulation".
Nicolas Sarkozy, président de la République
Août :
"Le président de la République a fixé l’objectif précis, le 28 juillet dernier, pour l’évacuation de 300 campements ou implantations illicites d’ici 3 mois, en priorité ceux des Roms" [...] Dans le cadres des objectifs fixés, outre les démantèlements n'impliquant pas de moyens nationaux et menés à bien avec les moyens locaux, les préfets de zone s'assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d'une opération importante par semaine (évacuation/démantèlemement/recuite) concernant prioritairement des roms".
Circulaire du 05 août 2010, signée par le directeur de cabinet du ministre de L'intérieur, Eric Besson.
Septembre :
Un septuagénaire tire sur deux ados roms en train de le cambrioler.
"Quand on voit toutes les petites crapules qu'on met dehors alors qu'elles sont en attente de jugement et qu'elles peuvent recommencer, c'est vraiment un déni de justice et un véritable abus de pouvoir, c'st vraiment scandaleux".
A propos du fait que l'homme ait traité les roms de "sale race"
"Il a eu tort de le dire, il a le droit de le penser"
Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes
En couverture et illustré par l'image d'une petite fille visiblement rom : "Roms, allocations, mensonges... Ce qu'on n'ose pas dire"
Le point 30 septembre 2010.
2011 :
Juillet :
"La délinquance roumaine est une réalité et il faut que nous la combattions".
Claude Guéant, ministre de l'Intérieur.
Septembre
En couverture et illustré par l'image d'ne femme blonde victime d'un arrachage de sac à main sur un quai de métro : "Délinquance : le plan de lutte contre les jeunes roumains".
Le parisien, 12/09/2011
2012 :
Septembre :
"Nous savons que ce sont des minorités très criminogènes, d’une criminalité extrêmement cruelle d’ailleurs, parce qu’elle utilise beaucoup les enfants"
"Il n’y a qu’une seule solution : dissuader la venue de ces personnes et les renvoyer chez elles. Et les problèmes d’intégration, qui sont bien réels, ils doivent être traités dans leurs pays d’origine"
Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur
Après que des riverains ont expulsé des familles roms et mis le feu à leur campement"Je ne le condamne pas, je ne le cautionne pas, mais je le comprends, quand les pouvoirs publics n'interviennent plus".Samia Ghali,maire et sénatrice PS des XVeme et XVIeme arrondissements de Marseille.
2013
Mars :
A propos des villages d'insertion "Cela ne peut concerner qu'une minorité car, hélas, les occupants des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution."
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur
Avril :
"Quand les roms se mettent quelque part, c'est avéré, après on a une recrudscence des cambriolages."
Samia Ghali, maire et sénatrice PS des XVeme et XVIeme arrondissements de Mareille
Mai :
"Ils ne peuvent vivre qu'en faisant les poubelles, même s'il y en a quelques-uns qui travaillent, ils vivent de rapine."
Jean-François Noyes, conseiller général PS des Bouches-du-Rhône et ancien directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini.
Juin :
A propos des 200 roms vivant à Marseille
"Mais c'est 2000 de trop ! Même si c'était dix, c'est encore trop. Ce n'est pas le problème du nombre, c'est le problème de notre capacité à intégrer. Nous n'avons plus de capacité à intégrer. C'est 2000 plus les milliers d'immigrants clandestins ou réguliers qui déferlent sur ce pays. Et tout ça est à intégrer, tout ça est à scolariser, tout ça est à soigner, tout ça est à loger. C'est ça le problème."
"Ces gens bien entendu vivent de rapine et de vol.. Pas de l'air du temps !"
Guy Teissier, député-marie UMP des 9eme et 10eme arrondissements de Marseille
Sur twitter après que des cocktails molotov aient été lancés contre des caravanes
"Bientôt à Marseille #Capelette pour la même action"
Didier Réault, adjoint aumaire UMP de Marseille et conseiller général des Bouches-du-Rhône
Juillet :
"Vous avez quelques soucis" avec des "Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons... odorante [...] Je vous annonce que dans le courant de l'année 2014, il viendra à Nice 50.000 Roms au moins puisqu'à partir du 1er janvier, les 12 millions de Roms qui sont situés en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie auront la possibilité de s'établir dans tous les pays d'Europe. Tout le monde est dans les starting-blocks, exactement comme dans les films du Far-West" retraçant la conquête de l'Ouest américain, c'est à cela que nous allons assister."
Jean-Marie Le Pen, député européen et président d'honneur du Front National
"J'en ai maté d'autres et je vous materai".
Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice
"Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez..."
Gilles Bourdouleix, maire UDI de cholet (Seine-et-Loire)
Août :
En couverture : "Roms, l'overdose. Sondage exclusif. Le ras-le-bol des Français. Assistanat,délinquance... Ce qu'on n'a pas le droit de dire."
Valeurs Actuelles, 22 août 2013
Septembre :
"Si un croisien commet l'irréparable, je le soutiendrai."
Régis Cauche, maire UMP de Croix (Nord)
"Ils n'ont pas toujours les comportements adaptés à nos modes de vie et habitudes semant la crainte et l'exaspération"
Gérard Vignoble maire UDI de Wasquehal (Nord)
"[Manuel Valls] appelle un voyou, un voyou, et non un malheureux enfant, et tout le monde admire l'audace. Il dit que la délinquance venue de Roumanie est un problème, et tout le monde s'émeut, comme les bigotes du XIXeme siècle s'émouvaient devant une jambe dénudée. Les Roms chassés partent l'âme tranquille, ils savent qu'ils reviendront. C'est ce qu'ils ont déjà fait lorsque Sarkozy les a renvoyés. Parmi eux, la délinquance des enfants voleurs se poursuivra tranquillement, même si les arrangeurs de statistiques cherchent à faire croire qu'elle diminue."
Eric Zemmour, chroniqueur sur RTL, au Figaro Magazine et sur i>télé
A cause des Roms, "les français vivent un véritable enfer. [...] Tout cela crée une ambiance qui peut tourner au conflit, voire à la guerre civile."
Marine Le Pen, députée européenne et présidente du Front National
"Lorsqu'on installe des Roms, il y a le crime, il y a la drogue, il y a la prostitution. [...] Je trouve qu'on a trop, dans le passé sans doute, laissé faire les choses, c'est ce qui nous a conduits à des situations qui sont quelquefois extrêmement dangereuses."
Daniel Boisserie, député PS de la Haute-Vienne, maire de Saint-Yrieix-la-Perche
"J'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens."
Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de l'Essonne et candidate à la maitie de Paris
"Les Roms harcèlent les gamins à la sortie de l'école."
Rachida Dati, députée européenne UMP et maire du VIIeme arrondissement de Paris
"Paris ne peut pas être un campement géant."
Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris.
"C'est illusoire de penser qu'on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l'insertion. Et donc cela passe par des reconduites à la frontière, cela est passé aussi par la fin de cette aide au retour qui a créé un véritable appel d'air, nous y avons mis fin. [...] Mais ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation. [...] Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie."
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur
Octobre :
"Ces gens-là ne peuvent pas s'intégrer, je ne dis pas "ne veulent pas", ils peuvent pas parce que c'est pas dans leur nature."
Christophe masse, conseiller municipal PS de Marseille et conseiller général des Bouches-du-Rhône
Novembre :
Un tweet relaie l'image d'une femme rom pratiquant la mendicité vête d'une jupe de contrefaçon "Givenchy".
Commentaire "'Leonarda de retour en France pour la fashion week".
Natacha Polony, journaliste à Europe 1 et chroniqueuse au Figaro et sur France 2
"Je vous rappelle quand même que les gens du voyage, que dis-je, les Roms, m'ont mis neuf fois le feu ! Neuf fois des départs de feux éteints parle SDIS dont le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu'ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils les brûlent pour récupérer le cuivre et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours ! Non, mais parce que les Roms c'est un cauchemar..."
Luc Jousse, maire UMP de Roquebrune-sur-Argens(Var)
Décembre
"Il est plus facile aujourd'hui d'enlever une voiture à Paris,ça prend 15 minutes... Vous vous garez sur une livraison, j'en ai fait l'expérience, 15 minutes entre le moment où vous vous garez et le moment où on enlève la voiture. Il peut se passer des mois et des années avant que l'on bouge un mendiant rom qui est là à l'année, tous les matins, qui revient, qui repart. C'est insensé."
Pierre Lellouche, député UMP et conseiller de Paris.
The post Résumé de Roms & riverains : une politique municipale de la race appeared first on Crêpe Georgette.
Je vais vous résumer Les femmes de droite d'Andrea Dworkin. Le livre date d'il y a trente ans ce qui explique par exemple qu'elle évoque le viol conjugal en soulignant qu'il est autorisé. Je résume ce livre en réaction aux nombreux textes réagissant au tumblr des femmes anti féministes.
Dans la préface, Christine Delphy souligne qu'à part Dworkin peu de féministes ont évoqué la sexualité hétérosexuelle dans une société patriarcale. On a revendiqué le droit des femmes à se prémunir des conséquences de cette sexualité via la contraception et l'IVG.
Dans la vision féministe comme dans la vision patriarcale, le viol, l'inceste sont vues comme des transgressions à la sexualité comme les violences conjugales sont vues comme des transgressions à la définition du mariage.
Pourtant s'ils sont aussi banalisés c'est qu'ils sont tolérés sinon encouragés et que la violence est partie intégrante de la sexualité hétérosexuelle patriarcale comme le pense Dworkin.
Dans ce livre Dworkin parle des femmes de droite qu'elle ne condamne pas mais dont elle regrette les choix. Elle estime qu'elles ont affaire à un pouvoir trop vaste et qu'elles se sont aménagées l'espace qu'elles pouvaient.
La question se pose de savoir sir les gains du mouvement féministe ne peuvent être saisis par les hommes et utilisé contre les femmes. Ainsi elle rappelle que la libération sexuelles des années 60 a enjoint les femmes à être disponibles envers les hommes sinon elles étaient considérées comme non libérées.
Delphy estime que les féministes ont échoué à définir la sexualité hétérosexuelle ; cela se définit toujours par un rapport sexuel qu'avant les femmes n'étaient pas censées aimer et que, maintenant elles doivent aimer.
Dworkin dit que la violence de l'acte sexuel ne réside pas dans l'anatomie masculine mais dans l'interprétation qui en est faite.
La sexualité hétérosexuelle devient un acte où la femme doit jouir de sa propre destruction, pour se conformer à l'archétype du masochisme féminin.
Delphy critique le féminisme queer qui réduit le genre aux rôles dans la sexualité qu'on pourrait performer alors que les discriminations persistent, elles, bel et bien.
Résumé de Dworkin.
Dworkin montre que la majeure partie des travaux faits par les femmes sont sous-payés, stéréotypés et stagnants. Pour elle, les femmes de droite ont fait un deal. Comme au foyer leur valeur est davantage reconnue qu'au travail, entre autres parce qu'elles sont mères, alors elles défendent le rôle de femme au foyer.
Le travail ne rend pas les femmes autonomes puisqu'elles sont en général mal et peu payées. Les féministes ont fait le pari qu'un salaire rendrait les femmes indépendantes sauf que cela n'arrivera pas tant qu'on sera dans une société patriarcale. Il y a un intérêt à maintenir les salaires des femmes bas ainsi elles vendront du sexe (dans le mariage ou la prostitution) pour survivre.
Pour Dworkin, le salaire égal pour un travail égal n'est donc pas une réforme mais une révolution.
De plus le marché du travail est devenu un autre lieu de coercition sexuelle pour les femmes.
Les femmes de droite ont donc fait le choix de rester au foyer en espérant que cela sera plus vivable que dehors.
Dworkin aborde ensuite le sujet de l'IVG. Le livre date des années 80, l'IVG est autorisé depuis dix ans et dans de nombreux états, le viol conjugal n'existe pas.
L'IVG peut rendre la femme coupable de ne pas mettre la maternité au coeur de sa vie alors qu'elle serait censée le faire.
Si le viol conjugal est autorisé, comment distinguer le viol dans le mariage du coït dans le mariage ?
Si un homme marié viole une femme comment pourrait-il voir cela différemment de ce qui se passe dans son couple où il a l'autorisation de l'état de violer sa femme ?
Si la grossesse doit être menée à terme dans le mariage où le viol est légitime alors pourquoi la grossesse issue d'un viol par un inconnu serait illégitime ?
Dans les années 60, les femmes doivent baiser (le mot est employé par Dworkin "fuck") sinon elles sont accusées de ne pas être libérées.
Or la possibilité d'une grossesse, ou le souvenir d'une IVG clandestine, ne leur donne ps envie de le faire.
Beaucoup d'hommes de gauche se sont alors engagés dans un combat pour l'IVG.
Robin Morgan dit en 1970 "Il est douloureux de comprendre qu'à Woodstock ou à Altamont, une femme pouvait être qualifiée de "coincé" ou "vieux jeu" si elle refusait de se laisser violer".
Lorsque les mouvements féministe émergent, ils font réaliser à beaucoup de femmes qu'elles ont été sexuellement utilisées. Elles vont alors lutter pour le contrôle de leur fertilité ; les mouvements de gauche vont alors se détourner des droits des femmes et de l'IVG puisqu'il ne s'agit plus de seulement pouvoir baiser des femmes.
Les femmes de droite dénoncent l'IVG car pour elles, cela a participé à l'avilissement sexuel des femmes. Elles ont vu que quand l'IVG a été légalisée, les hommes ont revendiqué l'accès au corps des femmes. Pour elles, l'IVG rend les femmes baisables par les hommes sans qu'ils en paient plus aucun conséquence comme un enfant à nourrir.
De leur point de vue, la grossesse est la conséquence du sexe qui oblige les hommes à rendre des comptes. Sans IVG, l'homme est obligée d'entretenir la femmes et les enfants qui ne pourrait s'en sortir seule puisque les salaires versés aux femmes sont trop faibles.
