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Alors qu’elle mène une relation sexuelle épanouissante et sereine avec son amant marié, la narratrice décide de répondre à une petite annonce, un homme cherche une femme « docile ». Elle va alors vivre 2, 3 séances SM avec cet homme, petit, repoussant. Des pinces, des godes, du sang – on est loin de 50 nuances de Grey. Elle a mal, hurle mais en redemande et finit par lécher le petit corps blanc et glabre en le remerciant. A travers ces rapports, elle s’abîme, physiquement, moralement, mais redécouvre son corps en se faisant maltraiter par un homme qui la dégoûte.
Un très beau texte, d’une finesse rare. Pas un livre érotique (ça veut dire quoi, à la fin ?), mais qui place le sexe au cœur de l’introspection, qui en fait le vecteur de notre rapport au monde et aux autres, et ainsi le sublime.
Caroline Lamarche, La nuit l’après-midi, Editions de Minuit.
En vente dans toutes les bonnes librairies, sans doute, mais à coup sûr dans la meilleure : la librairie La Musardine et sur www.lamusardine.com!
Anne Hautecoeur
La foi fait frissonner les eaux Les seins se gonflent d’or Toutes les gouttes s’épanouissent Champ de mystère et de langueur Tandis qu’au loin s’évanouissent En grand fracas de rouge Les lentes traînées de désespoir Je t’aimerai encore demain Dans le soleil levant
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Vu sur Ayyam à Istanbul, Gaspard de la Noche
Après son voyage au Caire (voir le tome 1 : Ayyam au Caire, du même auteur), Ayyam est sollicité par Monsieur Max, en même temps qu’un pianiste, élève de Fazil Say, à satisfaire en Turquie un homme avec lequel il est en affaires. Leur mission : motiver l’équipe de foot afin de la faire parvenir […]
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La Collection Paulette vient de s’enrichir d’une novella qui m’a tout de suite séduite : La doublure, de Maude Okyo. Le récit est enlevé, plein d’humour et d’érotisme, la plume de l’auteure légère et audacieuse. Lou est une héroïne comme je les aime : elle a du caractère. Et un métier hors du commun, elle … Read More →
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Vu sur La Vengeance d’une femme, BD
Adaptation très proche du texte original de Barbey d’Aurevilly, nouvelle extraite du recueil Les Diaboliques (le texte qui figure en intégralité, en tous petits caractères, à la fin du volume), La Vengeance d’une femme est une BD de Lilao parue en 2009. Du noir et blanc, de très beaux dessins (personnages avec jeu de perspective […]
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Vu sur Infernal n°16, newsletter de la librairie érotique Enfer
Pour le 16e numéro de la newsletter de la librairie érotique Enfer, une sélection de livres autour des maisons closes (littérature classique, littérature contemporaine, documentaires), quelques lignes sur Lieu de cul(te) de Miss Kat, sur le « sexy rugby » chez HQN (le rugby, honnêtement, je ne trouve pas ça sexy, mais c’est peut-être parce que le […]
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Vu sur Automne 2015 dans la collection e-ros
Après la publication de La Vengeance de Junon de Clarissa Rivière et de Mon Chien Picchi de Vagant, que réserve la collection e-ros ? Octobre 2015 : Un roman de Jip. L’année dernière, vous avez pu lire son recueil de nouvelles Macabres Cambrures. A présent, ce seront des romans qui vous seront proposés. Le premier, […]
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Vu sur Mon Chien Picchi, Vagant
Autre publication de ce mois dans la collection e-ros (puisque je viens d’évoquer La Vengeance de Junon) : Mon Chien Picchi de Vagant. C’est la première participation de cet auteur à la collection. L’illustration de couverture est une peinture de Gier, qui a déjà collaboré plusieurs fois, on se souvient par exemple des couvertures des […]
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Vu sur La Vengeance de Junon, Clarissa Rivière et Tonino della Bianca
En cette fin septembre vont paraître deux nouveaux titres dans la collection e-ros des éditions Dominique Leroy. Je vais vous parler tout d’abord de La Vengeance de Junon, troisième titre des « figures mythiques ». Il s’agit d’un eBook « e-ros graphique », le texte, écrit par Clarissa Rivière, est accompagné d’illustrations de Tonino della Bianca. C’est notre première […]
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Vu sur La Chienne des Baskerville, Eric Vernac
Pastiche ou parodie ? On peut lire une légère moquerie derrière l’écriture de La Chienne des Baskerville. Comme Sherlock Holmes n’est pas porté sur la bagatelle, il peut sembler irrévérencieux de remplacer la pipe du grand détective par des pipes d’une toute autre nature prodiguées par Watson, Penelope de son prénom (une femme, oui ! comme […]
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Vu sur Ayyam au Caire, Gaspard de la Noche
Nouvelle venue dans l’édition numérique érotique, Sexie de La Musardine propose depuis juin des romans, des recueils de nouvelles et des séries. Faute de temps, je n’ai pas demandé à lire les précédents eBooks, mais je ne pouvais pas manquer la publication d’Ayyam au Caire, premier volet d’une saga rebondissant de titre en titre, au […]
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Vu sur Osez 20 histoires de faits-divers sexuels
Il y a des thèmes qui me plaisent plus que d’autres dans les volumes « Osez 20 histoires ». Celui-ci fait partie de mes préférés et je suis très heureuse d’en faire partie, sous mon nom d’auteur ChocolatCannelle, avec le petit texte L’homme sur le lit. Les faits divers, c’est un peu mon « fond de commerce » avec […]
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Vu sur Sunstone, t.1, Stjepan Sejic
Sunstone tome 1 est sorti fin août en français. Il y a pour le moment trois tomes publiés en anglais. Les personnages d’Ally et de Lisa ont d’abord été créés sur deviantart. Le processus de création de la BD nous est d’ailleurs raconté à la fin du tome 1 de Sunstone. Je suis tombée sur […]
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Il paraît que beaucoup de femmes fantasment sur les pompiers… Je ne crois pas en faire partie, mais j’ai lu avec beaucoup de plaisir le premier épisode de la Love compagnie de Julie Huleux. En fait, il m’a fait penser à un pilote de série télévisée, une sorte de Grey’s Anatomy chez les pompiers : … Read More →
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Osez les conseils d’un sexologue pour maîtriser votre éjaculation, de Marc Bonnard
Ce guide, fruit des travaux du sexologue Marc Bonnard, vous dira tout sur les mystères de l’éjaculation et sur les manières de remédier à l’un des problèmes sexuels les plus fréquents : l’éjaculation prématurée. Un nouvel opus fidèle à la vision joyeuse, ludique et décomplexée du sexe de la collection Osez, mais également très sérieux, truffé de vrais conseils et d’informations fiables.
Sortie le 17 septembre 2015
Osez 20 histoires de faits-divers sexuels, collectif
Les pages faits-divers des journaux révèlent parfois des surprises bien salées. C’est ce que vont vous montrer les plumes de la collection “Osez 20 histoires”, reconverties le temps de ce recueil en détectives très privés sur les affaires les plus chaudes. Séquestration, chantage, vengeance, crime passionnel, leurs enquêtes hautes en couleurs vont vous révéler les dossiers sexuels les plus inattendus, troublants et excitants… et vous prouver que littérature érotique et polar sont les meilleurs amants du monde.
Sortie le 17 septembre 2015
Rayon hommes, de Camille Saféris
Enfin réédité en poche, Rayon Homme raconte l’histoire d’un grand magasin qui ouvre un rayon dans lequel on peut acheter… des hommes. Un premier roman épicé, drôle et cash : de l’aventure, du frisson, de l’émouvant… et des scènes de sexe non simulées ! Par Camille Saféris, auteur protéiforme qui compte à son actif une vingtaine d’ouvrages et de best-sellers.
Sortie le 17 septembre 2015
Calendrier Aslan 2016
Après le succès des trois livres d’illustration d’Aslan et des calendriers pin-up parus chaque année depuis 2013, voici un nouveau calendrier Aslan 2016 aux accents vintage. Que ce soit pour offrir à votre oncle, qui l’accrochera au mur de son garage, ou pour ravir votre copine fan de l’esthétique des années 1970, ce calendrier, dans la pure tradition de l’époque, fera un splendide cadeau de fin d’année !
Sortie le 10 septembre 2015
Floraison blanche giclée de rouge La chair est vide les pétales pleurent Et dans les herbes silencieuses Pas de promesse nulle cigale Les chimères se sont tues Floraison blanche giclée de rouge Elles reviendront demain elles reviendront Vibration de nos souffles frénésie des espoirs Elles reviendront je crois elles reviendront Floraison blanche giclée de rouge … Read More →
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Elle l’imagina vierge du désert, habitant l’un de ces endroits gelés par la nature et les amours brisées. Une vieille bâtisse retapée, quelque part dans un petit village, à mi-chemin entre la mer et la montagne. Dans son écrin de solitude, il chercherait à se racheter, en quête de paix intérieure et de silence. Il serait un loup alpha dont le nombre élevé d’anciennes maîtresses aurait fait pâlir de jalousie le marquis de Sade. Un bad boy dont le regard hypnotique t’obligeait à te raccrocher à ta petite culotte, ton caleçon ou ton arme, si par malheur, il se posait sur toi.
Un sourire se dessina sur les lèvres de l’écrivain, ses doigts coururent sur le clavier. Il était là, devant elle, un chouïa voûté, le regard charbonneux qui la mettait au défi d’inventer sa vie.
The lovesick man. 92, 5 kg pour 1, 86 m. La barbe aussi noire que ses yeux. Les cheveux drus où filaient quelques poils blancs. Portant la queue à droite, le pistolet semi-automatique à gauche, le costume coupé chic aussi bien qu’une paire de jeans usés. Il fumait. Trop. Il possédait un chien sans nom, récupéré un soir d’ivresse amoureuse, sur un trottoir mouillé. L’homme avait de l’humour, les petites rides aux coins de ses yeux en témoignaient, il savait rire. Mais pas avec n’importe qui. La plupart du temps, son visage était hermétique. Il parlait peu.
Elle l’appela Sigmund Kalt, lui colla une ex-femme chinoise, une môme qui croyait encore au Père Noël et rajouta un Douk-douk noir à sa panoplie. Voilà. Non. Il roulerait en Audi A5. Noire. A certaines heures, il pourrait boire un peu trop de bière ou de whisky. Son pistolet serait un Sig Sauer P230. Son surnom, elle le prononça à voix haute : « Sig ».
L’histoire pouvait commencer.
L’article Prologue est apparu en premier sur Impudique Magazine.
Jax Miller est née à New York, et vit désormais en Irlande. Les infâmes, son premier roman traduit dans plus de dix langues, paraît aux Etats-Unis et en Angleterre en 2015. Chez nous aussi, quelle chance !
Extrait choisi
Freedom et les pauvres types
Deux semaines plus tôt
Je m’appelle Freedom, et c’est une soirée comme les autres au bar. Il y a une nouvelle fille, une blonde, seize ans peut-être. Elle a encore les yeux plein de couleur ; ça ne fait pas assez longtemps qu’elle bosse. Ça viendra. Elle aurait bien besoin de manger un morceau, de se remplumer un peu. Je sais qu’elle est nouvelle parce qu’elle a les dents blanches, un joli sourire. Dans un mois ou deux, ses gencives seront tachées de débris noirs, et elle n’aura que la peau sur les os. C’est comme ça dans ce métier. Tout ce qu’il y a de beau dans la jeunesse est bousillé par le désir sordide des hommes et l’asservissement à la came. Ainsi va la vie.
Un motard la tire par ses boucles dorées en direction du parking. L’endroit est trop bondé pour que les gens s’en aperçoivent. L’homme se fond parmi le reste des blousons en cuir et des cheveux gras noués en queue de cheval, foule compacte de l’entrée à la sortie du bar. Mais je m’en aperçois, moi. Je la vois. Et elle me voit aussi, le regard voilé par une expression suppliante, une étincelle d’innocence qui pourrait bien survivre si je fais quelque chose. Mais il faut que je le fasse maintenant.
« Occupe-toi du bar », dis-je, sans m’adresser à personne en particulier. Ma propre agilité me surprend quand je bondis par-dessus le comptoir pour m’engouffrer dans la mêlée, poussant, jouant des coudes et des pieds, criant. Je les retrouve au sillage de parfum laissé par la fille. J’arrache le bouchon rouge du Tabasco d’un coup de dent et le recrache. Le motard ne peut pas me voir arriver derrière lui tandis qu’il essaie de quitter le bar ; il fait bien deux têtes de plus que moi. Je verse une bonne dose de sauce piquante au creux de ma main.
Je possède toujours les vêtements que je portais quand on m’a violée. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je suis complètement maso. Je m’appelle Freedom, Liberté, même s’il est rare que je me sente libre. C’est le marché que j’ai passé avec les pauvres types : je n’accepterais le programme de protection qu’à condition de prendre ce nom. Freedom McFly, même s’ils n’ont pas voulu que je garde le McFly. Ça faisait trop Burger King, d’après eux. Trop années quatre-vingt. Putains de pauvres types.
C’est Freedom Oliver, du coup.
J’habite Painter, dans l’Oregon, un patelin noyé sous les déferlantes de sable, de pluie et de meth, où je travaille dans un bar rock appelé le Whammy Bar. Mes habitués sont des gros lards issus des gangs de motards de la côte Ouest comme les Hells Angels, les Free Souls ou les Gypsy Jokers, qui en pincent pour ma solide carcasse tatouée et en profitent pour me mettre la main au panier.
