Le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire l'une de ses priorités, a raconté dimanche avoir lui-même subi « un déferlement d'insultes et d'injures » à « la fin du collège ».
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Dans un entretien pour Sept à Huit de TF1, le ministère de l’Éducation nationale a révélé avoir notamment subi au collège « un déferlement d’insultes et d’injures » sur « son orientation sexuelle » qui s'est poursuivi jusque son entrée en politique.
L’article Gabriel Attal se confie sur le harcèlement homophobe dont il a été victime adolescent [VIDEO] est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Dans un entretien pour Sept à Huit de TF1, le ministère de l’Éducation nationale a révélé avoir notamment subi au collège « un déferlement d’insultes et d’injures » sur « son orientation sexuelle » qui s'est poursuivi jusque son entrée en politique.
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«J’ai essayé le massage de la yoni, ça m’a plu, et maintenant j’aimerais bien explorer
L’article «J’aimerais bien explorer le tantrisme» est apparu en premier sur 360°.
Après le tollé suscité par le baiser sur scène entre le chanteur et le bassiste du groupe « The 1975 », les autorités malaisiennes annoncent l'obligation pour les organisateurs de spectacles de disposer d'un « bouton d'arrêt d'urgence » pour suspendre l’électricité et les représentations, si « comportement inadapté ».
L’article Malaisie : un « coupe-circuit » pour interrompre les concerts jugés « controversés » est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Après le tollé suscité par le baiser sur scène entre le chanteur et le bassiste du groupe « The 1975 », les autorités malaisiennes annoncent l'obligation pour les organisateurs de spectacles de disposer d'un « bouton d'arrêt d'urgence » pour suspendre l’électricité et les représentations, si « comportement inadapté ».
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Déférés devant le parquet ce 3 novembre, les mis en cause sont notamment poursuivis pour manifestation non autorisée, association de malfaiteurs, incendie volontaire, profanation de lieu de culte ou mutilation d’un cadavre, ainsi qu'offense au chef de l'État.
L’article Sénégal : quinze personnes interpellées après la profanation du cadavre d’un « présumé homosexuel » est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Déférés devant le parquet ce 3 novembre, les mis en cause sont notamment poursuivis pour manifestation non autorisée, association de malfaiteurs, incendie volontaire, profanation de lieu de culte ou mutilation d’un cadavre, ainsi qu'offense au chef de l'État.
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Des tracts ont été distribués par SOS Éducation dans le quartier d'Ascq, près de Lille, qualifiant notamment les personnes transgenres de « fanatiques menaçant la santé mentale et physique » des jeunes. Un signalement a été réalisé auprès de la Procureure de la République de Lille.
L’article Le parquet de Lille saisi après la diffusion de tracts transphobes à Villeneuve-d’Ascq est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Crée en 2004, à l’initiative notamment de FLAG!, lEGPA est une plateforme d'échanges et sensibilisation, fédérant les organisations LGBT+ européennes des forces de sécurité.
L’article Entretien avec le Président de la European LGBTQ+ Police Association (EGPA) est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Crée en 2004, à l’initiative notamment de FLAG!, lEGPA est une plateforme d'échanges et sensibilisation, fédérant les organisations LGBT+ européennes des forces de sécurité.
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A compter du 1er janvier 2024, le Gabon, le Niger, la République centrafricaine et l'Ouganda vont être exclus du dispositif commercial de l’African Growth and Opportunity Act, pour « violations flagrantes » des droits humains et d’État de droit.
L’article AGOA : Quatre pays africains exclus du programme pour violation des droits humains, notamment homophobie est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
A compter du 1er janvier 2024, le Gabon, le Niger, la République centrafricaine et l'Ouganda vont être exclus du dispositif commercial de l’African Growth and Opportunity Act, pour « violations flagrantes » des droits humains et d’État de droit.
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Le texte, présenté en août 2022 par le sénateur Hussein Bourgi, sera examiné ce mercredi 22 novembre 2023 et prévoit notamment d'attribuer une somme forfaitaire de 10.000 euros pour chaque condamnation et 150 euros par jour d'emprisonnement, s'il y a eu peine de prison.
L’article France : une proposition de loi à l’étude au Sénat pour indemniser les personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982 est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Le texte, présenté en août 2022 par le sénateur Hussein Bourgi, sera examiné ce mercredi 22 novembre 2023 et prévoit notamment d'attribuer une somme forfaitaire de 10.000 euros pour chaque condamnation et 150 euros par jour d'emprisonnement, s'il y a eu peine de prison.
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Cet article Feminxst Projection Project / Party : pour faire du club un espace de cinema expérimental provient de Manifesto XXI.
Créer de nouveaux espaces d’expression artistique, loin des institutions, telle est l’ambition de Feminxst Projection Project / Party — aka FPP. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec la co-fondatrice lors de la dernière édition du Queen Classic Surf Festival.A Biarritz, l’intriguant FPP proposait des DJ set et des projections de films expérimentaux au cours d’une soirée. Le Feminxst Projection Project / Party est un collectif féminin militant pour une ouverture de tous les espaces à l’art entre Londres et l’Espagne. Leur terrain de jeu favori ? Le club. Un maître-mot pour elles ? L’expérimentation continue. Le FPP a déjà vu faire une apparition dans une Boiler Room à Grenade et nous réserve bien d’autres surprises. Nous avons rencontré Whitney, tête pensante du projet.
Manifesto XXI – Comment s’est créé Feminxst Projection Project ?
Whitney : Personnellement je vis à Londres, mais j’étais déjà DJ dans un collectif auparavant. Ce projet s’est fait lorsque nous nous sommes rencontrées à San Sebastian. Il y avait un lab dédié au film expérimental, c’est ainsi que nous avons commencé. Maintenant, je vis toujours à Londres, mais je vais souvent à Bilbao, où je travaille sur des films expérimentaux.
Et donc, combien êtes-vous dans le projet à ce jour ?
Anaïs et moi, on est un peu le noyau dur de l’ensemble des projets visuels et de la musique, et il y a peut-être cinq ou sept autres artistes comme ça qui gravitent dans le collectif. Donc lorsque l’on fait des concerts, on se relaie.
Quel a été ton parcours ?
Je travaille en tant que directrice artistique et réalisatrice. Pour ma part, j’ai commencé parce qu’aujourd’hui il y a tellement de nouveaux langages médiatiques, qu’en soi tout le monde réalise des films. Mais l’industrie est encore très en retard. Les modèles économiques autour du film, ce sont les festivals de cinéma, la télévision… Mais où sont les espaces que nous avions dans les années 60 pour les expérimentations visuelles d’envergure ? Nous, on a découvert que le club en tant que tel, est un très bon espace pour le cinéma expérimental, parce que sinon il faut attendre les musées.
Il faut attendre le Centre Pompidou ou le Tate, et cela peut prendre deux ans, cinq ans ou même vingt ans, tout ça pour espérer avoir une petite boucle pas terrible de son film dans un musée, avec des écouteurs. C’est ainsi que nous nous sommes tournées vers le club, pour en faire un espace important pour le cinéma expérimental. Parce que des DJ set se font tous les soirs, il y a donc de la matière à travailler, et une forte demande de visuels. [Notre pratique] est basée sur l’improvisation, il n’est pas nécessaire que ce soit cadré comme un set. On peut donc créer une imagerie vraiment radicale, une imagerie plus exploratoire. En même temps, [le club] une industrie compliquée. Il faut y faire sa place, c’est vite excluant.
Que veux-tu exprimer par là ?
À la base, le club est vraiment un environnement mauvais. J’ai eu tellement d’expériences où j’ai été agacée par comment cela s’est passé. Les hommes prennent beaucoup de place. Mais l’art et la fête sont très liés, c’était un lien logique à faire. L’art se diffusait beaucoup à travers les fêtes, que ce soit dans les années 60 ou à l’époque du Bauhaus par exemple. C’est pour cela que l’on a lancé un dérivé de notre projet sous le nom de Projection / Party. On a ce besoin de se tourner vers des espaces qui ne sont pas des expositions à proprement parler, et de se les approprier.
Comment vous procédez exactement pour créer vos flux d’images ?
On a réussi à faire quelque chose de très cool récemment. J’ai toujours voulu jouer avec l’aspect visuel comme s’il s’agissait d’un instrument de musique. Donc j’ai travaillé sur un instrument analogique qui permet de manipuler des sortes de formes liquides, et tout cela sans ordinateur ce qui est vraiment cool. Je me suis mise à travailler avec le projectionniste qui accompagnait les Pink Floyd dans les années 60. Avec Pete on se connaît depuis près de dix ans maintenant, j’ai pu faire quelques shows avec lui, et c’est aussi là que je me suis rendue compte à quel point l’industrie audiovisuelle est pourrie de l’intérieur. Avec des hommes côté technique qui prennent les femmes pour des objets sexuels. Vraiment je me suis retrouvée face à des hommes en régie ou à la lumière, pour qui il était normal de mal se comporter. C’est aussi pour cela qu’on a monté FPP, pour avoir le choix de pouvoir bosser avec qui on veut.
Aujourd’hui tu arrives à faire en sorte d’être quasi uniquement entourée de techniciennes ?
Oui, ou du moins c’est ce que nous essayons de développer. Le problème c’est que tout cela est très fragmentaire. Il y a une femme éclairagiste, mais par exemple le montage est une activité très dominée par les hommes. De fait, avec quelques tutoriels et si vous êtes intéressées par le côté technique, vous pouvez le faire aussi. L’idée c’est de tout pouvoir faire par nous-mêmes, de se former collectivement, et de ne plus avoir à faire appel à des tiers sur ces enjeux-là.
Comme les équipes sont réparties entre l’Espagne et Londres, comment fonctionnez-vous ?
La plupart de l’équipe est en Espagne. Ce qui est compliqué c’est juste que tout mon équipement est en Angleterre. Nous essayons de trouver des solutions pour les soirées en club ou les festivals, mais je pense que nous allons essayer de créer un modèle de flight case, où tout l’équipement sera en état de marche rapidement. Quand on présente notre film Machine Porn Live, il nous faut trois projectionnistes. Faire fonctionner un projecteur, c’est déjà une seule personne. C’est un peu comme si vous aviez besoin d’un orchestre ou d’un orchestre de lumière complet pour que tout fonctionne. Il faut donc beaucoup de personnes compétentes pour occuper ces espaces.
Le FPP essaie simplement de dire quels sont les espaces intermédiaires où nous pouvons commencer à créer de nouvelles économies de l’image en mouvement.
Whitney, fondatrice du Feminxst Projection Project / Party
Est-ce que tu considères qu’il est plus facile d’avoir cette approche de l’art au Royaume-Uni ou en Espagne ?
Je ne saurais pas trop dire. Londres, Paris, Madrid… Tout le monde a une scène artistique différente, et je trouve cela vraiment incroyable. Le festival du film de San Sebastian et plus largement, le monde du cinéma espagnol est incroyable. C’est un environnement très différent de celui du BFI, de Londres ou du Royaume-Uni. Il y a cette culture différente et ces espaces très variés, ici et là. Je pense donc que la question est plutôt de savoir si nous allons utiliser une imagerie plus queer, comment nous le faisons, dans quels espaces nous le faisons. Parce que chaque thème a une influence différente, une influence culturelle différente. Mais si nous commençons à créer une imagerie plus radicale dans les clubs, comment s’assurer que c’est toujours un espace sûr pour nos images, et pas seulement pour les gens ? Si l’on veut utiliser une imagerie radicale, comment s’assurer que l’espace correspond ?
Est-ce qu’il vous arrive de refuser des espaces que l’on vous propose ? Parce que vous avez l’impression que ce n’est pas bien ou pas sûr pour votre art ? Ou est-ce que dans un second temps vous modélisez votre art pour l’espace ?
Oui on s’adapte. L’industrie de l’art n’a qu’un espace limité, un nombre limité de commandes, un budget limité. Surtout aujourd’hui, où tout le monde utilise différents langages artistiques, il faut être capable de faire cet exercice et savoir comment l’image s’adapte à l’espace.
Avec FPP nous avons un dicton qui dit : « Donnez-nous vos murs, occupez plus d’espaces et créez de nouveaux environnements plus rapidement ». Créer un film est un long processus. Obtenir un budget, comme trouver des producteurs, obtenir des subventions, obtenir des fonds, participer à un festival, entrer dans le circuit… C’est long, et il y a tellement de choses que nous faisons aujourd’hui qui n’ont pas besoin d’entrer dans ce système. Même chose pour le monde de l’art. Le FPP essaie simplement de dire quels sont les espaces intermédiaires où nous pouvons commencer à créer de nouvelles économies de l’image en mouvement.
Site du FPP, Instagram
Relecture & édition : Apolline Bazin
Cet article Feminxst Projection Project / Party : pour faire du club un espace de cinema expérimental provient de Manifesto XXI.
Cet article Queen Classic Surf Festival : faire des vagues ensemble pour l’égalité provient de Manifesto XXI.
Il y a bientôt deux mois on se rendait à Biarritz pour un festival pas comme les autres. Enfin du moins, pas comme les autres événements dédiés au surf sur le territoire basque : le Queen Classic célèbre l’inclusivité et la solidarité féministe dans le surf.Exit la masculinité bodybuildée clichée que l’on associe constamment à ce sport ; durant les deux jours du Queen Classic Surf Festival, c’est l’inclusivité qui prime. C’est un rassemblement joyeux, gratuit, festif et en ébullition constante qui se déroule sous nos yeux. S’il s’agit au premier abord d’une simple compétition sportive féminine, rassemblant des surfeuses venues des quatre coins du monde, c’est aussi toute une organisation dédiée aux personnes à la marge dans le monde du surf. Un événement pour questionner ce sport, ses pratiques, son image et son inclusivité, mais surtout le célébrer plus que jamais.
Co-fondé par Amaya, Margaux et Aimée, le Queen fêtait en 2023 sa troisième année sur la plage des Basques. « Il y a quatre ans, avec les filles, on s’est dit qu’on aimerait bien faire quelque chose de différent, un festival. On ne savait pas trop comment exactement, mais on savait qu’on voulait rassembler plein de choses et une grosse partie sociale parce qu’on a grandi ici. » explique Amaya.
© Julien BinchbinetCette plage de Biaritz est un enjeu symbolique pour le trio qui a grandi ici et souhaitait donner un nouvel élan au surf par leur pratique personnelle pour redonner la place aux femmes, aux queers, et plus généralement, rendre la culture surf plus accessible à toustes. Amaya expose la situation en détail : « On voulait vraiment mettre la culture de ce territoire et des personnes qui y vivent en avant, on voulait se réapproprier un peu cette plage sur laquelle on ne surfe presque plus parce qu’il y a 40 écoles de surf qui se la disputent. Le constat aujourd’hui, c’est que si vous ne pouvez pas vous payer un Airbnb à 200 € la nuit et prendre un cours de surf à 50 €, vous ne pouvez pas surfer là. »
Sans expérience particulière dans l’événementiel, les trois amies ont donc lancé ce pari audacieux, créer un moment unique à Biarritz pour se réapproprier les lieux et montrer les visages du surf dans sa pluralité. Cela passe notamment par mettre en avant des surfeuses qu’elles ont pu rencontrer à travers le monde, venues du Mexique, du Brésil, du Maroc ou encore d’Australie. Il y a cette volonté affirmée de montrer la variété des corps, d’origines et d’expériences. Cette affirmation s’est également traduite dans des animations variées et réfléchies qui ont eu lieu tout au long du week-end du 2-3 septembre.
Performances, DJ set, discussions et concerts ; c’est surtout cela qui a rythmé notre venue sur le festival. La dynamique créée tout au long du week-end permettait de découvrir le surf mais aussi le territoire sous un autre angle : « Au-delà du sport, on voulait aussi parler de sujets qui sont plus des sujets sociaux, donc on s’est dit qu’on allait faire un podcast. On a créé une émission qu’on fait le dimanche ici sur le site et qui ensuite est retransmise avec des sujets comme l’homophobie dans le surf, l’hypersexualisation de la femme dans le marketing du surf… Il y a des sujets beaucoup plus légers aussi ! Par exemple, cette année, on parle du topless et de l’évolution du topless dans le temps.«
Sous forme de stands les associations sont à l’avant-garde de l’événement ; avec notamment association venant en aide aux migrant·es de la frontière espagnole et l’association LGBT+ du Pays basque. C’est un moment de l’année important pour ces organisations : ainsi le festival a grandement participé à faire connaître le Club de Surf Queer. Inspirée par des formations similaires à l’étranger, Jihane a créé ce club avec sa copine pour pouvoir faire du surf un sport collectif, pour se rencontrer entre personnes queers. L’idée de l’asso est aussi de se donner confiance et d’apprendre ensemble, pour faire communauté, dans un territoire où les membres de la communauté LGBT+ peuvent se trouver isolé·es les un·es des autres.
© Hugo BigonetC’est en grande partie là que le festival trouve tout son sens : se rassembler et célébrer. L’organisation avait vu juste cette année du côté de la programmation musicale qui était une ode sincère à la fête et au vivre ensemble. Chaque soir la plage est devenue un dancefloor géant, gratuit et accessible à toutes et tous. Barbara Butch — et son single désormais culte « Muy Bien, Muy Lesbienne » — le passionnant collectif Feminxst Projection Projet (retrouvez notre interview avec elles ici), puis le djing et le voguing irrésistibles des bordelais·es de La Sueur en clôture du festival : on pouvait difficilement faire mieux.
« Inclusif, solidaire et gratuit », le festival a su tenir toutes ses promesses, et il vient pallier un vide béant en France. Si à l’étranger on retrouve de plus en plus d’organisations ou d’associations dédiées à l’inclusivité dans ce sport — comme « Textured Waves » (Etats-Unis) ; « Brown Girl Surf » (Etats-Unis) ; « Surf Proud » (Australie), ou « Queer Surf Club » (Royaume-Uni) —, il reste du chemin à parcourir par chez nous. Pas de doutes que les meufs badass du Queen Classic Surf Festival sauront remplir cette mission. Alors, on se retrouve l’année prochaine ?
Suivre Queen Classic Surf Festival sur Instagram // Écouter leur podcast
Image à la Une : © Julien Binchbinet
Relecture & édition : Apolline Bazin
Cet article Queen Classic Surf Festival : faire des vagues ensemble pour l’égalité provient de Manifesto XXI.
Chaque mois, Payot Libraire met en avant des livres queer. Au programme de ce numéro, l’équipe de Fribourg vous propose cinq titres à dévorer cet automne.
L’article La sélection queer de Payot est apparu en premier sur 360°.
Suite à l'ouverture de l'enquête réclamée par le procureur de la République, quatre personnes ont été arrêtées, mises en cause dans l’exhumation et incinération sauvage, ce 28 octobre, du cadavre d’un homme enterré la veille dans un cimetière, parce qu'il était « homosexuel ».
L’article Sénégal : quatre personnes interpellées après la profanation du corps d’un homme « présumé homosexuel » à Kaolack est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Suite à l'ouverture de l'enquête réclamée par le procureur de la République, quatre personnes ont été arrêtées, mises en cause dans l’exhumation et incinération sauvage, ce 28 octobre, du cadavre d’un homme enterré la veille dans un cimetière, parce qu'il était « homosexuel ».
L’article Sénégal : quatre personnes interpellées après la profanation du corps d’un homme « présumé homosexuel » à Kaolack est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Cet article Plexiglas, roman d’une amitié girl & gay dans la France des ZAC provient de Manifesto XXI.
Avec Plexiglas, Antoine Philias proposait fin août un roman totalement ovni dans cet étrange moment de l’industrie culturelle française qu’est la rentrée littéraire. Ce livre est une pépite qui confirme la voix originale de son jeune auteur, on vous explique pourquoi.Récit d’une amitié entre un jeune chômeur de retour dans la ville de son enfance et une caissière cinquantenaire d’un supermarché où il traîne ses guêtres, Plexiglas investit un territoire rare en littérature, loin des terrasses du 6ème arrondissement : une Zone d’Activité Commerciale.
Franchement, pour ma génération, la retraite c’est une sorte de mirage, on s’approche elle s’éloigne, on finit par ne plus y croire. 2023, ça existe pas, vous voyez ce que je veux dire ?
Eliott, personnage principal de Plexiglas
Cette ZAC est située à Cholet, ville moyenne connue de la plupart des habitant·es de l’Ouest de la France pour abriter des magasins d’usine aux prix cassés et une équipe de basket sponsorisée par une marque de brioche au chocolat. L’auteur s’intéresse ici moins à la France des ronds-points qu’à celle des parkings et des galeries marchandes où l’on dérive des promotions sur les machines à café aux dégustations de mini-saucissons, souvent épuisés par le labeur et les horizons bouchés. Son récit est en prise totale avec l’actualité et raconte de manière particulièrement pertinente les pressions exercées sur les couches populaires, dont cette zone géographique symbolise autant une ascension impossible en forme de mirage, qu’une certaine source de réconfort.
Interrogé par email, Antoine Philias explique le choix formel inhabituel de son récit : « Très vite s’est imposé une construction des chapitres suivant l’éphéméride, ce calendrier qui fut aussi rural et chrétien que Cholet, mais qui est, dans le quotidien de mes travailleurs, dicté par le marché : Pâques est synonyme de promos sur les chocolats, le solstice d’été permet de brader les barbecues, etc…». Arrêté dans son travail d’écriture par l’arrivée du Covid, l’auteur y voit l’occasion de donner un nouvel élan à son récit : « Le Covid m’a d’abord stoppé net puis il est devenu une source supplémentaire pour raconter les rapports de force dans le monde du travail, voyant très vite que, de toute façon, la littérature de la pandémie s’intéressait peu à ce milieu, privilégiant les carnets de confinement bourgeois. »
Si Plexiglas – en référence à la vitre posée entre la caissière et les clients du magasin – est politique, il développe surtout une formidable comédie humaine (et humaniste) dans cette géographie inédite. Elliott, jeune trentenaire fauché, s’installe dans la maison de son grand-père récemment placé. Il peine à reconnecter avec sa famille dont les préoccupations matérialistes s’opposent en partie à ses convictions politiques. C’est dans le bar PMU abrité par la galerie marchande qu’il rencontre Lulu, caissière tentée par l’engagement auprès des gilets jaunes, puis toute une famille recomposée par l’espace commercial (vigile dragueur, opticien timide, hacker frustré devenu vendeur de téléphonie mobile…).
Ces travailleur·ses essentiel·les salué·es au moment du Covid sont envoyé·es au front pandémique pour maintenir un semblant de normalité. Épuisé·es par le système, iels nous rappellent aussi que le capitalisme, qu’on le célèbre ou qu’on le combatte, reste toujours lié à la tentation d’un certain confort. Ou du moins de sa promesse. Antoine Philias aborde donc ces portraits avec une complexité éclairante, à mille lieux de récits simplistes ou caricaturaux. Il raconte : « Je ne juge pas mes personnages et s’ils n’étaient pas un peu contradictoires, je pense que je les aurais ratés. Je n’ai aucun jugement moral sur eux, je les approche avec l’amour que j’ai pour les personnes qui me les ont inspirés, mêlé à une approche sociologique documentée. Et malgré mes affects anti-capitalistes, j’ai moi-même un rapport de dépendance vis-à-vis des galeries commerciales. J’y passe de nombreuses heures, j’y trouve même du plaisir, j’achète ce qu’on m’y vend de confort, j’y développe ma critique de la consommation tout en y consommant. Et puis, comme Lulu l’apprend au fil du roman, il faut s’attaquer aux structures du capitalisme, pas à ses victimes. »
L’autre grande qualité de Plexiglas est d’adopter une démarche entre militantisme et exploration esthétique. Son roman est jalonné de citations glaçantes de la communication des patrons des grandes corporations, employeurs in fine de ces protagonistes. Philias rappelle en cela la tradition du documentaire d’auteur de Frederick Wiseman chez qui le discours politique se crée dans l’entrechoquement des personnalités, des destins et des mots enregistrés en immersion dans un environnement précis.
A sa façon, Plexiglas est enfin une très belle évocation de cet âge difficile coincé entre l’adolescence et l’âge adulte, raconté du point de vue d’Elliott, encore incapable de grandir et de se poser. Il a quitté une grande ville et hésite à suivre un jeune homme frondeur rencontré sur une appli de rencontres qui fait le choix d’un changement de vie néo-rural à l’arrivée du Covid. Elliott est un personnage particulièrement crédible, tiraillé entre des envies de grandeur et une flemme enfantine, une séduction un peu cabotine et la peur déjà de voir sa jeunesse lui filer entre les doigts. Plexiglas est une multitude de voix, dont celle très touchante, d’Elliott, jeune queer perdu dans les limbes péri-urbaines.