Dworkin évoque ensuite la peur de l'homosexualité masculine qui constitue un outil de contrôle des hommes. Elle dresse des groupes d'hommes les uns contre les autres dans une quête éperdue de la masculinité.
Dans le racisme, l'homme du groupe racisé, subit des stéréotypes sexuels ; soit il est violeur, soit il est dévirilisé. Les noirs dans les Etats-Unis esclavagistes sont dévirilisés et vus comme des animaux. Lorsque l'esclavage est aboli les hommes blancs se sentent dévirilisés, privés de leur masculinité, ils font des noirs des violeurs. Le viol par les hommes noirs (qui est une construction raciste) est avant tout vu comme un vol, non pas des femmes blanches mais de la masculinité des hommes blancs.
Pour Dworkin, les femmes de droite haïssent les homosexuels car pour elles, ils se passent des femmes. Sans la reproduction, les femmes en tant que classe n'ont rien ; les homosexuels font donc croire aux femmes que les hommes n'ont plus besoin d'elles.
Dworkin évoque le programme démographique d'état qu'elle qualifie de "gynecide programmé".
Elle paele des femmes noirs et hispaniques stérilisées contre leur gré. Elle évoque des contraceptifs testé à Puerto Rico chez les femmes hispaniques.
Elle souligne que les femmes sans valeur reproductive, les pauvres, les malades, les droguées, les prostituées, les malades mentales sont enfermées. La majorité des personnes pauvres et âgées aux USA sont des femmes. Dans les hospices, 72% des patients sont des femmes.
Les noirs (hommes comme femmes) meurent plus jeunes à cause du racisme systémique qui les privent par exemple de soins. Il n'y a que 9% de non blancs chez les personnes âgées et 5% dans les hospices.
Les femmes sont surmédicalisées tout au long de leur vie, surtout avec des anti dépresseurs, barbituriques etc.
On verse peu de prestations sociales aux femmes ainsi elles restent obligées d'accepter des emplois peu qualifiés. C'est encore plus vrai pour les femmes noires ; il faut que leurs prestations sociales soient très basses pour qu'elles continuent à faire les boulots les plus difficiles.
Les aides sociales maintiennent les femmes en état de dépendance. Elles n'auront de toutes façons que des emplois mal payés et où elles seront exploitées. Elles punissent les femmes d'avoir eu des enfants hors mariage, crée une main d'œuvre disponible à bas prix et permet le contrôle reproductif des femmes qui n'ont pas à se reproduire comme les noires et les hispaniques. Selon Dworkin, les femmes n'existent que si elles sont une valeur reproductive.
Dworkin craint que le modèle du bordel (là où des femmes sont disponibles sexuellement pour les hommes) s'étende à la reproduction, qu'elle appelle "modèle de la ferme" . Elle pense que les technologies reproductive vont permettre de créer des fermes où la reproduction sera une marchandise.
Elle évoque ensuite l'anti féminisme qui se développe selon 3 axes :
- le modèle "séparés mais égaux" qui consiste à dire qu'il existe un principe de nature masculine, un principe de nature féminine qui sont si différents qu'ils entrainent une séparation sociale absolue et des choix de vie complètement différents. On déclare les hommes et les femmes égaux car chacun fait également ce qui est propre à sa clase de sexe. On promet l'égalité si chacun reste à sa place.
- le modèle de la supériorité féminine. Les femmes sont vénérées de façon abstraite, selon des modèles inatteignables comme la vierge Marie. Les femmes ont un tel pouvoir sur les hommes qu'elles les forcent à faire des choses comme les conquérir, les forcer.
- le modèle de la supériorité masculine : dieu et la biologie ont déclaré que les hommes étaient supérieurs.
Les femmes sont exploitées par le viol, la violence conjugale, l'exploitation économique, l'exploitation reproductive. Elles forment une classe subordonnée aux hommes, colonisée sexuellement; privée de droits, traitées comme une possession.
La pornographie et la prostitution condensent toutes ces exploitations. Il y a antiféminisme lorsqu'on propose de sacrifier une partie de la population féminine pour épargner les autres.
Pour les femmes de droite, le mariage est censé les protéger du viol.
En étant entretenu au foyer, elles sont censées être protégées de l'exploitation économique.
La reproduction leur accorde un peu de respect et de valeur.
Un mariage religieux les garantit contre la violence conjugale.
Bien sûr elles se trompent. Elles risquent davantage d'être violée par leur mari que par un inconnu, sans argent elles sont sous la dépendance économique de leur mari. Le foyer reste le lieu le plus dangereux pour une femme.
La postface de Frederick Gagnon parler de l'Amérique post 2008 pour voir si les choses ont changé.
85%des victimes de violence conjugale sont des femmes.
20%des femmes ont déjà subi un viol.
Le salaire hebdomadaire d'une femme est de 669 dollars contre 824 pour un homme.
Pendant les élections de 2008, il y a eu énormément de misogynie envers Clinton et Palin. L'une était bête, l'autre trop émotive. Clinton a tenté de contrer ces attaques en se comportant comme un homme. Palin a adopté l'attitude de la femme parfaite en misant sur son look, elle a été qualifiée de babe et de MILF quand Clinton était qualifiée de bitch et de cunt.
Le nombre de femmes de droite n'a pas diminué ; Palin se revendique féministe, ne veut pas voir les femmes comme des victimes mais comme des femmes capables de tout y compris de mener à terme une grossesse non désirée. Elle se définit comme la "mama grizzly", pro-carrière, pro-famille, pro-maternité et pro-vie. Elles reproduisent ce que Dworkin avait dénoncé.
L'antiféminisme est toujours très populaire aux Etats-Unis et les combats contre l'IVG, la contraception le viol sont persistants.
The post Résumé de : Les femmes de droite d’Andrea Dworkin appeared first on Crêpe Georgette.
Je vais vous résumer le livre d'Ann Laura Stoler La chair de l'empire Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial.
L'étude de Stoler porte essentiellement sur les Indes néerlandaises entre la fin du 19eme siècle et le début du 20ème siècle, comme la colonie de Deli à Sumatra.
Etudier l'intimité permet d'identifier les enjeux politiques dans la définition du privé et du public.
L'autorité coloniale repose sur deux prémisses fausses :
- les européens constituent une entité biologique et sociale identifiable
- les frontières entre colonisateurs et colonisés sont faciles à identifier
Elle articule dans ce livre les relations entre genre, race et pouvoir.
Le racisme ne sert pas uniquement à justifier la prolongation du colonialisme et de la suprématie blanche mais sert également une logique de classe.
Ainsi l'on dissimulait les blancs pauvres, indigents, fous, malades ou âgés afin qu'ils n'entament pas le prestige racial blanc. Les administrateurs sont mis à la retraite dés 55 ans afin que les colonisés ne les voient pas vieillir et déchoir.
On évitait de trop faire venir des pauvres et si des colons s'appauvrissent on les renvoie chez eux. Un blanc pauvre pourrait en effet être amené à fréquenter des colonisés et, par sa pauvreté ou sa faiblesse physique, être moins respecté d'eux et ainsi nuire à la réputation de l'empire. On ne souhaite pas non plus que les blancs pauvres aient des relations avec les femmes colonisées ce qui engendrerait des enfants à coup sûr délinquants ; la délinquance étant calculée au pourcentage de sang indigène du coupable.
On leur interdit de se marier et de faire venir des femmes blanches car l'état ne veut pas voir des familles blanches pauvres qui nuiraient au prestige de la race. On suppose que les femmes coûtent cher, qu'elles vont demander à retourner au pays et que les enfants vont tomber malades.
Le concubinage est donc complètement toléré et admis."On préférait la sexualité interraciale à la déchéance européenne". La femme colonisée est préférée car elle revient moins cher et son entretien est aux seuls frais de son concubin et pas de l'état néerlandais. L'homme, parce qu'il a une concubine sur place, sera plus tenté de rester. Ainsi, avec le concubinage l'empire voit la population augmenter à moindre frais sans faire venir des femmes blanches. Les femmes colonisées n'ont en plus aucun droit sur les enfants qui peuvent être considérés comme enfants de l'empire à part entière si on le désire. de plus laisser les colons avec des femmes colonisées et pauvres évitent d'augmenter les salaires, chose qu'on serait obligé de faire si des femmes blanches venaient puisqu'on ne voudrait pas voir des femmes blanches, pauvres.
A partir de 1920, l'interdiction de mariage est levée et les femmes blanches commencent à arriver.
Leur arrivée sert les intérêts de l'empire et on compte sur leur présence pour renforcer la séparation entre asiatiques et blancs. Elle sont là pour sécuriser l'empire et pallier sa vulnérabilité.
Les femmes blanches sont à la fois des agents de l'empire à part entière mais également des subordonnées dans la hiérarchie coloniale du fait qu'elles sont femmes. Stoler questionne à quel point les inégalités de genre sont essentielles au racisme colonial et de l’autorité de l'empire.
L'arrivée des femmes blanches fait qu'apparait une nouvelle notion de l'intimité. On pense que les femmes ont besoin de plus d'espace, d'espaces davantage clos et de plus de confort. Ces idées reçues servent à accentuer la ségrégation avec les domestiques colonisés. Stoler récuse l'idée que les femmes blanches sont les seules responsables du racisme colonial. Elles sont des agents de ce racisme tout en étant victime de pratiques sexistes et patriarcales.
Dans les romans, les hommes blancs sont montrés comme désirant des femmes "indigènes" et pas les blanches et les femmes blanches sont imaginées comme désirées par les hommes "indigènes". On appelle ceci le "black peril" dans l'Empire britannique c'est à dire la peur du viol de femmes blanches par des hommes indigènes (ou esclaves puisque cette peur existait dans l'Amérique esclavagiste). Cette peur voit l'apparition de clubs de tir pour femmes et l'apparition de milices.
Ce péril ne correspond à rien de concret puisqu'il n'y a pas particulièrement de viols de femmes blanches commis par des hommes colonisés. Dans tous les cas, les viols commis par les hommes blancs et le viol des femmes colonisées ne sont pas poursuivis.
Le péril noir symbolise avant tout un danger d'insurrection par les colonisés et recouvre une variété de comportements nombreux ; se promener devant la maison de blancs, entrer par erreur dans une chambre peuvent être considérés comme des tentatives de viol.
Les hommes colonisés sont vus comme sexuellement agressifs.
En général, la chasse aux colonisés vus comme des criminels sexuels suit des mouvements sociaux de blancs pauvres. Ainsi, entre 1890 et 1914 en Afrique du sud il y eut de nombreuses grèves de mineurs noirs et blancs. Des accusations de viol de femmes blanches par des hommes noirs servirent à ré-unir les blancs autour d'une cause commune.
Les femmes blanches sont quant à elles vues comme responsables de leur viol potentiel. Elles ne sauraient pas parler aux domestiques, seraient trop familières. L'empire empêche donc les femmes de rester seules ou de diriger une plantation. On limite l'arrivée de femmes modestes de crainte qu'elles ne se prostituent.
L'arrivée des femmes coïncide avec un discours autour de la dégénérescence qui menace la virilité, la maternité et la moralité.
L'image du colon évolue. On le voit désormais comme un type social dégénéré, corrompu par le climat.
La médecine invente une maladie spécifique du colon ; la neurasthénie. Les stations climatiques où l'on soigne les colons malades prolifèrent.
Le concubinage et le métissage sont vus désormais comme des menaces et sont accusés de saper ce qu'ils consolidaient un siècle plus tôt.
Dans ce contexte les femmes occidentales sont censés protéger la morale et isoler les hommes de la contagion culturelle et sexuelle.
Si la femme blanche s'occupe bien du foyer, le mari ne tombera pas malade et n'ira pas voir une femme colonisée ; l'empire sera protégé.
La fécondité devient un devoir national et les équipements médicaux, les maternités sont améliorés dans les colonies.
On enquête sur les femmes blanches vivant aux colonies car l'on est persuadé qu'elle souffre de dégénérescence et ne pourra plus se reproduire. On suppose également que les enfants blancs vont mourir.
On demande aux femmes blanches d'élever elles mêmes leurs enfants et de conserver des distances raisonnables avec les domestiques colonisés. Les enfants blancs ne doivent pas jouer avec les enfants "indigènes" et les nourrices ne doivent pas les tenir trop près d'elles de peur qu'ils s'imprègnent de leur sueur. On craint que les enfants blancs nés aux colonies soient malades et n'aient pas de repère culturel. On fait attention à la langue parlée devant eux. On développe les écoles maternelles où l'on tente de pallier les manques des parents.
Le sort des enfants métis suscite beaucoup d'interrogations. Menacent-ils la nation ? Si l'état ne les aide pas, ne risque-t-on de voir beaucoup de métisses pauvres contribuant au déclin de la nation ?
Les autorités tiennent à empêcher les blancs d'abandonner leurs enfants métisses qui seraient alors sous l'influence délétère des mères colonisées. On crée donc des institutions d'état pour héberger ces enfants et on juge durement les mères qui refusent de les y laisser.
Une jeune femme métisse est vue positivement à plus d'un titre ; mariée avec un colonisé, elle lui enseignera la culture occidentale. Mariée à un blanc elle n'hésitera pas à rester sur place voire à aller dans une région reculée.
L'état se demande donc s'il doit faire des métis une catégorie à part ou les associer aux citoyens pour atténuer la menace qu'ils représentent.
Les enfants métis sont vus comme la conséquence des excès de l'empire. Ils sont perçus comme menaçant l'autorité paternelle puisqu'ils vivent dans un monde colonial inversé où les femmes assument les charges masculines. On décidera finalement de ne pas leur accorder une existence juridique car ils pourraient devenir des éléments séditieux.
Pour Stoler, les métis et les blancs pauvres constituent pour l'empire, de éléments potentiellement subversifs, des renégats racialisés et des "ennemis de l'intérieur", plus que leur couleur de peau c'est la question de leur désirs et de leurs appartenances qui jouent.
Elle rejette dans ce livre la fixité des catégories raciales.
L'état colonial a donc policé l'intimité, les relations sexuelles, les sentiments afin de se consolider. Cela rejoint l'idée féministe que le privé est politique.