« Viens voir que j’tâte ton p’tit cul. »
« Viens faire un tour sur mon gros engin. »
« Et si je te croquer, l’Olive ? »
Je cache mon dégoût derrière un sourire qui convainc la foule et bombe un peu plus la poitrine ; ça fait rentrer les pourboires, même si ça me donne la chair de poule. Ils me demandent où j’ai pêché mon accent, et je leur réponds Secausus, dans le New Jersey. En fait, c’est celui d’une banlieue pourrie de Long Island, Mastic Beach. Aucune chance que ces péquenauds fassent la différence, de toute façon.
Je défonce mon parapluie au petit matin après la fin de mon service et la fermeture du bar. Je plisse les yeux dans la pluie d’octobre et la fumée d’une Pall Mall. Je vous jure, il a plu tous les jours depuis que je suis née. A ma gauche, attenant au Whammy Bar, se trouve l’Hôtel Painter. L’enseigne en néon grésille sous la pluie, mais à cause de quelques lettres claquées, on lit « Hôtel Pine ». Pas mal trouvé, vu que c’est un de ces motels glauques avec chambres louées à l’heure offrant un toit branlant à quiconque veut se payer une chatte pas chère. Ces dames sont blotties sous l’auvent de la réception pour s’abriter de la pluie, et me crient au revoir. J’agite la main en retour. Boucles d’or n’est pas là. Tant mieux. Les affaires n’ont plus l’air d’aller fort à cette heure-ci.
Merde à ce parapluie, s’il n’a pas envie de fermer. Je le jette par terre avant de grimper dans un vieux break rouillé jusqu’à l’os. J’enlève mon piercing au nez et écrase mon mégot dans un cendrier plein à ras bord.
« Bordel de Dieu ! » je crie, effrayée par un coup sur la vitre. La condensation m’empêche de voir à l’extérieur, alors je baisse la fenêtre d’un centimètre pour tomber sur deux costards-cravates. « Trouducs de pauvres types. » Ils me regardent comme si j’étais cinglée, j’imagine qu’ils s’y attendent. Les gens ont un mal de chien à comprendre ce que je dis la plupart du temps. « Il est pas un peu tard pour vous ? »
- C’est toi qui nous obliges à nous déplacer toutes les deux minutes, rétorque un des hommes.
- C’était un accident, dis-je avec un haussement d’épaules, en descendant de la voiture.
- Essayer d’aveugler quelqu’un au Tabasco, tu appelles ça un accident ?
- Question de sémantique, Gumm, dis-je en jouant avec mon trousseau de clés. Le type maltraitait une des filles, alors je lui ai mis une gifle. Sauf que j’ai mal visé et que je lui ai touché les yeux. C’est vraiment un hasard si on venait de me renverser du Tabasco sur la main une minute plus tôt… De toute façon, il ne va pas porter plainte, alors je suis désolée que vous ayez fait ce trajet depuis Portland pour rien.
- Tu joues avec le feu, dit Howe.
- Le Tabasco n’a jamais rendu personne aveugle. » Je secoue mes cheveux trempés par la pluie. « Ça fait juste un mal de chien et ça empêche de dormir.
- En tout cas, il était assez remonté pour appeler les flics. Tu serais dans une cellule à l’heure qu’il est, si on n’était pas intervenus, dit Gumm.
- Bah, ça lui irait bien, le bandeau de pirate. » Je les emmène dans le pub fermé, remets le courant et attrape trois Budweister. Ils reluquent les bouteilles. « On se détend. Je dirai rien. » je leur promets.
L’éclairage est faible, presque en mode salle d’interrogatoire, au-dessus du comptoir planté au milieu d’un grand parquet vermoulu où trônent quelques tables de billard. L’air est imprégné d’une odeur de tabac froid, incrustée dans les sillons du bois comme une chanson gravée sur un vinyle. La stéréo s’allume au son de Lynyrd Skynyrd. Les marshals Gumm et Howe récupèrent chacun un tabouret retourné sur le bar, puis s’assoient.
« Tu connais le tarif », dit l’agent Gumm, cheveux poivre et sel, moustache en guidon de vélo, bajoues flasques. Il aimerait mieux être ailleurs, ça se voit. Moi aussi, j’aimerais mieux qu’il soit ailleurs. C’est le tribunal qui les envoie. Merde au système. Qu’on en finisse. On remplira les formulaires, j’aurai droit à un sermon. Retiens bien cet avertissement. Ouais, ouais, je le retiens à fond. A côté de Gumm, l’agent Howe, qui parcourt un dossier tiré d’une enveloppe en papier kraft.
« Comment ça va le boulot, Freedom ?
- Je vous répondrais volontiers un truc bien senti, mais je suis trop crevée pour ces conneries, dis-je en essuyant ma veste en cuir avec un torchon. Tapez-moi sur les doigts et on pourra tous rentrer chez nous, d’accord ?
- Je demandais, c’est tout », maugrée Howe, beau gosse d’une petite quarantaine d’années aux cheveux de jais et aux yeux verts. Je me le taperais bien. Si c’était pas un connard fini, je veux dire. Quoique, je ne suis pas sûre que ça m’arrêterait.
« Laissez tomber vos conneries. Vous avez fait tout ce chemin depuis Portland pour me casser les pieds à cause d’une petite bagarre de rien du tout. »
Ils font rouler leurs bouteilles entre leurs paumes. Gumm se sert de sa manche pour essuyer les gouttes de bière sur le bois. Ils se regardent en haussant les sourcils, l’air de se dire : Tu y vas ou j’y vais ?
« Vous allez cracher le morceau, oui ou non ? » Exaspérée, je me hisse sur le bar devant eux. J’enlève leurs enveloppes de sous mes fesses et je m’assois en tailleur, les genoux à hauteur de leurs yeux.
« Freedom, Matthew a été relâché de prison il y a deux jours. Il a fait appel, et il a gagné », déclare Gumm avec un toussotement forcé.
Mais c’est super chouette, dites donc ! Je pose mes coudes sur les genoux, le menton sur les poings. Quelle expression vais-je feindre ? Va pour l’ignorance, comme si je n’avais aucune idée de quel Matthew on parle. Mais je le sais. C’est pour cette raison que je suis un témoin protégé. Relevant du Programme de Traitement et d’Information pour la Protection des Témoins Exceptionnels. PTI-PTE. Pauvres types. Veinarde que je suis, j’ai été libérée sur un non-lieu définitif, ce qui signifie qu’on ne peut pas me juger deux fois pour le même crime. C’est ce qu’on appelle avoir de la chance dans son malheur.
« Et ? » Je ne veux pas qu’ils s’aperçoivent que mon cœur bat la chamade et que je commence à transpirer.
« Pour une période qui reste à déterminer, nous allons renforcer ta protection, déclare Gumm en se penchant vers moi. Un de nos agents passera te voir toutes les semaines. On te conseille de faire profil bas.
- Encore plus bas que dans un bar de motards du trou du cul du monde, vous voulez dire ?
- C’est pas si cher payé pour avoir tué un flic ? Freedom. »
Et revoilà ces regards mauvais et ces rictus que j’ai bien trop l’habitude de voir chez ces types. « Allez, ça ne te coûtera rien de l’avouer une bonne fois pour toutes. Tu ne peux repasser devant le juge, de toute façon. On sait que c’est toi qui l’as fait.
- Bonne chance pour le prouver. Et merci de m’avoir prévenue, espèces d’enfoirés. » J’avale ma bière et pointe la porte du menton. « Gaffe à la pluie quand vous rentrerez de la grande ville. Je voudrais pas que vous mourriez dans un horrible accident. » Je termine ma bouteille. « Ce serait trop moche. »
Ils comprennent le message, au moins. Parfois ils s’incrustent. Parfois pas. Il y a des moments où ils s’attardent exprès, juste pour m’énerver. « Au fait… » Howe se lève de son tabouret, et ferme son manteau. « Je suis obligé de te poser la question. La procédure, tu sais… » Il parle entre ses dents, comme s’il avait des épines plantées dans le cul.
Je lui épargnerai la peine, ne serait-ce que pour qu’ils déguerpissent plus vite. Leurs dossiers se collent à mes bottes mouillées quand je saute du bar. Je récupère les papiers, et les leur rends. « Vous inquiétez pas, je prends toujours mes médocs. » Un beau mensonge. Et je crois qu’ils le savent, mais qu’ils s’en foutent. « Pas la peine de demander. »
Je pense à Matthew, relâché de prison après dix-huit ans ; dix-huit ans de détention qui ont assuré mes dix-huit ans de liberté.
Seule dans mon appart merdique, j’enlève mes vêtements mouillés et sèche mon corps nu sur les coussins d’un canapé en tweed à l’odeur de moisi. Seule, je pleure. Seule, je regarde une vieille photo de mon défunt mari, Mark, unique rescapée d’un incident impliquant un évier et une boite d’allumettes il y a vingt ans. Seule, j’ouvre une bouteille de whisky. Seule, je murmure deux prénoms dans le noir.
« Ethan. »
« Layla. »
Seule. Connards de pauvres types.
Mon avis
« Alcoolique et suicidaire, Freedom Oliver se cache depuis dix-huit ans dans une petite ville de l’Oregon sous la protection du FBI ». Si vous vous arrêtez à ces deux lignes de résumé ou au bandeau racoleur « Je m’appelle Freedom et j’ai tué ma fille », vous risquez de passer à côté d’un roman coup de poing.
Je vous l’accorde, le décor façon film d’action américain est planté : des flics gros bourrins, des fanatiques religieux dont le gourou est un vrai sadique, les dégénérés de sa belle-famille et au milieu, Freedom qui crève d’avoir abandonné ses deux mômes.
Oubliez vos aprioris et laissez-vous emmener dans cette course-poursuite effrénée ! Jax Miller a le don de filmer l’histoire qu’elle vous raconte. L’écriture est très visuelle et le rythme rapide. Quant à l’intrigue, elle est beaucoup plus complexe que la 4ème de couverture le laisse supposer.
Alors, deux noms à retenir : Freedom Oliver et Jax Miller !
Les infâmes, Jax Miller, éditions Ombres Noires 352 pages 21 €
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claire-Marie Clévy
Régis Descott est auteur de thrillers psychologiques tels que Pavillon 38, Caïn et Adèle, Obscura, L’année du rat, Souviens-toi de m’oublier.
Résumé
Le Dr Morel et six apprentis aux dons mystérieux se retrouvent dans un vaste château, l’Etoile. Le riche propriétaire, Philippe Wolf, souhaite voir disparaître l’esprit qui harcèle sa famille. Que se passe-t-il vraiment en ces lieux perdus au fond des bois ? Des portes claquent, un piano joue sans pianiste.
Extrait
La voiture traversait des paysages que le soleil de novembre n’égayait pas : labours et bosquets aux teintes fauves se détachant sur un ciel bleu pâle, laitières en sursis dans des prés humides, absence d’oiseaux. Quand la route s’enfonçait dans un bois, la luminosité déclinait sur le tapis de feuilles mortes jonchant les bas-côtés. Nous n’avions croisé aucun véhicule depuis les kilomètres.
Assis à la place du mort, le Maître nous tournait le dos, mais à ses yeux, que l’un ou l’autre interceptait parfois dans le rétroviseur, nous voyions bien qu’il jouissait de notre embarras.
La surprise avait eu lieu au petit matin sur le quai de la gare de l’Est, quand chacun d’entre nous, persuadé d’entreprendre ce voyage seul avec lui, avait découvert les cinq autres. Le cou enveloppé d’une écharpe à carreaux, sa veste en mouton retourné tendue sur son ventre proéminent, un sac à ses pieds, il nous attendait devant la voiture 8. On aurait dit un passager s’apprêtant à embarquer à bord du Transsibérien pour Vladivostok, et nous nous préparions pour un voyage aux frontières de l’inconnu plutôt que vers une banale propriété familiale.
Il est probable que nous ayons tous eu le même réflexe en apercevant sa silhouette sur le quai : la joie de le retrouver en ces circonstances, nous qui ne l’avions fréquenté que dans son cabinet de consultation ou des cafés anonymes - et l’étonnement de le voir accompagné.
La plus jolie réaction fut celle de Vicky, arrivée bonne dernière en courant, tandis que quelques minutes avant le départ nous l’attendions encore, gauches et muets, avec le Docteur qui terminait son premier cigare de la journée. Après nous avoir détaillés de ses yeux beiges, la jeune femme manifesta sa surprise à voix haute et, naturelle, spontanée et immédiatement séduisante, rit de s’être crue son unique disciple, exprimant ainsi tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Le coup de sifflet du contrôleur mit un terme à cet intermède.
Une fois assis, chacun se réfugia dans ses pensées, évidemment occupées par la malice du Dr Morel, ce week-end dans un château « habité » où nous devions éprouver nos dons, et surtout les cinq autres, ces inconnus chez qui nous hésitions à voir des semblables ou des rivaux. Mais le train nous entraîna à son allure infernale, laissant derrière lui des panoramas à peine entrevus, tout comme nos interrogations, nos espoirs et nos doutes.
Dans le taxi où nous étions entassés, celui qui se prénommait Clovis, dont les longs membres et la calvitie suggéraient un échassier déplumé, reprocha au Docteur ses cachotteries. Ce dernier, sur le même ton désinvolte, argua de l’humilité nécessaire à tout apprentissage.
- C’est en se confrontant à l’autre qu’on grandit, n’est-ce pas ? poursuivit-il tout en ambiguïté.
« L’autre » : nous-mêmes, mais également la quête qui nous réunissait. Pour rompre le silence, tandis que nous poursuivions notre progression sur cette route déserte, Vicky, la plus sociable - ou en tout cas la plus expansive -, évoqua son métier d’agent immobilier spécialisé dans les produits de luxe à Paris.