Avec son deuxième roman, Antoine Philias s’impose sans peine comme un écrivain de premier plan. Reste à espérer que son récit anti-conformiste et puissant trouvera une visibilité dans un océan de sorties tournées bien trop souvent vers les mêmes classes de populations et leurs préoccupations.
Plexiglas, Asphalte, 240 p., 21€
Image à la Une : © Liviu Florescu / Unsplash
Relecture & édition : Apolline Bazin
Cet article Plexiglas, roman d’une amitié girl & gay dans la France des ZAC provient de Manifesto XXI.
Cet article Plexiglas, roman d’une amitié girl & gay dans la France des Z.A.C provient de Manifesto XXI.
Avec Plexiglas, Antoine Philias proposait fin août un roman totalement ovni dans cet étrange moment de l’industrie culturelle française qu’est la rentrée littéraire. Ce livre est une pépite qui confirme la voix originale de son jeune auteur, on vous explique pourquoi.Récit d’une amitié entre un jeune chômeur de retour dans la ville de son enfance et une caissière cinquantenaire d’un supermarché où il traîne ses guêtres, Plexiglas investit un territoire rare en littérature, loin des terrasses du 6ème arrondissement : une Zone d’Activité Commerciale.
Franchement, pour ma génération, la retraite c’est une sorte de mirage, on s’approche elle s’éloigne, on finit par ne plus y croire. 2023, ça existe pas, vous voyez ce que je veux dire ?
Eliott, personnage principal de Plexiglas
Cette Z.A.C. est située à Cholet, ville moyenne connue de la plupart des habitant·es de l’Ouest de la France pour abriter des magasins d’usine aux prix cassés et une équipe de basket sponsorisée par une marque de brioche au chocolat. L’auteur s’intéresse ici moins à la France des ronds-points qu’à celle des parkings et des galeries marchandes où l’on dérive des promotions sur les machines à café aux dégustations de mini-saucissons, souvent épuisés par le labeur et les horizons bouchés. Son récit est en prise totale avec l’actualité et raconte de manière particulièrement pertinente les pressions exercées sur les couches populaires, dont cette zone géographique symbolise autant une ascension impossible en forme de mirage, qu’une certaine source de réconfort.
Interrogé par email, Antoine Philias explique le choix formel inhabituel de son récit : « Très vite s’est imposé une construction des chapitres suivant l’éphéméride, ce calendrier qui fut aussi rural et chrétien que Cholet, mais qui est, dans le quotidien de mes travailleurs, dicté par le marché : Pâques est synonyme de promos sur les chocolats, le solstice d’été permet de brader les barbecues, etc…». Arrêté dans son travail d’écriture par l’arrivée du Covid, l’auteur y voit l’occasion de donner un nouvel élan à son récit : « Le Covid m’a d’abord stoppé net puis il est devenu une source supplémentaire pour raconter les rapports de force dans le monde du travail, voyant très vite que, de toute façon, la littérature de la pandémie s’intéressait peu à ce milieu, privilégiant les carnets de confinement bourgeois. »
Si Plexiglas – en référence à la vitre posée entre la caissière et les clients du magasin – est politique, il développe surtout une formidable comédie humaine (et humaniste) dans cette géographie inédite. Elliott, jeune trentenaire fauché, s’installe dans la maison de son grand-père récemment placé. Il peine à reconnecter avec sa famille dont les préoccupations matérialistes s’opposent en partie à ses convictions politiques. C’est dans le bar PMU abrité par la galerie marchande qu’il rencontre Lulu, caissière tentée par l’engagement auprès des gilets jaunes, puis toute une famille recomposée par l’espace commercial (vigile dragueur, opticien timide, hacker frustré devenu vendeur de téléphonie mobile…).
Ces travailleur·ses essentiel·les salué·es au moment du Covid sont envoyé·es au front pandémique pour maintenir un semblant de normalité. Épuisé·es par le système, iels nous rappellent aussi que le capitalisme, qu’on le célèbre ou qu’on le combatte, reste toujours lié à la tentation d’un certain confort. Ou du moins de sa promesse. Antoine Philias aborde donc ces portraits avec une complexité éclairante, à mille lieux de récits simplistes ou caricaturaux. Il raconte : « Je ne juge pas mes personnages et s’ils n’étaient pas un peu contradictoires, je pense que je les aurais ratés. Je n’ai aucun jugement moral sur eux, je les approche avec l’amour que j’ai pour les personnes qui me les ont inspirés, mêlé à une approche sociologique documentée. Et malgré mes affects anti-capitalistes, j’ai moi-même un rapport de dépendance vis-à-vis des galeries commerciales. J’y passe de nombreuses heures, j’y trouve même du plaisir, j’achète ce qu’on m’y vend de confort, j’y développe ma critique de la consommation tout en y consommant. Et puis, comme Lulu l’apprend au fil du roman, il faut s’attaquer aux structures du capitalisme, pas à ses victimes. »
L’autre grande qualité de Plexiglas est d’adopter une démarche entre militantisme et exploration esthétique. Son roman est jalonné de citations glaçantes de la communication des patrons des grandes corporations, employeurs in fine de ces protagonistes. Philias rappelle en cela la tradition du documentaire d’auteur de Frederick Wiseman chez qui le discours politique se crée dans l’entrechoquement des personnalités, des destins et des mots enregistrés en immersion dans un environnement précis.
A sa façon, Plexiglas est enfin une très belle évocation de cet âge difficile coincé entre l’adolescence et l’âge adulte, raconté du point de vue d’Elliott, encore incapable de grandir et de se poser. Il a quitté une grande ville et hésite à suivre un jeune homme frondeur rencontré sur une appli de rencontres qui fait le choix d’un changement de vie néo-rural à l’arrivée du Covid. Elliott est un personnage particulièrement crédible, tiraillé entre des envies de grandeur et une flemme enfantine, une séduction un peu cabotine et la peur déjà de voir sa jeunesse lui filer entre les doigts. Plexiglas est une multitude de voix, dont celle très touchante, d’Elliott, jeune queer perdu dans les limbes péri-urbaines.
Avec son deuxième roman, Antoine Philias s’impose sans peine comme un écrivain de premier plan. Reste à espérer que son récit anti-conformiste et puissant trouvera une visibilité dans un océan de sorties tournées bien trop souvent vers les mêmes classes de populations et leurs préoccupations.
Plexiglas, Asphalte, 240 p., 21€
Cet article Plexiglas, roman d’une amitié girl & gay dans la France des Z.A.C provient de Manifesto XXI.
Cet article ‘Fallen Angel’ : l’ode enchantée à la vulnérabilité d’4nouki provient de Manifesto XXI.
La jeune artiste 4nouki, qui vient de sortir son premier EP Fallen Angel chez Olga Productions, nous dit quelques mots de son univers poétique et fantastique, qu’elle construit comme un cocon hors du temps pour être soi-même, dans toute sa vulnérabilité.Le 27 octobre, la jeune productrice bruxelloise 4nouki sortait son premier EP Fallen Angel sur le label marseillais Olga Productions. Après son projet précédent igloo, elle développe un univers enchanté, ode à la vulnérabilité. Dans ses quatre titres, les nappes de synthé vaporeuses et le field recording accompagnent sa voix angélique aux mélodies pop mélancoliques rappelant Grimes ou Eartheater. Une histoire de résilience qui nous invite à puiser en nos forces intérieures pour dépasser les épreuves. Également artiste visuelle, 4nouki a réalisé le clip du dernier morceau de l’EP « Dreamworld », une épopée sous-marine en 3D dans laquelle on voit évoluer une créature fantastique en métamorphose.
Petit coup de cœur qui fait du doux en cette période sombre, on a eu envie de vous en parler pour partager le bien que sa musique fait à l’âme. On lui a posé quelques questions, à quelques jours de son live à Marseille le 2 novembre pour Olga Productions.
Manifesto XXI – Qui est 4nouki ? Peux-tu te présenter ?
4nouki : Je m’appelle Anouk Boyer Mazal, je suis une artiste numérique pluridisciplinaire et je sors mon premier EP solo avec 4nouki. J’ai étudié l’art visuel à Paris et aux Beaux-Arts de Bruxelles où je me suis installée il y a huit ans, et me suis récemment orientée vers la 3D. Côté musique, j’ai fait mes premiers pas en arrivant à Bruxelles avec mon ancien groupe dramadrama au chant et à la guitare électrique, puis j’ai continué en solo depuis 2019 avec d’abord igloo et maintenant 4nouki. J’essaie de mêler la musique à l’art visuel, et avec ce projet je peux m’amuser et expérimenter ce qui me plaît pour raconter une histoire, exprimer des émotions et développer mon univers. 4nouki est une sorte d’alter-ego qui est plus fort·e que moi et me permet de surmonter les épreuves de la vie en les métamorphosant en quelque chose d’onirique et poétique sur fond de fantasy.
Quel est ton process de travail artistique, musical mais aussi visuel ?
Je compose seule dans ma chambre mais j’aime beaucoup travailler ailleurs, parfois dans des cafés ou en résidence. Je cherche des sons qui me bercent, me déconnectent et je suis cette direction avec des mélodies qui racontent des histoires qui me parlent. Les paroles viennent avec ou sont tirées de tout ce que je peux écrire quotidiennement dans des carnets. Visuellement c’est généralement plus calculé, surtout avec la 3D, je réfléchis beaucoup puis je fais des croquis et des notes de ce que j’ai en tête. Après, c’est en faisant que ça se développe plus instinctivement. Pour le clip de « Dreamworld », je voulais raconter l’histoire d’Axo, une créature inspirée des axolotls, qui serait un peu comme mon avatar et qui vivrait une métamorphose. Cette idée de la métamorphose m’intéresse, de passer d’un état à un autre, d’une forme à une autre tout au long de la vie, et de représenter ça sous une forme poético-fantastique.
4nouki « Dreamworld », still du clipQue cherches-tu à exprimer à travers cette douceur onirique qui baigne l’EP ?
Je pense que j’ai besoin de douceur et j’ai envie d’en apporter à celleux qui y seront sensibles aussi. J’ai pu être traversée par beaucoup d’angoisses ou de difficultés à comprendre le monde, et j’aime créer une safe place apaisante, aussi bien pour moi que pour d’autres. C’est une démarche qui s’est axée autour de la résilience, de l’apaisement mais aussi de l’empouvoirement, en trouvant de la force à exprimer une vulnérabilité ou des émotions difficiles. Je pense qu’avant tout je cherchais à créer une ambiance particulière qui emmène ailleurs, hors du temps, dans un endroit où on peut se laisser aller à être soi-même, vulnérable mais aussi plein·e de rêves et d’espoirs.
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Release party Olga Productions, avec 4nouki, Real Trvth et la team Ola, jeudi 2 novembre à Marseille :
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Photo à la Une : © Charlotte Guerlus
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Une bande de jeunes, acclamée par la foule, a déterré et brûlé le corps d'un jeune homme, après s'être opposée à son inhumation la veille pour « présomption d'homosexualité ». Des actes « d’une extrême gravité et relevant de la barbarie », selon le procureur de la République qui a ordonné une enquête.
L’article Sénégal : la dépouille d’un « homosexuel » exhumée et brûlée en place publique est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Il est souvent compliqué et laborieux de fonder une famille pour les personnes LGBTIAQ+. La solution serait-elle une couveuse artificielle?
L’article Contribuez à augmenter les connaissances sur la famille! est apparu en premier sur 360°.
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Depuis deux mois, une dizaine de personnes auraient été victimes d’agressions, après des rendez-vous conclus depuis le site de rencontres, Coco.fr. Un chiffre bien en dessous de la réalité, selon les autorités qui appellent à la vigilance.
L’article Alerte aux guet-apens homophobes en Martinique est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Le jeune comédien romand présentera du 7 au 12 novembre une nouvelle mouture de sa pièce La révérence au Théâtre des Halles à Sierre. Rencontre avec un artiste à qui l’on promet une belle carrière.
L’article Emeric Cheseaux et les mots valaisans est apparu en premier sur 360°.
Le jeune comédien romand présentera du 7 au 12 novembre une nouvelle mouture de sa pièce La révérence au Théâtre des Halles à Sierre. Rencontre avec un artiste à qui l’on promet une belle carrière.
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Le gouvernement autrichien a annoncé un fond de 33 millions de dollars (un peu plus de 31 millions d'euros) pour l'indemnisation des victimes de la répression anti-gay instaurée après la dépénalisation pourtant de l'homosexualité en 1971.
L’article L’Autriche prévoit d’indemniser les personnes condamnées pour homosexualité est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Le corps de la victime, recouvert de blessures à l'arme blanche, avait été retrouvé en partie calciné pour camoufler le crime en « incendie accidentel ». En garde à vue, le suspect a confirmé le caractère homophobe de sa motivation. Il aurait réagi ainsi après des avances sexuelles.
L’article Réunion : un homme de 30 ans mis en examen après un meurtre homophobe à Salazie est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Le corps de la victime, recouvert de blessures à l'arme blanche, avait été retrouvé en partie calciné pour camoufler le crime en « incendie accidentel ». En garde à vue, le suspect a confirmé le caractère homophobe de sa motivation. Il aurait réagi ainsi après des avances sexuelles.
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Auditionné à l'Assemblée nationale, Éric Borghini a reconnu l'existence du racisme et de l'homophobie dans le football, contrairement à Noël Le Graët, ex-président de la FFF qui s'était indigné des accusations en 2020.
L’article « Oui, il y a du racisme et de l’homophobie dans le football », déplore Éric Borghini, membre du comex de la FFF est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
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Cet article Pop-Kultur, le festival berlinois qui phosphore provient de Manifesto XXI.
Fin août, nous nous sommes rendus au festival Pop-Kultur à Berlin. Avec sa programmation foisonnante et pluridisciplinaire, cet événement à taille humaine redonne goût au format festival. Quel est le secret de cette organisation ?Dans la cour de la Kulturbrauerei, la nuit mercredi 30 août aux alentours de 22h, un tonnerre de cloches retentit. La nuit est fraîche mais Krista Papista n’en a cure et saute partout vétue d’un bikini fait de cloches et de chaînes. En transe, l’artiste chypriote scande les noms de « Livia, Elena, Maricar, Mary Rose, Sierra, Arian, Asmita » un hommage à des victimes de féminicide. C’est le titre d’une chanson de son dernier album, Fucklore, dont elle présente une performance exclusive ce premier soir du festival Pop-Kultur. Pendant trois jours, l’événement berlinois porté par le puissant Musicboard de la ville a ainsi joyeusement mélangé d’autres performances inédites, des concerts d’artistes reconnues comme Anika et des émergent·es, des discussions ; bref des moments pointus et des propositions grand public réunis sans aucune hiérarchie.
Ramifications pop« Nous sommes comme un champ de champignons » résume Christian Morin, programmateur de Pop-Kultur quand je lui demande de résumer la vision de la pop présentée par le festival cette année. Ça tombe bien les champis sont l’emblème de cette édition ! Je n’aurais pas vraiment de réponse à ma question, hors de question de définir la force mutante de la pop et de se limiter à un genre musical stricto sensu pour Mr Morin. C’est en partie pour cela qu’il compose la programmation du festival en trio avec Yesim Duman et Pamela Owusu-Brenyah, pour explorer plusieurs directions et réunir différentes communautés.
Anika, Lost-Voices © Dominique Brewing
Un espace en particulier du festival incarne bien cela, la Çaystube où s’est produit Krista Papista, qui comme l’explique Yesim « n’est pas seulement un lieu physique ; il symbolise les valeurs inclusives du festival et prend différentes formes. » La petite scène a accueilli aussi bien le concert de l’australienne Banoffee qu’un grand karaoké qui a fait le bonheur des festivalier·es. La programmatrice, actrice des scènes queers, qui travaille à mettre en avant les perspectives post-migration développe : « L’aspect « queer » du programme de Pop-Kultur est en constante évolution. Il vise à créer un sentiment d’unité au sein de la communauté LGBTQ+ tout en reconnaissant les expériences et les défis uniques auxquels sont confrontés les individus queer de divers horizons. » La venue de la troupe britannique Drag Syndrom (dont les artistes sont atteints du syndrome de Down) incarne bien cette ambition. Le pouvoir critique du queer se retrouvait malicieusement dans la programmation en résonance au Championnat d’Europe de football 2024 : Pop-Kultur présentait « Colonastics » une performance interactive qui se moque de la culture du football en invitant chacun·e à faire les gestes rituels des supporters avec les artistes. « Les participants se sont beaucoup amusés et ont peut-être réfléchi aux rituels de la culture footballistique qui ne sont pas souvent remis en question. » conclut Yesim Duman.
Financé par la ville de Berlin, le Ministère de la culture allemand et l’Union Européenne, Pop-Kultur est porteur d’une mission culturelle pour l’intérêt général, ce qui confère une place à part dans le paysage des festivals de Berlin. Cet état d’esprit se retrouve dans son attention portée aux émergent·es et à des productions inédites, principalement via des résidences croisées avec d’autres villes (Detroit, Accra, Tel Aviv, Kampala cette année) et les commandes, une idée qu’on a emprunté au monde de l’art contemporain. Ainsi la britannique Anika a présenté un live inédit Lost Voices, tiré de son dernier album Change.
Tami T © Kathe deKoe
Côté prog, même si le festival ne laisse donc quasi aucun genre de côté, quelques genres et esthétiques se distinguent. L’hyperpop d’abord, avec le producteur américain Casey MQ qui a délivré un concert intimiste impeccable et la productrice suédoise Tami T, incroyablement touchante avec tous ses instruments recouverts de fourrure rose ou de paillettes. Elle a même osé le gode-instrument, attaché en direct avec une corde. Ensuite, le rock où on a pu retrouver les canadiens de Crack Cloud en grande forme ; mais surtout découvrir l’énergie explosive de cumgirl8 et Get Jealous. La légende raconte que les américaines de cumgirl8 se sont rencontrées sur un genre de chat roulette, et de là est né un girls band punk, furieusement queer (quoiqu’un peu chaotique). Beaucoup plus teenage, le trio de Get Jealous et son énergie leader Otto impressionnent. Dans un autre registre, la rappeuse sud-africaine superstar Sho Madjozi a enflammé la scène de Kesselhaus. Quelques françaises étaient également à l’affiche : Fishbach, Tigre bleu et Sam Quealy. Un petit échantillon de ce que Christian Morin appelle un « genre de french new wave ». Outre le son il s’agit pour lui d’un phrasé particulier : « D’une certaine manière, la façon de chanter dans la chanson française traditionnelle a toujours un impact dans les chansons d’aujourd’hui. »
Toutes les salles de Kulturbrauerei semblent accessibles aux personnes à mobilité réduite, et je dois bien admettre que je réalise n’avoir jamais autant vu de personnes en fauteuil au premier rang. Un constat qui laisse songeur. Est-ce que c’est l’effet du voyage, de l’étranger qui rend plus attentif·ve ? L’équipe de sécurité et des bénévoles semblent en tout cas particulièrement bien formé·es à la prise en charge des agressions, y compris verbales. Lors du concert de l’artiste mui zyu (qui a sorti le très bel album Rotten bun for an egless century), un homme blanc beugle : « Honkong, Honkong food ». Imperturbable face à cette manifestation raciste, l’artiste poursuit son concert pendant qu’un vigile sort le pélo. Devant la salle, une membre du staff explique tant bien que mal au bonhomme le tort commis.
mui zyu © Dominique Brewing
Cette réactivité, elle s’explique d’abord par la composition des équipes comme le raconte Florian Wachinger, chef de projet et coordinateur des sujets de sensibilisation : « En employant une équipe aux profils diversifiés pour la gestion et de sensibilisation des visiteurs, avec des expert·es dans leurs domaines, ainsi qu’une infrastructure accessible, nous nous efforçons de créer un environnement accueillant et sûr pour tous les visiteurs·ses. » Pour s’assurer que cette ligne soit bien respectée, le festival déploie ensuite un briefing écrit en amont du festival et organise une réunion préalable entre la direction de la sécurité et l’équipe de gestion des invités. Définitivement, là où le festival est devenu un peu trop synonyme de grosse teuf, Pop-Kultur remet la qualité de l’expérience et la découverte à l’honneur.
Image à la Une : Concert de Krista Papista © Camille Blake
Cet article Pop-Kultur, le festival berlinois qui phosphore provient de Manifesto XXI.
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Fin août, nous nous sommes rendus au festival Pop-Kultur à Berlin. Avec sa programmation foisonnante et pluridisciplinaire, cet événement à taille humaine redonne goût au format festival. Quel est le secret de cette organisation ?Dans la cour de la Kulturbrauerei, la nuit mercredi 30 août aux alentours de 22h, un tonnerre de cloches retentit. La nuit est fraîche mais Krista Papista n’en a cure et saute partout vétue d’un bikini fait de cloches et de chaînes. En transe, l’artiste chypriote scande les noms de « Livia, Elena, Maricar, Mary Rose, Sierra, Arian, Asmita » un hommage à des victimes de féminicide. C’est le titre d’une chanson de son dernier album, Fucklore, dont elle présente une performance exclusive ce premier soir du festival Pop-Kultur. Pendant trois jours, l’événement berlinois porté par le puissant Musicboard de la ville a ainsi joyeusement mélangé d’autres performances inédites, des concerts d’artistes reconnues comme Anika et des émergent·es, des discussions ; bref des moments pointus et des propositions grand public réunis sans aucune hiérarchie.
Ramifications pop« Nous sommes comme un champ de champignons » résume Christian Morin, programmateur de Pop-Kultur quand je lui demande de résumer la vision de la pop présentée par le festival cette année. Ça tombe bien les champis sont l’emblème de cette édition ! Je n’aurais pas vraiment de réponse à ma question, hors de question de définir la force mutante de la pop et de se limiter à un genre musical stricto sensu pour Mr Morin. C’est en partie pour cela qu’il compose la programmation du festival en trio avec Yesim Duman et Pamela Owusu-Brenyah, pour explorer plusieurs directions et réunir différentes communautés.
Anika, Lost-Voices © Dominique Brewing
Un espace en particulier du festival incarne bien cela, la Çaystube où s’est produit Krista Papista, qui comme l’explique Yesim « n’est pas seulement un lieu physique ; il symbolise les valeurs inclusives du festival et prend différentes formes. » La petite scène a accueilli aussi bien le concert de l’australienne Banoffee qu’un grand karaoké qui a fait le bonheur des festivalier·es. La programmatrice, actrice des scènes queers, qui travaille à mettre en avant les perspectives post-migration développe : « L’aspect « queer » du programme de Pop-Kultur est en constante évolution. Il vise à créer un sentiment d’unité au sein de la communauté LGBTQ+ tout en reconnaissant les expériences et les défis uniques auxquels sont confrontés les individus queer de divers horizons. » La venue de la troupe britannique Drag Syndrom (dont les artistes sont atteints du syndrome de Down) incarne bien cette ambition. Le pouvoir critique du queer se retrouvait malicieusement dans la programmation en résonance au Championnat d’Europe de football 2024 : Pop-Kultur présentait « Colonastics » une performance interactive qui se moque de la culture du football en invitant chacun·e à faire les gestes rituels des supporters avec les artistes. « Les participants se sont beaucoup amusés et ont peut-être réfléchi aux rituels de la culture footballistique qui ne sont pas souvent remis en question. » conclut Yesim Duman.
Financé par la ville de Berlin, le Ministère de la culture allemand et l’Union Européenne, Pop-Kultur est porteur d’une mission culturelle pour l’intérêt général, ce qui confère une place à part dans le paysage des festivals de Berlin. Cet état d’esprit se retrouve dans son attention portée aux émergent·es et à des productions inédites, principalement via des résidences croisées avec d’autres villes (Detroit, Accra, Tel Aviv, Kampala cette année) et les commandes, une idée qu’on a emprunté au monde de l’art contemporain. Ainsi la britannique Anika a présenté un live inédit Lost Voices, tiré de son dernier album Change.