Stoler montre que les pratiques coloniales n'ont pas été monolithiques et ont beaucoup évolué et se sont transformés. Elle montre que les colons et les colonisés ne sont pas des catégories homogènes.
Tweet
The post Résumé de La chair de l’empire Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial appeared first on Crêpe Georgette.
J'emploierai au cours de ce texte deux mots différents.
J'appellerai réactionnaires celles et ceux qui revendiquent une volonté politique et/ou idéologique (les deux ne vont pas forcément voire rarement de pair) à conserver les choses en état voire le retour à une situation antérieure, souvent fantasmée. Ainsi nombre d'europhobes du Front National fantasment la situation de la France avant son entrée dans l'Europe.
Je parlerai d'extrêmes-droites lorsqu'il s'agira de qualifier des groupes politiques identifiés et reconnus comme tels. Je sais que le mot ne recouvre plus rien de précis ; d'aucuns, avec raison, y placeront des politiques et des journalistes qui ne font pas pour autant partie de groupes politiques identifiés comme d'extrêmes droites.
Dés lés début des années 2000, les groupes d'extrême-droite ont très bien compris les avantages d'Internet :
- se regrouper entre soi pour discuter et se renforcer dans un anonymat relatif.
- la possibilité d'approcher des gens qui auraient rejeté en bloc toute tentative dans "la vraie vie".
- la possibilité d'appréhender au mieux les angoisses des français. Internet a permis aux gens de se regrouper selon des communautés d'intérêts venant d'horizons très divers. Ainsi se créaient des communautés virtuelles de juifs qui avaient peur de l'antisémitisme en France, des communautés de musulmans qui avaient peur de l'islamophobie et du racisme, des communautés de femmes, du viol, des communautés de citoyens qui avaient peur "des racailles".
Je prendrai le dernier exemple comme exemple de parfaite stratégie d'entrisme de groupes d'extrême-droite. En 2000 un jeune homme crée le site "anti racailles" où il témoigne de son ras le bol d'être agressé par ce qu'il appelle des racailles. Aucun discours racialiste n'est (encore) posé et il n'envisage pas de voter FN. Pour autant il voudrait rentrer chez lui sans être agressé. Le site a un succès énorme et les témoignages affluent. Face à cela, le discours des progressistes n'a pas su se construire (et je ne sais toujours pas 14ans après ce qu'il y avait ou non à dire) ; toujours est il que des forces d'extrême-droite sont, elles, arrivées rapidement et ont su rassurer les personnes, occuper le terrain et les convainque qu'eux allaient faire quelque chose. Le site sos-racaille se monta en 2001 ; lui était de toutes évidences issu des droites extrêmes mais avec la présence de ceux qu'on appellera les "hésitants". Si le site a rapidement fermé ; il constitue - et c'est pour cela que j'en parle - un des premiers cas des stratégies des extrêmes-droites sur le net.
Je prétends qu'il y a un lien direct entre la théorisation du mot "racaille" dés le début des années 2000 sur le net et la présence aujourd'hui en 2014 de milices nationalistes dans les métros français pour soit-disant sécuriser les lignes. Il aura fallu 14 ans pour donner une consistance au mot racaille, qui ne veut strictement rien dire dans les faits ; on n'est pas une "racaille", on est un délinquant coupable de tel ou tel acte à un moment X mais racaille ne définit aucune identité précise, n'a aucune réalité tangible. Il aura donc fallu plus d'une dizaine d'années pour que ce mot soit quasi un classique de la langue française, pour désigner à peu près tout et n'importe qui (enfin surtout les gamins d'origine maghrébine et africaine).ce mot, on y reviendra, témoigne de l'éclatante lepenisation des esprits puisqu'il ne signifie rien d'autre que "encore un arabe/noir délinquant mais dans un terme apparemment neutre.
- la possibilité donc de fédérer. J'ai encore entendu une représentante du Front de gauche déclarer en 2014 au vice-président du FN "ah on ne vous voyait jamais dans telle ville, on ne vous a jamais vus sur les marchés". Si la gauche en est encore à croire qu'on conquiert un nombre de voix intéressants en tendant des tracts en sortie de marché, je crois qu'on comprend mieux leurs scores.
J'ai pu, puisque je gère des communautés de journaux en ligne depuis le début des années 2000, appréhender les différentes stratégies de conquête des extrêmes-droites.
- la création de sites dédiés aux faits-divers. Nous sommes noyés sous les faits-divers dans la presse en ligne mais je prétends que les sites d'extrêmes-droites et en particulier fdesouche a initié le mouvement. On se souviendra de l'affaire Paul Voise en 2002 qui a été abondamment analysée et qui aurait pu, selon certains, faire basculer l'élection de 2002. Présenter des faits-divers sordides, en boucle, en les choisissant soigneusement (ne sont ainsi sélectionnés que ceux où le coupable présumé a un nom d'origine étrangère ou ceux où le coupable n'est pas nommé ce qui permet d'alimenter les théories du complot "on sait bien que le coupable est un arabe maison ne nous le dit pas car la presse est aux ordres) permet de plonger ceux qui les lisent dans une atmosphère de panique et d'accentuer ce qu'on a appelé le "sentiment d'insécurité".
- la création d'agences de press dédiée de type novopress.
- l'entrisme sur toutes les communautés en ligne selon des stratégies soigneusement établies. Les extrêmes-droite ont toujours su s'organiser de manière efficace et cela a été particulièrement frappant sur les journaux en ligne. Au moindre fait-divers où est impliqué quelqu'un au nom à consonance étrangère vous voyez débarquer une première salve qui postait à peu près toujours le même message de type "encore un bougnoule". Cette stratégie là ne sert pas spécialement à convaincre, elle cherche avant tout à attendrit la viande pour la deuxième salve, bien décrite par cet ancien militant. La deuxième salve consiste à dire la même chose mais dans des termes choisis et très entendables "quand même on peut se demander si cette immigration massive n'a pas quelque rapport avec l'augmentation de la délinquance et des crimes".
Ce travail de fond a ensuite été considérablement facilité par les différents journaux en ligne qui ont fait du fait-divers leur fond de commerce.
Certains utilisaient aussi d'une stratégie simple, prendre un pseudo à consonance arabe ou africaine qui arrivait tout d'un coup sur une communauté en disant "et bien moi Mamadou je m'en vais égorger vos enfants et violer vos femmes ! Allah Akbhar". Parfois ces gens ne pensent pas à changer leur email et vous constatez que le dit Mamadou a comme email jeanpaulperuchon@machin.fr.
Les réactionnaires ont un certain nombre de forces qui expliquent également leur succès :
- il est infiniment plus facile de militer pour que les choses demeurent en l'état (au moins on sait ce qui nous attend) que pour un changement de fond. C'est par exemple toute la stratégie des réactionnaires militant contre le mariage homosexuel, souligner qu'on est très bien ainsi et qu'on ne sait pas ce qui se passerait s'il y avait un changement. Peu importe que cela soit complètement irrationnel, il suffit d'insuffler un "et si" pour que cela fonctionne. A l'inverse, les progressistes ont à promettre, chose qu'il n'est pas possible de faire, que tout se passera bien après le changement souhaité.
- un discours populiste : dire "les arabes nous piquent notre pain" est un discours qui fonctionne relativement bien. Si vous vous attelez à déconstruire cette simple phrase, vous en aurez pour quelques heures avec la certitude d'avoir endormi la moitié de votre auditoire à la fin.
- la moralisation du discours. face à cette difficulté à combattre certains discours, certains ont pensé que la moralisation du discours suffirait (et ont aussi cru que s'emparer des discours progressistes leur permettraient de gagner des voix ce qui n'a pas mal marché du moins entre 81 et 95). Au début des années 80, lorsque se créent de mouvements antiracistes, le PS ne tarde pas à créer ses propres groupes et à imposer une nouvelle ligne de conduite face aux discours racistes le très construit "c'est mal". Cette tactique continuera au cours des années avec entre autres la loi Gayssot "c'est mal de tenir des discours négationnistes sur la shoah alors on va les interdire" et le toute récente volonté de supprimer le mot "race" de la constitution "c'est mal d'employer ce mot alors que cela n'existe pas".
Cette stratégie, d'une rare bêtise a permis aux réactionnaires de se poser en martyr, d'instaurer une théorie du complot, d'inventer un nouveau langage qu'ils ont considérablement policé. Et cela a surtout empêché les progressistes de combattre leurs discours.
- une complète méconnaissances des codes des extrêmes-droites. J'avais ici, sur un ton humoristique, décrypté quelques uns des éléments de langage des extrêmes-droites. La plupart utilise des références, des images (je me souviens encore de cet internaute qui avait pris comme avatar une photo de Goebbels enfant, nous nous étions fait avoir),des sources littéraires qui sont maintenant moins connues qu'il y a 30 ans. Les réactionnaires les emploient régulièrement ce qui permet de les diffuser de manière plus ou moins insidieuse.
- la capacité à s'allier et c'est d'ailleurs qu'on constate à quel point ce sont davantage des politiques que des idéologues. Si vous observez les compositions de manifs lors de Jour de colère ou de MPT, vous constatez la présence voisine de groupes qui, en temps normal, se lyncherait.
le Fn est assuré d'une chose ; la fidélité de son électorat. Untel peut bien avoir des désaccords profonds avec Marine Le Pen qui est détestée par bon nombre d'hommes de la branche dure des extrêmes-droites, elle aura toujours leur voix parce qu'il n'ont de toutes façons personne d'autre pour qui voter(on se souvient du grand succès du MNR).
- la possibilité de jouer sur les peurs des français.
- la dédiabolisation diabolisée des discours réactionnaires.
Les journaux en ligne ont bien compris une chose ; l'importance du buzz qui attire des lecteurs et chaque article sur les réactionnaires leur permet, non pas de rouler pour l'extrême-droite (on se tromperait à voir une quelconque idéologie là dedans) mais d'accumuler des revenus publicitaires et de faire parler d'eux. On s'indigne à raison, des sondages de type "êtes vous pour ou contre l'IVG" mais ils sont surtout là pour qu'on s'en indigne et qu'on en parle.
On assiste chez certains politiques et journalistes à des exercices d'équilibriste relevant de la haute volée ; condamner le front National tout en tenant les mêmes discours que lui ; manque de pot le FN l'a parfaitement remarqué et ne se prive pas de le faire savoir.
- le fait pour certains d'entre eux et en particulier le FN de n'avoir jamais été au pouvoir. Vous aurez beau faire ; ni UMP ni PS ne peuvent dire qu'ils n'avaient pas les moyens de faire ce qu'ils disent alors que le FN peut jouer sur la corde sensible du "laissez nous notre chance".
- les théories complotistes ; prouver qu'on ne va pas masturber des enfants de 3 ans en maternelle est aussi impossible que de prouver que les licornes n'existent pas. En jouant sur des choses irrationnelles, mais qu'on ne peut pas démonter, du moins pas comme cela et pas en 3 minutes, les réactionnaires s'assurent sinon la voix du moins l'attention de certains.
- la bêtise récurrente à droite comme à gauche qui pense qu'en faisant comme les réactionnaires, on obtient leurs votes. On a eu le populisme de Mélenchon dans certains discours publics qui, à mon sens, l'a perdu en partie. On a eu la gauche qui s'est plié devant les demandes réacs sur les ABCD de l'égalité et la PMA (en espérant quoi ? que d'un coup des gens qui traditionnellement votent UMP ou FN vont voter PS ?), on a les petites phrases des portes-flingues de l'UMP (Mariani ou Ciotti par exemple) qui espèrent conquérir des voix frontistes.
- la permanente adaptation du discours réactionnaire ; le FN est à ce titre exemplaire. Voir en 15 ans par exemple l'évolution du discours officiel du FN sur les juifs est quelque chose de tout à fait étonnant.
- la dépolitisation de notre société avec la mise en place de discours indigents qui vaudraient que tout se vaut et que toute opinion est licite. On voit ainsi de plus en plus souvent dans les media des personnes dont l'opinion semble valoir quelque chose. Inviter quelqu'un qui est contre l'IVG en France semble maintenant présenter un intérêt parce que les media cherchent avant tout à capter notre attention, sinon notre intérêt et la présence de ce que l'on nomme de manière dépolitisée un "provocateur" permet de le faire.
L'hypothèse d'un FN au second tour en 2017 est maintenant probable et si sa victoire n'est pas assurée (et à mon avis elle ne le sera pas), cela importe au final peu ; la contagion réactionnaire s'est bel et bien effectuée.
TweetThe post D’Internet aux urnes ; la victoire annoncée des réactionnaires appeared first on Crêpe Georgette.
Vous allez retrouver, ces prochaines semaines, d'anciens articles que je ré-écris, n'en soyez donc pas étonné-e-s.
Vous vous demandez sans doute souvent pourquoi les féministes préfèrent se qualifier comme telles plutôt que d'humanistes comme si nous choisissions de privilégier les femmes aux hommes.
Le féminisme est né parce que les femmes avaient à l'époque besoin de faire reconnaître qu'elles souffraient de discriminations légales. Par exemple, elles ne pouvaient pas voter, pas disposer de leur propre argent, pas travailler sans l'autorisation d'un homme et n'avaient pas l'autorité parentale sur leurs enfants. Il était important de pointer qu'elles souffraient de ces discriminations parce qu'elles étaient des femmes et que c'était ce point là et lui seul qui causait les discriminations.
Et ainsi aujourd'hui on continue de prendre cet angle là lorsqu'on réfléchit sous un axe féministe. Evidemment il n'est pas toujours suffisant et l'on en ajoute d'autres ; la classe sociale par exemple. Ainsi par exemple pour étudier les insultes faites à Taubira, il était important de prendre en considération plusieurs axes de discriminations. On n'aurait pu étudier ce qu'elle subit en se contentant de l'étudier sous l'angle féministe par exemple.
Il ne s'agit évidemment pas de dire que ce que les femmes vivent est pire ou plus grave que ceux que vivent les hommes mais de comprendre au mieux comment fonctionne une discrimination.