- Je fais visiter de beaux appartements à une clientèle bourgeoise qui trouve quelque chose à redire sur tout, précisa-t-elle pour excuse son propre aspect bourgeois qui n’avait gêné personne.
Elle était d’une élégance très sophistiquée pour une partie de campagne, une séductrice sont la volubilité révélait le peu de goût pour la solitude, mais nous lui étions surtout reconnaissants de cette main tendue et de sa voix rauque qui emplissait l’habitacle.
- Et je fais des photos, ajouta-t-elle avec un air de connivence.
Peut-être aurions-nous pu alors deviner la nature de ses images, mais personne ne releva.
Concentré sur la route, le chauffeur, ignorant la particularité de ses passagers, demeurait hermétique à notre conversation.
L’entrain de Vicky finit par être communicatif et, grâce à ses efforts, on sut qu’Evelyne était agent de l’administration fiscale à Bordeaux, Luca cuisinier urgentiste, capable de remplacer à la dernière minute un chef qui faisait défection, et Leila infirmière dans un service de soins palliatifs, profession dont la gravité imposa le respect. Leila qui passa l’essentiel de ce trajet à envoyer des textos, à destination de son fiancé et de ses deux jeunes frères, devions-nous apprendre plus tard.
- Et qu’est-ce qu’il en pense, de tout ça, papa ? demanda Vicky au Docteur.
Derrière ses lunettes à monture épaisse, autant protection que loupes à travers lesquelles elle scrutait le monde, Evelyne se fendit d’un sourire pincé. A l’avant, une main occupée par un cigare éteint, le Maître ne s’embarrassa d’aucune réponse.
Enfin, le véhicule s’arrêta devant un haut portail et le chauffeur descendit pour sonner à l’interphone.
Moins d’une minute plus tard, la grille s’ouvrait et nous nous engagions sur un chemin goudronné, avec l’impression de pénétrer un univers interdit, ou en tout cas étranger.
Mon avis
Dans un château isolé, de pièce en pièce et de portrait en portrait, l’auteur nous balade en instillant le doute. Mais dans quelle réalité sommes-nous ?
Très très belle réussite ! Il est fort dommage que Régis Descott ne bénéficie pas de plus de médiatisation autour de ses œuvres. Vous ai-je déjà dit qu’il était un des maîtres du thriller psychologique ? Vous pouvez le répétez. Et surtout, n’hésitez pas à le lire et à l’offrir !
Les variations fantômes, Régis Descott, éditions JC Lattès 19,50 €
Valérie Tong Cuong signe ici son dixième roman.
Résumé
Un après-midi d’été, Milo, douze ans, fonce à vélo sur une route de campagne. L’ivresse de la descente, un virage, et c’est la chute.
Tandis que l’enfant se bat pour sa vie, c’est toute sa famille qui vole en éclats. Milo était censé réviser ses cours d’histoire avec sa jeune tante. Que faisait-il sur cette route ?
Prologue
Elle se retourne, sourit, inspire avec lenteur pour souligner l’importance de l’entreprise. Se remet en position, tête inclinée. Prête à partir.
Et puis non.
- Attends, souffle-t-elle, sourcils froncés.
Elle rajuste sa robe à damiers, les champs habillent les collines à perte de vue. Les maïs sont à hauteur d’homme, les tournesols brûlés. Dans deux ou trois jours au plus, les tracteurs déploieront leurs bataillons. Les roues écraseront la terre, arracheront les tiges, broieront les feuilles avec sauvagerie.
- Cinq, quatre, trois, deux, un, décompte Milo avec sérieux.
Marguerite s’élance.
Un battement de cils et déjà, il l’a perdue de vue.
La route serpente et disparaît sur une centaine de mètres dans le sous-bois, réapparait puis s’enfonce à nouveau dans les champs.
Le garçon n’aime pas ce moment où il ne la voit plus, ne l’entend plus. Il se sent seul, vulnérable, minuscule face au monde immobile.
Mais la voici qui surgit, tache rouge et blanche sur le lacet de bitume.
- Deux minutes quarante-six ! hurle-t-il joyeusement, comme si elle pouvait l’entendre.
Peine perdue, elle est beaucoup trop loin.
Elle agite les bras : Allez, Milo, à ton tour, descends !
Alors il enfourche son vélo, un vélo bleu avec des étoiles blanches peintes sur le cadre, il courbe les épaules, contracte ses muscles, murmure pour lui-même, Fonce, mon petit vieux, fonce !
Les joues giflées de vent et de soleil, la nuque moite et la mâchoire serrée, il pédale de toutes ses forces. Il ne s’agit pas de compétition ni de record à battre, seulement de vitesse, d’ivresse, il est saoul sur la petite route de campagne, saoul Milo de désir enfantin, de joie, de légèreté, saoul de bonheur - une seconde avant l’impact, il rit encore bouche grande ouverte en pédalant.
Puis tout se brise.
Mon avis
Plutôt qu’en rajouter sur la façon dont Valérie Tong Cuong a évoqué le cheminement des uns et des autres vers le pardon, j’aimerais mettre l’accent sur le personnage-clé de ce drame familial : Marguerite.
L’auteur a su mettre en scène une jeune femme qui, pour exister aux yeux des autres et survivre aux siens, s’est condamnée à mentir. Ce que je retiens de ce roman, c’est l’angle d’approche de la résilience. Pour survivre, Marguerite s’est inventée une vie factice. Ici, le choc provoqué par l’accident de Milo et l’amour d’un homme l’aideront à oser dire sa vérité, à se voir comme une femme capable de réaliser de belles choses, à vivre, enfin.
Bravo à Valérie Tong Cuong pour avoir su éviter la surenchère ! Et merci pour cette leçon de vie !
Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong, éditions JC Lattès 19 €
Vu sur Dresser un ou une esclave consentante, Eros Power
L’auteur, Eros Power, m’a adressé ce guide, Dresser un ou une esclave consentante, il y a plusieurs mois. Après en avoir lu quelques pages et l’avoir laissé de côté pour privilégier des œuvres de fiction, je me suis penchée à nouveau sur ses 177 pages (selon ma liseuse) et les ai terminées aujourd’hui. Il s’agit […]
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Vu sur Les Yeux bandés, Clarissa Rivière
Quatre textes composent ce recueil, Les Yeux bandés, écrit par Clarissa Rivière. Je connaissais déjà la deuxième, Massage à quatre mains. C’est le texte que j’aime le moins, car il lui manque un contexte. Dans le premier texte, Jour de grève, c’est la goujaterie finale qui m’a plu, parce que le texte me semblait jusque […]
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Monique Ayoun est romancière et journaliste. Elle est l’auteur de Mon Algérie, Le radeau du désir et Histoire de mes seins.
L’amant de Prague est son troisième roman.
Extrait
… et prise de nostalgie aiguë, Carla composa lentement le numéro de Peter. Cette fois, elle avait tenu très longtemps !
C’était le trente-deuxième jour après son départ. Elle le savait grâce à sa montre-calendrier. La sonnerie retentit, voilée par la distance. Une peur excitante faisait battre ses tempes. Qu’allait-elle lui dire ? Surtout, pas un mot de leur rupture. C’était oublié. Et s’il était furieux de l’entendre ? Et si une femme répondait ? Et s’il n’était plus là ?
Il était là. C’est lui qui décrocha tout de suite, dès la première sonnerie. Elle retrouva avec émotion sa voix rauque et profonde. Lui ne prononçait jamais aucun mot d’amour, mais quelle tendresse contenue dans chacune de ses phrases ! Il semblait lui aussi avoir oublié leur dernière scène. Il n’était pas du tout furieux. Il parlait avec enthousiasme du pays. Les gens, le temps, tout était formidable. Il ne lui demandait pas de venir, c’est vrai, mais elle le sentait ému de l’entendre et lorsqu’elle évoqua son désir de le rejoindre, il ne dit ni oui ni non mais lui donna tous les détails pratiques pour le faire. Le jour même elle achetait son billet pour Prague.
Résumé
Prague.
Carla est venue retrouver son bel amant, Peter, dans la ville aux mille tours et aux mille clochers. Elle est exubérante, spontanée, solaire, passionnelle, Peter est son contraire. Est-ce qu’il l’attend ou est-ce qu’il n’a pas du tout envie de la revoir ? Il s’est passé plus de trente-deux jours depuis son départ.
Mon avis
Un sujet rarement abordé - le comportement passif-agressif dans le couple - et puis Prague, la ville aux mille tours et aux mille clochers, et Kafka, l’écrivain hypersensible tel Peter, le personnage masculin du roman.
Carla aime Peter qui ne l’aime pas. Tous les deux souffrent des silences de Peter, de son apparente indifférence, de sa colère rentrée qui les entraînent dans une relation sadomasochiste dont l’issue se devine très vite. Peter se soumet aux désirs sexuels de Carla jusqu’à l’orgasme. Mais à quel prix ?
Au-delà de cette relation passionnelle qui tourne en rond, s’égare dans les rues et ruelles de Prague et s’emmêle aux mots de Kakfa, il n’existe pas de réelle intrigue, dommage. Le roman semble inachevé. J’aurais aimé plus de profondeur dans la psychologie des personnages. L’écriture est belle mais la lectrice que je suis est restée sur sa faim.
L’amant de Prague, Monique Ayoun, éditions La Grande Ourse 15, 50 €
Le premier septembre aura lieu l’opération « J’achète un livre de SFFFH francophone », dont le but est de mettre en valeur les livres de fantasy, SF et horreur écrits en français, souvent peu connus des lecteurs. Cette invasion des grenouilles m’a permis, l’année dernière, de découvrir un auteur formidable, Jean-Philippe Jaworski, dont vous pouvez lire une … Read More →
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Graphiste puis scénariste, Jérôme Fansten travaille actuellement à plusieurs longs métrages. Il a déjà publié Les Chiens du paradis et Les Chiens du purgatoire aux éditions Anne Carrière, L’amour viendra, petite ! aux éditions Flamant Noir.
Résumé
Des jumeaux se partagent la même identité, l’entité.
Enceinte après un viol, leur mère s’est enfermée chez elle et n’en est jamais ressortie. C’est là qu’elle leur a donné naissance. Un seul d’entre eux a été déclaré à l’état civil : Jérôme Fansten. Plus de trente ans après leur naissance, ils recherchent les cinq hommes qui ont violé leur mère. Leur but : la vengeance. Rien ne peut leur arriver, ils ne sont qu’un. Mais la vie est joueuse.
Extrait
15/09/2012
Tout est rose, les fringues, les sushis, la musique, même le vin - une muqueuse high-tech géante : Pathé organise une soirée promo pour l’un de ses blockbusters. Et c’est bruyant. Le nombre de naufrages dans l’industrie cinématographique ne pousse pas les vainqueurs à la modestie. Ni les vaincus, d’ailleurs. C’est l’un des rares domaines à ma connaissance où même les losers continuent de se prendre au sérieux.
La poussière ondule dans un rai de lumière. Paraît que 80 % de ces petites merdes en suspension sont des particules de peau morte. Ou des poils. Ou des fragments d’insectes.
Mon tee-shirt est humide. Autour de moi, à vue de nez, sept tonnes huit de Parisiens. La lumière vient de lampes Soleil Foscarini, mais les squames qui voltigent dedans avec leur cortège de pellicules et de dermatoses restent d’origine inconnue : je ne connais pas la moitié des enfoirés qui se trouvent ici.
La clim est en rade. Ou alors c’est moi qui suis nerveux. Je m’éponge le front.
Je m’appelle Jérôme Fansten. Je suis scénariste et romancier. Entre autres.
Mon client N° 1 court partout, plus fébrile encore que d’habitude.
Il me dit :
- T’as vu ce monde ! C’est pour quel film ?
- J’en sais rien.
- T’as ma came ?
De la cocaïne coupée avec du magnésium et du zinc, et un composé de vitamines B (B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9 et B12). Les jours où N° 1 tombe sous les 14/9 de tension, il mélange l’ensemble avec du sérum physiologique et se l’injecte en sous-cutané dans le gras du mollet. Ça lui permet de réaliser des films et de faire courir les techniciens dans tous les sens. Je lui vends sur commande et toujours des quantités suffisantes pour ne pas avoir à le ravitailler avant dix jours.
N° 1 lève le bras et se fige. Un paratonnerre n’attend pas l’orage avec moins de rigidité. Dans le fond, un orgue synthétique balance une toccata post-rock qui fait trembler les murs.
N° 1 me dit :
- Tu connais John Cazale ?
- Oui.
- Il n’a joué que dans cinq films. Conversation secrète, Le Parrain, Le Parrain 2, Un après-midi de chien et Voyage au bout de l’enfer.
- …
- Ce sont les seuls films dans lesquels il a joué. Rien que des chefs-d’œuvre !
N° 1 éclate de rire et me donne une grande claque dans le dos :
- Tu te rends compte ? CE MEC A PROPORTIONNELLEMENT LA FILMOGRAPHIE LA PLUS DINGUE DU CINEMA !
Hum… ? Reprenons…
La poussière ondule dans un rai de lumière. Des fragments d’insectes. Ou des PNC, des particules de 0,5 à 30 microns… ou…
La toccata me fait mal au bide et je m’éloigne des caissons de basse. Une journaliste m’intercepte. On discute. Impossible de lui cacher les blessures d’ego du scénariste, dont personne ne peut se passer mais que tout le monde utilise comme fusible ou comme paillasson.