Tami T © Kathe deKoe
Côté prog, même si le festival ne laisse donc quasi aucun genre de côté, quelques genres et esthétiques se distinguent. L’hyperpop d’abord, avec le producteur américain Casey MQ qui a délivré un concert intimiste impeccable et la productrice suédoise Tami T, incroyablement touchante avec tous ses instruments recouverts de fourrure rose ou de paillettes. Elle a même osé le gode-instrument, attaché en direct avec une corde. Ensuite, le rock où on a pu retrouver les canadiens de Crack Cloud en grande forme ; mais surtout découvrir l’énergie explosive de cumgirl8 et Get Jealous. La légende raconte que les américaines de cumgirl8 se sont rencontrées sur un genre de chat roulette, et de là est né un girls band punk, furieusement queer (quoiqu’un peu chaotique). Beaucoup plus teenage, le trio de Get Jealous et son énergie leader Otto impressionnent. Dans un autre registre, la rappeuse sud-africaine superstar Sho Madjozi a enflammé la scène de Kesselhaus. Quelques françaises étaient également à l’affiche : Fishbach, Tigre bleu et Sam Quealy. Un petit échantillon de ce que Christian Morin appelle un « genre de french new wave ». Outre le son il s’agit pour lui d’un phrasé particulier : « D’une certaine manière, la façon de chanter dans la chanson française traditionnelle a toujours un impact dans les chansons d’aujourd’hui. »
Toutes les salles de Kulturbrauerei semblent accessibles aux personnes à mobilité réduite, et je dois bien admettre que je réalise n’avoir jamais autant vu de personnes en fauteuil au premier rang. Un constat qui laisse songeur. Est-ce que c’est l’effet du voyage, de l’étranger qui rend plus attentif·ve ? L’équipe de sécurité et des bénévoles semblent en tout cas particulièrement bien formé·es à la prise en charge des agressions, y compris verbales. Lors du concert de l’artiste mui zyu (qui a sorti le très bel album Rotten bun for an egless century), un homme blanc beugle : « Honkong, Honkong food ». Imperturbable face à cette manifestation raciste, l’artiste poursuit son concert pendant qu’un vigile sort le pélo. Devant la salle, une membre du staff explique tant bien que mal au bonhomme le tort commis.
mui zyu © Dominique Brewing
Cette réactivité, elle s’explique d’abord par la composition des équipes comme le raconte Florian Wachinger, chef de projet et coordinateur des sujets de sensibilisation : « En employant une équipe aux profils diversifiés pour la gestion et de sensibilisation des visiteurs, avec des expert·es dans leurs domaines, ainsi qu’une infrastructure accessible, nous nous efforçons de créer un environnement accueillant et sûr pour tous les visiteurs·ses. » Pour s’assurer que cette ligne soit bien respectée, le festival déploie ensuite un briefing écrit en amont du festival et organise une réunion préalable entre la direction de la sécurité et l’équipe de gestion des invités. Définitivement, là où le festival est devenu un peu trop synonyme de grosse teuf, Pop-Kultur remet la qualité de l’expérience et la découverte à l’honneur.
Image à la Une : Concert de Krista Papista © Camille Blake
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Dans son premier long métrage, Bryan Marciano s’inspire d’histoires vraies pour raconter les défis qu’affrontent de jeunes LGBTIQ+ mis à la rue par leurs parents. Émouvant, riche et concret. Des places à gagner pour l'avant-première!
L’article L’Arche de Noé, pour réparer les blessures de l’homophobie est apparu en premier sur 360°.
Dans son premier long métrage, Bryan Marciano s’inspire d’histoires vraies pour raconter les défis qu’affrontent de jeunes LGBTIQ+ mis à la rue par leurs parents. Émouvant, riche et concret. Des places à gagner pour l'avant-première!
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Cet article Costanza Spina & éditions trouble : une discussion croisée sur l’amour, la communauté et la presse féministe provient de Manifesto XXI.
Le premier essai de Costanza Spina paru en juin dernier, Manifeste pour une démocratie déviante, est aussi la première publication des éditions trouble. Un choix manifestement politique et engagé, pour une nouvelle maison qui s’inscrit dans la continuité du magazine féministe expérimental Censored. Rencontre au sommet, avec l’éditrice Clémentine Labrosse et l’auteurice, fondateurice de Manifesto XXI.Le 9 juin dernier, Manifeste pour une démocratie déviante faisait son entrée en librairies avec sa couverture brillante et ses glyphes élégants. D’emblée placé dans les rayons de l’avant-garde féministe, aux côtés des classiques de bell hooks, Audre Lorde ou du plus récent Les hommes hétéro le sont-ils vraiment ? (Léane Alestra), l’essai de Costanza Spina déroule une réflexion vive et empouvoirante sur la force révolutionnaire des « amours queers face au fascisme », pour reprendre le sous-titre. Premier ouvrage du journaliste et fondateurice de Manifesto XXI, c’est aussi la publication inaugurale des éditions trouble, lancées par Apolline et Clémentine Labrosse, les cofondatrices du magazine Censored – qui fête ce vendredi ses 5 ans avec la release de leur dernier numéro, « It’s about time ! ». Une première fois partagée donc, pour des consœurs médiatiques qui s’accompagnent de longue date.
Au détour de leur mois de promo, Costanza présentait une lecture performée de son texte au Palais de Tokyo dans le cadre d’une invitation autour de l’exposition Hors de la nuit des normes, hors de l’énorme ennui (à voir jusqu’au 7 janvier 2024). On a profité de cet événement parisien pour se retrouver avec Coco et Clémentine, sur une terrasse baignée de la canicule de fin de saison. En découle cette riche discussion croisée sur la conception du livre, la révolution romantique et les failles des mouvements militants, mais aussi sur la nouvelle maison d’édition trouble, les écritures queers, l’axe astrologique bélier-balance et l’avenir de la presse féministe.
Coco Spina et Clémentine Labrosse le jour de la signature du contrat du livre, à Belleville (Paris)La manière dont tu édites est un sujet politique. Il y a de l’amour aussi dans les relations éditeurice-auteurice.
Clémentine Labrosse
Pour commencer, pouvez-vous me raconter l’histoire de votre rencontre ?
Clémentine Labrosse : C’était il y a environ cinq ans, au moment où on créait Censored, ma sœur Apolline et moi. À l’époque, on était trois dans la team, avec notre frère Louis, en famille. C’est lui qui m’a dit « il faut absolument que tu rencontres Costanza, qui a aussi un média qui existe depuis plus longtemps, Manifesto XXI, et qui pourrait t’aider ». Dès les débuts, Costanza a fait preuve d’une bienveillance énorme envers Censored. Nous, on n’y connaissait absolument rien au monde de l’édition, on était complètement autodidactes. De fil en aiguille, Coco a écrit un premier texte dans le numéro Censored « Chrysalide » sur le thème de l’amour, en 2020. Au début, j’avoue, je ne comprenais pas exactement où Coco voulait en venir, je l’ai découvert en lisant son article. J’avais une totale confiance, je connaissais son travail sur Manifesto. D’ailleurs, on a fait une double publication : le texte a été partagé sur nos deux médias. Cet article-là a été l’un des premiers déclics sur la question de l’amour et de la révolution romantique.
Donc c’était une évidence pour le livre de travailler autour de ces thématiques-là, que vous aviez déjà explorées ensemble ?
Costanza Spina : Pour être honnête, au début je ne savais pas où je voulais en venir en termes de thématiques. On avait juste cette envie de faire un truc ensemble. Je voulais travailler sur l’amour, mais les autres propositions que j’avais eues de maisons d’édition me paraissaient un peu contraignantes. Je n’aime pas du tout travailler avec des gens qui me disent quoi faire, comment penser… J’avais envie de créer un objet queer, avec un style… qu’on se fasse plaisir en travaillant, que ce soit un processus vraiment libre. Sur ça, on se rejoint vraiment, chez Censored comme chez Manifesto. Du coup j’ai commencé à travailler sur l’amour, mais la question des extrême-droites était aussi là. À un moment donné, des ponts se sont dessinés. L’idée est un peu née en faisant.
Clémentine : Pour nous, ça avait beaucoup de sens que Costanza soit la première personne qu’on édite, puisqu’il avait déjà écrit dans Censored. On s’est rendu compte que dans la revue, beaucoup d’articles et de textes nous procuraient une certaine frustration, qu’on voulait aller plus loin. Il y avait eu des choses qui s’étaient passées, aussi bien pour les auteurices que pour nous, et une fois que le numéro était publié, c’était un peu fini. On s’est dit : « il faut aussi aller exploiter ce qu’il y a déjà dans les revues plutôt que d’aller encore chercher des nouvelles personnes ». C’est cette idée de lien, de prolongement, qui a amené à la naissance des éditions trouble.
Quand tu crées une maison d’édition engagée, tu as aussi la responsabilité d’apporter le soin et la considération suffisante à la personne qui écrit.
Clémentine Labrosse
Les éditions trouble s’inscrivent donc dans la continuité de Censored ? Qu’est-ce que cela ouvre comme nouvelles portes dans la diffusion d’idées et d’imaginaires féministes ? Allez-vous réussir à garder l’hybridité de la revue à travers les livres ?
Clémentine : Oui, c’est une évidence que les éditions trouble sont la suite logique de Censored. Je savais depuis longtemps que je voulais être éditrice : apporter un soin aux textes, accompagner des personnes, les aider à sortir leurs réflexions, c’est un truc que j’aime vraiment. Je me suis aussi rendu compte que je n’étais pas capable de le faire avec n’importe qui, n’importe comment. Donc ça a demandé une réorganisation interne, déjà parce que c’est impossible de faire de la tune avec Censored ! On imprime en France, il n’y a que des beaux papiers qui coûtent cher, on publie des personnes pas forcément connues, on n’est pas dans cette logique Instagram… Alors pour éditions trouble, on a tout de suite voulu en faire une association, en réponse au modèle économique compliqué de Censored. Si on veut continuer à diffuser des textes féministes, queers, antiracistes, engagés, on ne le fera pas pour l’argent, donc il faut assumer le côté associatif. Finalement, éditions trouble prend le dessus sur Censored, et en devient la maison d’édition. L’association publie donc un périodique d’une part, et des livres d’autre part.
On n’a jamais trop su où caser Censored : au début on s’est dit que c’était un média, puis en fait non c’est de l’édition, on ne sait pas trop, donc on appelle ça « projet éditorial ». On veut conserver cette forme un peu hybride et expérimentale à travers les éditions, mais on a aussi conscience de ses limites. En fait, je ne voudrais surtout pas qu’on soit perçu comme élitiste. C’est vrai que quand tu regardes la couverture de Censored, la première ou la dernière, on ne met pas de texte d’explication, on décrit très peu ce qu’il y a à l’intérieur, donc c’est un peu flou. Je crois que c’est un équilibre à trouver. Si on ne donne pas la clef, personne ne peut aller dans notre univers. Donc maintenant, on fait l’effort de guider, d’expliquer un peu plus ce qui se trouve dedans.
C’est clairement un choix fort de lancer sa maison d’édition par un « manifeste » aussi éminemment politique. Qu’est-ce que ça annonce de la ligne éditoriale à venir ?
Clémentine : Oui, ça va dans l’idée de non-lucrativité et d’engagement. On a voulu montrer qu’on allait être radicales, que ce n’est pas parce qu’on va publier de la poésie ou de la science-fiction que ça sera dénué d’engagement. C’était une façon de donner le ton. Sachant qu’un manifeste, c’est un mot qui est déjà fort, et les sujets qu’aborde Costanza dans son livre sont très forts, surtout dans ce contexte politique. C’est une manière de nous décentrer des questions uniquement féministes qu’on a pu avoir au début, parce qu’on est deux sœurs, meufs cis blanches, donc on a découvert l’engagement par cette porte-là, mais cette maison d’édition sera plus généraliste que ça. On veut potentiellement aller éditer des sujets autour de l’écologie par exemple. Aussi bien sur les sujets que sur les formats – poésie, science-fiction, roman, essai politique –, on tient à la diversité, qui ne sort pas de nulle part puisque dans Censored, il y a de la critique sociale, de la littérature, des essais, des brouillons de romans, des témoignages personnels… c’est un peu le bordel mais c’est assumé. La maison d’édition sera tout aussi bordélique ! Sauf que ce sera sous forme de livres, pour prendre le temps d’aller dans les sujets en profondeur et d’accompagner encore plus les auteurices.
© éditions troubleComment s’organiser concrètement pour gagner la bataille des mots, pour proposer des programmes politiques qui fonctionnent ?
Costanza Spina
Comment est-ce que tu envisages cette nouvelle responsabilité d’éditrice à accompagner ses auteurices ?
Clémentine : J’ai un exemple assez parlant. Dans le dernier Censored, j’ai retranscrit un entretien entre Toni Morrison et Angela Davis, et j’ai appris que Toni Morrison avait édité Angela Davis. Et la manière dont elles parlent ensemble de l’amitié qui se crée… C’est quelque chose qu’on entend assez peu dans le monde de la littérature, les liens entre les personnes qui écrivent et celles qui éditent et publient. Coco et moi, en fait, on a noué une relation de ouf. J’ai l’impression qu’on a travaillé ce livre en y mettant notre cœur…
Coco : Littéralement ! (rires) [En mars 2023, à la fin de l’écriture du livre, il tombait malade et subissait une greffe de cœur, ndlr]
Clémentine : En fonction de qui t’accompagne sur ton écriture, le livre change, le format change. Tout ça dépend d’un contexte personnel et politique évidemment, mais aussi du lien que tu as avec les personnes qui sont là pour t’écouter et prendre soin. Sans vouloir généraliser, j’ai eu d’autres expériences avec des maisons d’édition plus importantes, où j’ai constaté qu’être éditeurice, c’est apporter un vrai soin au texte et à la personne qui écrit. Et tout le monde ne le fait pas. C’est aussi ça qui est important quand tu crées une maison d’édition engagée : non seulement tu publies des textes engagés, mais tu as aussi la responsabilité d’apporter toi-même le soin et la considération suffisante…
Toni Morrison avait à l’époque réalisé, en rejoignant une grosse maison d’édition : « mais en fait, tous les livres des personnes noires racisées sont mal traités ». Il faut s’en rendre compte, les maisons d’édition en France – et j’en fais partie – sont très blanches, même dans les maisons indé. Du coup j’aimerais amorcer, au-delà du travail que je fais à mon humble niveau, une réflexion autour de ça. Pour les prochains livres, et si je veux éditer des personnes racisées ou qui traitent de questions qui ne concernent pas mon vécu à moi, j’aimerais rendre ça plus collectif, aller chercher des éditeurices au-delà de notre petit cocon. La manière dont tu édites est un sujet politique. Il y a de l’amour aussi dans les relations éditeurice-auteurice.
Coco Spina et son chat Haïku © photo Jehane MahmoudLa pensée queer est une chance pour les démocraties à venir.
Costanza Spina
Coco, après dix ans de militantisme queer féministe, comment t’est venue l’idée d’aborder l’angle des amours queers via le prisme du fascisme ? Car le titre ne s’inscrit pas dans une construction utopique hors-sol mais marque d’emblée une confrontation au réel. Pourquoi l’importance de réhabiliter ce terme et cette lecture ?
Coco : Parce que le champ politique en ce moment est très polarisé. On l’a constaté au cours des dix dernières années, il y a eu une polarisation des idéologies assez radicale dans les pays occidentaux et particulièrement européens, entre un progressisme qui essaie de faire émerger des idées féministes et queers intersectionnelles dans une certaine mesure, et la montée des extrême-droites. Comme tout le monde, je me demande comment ces deux phénomènes peuvent cohabiter, et qu’est-ce que ça produit. Surtout, face à l’émergence de l’extrême-droite, comment s’organiser concrètement pour gagner la bataille des mots, pour proposer des programmes politiques qui fonctionnent ? Parce que parfois, on se retrouve un peu démuni·es en termes de moyens et de stratégie face à ces adversaires. Après dix ans de militantisme, tu vois qu’il y a des choses qui marchent, d’autres qui marchent moins, tu fais un bilan. Ce que j’ai constaté, c’est que les choses qui fonctionnent bien sont celles qui sont ancrées dans une réalité, comme créer un média, toutes sortes d’associations ou de projets qui vont servir à une communauté. Je pense que se réancrer dans le réel est très important.
Justement est-ce qu’au terme de toutes ces années d’engagement, cela ne témoignerait pas d’une forme de défaite, dans le sens où les mouvements de luttes n’ont pas réussi à éradiquer le fascisme, qui est carrément revenu en force ? Doit-on le lire désormais comme une invitation à changer aussi nos manières de militer ?
Coco : Je pense que déjà c’est hyper compliqué de demander à nos mouvements intersectionnels de vaincre, d’éradiquer totalement l’extrême-droite. Mon expérience est celle d’une personne blanche qui a vécu dans des grandes villes, comme Paris ou Marseille. Je ne sais pas du tout comment m’adresser à d’autres populations, quels sont les enjeux politiques d’autres géographies, d’autres endroits de France par exemple. Donc je ne saurais pas comment organiser des communautés ailleurs que celles que j’ai connues, déjà. Je ne pense pas qu’on puisse convaincre tout le monde. Par contre, là où il y a peut-être eu quelques échecs, c’est dans l’organisation de nos communautés queers, et des combats féministes : les féministes qui se font la guerre, celles, blanches cis, qui vont voler les idées des personnes queers, nous les queers quand on est violent·es entre nous, comment on gère nos conflits dans nos communautés… Tout cela a affaibli les luttes après #MeToo. Je trouve qu’on n’a pas fait preuve d’assez d’unité, et on s’est aussi beaucoup recroquevillé·es sur les réseaux sociaux, en érigeant des stars de notre militantisme et en pensant que parce qu’il y avait deux trois personnalités qui émergeaient sur Instagram, on était en train de gagner une lutte. Comme le dit Sarah Schulman, utiliser les outils du capitalisme pour vaincre le capitalisme n’a pas vraiment de sens. Je pense que c’est là qu’on a connu quelques échecs, plus que dans le fait d’éradiquer le fascisme.
Ce livre est le résultat d’amitiés. Il se lit comme on écoute des conversations qu’on a avec des potes le soir autour d’un verre, et c’est vraiment ce qui s’est passé. C’est l’histoire d’une communauté.
Costanza Spina
Si on devait résumer : qu’ont les communautés queers à apprendre au reste du monde ? Quel est le point le plus marquant qui ressort pour toi de tout ce travail ?
Coco : C’est la phrase qui revient souvent dans le livre : la pensée queer et féministe nous apprend que chaque vie compte. Qu’est-ce que ça veut dire qu’une vie compte ? Quand on dit « black lives matter », « queer lives matter », etc. – c’est assez hallucinant de devoir rappeler à des gens que certaines vies comptent, si vous y pensez deux secondes, c’est d’un cynisme monstrueux ! Mais voilà, la pensée queer peut un peu remettre les pendules à l’heure sur ce qu’est une démocratie. C’est-à-dire un endroit où les vies des gens comptent, un endroit fondé sur le principe d’égalité et de soin de la société. Aujourd’hui, selon mon humble expérience, les seules personnes qui croient encore en ça et qui sont capables de prodiguer ce soin, ce sont les personnes queers féministes, avec tous les défauts qu’il y a dans ces communautés, mais je pense que la pensée queer est une chance pour les démocraties à venir.
Le livre témoigne d’une réflexion très collective, qui nous rappelle qu’un·e auteurice n’écrit jamais seul·e : tu cites des personnes, tu rends des hommages, que ce soit par des notes de bas de page, ou bien des choses très intimes, en évoquant des ami·es, des discussions plus informelles, impalpables. Pour sortir du « célébritisme » que tu dénonces, puisque tu signes quand même un ouvrage avec ton nom dessus, t’es-tu déjà posé cette question de comment éviter de devenir « star d’une génération » ? Comment veille-t-on à remettre du collectif, tout en répondant à des enjeux de promotion ?
Coco : C’est vraiment une très bonne question. Déjà, on a toujours travaillé de façon collective dans Manifesto. Ce n’est pas du tout un projet personnifié, au point que les gens ne savent pas qui est derrière, et beaucoup n’ont réalisé que maintenant que j’en faisais partie ! Au début, ça nous faisait un peu chier, mais aujourd’hui on se rend compte que c’est plutôt cool, ça veut dire que ça a fonctionné. Et ce livre est le résultat d’amitiés. L’amitié est vraiment le maître-mot. Il se lit comme on écoute des conversations qu’on a avec des potes le soir autour d’un verre, et c’est vraiment ce qui s’est passé. Il est construit, pour beaucoup, sur des discussions, des témoignages, avec des gens de Marseille, de Paris, vous… Il y a des livres qui ont été lus, mais il y a aussi énormément d’échanges. C’est l’histoire d’une communauté en fait.
Quant à mon ego personnel, l’idée c’est toujours d’avoir une réflexion entre le « je » et le « nous ». C’est vraiment, en astrologie, l’axe balance-bélier, sur lequel je me situe très fortement ! (rires) L’axe « qui suis-je ? » et « qui sommes-nous ensemble ? » – « qui suis-je, dans cet ensemble ? » Le « je suis » est ce qui t’entraîne, qui te donne confiance en toi, parce qu’on en a quand même besoin. Par contre, ce bélier doit être contrebalancé par le « nous sommes », et c’est toute l’idée du « pouvoir du dedans » de Starhawk, de développer un pouvoir immanent, etc. C’est peut-être cool d’être « je suis » mais je suis assez convaincu que le « je suis » Instagram avec plein de followers et « je m’adresse moi seul·e à une communauté », c’est assez peu utile pour la lutte.
Clémentine : Une petite anecdote : on a fait une relecture collective de ce livre, il n’y avait pas que moi, l’éditrice, mais aussi plein d’autres personnes, dont toi d’ailleurs. À la fin, Costanza a absolument insisté pour qu’on place au tout début du livre un texte disant « ce livre a été relu, corrigé, amélioré par… » avec une liste de toutes les personnes qui sont repassées sur le texte. Généralement, ce genre de choses passe toujours à la fin, c’est un peu caché, les gens dans l’ombre. Coco a vraiment tenu à mettre ce passage au tout début, de manière très visible.
© éditions troubleIl y a sans doute plein d’écritures queers. Ce qui les réunit, c’est une joyeuse expression de l’individu, qui résonne avec le collectif.
Costanza Spina
J’aimerais parler du style de l’ouvrage, à la fois politique et profondément intime, poétique : existe-t-il d’après vous une écriture queer ?
Coco : Il n’y en a pas qu’une, mais plusieurs. Le mot « queer » en lui-même, tu ne peux pas vraiment le définir, c’est là son essence. C’est ce qui trigger beaucoup les philosophes mecs cis blancs ! Du coup il y a sans doute plein d’écritures queers. Je pense que ce qui les réunit, c’est juste une joyeuse expression de l’individu, qui résonne avec le collectif. Ce sont des techniques d’expérimentation, l’envie de briser des frontières entre les genres… peut-être que c’est une écriture sans genre en fait, tout simplement. Une écriture genderfuck. Mais tout le monde peut avoir la sienne.
Clémentine : Ce que je recherche, pour Censored mais aussi pour les livres, c’est ça : briser un peu les formats attendus. C’est toujours difficile de nommer et définir, parce qu’en réalité on va presque inventer de nouveaux genres avec les éditions trouble – on a cette prétention-là ! Et cela va aussi se décliner sur le visuel, l’esthétique et le format du livre. Le fond et la forme doivent aller ensemble, c’est vraiment ce qui nous guide. Apolline, qui est la cofondatrice et directrice artistique, a beaucoup réfléchi à comment décloisonner par l’objet et la matérialité. On a voulu faire un livre carré, un peu brillant, avec une typo avec des glyphes, une écriture violette. On a fait exprès, rien n’est laissé au hasard, pour un petit peu troubler – « trouble », voilà. C’est la réponse que je peux apporter à ça : on veut décloisonner. Je n’ai pas envie de m’emparer du terme queer pour qualifier notre démarche mais ça rejoint cette idée-là quelque part.
Ce qui vous lie à la base, c’est d’être acteurices de médias indépendants. Quel avenir présagez-vous pour le futur de la presse et des éditions féministes ?