Si je dis que Ségolène Royal est une mauvaise ministre j'énonce une opinion. Si je dis qu'elle ferait mieux de retourner à ses casseroles, je la ramène à sa condition de femme et je tiens un discours sexiste.
Si vous êtes frappé dans la rue, que vous soyez un homme ou une femme parce que, par exemple, vous avez refusé de donner une cigarette c'est aussi grave qu'une femme qui serait frappée par son mari car elle a souri au voisin mais les causes ne sont pas les mêmes. Dans le cas de la violence conjugale citée, il y a une idée sexiste qui pré-existe et qui dit qu'une femme n'a pas à sourire à quelqu'un d'autre que son mari. Ainsi si vous luttez contre toute forme de violence en général, vous serez humaniste et si vous luttez contre les violences spécifiquement sexistes, vous serez féministe.
Afin de lutter au mieux contre les préjugés, les idées reçues il convient de comprendre d'où ils viennent.
Afin de combattre ce dont sont victimes les femmes, nous devons comprendre les discriminations sexistes en ce qu'elles ont de spécifique.
Si nous tenons à faire reculer le sexisme, il faut comprendre ce que ces discriminations ont de spécifique.
Si vous vous dites humaniste, c'est à dire que vous luttez pour tous les humains sans distinction c'est une très belle idée mais vous ne pointez plus les discriminations spécifiques dont on peut être victime.
Lorsque des homosexuels sont insultés en termes homophobes ou qu'une ministre noire est traitée en des termes sexistes et racistes, il est nécessaire, justement pour lutter contre, de montrer que ce dont ils ont été victimes n'est pas de la même nature. Cela ne signifie pas que l'un est plus grave que l'autre bien évidemment.
Nous sommes tous et tous faits de plusieurs identités. Toutes ces identités ne sont pas identiques ; être noir en France n'est pas comme être blanc. Etre femme n'est pas comme être homme. Etre une femme noire n'est pas comme être un homme noir, mais pas non plus comme être une femme blanche. Etre une femme pauvre n'est pas pareil qu'être une femme riche. Dans l'idéal, nous sommes égaux mais on sait bien que cela n'est pas vrai à l'heure actuelle ; parce que certains souffrent de discriminations dont ne souffriront pas d'autres.
Se dire humaniste est une très belle idée mais vous risquez d'oublier beaucoup de discriminations au passage. Ainsi le féminisme est né parce que les femmes avaient le sentiment justifié que ceux qui menaient des combats contre des injustices sociales ne se préoccupaient pas de celles les concernant.
Beaucoup de militants de gauche nous renvoient sans cesse au contexte économique en nous expliquant doctement que les autres inégalités disparaîtront lorsqu'il n'y aura plus d'inégalités économiques. C'est faire un sacré pari... et faire fi de l'histoire qui montre que sexisme et racisme, par exemple, n'ont pas attendu l'avènement du capitalisme pour exister.
L'humanisme serait une lutte contre toutes les discriminations. mais comment voulez vous lutter contre ces discriminations si vous ne les nommez pas ?
On tend ces dernières années à morceler de plus en plus les combats contre les discriminations; c'est indispensable dans la mesure où force est de constater que si l'on ne nomme pas un combat, on l'oublie.
Reprenons notre terme "humanisme". Comptez-vous englober là dedans les luttes contre le sexisme, l'islamophobie, la négrophobie, la transphobie, le racisme antijuifs, l'homophobie et j'en oublie des dizaines ? Comment voulez-vous lutter contre ces discriminations si l'on ne les étudie pas attentivement en les nommant et en les étudiant ?
Prenons deux exemples ; l'embauche d'une femme blanche et l'embauche d'un homme noir.
La femme blanche risque d'être discriminée à l'embauche par rapport à un homme blanc car beaucoup considèrent qu'une femme est moins efficace qu'un homme, peut tomber enceinte ou peut s'absenter pour cause d'enfants malades.
L'homme noir risque d'être discriminé à l'embauche par rapport à un homme blanc parce qu'il sera jugé plus paresseux, moins intelligent.
Dans les deux cas, vous avez des exemples flagrants de discriminations ; pour autant vous constatez bien que l'on ne discrimine pas sur les mêmes choses ; il importe donc d'étudier chaque type de discrimination de manière claire (tout en les liant aux autres si besoin bien évidemment).
Enfin l'humanisme tend à oublier que le sexisme est structurel c'est à dire que si on compare notre société à une maison, le sexisme fait partie des fondations de cette maison ; on pourra bien la parer de toutes les jolies choses qu'on veut, les fondations seront, elles, toujours les mêmes. Il tend à tout mettre sur le même plan et à considérer par exemple que les blancs souffrent autant de discriminations que les noirs, que les hétérosexuels seraient discriminés comme les homosexuels. Il nous dit que tout se vaut et que ne pas être augmenté parce que le patron ne nous a pas à la bonne revient au même que de ne pas l'être parce qu'on est une femme. Dans les deux cas c'est aussi injuste bien sûr, mais dans un cas on parlera de sexisme structurel alors que dans l'autre on a une inimitié entre un patron et son salarié (encore une fois complètement injuste).
Voilà pourquoi le féminisme ne peut être nommé humanisme parce qu'on a toujours constaté que, lorsqu'on englobe des luttes spécifiques dans un discours plus large, on tend à les oublier.
TweetThe post Pourquoi le mot humanisme ne peut remplacer le mot féminisme appeared first on Crêpe Georgette.
J'inaugure ici une nouvelle rubrique. Nous discutions la dernière fois avec une amie belge qui se reconnaîtra , qui me disait que les français avaient l'art de discuter mais étaient un peu moins au point en matière de solutions pragmatiques.
Je constate en effet que beaucoup semblent en demande de solutions clés en main ou de conseils face à des problèmes quotidiens.
J'ai donc relevé dans les commentaires du billet précédent un commentaire parlant d'une situation que je trouve relativement courante et je vous propose de chercher ensemble des solutions réalistes face à cette situation là.
Voici le commentaire : "Nous avions l’autre jour une discussion entre collègues sur les dilemmes qu’on nous soumet parfois en cours d’éthique pendant nos études, et cela a dérivé sur le problème de responsabilisation des victimes, puis du harcèlement de rue. J’ai essayé de parler du sexisme ordinaire et du fait que, non, une remarque dans la rue ce n’est pas un compliment et ça ne fait pas plaisir. Sur ce, les autres ont donc pris à partie la seule femme présente… qui a répondu que cela ne la gênait pas plus que cela et que ça peut partir d’une bonne intention, ce n’est pas bien grave. Spontanément, j’ai eu envie de lui dire que si, ça pouvait être grave, et de lui promettre de lui envoyer plein de liens vers des analyses et des témoignages (elle n’est pas du tout adepte d’internet) ; mais je n’ai rien dit, ça m’aurait gêné de lui expliquer pourquoi elle avait besoin du féminisme. Est-ce que ça aurait été autant du mansplaining que dans le cas où un homme explique à une personne féministe pourquoi elle milite mal ou pourquoi elle se trompe de combat ? Y a-t-il une bonne façon de réagir dans ces cas-là ?"
Expliquons déjà ce qu'est le mansplaining qui est le fait pour un homme de devenir expliquer à une femme comment elle devrait vivre telle situation qu'elle a jugée sexiste. Une femme est agressée dans le métro (main aux fesses) ; elle en parle à un ami qui lui explique qu'elle ne devrait pas en faire un tel drame et que c'est un hommage. Le mansplaining commence parce que l'homme réagit face à une situation qu'il a peu de risques de connaître, avec une construction sociale masculine face à un problème sexo-spécifique. Parler de féminisme quand on est un homme n'est évidemment pas du mansplaining ; expliquer aux femmes que le féminisme est dépassé et qu'elle feraient mieux de faire autre chose en est. (je vous rappelle par ailleurs que cela n'est pas le sujet ici je peux faire un billet si besoin mais concentrons nous sur le cas présent).
Essayons déjà de borner la situation.
- Nous sommes dans un contexte de travail ; on ne peut donc pas tout dire puisque cela pourrait se retourner contre nous. On passe un grand nombre d'heures avec ses collègues, on ne peut se les mettre à dos, la situation deviendrait invivable.
- On est dans le cas-type et courant où une femme vient justifier le sexisme et surtout ne le voit pas.
- On est dans une discussion informelle entre collègues où l'on parle de tout et rien, sans vraiment réfléchir ; on n'est pas en colloque universitaire.
- Le fait sexiste dont ils discutent n'est pas le plus simple à décoder. S'il s'agissait de quelque chose de basique ("je considère que les hommes ne doivent pas s'occuper des enfants cela n'est pas leur rôle"), les choses seraient plus faciles. Ici il s'agit encore d'une situation relativement acceptée par beaucoup de femmes (les hommes n'en parlons pas) et qui est un sujet féministe encore peu admis par la plupart. La plupart des billets que j'ai faits sur ce sujet ont été très mal pris et les insultes nombreuses; remettre en cause ce qu'on appelle "la drague" est encore difficile.
- Si une femme vit une situation sexiste comme normale, il n'est pas simple de lui dire que cela ne l'est pas. Il peut être considéré comme violent de vouloir à tout prix qu'elle voit la violence de cette situation.
Je pense qu'il convient avant tout de jauger
- du temps qu'on a pour exposer les choses : par exemple devant la machine à café alors que chacun est pressé peut s'avérer inutile et contreproductif
- de la façon dont les gens expriment le sexisme : si vous constatez que ces gens n'ont jamais réfléchi à aucun sujet féministe, allez vous arriver à leur faire comprendre le point que vous voulez défendre ?
- votre capacité à argumenter : le sujet dont il est question ici n'est pas facile à décortiquer ; c'est un sujet que je considère bien maîtriser et je me suis heurtée à des murs d'incompréhension..sans doute aussi parce que je n'avais pas trouvé la bonne clé.
- de la situation. Je citais une situation sexiste qui m'est arrivée hier. Un homme a sorti une ânerie sexiste, les 8 personnes dont 6 femmes ont rigolé, approuvé et enfoncé le clou. Nous étions en cours (je suis des cours d'anglais). J'ai estimé qu'il ne servait à rien que je réagisse car le contexte ne s'y prêtait pas (on est là pour apprendre l'anglais, la prof m'aurait sans doute dit de me taire), les gens étaient dans une ambiance kikoolol rigolarde qui est très peu propice à la discussion. Je précise une chose ; le contexte ne DOIT PAS justifier que vous vous taisiez systématiquement. J'en vois beaucoup trop se taire en invoquant le contexte. Se montrer ouvertement comme féministe ne sera jamais confortable ; n'ayez aucune illusion là dessus.
Ne cherchez pas à tout prix à convaincre dans la seconde. C'est le gros défaut que nous avons tous et toutes surtout sur Internet. On poste quelque chose, quelqu'un vient dire une ânerie et on finit dans une discussion à reloader frénétiquement la page et à répondre mal et trop vite car on veut à tout prix le convaincre (je plaide coupable et j'applique très peu ce conseil ! ) . Essayons le pragmatisme ; si on est face à un-e abruti-e qui poste/dit des âneries, il y a peu de chances qu'il/elle voit la lumière dans la seconde. Il faut donc avoir un discours argumenté et posé, tant pour celles et ceux qui lisent ou écoutent silencieusement. Une fois qu'on a dit ce qu'on avait à dire, on sort de la discussion. Aller plus loin va juste faire qu'on s'énerve et qu'on se décrédibilise.
Pour la situation évoquée suivante, voilà comment, à mon sens il faudrait procéder.
Sur le coup, je pense qu'il ne faut rien dire car le contexte ne s'y prête pas et qu'on n'a pas des heures devant soi.
Il faut ensuite ramener la discussion sur un terrain plus maîtrisé ; la conversation à deux par mail par exemple où on peut dire quelque chose comme "au fait tu te souviens de la discussion que nous avons eu la dernière fois ? J'ai lu ce texte (et on fournit un seul texte, pas cinquante et sans terme imbitable pour quelqu'un qui n'est pas féministe) ; je suis assez d'accord et toi ?" Et de là peut s'engager une discussion.
Je vous propose donc en commentaire d'exposer vos idées à ce sujet.
TweetThe post Comment réagir à des propos sexistes (billet participatif) appeared first on Crêpe Georgette.
L'Assemblée nationale et le Sénat viennent d'adopter définitivement la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Nos 60 associations se réjouissent du fait que la loi demande à l'Etat, dès son article 1er, de renforcer la lutte contre le système prostitutionnel pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes.
En plaçant la lutte contre le système prostitutionnel au coeur des priorités de l'Etat en matière d'égalité, le Parlement réaffirme que l'exploitation des plus vulnérables et la violence sexuelle extrême que constitue la prostitution sont incompatibles avec tout projet de société visant l'égalité réelle entre femmes et hommes. Le Gouvernement a encouragé cette dynamique en soutenant en séance, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle rédaction de l'article 1, telle que proposée par la députée Marie-George Buffet. Nous nous en félicitons !
Les deux assemblées s'inscrivent ici dans la continuité de l'ensemble des recommandations et résolutions adoptées ces dernières années en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et de promotion de l'égalité femmes-hommes :
Alors que des dizaines de milliers de personnes demeurent enfermées dans le système prostitutionnel, nos associations rappellent qu'il est urgent de faire adopter définitivement une loi globale et cohérente visant à faire reculer la prostitution tout en soutenant ses victimes. Dans ce contexte, elles appellent le Gouvernement à concrétiser enfin son engagement en inscrivant au plus vite la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel à l'ordre du jour des deux assemblées pour y être adoptée définitivement.
Le collectif Abolition2012 rassemble 60 associations de soutien aux personnes prostituées et de lutte contre toute forme de violence sexuelle ou sexiste.