Je lui dis que, d’un point de vue éthologique, le scénariste se distingue par la complexité de son statut social, l’utilisation d’un langage articulé trop élaboré pour 99 % de ses interlocuteurs, ainsi que l’aptitude de son système cognitif à l’abstraction et à l’introspection - voire au je-m-en-foutisme ou à la putasserie, surtout dans le cinéma français où tout le monde se torche de dramaturgie.
Elle me dit :
- Ça vous fait quoi de cracher dans la soupe ?
Je lui dis :
- C’est un très bon moyen de la rallonger.
Elle sourit. C’est fun d’être fun. Juste après le sadisme, le cynisme est LE trait du hype contemporain.
Elle me dit :
- Vous êtes drôle…
Evidemment. Je lui dis :
- Vous connaissez Donald Westlake ?
- Qui ?
- Westlake.
- Ça me rappelle quelque chose.
Elle ajoute, tout sucrée, en tortillant une mèche de cheveux :
- Il a fait quoi exactement ?
- Des polars.
Des polars et des romans noirs, parmi les plus corrosifs. Je lui cite du Westlake dans le texte :
« Très bien. Parlons du comique. C’est quoi, le comique ?
- Faire rire les gens.
- Oui, mais allons plus loin. C’est quoi le comique, vraiment ?
- Une forme d’acceptation. L’auteur comique fait rire les gens. Alors ils ne le tuent pas. »
Elle me regarde. Je la regarde. Enfin, je regarde surtout la blonde qui passe derrière elle. Une Barbie toute de porcelaine et de silicone. La carcasse est d’occasion, le sourire, en revanche, est flambant neuf. Et trop spontané pour dissimuler les peurs de la veille : la bimbo a galéré pour arriver là, elle avance dans les strass et la lumière sans cacher son bonheur. Déjà les mâles s’échauffent la braguette à l’idée d’abuser de sa confusion.
La journaliste attend que je relance la conversation. Je l’intéresse, forcément, puisque j’ai l’air de lui donner de l’importance. Elle porte une veste de smoking en laine, et satin The Kooples et un pantalon en coton Versace - la hanche est large et donne à son cul la forme d’un porche gothique.
Mon avis
Comment vous présenter l’œuvre de Jérôme Fansten ? Si vous vous attendez à une écriture classique, vous allez être déçus. Laissez-vous faire, l’auteur va vous entraîner dans un univers noir où l’amour pourrait être l’unique porte de sortie.
Quelle plume ! Quel rythme ! Une couleur unique : le noir Fansten ! Je l’attendais. Et vous ?
Si vous n’êtes pas frileux, osez !
Manuel de dramaturgie à l’usage des assassins, Jérôme Fansten, éditions Anne Carrière 350 pages 21 €
Ecrivain américain habitué aux listes de best-sellers, Jeffery Deaver est l’auteur d’une vingtaine de romans, traduits en plus de trente-cinq langues. Il a été récompensé par les prix les plus prestigieux de la littérature policière.
Il est aussi connu pour sa série mettant en scène les personnages de Lincoln Rhyme et Amelia Sachs, réunis pour la première fois dans Le Désosseur, roman adapté au cinéma dans un film où étaient réunis Denzel Washington et Angelina Jolie : Bone Collector (réalisateur Phillip Noyce).
Mon avis
Où est le vrai ? Où est le faux ? Une nouvelle où vous ne trouverez pas de meurtres sanglants ou de psychopathes mais un suspense hitchcockien. Les personnages sont tous crédibles et en paraissent d’autant plus réels. Jeffery Deaver est redoutable, vous êtes prévenus !
De quoi passer un très bon moment de lecture.
Résumé
Hermosillo, Mexique.
Alonso Maria Carillo, dit Cuchillo (le Couteau), jouit d’une réputation de parrain cruel et très efficace. On ne lui connaît qu’un seul vice : sa passion pour les livres rares. Il en possède des milliers qu’il collectionne et conserve dans une immense bibliothèque.
Quand un contrat est mis sur sa tête, Evans et Diaz, les deux hommes chargés de le tuer, trouvent la solution idéale : le brûler au milieu de tous ses livres. Mais comment approcher Cuchillo et atteindre cette bibliothèque ?
Extrait
Mercredi
Ils s’étaient rencontrés pour la première fois la veille au soir et à présent, en ce milieu de matinée, ils commençaient enfin à se laisser un peu aller, à se détendre, à se faire confiance. Presque confiance.
C’était comme ça quand on avait pour coéquipier un inconnu et que vous aviez reçu l’ordre d’éliminer une cible.
- Il fait toujours une chaleur pareille, ici ? demanda P. Z. Evans en plissant les yeux à cause du soleil.
Ses Ray-Ban aux verres teintés ne lui étaient d’aucune utilité.
- Non.
- Heureusement.
- En général, il fait encore plus chaud, répondit Alejo Diaz avec un accent chantant.
- Sans déconner.
C’était le mois de mai et il faisait trente-six degrés. Ils se trouvaient sur Zaragoza Plaza, une place
pittoresque où trônaient les statues de deux hommes austères ; des généraux, avait appris Evans. Il y avait aussi une cathédrale.
Et puis ce soleil… brûlant comme une nappe de pétrole en feu.
Evans avait pris l’avion pour Hermosillo à Washington, la ville où il vivait quand il n’était pas en mission. Là-haut, dans la capitale, la température était agréable et avoisinait les vingt-trois degrés.
- Il peut faire assez chaud, en été, reprit Diaz.
- Assez chaud ? répéta Evans.
- Amis en même temps… T’es déjà allé en Arizona ?
- J’ai joué au golf à Scottsdale, une fois.
- Scottsdale, c’est à environ cinq cent cinquante kilomètres au nord. Imagine. On est en plein milieu du désert ici. C’est obligé qu’il fasse chaud. Tu t’attendais à quoi ?
- J’ai joué seulement six trous, dit Evans.
- Quoi ?
- En Arizona. Pour que j’arrête au bout de six trous… J’ai cru que j’allais crever. Pourtant, on avait commencé la partie à sept heures du matin. Tu joues au golf ?
- Moi ? T’es dingue ! Il fait trop chaud ici, répondit Diaz en souriant.
Evans sirotait un coca en bouteille dont il avait soigneusement essuyé le goulot avec une lingette désinfectante. On disait qu’Hermosillo, capitale du Sonora, était la seule ville du Mexique qui traitait son eau. La glace où l’on conservait les bouteilles était donc probablement sans risques.
Probablement.
Il essuya de nouveau le goulot. Il regretta de ne pas avoir acheté une mignonette de Jack Daniels en guise de désinfectant. Les lingettes donnaient un goût dégueulasse.
Diaz, lui, buvait du café, additionné de trois ou quatre sucres. Du café chaud, pas glacé. Evans n’arrivait pas à comprendre ça. Chez lui, il était accro à Starbucks et quand il se déplaçait dans les pays du tiers-monde, il buvait toujours du café (parce qu’on n’attrapait pas la dysenterie quand l’eau avait bouilli), mais ici, il n’en avait pas avalé une goutte. Il n’imaginait même pas toucher de nouveau à une boisson chaude. La sueur coulait sous ses bras, le long de son temps et de son entrejambe. Il était certain qu’il transpirait même des oreilles.
Châtié par le feu, Jeffery Deaver, éditions Ombres Noires 128 pages 6 €
Traduction de Périnne Chambon
En 1915, Samuel Dashiell Hammett est embauché par la Pinkerton, la plus grande agence de détectives privés américaine de l’époque. Ce nouveau job déterminera le reste de sa vie de manière décisive, puis sera la principale source d’inspiration de son œuvre future. Considéré comme le fondateur du roman noir, Dashiell Hammett est notamment l’auteur du Faucon Maltais, rendu célèbre grâce au film éponyme de John Huston.
100 ans plus tard, ce recueil lui rend hommage, à travers huit nouvelles décalées, mélancoliques, sociales, humoristiques ou politiques, mais toutes délectables.
Mon avis :
Des nouvelles à la saveur inégale dont certaines mériteraient d’être adaptées au cinéma telles que Poissons rouges, Chariot dans la neige, Jamais Plus ! et, ô combien, la très belle histoire de La fille de Big Bill Shelley.
A savourer au coin du feu, en buvant un bon whisky, par exemple.
Extrait choisi, La fille de Big Bill Shelley de Tim Willock
Titre original : The Daughter of Big Bill Shelley.
Traduit de l’anglais par Natalie Beunat
Je suis la femme la plus âgée d’Amérique, d’ailleurs c’est ce que les gens n’arrêtent pas de me seriner, comme si j’avais besoin d’être prise pour une bête curieuse. Après tout ce que j’ai vu dans ma vie, il m’est impossible de ressentir la moindre tendresse pour l’espèce humaine, même si j’avoue me souvenir d’un ou deux spécimens avec admiration.
Tu sais, je ne suis pas une de ces gentilles petites vieilles, pas plus que je n’ai été une gentille petite fille. Comme le disait mon père, « quand on est gentil, on se fait marcher sur les pieds », ce qui ne veut pas dire qu’il prônait la méchanceté, car je l’ai vu plus d’une fois partager son dernier morceau de pain avec celle ou celui qui mourait de faim. Pour ce qui est du pain, ou plutôt du sandwich, je te raconterai, en temps voulu, une autre histoire.
Quant à mon père, ils l’ont tué sous mes yeux, dans la rivière, le 6 septembre 1915, à Butte dans le Montana. Ils l’ont frappé à la tête avec le manche d’une hache. Ils l’ont encerclé et sont restés là, à rire et à boire pendant qu’ils le regardaient se noyer.
Je vais t’expliquer comment j’ai obtenu justice pour ce meurtre. Que j’y sois ou non parvenue, je te laisserai en juger, parce que moi, honnêtement, je ne sais plus. Me suis-je persuadée que j’avais réussi ? Fort heureusement, je n’aurai plus à me poser la question bien longtemps.
J’avais quatorze ans, et nous avions rejoint le Montana en grimpant dans des trains de marchandises de la Great Northern qui partaient de Saint Paul. Avant ça, nous étions remontés au nord, à Chicago, en empruntant l’Illinois Central au départ de Jackson, Mississipi, où mon père avait réorganisé le syndicat des ouvriers des abattoirs et les avait accompagnés au cours de leur première grève, courte mais sanglante. Et ils avaient gagné. Ce trajet représentait 3000 kilomètres en chemin de fer. Aujourd’hui, en avion, cela te prendrait quelques heures. Nous, il nous a fallu presque deux semaines, et ces wagons de marchandises nous secouaient les os, la cervelle et les reins sans discontinuer. Imagine-toi un peu les vigiles de la compagnie ferroviaire prêts à nous fendre le crâne chaque fois qu’on entrait en gare de triage, tandis que nous devions négocier le moindre bout de plancher avec toutes sortes de vagabonds, de desperados et de cinglés, et moi qui étais encore à apprendre à me débrouiller avec mes règles : oui, voilà ce qu’on appelle voyager à la dure.
Bon, tu dois te demander quel genre de père il était pour infliger de telles épreuves à sa fille ? Et je pourrais te répondre que ce ne sont pas tes oignons, mais je me contenterai de dire qu’il a été le meilleur père qu’une fille puisse avoir. Le meilleur de mon éducation, c’est lui qui me l’a donné, et cela bien qu’un peu plus tard je sois sortie diplômée de l’université de Stanford en Californie, avec mention très bien. A cette époque, je n’étais que la troisième femme à réussir à me hisser dans leur palmarès, juste parce que j’avais obtenu des résultats largement supérieurs à ceux de l’étudiant mâle le plus doué de la promo de cette année-là - 1924 -, ils n’avaient guère eu le choix, pas vrai ? Et je ne veux pas simplement dire par là que mon père m’a enseigné toutes les techniques de survie et comment avoir le courage de ses opinions, ce dernier point étant essentiel, et, au fond, le seul qui compte véritablement. Non. Mon père emportait plus volontiers des livres que des vivres et, dans ces wagons de marchandises, il m’a fait découvrir pas à pas les œuvres de Jack London et de William Shakespeare, de Charles Darwin et des sœurs Brontë, et, est-il besoin de le préciser, celles de Mark Twain et Karl Marx.
Hammett détective, Stéphanie Benson, Benjamin et Julien Guérif, Jérôme Leroy, Marcus Malte, Jean-Hugues Oppel, Benoît Séverac, Marc Vilard et Tim Willocks, éditions Syros 240 pages 15,90 €
Vu sur Le Maître de jet, Marie Laurent
J’ai découvert l’écriture de Marie Laurent avec le manuscrit du Maître de jet, qui m’a tout de suite plu. Ce n’est qu’ensuite que j’ai lu plusieurs autres textes de l’auteure, comme La Mouche d’Éléonore ou Deux nuances de brocoli (chez Artalys). Marie Laurent est l’auteur de plusieurs romans sentimentaux. Le Maître de jet est cependant […]
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Vu sur Lieu de cul(te), Miss Kat
Je suis les publications de Miss Kat depuis le tout début et c’est avec joie que j’ai accueilli sa nouvelle Lieu de cul(te) dans la collection e-ros. Une journaliste consciencieuse est déçue par l’enquête qu’elle a menée sur les sociétés secrètes. Une semaine à la campagne lui permet de se ressourcer. Or, c’est dans le […]
Cet article provient de Littérature érotique
Vu sur Le roi des fées, Marc Cholodenko
En plaçant mes livres dans des cartons, j’en ai mis de côté quelques-uns, jamais lus, parce qu’ils me tentaient plus que d’autres et parce qu’il me serait ainsi possible de meubler du temps ici ou là en les lisant. Parmi ces livres, j’ai sélectionné Le roi des fées de Marc Cholodenko que l’on m’a donné […]
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Vu sur AT Fantasmes 2 – le musicien, l’auto-stoppeuse
Un AT sur le thème du triolisme se termine dans une quinzaine de jours. Plutôt que de lancer le nouvel AT à ce moment-là, parce que je risque d’être alors particulièrement occupée et parce que des auteurs ont pu me poser la question des « professions » ou « activités » choisies pour le second volume Fantasmes, j’anticipe sur […]
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Vu sur Nuits indiennes, BD de Labrémure et Artoupan
Si j’ai acheté cette BD, il y a quelques jours, en flânant dans une librairie, c’est pour ses illustrations que je trouve splendides. Peut-être aussi parce que le personnage en premier plan, sur la couverture, est une femme rousse ? La pie voleuse a en effet énormément de charme… Je n’avais pas réalisé alors que […]
Cet article provient de Littérature érotique
Traduite en huit langues, Inger Wolf est l’auteur de sept romans mettant en scène le commissaire Daniel Trokic, dont Nid de guêpes et Mauvaises eaux déjà parus chez Mirobole.