Coco : Honnêtement je ne sais pas, mais je veux vraiment inviter nos lecteurices à nous soutenir, et à le faire avec de l’argent, parce que tout le monde a la capacité de financer et soutenir des médias, à des hauteurs différentes – ça peut aussi être de les faire passer, les prêter, les repartager sur les réseaux. Mais on doit impérativement sortir de cette idée que le journalisme est gratuit, et surtout le journalisme queer. Parce que la première étape pour aller contrer nos adversaires politiques, c’est d’avoir des journalistes, des auteurices, qui vont au front et n’ont pas peur de dire des choses. Moins d’abonnements Netflix et plus d’abonnements à Censored, Manifesto, XY… Il faut sortir de cet argumentaire « on n’a pas d’argent ». Il y a des gens queers qui peuvent tout à fait soutenir les médias. Des fois, c’est juste boire une pinte de moins dans le mois. Oui les queers sont précaires, mais les journalistes queers sont précaires aussi, les médias queers aussi, et ça dépend vraiment de nous de décider quels médias on veut lire demain.
Clémentine : Alors moi personnellement j’ai très peur ! Déjà je salue tout le travail sur Manifesto XXI, je trouve que c’est dingue, bientôt dix ans d’existence. Je crois que ça n’existe pas ailleurs, et le fait de tenir, de savoir se réinventer, de réfléchir, c’est vraiment important. Mais je vois bien qu’il y a des initiatives, des médias qui veulent se créer, mais aussi et surtout qu’il y en a plein qui disparaissent. Je pense notamment au collectif Éditer en féministes, lancé par plusieurs maisons d’édition indépendantes féministes. J’ai tout de suite voulu les rejoindre, je me suis dit « ça a l’air génial et révolutionnaire, il faut absolument se partager et collectiviser les infos ». J’entendais Juliette Rousseau, des éditions du commun, en parler, et finalement, c’est la fatigue ultime. En fait, on est épuisé·es. Comment, quand tu galères déjà dans ton média ou ta maison d’édition, tu peux trouver le temps de t’organiser avec d’autres ? Coco parlait de la nécessité d’avoir de l’argent, c’est une certitude. Moi j’aimerais faire un appel de forces, d’allié·es. Il faut absolument de la conscience politique de l’importance de ces rares espaces d’expression et d’invention de tout ça. Et on ne tient toustes qu’à un fil, malheureusement. Chez Censored, on a traversé un bon burn-out en mars. Là on va passer en annuel parce qu’on n’y arrive plus, parce que la question de l’argent est compliquée, parce que les gens ne se rendent pas compte par exemple que c’est important de précommander, parce qu’il faut qu’on paye un imprimeur, que c’est douze mille euros à avancer. Il y a plein de trucs difficiles à expliquer et à exprimer. Et nous, derrière, est-ce qu’on la joue « c’est trop cool ce qu’on fait » ou « on est épuisé·es » ? Parce que c’est un tabou. Je pense qu’il faut aussi parler de nos peurs, du fait qu’on n’a pas le temps de tisser des liens, de survivre aussi, de faire survivre nos médias et nos collectifs.
Pour en savoir plus et soutenir les éditions trouble :
Relecture et édition : Anne-Charlotte Michaut
Image à la Une : © Jehane Mahmoud
Cet article Costanza Spina & éditions trouble : une discussion croisée sur l’amour, la communauté et la presse féministe provient de Manifesto XXI.
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Cet article Lettre ouverte des artistes réfugié·es politiques, artistes en exil provient de Manifesto XXI.
Le 11 octobre, un collectif d’artistes résident·es à l’Atelier des artistes en exil publie cette lettre sur Instagram pour dénoncer leur malaise et le manque de transparence au sein de l’association. Nous la relayons aujourd’hui avec de nouvelles signatures.Cher·e·s toustes, ami·e·s,
C’est avec un mélange de tristesse, de frustration et de détermination que nous nous adressons à vous aujourd’hui. Nous, artistes en exil, avons été témoins de comportements oppressifs et de chantages émotionnels au sein de notre communauté. Face à ces injustices, nous avons décidé de partager publiquement cette lettre ouverte avec vous pour exprimer notre profonde insatisfaction et dénoncer les maux qui minent notre espace créatif. Depuis son ouverture, l’Atelier fut un refuge, un lieu d’aide et de solidarité, un espace de sécurité, de rassemblement, de rencontre, d’échange, d’entraide, de création et de convivialité. Pour certain·e·s, ce fut le premier et/ou le seul lieu qui ressemblait à un chez-soi, rappelant au moins une partie de familiarité, un sentiment rapprochant d’un sentiment perdu depuis l’exil, que toustes les artistes partagent comme un traumatisme collectif marquant cette communauté d’artistes.
Depuis un certain temps, nous vivons toustes sous le joug d’une direction, subissant le fardeau d’une reconnaissance soi-disant salvatrice apportée par cette structure. Nous avons enduré en silence, car nous nous sentions redevables. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus rester silencieux·ses face à l’oppression exercée par l’Atelier. Cette « institution », censée nous soutenir, utilise les mêmes mécanismes que les institutions oppressives que nous avons fuies dans nos pays d’origine.
Nous sommes ici en tant qu’artistes, en tant qu’individus, chacun·e portant avec elleux une histoire, une identité, et des fragilités uniques. Nous sommes ici en exil, un état qui ne peut être réduit à un simple label ou à un concept « sympa » à vivre. L’exil est une réalité complexe, parfois douloureuse, souvent pleine de défis. Nous demandons simplement à être respecté·e·s en tant que tels, avec nos histoires et nos vulnérabilités, sans être réduit·e·s à des stéréotypes ou à des marchandises.
Ce que nous dénonçons aujourd’hui, c’est le manque de transparence dans la gestion de notre atelier. Nous exigeons d’être informé·e·s et impliqué·e·s dans les décisions qui affectent notre espace commun et notre bien-être en tant qu’artistes. Nous dénonçons également le non-respect envers nos histoires, nos différentes fragilités et nos pratiques artistiques. Nous sommes des êtres humains, pas des objets à exposer ou à exploiter pour des motifs personnels ou financiers. Nous ne pouvons plus tolérer que l’Atelier exploite nos histoires et les problèmes géopolitiques pour se construire une image, tout en négligeant nos véritables besoins. Nous ne pouvons plus accepter des conditions de travail sous pression, imposées par cette direction, qui prétend nous aider.
Les drapeaux arc-en-ciel sont hissés, transformés en logo pendant les prides, et des slogans tels que « Stop aux guerres » sont scandés au nom de l’Atelier. Mais derrière ces apparences, nous sommes confronté·e·s à une réalité bien différente. Nous sommes contraint·e·s d’accepter des propositions de l’Atelier qui ne servent pas nos intérêts réels. Nous mettons ici en lumière la fétichisation de nos histoires personnelles, un phénomène insidieux qui nie notre humanité et notre individualité. Nous ne sommes pas des curiosités exotiques à étaler ou des récits tragiques à exploiter pour susciter la pitié. Nous sommes des artistes, des créateur·rices, des personnes qui cherchent simplement à s’exprimer et à partager leur art et leur histoire avec le monde. Nous ne pouvons plus accepter d’être réduit·e·s au silence. Ce qui nous est demandé dépasse de loin ce que l’Atelier nous offre. Depuis la création de cet Atelier, aucune évolution concrète n’a été proposée à aucun·e artiste. Ce lieu se transforme en un exil au sens le plus vrai du terme – une cage dorée où nos ailes sont coupées. Nous ne pouvons plus faire un pas sans que cela soit associé à l’image de l’Atelier des artistes en exil. Nous sommes pris·es au piège, sans possibilité de nous échapper. Un sentiment de mépris s’installe et une paranoïa extrême nous envahit, car nous ne faisons plus confiance et nous ne nous sentons plus en sécurité.
Malgré notre participation collective à la construction de l’image de cette structure, nous sommes complètement dénigré·e·s et maintenu·e·s dans un état de soumission. Aucune opportunité d’évolution ne nous est offerte. Nous devons accepter les conditions imposées sinon c’est l’invisibilisation ! Il y a quelques années, une personne anonyme nous a averti·es en publiant un message sur les réseaux sociaux : « Aidez les artistes en exil, la direction monopolise l’association ». À l’époque, nous n’avons pas voulu y croire. Nous avons soutenu la direction, mais malheureusement, c’est la réalité. Nous avons besoin de vous pour effectuer cette transition, nous pourrions être contraint·e·s de quitter ces lieux. Nous voulons un espace qui nous appartienne, un espace que nous gérons nous-mêmes. Nous sommes souvent sous-payé·e·s et/ou non-payé·e·s, participant à la création d’un journal sans aucune reconnaissance. L’association perçoit des bourses en notre nom, auxquelles nous avons difficilement accès. De plus, l’association prélève 20% sur toutes nos ventes d’œuvres, même parfois sur les bourses. Malgré la mise à disposition gratuite des locaux par la ville de Paris, la direction prétend que les 20% prélevés sont équivalents soi-disant à un loyer. En effet, nous mettons en question la légalité de certaines démarches entretenues par la direction, et nous nous interrogeons sur les compétences professionnelles en matière d’accompagnement et de connaissances dans les domaines psychologiques et sociaux conformément à nos profils et nos besoins. Nous mettons en question aussi la santé mentale, les compétences et les sensibilités interculturelles et linguistiques de certains membres de la direction.
Aujourd’hui, nous brisons le silence, car cela ne peut plus durer. Nous refusons d’être exploité·e·s davantage. En publiant cette lettre, nous voulons faire entendre notre voix collective. Nous demandons le respect, la dignité et l’égalité pour tous les membres de notre communauté. Nous appelons à un changement radical dans la manière dont notre atelier est géré, mettant l’accent sur la transparence, le respect mutuel et l’appréciation de la diversité qui fait notre richesse.
Nous sommes uni·es dans notre démarche, fort·es dans notre détermination. Nous espérons que cette action marquera le début d’un dialogue ouvert et honnête au sein de notre communauté, un pas vers un avenir où chaque artiste sera respecté·e, soutenu·e et célébré·e pour sa singularité. Ensemble, nous pouvons créer un espace où l’art et l’humanité triomphent de l’oppression et de l’ignorance. Nous vous appelons à vous joindre à nous, à soutenir notre cause et à nous aider à obtenir le changement que nous méritons. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que l’Atelier des artistes en exil redevienne ce qu’il devrait être : un lieu d’accueil, de soutien et de croissance pour les artistes en exil. Un atelier d’artistes qui soit véritablement inclusif, respectueux et inspirant pour toustes.
Avec espoir et détermination,
Les artistes en exil
Liste des signataires
Artistes membres aae :
Aida Salender
Aram Tastekin
Ayoub Moumen
Babak Vatandoost
Bahareh Ghanadzadeh
Yazdi Diyana Babapour
Hala Alsayasneh
Hamza Abuhamdia
Hasan Ocal
Hristine Zarembo
Ismat Aka sim-marek
Maryam Samaan
Mehdi Yarmohammadi
Nasrin Moradi
Orion Lalli
Rezvan Zahedi
Lassine Traoré
Et 18 artistes anonymes
Artistes passé·es par aae :
Kubra Khademi
Rada Akbar
Droit de réponse de l’atelier des artistes en exil
Le 11 octobre dernier, une première lettre ouverte signée par 27 artistes et anciens membres de l’atelier a suscité émotion et de nombreux questionnements au sein, et à l’extérieur de notre communauté.
En dehors de certains propos diffamatoires qui ont été publiés et relayés, nous entendons et comprenons certaines déceptions, frustrations et colères.
Crée en 2017, l’atelier fait face depuis quelques mois à une situation sans précédent. L’arrivée toujours grandissante d’artistes en exil, et le manque de financements nous ramènent aux difficultés humaines, administratives et financières auxquelles nous devons faire face en tant qu’association.
À ce jour, nous comptons environ 600 artistes membres, et l’équipe fixe n’est constituée que d’une vingtaine de personnes qui travaillent sans relâche pour un objectif commun : l’accompagnement et le bien-être des artistes en situation d’exil.
L’atelier est avant tout un espace d’accueil et de création, permettant aux artistes de disposer gratuitement d’espaces et de matériel de travail, d’un suivi social et juridique, de cours de français, de formations, de bourses à la création… et ceci ne changera pas.
Il est vrai que malgré notre implication constante, il est de plus en plus difficile d’accompagner toutes les personnes sur des projets d’évolution artistique personnels dans leur entièreté, lorsqu’une majorité fait face à une situation d’urgence.
Au vu de la situation géopolitique actuelle, la priorité est de pouvoir permettre à des artistes de se loger, se nourrir, se soigner, d’être en sécurité afin de pouvoir créer.
Les espaces de création (ateliers d’arts plastiques, céramique, salles de danse, de musique, d’écriture, studio photo…) restent toujours accessibles, l’équipe disponible, tout comme l’accompagnement artistique. Nous poursuivons la programmation de nos événements et du festival, bien qu’il soit désormais plus compliqué pour nous d’accompagner tous les besoins, ambitions et envies, avec des demandes toujours croissantes et une équipe réduite.
Nous remercions chaleureusement les personnes et les institutions qui comprennent, nous apportent leur appui et nous témoignent leur solidarité. Nous remercions également tous les artistes qui ont publié une deuxième lettre de soutien envers notre association, et qui nous accompagnent avec force pour défendre ce lieu qui nous est si cher.
L’atelier restera un lieu d’accueil, de partage et de bienveillance où aucun comportement discriminatoire n’est toléré.
Nous sommes ouverts aux propositions conduisant vers des changements positifs au travers d’un dialogue ouvert. Des réunions avec les membres de l’atelier des artistes en exil et l’équipe ont eu lieu, d’autres sont prévues, afin de faire le point sur notre fonctionnement et sur les expériences que nous partageons.
Nous nous tenons également à la disposition de quiconque souhaiterait nous poser des questions : public@aa-e.org
NB : À titre d’exemple et afin de rétablir une partie des faits dénoncés dans cette première lettre, nous souhaitons préciser que n’avons jamais prétendu payer un loyer, les locaux que nous occupons au 6 rue d’Aboukir Paris 2e sont mis à disposition par la Ville de Paris.
Les 20% évoqués sont dirigés vers un fond commun d’aides d’urgence, dans une perspective mutualiste où les artistes qui reçoivent au travers du réseau ou matériel fourni par l’atelier, partagent avec les artistes qui ne perçoivent rien (comme il est précisé dans la charte des artistes de l’aa-e, signée au moment de la réception de leur carte de membre).
Par ailleurs, nous ne prélevons pas ce pourcentage sur les bourses, qui reviennent intégralement aux artistes, après acquittement des cotisations sociales en vigueur.
Article mis à jour le jeudi 26 octobre 11h30
Image à la Une : Ayoub Moumen, performance au festival Jerk Off à la Flèche d’Or © Romain Guédé
Cet article Lettre ouverte des artistes réfugié·es politiques, artistes en exil provient de Manifesto XXI.
Cet article Guerre en Palestine : dire la honte en France provient de Manifesto XXI.
Parmi celles et ceux qui prennent la mesure de l’actualité terrible de la guerre entre le Hamas et Israël, l’un des sentiments les mieux partagés avec la colère et la peur, c’est la honte.J’aimerais partager un peu de cette honte que je ressens, non pour faire étalage d’une vertu mal placée, mais parce que j’espère encore qu’on peut faire de son poids écrasant un moteur. J’ai besoin de dire cette honte pour qu’un jour peut-être l’histoire se souvienne qu’ici aussi les peuples ne sont pas leurs gouvernements, qu’il y a bien des gens en France qui entendent les cris de la population de Gaza et ne veulent pas s’en détourner. Que nous ne voulons pas tous·tes être les témoins indifférents et passifs d’un génocide en Palestine. Nous avons honte de savoir que nous, les Occidentaux·ales riches, ne sommes une fois de plus pas capables de secourir celles et ceux qui subissent une guerre résultant en partie de notre histoire coloniale.
Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël, j’ai honte de la médiocrité des prises de parole politiques. Des petits calculs électoraux et des gros sabots de certain·es. De ceux qui ont bégayé pour condamner le terrorisme du Hamas, de l’antisémitisme qui s’est si vite déchaîné, du peu de place laissé à la simple compassion. J’ai honte du soutien total accordé à l’État d’Israël par le gouvernement. De la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a rendu visite aux soldats de Tsahal alors même que la moitié des logements de Gaza ont été détruits par les frappes israéliennes. J’ai honte de Darmanin qui n’a pas hésité à dire que « la haine du juif et du flic se rejoignent », tout en interdisant des manifestations en soutien à la Palestine. Le mépris à peine voilé pour l’émotion de celles et ceux qui soutiennent la cause palestinienne est dangereux ; et ce moment révèle encore une fois les deux poids deux mesures qui existent dans la société française. J’ai honte qu’encore Darmanin prenne à partie Karim Benzema et que sur ordre de l’Intérieur, on arrête l’intellectuelle palestinienne Mariam Abu Daqqa, qu’on stoppe net sa tournée de conférences, qu’on l’assigne à résidence pour quarante cinq jours. Je m’étouffe d’entendre Marine Le Pen se poser en « bouclier » pour les juif·ves français·es. J’ai honte que la guerre entre le Hamas et Israël rappelle à quel point la France se fascise. Et devient bête. Quelle est l’utilité politique de menacer de fermeture administrative le Chamas Tacos de Valence parce qu’une lettre (le C) ne brille pas ? Je veux dire, comment peut-on être aussi malade de suspicion raciste et de stupidité ? Cette liste des décisions politiques qui font honte depuis quinze jours pourrait être encore allongée, tant les aberrations sur le plan international et intérieur sont nombreuses.
J’ai honte du travail grossier de certain·es confrères et consœurs journalistes. Des angles déshumanisants, des mots qui trahissent les doubles standards. Qu’on demande aux intervenant·es arabes ou palestinien·nes de condamner les violences du Hamas avant de pouvoir s’exprimer, là où les invité·es israëlien·nes peuvent répondre à des questions sans qu’on leur demande de dénoncer l’apartheid. Ce moment fait ressortir l’inanité d’un traitement de l’actualité courte-vue, uniquement à chaud, et les biais d’une profession malade de son entre-soi. Celles et ceux qui entretiennent des traitements médiatiques discriminants font un mal profond en nommant mal les choses.
Dans ces moments terribles, je veux néanmoins dire merci aux auteurs et autrices qui prennent la parole pour mettre les mots justes sur l’indicible. Parce que le combat n’est pas égal, nous avons d’autant plus besoin des voix palestinien·nes. Dans l’enfer de ces jours sombres, il est d’autant plus scandaleux que l’autrice Adania Shibli ait été déprogrammée de la foire du livre de Francfort. Plus que jamais, dans un monde de polarisation et de violence, celles et ceux qui travaillent le texte sont les gardien·nes de la nuance. Vous qui, comme Karim Kattan, tentez de nous éclairer sur une ligne de crête, soyez remercié·es.
J’ai honte, enfin, de notre ignorance générale sur les sujets de géopolitique au Proche-Orient et de notre difficulté à trouver les mots justes pour dire à nos ami·es – qu’iels soient juif·ves, arabes, musulman·es, palestinien·nes – que nous voyons leur douleur et que nous la partageons. J’ai honte de bénéficier du confort que l’empire colonial d’hier nous permet aujourd’hui : regarder de loin tant de guerres, pouvoir éventuellement couper les notifications et agir « en fonction de comment on se sent ». C’est le plus honteux des privilèges, et parce qu’elles ne subissent pas le racisme ou l’antisémitisme, trop peu de personnes blanches en ont conscience. Lutter contre l’indifférence, c’est lutter contre la honte et c’est un devoir. Par l’information, les dons et l’action politique.
Image à la Une : © Chahina Moses, place de la République à Paris lors du rassemblement du jeudi 19 octobre 2023
Relecture & édition : Sarah Diep, Anne-Charlotte Michaut, Léane Alestra, Costanza Spina
Cet article Guerre en Palestine : dire la honte en France provient de Manifesto XXI.
Une seule prise de doxycycline après un rapport permet de prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes comme la syphilis, la chlamydia ou la gonorrhée. Cette affirmation est de plus en plus présente dans nos communautés et pour cause, certain·e·x·s ont commencé à utiliser cette stratégie dite de la DoxyPEP. Mais si cela est vrai, pourquoi est-ce que les autorités et les organismes de prévention n’encouragent-ils pas à le faire et ne favorisent-ils pas son accès? Point de situation.
L’article DoxyPEP, la pilule magique contre les IST? est apparu en premier sur 360°.
Il a subi des tirs de mortiers, des insultes, du lynchage, été tabassé dans un guet-apens, et en dépit d'une quinzaine de plaintes déposées et multiples sollicitations d'élus, il continue de se faire agresser sans réponse de la justice.
L’article Aude : victime d’antisémitisme et d’homophobie, Jean dénonce l’inaction des politiques est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Il a subi des tirs de mortiers, des insultes, du lynchage, été tabassé dans un guet-apens, et en dépit d'une quinzaine de plaintes déposées et multiples sollicitations d'élus, il continue de se faire agresser sans réponse de la justice.
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59 hommes et 17 femmes ont été arrêtés ce 21 octobre dans le nord-est du pays, lors d'un prétendu « mariage gay », illégal et passible de quatorze ans de prison, en vertu d'une loi de 2014.
L’article Nigeria : 76 « homosexuels présumés » appréhendés lors d’une fête d’anniversaire est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
59 hommes et 17 femmes ont été arrêtés ce 21 octobre dans le nord-est du pays, lors d'un prétendu « mariage gay », illégal et passible de quatorze ans de prison, en vertu d'une loi de 2014.
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59 hommes et 17 femmes ont été arrêtés ce 21 octobre dans le nord-est du pays, lors d'un prétendu « mariage gay », illégal et passible de quatorze ans de prison, en vertu d'une loi de 2014.
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Dans cette chronique, je continue à discuter avec Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être irréel. Julien ça pourrait être toi, moi et/ou nous.
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Cher Mag, Lorsque ton actuel réd en chef, Robin Corminboeuf, m’a contactée pour me
L’article Du monde de la nuit à la vie au grand jour est apparu en premier sur 360°.
Cet article LAZE : la fantastique raveuse qui nous emmène loin du réel provient de Manifesto XXI.
Pour sa 3ème édition, le NDK Festival investit 5 lieux du 18 au 26 octobre à Caen, faisant la part belle aux nouveaux courants des musiques électroniques et clubbing. On a intercepté l’artiste LAZE avant son set ce samedi soir. Elle nous raconte comment elle s’est construit sa place sur la scène techno marseillaise, et au-delà.De son vrai nom Lisa Ferrari, la Marseillaise LAZE n’a pas peur de la vitesse. Tombée dans la musique électronique depuis toute jeune, elle s’est créé un univers « multivibe extravangaza » dans lequel elle fait entrer en collision hard dance, speed bass, trance, avec des sonorités break ou drum’n bass. La dj, également productrice, a sorti l’an dernier son premier EP Lost Treasures sur Raise Records. Un disque qu’on avait déjà salué dans nos pages pour ses subtiles compositions autant oniriques qu’énergiques, qui nous laisse à penser que LAZE est la parfaite partenaire de rave. Ses longs morceaux à la progression jamais linéaire nous emmènent dans un voyage entre gros kicks et mélodies aériennes, pour nous déposer en sueur à l’aube des afters face à la mer.
Après avoir fait ses armes au sein du collectif Caisson Gauche dont elle est membre, signée chez Raise Records, elle a publié des tracks sur plusieurs labels locaux et nationaux : Southfrap Alliance, Du Cœur Records, Explity, ou encore ses chouchous de Matière Production. À la veille de son set au NDK Festival ce samedi 21 octobre à Caen aux côtés notamment de la Bretonne Célélé (grande adepte de musiques qui vont vite, elle aussi), elle nous raconte ses inspirations et son parcours d’artiste marseillaise sur la scène techno actuelle.
J’essaie de lier les émotions réparatrices des paysages fantastiques de jeux vidéo dans ma musique.
LAZE
Manifesto XXI – Ton univers musical est orienté teuf, high speed energy et gros kicks. Comment es-tu tombée dans la rave ?
LAZE : J’ai découvert la musique électronique assez jeune, de manière assez solitaire. Quand je suis arrivée au lycée, j’ai pu vivre en live et partager la musique avec d’autres personnes. Aux alentours de Marseille, il y a beaucoup de free parties et j’ai donc commencé à sortir avec une communauté d’habitué·es et mes ami·x. Par la suite, à force d’écouter de plus en plus de musique, de faire des playlists pour mes potes et tous les moments qu’on passait ensemble, l’envie de mixer s’est imposée. La production est venue un peu plus tard, avec une envie d’en apprendre plus sur la musique, dont la composition m’avait toujours intriguée.