Je voudrais donc ré-aborder ici la relation des hommes au féminisme et de ce qu'ils peuvent faire pour collaborer à l'avancée des droits. Le sexisme ne fonctionne pas de la même façon que les deux autres grands systèmes inégalitaires que sont le racisme et le capitalisme ; ces deux derniers fonctionnement sur la subordination des uns aux autres. Dans le racisme, le ou les groupes racialisés sont subordonnés au groupe qui racialise. Dans l'Amérique esclavagiste, les noirs sont subordonnés aux blancs face à qui ils ont des devoirs et des obligations. Dans le capitalisme, les prolétaires sont subordonnés à ceux détenant les moyens de production.
Dans le sexisme, les femmes sont subordonnées aux hommes mais se rajoute une donnée inédite ; la complémentarité. On part ainsi du principe qu'hommes et femmes sont complémentaires car intrinsèquement différents. Ainsi une femme a telle qualité et n'a pas l'homme et vice versa.
Dans ses premières phases, le féminisme a lutté contre des inégalités de faits légales comme le droit de vote par exemple pour ensuite s'intéresser aux rôles sociaux des uns et des autres.
Ainsi nous avons beaucoup œuvré à faire comprendre que les femmes n'avaient pas à être assignées à telle ou telle tâche et c'est maintenant un fait compris de la majorité. Ainsi la plupart des gens ont compris et intégré que, par exemple, une femme n'a pas à systématiquement s'occuper du ménage ou des soins aux enfants.
Mais nous avons très peu travaillé sur le rôle social des hommes, point pourtant indispensable pour mettre à mal le sexisme.
En suivant mon même exemple, si l'on n'arrive pas à faire comprendre qu'un homme doit s'occuper de ses enfants, alors par défaut la femme devra le faire, même si tout le monde admet que c'est injuste.
Les hommes qui sont féministes ou souhaiteraient s'y engager ont donc une tâche lourde ; décortiquer le genre masculin. Diffuser les informations autour des droits des femmes est évidemment très bien comme de relever le sexisme dont elles sont victimes mais l'urgence me parait être dans le fait de travailler sur leurs propres conditionnements. Sans ce travail là - que les femmes ne peuvent faire -les droits des femmes n'avanceront pas. Prenons un exemple type ; le cas de l'enfant malade que l'un ou l'autre doit garder. Chacun s'attend à ce que cela soit la femme (dans un couple hétérosexuel) qui le fasse ; non pas parce que c'est une femme - nous avons dépassé ce stade-là - mais parce que cela ne peut être un homme. Vous noterez d'ailleurs que dans beaucoup d'entreprises, on soulignera que si l'on avait embauché un homme cela n'arriverait pas ces absences "enfant malade" sans se rendre compte que, mécaniquement, les hommes ayant forcément à un moment ou à un autre un enfant malade, il faut bien que quelqu'un le garde.
Essayons donc d'aborder quelques points utiles :
- Prendre son congé paternité et s'en servir pour vraiment soulager la mère,si vous êtes dans un couple hétérosexuel. Ce congé est déjà beaucoup pris mais certains témoignent que cela n'a pas été évident de le faire, entre ronchonnements du patron et moqueries des collègues. Refuser les compliments comme "vous êtes tellement gentil de vous arrêter pour aider votre femme" comme si vous n'aviez pas les mêmes droits et devoirs qu'elle face à cet enfant.
- Lobbying pour augmenter la durée de ce congé : depuis 2002, je vois énormément de pères se plaindre de la durée de ce congé et je n'en ai pas vu faire du lobbying pour cela. Si vous êtes nombreux à vous plaindre, vous serez, sans aucun doute, écouté.
- Lobbying pour le développement de techniques contraceptives ; la pilule masculine, la vasectomie temporaire, la vasectomie pour ceux qui ne veulent pas ou plus d'enfant.
- Ne plus tolérer le sexisme autour de soi. Le sexisme banal, insidieux, fait énormément de mal comme Le fameux "ahlala ces bonnes femmes". Essayez de vous y opposer. Combattre ces petites phrases n'est pas chose aisée. Déjà on les dit souvent "comme cela" sans vraiment y penser. Lorsqu'un collègue fait une blague sexiste et que les autres rigolent, femmes comprises, il peut s'avérer contreproductif de le faire remarquer sur le coup ; à part passer pour un coincé qui ne comprend pas l'humour, vous risquez de n'arriver à rien. Il y a donc des cas où mieux vaut attendre un moment plus opportun ; mais dans la mesure du possible réagissez ; passer pour un coincé n'est pas agréable mais vivre le sexisme au quotidien l'est encore moins.
- Vous avez peut-être grandi dans une famille où votre mère faisait tout (ou votre mère et vos sœurs). cela ne vous avait jamais frappé jusqu'à présent. Essayez de remédier à cela, peu à peu en aidant. Là encore vous essuyez des refus, des moqueries ; il y a sans doute des moyens de les contourner en disant par exemple que vous ne voulez dépendre de personne pour faire une machine (ce qui me semble juste ; qui a envie de devoir demander à quelqu'un de laver ses affaires sales ?).
edit ; je précise que le mot "aider" est employé à dessein. Il est probable qu'un discours sur le partage des tâches face à vos parents, où les habitudes sont ancrées aura du mal à passer. Y aller par petites touches, en aidant justement, sera sans doute mieux pris et compris. Et un jour, vous pourrez vous permettre de dire que vous n'aidez pas justement, puisque le ménage n'est pas plus affaire de femme que d'homme mais que vous participez aux tâches.
- Abandonnez définitivement les "elle m'empêche de faire le ménage" et les "elle me dit qu'elle fait mieux que vous" qui vous arrangent bien. Si elle estime et vous rebat les oreilles avec son indéniable capacité à passer le balai, passez le quand même. Si cela ne lui va pas, elle le repassera.
- Les complicités masculines foireuses. Beaucoup de complicités masculines passent par l'objectisation des femmes, la moquerie d'hommes considérés comme moins virils (et donc par de l'homophobie). Je comprends très bien qu'on puisse mentir si l'on est vierge au milieu d'un groupe de potes parce qu'on n'a pas envie d'être moqué. Pour autant il n'est absolument pas nécessaire d’enchaîner les propos sexistes et homophobes pour montrer qu'on est un vrai mec.
- Ne jugez pas des loisirs de vos potes, cousins, neveux, enfants.Interdire à un gamin de jouer à la poupée s'il le souhaite est du sexisme. Moquer le copain qui passe ses soirées à regarder des séries romantiques, également.
- Interrogez-vous sur votre attitude face aux femmes en particulier en matière sexuelle. Personne ne vous demande de le faire publiquement. Avez-vous déjà couché avec une femme saoule au point de ne plus pouvoir consentir ? Avez-vous poussé et insisté pour obtenir des faveurs sexuelles ? Comment vous assurez-vous du consentement ?
Toute cette liste n'est évidemment pas exhaustive et je vous incite à partager vos expériences et vos idées dans les commentaires.
Tweet
The post Hommes et féminisme appeared first on Crêpe Georgette.
Le fait contre lequel il est le plus difficile de lutter est ce qu'on appelle le "bon sens", le bon gros bon sens qui tâche qui fait tant de dégât et qui a la force d'inertie d'un socialiste devant le MEDEF.
"Oui tu m'as montré statistiques à l'appui que la plupart des viols sont commis dans un appartement par un proche, mais tout de même ON SAIT BIEN que se promener en mini jupe tard le soir est imprudent".
On sait bien que.
Il y a des évidences, fausses, qui concourent au sexisme, à la culture du viol mais qu'il ne fait pas bon remettre en question sans doute parce qu'elles sont trop douloureuses, remettent en question un ordre établi où seules les vilaines filles court-vêtues qui sortent le soir risquent d'être violées et pas n'importe quelle femme, à n'importe quel moment.
C'est ainsi donc que 20 minutes nous sort un marronnier sur le viol.
Qui 20 minutes a t il trouvé pour parler du sujet ? Une association de lutte contre le viol ? Non un profiler médiatique qui s'était déjà commis dans des sujets de qualité et loin du racolage habituel tel que La carte des plus célèbres serial killers parisiens.
La thèse de 20 minutes est donc de nous dire
- qu'il y a davantage de viols en été
- que cette augmentation du nombre de viols est due aux tenues légères des victimes et à l'alcool qu'elles ont ingéré
Constatons déjà que les chiffres de 20 minutes(le fameux 2635 faits en juillet 2013) ne concernent pas les viols de manière générale mais les plaintes pour viol déposées par des personnes majeures. Ne sont pas prises en compte les plaintes déposées par des personnes mineures.
D'après différentes études, on sait qu'environ 10 % des victimes portent plaintes (âges et genre confondus) . Il est donc tout à fait faux de mélanger "plaintes pour viol" et "nombre de viols". Rappelons également que des hommes sont également violés chaque année ce que semble oublier 20 minutes ; mais on corrèle moins la tenue masculine et le viol ( on a plus tendance à culpabiliser les victimes masculines via d'autres critères que la tenue) ceci expliquant sans doute le silence de 20 minutes sur le sujet.
Corrigeons donc déjà l'hypothèse pour 20 minutes et partons sur la piste suivante : il y a davantage de plaintes pour viol en été ce qui pourrait nous laisser entendre qu'on viole davantage en été. Soulignons toutefois que cela n'est pas parce que le nombre de plaintes augmente que le nombre de viols a forcément augmenté ; si par exemple une campagne de lutte contre le viol a été efficace on peut voir le nombre de plaintes augmenter - parce que les victimes se sont senties davantage en confiance pour porter plainte par exemple - cela ne voudra absolument pas dire que le nombre de viols a augmenté.
Voici les chiffres que j'ai collectés sur cartocrime concernant les plaintes pour viol sur tout le territoire français déposées par des personnes majeures) :
- janvier 2013 : 2352
- février 2013 : 2291
- mars 2013 : 2419
- avril 2013 : 2404
- mai 2013 : 2391
- juin 2013 : 2552
- juillet 2013 : 2635
- août 2013 : 2215
- septembre 2013 : 2272
- octobre 2013 : 2643
- novembre 2013 : 2416
- décembre : 2417
J'ai également pris les chiffres pour le Var estimant que c'était une destination traditionnelle de vacances.
- janvier 2013 : 22
- février 2013 : 27
- mars 2013 : 32
- avril 2013 : 28
- mai 2013 : 19
- juin 2013 : 34
- juillet 2013 : 33
- août 2013 : 34
- septembre 2013 : 42
- octobre 2013 : 39
- novembre 2013 : 34
- décembre : 26
Au niveau national, constatons déjà que le mois où le plus de plaintes pour viol ont été déposées est le mois d'octobre 2013. Le mois d'août est le mois où le moins de plaintes ont été déposées. Avec ces deux chiffres on pourrait arriver à la thèse opposée à celle de 20 minutes et conclure un magnifique "les femmes ont l'habitude de porter davantage d'imperméables et des parapluies en octobre et cela explique sans doute qu'on viole beaucoup plus en octobre". Enfin on pourrait peut-être aussi arguer que c'est l'été indien et que la thèse de 20 minutes reste juste.
Au niveau départemental, en prenant le très touristique département du Var on constate une hausse en septembre et octobre mais absolument pas l'explosion du nombre de plaintes en juillet, août qu'on attendait.
Donc les chiffres de 20 minutes sont faux et il n'y absolument pas plus de plaintes pour viol en été.
Nous pouvons donc en conclure déjà que le journaliste de 20 minutes n'a pas pris la peine de vérifier les chiffres sur un an, pas plus que son rédacteur en chef et que ce papier - que je peinerais à appeler un article - est surtout là pour racoler et faire de la page vue à peu de frais.
Seconde hypothèse de 20 minutes ; on est davantage violée quand on est en tenue légère et/ou alcoolisée.
Nous sommes dans une société - cela n'est pas la seule - qui assimile le viol au fait de trouver une femme séduisante. Une femme en mini jupe est séduisante et sexy, elle plait aux hommes hétéros DONC il n'est pas anormal de penser que certains en viennent au viol.
Le viol est ainsi assimilé à un acte d'excitation sexuelle face à des jambes ou des seins.
Des études ont été faites aux Etats-Unis sur ce dont se souvenaient les violeurs de leur victime ; dans la majeure partie des cas, ils n'avaient aucun souvenir de ce qu'elle portait. Ils avaient une parfaite conscience de ce qu'ils avaient interprété comme quelque chose d'excitant ; en clair n'importe quel acte, attitude, geste, sourire, non sourire, pouvait être perçue comme excitante mais jamais la tenue de leur victime n'avait influencé leur acte.
Il est aisé de mélanger excitation sexuelle et viol parce qu'on parle d'un crime sexuel. Parler d'un crime qui passe par les organes génitaux permettait - peut-être è d'évacuer dans la tête du tout venant que l'excitation sexuelle a quelque chose à voir dans l'histoire.
Le viol ne provient pas d'une excitation sexuelle sauf à moins d'être excité par un corps amorphe, endormi, ivre mort, tétanisé, hurlant, tremblant ce qui existe évidemment mais ne constitue absolument pas l'immense majorité des violeurs qui ne sont pas des sadiques - au sens clinique du terme. Le viol est avant tout une prise de pouvoir sur quelqu'un. Si le viol avait quelque chose à voir avec une excitation physique devant une femme jugée sexy, alors il serait profondément pulsionnel (des hordes d'hommes sauteraient sans contrôle sur des femmes dans la rue), alors il aurait beaucoup lieu dans des lieux où les femmes sont souvent peu vêtues (ex la boite de nuit) et cela n'est pas le cas) et le violeur s'arrêterait immédiatement devant les réactions des victimes ; en général on est assez peu excité devant quelqu'un qui est terrorisé sauf si justement ce qu'on recherche est l'humiliation et la domination de la victime.
Il n'y a pas de corrélation entre le physique d'une victime et son viol ; on viole des gens qui sont loin des canons de beauté. On viole des gens âgés, des enfants, des bébés, des gens considérés comme laids dans nos sociétés, des femmes en jupe ou en jogging, en baskets ou en escarpin, des femmes en débardeur ou en burqa.