Résumé
Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Århus au Danemark. Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on retrouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalée sur la poitrine.
Le commissaire Trokic enquête. Un brillant chercheur en psychiatrie a disparu depuis huit semaines. Les affaires seraient-elles liées ?
Extrait
La clairière qui s’étendait devant le commissaire de la police criminelle Daniel Trokic baignait dans une humidité glaciale. A chaque expiration, son souffle se transformait en un petit nuage au contact de l’air. Un silence de cathédrale s’était abattu sur la forêt dès l’instant où il avait franchi au volant de sa Peugeot la barrière route qui, d’ordinaire, préservait ces lieux des bruits de moteurs de la civilisation. Le son étouffé des basses du groupe de métal Rammstein s’échappait par sa vitre à demi baissée et se mêlait à la brume. Pourtant, aucun des hommes présents sur place ne lui fit la moindre remarque à ce propos au moment où il les rejoignit sur la scène de crime après s’être faufilé sous la bandelette en plastique bicolore. Soit parce qu’ils n’avaient pas prêté attention à la musique, soit parce qu’ils l’avaient trouvée de circonstance. Il eut l’impression de débarquer dans un endroit vierge et sauvage où aucun être humain n’avait encore mis les pieds. Cette nuit-là, il avait fait un rêve étrangement prémonitoire. A propos d’une forêt envahie par des lapins gris cendré. Un rêve désagréable et récurrent auquel il avait été arraché par la sonnerie de son téléphone lorsque l’officier de garde l’avait appelé pour l’informer qu’on venait de découvrir un cadavre. Torben Bach, le médecin légiste, portait des gants en latex et des couvre-chaussures en plastique bleu ciel, de même que les deux techniciens de la police scientifique chargés de prendre des clichés et de procéder aux relevés.
« Qui est-ce ? leur demanda Trokic.
- On l’ignore pour l’instant, répondit l’un des techniciens. On n’a trouvé aucune pièce d’identité sur elle. »
Près de Trokic, une jeune femme reposait sur le dos, ses cheveux blonds étalés telle une auréole autour de son visage. Ses yeux - l’un marron, l’autre bleu - fixaient un point perdu dans les profondeurs du bois, éteints et exsangues, comme recouverts d’une pellicule laiteuse. Trokic eut envie d’étendre une couverture sur elle.
Cependant, ce qui lui sauta aux yeux en contemplant la défunte, ce fut la poignée de fleurs blanchâtres - rassemblées de façon trop désordonnée sur sa poitrine. Cette mise en scène lui parut pitoyable et grotesque à la fois. Etait-elle censée représenter une mariée ?
Mon avis
Des thrillers danois, il en existe des flopées. Mais Inger Wolf apporte une touche particulière. Ce détail dans cette phrase qui te fait sursauter alors que tu ne t’y attendais pas. Rare dans l’univers du thriller ! Après avoir lu ces pages, tu devrais avoir moins envie d’aller te balader sur une plage isolée, en septembre. Mais pour l’heure, n’hésite pas à plonger, c’est un pur régal !
Noir septembre, Inger Wolf, éditions Mirobole 352 pages 21 €
Traduit du danois par Frédéric Fourreau
Christoffer Carlsson est né en 1986. Titulaire d’un doctorat de criminologie, il enseigne cette discipline. En 2012, l’European Society of Criminology lui a décerné le Young Criminologist Award pour son travail de recherche sur la rédemption des anciens criminels.
Le syndrome du pire a été élu roman policier de l’année 2013 par l’Académie des auteurs du roman policier suédois. Ce prix a déjà récompensé de grands noms du polar tels Stieg Larsson, Henning Mankell, Johan Theorin ou encore Åke Edwardson.
Résumé
Stockholm, fin de l’été 2013.
Une jeune droguée, Rebecca Salomonsson, est abattue dans un foyer pour femmes. Trois étages plus haut, dans son appartement, Leo Junker est réveillé par les lumières des voitures de police. Flic, il travaille aux affaires internes, la division la plus mal vue, celle des « rats » qui enquêtent sur leurs collègues.
Suspendu depuis « L’affaire Gotland », au cours de laquelle il a commis une erreur qui a coûté la vie à un policier, rongé par la culpabilité, Leo s’étiole dans son nouveau job. Alcool, errances nocturnes, sa vie ressemble à un lent naufrage. Mais un indice le frappe dans le meurtre de Rebecca et fait resurgir dans sa mémoire des personnages troubles de son adolescence : Julia et John Grimberg.
Extrait
Je traîne devant ta porte, comme je le faisais il y a un paquet d’années. Sauf que ce n’est plus ta porte, tu n’es pas ici. Tu n’es plus ici depuis longtemps. Je le sais parce que je te suis. Je suis seul ici. Et je ne suis même pas réellement ici. Tu ne me connais pas. Personne ne me connaît. Plus maintenant. Personne ne sait qui je suis.
Tu sens que quelque chose cloche, que quelque chose est sur le point de se produire ? Tu te souviens de l’époque consignée dans ces papes, mais tu choisis de l’ignorer, pas vrai ? Je le sais, parce je suis exactement comme toi. Ces rares fois où le passé surgit dans ta vie quotidienne, tu le reconnais. Tu le reconnais parce que tu n’es pas sûr de ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas, parce que tout devient flou au fil du temps.
Je t’écris ceci pour te dire que tout ce que tu penses est vrai, mais pas nécessairement de la manière dont tu le penses. Si je le fais, c’est pour te raconter toute l’histoire.
Mon avis
Oui, l’histoire du passé qui resurgit, on nous la déjà faite, qui plus est, mêlée à celle du flic rongé par la culpabilité. Sauf que cette intrigue t’est servie par Christoffer Carlsson, docteur en criminologie, et qu’il va t’entraîner exactement là où il le souhaite : dans les méandres de la folie.
Quelle puissance narrative ! Quelle maîtrise ! Quel plaisir !
Le syndrome du pire, Christoffer Carlsson, éditions Ombres noires 354 pages 21 €
Quentin Mouron est poète, noveliste et romancier suisse et canadien. Après Au point d’effusion des égouts (2011), puis Notre-Dame-de-la-Merci (2012) et La combustion humaine (2014), Trois gouttes de sang et un nuage de coke est son premier roman publié en France.
Résumé
Watertown, banlieue de Boston, novembre 2013.
Un vieux bonhomme est retrouvé assassiné dans son pickup. Le shérif McCarthy mène l’enquête. Franck aussi. Détective cocaïnomane, avide de nouvelles sensations, il parcourt la ville en l’embrasant ici ou là.
Extrait
Le pick-up noir est stationné à l’angle de la rue Parker et de la rue Mount Auburn. Le vieux Jimmy Henderson a laissé tourner et il finit d’engloutir la part de pizza au peperoni achetée dans le resto qui fait l’angle. L’habitacle sent la friture, le sang frais, le tabac froid. Des emballages de nourriture et de boissons jonchent le sol. Un morceau de carcasse de cerf enveloppé dans du plastique est posé sur le siège passager. Un fusil de chasse – Winchester calibre 12 à pompe – est appuyé contre le tableau de bord. Suspendu au rétroviseur, un désodorisant en forme de Christ crucifié.
La rue Mount Auburn est calme. L’épicerie vient de fermer et la nuit est tombée. Dans son rétroviseur, Jimmy regarde la Première Eglise Baptiste transformée en appartements milieu de gamme. Les familles du quartier se le disputent. Il a connu l’une d’elle, les Wallace. L’époux est mort : il bricolait une vieille Corvette dans le garage d’un ami quand un coup de tournevis maladroit a fait pisser le réservoir d’essence. Il avait une clope au bec et tout a explosé. Sa veuve pleure encore. L’urne funéraire est posée sur la table. « On dîne chaque soir en tête à tête. » La Première Eglise Baptiste a été construite au début du XXe siècle. Enorme, trapue, carrée, elle n’a ni le charme dépouillé de certains petits temples de Boston, ni la raide majesté de l’Eglise de la Sainte-Croix. C’est le décor parfait pour les drames modestes, parfait pour l’alcoolisme de celui-ci, la passion du jeu de celui-là, les tromperies, parfait pour la mère Wallace qui larmoie devant son urne. Pour le vieux Jim, depuis la rue, la scène est amusante. De l’intérieur, à la table, par les yeux de la veuve, tout change de consistance. On ne peut pas lui demander de rire.
Jimmy allume ses phares. Il va repartir quand il aperçoit la silhouette d’un homme qui remonte vers Mount Auburn depuis le bout de la rue Parker. Un homme qui n’est pas de ceux que l’on croise à Watertown. Il est têtu avec trop de soin. Ici on s’habille, bien sûr. Les grandes familles du centre donnent des cocktails et on y vient en smoking – ce n’est pas la campagne. Mais les huiles qui se rendent à ces soirées ont toujours quelque chose d’apprêté, de forcé, d’ostensible. L’homme qui s’approche est élégant. Son manteau noir est sobre mais parfaitement coupé. Son pantalon aussi. Il porte des gants. Ses chaussures sont vernies. Il se rapproche. Jimmy distingue son visage. Une trentaine d’années. C’est un bel homme. Ses cheveux sont foncés. Ses yeux clairs. Les traits sont réguliers. L’homme s’arrête à la hauteur du pick-up. « Bonsoir » balbutie Jimmy. L’homme s’incline légèrement.
Mon avis
Quentin Mouron utilise le polar pour nous faire passer de l’autre côté des fenêtres, des paravents et des masques, là où la vie et la mort des uns et des autres se jouent, surtout celles des autres. Ses personnages sont désenchantés et désespérés, les différents univers dépeints le sont mieux qu’au cinéma. Une plume acerbe comme je les aime. Encore !
Trois gouttes de sang, Quentin Mouron, éditions de la Grande Ourse 224 pages 18 €
Vu sur Extraits gratuits : la rentrée littéraire de la collection e-ros
C’est devenu une tradition : à l’approche de la rentrée, la collection e-ros sort son livre d’extraits gratuits qui permet aux lecteurs de découvrir les titres à paraître de fin août à la fin de l’automne. En l’occurrence, en cette année 2015, vous pourrez lire quelques pages du roman de Marie Laurent, Le Maître de […]
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Vu sur Fantasmes 1, Collectif
Fantasmes 1 – L’hôtesse de l’air, Le Surfeur vient de paraître dans la collection e-ros & bagatelle des éditions Dominique Leroy. Les huit nouvelles érotiques qui le constituent ont fait l’objet d’une sélection à partir d’un appel à textes lancé il y a plusieurs mois sur ce blog. Il y a eu assez peu de […]
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Vu sur Valentine ou Les Elfes du petit bois, RosaBonnet
RosaBonnet a publié pour la première fois dans la collection e-ros en septembre dernier, c’était une nouvelle dans le collectif Rondes et sensuelles 1 intitulée Une Folie d’escarpins. Depuis, deux autres textes sont sortis dans la collection e-ros & bagatelle : Massage à l’indienne et Jardin secret. D’autres textes de l’auteure seront à lire en […]
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Vu sur Désirs d’évasions
Je viens de lire, dans une salle d’attente moite, Désirs d’évasions. Un désir contagieux ! Faute de pouvoir bouger de ma chaise, je me suis évadée avec cette lecture. Aucun auteur inconnu dans ce recueil (même si Vagant y publie son premier texte, il est prévu de longue date que vous pourrez le lire prochainement […]
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Pour vous laisser le temps de composer, j’ai décidé de lancer tout de suite le prochain appel à textes pour la collection L’ivre des sens des éditions L’ivre-Book. Le thème est donc… entre hommes ! Il n’est bien sûr pas interdit de faire intervenir des personnages féminins, mais les étreintes viriles devront occuper le premier … Read More →
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Marin Ledun est l’auteur d’une dizaine de romans. Il a reçu de nombreuses distinctions dont le Trophée 813 du roman français 2011 et le Grand Prix du roman noir 2012 pour Les visages écrasés. Le Prix Amila-Eckert 2014 lui a été décerné pour L’homme qui a vu l’homme.
Extrait :
Le type était encore en vie quand ils l’enfermèrent dans une valise et le larguèrent en haute mer, au large de la côte basque.
Joyeux anniversaire et retour au bercail :
Le soir même, il prévoyait de fêter ses vingt-sept ans avec sa petite amie dans son appartement de Vallecas, au sud-est de Madrid, après un aller-retour exprès de près de mille bornes Espagne-France-Espagne en Ford Mondeo. Cent cinq kilos de cocaïne étaient planqués dans les portières, le coffre et les doublures des sièges, pour une valeur marchande totale d’environ six millions d’euros.