Tes morceaux sont souvent assez longs, autour de cinq minutes, ça semble témoigner de cet ancrage dans une vibe de rave, avec des dj sets où les lignes de basses se prolongent à l’infini d’un morceau à l’autre. Est-ce que ta pratique de mix a influencé ta production ?
J’ai déjà beaucoup réduit la longueur de mes morceaux ; le premier que j’ai sorti, c’était sur le label Matière et il faisait plus de 8 minutes ! Je pense que je ne suis vraiment pas dans cette quête de la basse infinie mais au contraire de marquer des temps différents et de séparer les multiples idées que je peux essayer d’intégrer en un seul morceau, et il me faut à peu près toujours ces cinq minutes pour arriver à dire tout ça !
Ton premier EP Lost Treasures trouve des inspirations dans les jeux vidéo et les univers numériques. Est-ce que c’est une façon pour toi d’échapper au réel ?
Cet EP, c’était un hommage à un jeu vidéo qui m’a particulièrement marquée et aidée dans ma jeunesse, et plus précisément pendant la période collège, qui s’appelait Aion. En effet, ce jeu a été super important pour moi puisqu’il a été une sorte de refuge, comme une seconde réalité. La liberté que je pouvais ressentir était vraiment libératrice et les paysages fantastiques ainsi que les musiques des jeux m’ont fait ressentir beaucoup d’émotions réparatrices. Le fait que ce soit souvent des MMORPG en ligne m’a montré une sociabilité nouvelle et virtuelle dans des espaces très spéciaux, et j’ai la chance d’avoir rencontré une communauté très bienveillante durant ces expériences. J’essaie beaucoup de lier ces émotions positives que j’ai pu ressentir dans les jeux dans ma musique et surtout dans mes compositions.
Les milieux de la techno sont souvent très masculins, même si ça change doucement. Comment t’y es-tu fait ta place toi ?
J’ai eu la chance d’être portée par un projet dont je faisais partie, Caisson Gauche Records. Malheureusement le milieu de la musique électronique est en effet encore très masculin, et Caisson Gauche, un collectif pourtant composé majoritairement d’hommes, m’a cependant beaucoup mise en avant et portée sur la scène marseillaise, dans laquelle ils étaient déjà très implantés. Grâce à ce partage d’expériences, j’ai eu accès à beaucoup d’opportunités, d’abord sur la scène locale et ensuite française, afin de représenter une autre facette du collectif, et j’en suis très fière.
Ce beau début d’histoire ne supprime évidemment pas les barrières que l’on rencontre dans ce milieu en tant que femme et les comportements sexistes de certains hommes de la scène. Mais j’ai espoir dans la force des collaborations, des initiatives envers les minorités, et dans une prise de conscience collective de la part des hommes qui dominent encore les milieux festifs.
Qui sont les autres dj, producteur·ices qui t’inspirent ?
Majoritairement des femmes, comme Anetha, Miss Jay, Ninajirachi, TDJ, Zorza, Caiva, TTristana, VTSS.
Marseille est en train de popper à plein d’égards, artistiquement et musicalement on s’y intéresse plus que jamais. Comment tu vois évoluer ces dynamiques ? Est-ce que ça a été une scène porteuse pour toi, pour débuter et te développer ?
Marseille, c’est la scène qui m’a vue grandir et j’y suis très attachée. J’aime tellement jouer ici ! Le push qu’il y a autour de ma ville en ce moment me donne espoir en l’installation d’une scène musicale et culturelle plus stable et plus pérenne. Après beaucoup d’années pour les artistes marseillais·es à être caché·es et inaccessibles, je sens qu’il est enfin temps d’y accorder un peu de lumière car souvent les Marseillais·es sont resté·es dans l’ombre de ce qu’il pouvait se passer dans la capitale. Le souci reste pour moi un grand manque d’infrastructures pour accueillir cette vague culturelle émergente, mais j’espère que cette émulsion fera bouger les choses !
C’est quoi la suite pour toi ?
Un EP en janvier sur le label de G.ear, Matière, avec qui je travaille beaucoup, et j’ai hâte de sortir ça ! Beaucoup de collaborations artistiques comme avec la graphiste Roxi Basa, avec qui on développe un univers visuel riche autour de l’EP.
Tu vas enchaîner une date à Berlin le 20 octobre, puis le NDK le 21. Comment tu vas faire pour garder la pêche ?
Essayer de bien dormir et boire beaucoup de Club Mate !
Une chose qui te donne trop hâte d’être à NDK ?
Le reste du line up qui est incroyable, et découvrir le public de Caen <3
Pour la voir ce samedi au NDK Festival à Caen, toutes les infos sont à retrouver ici !
Écouter la playlist du festival par là :
Relecture : Caroline Fauvel
Cet article LAZE : la fantastique raveuse qui nous emmène loin du réel provient de Manifesto XXI.
Cet article On a diggé pour vous la folle programmation de Positive Education provient de Manifesto XXI.
Le Positive Education revient du 31 octobre au 5 novembre à Saint-Étienne. Une édition XXL qui s’étend autant le jour, à la Halle Éphémère, que la nuit à la Cité du Design. Comme d’habitude, la programmation est dénicheuse, alors voici le top 5 des lives et dj sets qu’on attend avec impatience.Il semblerait que Positive Education ait gagné une année de sursis à la Cité du Design, et le festival stéphanois se montre décidé à honorer le lieu qui l’a vu grandir avec une septième édition XXL. L’ouverture des festivités se fait le mardi 31 octobre, veille de jour férié, et l’événement s’étire ensuite jusqu’au weekend. Nouveauté de cette année : en plus des habituelles soirées qui se prolongent jusqu’au petit matin dans les hangars de la Cité du Design, la programmation s’accompagne désormais de son versant diurne.
Les après-midi, le festival s’installe dans la Halle Éphémère pour mettre à l’honneur des projets plus hybrides et expérimentaux, mais aussi des ateliers (comme avec la productrice Flore le 2 novembre, pour un cours de production sur Ableton), et des conférences, dont un talk que nous animerons le samedi 4 novembre avec Desire, Jennifer Cardini, Simone Thiébaut (Parkingstone) et Naja Orashvili & Giorgi Kikonishvili (Bassiani, Tbilissi) autour de la question « La teuf queer doit-elle rester une contre-culture ? » (en anglais).
Comme chaque année, le festival parvient à réunir de gros noms internationaux et des stars dans leur genre, sans jamais abandonner ses exigences en matière de musiques expérimentales et avant-gardistes. On a particulièrement hâte des performances de Catnapp, Amnesia Scanner, Two Shell ou encore dj lostboi (l’alias tout doux de Malibu), du dj set ambiance rave 90’s de KI/KI ou du live A/V onirique de upsammy & Jonathan Castro. Mais on a également les yeux rivés sur quelques pépites up and coming qui titillent notre intérêt. Voici notre top 5 des lives et dj sets qu’on ne manquera pas.
Officium & Catherine Danger
☆ le 31 octobre de 19h à 20h à la Halle Éphémère
Déjà acolytes sonores il y a quelques années de cela avec le projet Geoid Color Circle, Officium et Catherine Danger n’ont depuis jamais cessé de collaborer. Depuis leurs bases arrière, respectivement à Marseille et Bruxelles, les deux artistes ont continué de nourrir leurs univers live machines au gré de résidences ou de featurings. L’album Lazybones de Officium, sorti en avril dernier sur le label Teenage Menopause, recense plusieurs titres augmentés de la voix hypnotisante de Catherine Danger : le duo nous emmène dans une rave mélancolique, où se mêlent dub ténébreuse et chuchotements mystiques. C’est donc non sans hâte que l’on attend le live de ces deux électrons libres et un peu obscurs !
ojoo
☆ le 31 octobre 23h15 à 0h45 à la Cité du Design (scène 2)
© Ayman RahouhiD’origine marocaine, désormais installée à Bruxelles, la dj ojoo (fka OJOO GYAL) déploie des mixes de sonorités distordues et futuristes, dans lesquels fusionnent illbient, musique concrète, non-club, avec du dancehall old-school, du dembow, du grime et toutes sortes de bizarreries breakées. Ayant intégré cette année le roster SHAPE, l’artiste s’est fait sa place sur les line-up de toutes les meilleures scènes et radios d’Europe, d’Amsterdam à Milan en passant par Berlin, ou encore Cracovie où on a pu récemment la voir au Unsound Festival. Résidente sur Noods (Bristol) et Stegi Radio (Athènes), elle s’affirme avec son éclectisme sonore savant, qui malmène autant les tempos que les textures. Une session de massage auditif garantie haute qualité.
Tatyana Jane & Amor Satyr
☆ le 31 octobre de 1h45 à 3h15 à la Cité du Design (scène 2)
S’imposant depuis près de trois ans maintenant sur la scène underground parisienne avec ses sets décrits comme une « ode à la vitalité », Tatyana Jane vient tout juste de sortir son premier EP Clavaria Formosa le 29 septembre sur Boukan Records, une véritable plongée dans ses origines et son héritage culturel, mêlant les sons et rythmes traditionnels du Cameroun à des sonorités électroniques entre broken beat, bass music et house. Pour le Positive Education, elle s’associe pour un b2b inédit avec le dj et producteur prolifique Amor Satyr, « romantic raver » auto-proclamé qui s’est installé dans le paysage du dancefloor mondial avec une passion sans limite pour la culture soundsystem. Ensemble, les deux artistes résident·es de Rinse risquent bien de faire exploser les murs de la Cité du Design sous des bpm galopants entre dancehall, tribal rave, jungle et breakbeat, et de gagner la place des leaders les plus audacieux·ses de la scène club actuelle.
Loto Retina
☆ le 4 novembre de 19h à 20h à la Halle Éphémère
Moitié du duo Alto Fuero avec Victoria Palacios, régulièrement collaborateurice de la performeuse Anne Lise Le Gac avec ses flûtes faites maison, Loto Retina évolue dans une esthétique cyber-gnomique. Ses samples aux relents hyperpop sont augmentés de bruitages et boucles humanoïdes : ça tousse, ça dégouline et ça s’écrase, ça bipe et ça crisse… Un chaos très maîtrisé, qui nous happe dans une transe cartoonesque. Préparez-vous à la·e suivre car en live, iel jongle et danse entre ses pads et clavier pour une perf haute en couleurs.
Baraka
☆ le 4 novembre de 23h à 0h à la Cité du Design (scène 1)
© Arthur CouvatBaraka, la « bonne étoile », est l’association cosmique de Hawa Sarita et Cristofeu. D’un côté, une dj et chanteuse franco-marocaine, également poétesse à l’origine d’un ouvrage collectif de poésie paru en 2021, Au-delà du club. De l’autre, un producteur à l’esthétique trance psychédélique, qu’on a pu voir collaborer avec Von Riu (Jerry Horny). Le duo se retrouve dans leur passion pour le neo-breakbeat et la techno acid façon 90’s. Baraka est une explosion célébrant cet amour commun pour la club culture, à coups de beats incisifs et de nappes synthétiques aux inspirations trip-hop. Leur premier EP éponyme, sorti il y a un an, les a amené·es jusqu’à performer au Panorama Bar à Berlin le mois dernier. Un combo assurément festif, profondément hypnotique, qui nous emmène loin, carrément au-delà du club.
Sélection et rédaction : Sarah Diep et Soizic Pineau
Image à la une : © Juliette Valero
Retrouvez la programmation, la billetterie et toutes les infos pratiques sur le Positive Education ici !
Cet article On a diggé pour vous la folle programmation de Positive Education provient de Manifesto XXI.
Saisie par une vingtaine de plaignants qui demandaient l'égalité pour la communauté LGBT+, la plus haute instance judiciaire s'est déclarée inapte à statuer sur la reconnaissance légale du mariage pour tous, renvoyée au corps législatif.
L’article La Cour suprême de l’Inde refuse de statuer sur la légalité du mariage entre personnes de même sexe est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Saisie par une vingtaine de plaignants qui demandaient l'égalité pour la communauté LGBT+, la plus haute instance judiciaire s'est déclarée inapte à statuer sur la reconnaissance légale du mariage pour tous, renvoyée au corps législatif.
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Avec Killers Of The Flower Moon, le réalisateur livre une exaltante fresque historico-politique. Épique, crépusculaire, captivante, elle réunit, pour le meilleur, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, ses acteurs fétiches.
L’article Scorsese dévoile un pan très noir de l’histoire américaine est apparu en premier sur 360°.
Cet article FACT : L’unique festival français dédié à la création trans, incontournable à Lyon provient de Manifesto XXI.
Sur deux semaines du 25 octobre au 5 novembre, le festival lyonnais FACT, qui célèbre les artistes trans, revient avec une édition foisonnante : découvrez la programmation avec nous !Depuis 2019, le FACT, Festival d’Arts et Création Trans, est l’unique festival en France dédié à la mise en avant de la création contemporaine des artistes transgenres. Sa programmation tout public, pluridisciplinaire et internationale se déploie chaque automne entre octobre et novembre, et invite en résidence des artistes d’Uruguay et du Brésil, en partenariat avec le festival uruguayen La Semana de Arte Trans. En réaction à une montée en puissance préoccupante de mouvements réactionnaires qui prennent pour cible les droits des minorités sexuelles et de genre, notamment des personnes transgenres, en remettant en question leurs droits fondamentaux, le FACT veut soutenir et célébrer la multiplicité des existences, et souhaite être un espace où une diversité de voix, de parcours et de récits peuvent se croiser.
Nous croyons que les savoirs issu des communautés LGBT et transgenre sont nécessaires pour comprendre les enjeux de notre présent et construire des futurs plus humains et éthiques.
l’équipe du FACT
Le FACT vise à être un moment convivial et intergénérationnel, où des artistes et publics de tous âges se rencontrent et se rassemblent autour d’une programmation artistique dans quatre lieux culturels alternatifs de Lyon : le Théâtre des Clochards Célestes, le Théâtre de L’Elysée, le Grrrnd Zero, et le Sonic.
Pour l’édition 2023, on pourra autant faire la rencontre de Kalil Bat et son Afro-Trans Diary, qu’aller au JARDIN FUTUR / CLUB SABOTAGE où Ève Magot fera une relecture peu érudite du mythe fondateur de la Genèse, texte souvent utilisé pour justifier un système de genre rigide et binaire.
Il y aura également la conférence dansée Alvorada de l’artiste brésilienne Eliara Queiroz, en collaboration avec Michaëla Danjé, dans laquelle elle retrace des histoires de corps, de migration et d’urbanisation dans la construction des grandes villes du Brésil, et remet en question l’effacement continu des existences « désobéissantes » (du 2 au 4 novembre au Théâtre des Clochards Célestes).
À ne pas rater, une nuit dansante Toujours plus trans, au Grrrnd Zero avec le collectif Convergences des Slut·tes, aura lieu le samedi 28 octobre à Vaux-en-Velin, où se dérouleront des lives, des DJ sets, des performances, des surprises et toujours plus de fête. Soirée ouverte aux personnes trans et inter, non-binaires, en questionnement, ainsi qu’aux ami·es et allié·es. Enfin, nous avons sélectionné l’après-midi de contes avec Willow conteureuse – histoires de princesse à barbe et dragonnescargot à l’amour trans – pour le plaisir d’écouter des histoires. Ouvert à tout le monde, enfants et adultes, à partir de 6 ans pour la première partie, et 8 ans pour la deuxième, le dimanche 5 novembre, 15h, au Théâtre des Clochards Célestes.
Foncez donc au FACT pour fêter, autour de la date de la fête des morts, la beauté de différentes formes de vie… it’s a fact.
Image à la Une / Poster du FACT : Mélodie Preux
Pour plus d’infos, la programmation du FACT // Instagram du festival
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Pour commencer l’automne et s’assurer de le traverser avec le plus de douceur possible, nous
L’article Les pépites d’octobre-novembre est apparu en premier sur 360°.
Pour sa 22e édition, le Lausanne Underground Film Festival continue d’explorer les créations artistiques à la marge. Cette année, la rencontre lausannoise propose un coup de projecteur sur une figure du cinéma underground longtemps oubliée: Doris Wishman.
L’article Les enfers en dentelle noire est apparu en premier sur 360°.
La Commission de Discipline de la LFP a estimé que les chants entonnés par les ultras Rennais, lors du match de championnat contre Nantes ce 1er octobre étaient davantage injurieux qu’homophobes, n'infligeant donc qu'une amende au club.
L’article Football : 70 000 euros d’amende pour le Stade rennais après les chants homophobes entonnés lors du derby contre Nantes est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
La Commission de Discipline de la LFP a estimé que les chants entonnés par les ultras Rennais, lors du match de championnat contre Nantes ce 1er octobre étaient davantage injurieux qu’homophobes, n'infligeant donc qu'une amende au club.
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Cet article Barbie : après la vague, le goût amer de la dissonance provient de Manifesto XXI.
Près de deux mois après la sortie de Barbie, quel bilan dressons-nous du phénomène ? Au lieu de se satisfaire du « en même temps » qui a pullulé dans les médias, nous écrivons notre inquiétude face à la dissonance cognitive artistique et politique du film de Greta Gerwig.On ne présente plus Barbie. Ni la poupée vendue à 58 millions d’exemplaires chaque année, ni le film sorti en juillet dernier, hissant sa réalisatrice au rang de « première femme à dépasser le millard de dollars de recette ». Avec un budget équivalent à celui de la production du film (150 millions de dollars !) et une industrie en manque de purple washing, Barbie réunit les ingrédients de ce qui, avec deux mois de recul, semble constituer une formule nouvellement méta de production cinématographique mainstream. Comme tout produit massivement diffusé dans un paysage globalisé, Barbie a créé des lignes de démarcations : un succès inattendu en Chine et une censure au Koweït et en Algérie pour « propagande homosexuelle » (il faudra nous la montrer) ou « atteinte à la morale publique ». Le film divise aussi sur son utilité, pris comme un outil pour diffuser largement le féminisme ou au contraire comme un moyen de rassurer nos vieux oncles réacs.
On est allé voir Barbie par curiosité, avec espoir presque. Il nous a intrigués – nous collaborateur·ices de Manifesto XXI, comme d’autres journalistes et critiques – pour finalement nous alarmer : à quoi bon exiger de meilleures politiques de représentation à l’écran si elles ne servent qu’à générer un profit qui finira par nous écraser ? La vague Barbie (parlons de marée plutôt que de cinéma) nous met face à un dilemme. D’un côté, on veut évidemment défendre le travail d’une réalisatrice qui tente de renverser un storytelling de superproductions centrées sur les hommes. De l’autre, on est obligé de se rendre à l’évidence : la lutte féministe est employée pour réécrire une histoire de marque et enrichir une multinationale. C’est un constat effrayant, preuve que le capitalisme est capable de tout digérer et de parler notre langue. Barbie vient chercher du côté de notre propension à la nostalgie, de nos souhaits d’être enfin représenté·es, de notre culture cinéphile indé. Il nous a faussement promis un blockbuster anti-patriarcal (si tant est que cela existe) et nous a laissé avec un goût amer, un sentiment de défaite.
La dissonance cognitive comme fil roseEn 2016, Mattel dévoile de nouvelles Barbies aux diversités physiques « inclusives » ; les poupées sont maintenant plus rondes, plus petites, racisées, ou présidentes. Mais les ventes ne repartent pas à la hausse, ou du moins n’égalent pas le succès passé de la marque. Flashforward to 2022 et l’annonce d’une production Warner x Mattel réalisée par Greta Gerwig. L’appétence des studios hollywoodiens pour les cinéastes indépendants n’est pas nouvelle (Taika Waititi pour Marvel, Rian Johnson pour Disney), mais la combinaison Mattel-Gerwig interroge déjà : une réalisatrice et scénariste indé (Frances Ha, Lady Bird) qui s’empare d’un jouet générationnel rejeté par les féministes ?
Ce n’est pas un film pour enfant qui accompagnerait une nouvelle génération de jouets, mais un film pour adultes qui jouent au consumérisme libidinal.
Le film tente en vain de conjuguer cette dissonance. Le monde de la néo-Barbie regorge d’auto-référencement, de clins d’œil à l’industrie du cinéma et à son histoire. Dans son casting aussi, parce que la Barbie stéréotypée, héroïne du film, est jouée par une Margot Robbie qui a trop souvent été reléguée à sa plastique, et qu’on ne peut s’empêcher de voir en Ken les débuts de Ryan Gosling, ex-enfant du Disney Club longtemps prisonnier d’une image lissée de beau gosse. Il faudrait laisser ça à Greta Gerwig, le film affiche une conscience de son médium et de son histoire. Il joue avec ses contradictions morbides : Barbie admet le prix écologique délétère de sa fabrication, fait référence à l’expérience du jeu dans sa mise en scène et ses décors, donne au conseil d’administration de Mattel un rôle à part entière et pose maladroitement les bases du féminisme, même s’il n’est ni intersectionnel ni nourri d’une conscience de classe…
De manière autrement méta, la dissonance cognitive qui réveille des Barbies – jusque-là léthargiques face à l’arrivée du patriarcat à Barbieland – ressemble à un aveu de la réalisatrice : les femmes sont prises dans l’impossible idéal féminin comme Greta Gerwig est prise dans le désir de filmer une icône féministe qui n’existe pas et qui doit être inventée dans les règles de Mattel. La dissonance cognitive fait aussi partie de notre expérience de spectateur·ice quand on apprécie un film qui nous gaslight sur le prétendu féminisme-par-essence de la poupée Barbie, ou qu’on plonge la tête la première dans les méandres d’une nostalgie enfantine en plastique. Ce n’est pas un film pour enfant qui accompagnerait une nouvelle génération de jouets, mais un film pour adultes qui jouent au consumérisme libidinal. Mattel a constitué un capital nostalgie qui n’attendait plus qu’à être exploité, et c’est cette même nostalgie qui habite le personnage de la mère, Gloria, fantasmant un supposé retour en enfance à Barbieland qu’elle finira par rejoindre, la révolte féministe n’ayant apparemment pas sa place dans le monde réel.
Faut-il encore exiger un cinéma de la « représentation »?Hollywood a déjà bien amorcé la réédition de ses classiques twistés féministes et inclusifs : Ghostbusters, Wonder Woman, La Petite Sirène… tous accusés de wokeness par les conservateur·ices. Ces films se retrouvent pour un moment seulement les étendards d’une industrie inclusive et moderne. Et nous voilà pris au piège : on veut toujours exiger la fin de l’invisibilisation mais sans se contenter des quotas superficiels qui éclipsent le développement de nouveaux récits, de nouvelles subjectivités. On se réjouit des personnages de Barbie présidente et médecin incarnées respectivement par des actrices noires et trans, mais à quoi cela sert si elles ne parlent pas ?
Barbie se trouve à cet endroit justement parce que le film est animé d’un féminisme de surface qui ne peut en aucun cas être radical, participant au relooking complet de la marque qui le produit. Il est en permanence dans l’anticipation de la critique et surjoue le potentiel humoristique : Mattel est une multinationale obsédée par le capital, son conseil d’administration n’est composé que d’hommes blancs, c’est le monde réel qui influence Barbieland et pas l’inverse… Mattel reconnaît ses fautes, métamorphose un produit sexiste en icone féministe, et se rachète du même coup un capital sympathie. Faute avouée, à moitié pardonnée ?
Comme la société du Moyen Âge s’équilibrait sur Dieu ET sur le diable, ainsi la nôtre s’équilibre sur la consommation ET sur sa dénonciation.
Jean Baudrillard, Le Système des objets (1972)
La représentation féministe et inclusive aménagée par le film est aussi peu convaincante. Si les Barbies sont libres d’être ce qu’elles souhaitent (matriarcat oblige), il n’y a aucune allusion à une pluralité des sexualités par exemple. Dommage, quand on sait que les Barbies n’ont pas attendu Ken pour que les enfants simulent l’amour lesbien avec leurs poupées… Autre symptôme: le vrai personnage de Barbie, c’est Ken, brillamment défendu par Ryan Gosling et soutenu par un scénario qui, in fine, donne bien plus de grain à moudre à son personnage masculin qu’à l’héroïne supposée. C’est finalement le personnage le plus complexe du film, lui qui se « métamorphose » lorsqu’il questionne, avec l’aide de Barbie, la place de l’homme dans la société. La résolution du film est tout aussi glaçante: le matriarcat est rétabli à Barbieland (un monde imaginaire donc), le patriarcat reste bien au chaud dans le monde réel, et ce n’est sûrement pas la fin de la poupée mais celle de « la barbie stéréotypée ». It has to sell.