Rappelons également que le viol est davantage commis au domicile du violeur ou de la victime par une connaissance ; le viol d'Argelès auquel se réfère l'article de 20 minutes ou celui de Perpignan sont des viols rares, contrairement à ce qui nous est enseigné.
Donc le fait de sortir tard, comme le dit Bourgoin, n'a strictement rien à voir avec le fait de risquer d'être violée ou non par un inconnu dans la rue. Nous sommes nourris avec l'image du violeur armé d'un couteau qui sort d'une ruelle sombre qui est une image fausse et infondée.
j'en profite pour souligner cette interview de Bourgoin commise il y a un an.
Je cite " Nous savons tout de même que les crimes sexuels sont en augmentation durant l’été. Les causes sont connues. La chaleur accentue le désir. D’autant que les gens sont moins vêtus et surtout moins vigilants. Tout est accentué durant les vacances. On consomme plus d’alcool. On va plus en boîte de nuit. En somme: les conduites à risque sont multipliées. Et les prédateurs sont nombreux."
Nous savons déjà que les crimes sexuels ne sont pas en augmentation. On peut se demander par quel effet biologique la chaleur accentuerait le désir ; on est encore là dans une idée reçue de l'ordre du bon sens populaire mais fondée sur strictement rien de concret. Enfin nous apprenons que la boite de nuit est un lieu "à risque". Comme je l'ai déjà dit et répété ce sont les domiciles privés qui sont des lieux à risque.
Maintenant est-ce qu'on risque davantage si l'on a bu/consommé des drogues.
Aux Etats-Unis les statistiques montrent qu'en effet le risque augmente. Il n'est sans doute pas illogique de penser la même chose pour la France.
Il importe de prévenir TOUT LE MONDE que la prise d'alcool vous met en état de vulnérabilité (et pas seulement en ce qui concerne le viol souvenons nous des nombreux jeunes hommes morts noyés dans la Deule). C'est nécessaire de le dire en rajoutant toujours une chose ; quel que soit votre état d'ébriété, vous ne serez pas responsable si vous êtes violé-e/agressé-e. Vous n'aurez rien "cherché" du tout, vous ne serez responsable de rien. Il y a toujours un seul coupable dans un viol, et pas à 90%, 99% ou 99.9999% mais à 100% : le violeur.
Il ne me parait pas gênant de prévenir les gens de manière générale, que l'alcool accentue la vulnérabilité sauf que cela n'est évidemment pas ce qui nous est dit.
Si l'alcool augmente le risque d'être violé-e il augmente le risque de violer également.
Or si on ne cesse de répéter aux femmes qu'elles ne doivent pas boire car "'elles se mettent en danger", on n'entend que très peu le conseil inverse à savoir qu'un homme ivre peut devenir un violeur et qu'il conviendrait donc que les hommes ne boivent pas. Encore une fois le viol devient le seul crime où la responsabilité de la victime - homme comme femme d'ailleurs - est engagée et celle du coupable ne l'est que très rarement.
Cet article alimente la culture du viol à plusieurs titres :
- il fait mentir les chiffres pour assoir l'idée qu'on viole davantage des femmes légèrement vêtues
- il associe tenue et viol alors qu'il a été maintes et maintes fois prouvé que les deux faits ne sont pas liés
- il fait porter la responsabilité aux victimes. Il ne s'agit pas de ne rien dire aux femmes mais il s'agit de leur dire la vérité. Si l'on veut vraiment parler de viol, alors qu'il faudra leur dire que le risque vient plutôt des connaissances que de l'inconnu croisé dans la rue tard le soir. Si l'on veut parler de risques alors qu'on dise la même chose aux hommes ; qu'on leur apprenne qu'ils risquent aussi d'être blessés ou agressés sexuellement dans l'espace public.
A chaque crime où la victime est une femme (viol dans l'espace public ou meurtre de joggeuse), nous avons droit dans tous les journaux, nos cercles de connaissance, notre famille, à la litanie de conseils stériles, inefficaces, visant avant tout à restreindre notre liberté et pire on nous rappelle qu'il était tout de même bien imprudent de sortir dehors, d'aller en boite de nuit ou de courir. Il y a eu 4 ou 5 meurtres de femmes qui faisaient leur jogging sur les 3 dernières années ; je vous laisse comparer avec le meurtre de femmes par leur conjoint. Il y a beaucoup moins de viol dans l'espace public par un inconnu que par une connaissance ; pourtant l'on ne cessera de rappeler aux femmes le danger à sortir, à jogger. Nous attendons toujours - si l'on veut vraiment lutter contre le viol ou la violence conjugale - les faits et pas de vagues idées reçue infondées.
Ce genre d'article en plus d'être mensonger colporte des idées fausses autour du viol et, en cela, participe à la culture du viol.
The post Quand 20 Minutes se vautre dans la culture du viol appeared first on Crêpe Georgette.
Le fait contre lequel il est le plus difficile de lutter est ce qu'on appelle le "bon sens", le bon gros bon sens qui tâche qui fait tant de dégât et qui a la force d'inertie d'un socialiste devant le MEDEF.
"Oui tu m'as montré statistiques à l'appui que la plupart des viols sont commis dans un appartement par un proche, mais tout de même ON SAIT BIEN que se promener en mini jupe tard le soir est imprudent".
On sait bien que.
Il y a des évidences, fausses, qui concourent au sexisme, à la culture du viol mais qu'il ne fait pas bon remettre en question sans doute parce qu'elles sont trop douloureuses, remettent en question un ordre établi où seules les vilaines filles court-vêtues qui sortent le soir risquent d'être violées et pas n'importe quelle femme, à n'importe quel moment.
C'est ainsi donc que 20 minutes nous sort un marronnier sur le viol.
Qui 20 minutes a t il trouvé pour parler du sujet ? Une association de lutte contre le viol ? Non un profiler médiatique qui s'était déjà commis dans des sujets de qualité et loin du racolage habituel tel que La carte des plus célèbres serial killers parisiens.
La thèse de 20 minutes est donc de nous dire
- qu'il y a davantage de viols en été
- que cette augmentation du nombre de viols est due aux tenues légères des victimes et à l'alcool qu'elles ont ingéré
Constatons déjà que les chiffres de 20 minutes(le fameux 2635 faits en juillet 2013) ne concernent pas les viols de manière générale mais les plaintes pour viol déposées par des personnes majeures. Ne sont pas prises en compte les plaintes déposées par des personnes mineures.
D'après différentes études, on sait qu'environ 10 % des victimes portent plaintes (âges et genre confondus) . Il est donc tout à fait faux de mélanger "plaintes pour viol" et "nombre de viols". Rappelons également que des hommes sont également violés chaque année ce que semble oublier 20 minutes ; mais on corrèle moins la tenue masculine et le viol ( on a plus tendance à culpabiliser les victimes masculines via d'autres critères que la tenue) ceci expliquant sans doute le silence de 20 minutes sur le sujet.
Corrigeons donc déjà l'hypothèse pour 20 minutes et partons sur la piste suivante : il y a davantage de plaintes pour viol en été ce qui pourrait nous laisser entendre qu'on viole davantage en été. Soulignons toutefois que cela n'est pas parce que le nombre de plaintes augmente que le nombre de viols a forcément augmenté ; si par exemple une campagne de lutte contre le viol a été efficace on peut voir le nombre de plaintes augmenter - parce que les victimes se sont senties davantage en confiance pour porter plainte par exemple - cela ne voudra absolument pas dire que le nombre de viols a augmenté.
Voici les chiffres que j'ai collectés sur cartocrime concernant les plaintes pour viol sur tout le territoire français déposées par des personnes majeures) :
- janvier 2013 : 2352
- février 2013 : 2291
- mars 2013 : 2419
- avril 2013 : 2404
- mai 2013 : 2391
- juin 2013 : 2552
- juillet 2013 : 2635
- août 2013 : 2215
- septembre 2013 : 2272
- octobre 2013 : 2643
- novembre 2013 : 2416
- décembre : 2417
J'ai également pris les chiffres pour le Var estimant que c'était une destination traditionnelle de vacances.
- janvier 2013 : 22
- février 2013 : 27
- mars 2013 : 32
- avril 2013 : 28
- mai 2013 : 19
- juin 2013 : 34
- juillet 2013 : 33
- août 2013 : 34
- septembre 2013 : 42
- octobre 2013 : 39
- novembre 2013 : 34
- décembre : 26
Au niveau national, constatons déjà que le mois où le plus de plaintes pour viol ont été déposées est le mois d'octobre 2013. Le mois d'août est le mois où le moins de plaintes ont été déposées. Avec ces deux chiffres on pourrait arriver à la thèse opposée à celle de 20 minutes et conclure un magnifique "les femmes ont l'habitude de porter davantage d'imperméables et des parapluies en octobre et cela explique sans doute qu'on viole beaucoup plus en octobre". Enfin on pourrait peut-être aussi arguer que c'est l'été indien et que la thèse de 20 minutes reste juste.
Au niveau départemental, en prenant le très touristique département du Var on constate une hausse en septembre et octobre mais absolument pas l'explosion du nombre de plaintes en juillet, août qu'on attendait.
Donc les chiffres de 20 minutes sont faux et il n'y absolument pas plus de plaintes pour viol en été.
Nous pouvons donc en conclure déjà que le journaliste de 20 minutes n'a pas pris la peine de vérifier les chiffres sur un an, pas plus que son rédacteur en chef et que ce papier - que je peinerais à appeler un article - est surtout là pour racoler et faire de la page vue à peu de frais.
Seconde hypothèse de 20 minutes ; on est davantage violée quand on est en tenue légère et/ou alcoolisée.
Nous sommes dans une société - cela n'est pas la seule - qui assimile le viol au fait de trouver une femme séduisante. Une femme en mini jupe est séduisante et sexy, elle plait aux hommes hétéros DONC il n'est pas anormal de penser que certains en viennent au viol.
Le viol est ainsi assimilé à un acte d'excitation sexuelle face à des jambes ou des seins.
Des études ont été faites aux Etats-Unis sur ce dont se souvenaient les violeurs de leur victime ; dans la majeure partie des cas, ils n'avaient aucun souvenir de ce qu'elle portait. Ils avaient une parfaite conscience de ce qu'ils avaient interprété comme quelque chose d'excitant ; en clair n'importe quel acte, attitude, geste, sourire, non sourire, pouvait être perçue comme excitante mais jamais la tenue de leur victime n'avait influencé leur acte.
Il est aisé de mélanger excitation sexuelle et viol parce qu'on parle d'un crime sexuel. Parler d'un crime qui passe par les organes génitaux permettait - peut-être è d'évacuer dans la tête du tout venant que l'excitation sexuelle a quelque chose à voir dans l'histoire.
Le viol ne provient pas d'une excitation sexuelle sauf à moins d'être excité par un corps amorphe, endormi, ivre mort, tétanisé, hurlant, tremblant ce qui existe évidemment mais ne constitue absolument pas l'immense majorité des violeurs qui ne sont pas des sadiques - au sens clinique du terme. Le viol est avant tout une prise de pouvoir sur quelqu'un. Si le viol avait quelque chose à voir avec une excitation physique devant une femme jugée sexy, alors il serait profondément pulsionnel (des hordes d'hommes sauteraient sans contrôle sur des femmes dans la rue), alors il aurait beaucoup lieu dans des lieux où les femmes sont souvent peu vêtues (ex la boite de nuit) et cela n'est pas le cas) et le violeur s'arrêterait immédiatement devant les réactions des victimes ; en général on est assez peu excité devant quelqu'un qui est terrorisé sauf si justement ce qu'on recherche est l'humiliation et la domination de la victime.
Il n'y a pas de corrélation entre le physique d'une victime et son viol ; on viole des gens qui sont loin des canons de beauté. On viole des gens âgés, des enfants, des bébés, des gens considérés comme laids dans nos sociétés, des femmes en jupe ou en jogging, en baskets ou en escarpin, des femmes en débardeur ou en burqa.
Rappelons également que le viol est davantage commis au domicile du violeur ou de la victime par une connaissance ; le viol d'Argelès auquel se réfère l'article de 20 minutes ou celui de Perpignan sont des viols rares, contrairement à ce qui nous est enseigné.
Donc le fait de sortir tard, comme le dit Bourgoin, n'a strictement rien à voir avec le fait de risquer d'être violée ou non par un inconnu dans la rue. Nous sommes nourris avec l'image du violeur armé d'un couteau qui sort d'une ruelle sombre qui est une image fausse et infondée.
j'en profite pour souligner cette interview de Bourgoin commise il y a un an.
Je cite " Nous savons tout de même que les crimes sexuels sont en augmentation durant l’été. Les causes sont connues. La chaleur accentue le désir. D’autant que les gens sont moins vêtus et surtout moins vigilants. Tout est accentué durant les vacances. On consomme plus d’alcool. On va plus en boîte de nuit. En somme: les conduites à risque sont multipliées. Et les prédateurs sont nombreux."
Nous savons déjà que les crimes sexuels ne sont pas en augmentation. On peut se demander par quel effet biologique la chaleur accentuerait le désir ; on est encore là dans une idée reçue de l'ordre du bon sens populaire mais fondée sur strictement rien de concret. Enfin nous apprenons que la boite de nuit est un lieu "à risque". Comme je l'ai déjà dit et répété ce sont les domiciles privés qui sont des lieux à risque.
Maintenant est-ce qu'on risque davantage si l'on a bu/consommé des drogues.
Aux Etats-Unis les statistiques montrent qu'en effet le risque augmente. Il n'est sans doute pas illogique de penser la même chose pour la France.
Il importe de prévenir TOUT LE MONDE que la prise d'alcool vous met en état de vulnérabilité (et pas seulement en ce qui concerne le viol souvenons nous des nombreux jeunes hommes morts noyés dans la Deule). C'est nécessaire de le dire en rajoutant toujours une chose ; quel que soit votre état d'ébriété, vous ne serez pas responsable si vous êtes violé-e/agressé-e. Vous n'aurez rien "cherché" du tout, vous ne serez responsable de rien. Il y a toujours un seul coupable dans un viol, et pas à 90%, 99% ou 99.9999% mais à 100% : le violeur.