Deux coéquipiers. Le premier avec lui, l’autre au volant d’une Clio « sentinelle » immatriculée dans les Pyrénées-Atlantiques qui ouvrait la route à deux kilomètres de distance. Le type ne les connaissait ni l’un ni l’autre et il ne voulait rien savoir sur eux. Conduire pour les autres et fermer sa gueule, c’est ce qu’il faisait de mieux.
Depuis leur départ, six heures plus tôt, il n’avait qu’une chose en tête : dix-huit mille euros de prime de risque à se partager à l’arrivée, plus le règlement de ses trois dernières livraisons.
Encaisser le pactole à Bayonne et retourner dare-dare à Madrid souffler ses bougies avant une bonne partie de baise sur un matelas de billets.
Ça, c’était le plan.
Le type était parfaitement clean. Les papiers de la Mondeo étaient en règle, il n’avait pas bu une goutte ni tiré sur un joint depuis trois jours - ¡ Muuuuy profesional, comme attitude, cabrón !
Le trajet aller se passa comme sur des roulettes. Pas l’ombre d’un flic sur la route ou à la douane, radio en sourdine, un véritable parcours de santé. Juste ce qu’il faut de nerfs à vif et d’adrénaline pour rester concentré sur le volant.
Sauf qu’il n’y eut pas de retour.
Ni pour lui, ni pour ses coéquipiers.
Les intermédiaires les attendaient à Bayonne dans un petit garage automobile. Quatre homme déterminés et sûrs d’eux, munis de deux semi-automatiques et d’un pistolet Walther P38 calibre 9. Leur attitude exprimait clairement qu’ils n’avaient jamais eu l’intention de payer quoi que ce soit. Ils nourrissaient d’autres projets pour eux, du genre ambitieux.
Ils voulaient tout : les commissions, la dope, les bénéfices futurs et aucun témoin.
Celui que les trois autres appelaient « chef » sourit :
- Fin de l’aventure pour vous, les gars.
Ils les firent monter dans une BMW aux vitres teintées, leur enfilèrent des sacs en tissu sur la tête et les emmenèrent vers le nord, jusqu’à une planque. On leur retira les sacs, ils étaient déjà prêts à vendre leur mère et faire une croix sur leur prime de risque. Ils inspirèrent un grand coup et ouvrirent grand les yeux.
En face, ils n’étaient plus quatre, mais six. Les nouveaux étaient des policiers français en uniforme. L’un d’eux était officier. Deux galons blancs trônaient sur ses épaules.
Le chauffeur de la Ford regarda autour de lui. Ils se trouvaient dans une cave d’une trentaine de mètres carrés sans fenêtre. Le mobilier se composait de trois chaises et d’une table. Les deux flics étaient appuyés contre un mur, près de la porte.
Il demanda :
- On est où, là ?
Le chef leva son index devant ses lèvres et murmura :
- Chuuut !
Le type pensa à sa petite amie, aux dix-huit mille euros et fut pris d’une furieuse envie de pisser. Il se dandina sur sa chaise en jetant des coups d‘œil nerveux en direction des rouleaux de chatterton noir et de fil électrique bleu que le plus jeune de leurs ravisseurs agitait devant son nez.
Il se méprit sur leurs motivations :
- Laissez-moi sortir d’ici. Je n’ai piqué que dix grammes, pas plus. Ils sont dans ma poche, reprenez-les ! Passez l’éponge et je vous promets de me faire oublier.
- Oooh ! railla le chef.
L’air de dire « Dix grammes, c’est mal. Vraiment très mal. »
Les cinq autres se marrèrent et commencèrent à sectionner des longueurs d’un mètre de fil électrique avec une tenaille et à préparer des bandes de ruban adhésif en prenant tout leur temps.
Le conducteur de la Clio paniqua pour de bon et se mit à brailler comme un veau.
- Allez vous faire foutre, hijos de puta !
Il gesticula et cria comme un beau diable jusqu’à ce que ceux d’en face l’immobilisent, enroulent du fil électrique autour de ses poignets et ses chevilles et lui clouent le bec avec le chatterton. Ils renouvelèrent l’opération pour le type et son passager.
Le chef dit :
- Le 18 février 2013, trois passeurs de nationalité espagnole ont été arrêtés avec cinquante kilos de cocaïne, alors qu’ils s’introduisaient sur le territoire français. A soixante euros le gramme à la revente au détail et trente au prix de gros, le montant total de la prise peut être estimé à près de trois millions d’euros.
Il marqua une pause pour apprécier l’effet d’annonce auprès des prisonniers. Il ironisa :
- J’aurais juré qu’il y en avait au moins le double, pas vous ?
Les autres s’esclaffèrent. Le chef attendit qu’ils se calment pour poursuivre.
- Au moment de l’interpellation, deux d’entre eux ont pris la fuite et le troisième a ouvert le feu sur les forces de police à plusieurs reprises pour défendre son butin, heureusement sans faire de blessés.
Le chef brandit le P38 et le pointa en direction du chauffeur de la Clio.
- Je crois que cet homme armé, c’était toi. J’ai dans l’idée que tu devrais avouer et nous donner le nom de tes complices et de tes fournisseurs. On peut t’arranger une réduction de peine.
Le chauffeur émit des paroles incompréhensibles. Il se débattit et tira sur ses liens jusqu’à ce que ses poignets soient en sang.
Le chef se tourna vers les policiers français en levant les mains au ciel.
- L’accusé refuse de coopérer, vous êtes témoins.
Les deux flics haussèrent les épaules et sortirent de la pièce en riant, comme si tout ça n’était qu’une mauvaise blague.
Dehors, une voiture démarra et s’éloigna.
Aussitôt, l’ambiance se refroidit considérablement. Les traits du chef se durcirent. Les armes, les rouleaux de fil électrique et d’adhésif disparurent dans un sac, comme par enchantement. Ses hommes s’écartèrent pour laisser les prisonniers admirer les trois grosses valises empilées dans le fond. Ces derniers écarquillèrent les yeux d’horreur et comprirent que la plaisanterie était loin d’être terminée.
Le chef sortit ensuite un flacon d’Estazolam, un autre de Secobarbital, deux puissants sédatifs, une seringue de la poche de sa veste. Il fit son petit mélange et en injecta une bonne dose dans le cou de chaque prisonnier.
L’effet fut quasi immédiat : ralentissement de leur respiration, somnolence et enfin, inconscience.
La fête était finie.
Les quatre hommes s’activèrent. Ils soulevèrent les prisonniers et les installèrent comme ils purent dans les valises.
Chacun la sienne :
Le chauffeur de la Clio dans la numéro 1, monsieur Ford Mondeo dans la 2, et son passager dans la 3.
A la tombée de la nuit, les quatre hommes chargèrent les valises à l’arrière d’une fourgonnette et les transportèrent vingt kilomètres plus loin, à proximité de Capbreton, puis ils attendirent. Vers 3 heures du matin, ils sortirent cannes à pêche, glacière, casquettes de marin et s’habillèrent comme des amis prêts pour une belle partie en mer. Ils chargèrent les valises sur le pont d’un vieux Gib’sea 28, quittèrent le port de plaisance avant les premiers pêcheurs et prirent le large.
Le soleil n’était pas encore levé quand ils les jetèrent par-dessus bord.
Le chef déclara :
- Mes amis, c’est jour de paie !
Puis ils montèrent leurs cannes et se préparèrent pour la pêche au gros.
Résumé
Le cadavre de Domingo Augusti est retrouvé dans une valise venue s’échouer sur une plage landaise. L’équipe de la P.J. de Bayonne est sur les dents. D’autant qu’elle pourrait être liée avec une autre affaire d’assassinat au Pays basque, vieille de quelques années.
Jeune recrue ambitieuse et obsédée par l’attentat du 11 mars 2004, Emma Lefebvre est déterminée à mettre au jour une organisation mafieuse dont Javier Cruz serait à la tête. Ce personnage puissant est connu en hauts lieux, des deux côtés de la frontière. Mais qui est-il ? Et quel rapport avec les manifestants écologiques installés sur le site abandonné de l’entreprise Sargentis ?
Mon avis
Deuxième volet d’une histoire qui retrace le conflit au Pays basque, la «sale guerre» entre ETA, le Groupe antiterroriste de libération (GAL), les gouvernements français et espagnols, Au fer rouge débute quatre ans après l’enquête d’Iban Urtiz sur la disparition du militant basque Jokin Sasko.
L’intrigue met l’accent sur des personnages totalement vrillés, véritables bombes à retardement : Aarón Sánchez mercenaire au service de Javier Cruz carbure à la haine du Basque ; Javier Cruz sniffe de la coke tout en compilant des dossiers sur ses hommes de main de l’antiterrorisme espagnol, les notables locaux et les policiers français corrompus et rêve de reconversion juteuse dans les opérations immobilières et la drogue ; Simon Garnier n’a aucun intérêt à ce que les coupables soient découverts et nage en eaux troubles autant qu’il picole ; chef des enquêteurs, Axel Meyer est chargé par son supérieur d’employer tous les moyens pour orienter l’enquête vers une autre piste que celles des barbouzes engagés dans la lutte contre ETA ; rescapée de l’attentat du 11 mars 2004, Emma Lefebvre est obsédée par les terroristes basques et par son amant Stéphane Boyer, procureur de la République ripoux ; et puis, Macrina la belle prostituée est prête à tout pour s’offrir une vie « normale » avec sa fillette.
Alors, oui, l’intrigue est parfois complexe de par les alliances nouées entre l’antiterrorisme français et espagnol, la pègre internationale et les notables locaux mais quelle étude fine de la psychologie des uns et des autres et particulièrement des deux femmes, Emma et Macrina ! Quels portraits ! Quelle maîtrise de l’écriture et du scénario !
Au fer rouge est un thriller dense, au rythme soutenu. J’espère un jour le voir adapté au cinéma par l’un des plus grands réalisateurs actuels tels que Oliver Stone ou Martin Scorsese.
Au fer rouge, Marin Ledun, éditions Ombres Noires 464 pages 20 €
Comme j’ai beaucoup aimé toutes les nouvelles du recueil Désirs d’évasions paru récemment chez Paulette, j’ai décidé de vous donner à lire un court extrait de chaque nouvelle… Je commence par la mienne, mais c’est parce que je suis l’ordre du recueil, ne m’en veuillez pas ! Avec « Gazelle », vous découvrirez le Maroc… et un … Read More →
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Vu sur Livres érotiques de l’été
Le thème de la newsletter Infernal n°15 de la librairie numérique érotique Enfer (http://enfer.numilog.com) est l’été. Dans cette sélection, trois eBooks de la collection e-ros : Toute une semaine d’Angélique Fontaine, Une Croisière amoureuse et libertine de Lily Dufresne et Les Trips insulaires de Carline de Roman K. La librairie Enfer reprend dans un de […]
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Pour rafraîchir l’atmosphère tout en attisant les ardeurs, je vous donne aujourd’hui à lire de délicieux haïkus, sensuels et gourmands, écrits par mon ami Blaise Luc, dont j’ai déjà publié un calligramme ici. Je les ai accompagnés de très belles illustrations choisies parmi les œuvres de Milo Manara. Je vous souhaite un été plein de … Read More →
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C’est d’abord la couverture qui attire l’attention. L’illustration, très frappante, est de l’auteur, Gier, également peintre. Le cœur de la matière est une nouvelle assez brève qui reprend le thème cher à Ovide de la métamorphose. Une jeune femme Bettina, pose pour le sculpteur Nako. Mais il se passe d’étranges choses dans l’atelier… C’est un … Lire la suite →
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C’est l’été, il fait chaud, les vêtements volent, les bas soyeux glissent sur les cuisses et révèlent la nudité du reste… Bas de soie, c’est la thématique de deux recueils collectifs Paulette, et pour faire monter la température, je vous livre un petit extrait de ma nouvelle, parue dans le recueil Bas de soie et … Lire la suite →
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Vu sur Osez 20 histoires de sexe en voyage
J’ai mis plusieurs jours pour lire ce recueil. Je n’ai souvent lu qu’une nouvelle en soirée. C’est l’avantage de ce type de recueil : on peut lire à petites doses, par histoire courte. L’ensemble m’a bien plu. Il y a des recueils que je n’ai globalement pas aimés, et je reconnais qu’avec celui-ci c’est plutôt positif. […]
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Je ne veux pas laisser filer juin sans vous parler d’une novella qui vient de s’ajouter à la collection Paulette, Fréquence frénésie de Jon Blackfox. Ce récit a été un de mes coups de cœur en tant que directrice de collection. L’érotisme y est brut, dévastateur, ce qui n’a pas empêché l’auteur de faire preuve … Lire la suite →
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Le recueil de Clarissa Rivière, Les yeux bandés, vient de paraître aux éditions L’ivre-Book. J’en suis doublement heureuse : Clarissa est une amie et j’ai contribué à cette publication en tant que directrice de collection. En fait, c’est le tout premier livre dont j’ai supervisé la correction… La couverture, illustrée par Denis Verlaine, me plaît … Lire la suite →
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Vu sur Une Croisière amoureuse et libertine, Lily Dufresne
Avec des discussions entre copines, la novella Une Croisière amoureuse et libertine de Lily Dufresne commence comme de la chick-lit. Puis il y a la solitude de Jade, sur le bateau qui l’emmène en Sicile. Mais la solitude ne dure pas : elle rencontre un bel homme charmant, un deuxième homme, une alliée inattendue et […]
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Vu sur Toute une semaine, Angélique Fontaine
Le roman d’Angélique Fontaine a connu une phase assez importante de réécriture. Tel qu’il se présentait initialement, le roman comportait des chapitres que j’ai préféré voir supprimés : une scène de viol qui n’avait rien à faire selon moi dans un récit de vacances sensuelles et une scène avec un adolescent. Le roman a donc […]
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Je n’ai pas encore reçu mon exemplaire d’Osez 20 histoires en voyage, sorti le 11 juin. Mais que fait la poste ? En attendant, et pour refréner mon impatience, je vous donne à lire des extraits de ma nouvelle, « Road trip ». C’est un récit que j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire, parce qu’il m’a … Lire la suite →
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Vu sur La Muse, Sara Agnès L.