Nos luttes sont anesthésiées à tel point que le film n’offre que le récit d’une émancipation universaliste et dépolitisée, amputée d’un féminisme intersectionnel et d’une conscience de classe. Ce sont autant de sous-cultures, de combats politiques qui ont été réduits à de simples esthétiques et digérés par un capitalisme envieux de nouveaux gadgets.
Du succès écrasant du film – plus d’un milliard de dollars de recettes, un empire de produits dérivés et collaborations, une concentration médiatique populeuse – on pouvait prévoir les désirs de franchisation. Mattel n’a bien sûr rien inventé en matière de merchandising, mais ce qui est inédit c’est que la suite a été vite trouvée, et qu’elle n’augure rien de bon. Ce sera un film Polly Pocket en duo avec la MGM et réalisé par Lena Dunham, autre réalisatrice indé à qui l’on doit notamment Girls. La marque a même déclaré : « Polly Pocket est une franchise emblématique qui résonne auprès des enfants depuis plus de trois décennies. L’incroyable nostalgie évoquée par Polly, associée à la nouvelle approche de Lena et à la vision du personnage de Lily, introduira auprès du public une toute nouvelle interprétation de cette marque classique. » C’est une leçon de marketing faussement déguisée en cinéma. Le capitalisme ultra-tardif peut survivre en huis-clos, sans avoir besoin de récits extérieurs puisqu’il peut en trouver au supermarché. Plus besoin de mythologie ou d’adaptation littéraire, vive les films UNO.
Non seulement il y a capitalisation sur notre nostalgie et nos luttes féministes, mais les marques se rachètent dans le même temps une image pro-suffragette. Ce cinéma est bien loin de « nous ressembler », preuve que les politiques de représentations atteignent une limite indéniable. L’inclusif comme argument de vente, déjà bien usé par les plateformes, est un vernis qui s’écaille vite : la lutte s’illustre non plus seulement avec le « qui » mais surtout le « comment », et les travailleur·euses culturels sont en première ligne. Après une grève longue de plus de 4 mois qui a paralysé Hollywood, les syndicats des scénaristes et acteur·ices (Writers Guild of America, SAG-AFTRA) annoncent avoir trouvé un accord de 3 ans avec les dirigeants des studios qui améliorent considérablement l’encadrement de l’IA et les formules de rémunérations sans toutefois limiter la précarisation grandissante des « petites mains ». Les recettes colossales de Barbie nous effraient aussi parce qu’elles signent un enrichissement des studios sans garantie d’une redistribution salariale. Or, on ne saurait parler de féminisme sans parler de travail.
A lire aussi : La poupée – Des amis qui vous veulent du bien, par Fania Noël
Relecture et édition : Benjamin Delaveau et Apolline Bazin
Cet article Barbie : après la vague, le goût amer de la dissonance provient de Manifesto XXI.
Cet article La poupée – Des amis qui vous veulent du bien, par Fania Noël provient de Manifesto XXI.
Avez-vous déjà vécu une situation sexiste sans réussir à mettre le doigt sur ce qui clochait exactement ? La remarque anodine d’un camarade militant qui reste en travers de la gorge, une réaction véhémente d’un ami pourtant progressiste ou bien la « blague » cringe d’un collègue ? Le diable est dans les détails, le sexisme le plus difficile à dénoncer est peut-être celui qu’on appelle « bienveillant », celui des hommes « bien », bien diplômés, bien gentils, bien entourés et bien « féministes ». Dans ce cycle de 8 chroniques, la chercheuse et militante afroféministe Fania Noël vous propose de décortiquer des situations quotidiennes avec une courte fiction éclairée ensuite par une notion de critical feminist theory. [6/8]La scène se déroule lors du comité de rédaction d’une revue maxiste-anarchiste autonome nommée Visible. Ce mardi de septembre, l’équipe débat d’un article traitant du film Barbie, et rien ne se passe comme prévu…
Fred : Non mais à un moment, faut être sérieux, 1h de réunion sur un film !
Alice : Non, ça fait 1h qu’on est sur une opposition idéologique.
Cela faisait plus précisément 1h et 13 minutes que les débats faisaient rage dans le local exigu mis à disposition par un collectif ami. Généralement, les réunions mensuelles du comité de rédaction étaient pliées en 2h30, décomposées ainsi :
Il était déjà 18h39, et la bataille rangée opposant d’un côté Alice, Gaëtan et Solène, et de l’autre Nikolas et Fred battait son plein. Au cœur de la discorde, l’article soumis par E.M : « Abrutir le prolétariat et banalisation de l’Histoire : critique croisée de la réception de Barbie et d’Oppenheimer » Etienne, qui avait intégré le comité de rédaction il y a 4 mois, faisait office de médiateur, essayant tant bien que mal de concilier l’intérêt collectif (être d’accord sur le contenu éditorial) et son intérêt personnel (arriver à la soirée de Mathilde avant 20h).
Etienne : Là, on est dans un cul-de-sac, on pourrait peut-être envoyer l’article aux camarades d’autres revues pour avoir leur avis ?
Nikolas : Non, mais non, être un comité autonome ça veut aussi dire porter ses couilles et avoir des discussions difficiles Et surtout ne pas céder à la censure !
Solène : Oh pitié ne parle pas de censure ! Je pensais qu’on était anarchistes ici, comment on censure au juste sans pouvoir de coercition ?
Gaëtan : C’est juste un article nul, mal écrit.
Fred : Ouais, mais ce n’est pas le sujet. Parce que vous voulez le censurer, pardon, ne pas le publier, pas pour une question de style, mais parce que c’est interdit de critiquer un film qui est une propagande américaine capitaliste.
Alice : Oh, donc tu es d’accord que c’est indigeste et mal écrit.
Fred : Soit, mais la critique tient.
Solène : Pour de la critique, il y en a, mais il y a absolument zéro pensée critique ou approche critique. Tu vas me dire qu’écrire que « Barbie met en scène l’humiliation prolétarienne via la flagellation symbolique et corporelle des Ken, qui sont l’équivalent des ouvriers travaillant avec leurs corps transpirant les déceptions du prolétariat »,
Solène s’arrête et prend une bouffée d’air de la façon la plus théâtrale qui soit : Désolée, je dois prendre mon souffle vu qu’il n’y a pas de ponctuation. Je continue : « et leur regard perdu dans les rêves déchus et aspirations anéanties par la bourgeoisie. L’humiliation sur grand écran porte du rouge à lèvres et des talons, mais dans nos rues, nos bars, nos salles de concert, jettent un regard de pitié et de dédain à l’homme prolétaire pour mieux s’envelopper dans les bras du bourgeois. »
Nikolas : Un texte, ça se retravaille, on fait ça tout le temps.
Gaëtan : Nico, le style illisible vient simplement s’ajouter au fait que l’argument est réactionnaire. Je suis désolé, mais c’est un texte d’Incel qui est fâché que des filles canons ne lui donnent pas l’heure. Et très clairement, faire des hommes prolétaires les victimes des femmes, et dire que les Ken, des hommes qui ne travaillent pas, sont leur manifestation… ? Ça n’a aucun sens.
Fred : Donc, vous voulez qu’on publie un éloge d’un film sur une poupée d’un empire capitaliste.
Alice : Ce qu’on veut, c’est ne pas publier un texte sexiste et réactionnaire, qui pleurniche parce que les femmes sont allées voir Barbie en masse, au lieu d’aller voir un film dans lequel une bande de mecs a créé la bombe atomique.
Fred : On n’est pas pour garder la partie sur Oppenheimer.
Solène : Ah ben non, vous ne pouvez pas pick and choose ce qui vous arrange, faut assumer, parce que quand votre gaillard finit de critiquer Barbie, suppôt du capitalisme impérialiste, pour ensuite faire l’éloge d’un film sur la putain de bombe atomique où il n’y a pas d’images des victimes…
Gaëtan : Et vous savez très bien que si vous gardez les deux parties de l’article, ce sera clair pour toute personne avec deux neurones que ce sont des thèses réactionnaires qui sont défendues.
Fred : Vous ne voulez pas discuter de retravailler le texte, et je répète, on coupe, restructure des textes constamment. Et c’est un truc fondamental, depuis que Niko et moi avons créé la revue. Il y a quelque chose dans ce texte, ce n’est peut-être pas dans l’air du temps, ou bien-pensant blabla, mais il y a vraiment quelque chose dans ce texte sur la frivolité, la superficialité, et aussi je suis sûr que nos camarades féministes matérialistes voient le bullshit de girl boss.
Alice : Bizarrement, leurs critiques de l’auteur portent sur l’humiliation de l’homme prolétaire.
Nikolas : Oh, donc maintenant on va dire que le prolétariat masculin n’est pas opprimé ?
Il était 19h28 et s’il partait maintenant, Etienne avait une chance d’être à l’heure chez Mathilde.
Solène : Oh vas-y, laisse tomber, moi je me casse. Soit VOUS choisissez de publier le texte en entier soit vous ne le PUBLIEZ pas. Mais si vous le publiez, je vous préviens, je dirai publiquement que j’étais contre.
Alice : Pareil.
Gaëtan : Moi aussi.
Nikolas : Eh ben super l’esprit d’équipe ! Lâcher ses camarades et se désolidariser publiquement au moindre désaccord. Putain, vous ne survivriez pas deux minutes s’il y avait une révolution.
Alice : Dit le mec qui pleure pour une poupée.
Solène : Oh mais mec, je crois que t’as pas compris, je dirai publiquement qu’on était contre ET on se casse.
Nikolas : Putain ridicule, niquer une orga pour une pim…
Alice : « Pimbêche », c’est le mot que tu cherchais, non ?
Nikolas : Oh ben vas-y, cancel moi.
Alice : Un, va te faire voir. Deux, au moins votre aspirant Zola il « porte ses couilles » comme tu dis, alors que vous deux, vous voulez juste trouver quelqu’un qui les porte à votre place.
Fred : Franchement Alice tu pousses un peu, cette revue c’est notre bébé avec Niko. Et depuis ton arrivée avec Solène on a jamais mis de veto.
Alice : Eh ben bonne vie à deux avec votre enfant !
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Ce qu’en dit Margaret Mead :
De nombreuses sociétés ont éduqué leurs enfants de sexe masculin dans le simple but de leur apprendre à ne pas être des femmes, mais une telle éducation entraîne inévitablement une perte, car elle apprend à l’homme à craindre de perdre ce qu’il a, et à être à jamais quelque peu hanté par cette crainte. Mais lorsqu’en plus d’apprendre qu’il ne doit à aucun prix être une fille, il est continuellement forcé de rivaliser avec les filles à l’âge même où les filles mûrissent plus vite que les garçons, et que les femmes se voient confier des tâches que les filles assument plus facilement, une ambivalence plus aiguë s’installe.
Margaret Mead, Male and female: a study of the sexes in a changing world, p. 315
Cette citation de l’anthropologue Margaret Mead s’étend à tout ce qui est apprécié par les femmes : le maquillage, le rose, fêter son anniversaire, etc.. mais aussi aux espaces qui se féminisent. On notera que depuis que les sciences humaines et sociales se sont féminisées elles sont considérées comme des sciences « molles », alors qu’il n’y a pas si longtemps être philosophe était le summum du prestige. La réaction des hommes à la sortie de Barbie a été, sans surprise, un mélange de mauvaise foi accompagnée de rage. Bien sûr, il y a les attendus des masculinistes et autres réactionnaires de la culture qui détestent tout ce qui ne fait pas l’apologie de « la séduction » (viol, harcèlement sexuel), de « l’iconoclaste » (relation prédatrice avec des mineurs), ou de « l’autorité » (tout ce que vous pouvez imaginer d’oppressif mais sous une forme esthétisée, de préférence en noir et blanc).
Dans le cas présent, le comité Visible, de la gauche radicale, anarchiste, est face à un problème récurrent dans ce type d’organisations. Fred et Nikolas ont visiblement détesté le film mais leur vision masculiniste les empêche d’en faire une critique non réactionnaire. Ils tentent de cacher la misogynie qui caractérise leur avis en le saupoudrant d’une analyse de classe, mais on voit bien que le problème qu’ils ont avec le film est dû au fait qu’aucun homme cis-het ne délivre les poupées Barbie, et qu’en fait elles étaient plus brillantes et articulées avant que la horde de Ken ne prenne le pouvoir. Il est intéressant de noter que la critique du film n’utilise aucun cadre d’analyse matérialiste pour mettre en lumière les endroits où le film a des écueils. Le principal écueil – en plus de quand même renforcer des dérives de suprématie blanche, de validisme, etc – est de baser l’abolition du patriarcat sur la proposition faite aux hommes de devenir de meilleures personnes, en travaillant sur soi . Si le film Barbie est problématique, c’est qu’il est beaucoup trop généreux et sympathique avec la classe des oppresseurs, en plus de ne pas affronter franchement la violence du patriarcat, car lobotomiser des femmes pour s’assurer de récupérer tout ce qu’elles ont créé et prendre leur place méritait bien plus qu’un prank final.
La proposition que l’on trouve dans l’œuvre de bell hooks (La volonté de changer ou A propos de l’amour) la volonté de changer des hommes n’est pas ni un pré-requis ni la pierre angulaire de l’abolition du patriarcat, c’est le combat féministes qui reste indispensable.
Aux Etats-Unis, dans le monde universitaire, on les appelle les « theories bro », ils hantent les couloirs des départements et font souvent leurs thèses en 9 ou 10 ans, sont misogynes, mais pas contre les femmes, seulement envers celles qui n’ont pas rejoint la lutte du prolétariat. Et bien qu’ils aient des théories à rallonge sur la superficialité, le capitalisme, la féminité et la figure de la girl boss, si un sosie de Margot Robbie manifestait un intérêt romantique ou sexuel pour eux, ils fonceraient sans hésiter (sans que cela garantissent qu’il se comportent avec décence, en effet une étude de 2007 montre que les hommes en couple avec des femmes qui réussisent mieux qu’eux sont davantage susceptibles de les tromper, en guise de revanche symbolique).
Un autre point intéressant est que les profils comme Nikolas et Fred ne sont pas des masculinistes assumés, ils sont au contraire maîtres dans l’art d’opérer subtilement, en silence, pour conserver leur place. Cela se manifeste par un soutien mou aux féministes, par des protestations tièdes contre les actes sexistes, tout en insistant pour comprendre. Le plus souvent, pour ces hommes venant d’une classe sociale disposant d’un capital symbolique et de la position sociale qui va avec, le prolétariat masculin (qui existe en-dehors de la race pour eux), est une figure fantasmagorique leur servant à la fois de bouclier et d’objet de projection pour déployer leur vision patriarcale d’une société sans classe où tous les hommes auraient accès à ce que le système raciste, patriarcal et capitaliste offre aux hommes bourgeois.
Pour aller plus loin : Margaret Mead, Male and female: a study of the sexes in a changing world (1949), traduction de l’équipe Manifesto
Relire :
Note de bas de page [1/8]
Le dîner [2/8]
L’enterrement [3/8]
Le procès [4/8]
La commission [5/8]
Prochaine chronique le 14 novembre
Édition et relecture : Apolline Bazin
Illustration : Léane Alestra
Cet article La poupée – Des amis qui vous veulent du bien, par Fania Noël provient de Manifesto XXI.
Depuis la promulgation de la loi, les patients séropositifs et les agents de santé craignent d’être dénoncés à la police, toute personne reconnue coupable d’une vague « promotion » de l’homosexualité risquant jusqu’à vingt ans de prison.
L’article En Ouganda, la loi anti-homosexualité entrave la lutte contre le sida est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Depuis la promulgation de la loi, les patients séropositifs et les agents de santé craignent d’être dénoncés à la police, toute personne reconnue coupable d’une vague « promotion » de l’homosexualité risquant jusqu’à vingt ans de prison.
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Cet article Nyokobop 2023 : un voyage sonore en 5 jours, 5 dates, 5 lieux provient de Manifesto XXI.
Pour sa 5ème édition, le festival Nyokobop propose une nouvelle formule intense : 5 dates, sur 5 jours, dans 5 salles de Paris. Du 14 au 18 novembre, on y écoutera la crème des musiques contemporaines hybrides issues des quartiers et des clubs à travers le monde, de l’afrobeat nigérian au reggaeton féministe en passant par du rnb autotuné.Depuis plusieurs années, le festival parisien porté par Le Hasard Ludique célèbre la diversité des musiques contemporaines issues de territoires trop peu représentés sur nos scènes. Singeli, neo-perreo ou électro chaabi, pop ou expérimentales, Nyokobop cherche à pour en finir une bonne fois pour toutes avec le concept problématique de « musique du monde », en donnant à voir la richesse du paysage musical mondial.
Cette année, le format est plus intense que jamais : du 14 au 18 novembre, l’événement réunit 5 dates dans 5 lieux différents de Paris, avec des concerts live mais aussi des soirées club. L’ouverture aura lieu à La Gaîté Lyrique avec l’artiste dominicaine Yendry, influencée par la pop rnb des années 90 autant que la musique latine traditionnelle ou la gqom, et le rappeur Sadandsolo, installé à Bruxelles, qui mêle des drums trap à une autotune harmonieuse. Le lendemain, mercredi 15 novembre, on continue de surfer sur une vibe soul et rnb à Petit Bain : l’artiste nigérian Nonso Amadi, basé au Canada et qui a sorti cette année son premier album, partagera le line-up avec la « rockstar panafricaine » Lady Donli et son jazz alternatif high life.
Le Hasard Ludique accueille à domicile le jeudi 16 novembre, pour une soirée co-curatée avec la plateforme Mahalla, qui promeut les scènes d’Asie du Sud-Est et d’Afrique du Nord. Au programme : le mahraganat, un genre d’électro né dans les quartiers populaires du Caire qui croise rythmiques locales égyptiennes et rap autotuné, de l’artiste, dj et productrice cairote El Kontessa. Les Tunisiennes Koast et Badiâa Bouhrizi seront aussi à l’honneur, avec leurs productions envoûtantes dans lesquelles résonnent leurs influences méditerranéennes, africaines et orientales.
Enfin, deux nuits club clôtureront la semaine dans la transe et la sueur. Vendredi 17 novembre, c’est à La Machine du Moulin Rouge qu’on ira danser sur le neo-perreo et le reggaeton des queens du genre que l’on ne présente plus, La Zowi et Ms Nina, et les dj sets du crew JetLag. L’événement s’achève (et nous achève) avec une programmation techno expé le samedi 18 à La Station : le duo d’origine ouïghoure None Sounds y livrera ses boucles acides et ses beats ralentis aux inspirations mystiques. Kampala fera aussi résonner son énergie avec le groupe Nihiloxica, dont le dernier album est sorti fin septembre, et le collectif d’artistes et dj subversif·ves Anti-mass, qui milite pour faire de la place aux queers, femmes et autres minorités.
Toutes les infos sont à retrouver ici !
Image à la Une : © Chloé Grienenberger
Cet article Nyokobop 2023 : un voyage sonore en 5 jours, 5 dates, 5 lieux provient de Manifesto XXI.
Cet article Référendum en Australie : un premier pas vers la reconnaissance des peuples aborigènes ? provient de Manifesto XXI.
Le 14 octobre prochain, l’Australie tient un référendum historique qui pourrait aboutir à une reconnaissance constitutionnelle des peuples aborigènes, structurellement marginalisés par l’État colonial australien. Karri Walker, juriste aborigène Nyiyaparli à l’Assemblée des premiers peuples de Victoria, a répondu à nos questions pour mieux comprendre les enjeux d’un vote crucial pour l’avenir des peuples aborigènes en Australie.Est-ce que les subalternes peuvent parler ? » demande la philosophe indienne Gayatri Spivak dans son fameux article du même nom. Pour la théoricienne décoloniale, « dans le contexte de la production coloniale, le subalterne n’a pas d’histoire et ne peut pas parler, la femme subalternisée est encore plus profondément dans l’ombre ». D’ailleurs, pour être entendu·es, encore faut-il qu’on reconnaisse que les subalternes ont une voix. C’est bien tout l’enjeu du référendum à venir en Australie, pays revendiqué par l’explorateur britannique James Cook en 1770. Le 14 octobre 2023, il sera demandé à toustes les Australien·nes s’iels sont favorables à une modification de la Constitution, par voie de référendum, afin de créer un organe consultatif permanent chargé de conseiller le Parlement et l’exécutif sur les questions relatives aux Aborigènes. La proposition s’appelle « la Voix ». Donner une « voix » aux peuples aborigènes dans la Constitution et les reconnaître légalement comme les premiers peuples d’Australie pour commencer à réparer le mal commis par l’État colonial sur les populations aborigènes, voilà l’espoir que porte le vote « oui » pour la juriste Karri Walker. Déterminée à faire avancer les droits aborigènes, cela fait plus de deux ans que Walker participe à l’élaboration des fondations du premier traité entre l’État de Victoria (dont la capitale est Wurundjeri Woi-Wurrung Country, aussi connue sous le nom de Melbourne) et les peuples aborigènes de la région.
Manifesto XXI l’a rencontrée pour nous parler d’un sujet et de problématiques trop peu connus en France. Elle insiste sur l’importance du référendum pour la « Voix » aborigène en Australie et nous donne à voir de nouvelles voies pour la souveraineté des peuples autochtones dans le reste du monde.
Manifesto XXI – Quels sont les enjeux du référendum du 14 octobre 2023 pour qu’une « Voix » aborigène soit intégrée dans la Constitution australienne ?
Karri Walker : La Constitution australienne de 1901 a été écrite sans reconnaissance ni participation des peuples aborigènes comme premiers peuples de la terre d’Australie. Par conséquent, les peuples aborigènes luttent depuis plusieurs décennies pour une reconnaissance des peuples aborigènes dans la Constitution australienne. En 2017, d’éminent·es chef·fes aborigènes se sont réuni·es et, pour la première fois, sont parvenu·es à un consensus sur une reconnaissance constitutionnelle dont les positions sont rassemblées dans « The Uluru Statement from the Heart » (La Déclaration du cœur d’Uluru). La déclaration demande trois choses pour les peuples premiers, dans un ordre précis : une voix, un traité et la vérité. L’idée de la première demande est que la Constitution soit amendée afin de reconnaître les peuples aborigènes comme les premiers peuples du pays. Pour ce faire, une institution consultative permanente, entièrement composée de personnes aborigènes, serait créée et aurait pour rôle de conseiller le Parlement et l’exécutif sur les problématiques qui affectent les peuples aborigènes. Aujourd’hui, les décisions sont prises par le Parlement au nom des groupes de personnes très variés que sont les communautés aborigènes, et ce sans que nous ayons notre mot à dire sur ces politiques. Un référendum est donc organisé le 14 octobre, à l’initiative du gouvernement fédéral d’Anthony Albanese (Parti travailliste), pour trancher si oui ou non le peuple australien souhaite que les peuples aborigènes aient une « Voix » dans la Constitution.
Concrètement, quelle est la réalité quotidienne et les difficultés que rencontrent aujourd’hui les peuples et communautés aborigènes ?
Les communautés aborigènes sont sujettes à de nombreuses difficultés, violences et discriminations quotidiennes mais leurs modalités varient selon où l’on vit dans le pays. Par exemple, dans le nord de l’Australie, il y a une très grave crise du logement et beaucoup de personnes sont sans domicile fixe avec un équivalent de 20 personnes vivant dans une maison de 2/3 pièces. Par conséquent, les conditions de santé sont détériorées, l’accès à l’eau est un problème, mais surtout, le système carcéral et légal impacte gravement nos communautés. Par exemple, 100% des jeunes personnes incarcérées dans le Territoire du Nord sont aborigènes alors que nous représentons environ 3% de la population australienne. Les personnes aborigènes composent plus d’un tiers des prisonnier·es en Australie.
Ce que l’on voit est un vrai cercle vicieux. C’est la conséquence directe de la colonisation qui continue en Australie. Tant de personnes aborigènes sont désespérées et déconnectées de leurs cultures, et lorsque l’on n’est pas connecté·e à son pays, sa terre, sa culture, on commence à perdre le sens de qui l’on est et on se tourne vers l’alcool, la drogue et le crime. L’espoir avec ce référendum est de commencer à pouvoir faire en sorte que les cultures aborigènes soient célébrées, non seulement par les personnes aborigènes mais aussi par les non-aborigènes.
L’enjeu aujourd’hui est d’obtenir un outil très puissant afin que les peuples aborigènes commencent à reprendre de la force et du pouvoir. On pourra enfin commencer à participer au système démocratique et à pratiquer notre auto-détermination.