Il ne me parait pas gênant de prévenir les gens de manière générale, que l'alcool accentue la vulnérabilité sauf que cela n'est évidemment pas ce qui nous est dit.
Si l'alcool augmente le risque d'être violé-e il augmente le risque de violer également.
Or si on ne cesse de répéter aux femmes qu'elles ne doivent pas boire car "'elles se mettent en danger", on n'entend que très peu le conseil inverse à savoir qu'un homme ivre peut devenir un violeur et qu'il conviendrait donc que les hommes ne boivent pas. Encore une fois le viol devient le seul crime où la responsabilité de la victime - homme comme femme d'ailleurs - est engagée et celle du coupable ne l'est que très rarement.
Cet article alimente la culture du viol à plusieurs titres :
- il fait mentir les chiffres pour assoir l'idée qu'on viole davantage des femmes légèrement vêtues
- il associe tenue et viol alors qu'il a été maintes et maintes fois prouvé que les deux faits ne sont pas liés
- il fait porter la responsabilité aux victimes. Il ne s'agit pas de ne rien dire aux femmes mais il s'agit de leur dire la vérité. Si l'on veut vraiment parler de viol, alors qu'il faudra leur dire que le risque vient plutôt des connaissances que de l'inconnu croisé dans la rue tard le soir. Si l'on veut parler de risques alors qu'on dise la même chose aux hommes ; qu'on leur apprenne qu'ils risquent aussi d'être blessés ou agressés sexuellement dans l'espace public.
A chaque crime où la victime est une femme (viol dans l'espace public ou meurtre de joggeuse), nous avons droit dans tous les journaux, nos cercles de connaissance, notre famille, à la litanie de conseils stériles, inefficaces, visant avant tout à restreindre notre liberté et pire on nous rappelle qu'il était tout de même bien imprudent de sortir dehors, d'aller en boite de nuit ou de courir. Il y a eu 4 ou 5 meurtres de femmes qui faisaient leur jogging sur les 3 dernières années ; je vous laisse comparer avec le meurtre de femmes par leur conjoint. Il y a beaucoup moins de viol dans l'espace public par un inconnu que par une connaissance ; pourtant l'on ne cessera de rappeler aux femmes le danger à sortir, à jogger. Nous attendons toujours - si l'on veut vraiment lutter contre le viol ou la violence conjugale - les faits et pas de vagues idées reçue infondées.
Ce genre d'article en plus d'être mensonger colporte des idées fausses autour du viol et, en cela, participe à la culture du viol.
The post Quand 20 Minutes se vautre dans la culture du viol appeared first on Crêpe Georgette.
La Commission spéciale du Sénat a adopté hier une version amendée de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. Bancale, la nouvelle version du texte refuse purement et simplement d'aborder la responsabilité des « clients » dans le maintien et le développement de la violence prostitutionnelle. Mais l'adoption du texte en commission ouvre la voie à la suite du processus parlementaire qui devra rétablir la cohérence, et donc l'efficacité, du dispositif global.
Pas d'égalité Femmes/Hommes sans la pénalisation des "clients"En retirant temporairement l'interdiction de tout achat d'un acte sexuel, 16 sénateurs contre 14 veulent maintenir l'impunité totale dont bénéficient les clients de la prostitution. La Commission spéciale n'a pas souhaité remettre en cause le droit des hommes à exploiter la précarité de plus vulnérables pour leur imposer un acte sexuel par l'argent résume Claire Quidet, porte-parole de l'association. En refusant une inversion de la charge pénale, les sénateurs privent les personnes prostituées d'un moyen de pression effectif pour faire respecter leurs conditions aux clients qu'elles ne pourront donc pas dénoncer. Cette version temporaire du texte va à rebours d'un mouvement historique de reconnaissance de la prostitution comme violence faite aux femmes et obstacle majeur à l'égalité femmes-hommes. Il est d'ailleurs frappant de noter que, saisis du même texte, le Haut Conseil à l'Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCEFH) et les Délégations aux droits des femmes du Sénat et de l'Assemblée nationale ont rendu un avis favorable sur la pénalisation de l'achat d'un acte sexuel.
Un vote révélateurLes opposants au texte qui dénonçaient initialement une loi globalement inutile, incohérente, ou mal écrite, n'avaient en fait qu'un objectif : s'opposer à la pénalisation des clients. Une fois cet objectif atteint, ils ont finalement convenu que les trois autres piliers du texte étaient indispensables à une amélioration de la protection et de la situation des personnes prostituées déclare Grégoire Théry, Secrétaire général du Mouvement du Nid. En ce sens, il est stupéfiant d'entendre certains d'entre eux toujours appeler à l'abandon pur et simple du texte. Souhaitent-ils vraiment renoncer à toutes les dispositions protectrices qu'ils ont eux-même voté ?
La porte ouverte à la suite du processus parlementaireLe renforcement de toutes les autres dispositions (mesures de protection et d'accompagnement social, accès au titre de séjour, indemnisation des victimes, abrogation du délit de racolage etc..) rappelle et confirme que la proposition de loi adoptée à l'Assemblée nationale est un texte progressiste visant à mieux protéger et accompagner les personnes prostituées. Les 268 députéEs (contre 138) ayant voté en faveur de la pénalisation des clients devront redonner sa cohérence au texte en seconde lecture à l'Assemblée.
Alors que le Sénat examine ce mardi 8 juillet 2014 en Commission spéciale la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, le Mouvement du Nid dénonce la violence permanente que constitue la prostitution et appelle à mettre définitivement fin à sa banalisation ainsi qu'à l'impunité de ceux qui exploitent la précarité et la vulnérabilité des plus faibles pour leur imposer un acte sexuel par l'argent.
Meurtres, viols, exploitation des personnes migrantes et des mineures, il suffit de revenir sur l'actualité des 15 derniers jours [1] pour prendre conscience de l'extrême violence prostitutionnelle :
Exploitation des femmes migrantes, des jeunes en difficulté ou des personnes précaires, violences sexuelles, voilà les réalités de la prostitution a rappelé Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid. Contrairement à ce que nous avons trop entendu, la pénalisation des seuls "clients" ne met pas en danger les personnes prostituées, bien au contraire ! 15 ans après l'entrée en vigueur de sa loi, la Suède ne compte aucun meurtre de personnes prostituées. La France, comme tous ses voisins, en compte plusieurs dizaines sur la même période !.
Il est urgent de mettre fin à l'impunité de ceux qui imposent un acte sexuel par l'argent en interdisant l'achat d'un acte sexuel, tout en engageant enfin l'Etat aux côtés des victimes a poursuivi Grégoire Théry, secrétaire général de l'association. Nous ne tolérerons plus le silence de l'Etat sur ces violences quotidiennes et dénoncerons la responsabilité de ceux qui les cautionnent en banalisant, voire même en justifiant, la prostitution.
En inversant pour la première fois la charge pénale des personnes prostituées vers leurs "clients", la France peut enfin se donner les moyens de mieux protéger les personnes prostituées qui pourront faire respecter leurs "conditions" ou dénoncer les acheteurs abuseurs, et de casser la rentabilité du marché prostitutionnel qui motive l'investissement proxénète, a conclu Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid.
Contact presse :
Elise Guiraud, 01 42 70 77 79, communication@mouvementdunid.org.
Il a notamment expliqué s'être acharnée à coups de couteau sur cette prostituée, de nationalité dominicaine et qui était âgée de 32 ans, alors qu'il venait de quitter sa femme, révèle un proche de l'affaire. Il semblait fréquenter de nombreuses prostituées
.
Sa fille de 14 ans lui a raconté avoir été "livrée" pendant 5 jours à la prostitution par plusieurs jeunes hommes lors de sa fugue. "Une quarantaine de clients se sont succédé pendant cinq jours dans cet hôtel (...) dans lequel ces deux jeunes filles étaient retenues", confie une source policière au quotidien régional. "Les prestations sexuelles étaient tarifées entre 200 et 250 euros. Ces deux adolescentes étaient toujours sous la surveillance de deux des trois proxénètes
.
Coups, tentative d'étouffement avec un oreiller, brûlures de cigarettes. Elle se plaint également que son argent lui est confisqué. La victime explique que son supplice est orchestré par une femme, avec la participation de trois hommes de main, tous de nationalité chinoise.
Elle était en situation irrégulière et vous l'avez utilisée comme un objet sexuel dont on pouvait se servir gratuitement.
[1] À lire aussi, sur le site de notre revue, Prostitution et société, notre page In memoriam : ici, depuis des années, nous rendons hommage aux victimes du système prostitutionnel en rendant compte des violences qu'elles ont subies et dont nous avons été informés.
Mon association a lancé un questionnaire à destination des victimes de crimes sexuels et de leur accueil dans les commissariats et les gendarmeries lorsqu'elles ont désiré porté plainte.
Il faut avoir été majeur-e au moment des faits (du viol ou de l'agression sexuelle) et il ne faut pas que la plainte ait été déposé il y a plus de 5 ans.
Le texte complet se trouve ici ; partagez au maximum.
TweetThe post Questionnaire sur l’accueil des victimes de crimes sexuels dans les commissariats/ gendarmeries. appeared first on Crêpe Georgette.
2013 : quelle année pour le Mouvement du Nid-France, au plan national et dans nos délégations. Comme le restitue ce rapport annuel, nous avons été sur tous les fronts, portés par un intense débat de société suscité par la proposition de loi sur le système prostitueur en discussion à l'Assemblée nationale.
Tout en étant activement présent sur le terrain avec les personnes en situation de prostitution, nous avons été en première ligne dans le débat, souvent médiatique et contradictoire, mais aussi dans les nombreuses initiatives de sensibilisation et de communication envers la société et les élus.
À travers la rencontre et l'accompagnement des personnes prostituées, la prévention, le plaidoyer, la formation des acteurs sociaux... nous avons fait vivre à la fois un Mouvement de terrain et un Mouvement de société qui étend sa réflexion à l'ensemble du système prostitueur, à ses causes collectives et individuelles.
Ce rapport annuel démontre avec une force incroyable et concrètement notre projet ambitieux chaque jour mis en œuvre dans l'ensemble du Mouvement du Nid, celui d'une société que nous voulons solidaire, construite sur une égalité réelle entre les femmes et les hommes et respectueuse de la dignité de chaque être humain.
Dans toutes nos délégations et au plan national et international, tout converge vers ce grand projet d'abolition de l'un des pires systèmes d'exploitation, notamment l'exploitation sexuelle des femmes. Ce projet d'abolition du système prostitueur n'est pas seulement un débat d'idées, il se vérifie chaque jour par les centaines d'initiatives restituées dans ce rapport qui en fait le bilan national.
2013 restera donc une grande année, car le projet de société porté par le Mouvement du Nid depuis 70 ans, ses fondateurs, puis par les générations de militantEs, devient progressivement le projet de la société française. L'impact de nos actions, de nos analyses et de nos propositions est historique. On en est fiers !
À travers les pages de ce rapport, on comprend la place prise par tous les échelons du Mouvement : Délégations, Comité National, Secrétariat National, militantEs, bénévoles, salariéEs. On mesure aussi toute l'importance des partenariats, la mobilisation du formidable réseau de 60 associations abolitionnistes regroupées dans Abolition 2012.
Le prochain défi sera pour le Mouvement du Nid de ne pas faiblir, de rester mobilisé et surtout de trouver les moyens d'accompagner la mise en œuvre de la nouvelle loi. Nous sommes attendus. Nous répondrons présents en poursuivant tous les types d'actions que ce rapport 2013 met en valeur. Nous garderons le cap.
Jacques Hamon, Président du Mouvement du Nid-France
télécharger notre Rapport annuel 2013
Rapport annuel 2013télécharger nos Chiffres clés pour 2013
télécharger nos Chiffres clés pour 2013, en Esperanto ! [1]
[1] Merci à DH et MP.
Ou comment les réseaux de prostitution, du local à l'international, se nourrissent de la guerre et en retour financent les conflits armés dans le monde. Notre délégation du Mouvement du Nid de Loire-Atlantique et l'Espace Simone de Beauvoir
Trois expertEs interviennent sur ce sujet brûlant d'actualité :
Cette conférence sera suivie d'échanges avec le public.
Jeudi 3 juillet 2014 à 19h00
Entrée libre
Espace Simone de Beauvoir, 25 quai de Versailles à Nantes (ligne 2 arrêt St Mihel)
pour tout renseignement : 02 40 12 15 18 ou 06 32 57 66 41
Le système prostitutionnel est un défi majeur au coeur de la cité. Souvent appréhendé en première instance sous l'angle de l'ordre public, il met en lumière des enjeux bien plus vastes : implantation au sein de nos territoires de réseaux criminels internationaux, exploitation des populations les plus vulnérables, manifestation publique des violences et discriminations, atteinte à l'égalité femmes-hommes.
Des questions se posent pour tout citoyen :
Face à ces interpellations, nous, Mouvement du Nid et toutes les associations du collectif « Abolition 2012 », affirmons que seule une politique publique globale et cohérente permettra de répondre durablement aux enjeux posés par la prostitution et la traite des êtres humains. A l'heure où la prostitution est mondialisée et où les réseaux proxénètes se jouent des territoires et des législations, seule une réponse nationale et internationale est satisfaisante.
C'est pourquoi, le Mouvement du Nid propose à toutes et tous de se rassembler aujourd'hui autour de deux convictions :
La prostitution est d'abord une exploitation des plus vulnérables, une violence et un obstacle à l'égalité qu'il convient de faire reculer tout en protégeant mieux ses victimes.
Seule une articulation accrue des différents niveaux de compétence des collectivités territoriales et une coopération renforcée entre collectivités (de même compétences) permettra d'apporter une réponse cohérente à la complexité des enjeux prostitutionnels.
Sur le Loiret, le Mouvement du Nid, sis au 39 Rue Saint Marceau à Orléans propose
Dans le cadre de ses actions, le Mouvement du Nid du Loiret recherche des bénévoles pour mettre en oeuvre et développer son projet associatif autour des quatre axes cités ci-dessus.