J’ai été assez surprise de recevoir ce roman, La Muse de Sara Agnès L., publié aux éditions Blanche, mais avec la mention « Hugo Roman » comme sur les volumes Beautiful ceci cela ou autres livres du même acabit. La mention « new romance » n’est pas habituelle des éditions Blanche non plus… (On ne le voit pas sur […]
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Vu sur Infernal n°14
Infernal, newsletter de la librairie érotique numérique Enfer, en est à son 14e numéro. Ce mois-ci, une sélection de livres qui proposent de donner un certain nombre d’astuces, conseils, etc. De 50 sénarios à 1001 secrets, les livres sur la sexualité regorgent de nombres dans leurs titres… Ensuite, quelques nouveautés dans la collection e-ros : […]
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Vu sur Légendes du Manoir, Emma Cavalier
J’aurais peut-être dû relire Le Manoir d’Emma Cavalier avant d’enchaîner sur Légendes du Manoir, car quelques années se sont écoulées depuis la publication du roman et son souvenir n’est plus très vivace. Entre temps, il y a eu les trois tomes de La Rééducation sentimentale, de registre différent (avec une orientation vers la romance surtout […]
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Un petit extrait de Partition pour un orgasme… remarquablement illustré par Denis Verlaine. Je tends le cul, autant que possible, pour m’offrir à la queue qui me ravage avec ardeur. Un coup de boutoir plus fort que les autres ; je m’accroche au piano pour ne pas perdre l’équilibre. Il n’avait pas tant le cœur … Lire la suite →
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Ken Russel n’a que deux longs métrages à son actif quand on lui propose de réaliser Love d’après le roman Women in love de DH Lawrence. Il est l’auteur de French dressing et du troisième opus des aventures d’Harry Palmer toujours interprété par Michael Caine : Un cerveau d’un milliard de dollars. Des purs films de commande qui ne laissent pour l’instant guère entrevoir le goût de la démesure et du baroque cher au britannique dans ses œuvres ultérieures. Il n’est à priori pas le candidat idéal pour adapter un des grands classiques de la littérature du début du XXème siècle. D’ailleurs, Love était à l’origine un projet de Silvio Narizzano à qui l’on doit El gringo et l’excellent Die Die My darling, une production Hammer.
Mais des problèmes personnels l’obligent à quitter le projet en cours de route. La production va alors proposer le film à Jack Clayton, Peter Brook et même Stanley Kubrick qui refuseront tous d’adapter un roman jugé par beaucoup comme inadaptable.
Et c’est là où le choix de Ken Russell, s’il n’était pas réfléchi sur le moment, demeure un de ces hasards de la vie artistique, qui prend une grande pertinence quand on revoit le film aujourd’hui.
Love est un immense film sur l’amour, la passion, l’amitié, le couple et le sexe. L’histoire est simple et limpide. Durant les années 20, deux sœurs au caractère bien trempé, sont des femmes indépendantes et libres. Gudrun est artiste sculptrice et Ursulla institutrice. Elles rencontrent deux hommes issus de la bourgeoisie, des industriels miniers. Ces derniers, Rupert et Gerald sont séduits par ces deux féministes avant l’heure. De la séduction à la passion, du désir à l’amour, il n’y a qu’un pas que franchira ce quatuor de personnalités si contrastées, en pleine confusion des sentiments.
Admirablement réalisé, baignant dans une photographie sublime, Love frappe par la justesse des situations même les plus scabreuses, par la finesse de l’écriture et l’audace aussi bien formelle qu’idéologique dont il fait preuve. L’aspect excessif et grandiloquent du réalisateur de Gothic est canalisé par une production qui n’a pas dû le laisser complètement libre de ses choix artistiques. Tant mieux dans un sens. Car avec le temps, Love peut être considéré comme l’une des œuvres les plus maîtrisées de son auteur.
La crudité des scènes de sexe, filmées souvent caméra à l’épaule sur la musique inquiétante de George Delerue, la manière quasi-sauvage d’exhiber la nature en contrepoint de l’atmosphère étriquée de la petite bourgeoisie anglaise du début du siècle et la puissance des dialogues traduisant à merveilles tous les sentiments que peuvent engendrés une passion dévorante, transforment une sérénade à quatre en un grand film tourmenté sur l’amour et tous ses paradoxes.
Interdit dans certains pays, notamment en Turquie, Love doit son caractère sulfureux à une séquence, d’une beauté graphique sidérante rappelant au passage le passé de chorégraphe du réalisateur. Gerald et Ruppert se livrent nus à un combat de lutte gréco-romaine. L’aspect pictural des plans, magnifié par une photographie tamisée et (apparemment) naturelle (un feu de cheminée), érotise ces corps « musclés » en plein action. C’est bien la première fois qu’un cinéaste filmait deux hommes nus, entretenant ainsi une ambiguïté entre désir homosexuel et amitié virile.
L’étreinte entre Rupert et Ursulla en pleine nature est d’une sensualité fiévreuse. On ne voit pas grand-chose mais rarement on aura vu un cinéaste filmer la sexualité de façon aussi intense. Celle plus rustre et moins charnelle, entre Gerald et Gudrun, possède une force animale incroyable.
Dans une société figée, minée par des principes sociaux issus de la petite bourgeoisie, ses codes, ses bonnes manières, l’amour charnel et/ou intellectuel semble être le seul refuge à une possible liberté, une échappatoire au conservatisme ambiant. Mais rien ne dure, rien ne résiste à la complexité de l’être humain. Aussi forts que soient les sentiments, la passion des êtres, la sincérité d’un amour, le temps nous rattrape, l’incompréhension des individus entre eux aussi.
La dernière partie est d’un nihilisme lyrique rarement vu sur un écran. Seul Bergman est parvenu à montrer le mécanisme destructeur d’un couple avec une telle justesse et une telle puissance.
Love est, avec le dément Les diables, la plus grande réussite de Ken Russell, qui se perdra au fur et à mesure des années.
Les comédiens sont merveilleux et nous rappellent bien l’audace du cinéma des seventies qui n’avaient pas besoin de prendre des canons « esthétiques » pour évoquer l’amour et le sexe.
Alan Bates, Oliver Reed, Glenda Jackson et Jennie Lyndon n’ont pas des physiques de mannequin mais ils crèvent l’écran par leur présence magnétique.
(GB-1969) de Ken Russell avec Alan Bates, Oliver Reed, Glenda Jackson et Jennie Lyndon. Durée : 126 mn. Format : 1.85 (16/9). Audio : Français, Anglais. Sous-titres : Français
Bonus
Présentation du film par Patrick Brion
Présentation du film par François Guérif
Editions Sidonis Calysta
Ah, la joie piquante de voir paraître mon premier roman érotique ! Partition pour un orgasme, ou la rencontre torride d’un médiéviste sexy et d’une soprane aux cheveux rouges. Au menu, des scènes épicées, des rires, et, oui, des sentiments, même si la belle est terriblement volage. Je me suis amusée à mêler non seulement … Lire la suite →
The post Partition pour un orgasme appeared first on Julie Derussy.
Entendons-nous bien, je cause uniquement de littérature. J’ai lu pas mal de récits évoquant la soumission, depuis le tout premier – Histoire d’O, what else ? Et voilà que je me demande quel Maître je préfère. Une chose est sûre : ce n’est pas John. Je viens de lire le roman de Sara Agnès L., … Lire la suite →
The post Si je devais choisir un Maître… appeared first on Julie Derussy.
Vu sur Un site nommé Désir, Lou Borgia
Quand l’attaché de presse de la Musardine a envoyé la liste des publications du mois, j’ai regardé à deux fois pour vérifier que c’était bien la Musardine, la maison d’édition érotique, qui envoyait l’e-mail et non HQN, Hugo romance ou je ne sais quoi. Et encore, je pense que HQN ne proposerait pas une couverture […]
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Vu sur Lectures érotiques de Charlie
Il y a quelques jours (semaines ?), j’ai été contactée par Charlie du site charlie-liveshow.com. Charlie est à la fois camgirl et animatrice sur LSF radio, la « première radio coquine du net ». Charlie y propose chaque jeudi, à partir de 16h, une heure d’émission dédiée à la littérature érotique dans laquelle elle met en voie […]
Cet article provient de Littérature érotique
Je vous recommande le recueil Tabous de la collection Paulette, et pas seulement parce que j’ai écrit une des nouvelles : je l’ai lu en entier, et j’ai beaucoup aimé tous les récits, ce qui n’est pas si fréquent que ça… Chaque nouvelle évoque un tabou différent : Joy Maguène met en scène une jeune … Lire la suite →
The post Tabous à lire et à écouter appeared first on Julie Derussy.
Vu sur De juin à août 2015 dans la collection e-ros
Cet été, dans la collection e-ros, six nouveaux titres vont paraître. Voici quelques mots pour les présenter. Le 20 juin paraît pour commencer un roman estival, Toute une semaine d’Angélique Fontaine. Un couple passe une semaine de vacances dans un hôtel cinq étoiles sur une île paradisiaque. Chaque jour révèle son lot d’expériences sensuelles et […]
Cet article provient de Littérature érotique
Si j’ai choisi une fée (peinte par ma sœur Marion) pour emblème de ce blog, ce n’est pas un hasard : le potentiel érotique des personnages féériques me semble infini. J’ai donc été ravie de découvrir la novella de Callie J. Deroy, Fairy Sex Tale. En tant que nouvelle directrice de la collection « L’ivre des … Lire la suite →
The post Le potentiel érotique des fées appeared first on Julie Derussy.
Mercredi dernier, j’ai participé aux écrits polissons de Flore Cherry. Le thème était « secrets de filles » et l’invitée d’honneur Octavie Delvaux, qui nous a lu un passage très drôle de Sex in the kitchen. Je ne révèlerai pas le secret de l’auteure, mais il vaut le détour ! Comme d’habitude, nous avons dû rédiger une … Lire la suite →
The post Epiée par un satyre appeared first on Julie Derussy.
Je devais avoir une dizaine d’années quand j’ai découvert les récits de la mythologie, dans un gros livre orange dont les illustrations bigarrées me plaisaient beaucoup. Je l’ai dévoré : c’était palpitant, violent, sexuel, et le parfum de tabou des divinités grecques a enivré mon enfance. J’en ai gardé une tendresse étrange pour les satyres … Lire la suite →
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Vu sur Le Trou du diable, Lesvices Carole
Si le nom de Lesvices Carole vous semble familier, c’est normal : c’est l’auteure d’un conte où le personnage principal, Alice, se rend dans un pays merveilleux. Alice est nonne. Elle se rend coupable du péché de chair avec un être sans chair, son lapin en peluche. Se caresser avec un lapin, voilà comment débute […]
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Vu sur Les Honneurs de Sophie, Jean-Luc Manet
Je vous ai parlé de l’auteur, Jean-Luc Manet, à l’occasion de la lecture de Haine 7. Le recueil de nouvelles érotiques, le tout premier dans cette veine, qu’il publie aux éditions Dominique Leroy, dans la collection e-ros & bagatelle, sort aujourd’hui. Il s’agit des Honneurs de Sophie. Le personnage principal, Sophie bien sûr, a pour […]
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Vu sur Hélène, fleur de soufre, Julie Derussy et Denis
Aujourd’hui paraissent plusieurs eBooks dans la collection e-ros, et je peux dire que le mois de mai est particulièrement riche. Pour commencer, je souhaite vous parler d’Hélène, fleur de soufre de Julie Derussy, illustré par Denis. Denis, c’est l’illustrateur de Venise for ever, de Sans-Nichon, de Nonnes lubriques. C’est aussi l’illustrateur de couverture des deux […]
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Pavel devait prendre un avion et quitter le pays le lendemain matin ;
J’ai caché son passeport pour goûter sa peau quelques heures de plus.
Marius trompait sa femme avec moi un mercredi soir sur deux ;
Il insistait pour que je porte son jonc chaque fois que je le fistais.
Eliott me disait qu’il était majeur et j’espère sincèrement qu’il l’était ;
Il tirait plus vite que son ombre, mais rebandait aussi vite qu’il était venu.
Ilian ne pouvait pas bander sans être recouvert de latex de pied en cap ;
Je lui pompais la valve et m’imaginais être la fiancée du Bibendum.
Placide était énorme – non, pachydermique – et bougeait à peine au lit ;
Mes draps ressemblaient au saint suaire de Turin après son passage.
Guido m’enduisait toujours d’huile avant de me passer à la casserole,
Mais ne daignait jamais faire la vaisselle quand il avait fini.
Yvan aimait donner des surnoms ridicules aux organes génitaux ;
Il appelait son pénis « la bite-eulze » et ma chatte « John-la-noune ».
Alan avait l’obsession de m’envelopper dans du Saran Wrap ;
Je l’ai revu après quelques années – il m’a dit que j’étais bien conservée.
Johan ne m’a jamais rencontrée et ne m’a jamais adressé un seul mot ;
Ça ne l’empêche pas de m’envoyer chaque jour une photo de sa bite.