Karri Walker
Certaines personnalités politiques aborigènes, comme Lidia Thorpe du Parti vert, ont dénoncé le référendum comme étant « une insulte à l’intelligence des peuples premiers » et sous-entend qu’il s’agit en réalité d’un piège colonial. Comment vous situez-vous là-dessus en tant que juriste aborigène ? Pourquoi soutenez-vous le « oui » ?
Je suis d’accord avec le sentiment de Lidia Thorpe dans le sens où ce qui est vraiment important pour elle, c’est l’obtention d’un traité, car cela a toujours été l’objectif de nos communautés. Mais je ne pense pas que nous devrions dire non pour autant à la proposition la plus progressiste en la matière que nous ayons depuis plus de deux cents ans. La question qui est posée, c’est : est-ce que, oui ou non, les Australien·nes veulent d’une « Voix » aborigène ? Ce n’est pas « non », astérisque « je veux un traité ». Je sais aussi que, si le « non » l’emporte, cela sera vu par les médias comme la preuve que les Australien·nes sont très résistant·es à un changement de Constitution et, dans ce contexte-là, je vois encore moins comment un traité pourrait être envisagé. Bien sûr qu’une « Voix » constitutionnelle ne va pas régler tous les problèmes auxquels nos communautés font face. L’enjeu aujourd’hui est d’obtenir un outil très puissant afin que les peuples aborigènes commencent à reprendre de la force et du pouvoir. On pourra enfin commencer à participer au système démocratique et à pratiquer notre auto-détermination.
En tant que juriste aborigène, je pense qu’il est extrêmement important que les documents fondateurs de l’Australie nous reconnaissent comme les gardien·nes originelles de cette terre. Et, plus globalement, le référendum est très important afin d’ouvrir des discussions sur les injustices que nous avons vécues et celles que nous continuons de subir. C’est un petit pas en avant mais un premier pas pour commencer à réparer le mal qui a été commis.
Karri Walker, juriste aborigèneMon espoir est que la moralité gagnera le jour du vote et que le peuple votera « oui ».
Karri Walker
Les sondages actuels montrent que le « non » est en passe de l’emporter alors que, il y a quelques mois encore, le « oui » était largement en avance. Quel est le discours médiatique à l’heure actuelle ? Comment expliquez-vous ce changement d’opinion ?
Lorsque Anthony Albanese a gagné les élections l’année dernière, après quasiment dix ans de droite au pouvoir, sa première annonce en tant que Premier ministre a été de dire qu’il s’engageait à mettre en œuvre la Déclaration d’Uluru dans son intégralité et qu’il se fixait comme objectif de terminer son premier mandat en faisant de la « Voix » une réalité. C’était une prise de position très forte à un moment où le soutien pour la « Voix » était fort. Depuis environ 8/9 mois, l’opposition a eu beaucoup de temps pour s’organiser et a investi énormément de ressources pour faire campagne pour le « non ». La Constitution australienne est un document de principes. Cela veut dire qu’elle ne peut pas préciser les modalités opérationnelles de l’institution qui serait créée à l’issue du référendum comme la régularité des rencontres, les personnes qui y siégeront, la manière dont elle s’articulera avec le reste du Parlement… L’opposition a donc utilisé cette réalité constitutionnelle pour dire que l’on demandait aux gens de voter pour un chèque en blanc. Le message de l’opposition a été : « Si vous ne savez pas, votez non » (« If you don’t know, vote no »). Je ne veux pas donner trop de crédit à l’opposition mais c’est un message très fort et facile à comprendre. La campagne pour le « oui », elle, a plus de 32 messages différents. Et tout cela dans un contexte où la majorité des Australien·nes ne comprennent pas la Constitution et ne la connaissent pas, contrairement aux États-Unis où les amendements sont l’objet de débats que la population s’approprie. De prime abord, je pense que les gens n’ont pas tout de suite compris la proposition pour la « Voix », alors que le message pour le « non » est très clair.
Il y a aussi cette peur raciste qui existe depuis deux cents ans, l’idée que si l’on donne trop de pouvoir et de droits aux personnes aborigènes, soudainement iels renverseraient la démocratie. L’opposition a été très intelligente et a recruté des dirigeants aborigènes qui sont désormais les porte-paroles de cette campagne pour le « non ». Récemment, Jacinta Price [sénatrice aborigène du Territoire du Nord, ndlr] a déclaré que la colonisation avait bénéficié aux peuples aborigènes. Je ne comprends tout simplement pas comment l’on peut dire ça alors que la colonisation a résulté en un génocide et des dépossessions à tous les niveaux. Des mots très violents ont été dits pendant cette campagne et je pense qu’il faut aussi prendre très au sérieux l’impact que cela a sur la santé mentale des communautés aborigènes. La conséquence d’une victoire du « non » serait désastreuse et j’ai du mal à entrevoir ce que l’on pourra construire et continuer à la suite de ça. Les sondages ne sont pas bons mais, comme on l’a vu avec le Brexit ou l’élection de Trump, les sondages ne sont pas le résultat. Mon espoir est que la moralité gagnera le jour du vote et que le peuple votera « oui ».
Le changement, ça prend du temps, donc malheureusement il faut être patient·e et commencer à obtenir quelques changements et pouvoir ensuite discuter traité et souveraineté.
Karri Walker
À quoi ressemble le paysage politique aborigène aujourd’hui et qui sont les acteur·ices principaux·les de la campagne ?
Le gouvernement Albanese a fait un plutôt bon travail pour ne pas faire du référendum une question de politique partisane dans le sens où cela serait « son affaire » de Premier ministre. Il a reconnu que cette question du référendum pour une « Voix » est bien plus large, profonde, et dépasse le cadre politique classique. Il y a deux organisations qui structurent la campagne pour le « oui », qui opèrent indépendamment l’une de l’autre et qui sont, malheureusement, divisées pour des questions de personnalités. Nous avions eu la même chose pour, non pas un référendum, mais le sondage national sur le mariage pour les couples de même sexe en 2017. À l’exception faite qu’il n’y avait qu’une seule organisation et qu’elle avait un message très clair et cohérent. Je pense que cette division sur le référendum du 14 octobre participe de la confusion des électeurices.
La stratégie des deux organisations a vraiment été d’évacuer tout ce qui divise sur la question aborigène, comme le terme de « Blak sovereignty » [qui fait référence aux mouvements historiques et politiques pour la souveraineté des peuples aborigènes en Australie, ndlr] et de structurer l’argumentaire comme un moment où chaque Australien·ne avait un rôle à jouer et que cela renforcerait la démocratie.
Pensez-vous que c’était la bonne stratégie que de ne pas cliver davantage ?
L’Australie est tellement tendue lorsqu’il s’agit de changer quoi que ce soit dans sa relation aux communautés aborigènes que oui, lorsque l’on voit le niveau de racisme que provoque la simple évocation d’une « Voix » constitutionnelle, je pense qu’il fallait organiser le débat en ces termes. Le changement, ça prend du temps, donc malheureusement il faut être patient·e et commencer à obtenir quelques changements et pouvoir ensuite discuter traité et souveraineté.
Un rassemblement en soutien du « oui » à New YorkC’est intéressant car c’est bien le droit australien que vous avez choisi d’investir alors qu’il est intrinsèquement colonial et occidental. Qu’est-ce que peut apporter une perspective aborigène sur la loi et le droit ? Chercher à décoloniser le droit occidental a-t-il un sens ?
Je veux croire qu’il est possible de décoloniser le droit occidental bien que cela ne se fera pas en une nuit. Des réformes comme la « Voix » ou la signature d’un traité me laissent penser qu’on pourrait un jour arriver à ce que la loi bénéficie aux peuples aborigènes, plutôt qu’elle leur enlève du pouvoir. La loi a été utilisée dans ma famille pour faire beaucoup de mal : emprisonner des proches, retirer ma mère de sa famille biologique… Mais nous avons aussi vu quelques lueurs dans l’histoire australienne où le droit a pu être un outil pour la justice sociale et pour reconnaître certains droits aux communautés aborigènes. Les constitutions et les lois donnent un cadre pour ce qu’est une vie humaine digne et, sans un système légal qui reconnaît les droits aborigènes, nous ne serons jamais libres. C’est pourquoi il est important pour moi qu’il y ait des juristes aborigènes qui travaillent cette matière et qui soient dans ces espaces afin d’effectuer des réformes structurelles et redonner du pouvoir aux peuples aborigènes.
Vous travaillez actuellement pour la rédaction du premier traité de l’histoire australienne entre un État, l’État de Victoria (dont Melbourne est la capitale), et les communautés aborigènes du territoire. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’objectif et les enjeux de ce futur traité ?
Quand les Britanniques ont envahi l’Australie pour la première fois, iels ont déclaré la terre « Terra Nullius », c’est-à-dire une terre qui n’appartient à personne. Et c’est grâce à ce mensonge légal, cette construction légale, que les colons ont acquis la terre australienne. Le sujet n’était pas de dire que les peuples aborigènes n’étaient pas là mais plutôt que nous étions vu·es comme n’ayant pas de système de gouvernance qui, selon les Britanniques, valait le coup d’être reconnu. Par conséquent, il n’y a eu aucun traité entre les peuples aborigènes et l’État colonial comme cela a pu être le cas dans d’autres colonies. Un traité est un accord entre deux entités souveraines, reconnues comme telles, et en raison de la manière dont la colonisation australienne s’est déroulée, nous n’en avons pas. Nous sommes le seul pays du Commonwealth à ne pas avoir de traité. C’est une des raisons pour lesquelles il y a une si grande violence coloniale en Australie.
Récemment, l’État de Victoria a commencé le premier processus de traité de l’histoire entre un État australien et l’Assemblée des premiers peuples de Victoria (First Peoples’ Assembly of Victoria) pour laquelle je travaille. L’Assemblée est composée de 31 protecteur·ices traditionnel·les de Victoria qui ont été élu·es par leurs communautés pour les représenter dans les négociations du traité. Ces deux dernières années, nous avons rédigé un nouveau cadre légal sur la manière et les règles dont les négociations sur le traité vont se dérouler. L’idée est que le cadre des négociations permette que les discussions soient équitables et, notamment, que ce soit les peuples aborigènes qui dictent le processus plutôt que ce soit le gouvernement de Victoria. Par exemple, nous nous sommes mis·es d’accord pour que l’autorité qui supervise et contrôle que chaque partie respecte le cadre établi soit entièrement composée de personnes aborigènes. Aussi, nous avons établi un fond pour l’autodétermination qui permettra de soutenir financièrement les représentant·es aborigènes afin qu’iels puissent avoir les ressources pour être en mesure de négocier le traité et faire face à l’État de Victoria. Les négociations doivent commencer l’année prochaine. Bien évidemment, le résultat du référendum pour la « Voix » va être très important et impactera sûrement le futur des négociations du traité.
Au-delà du résultat du référendum qui va structurer les discussions autour des droits aborigènes pour les années à venir, qu’est-ce que vous espérez pour l’avenir des communautés aborigènes ?
Ce qui me préoccupe vraiment ces jours-ci, c’est ce qui va se passer dans nos communautés si le « non » l’emporte. J’espère que les gens vont se déplacer, aller voter « oui », et qu’iels montreront vraiment leur soutien en allant manifester pour nos communautés si le « non » l’emporte. En cas d’échec, l’impact sur la santé mentale des personnes aborigènes va être dévastateur car cela voudra dire que nous ne comptons pas et que nous n’appartenons pas à ce pays. Et si le « oui » l’emporte, j’espère que ce sera le début pour avoir lentement – enfin pas trop lentement quand même ! (rires) – des évolutions positives. On pourra commencer à pratiquer notre autodétermination et à la mettre en mouvement grâce au fait que les peuples aborigènes pourront prendre des décisions sur les problèmes qui les impactent. Il y a tant de choses dont l’Australie peut apprendre des cultures aborigènes. J’ai envie que ces cultures puissent être célébrées. Mais pour ce faire, il va notamment falloir que le système carcéral soit totalement révisé car ce qu’il se passe dans les prisons est quelque chose dont l’Australie devrait être incroyablement honteuse.
Traduction : Benjamin Delaveau
Relecture : Apolline Bazin et Sarah Diep
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C’était un hangar abandonné dans le Queens à la fin des années 2000, où des artistes circassien·nes voulaient créer un monde magique. Aujourd’hui, c’est un espace de fêtes extravagantes et de performances burlesques, considéré par beaucoup comme le meilleur club de tout New York : retour sur l’histoire de House of Yes.Dans un sas d’entrée, Madame Vivien, une drag queen en bottes à plateforme et extensions de cheveux XXL, briefe énergiquement un petit groupe de personnes qui attend de pouvoir passer la porte : « Tout ce qui n’est pas un “oui”, un “oh, oui” ou un “putain, oui”, c’est un “non” ferme, et cela vaut pour absolument n’importe quel genre. Vous ne toucherez en aucun cas une autre personne sans son consentement verbal explicite. » Un homme et une femme l’écoutent attentivement, main dans la main. « C’est notre troisième date » sourit timidement la fille en culotte et bas résille, un harnais en cuir noir recouvrant son torse et son cou. Après un échange de regards complices, son rencard, les yeux rieurs et scintillants de paillettes rouges et dorées, ajoute : « Dès qu’on s’est rencontrés, on s’est dit qu’il fallait qu’on vienne ici ensemble. » Aujourd’hui a lieu la soirée mensuelle House of Love, un évènement sex positive sur invitation uniquement, dédié à la culture fetish et BDSM. À l’intérieur, dans la grande pièce centrale recouverte de boules disco et de sculptures représentant des animaux et des parties du corps humain, une femme dévêtue est suspendue au plafond par des cordes. Elle coupe de fines tranches d’un imposant morceau de viande et nourrit, du bout de son couteau, les bouches grandes ouvertes des visiteur·ses. Quelques minutes plus tôt, un spectacle somptueux mêlant acrobaties aériennes, danses africaines et numéros pyrotechniques érotiques a pris fin. La salle de performances s’est progressivement vidée, laissant place à un dancefloor où résonne de la musique house. Il est 22h, et avant de commencer à danser, les groupes d’ami·es font connaissance avec des inconnu·es et se complimentent sur leurs tenues respectives. Dehors, les avenues de Brooklyn peuplées d’entrepôts sont endormies.
©Kenny Rodriguez
Chaque soir, House of Yes se réinvente. Chaque soir, une foule multicolore et extravagante de jeunes et de moins jeunes, de personnes queers ou hétéro, étrangères ou bien d’ici, s’y retrouve et s’y rencontre. Dans une salle brumeuse, adossée contre une porte, une jeune femme blond platine en corset et porte-jarretelles se confie : « Ici, c’est comme ma deuxième maison. C’est un endroit super important pour nous, les New-Yorkais·es. » Entre les murs du club recouverts de dessins psychédéliques, les performeur·ses suspendu·es dans des cages et la foule joyeuse vêtue de tenues en cuir, règne une atmosphère insaisissable. « C’était un secret bien gardé qui a été découvert par le reste du monde, mais iels ont su rester authentiques, continue la New-Yorkaise. Le cœur de House of Yes continue de battre. »
Tout commence en 2007 lorsque Kae Burke et Anya Sapozhnikova, deux amies inséparables, étudiantes en art et en mode fraîchement débarquées à New York, décident de s’installer dans un hangar dans le Queens pour y vivre en communauté aux côtés de danseur·ses, musicien·nes et autres artistes circassien·nes. Elles y donnent des spectacles, des cours de cirque et de couture, et laissent leurs ami·es y organiser des soirées le week-end. À ce moment-là, le milieu de la fête de New York se trouve dans une phase de transition : au début des années 90, la bouillonnante scène locale portée successivement par des clubs comme Studio 54, Paradise Garage, Limelight ou Tunnel, s’effrite peu à peu alors que l’épidémie du sida fait des ravages et que la célèbre communauté de fêtard·es des Club Kids implose suite à un meurtre. À l’aube du XXIème siècle, l’industrie de la nuit est largement affaiblie par le deuil des attentats du 11 septembre et par les politiques anti-boîtes de nuit du maire Rudy Giuliani, en mandat de 1994 à 2001. Les soirées illégales se multiplient et, lorsque House of Yes voit le jour au début des années 2000, la scène underground new-yorkaise est regroupée à Brooklyn et dans le Queens, où des soirées DIY comme Rubulad, Danger ou Gemini & Scorpio offrent une alternative extravagante aux nuits plus chics et exclusives de Manhattan, le borough central de New York. « Les soirées à Manhattan n’étaient pas amusantes. Tout tournait autour de l’argent. Les gens restaient assis, ils ne se parlaient pas. Il n’y avait pas d’exploration » explique Kae Burke, co-fondatrice et directrice créative de House of Yes.
©Kenny RodriguezSi on invite les gens à se déguiser avec leurs costumes les plus fous, c’est pour qu’iels puissent s’exprimer, jouer, créer des liens avec de nouvelles personnes et explorer qui iels sont.
Pixel the Drag Jester, performeuse
Malgré un incendie provoqué par un grille-pain qui les pousse à déménager dans le quartier voisin de Williamsburg à Brooklyn, House of Yes poursuit son chemin et se développe comme un lieu de vie multifonction pour artistes. Les soirées organisées par les ami·es de Kae et Anya restent ponctuelles et ne sont connues que d’une petite communauté d’artistes, pour beaucoup issu·es de l’univers du festival Burning Man et de la scène circassienne. « À ce moment-là, il n’y avait pas Instagram, on ne faisait pas de promo, les gens qui venaient étaient surtout nos ami·es ou bien les ami·es de nos ami·es. » Pour payer le loyer du hangar, Kae et Anya travaillent comme performeuses dans des clubs tout autour de la ville. Mais en 2013, elles sont à nouveau forcées de quitter le lieu qu’elles louent lorsque le propriétaire décide de multiplier leur loyer par deux. Pour les deux amies, c’est un déchirement. En parallèle, la scène des soirées warehouse de Brooklyn fait face à un contrôle plus fréquent et plus strict des autorités et commence quelque peu à se vider. « New York avait changé, affirme Kae. C’était devenu difficile d’organiser des grosses soirées illégales. Clairement, il fallait qu’on commence à faire les choses bien comme il faut, de façon officielle. » Kae et Anya doivent faire un choix : accepter que House of Yes soit arrivé à sa fin, ou bien se battre pour faire vivre leur lieu. Mais dans ce cas-là, il fallait voir les choses en plus grand.
Après avoir demandé de l’aide à l’ensemble de leur carnet d’adresses et tenté de rassembler de l’argent pendant de longs mois, Kae et Anya finissent par être contactées par deux investisseurs du monde de la restauration et des bars qui leur proposent de s’associer. Ils trouvent un ancien entrepôt à glaces à Bushwick, un quartier de Brooklyn à prédominance latino-américaine réputé pour son street art, sa scène artistique et ses soirées techno, situé à la frontière du Queens. Elles s’y installent et, pendant deux ans, réalisent d’importants travaux de rénovation, réhaussant notamment le plafond, tout en œuvrant en parallèle pour l’obtention des licences pour l’ouverture légale du lieu.
©Kenny RodriguezLà où le monde de la nuit peut parfois être sombre ou glauque, House of Yes est venu apporter de la lumière et de la positivité.
Kae Burke, cofondatrice de House of Yes
Le soir du réveillon 2016, House of Yes rouvre officiellement ses portes au public. Devenu un établissement commercial, House of Yes ne peut plus se contenter d’être un lieu de vie et, pendant plus de six mois, l’équipe teste différents formats de restaurant ou de brunch mais s’aperçoit rapidement que l’aspect club est celui qui fonctionne le mieux. « Jusqu’à présent on louait l’espace à nos ami·es pour qu’iels organisent des soirées, mais cette fois-ci on a commencé à les faire nous-mêmes, raconte Kae. On a découvert que c’était notre truc, et c’est à ce moment-là qu’on a trouvé notre public. On a commencé modestement, ça ne se remplissait pas toujours mais petit à petit, en expérimentant, on a trouvé ce qui marchait et ce qui plaisait au public. » Inspirées par la scène Burning Man, leurs débuts dans le milieu du cirque et leur goût pour le décalé, Kae et Anya se mettent à dessiner l’univers des soirées House of Yes. Petit à petit, on commence à y trouver chaque semaine des performances burlesques, des drag shows, du voguing, des spectacles de magie, des ateliers de cirque, des talent shows, mais surtout d’incroyables fêtes dantesques dans une ambiance DIY abracadabrante de couleurs et de paillettes. Chaque soirée répond à un thème unique qui détermine le ton des performances, de la musique et du code vestimentaire, guidé par un moodboard Pinterest auquel ont accès les participant·es. Années 90, Britney Spears, Chromatica, bad bitch, fruits juteux ou Y2K, la politique est claire : quel que soit le thème, les personnes arborant des tenues simples, telles que des jeans ou t-shirts, se verront refuser l’entrée. « Si on invite les gens à se déguiser avec leurs costumes les plus fous, c’est pour qu’iels puissent s’exprimer, jouer, créer des liens avec des nouvelles personnes et explorer qui iels sont, explique Pixel the Drag Jester, performeuse à House of Yes. C’est pour ça qu’on propose tous ces nombreux thèmes : on veut que les gens puissent se perdre dans plein de mondes différents. »
Il y a un gars qui vient souvent, qui aime s’enrouler dans un tapis et être écrasé par les gens. Il s’allonge devant le bar et quand tu vas prendre ton verre, tu lui marches dessus et il aime ça. C’est le genre de personnes que tu rencontres à House of Yes.
Sadiq, habitué des soirées House of Yes
Une fois la machine lancée, le succès de House of Yes ne se fait pas attendre. En 2018, Time Out les place en deuxième position des 50 meilleures choses à faire dans le monde. La même année, DJ Mag les distingue comme la meilleure boîte de nuit de la région Nord-Est de l’Amérique du Nord. Mi-club, mi-théâtre circassien, détenu par deux femmes, dont l’une s’identifie comme queer, House of Yes propose un format de fête inédit et semble faire un pied de nez au milieu nocturne new-yorkais, largement dominé par les hommes. « Là où le monde de la nuit peut parfois être sombre ou glauque, House of Yes est venu apporter de la lumière et de la positivité, conclut Kae. Avoir quelque chose qui ressemble à une maison de poupées pour adultes, où les gens sont heureux, libres, et peuvent s’exprimer sans être jugés, c’était quelque chose de nouveau, surtout au sein d’un établissement légal. »
©Pixel Journalism
Côté bande-son, House of Yes se concentre essentiellement sur la house et travaille majoritairement avec des DJs émergent·es et issu·es de la scène locale. Marshall Jefferson, Dimitri from Paris ou bien Skrillex sont passés par les platines du club, mais la venue d’artistes renommé·es reste ponctuelle. « Bien sûr, on adorerait avoir des gros noms comme Honey Dijon, mais on n’en a pas les moyens » précise Kae. Si les line-up sont soigneusement choisis de façon à ce que les soirées s’y passent à danser jusqu’à l’aube, l’attraction principale de House of Yes réside bien dans les rencontres que l’on y fait. Pour Kae, House of Yes offre au public un espace où « on n’a pas besoin d’aller fumer des cigarettes » pour discuter avec les gens. « C’est un endroit fait pour la socialisation, fait pour explorer ses inhibitions et pour être exposé·e à des choses que tu ne connais pas » explique Sadiq, un trentenaire humoriste vêtu d’un costume robotique. L’habitué des soirées House of Yes cherche un exemple éclairant : « Il y a un gars qui vient souvent, qui aime s’enrouler dans un tapis et être écrasé par les gens. Il s’allonge devant le bar et quand tu vas prendre ton verre, tu lui marches dessus et il aime ça. C’est le genre de personnes que tu rencontres à House of Yes. »
©Kenny RodriguezC’est l’endroit le plus gender inclusive et body inclusive que j’aie jamais connu.