Pour nous contacter, envoyez-nous un message sur notre page !
Vous y trouverez également nos coordonnées.
Vous pouvez aussi nous suivre sur Facebook.
Cet article est paru dans le magazine en ligne Publi 45 à l'été 2014.
Notre délégation du Rhône, qui a rencontré environ 600 personnes prostituées au fil de 2013, nous alerte sur la dégradation de leurs conditions d'existence. Exploitées, précarisés, mises en danger par des "clients" cyniques, abandonnées des pouvoirs publics... elles endurent des préjudices tant physiques que psychiques.
Nous ouvrons avec les personnes prostituées un moment d'échange à leur convenance, sans raison utilitaire. Nous attribuons à la rencontre ainsi dépouillée une efficacité en soi. Centrée sur la personne, à son écoute, elle est une reconnaissance de sa valeur. Elle signifie que la personne mérite, à elle seule, le déplacement et le temps passé avec elle. Elle lui renvoie l'image d'une personne aimable et respectable, image qui peut être le déclencheur d'un autre projet de vie. De plus, il y a là une gratuité qui renverse la logique marchande dominant tous les rapports prostitutionnels. Environ 600 personnes ont été rencontrées en 2013.
Ces rencontres sont un temps de confidence. Nous y entendons ce qui, au-delà des sourires ou des déclarations convenus, est réellement vécu dans la prostitution : le parcours de la personne, les causes enfouies de sa situation, et en filigrane, la souffrance et les aspirations à autre chose. Nous approchons, modestement, la réalité profonde de la prostitution, loin des idéologies. Cette rencontre est la première source de nos activités et de notre pensée.
Les zones de Lyon où les personnes installent leur camionnette sont interdites de stationnement depuis longtemps, mais 2013 a connu une politique de répression très pressante : fréquentes mises à la fourrière, bouclage du quartier et surveillance par hélicoptère, plusieurs passages de verbalisation par nuit : verbalisation, même dans les parkings autorisés, le jour, en dehors de toute activité prostitutionnelle, des véhicules repérés comme destinés, la nuit, à la prostitution. Dans ces zones, des appels à la police par des personnes prostituées agressées sont restés sans réponse ; une intervention de pompiers pour personnes blessées a même subi une tentative d'empêchement par la police.
Le nombre des camionnettes a diminué ; c'est moins le cas le week-end où l'on rencontre des personnes venues de plusieurs centaines de kilomètres pour les 2 jours. Les personnes originaires d'Afrique subsaharienne francophone sont aujourd'hui plus rares ; il est difficile de dire ce qu'elles sont devenues. Certaines ont gagné d'autres villes de la région ou louent leur camion à une population d'une autre origine (Guinée équatoriale, Nigéria).
Ces personnes ont cédé la place à des Équato-guinéennes venant d'Espagne, qui s'installent aussi sur les routes. Les très jeunes femmes sont nombreuses parmi elles. Souvent mère d'un enfant, mais pas toujours. Il est évident qu'elles s'activent pour des tiers.
Les zones de ville autrefois dédiées aux camionnettes des Africaines sont occupées par des personnes à pied, Nigérianes ou Roumaines et Bulgares. Nous voyons arriver de nouvelles personnes d'Europe de l'Est ou du Nigéria, passées auparavant par l'Espagne ou l'Italie : ça ne marche plus là-bas, nous disent-elles, ou il n'y a pas de travail. Tout indique une précarisation croissante de cette population, immigrée d'Europe de l'Est ou secondairement d'Espagne ou d'Italie, qui a peu de moyens de s'insérer en France (langue, relations, revenus), qui tente de survivre dans des conditions de logement et d'alimentation extrêmement précaires (beaucoup vivent dans leur camion). C'est une population pressée par la faim et/ou contrainte par l'exploitation proxénète (de proximité ou de grande envergure), sans doute plus qu'il y a quelques années.
Cette précarisation dévaste l'état psychique et physique des personnes. Inquiètes pour leur survie et celle de leur famille (beaucoup ont des enfants à charge), elles prennent de nouveaux risques : présence toute la nuit malgré les agressions, actes sans préservatifs (de plus en plus demandés, en connaissance des difficultés, par des « clients » cyniques), acceptation de « clients » ordinairement refusés.
Le climat est à l'inquiétude, à la colère, et au sentiment d'injustice face à une société qui les méprise.
Extrait du rapport annuel 2013 de la délégation du Mouvement du Nid du Rhône.
"L'homme, dépressif, aurait agi car il ne supportait pas que sa femme veuille le quitter."
J'aurais pu trouver des dizaines de cas de ce type puisqu'en effet le profil type de celui qui tue sa femme, voire ses enfants est la non-acceptation de la séparation.
Les crimes contre les femmes - ce ne sont pas les seuls mais c'est le sujet ici - sont toujours traités de manière individuelle et jamais systémique c'est à dire comme faisant partie d'un système social organisé, d'une construction sociale et culturelle. On nous parle de la dépression de l'homme, de son état alcoolisé, de son chômage, du fait qu'elle l'a quitté ; on retrouve sans cesse les mêmes éléments et pourtant l'on persiste à en faire des cas individuels. (sauf evidemment dans le cas de violences exercées par des racisés là évidemment c'est tout autre chose). Les violeurs, les violents, les assassins sont tous vus comme autant de cas individuels, de fous, de dépressifs alors que quelques traits globaux sautent pourtant aux yeux ; ne serait-ce que le premier ce sont tous pour leur immense majorité des hommes.
(.......................) ==> ceci est le moment où l'on doit beaucoup plaindre les hommes hétérosexuels que je suis en train de traiter, en bloc, d'assassins. (on pensera un autre jour à leurs victimes).
Dans le rapport "Etude nationale sur les violences au sein du couple" de 2008, on peut lire "Par contre, en cours ou passée, la séparation apparaît toujours comme une cause principale du passage à l’acte pour les agresseurs masculins : 54 cas. Cette période apparaît donc comme particulièrement à risque."
Dans l'enquête menée Mercader, Houel et Sobota, "Le crime dit « passionnel » : des hommes malades de l’appropriation des femmes", on obtient les résultats suivants "Plus de la moitié des hommes (55 %) tuent une femme qui les quitte ou menace de le faire, et une proportion presque équivalente (53 %) une femme qui les trompe, ou qu’ils soupçonnent de le faire ; quand on réunit ces deux mobiles, qui peuvent coexister, on obtient une proportion de 75 %. "
Si l'on arrive à établir qu'il y a des grandes caractéristiques au sein de l'homicide conjugal, alors pourquoi ne se préoccupe-t-on pas de connaître les raisons collectives, globales, structurelles de cette violence ?
Si la séparation en tant que telle était le même problème pour tout le monde, car on sera bien sûr tous d'accord pour admettre qu'une séparation n'a rien d'agréable, alors l'on tuerait autant, femmes comme hommes, hétéros comme homos. Or on constate très bien que ceux qui supportent le moins bien la séparation sont les hommes hétérosexuels.
Dans son livre Refuser d’être un homme : Pour en finir avec la virilité, John Stoltenberg écrit ""D'une certaine façon, tout homme apprend au cours de sa vie à ajuster son entière sensibilité érotique et émotionnelle - et, partant, sa volonté - à un projet appropriation, par opposition aux femmes, qui, elles, doivent être appropriées."" Il veut dire par là que la construction de la virilité implique que les hommes n'apprennent pas à supporter le refus, la frustration ou quoi que ce soit allant contre leurs désirs les plus élémentaires. Nous avons déjà vu à de nombreuses reprises que notre société fonctionne sur l'idée que les hommes ont des besoins sexuels à assouvir à tout prix sinon le prix sera terrible à payer pour nous les femmes. C'est la justification patriarcale de la prostitution ; il faut des prostituées sinon on violera les "honnêtes femmes". Il faut marier les prêtres sinon ils violeront des enfants. Une femme ne doit pas envoyer des signes à un homme (signes qu'on ne nous explique évidemment jamais mais que je résumerais à "exister") sinon il viole. C'est plus fort que lui c'est ainsi. Et,strictement de la même façon, il ne faut pas quitter un homme. Sinon c'est"un risque" comme nous dit le rapport.
S'il a du "tempérament" (fameux euphémisme pour dire que c'est un brute), un homme ne supportera pas ni qu'on se refuse à lui, ni qu'on le quitte. Christophe Dejours définit la virilité comme se mesurant à l’aune de la violence qu’on est capable de commettre contre autrui, les dominés et singulièrement les femmes, au nom de l’exercice, de la démonstration ou du rétablissement de la domination.
Alors je vous vois bien venir vous n'êtes pas tout comme cela. NO KIDDING.
(.....) ==> moment où les femmes applaudissent les hommes qui ne les ont ni tuées ni violées.
Comme toujours, on parle d'un système. Il existe des patrons sympas, des hétéros qui ne défoncent pas la gueule des homos et des hommes qui ne tuent pas. On sait. Et ?
A quel moment pourra-t-on s'interroger sur ce qui, dans la construction du masculin pose problème pour enfin faire diminuer la violence conjugale ?
Sociologiquement on sait donc que les hommes hétérosexuels ont plus tendance à frapper leur compagne et à les tuer. On sait également que le plus grand risque est lors de la séparation. Que faire avec cela ? Comment poser - sans avoir les hauts cris des mâles touchés dans leur ego - qu'il y a sans doute quelque chose dans la construction du masculin, dans le genre qui pousse à cela ?
Je le répète ; une séparation est douloureuse pour n'importe qui alors pourquoi seul le groupe homme la supporte-t-il aussi mal pour aller au point de tuer "SA FEMME". (oui il y a ici un embryon d'explication).
L'explication est bien évidemment, dans un système patriarcal, l'appropriation de la classe femmes parla classe hommes ce qui Guillaumin appela "sexage". La classe homme s'approprie le travail (gratuit) des femmes, s'approprie leur sexualité, les éduque à s'occuper (gratuitement toujours) des plus faibles, enfants et vieillards. Evidemment lorsque certaines ont le mauvais goût de ne plus vouloir marcher droit, elles sont traitées de putes, frappées, violées ou tuées. Il ne s'agit evidemment pas de mettre tous ces actes sur le même plan mais de comprendre qu'ils découlent tous du même processus ; remettre en place celles qui sortiraient de leur condition de femme, montrer au groupe "femme" ce qui pourrait leur arriver si elles se comportaient "mal".
L'homicide conjugal doit être vu comme une violence sexo-spécifique : les hommes tuent, non pas parce qu’ils perdent le contrôle, mais parce qu’ils cherchent à exercer un contrôle sur leur femme.
On nous fera toujours croire à nous les femmes, que ces cas là sont rares. On nous expliquera qu'il s'agit de dépressifs, de sauvages, d'immigrés, de banlieusards, de musulmans, de débiles mentaux, de fous, de schizophrènes. MAIS PAS TOUS LES HOMMES. On ne nous dira jamais que ceux qui nous frappent, nous violent, nous tuent, sont tous des hommes. Et celle qui s'amuserait à le dire sera traitée de folle, de misandre, d'hystérique, de personne qui fait des amalgames, de mal baisée,de "personne haineuse qui gagnerait les hommes à sa cause si elle était moins agressive" (mon préféré) . (je devance les commentaires cela vous évitera d'user votre clavier).
On nous fera aussi croire que tout de même on l'a un peu cherché. En voulant quitter par exemple. On nous répète depuis quelques années à l'envi que celles qui initient le divorce sont les femmes comme s'il fallait sérieusement s'en étonner ou s'en inquiéter, quoique je comprends l'inquiétude du mâle occidental à ne plus avoir de bonniche à disposition, il est vrai (mais comme elle a le merveilleux cadeau de la garde des enfants qu'il en soit rassuré, elle restera indirectement à son service).
On ne cessera de le répéter : si on veut comprendre et faire diminuer - ce dont je doute fortement - le nombre de viols et de violences sexo-spécifiques - il faut comprendre les raisons structurelles qui poussent les hommes à violer, frapper et tuer. Il faut comprendre ce qui, dans la construction du genre masculin, crée cela. Indice cela ne s'appelle ni chromosome Y ni testostérone, ni gros biscottos.
A partir du moment où les hommes rangeront leur ego dans leur poche et accepteront globalement de travailler sur la virilité, alors nous pourrons sérieusement espérer que les violences envers les femmes diminueront.
A lire : Les femmes tendent à rester avec 1 conjoint violent par peur d'être socialement stigmatisées
TweetThe post Il ne supportait pas qu’elle le quitte appeared first on Crêpe Georgette.
Ruines, documentaire grec relatant la persécution dont furent victimes en 2012 des femmes accusées de propager le VIH, nous offre l'occasion de mettre sur la sellette les politiques sanitaires en matière de prostitution. Notre débat tout public fait intervenir des professionnelLEs de santé, en présence par vidéoconférence de la réalisatrice de Ruines.
Infos pratiques
Mercredi 25 juin, à 20h00
À l'Auditorium de la Halle Pajol
20 esplanade Nathalie Sarraute 75018 (face au 45 rue Pajol)
métro La Chapelle (2), Riquet (7), bus 35, 60, 65.
Entrée libre, réservation souhaitée !
Contactez la délégation du Mouvement du Nid de Paris, 01 42 82 17 00 ou volontaireprev-idf(arobase)mouvementdunid(point)org.
Un film réalisé par Zoé Mavroudi (2012), inédit en France.
Un documentaire sur la pénalisation de la séropositivité et les conséquences sociales, médicales et psychologiques de la prostitution dans un pays réglementariste.
L'histoire de la poursuite d'un groupe de femmes en situation de prostitution, arrêtées et retenues par les forces de polices. Elles ont subi des dépistages forcés au VIH, ont été accusées de crime, emprisonnées sans décision judiciaire et finalement exposées publiquement par les instances médiatiques du pays.
Quelques jours avant les élections législatives du 6 mai 2012, ce documentaire présente quelques conséquences d'une politique sanitaire dans un pays réglementariste sur fond de crise économique.