Adrien avait une idée fixe : me baiser debout contre un mur de ruelle ;
Dire que ce mufle a osé rire du « ƨɿuoɔɘƨ ɘb ɘiƚɿoƧ » imprimé sur mon cul!
Joe était vegan et faisait tout pour me transmettre son amour des bêtes;
J’ai toléré son zèle animalier jusqu’à ce qu’il me refile les morpions.
Clément pardonnait toutes mes incartades et mes infidélités ;
Ça m’emmerdait au point d’en perdre l’envie de me taper des inconnus.
Gael avait beau être asexuel, il était le plus passionné d’entre tous ;
En sa douce présence, je me branlais jusqu’à l’évanouissement.
Jean-Sébastien était athée militant et sévissait sur tous les internets ;
Il criait « OH MON DIEU » quand mon gode fouillait son fondement.
Je dois bien reconnaître que j’ai un faible pour les récits d’apprentie soumise. Quand j’ai vu que Valery K. Baran, dont j’apprécie les nouvelles, avait écrit une novella sur ce thème, j’ai senti un frémissement d’excitation titiller ma liseuse. Et je n’ai pas regretté. Première chose : j’ai beaucoup aimé l’héroïne, curieuse et audacieuse, toujours … Lire la suite →
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Vu sur Infernal n°13 – newsletter de la librairie Enfer
La treizième newsletter de la librairie érotique Enfer, Infernal, est en ligne. Ce mois-ci : récits de fessée, Shooting Mona de Roman K publié dans la collection e-ros, avec un extrait de la critique de Thomas (blog La Bauge littéraire), un mot sur d’autres publications récentes (Héloïse ouille, Le Collier de cuir) et quelques questions […]
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Vu sur Les Histoires de cul de l’oncle Zague, t. 1
Une fille trop facile, première aventure de l’oncle Zague, est une petite histoire simple : une rencontre, une coupe de champagne bue dans un hôtel luxueux, un détour dans une chambre (c’est un euphémisme), puis la séparation. Enfin non, pas que ça, il y a une chute amusante. L’oncle Zague est là pour nous raconter ses […]
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Vu sur Les Libertines
Les Libertines est une anthologie des « plus belles œuvres de la littérature érotique au féminin ». On y trouve des textes connus ou moins connus : un extrait de L’ingénue libertine de Colette, un poème de Louise Labbé (celui-là, je le connais par cœur), un poème de Marie Nizet, un de Renée Vivien, un extrait du […]
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Vu sur Mémoires d’une chanteuse allemande, Wilhelmine Schroeder-Devrient
Mémoires d’une chanteuse allemande, œuvre classique de la littérature érotique allemande, est composé de deux parties, publiées en deux volumes distincts. Pour lire quelques informations sur l’histoire du texte et de sa publication (faite par en France par Apollinaire), je vous invite à vous reporter à la notice du livre ICI. J’ai lu le deuxième […]
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Vu sur À travers les miroirs, Collectif
Troisième eBooks sur le thème « miroirs » de la collection Paulette, dernier qui me restait à lire, À travers les miroirs est également un livre de bonne tenue. Jeux de regards de Sasha : Une rencontre entre deux êtres qui aiment le sexe, un rendez-vous. Un texte peu original en soi mais agréable à lire. Paulette […]
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Vu sur Les Cousines de la colonelle, Vicomtesse de Cœur-Brûlant
Je suis en train de lire une anthologie sur la littérature érotique féminine, intitulée Les Libertines. Je parlerai de cette anthologie quand je l’aurai terminée, mais avant cela, je souhaite évoquer un roman qui figure dans cette anthologie : Les Cousines de la colonelle. Ce roman peut se lire indépendamment de l’anthologie. Les Cousines de […]
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Vu sur Lola, petite, grosse et exhibitionniste, Louisa Méonis
La série Lola, petite, grosse de Louisa Méonis comporte quatre tomes, publiés chez Harlequin-HQN dans une série débutée en janvier 2015. Le premier tome, Lola, petite, grosse et exhibitionniste m’a interpelée. A cause du terme « exhibitionniste », pour ne rien vous cacher. Je suis en train de lire depuis hier Le Kit anti-régime, recueil de trois […]
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Vu sur Jeux de miroirs, Collectif
Après avoir évoqué Fantasmes et miroirs, voici la lecture d’un autre collectif portant sur le thème « miroirs » : Jeux de miroirs. Joyeux anniversaire de Clarissa Rivière Un titre assez commun pour un texte qui n’est pas très original : un couple dîne en tête-à-tête dans un restaurant où le libertinage est de mise. De beaux […]
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Vu sur Secrets de maisons closes, Marc Lemonier
Les maisons closes exercent une fascination sur les protagonistes de ces courtes histoires. À travers des récits imaginaires mais documentés, Marc Lemonier donne à voir une parcelle de l’histoire des lupanars antiques, des étuves médiévales, des bordels exotiques, des sordides maisons d’abattage ou des luxueuses chambres de maisons mythiques. Un panorama historique, en partie géographique, […]
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Isabelle Lorédan a écrit de nombreux récits érotiques, notamment la belle novella Poupée de chair, publiée aux éditions Dominique Leroy, ou, plus récemment, des nouvelles aux éditions du 38 (j’ai bien aimé « Narcissa, folle de son corps », récit plein d’humour dans le recueil Fantasmes et miroirs). Les bleus au corps est un livre différent, puisque … Lire la suite →
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Vu sur Le collier de cuir, Scarla
Un agent immobilier peu sûr de lui et mal à l’aise avec la gent féminine fait visiter une maison à une femme époustouflante de beauté et d’assurance. Il se tortille, rougit, ne peut s’empêcher de bander (et de se masturber en cachette), son forfait est découvert, et voilà comment il se trouve sous l’emprise de […]
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Vu sur Des intégrales dans la collection e-ros
En 2013, souvenez-vous, trois titres d’Alain Giraudo sont parus dans la collection e-ros : Palingénésie, De l’amertume d’un moyen sûr et Un Train initiatique. Trois textes qui portaient en sous-titre « Conte de l’Éros triste ». Trois titres à rassembler dans un livre numérique unique, Contes de l’Éros triste. En mai 2012 a commencé la publication de […]
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J’ai la joie, le privilège, d’avoir été nommée directrice de la collection « L’ivre des sens » aux éditions L’ivre-Book. Vous pouvez donc m’envoyer vos textes érotiques par mail à l’adresse suivante : julie.derussy@gmail.com. Nous acceptons les nouvelles, recueils de nouvelles, novellas et romans courts. Le ou les textes que vous m’enverrez doivent compter au minimum 20 … Lire la suite →
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Vu sur Le sexe est une folie, ChocolatCannelle
Cela fait quelques mois que je prépare ce recueil de nouvelles. Il ne s’agit pas de nouveautés (ou très peu) pour les lecteurs réguliers de ce blog car le recueil comprend plusieurs textes qui ont figuré ici en lecture libre ou encore, pour un texte, en téléchargement gratuit sur Feedbooks. J’ai pris beaucoup de recul […]
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Elle se prénomme Pascale et elle fait dans la féminité comme d’autres font dans les sports extrêmes.
Certaines sont femmes un peu par hasard, un peu à leur corps défendant – des femmes comme moi, par exemple. Certaines sont femmes comme elles sont myopes ou intolérantes au lactose : par fatalité, parce que c’est ainsi, avec un laisser-aller fait de maladresse et imperfection. Mais pas Pascale – oh non, pas elle. Elle est si naturellement femme qu’elle en était sûrement une des décennies avant sa naissance. Elle transpire la féminité par tous les pores de sa peau; même quand elle est saoule et qu’elle sacre en insultant le barman, elle fait passer la Vénus callipyge de Syracuse pour un garçon manqué. Elle est plus femme que n’importe quelle femme qui s’est considérée femme au moins pour un bref moment de sa vie de femme dans toute l’histoire de la féminité. Mieux : elle n’est pas seulement une femme, elle est LA femme. L’archétype. Le modèle d’origine. La matrice de toute féminité, pour les siècles des siècles, amen.
Je sais ce que vous pensez. Vous vous dites : «tu es amoureuse, c’est évident que tu exagères». Vous avez raison sur un point : je suis folle d’elle. Par contre, n’allez pas croire que mon évaluation de la puissance de ses charmes est faussée par une quelconque surdose de dopamine. Regardez-la bien. Ne voyez-vous pas qu’elle est parfaite? Qu’on vendrait un empire pour ses yeux noisette et son nez mutin? N’avez-vous pas envie de plonger dans sa chevelure de jais et de vous enivrer de ses parfums? Et ses lèvres, ses lèvres… ne venez pas me dire qu’elles vous laissent de marbre ! Chaque fois que je la vois, perchée sur ses talons improbables, passer devant moi et se déhancher gracieusement en mettant une jambe délicatement galbée devant l’autre, je sens que je vais défaillir. Et je ne vous parle pas de son cul – en fait, je n’ose pas en parler, parce que les mots me boudent, ils pâlissent lorsque j’ai l’outrecuidance de m’en servir pour le décrire.
Cette déesse est trop femme pour moi, pauvre mortelle et pauvre lesbienne que je suis. Elle use ma santé, je vais devenir cardiaque et grabataire avant l’âge si elle continue de m’ignorer avec sa délicieuse et toute féminine gentillesse, je le sens. Parce qu’il y a un hic. Un gros hic. Son approche de l’hétérosexualité est aussi flamboyante et intense que celle de la féminité. Elle aime les hommes, point barre. Elle cherche un mec, un bonhomme, un mâle avec du poil, un gars baraqué avec des épaules larges comme ça et une voix de baryton. Elle veut un corps rugueux qui charge l’air ambiant de testostérone qui fait liquéfier les midinettes par sa simple présence. Elle ne me l’a jamais dit, parce qu’elle est trop charmante et trop délicieuse pour me faire de la peine, mais je ne suis pas du tout son genre. Même si ma poitrine n’est pas bien grosse et mes hanches assez étroites. Je reste une femme – une femme un peu bancale, pâle version imparfaite de l’idée de femme qu’elle arrive, elle à incarner de façon si spectaculaire.
Il ne me reste qu’une petite chance de lui plaire et il est hors de question que je la rate. Je vais l’inviter à la soirée la plus romantique et hétérosexuelle de l’histoire de la civilisation occidentale. Et pour cela, je vais devoir tout faire pour assumer la forme qui se rapproche le plus de ses désirs. Pour commencer : exit la tignasse. Je vais aller chez un barbier – un vrai de vrai, avec le poteau bleu-blanc-rouge qui roule à côté de sa porte – et me faire faire un undercut avec le toupet bien lissé et gominé vers l’arrière. De retour à la maison, je vais revêtir la forme la plus masculine de moi-même. Je vais m’asperger d’after-shave, me saucissonner avec une gaine en élasthanne qui fera disparaître ma poitrine, je vais bourrer mon slip avec une chaussette roulée avant d’enfiler un complet anthracite, avec une veste et une cravate rouge sang. Pour finir, je m’habillerai d’un nouveau prénom – Pierre, André ou peut-être Simon, je n’ai pas encore décidé.
Enfin devenu un homme, je serai ensuite en mesure de lui sortir le grand jeu. Je l’attendrai, amoureux transi, sur le pas de sa porte, un bouquet de roses à la main. Mon cœur battra la chamade lorsqu’elle ouvrira. J’espère qu’elle m’embrassera lorsque je lui donnerai, mais si elle ne le fait pas, ce ne sera pas un drame – je serai à ce moment en contrôle de mes pulsions viriles, un parfait gentleman. Je l’emmènerai ensuite dîner au Leméac où elle dégustera élégamment son tartare de saumon pendant que je la dévorerai des yeux. Si tout se passe comme je le souhaite, elle se pendra à mon bras alors que nous nous dirigerons vers la Place des Arts pour une soirée à l’Opéra. Et lorsque Faust chantera Salut, demeure chaste et pure, je poserai délicatement ma main sur sa cuisse. L’émotion aidant, peut-être écartera-t-elle légèrement les genoux et la laissera-t-elle glisser sous sa robe.
Nous marcherons ensuite au clair de lune jusqu’à chez elle et je l’embrasserai passionnément sur le pas de sa porte. Ensuite, si j’ai de la chance, si le destin m’est favorable et qu’elle me trouve suffisamment mâle, suffisamment passable, nous déboulerons ensemble dans son condo; je l’embrasserai avec toute la fougue dont je suis capable pendant qu’elle arrachera ma chemise. Je la prendrai dans mes bras pour l’amener à son lit. Je la déposerai avec mille précautions, comme une fleur délicate, puis je retrousserai avec soin sa robe pour plonger, tête première, entre ses cuisses. De mes mains, de ma langue, je ferai bander son délicieux pénis de femme, sa merveilleuse bite de déesse. Je vais l’oindre de ma salive, l’avaler jusqu’à la base, puis taquiner son scrotum avec mes ongles courts et affutés de mec. J’irai jusqu’à faire vriller ma langue dans son cul, son cul charmant qui n’attendra plus que j’aille le cueillir. Ensuite, je m’harnacherai de mon gode-ceinture et la prendrai lentement, amoureusement, en pleurant des larmes de bonheur et en caressant sa queue, jusqu’à ce que jaillisse son sperme de femme, jusqu’à ce que notre jouissance nous unisse et que nous devenions ce que nous avons toujours été destinés à devenir: ni homme, ni femme – qu’un seul être enfin complet, qui a retrouvé sa perfection, l’androgyne originel recréé pour quelques secondes d’éternité.