Fabricio Seraphin, performeur
Très tôt, House of Yes se positionne comme un lieu accueillant pour les communautés LGBTQIA+, et applique une politique de tolérance zéro concernant les violences sexistes et sexuelles. Chaque soir, une équipe de consenticorns, des membres du personnel spécialement formé·es aux questions de consentement, se promène dans la foule pour s’assurer que chaque interaction se fait dans le respect de l’autre et intervient dès que nécessaire. Pour Ariel Palitz, ancienne adjointe à la mairie de New York chargée de la vie nocturne, House of Yes a été un exemple positif et précurseur pour de nombreuses initiatives du Bureau de la vie nocturne et pour certains établissements concernant les questions de prévention de la discrimination et de bienveillance dans les lieux festifs. « House of Yes est un leader dans le mouvement de la “nuit conscientisée” et dans la réduction des risques en milieu festif, soutient-elle. Iels ont créé un espace où les gens prennent soin les un·es des autres, se protègent mutuellement. » Pour de nombreux·ses fêtard·es et performeur·ses qui ont du mal à trouver leur place dans d’autres lieux nocturnes, c’est aussi l’occasion de se sentir représenté·e et apprécié·e dans un endroit sans jugement. « C’est l’endroit le plus gender inclusive et body inclusive que j’aie jamais connu, affirme Fabricio Seraphin, performeur à House of Yes. Absolument chaque type de corps est représenté. Tu vois des gens qui te ressemblent sur la scène. Tu ne vois pas ça dans les autres clubs. »
Si la popularité que rencontre le club depuis sa réouverture en 2016 a fait passer House of Yes du monde underground à la catégorie grand public, attirant une foule que les Américain·es aiment qualifier de « normies » – un public hétérosexuel moins excentrique et parfois moins sensibilisé aux questions de consentement –, la plupart des habitué·es de la première heure continuent à s’y sentir comme chez elles·eux. « Les équipes de House of Yes sont queer as fuck. Impossible d’échapper au côté queer. Donc tu sais à quoi t’attendre en y allant et si ce n’est pas pour toi, tu peux partir » pose Fabricio. « Même si ça attire aujourd’hui plus de normies, tu vas toujours y rencontrer les meilleures personnes que tu aurais jamais pu espérer » assure Pixel the Drag Jester. Pour Sadiq, plus mitigé, le public varie sensiblement en fonction des soirées. « Il y a beaucoup de normies car iels veulent être exposé·es à ce monde-là. Je préfère certaines soirées plus sélectives, comme House of Love, où la probabilité que les gens connaissent bien la culture du consentement est considérablement plus élevée, développe-t-il. Il n’empêche qu’en tant que personne racisée, immigrante, queer, handicapée et ayant globalement un mode de pensée alternatif, c’est quand même à House of Yes que je vais pour rencontrer des gens qui me ressemblent. »
©Alice Coverage
Le 6 janvier 2023, House of Yes fêtait son 7ème anniversaire, un jalon significatif pour une ville comme New York où la vie est parfois rude pour les lieux festifs. En quelques années, le club a multiplié les projets en parallèle des soirées, avec son propre festival hors-les-murs et en expérimentant l’ouverture d’autres clubs. Ainsi, en 2021, Kae et Anya s’associent à Ian Schrager, illustre créateur du Studio 54, pour ouvrir House of X, un espace intimiste burlesque à Manhattan. Pour Ariel Palitz, grâce à House of Yes et à de nombreux autres établissements « qui ont créé un espace pour leurs communautés », la nuit de New York continue à ne pas avoir d’égal. « Ce qui rend la vie nocturne new-yorkaise unique, c’est la diversité des personnes qui la composent, qui viennent du monde entier, explique-t-elle. Historiquement, nous avons toujours été une ville d’immigrant·es, et c’est ce mélange unique, ethnique, social, sexuel, intellectuel et créatif, qui rend New York spécial. Et ce que ce mélange apporte sur le dancefloor, tu ne le trouveras nulle part ailleurs. » L’ancienne maire adjointe est affirmative : « House of Yes est un joyau de la couronne de New York. » Au milieu de tous ces dancefloors new-yorkais, cachés dans des hangars, juchés sur des rooftops, improvisés dans des bars de quartier, House of Yes brille fièrement, prête à continuer à représenter les couleurs de la ville pendant de longues années. Avec un sourire étincelant, Pixel the Drag Jester conclut, mystérieuse : « On est toustes des personnes psychédéliques qui croyons au pouvoir de l’univers et de la connexion. Je pense que c’est cette énergie qui nous portera loin. C’est de la magie, tout simplement. »
Relecture et édition : Apolline Bazin et Sarah Diep
Image à la Une : ©Kenny Rodriguez
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«Sa main sur ma cuisse. Je fixe la télé, mais je ne regarde pas le
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Dans une décision historique, ce 4 octobre, les juges de la Cour suprême de Maurice ont jugé « discriminatoire, non africaine et inconstitutionnel » l’article du Code pénal mauricien, condamnant les relations sexuelles entre personnes de même sexe.
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Le mouvement intégriste a été dissous ce 4 octobre en Conseil des ministres. Antisémite, islamophobe, homophobe, il est aussi accusé d’appeler à « entrer en guerre contre la République », y compris en recourant « à la force ».
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Cet article Desire : « être une artiste trans visibilisée me place dans le doute de me perdre en tant que queer » provient de Manifesto XXI.
Fondatrice du collectif With Us, la DJ Desire a publié le texte qui suit en story il y a quelques jours pour partager ses doutes. Elle y parle de son sentiment de tiraillement entre sa conscience militante, sa transidentité et le développement de sa carrière qui l’amène hors des espaces queers. Ses mots ont trouvé de l’écho auprès d’autres artistes, et nous les relayons pour inviter d’autres personnes à rejoindre cette réflexion.Durant ces derniers mois, j’ai eu la chance de beaucoup jouer, plus que jamais auparavant. J’étais habituée à jouer surtout pour des collectifs queers locaux, ou pour des personnes dont je connaissais parfaitement le travail. J’avais déjà bien sûr joué pour des collectifs que je ne connaissais pas ou pour des collectifs straight, mais c’était plutôt rare et depuis cet été, ça s’est inversé.
Jouer en dehors de nos cercles et de notre communauté peut souvent s’avérer gage de « violence », de mégenrage, d’incompréhension, de solitude, de perte de confiance, de déréalisation. Pour notre communauté, un·e artiste qui se mettrait à beaucoup jouer pour des soirées straight ou pour des collectifs « non militants » peut aussi être signe de trahison, d’incompréhension, de déception à l’égard de sa communauté.
Ce dont j’aimerais parler, c’est du sentiment de choix (de manière explicite ou non) qui s’impose aux personnes queers lorsque iels veulent vivre de leur musique, devenir DJ. Ce choix ne s’impose qu’à nous, queers ou personnes invisibilisées de manière générale. En effet, on doit choisir de jouer ou non pour des collectifs straight, et oui, ça représente un choix et il n’y a rien d’offensant à le dire.
Jouer en dehors de nos cercles et de notre communauté peut souvent s’avérer gage de « violence », de mégenrage, d’incompréhension, de solitude, de perte de confiance, de déréalisation. Pour notre communauté, un·e artiste qui se mettrait à beaucoup jouer pour des soirées straight ou pour des collectifs « non militants » peut aussi être signe de trahison, d’incompréhension, de déception à l’égard de sa communauté. Comme si l’artiste passait dans le rang de « coqueluche LGBT » qui n’est pas souvent mise en valeur dans les cercles militants. Oui, il y a un devoir militant qui s’impose dans nos cercles queers et un jugement qui pèse, qui effraie. La peur d’être rejeté·e de notre communauté est d’autant plus violente que le monde straight nous rejette déjà.
Pour pouvoir vivre de sa musique aujourd’hui, on doit jouer tous les week-ends, et bien sûr que ce n’est pas possible de seulement jouer dans des soirées queers. Déjà parce que la force de notre communauté est de programmer des artistes émergent·es et que le turnover des artistes est le maître-mot de nos soirées (comparé aux soirées straight où les mêmes noms tournent depuis 10 ans lol).
Le fait aujourd’hui d’être une artiste trans visibilisée me place dans ce doute, ce doute de me perdre en tant que queer. Comme dit avant, un·e artiste straight n’a pas ce choix. Pour pouvoir vivre de sa musique aujourd’hui, on doit jouer tous les week-ends, et bien sûr que ce n’est pas possible de seulement jouer dans des soirées queers. Déjà parce que la force de notre communauté est de programmer des artistes émergent·es et que le turnover des artistes est le maître-mot de nos soirées (comparé aux soirées straight où les mêmes noms tournent depuis 10 ans lol). Aussi, et c’est sûrement la première des raisons, car nous avons moins d’argent que les autres et donc assez logiquement, lorsqu’un·e de nos artistes est visible, on ne pense plus pouvoir la programmer. J’ajouterais aussi que le fait de s’éloigner des soirées exclusivement queers peut être signe pour des promoteurices que nous ne faisons plus partie de la communauté, et que nous avons capitalisé sur notre identité. Des artistes échappent à ça et peuvent vivre de leur art seulement dans leur cercle, mais soyons honnêtes, iels sont une minorité, et cela relève du privilège, qu’il soit matériel à la base, d’un réseau (l’entre-soi parisien be like), ou malheureusement cela peut tout simplement être temporaire. Oui, dans un monde parfait, je ne joue que dans des soirées queers, mais dans ce monde-là, je devrais forcément retourner à l’usine, derrière une caisse, ou dans n’importe quel travail possible sans diplôme pour payer mon loyer.
Même si j’ai des choix à faire, j’ai déjà le privilège d’en faire. Je suis une artiste trans, okay, mais blanche et valide, qui habite à Paris. Et par rapport à mes copains transmasc, je peux être programmée dans une soirée « féministe » « lesbienne » ou même pour remplir le quota de « meufs » sur une line-up, et ça représente un vrai privilège. Car oui, les personnes trans sont plus visibles aujourd’hui, mais seulement si iels sont blanches, « fem », valides… etc.
Pour revenir à quelque chose de plus personnel, j’ai l’impression d’être en questionnement perpétuel. Suis-je assez queer ? Weird comme j’aime être ? Dois-je me protéger sur cette date et moins me maquiller ? Dois-je porter une robe pour être correctement genrée ? Est-ce que je veux/dois faire plus de contenu militant ? En gros, qui suis-je maintenant et où vais-je ? Pendant ces derniers mois, j’ai parfois abandonné l’image que je portais d’high fem (que j’aime toujours) car ma transidentité fluctue, mais aussi par sécurité, et bizarrement j’ai peur que l’on associe ça à mes bookings straight… Même si je n’ai jamais été aussi mégenrée que cet été. LOL. BREF.
J’avais envie de le partager avec vous ou de l’écrire pour moi-même, est-ce qu’il y a des artistes queers qui partagent ce sentiment et qui veulent discuter ? Ou qui veulent créer le premier syndicat des artistes queers ? I’m here !
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Dès le lendemain de la sortie de ce texte, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas d’un ressenti isolé, puisque j’ai vu qu’il était partagé par de nombreux·ses artistes TPG. Alors, pourquoi attendre ? Pourquoi ne pas en discuter ? Pourquoi ne pas s’organiser ? Pourquoi en rester là ?
Ma copine chérie m’a aidé à canaliser toutes mes idées et nous avons créé un formulaire Google dont vous trouverez le lien juste en dessous ! Afin de nous organiser entre personnes queers et réfléchir à la mise en place d’un réseau (syndicat ?) d’entraide d’artistes queers francophones, prenant la forme d’une assistance administrative, émotionnelle ou artistique, etc. Et mine de rien, nous sommes déjà un petit nombre, mais nous faisons appel à vous, artistes (DJ, drag queens, organisateur·ices de soirées, etc.), pour nous rejoindre.
Bien sûr, c’est tout neuf et nous avons tout à construire : nous devrons nous entourer de collectifs déjà existants, de professionnel·les, d’autres syndicats, mais tout cela peut prendre forme, j’en suis sûre !
Pour l’instant, c’est une conversation sur Instagram, mais qui sait, peut-être bientôt un cortège de manifestations ?
Rejoindre l’initiative (no cis het dude please)
Image à la Une : Solisse, @sdlrme
Relecture et édition : Apolline Bazin
Cet article Desire : « être une artiste trans visibilisée me place dans le doute de me perdre en tant que queer » provient de Manifesto XXI.
Cet article Paye ta vie d’artiste (queer) ! Je me suis fait tokeniser, c’est grave ? provient de Manifesto XXI.
Paye ta vie d’artiste ! est une série de podcasts portée par Manifesto XXI, qui met en lumière les conditions sociales et économiques des artistes et travailleur·ses de l’art. Dans ce nouvel épisode, on s’intéresse aux paradoxes auxquels font face les artistes queers dans un système artistique qui capitalise de plus en plus sur leurs identités.Doit-on accepter d’être la « caution queer » d’une programmation au nom d’un enjeu de représentation ? Jusqu’où se plier, face aux institutions qui cherchent à se donner une conscience engagée, pour espérer gagner en notoriété (et sortir de la précarité) ? Avec les avancées des luttes queers et féministes, de plus en plus d’événements sont dédiés aux enjeux lgbtq+. Mais la médaille dévoile vite son revers : les artistes ont parfois l’impression de n’être là que pour cocher une case, ou bien qu’on ne lit leur travail artistique que par le prisme de leur identité – bref, d’être un jeton, un token. Comment se positionner face à un système qui capitalise sur nos identités ? De quelle façon cette « tokenisation » impacte-t-elle la création ? Et comment échapper aux dynamiques de pureté militante et d'(auto)culpabilisation au sein même des communautés queers ?
À retrouver sur Apple Podcasts, Deezer, SoundCloud, Spotify et YouTube
On en discute dans cet épisode avec deux artistes : Ju Bourgain, diplômé·e des Beaux-Arts d’Aix et dont la pratique touche à la vidéo, à la poésie et à la performance ; et Anne-Sarah Huet, écrivaine et chercheuse, anciennement professeure d’économie. On y entend également l’artiste Meryam Benbachir, les organisatrices du Prix Utopi·e, Agathe Pinet et Myriama Idir, ainsi que la commissaire d’exposition Claire Mead.
La discussion a été enregistrée en live en mai dernier, lors de l’événement « Manœuvrer » organisé par Artagon Marseille, à l’occasion du Printemps de l’art contemporain.
Ressources
• Wages For Wages Against, Tout ce qu’on sait on tait, éd. L’Amazone & Privilege, 2023 – en particulier les textes « Brouillon d’auto-défense face aux ******washing dans le champ de l’art » par L’Eau à la Butch, et « Consentez-vous à ce que nous prenions soin de vous ? » par Noémi Michel
• Isabelle Alfonsi, Pour une esthétique de l’émancipation, éd. B42, 2019
• Resisting tokenism, and why “write what you know” has its limits, by Deenah & Boe, Shado Mag, 26 August 2022
• Queer representation in media: the good, the bad, and the ugly, by Tessa Kaur, Heckin’ Unicorn Blog, 6 Oct. 2021
• « Penser l’émancipation apaise alors que l’analyse de la domination finit par aigrir », interview d’Isabelle Alfonsi par Paul Tommasi, dièses, 5 janv. 2021
• Let’s Talk Tokenism, w/ Claire Mead, New Museum School Podcast Transcript, 2019/2020
• L’histoire de l’art se penche enfin sur les origines de l’art queer, interview d’Isabelle Alfonsi par Julie Ackermann, Magazine Antidote, 25 oct. 2019
• How to deal with your art being a token choice, according to The White Pube, by Zarina Muhammad and Gabrielle de la Puente, Dazed, 28 Oct. 2019
• ~The Problem with Representation~, by Zarina Muhammad, The White Pube, 8 April 2019
• Être un.e artiste queer trans* et de couleur dans le milieu culturel en 1483 mots, par Saphire, Jet d’encre, 11 mars 2019
• How to avoid tokenism, by Tarik Elmoutawakil, Theatre and Dance, British Council Blog, 30 January 2018
• Curating Queerness as an Activist Practice, by Claire Mead, CuratingtheContemporary, 18 May 2017
• When Representation Becomes Tokenism: Why We Need Diverse Creators, by Karina Belotserkovskiy, Affinity Magazine, 10 Feb. 2017
Crédits
Invité·es : Ju Bourgain, Anne-Sarah Huet
Avec les interventions de Meryam Benbachir, Claire Mead, Agathe Pinet et Myriama Idir
Animation, écriture, montage : Sarah Diep et Soizic Pineau
Enregistrement et réalisation technique : Caetano Carvalho et Igor Tranchot
Musique et habillage sonore : Alexi Shell
Design graphique : Dana Galindo
Merci à Flo*Souad Benaddi, Sarah Netter, Nanténé Traoré, L’Eau à la Butch, et toutes les personnes qui contribué à enrichir ces réflexions collectives.
Un podcast Manifesto XXI, produit en partenariat avec Artagon Marseille.
Image à la une : Vue de la discussion lors de l’événement « Manœuvrer », après-midi et soirée de programmation des résident·e·s 2021-2022 d’Artagon Marseille, Coco Velten, Marseille, 19 mai 2023. Photo © Lou Mérie
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En s'installant dans la commune, Gwen et Olivier pensaient participer à sa redynamisation et « mener une vie tranquille ». Mais après huit mois à essuyer des injures, rumeurs et dégradations de l'établissement, le couple a décidé de « jeter l'éponge ».
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À l’aube de sa sixième saison au ballet du Grand Théâtre de Genève, rencontre avec le danseur brésilien Adelson Carlos, qui se confie sur son parcours tumultueux vers l’acceptation.
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L’essayiste franco-suisse a écopé en appel de 60 jours de prison ferme pour avoir notamment qualifié une journaliste de « grosse lesbienne », en réaction à un article qu’il estimait à charge.
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Cet article Triste Tigre de Neige Sinno : sortir de la cage de l’inceste provient de Manifesto XXI.
Dans Triste Tigre, paru chez P.O.L à la rentrée et salué du prix littéraire du Monde, Neige Sinno fait le récit de l’inceste qu’elle a vécu. Loin de l’impasse de l’alternative « parler ou se taire », elle analyse au contraire très frontalement les différents espaces d’agentivité, d’écoute ou de silence. Il n’est pas tant question de lever le voile, consciente de la curiosité malsaine qui entoure l’inceste, que de décrire toute sa normalité et son inscription au cœur de notre société. TW : Inceste, viol, violence.Vingt ans à réfléchir à comment en parler, comment le dire, comment l’écrire. La limpidité des souvenirs est frappante. Ils sont racontés avec une implacable simplicité, alors qu’il est commun d’associer à l’inceste la mémoire traumatique traînée derrière lui, transformant la réalité vécue en un labyrinthe angoissant. Autre fait rare : non seulement Neige Sinno a porté plainte, ce qui arrive dans seulement 10% des cas d’inceste, mais les faits sont reconnus comme criminels. L’incesteur sera donc jugé aux assises, ce qui est le cas de seulement 10% des plaintes pour inceste. Son beau-père reconnaît même les faits, chose exceptionnelle faisant du cadre judiciaire un dispositif d’énonciation publique d’une vérité. Cas exceptionnel, donc, lorsque l’actualité quotidienne des non-lieux pour les meurtriers policiers et les plaintes pour viols montrent à l’inverse les biais et la violence de la froide et abstraite machine judiciaire.
De cela, l’écrivaine n’est pas dupe, puisqu’elle affirme clairement son positionnement anticarcéral, d’autant que « les procès ne sont pas là pour faire plaisir aux victimes ». Ni pour leur rendre justice. En cela, elle s’inscrit dans une série récente d’œuvres magistrales réalisées par des femmes sur la violence de la Justice, que l’on pense à Saint-Omer (Alice Diop, 2022) ou Anatomie d’une chute (Justine Triet, 2023).
Démonter l’hypocrisie autour de l’incesteDupe, Neige Sinno ne l’est pas de grand-chose ; on pourrait décrire son livre comme le dépeçage et l’élimination minutieuses de toutes les hypocrisies et mensonges que la société porte sur l’inceste, les incesteurs et leurs « victimes ». L’hypocrisie, c’est que malgré le lieu commun de l’inceste comme le crime absolu, impensable, on tolère en vérité mieux l’incesteur que l’incesté·e. C’est ce que le récit de Neige Sinno raconte, tous ces petits gestes et paroles par lesquels la société et le village où iels habitaient s’accommodent de la présence de l’incesteur. À l’inverse, celle qui a parlé et perturbé la paix au village, obligeant à se positionner dans les rapports de pouvoir, à ne pas détourner les yeux, est insidieusement rejetée, ignorée, ostracisée. Le ton peut donc sembler acerbe, mais c’est sans doute l’inévitable clarté de l’écriture matter-of-fact qui dérange. Le sentiment de dépression diffus ? Peut-être justement le coût d’une vie pas dupe de grand-chose.
Passé l’étonnement face à cette écriture provocante et sans détours, ou ce qu’elle désigne comme son « petit ton bravache », on comprend progressivement que si le déroulement des viols semble être clair, l’inceste vécu par Neige Sinno, unique, n’en reste pas moins banal et, sous différents aspects, se rapproche de millions d’autres. C’est de cette banalité dont il est aussi question. Tous les éléments s’y retrouvent. La mémoire traumatique qui l’empêche d’oublier et les viols que son esprit lui fait sans cesse rejouer. La dissociation. Les répercussions innombrables sur tous les aspects de sa vie, car « les conséquences du viol vont bien au-delà du domaine circonscrit de la sexualité, elles affectent depuis la faculté de respirer jusqu’à celle de s’adresser aux autres, de manger, de se laver, de regarder des images, de dessiner, de parler ou de se taire, de percevoir sa propre existence comme une réalité, de se souvenir, d’apprendre, de penser, d’habiter son corps et sa vie, de se sentir capable de simplement être » (p. 166).
L’obsession de comprendre ce qu’il est impossible de comprendre – la banalité du mal – est aussi là. Cette tension est douloureuse pour lae lecteur·ice. On observe Neige Sinno transmettre ses leçons d’années de réflexion et de recherche, ses conclusions après avoir analysé avec une intelligence perçante le problème dans tous les sens, avec un sens de l’autoréflexivité qui gonfle la voix narrative jusqu’à son annihilation. Comme si la relation d’inceste introduisait un miroir permanent impossible à briser. Dans sa recherche, Neige Sinno traque aussi ses propres faits et gestes, jusqu’à commenter son écriture dans son déploiement, quête de contrôle vaine car sans fin. Il lui est impossible de trouver ce qu’elle cherche en ses termes, la raison du mal, parce que comme le dit Hannah Arendt, qu’elle cite, le propre du mal est l’absence de pensée. Comment comprendre une action qui demeure en dehors du pensé et du pensable ?
Une dialectique de la monstruosité politiquement décontextualiséePour penser l’impensable, Neige Sinno passe en revue tout ce qui empêche de penser, les lieux communs sur l’inceste ou sur l’écriture de soi en tant que victime de violence. Malgré ce travail minutieux, magistral, elle reste prisonnière d’un problème identifié en termes moraux : pourquoi le mal ? Pourquoi ces viols, pourquoi ai-je mal, pourquoi ai-je eu si mal et pourquoi ce mal reste-t-il en moi ?
Que le problème soit pour elle moral constitue peut-être une preuve supplémentaire de la difficulté à s’extraire du monde construit par l’incesteur. En effet, que son beau-père soit un monstre, elle l’affirme, mais si c’était « juste » cela, le sortir de sa vie physiquement et matériellement aurait pu suffire. Mais tout l’enjeu de l’inceste est que le monstre devient monstre en déversant un peu de sa monstruosité sur l’autre, et c’est ce processus même qui est monstrueux : « souiller » l’autre. Autrement dit, dans l’inceste, la honte de le dire trouve son origine dans la honte qu’est de révéler le soi incesté car ce soi a été rendu monstrueux par l’incesteur (« ce que je t’ai fait, c’est parce que je l’ai vu en toi, tu aimes ça, tu es pervers·e, etc »). Il y a un jeu de miroir où, face à la monstruosité de l’incesteur, l’incesté·e en prend à son compte pour, littéralement, décharger l’incesteur de sa solitude de monstre.
Pourtant, Neige Sinno récuse le lieu commun selon lequel les incesteurs sont d’anciens incestés – c’est le cas de seulement 20% d’entre eux. Malgré son moment d’autoflagellation où elle pense à la possibilité du mal ouverte en elle, il est évident que Neige Sinno n’est pas un incesteur et se situe du mauvais côté du système.
Or, elle refuse de nommer le système permettant l’émergence de cette violence incestueuse : le patriarcat. Elle avoue ne s’être jamais penchée sur le féminisme et, sans chercher à donner des leçons, on peut toutefois trouver que l’absence de la théorie féministe est un maillon manquant à sa solide chaîne d’analyse des viols qu’elle a subis et plus largement du fait social de l’inceste.
Si, sur toutes les strates de l’expérience vécue, Neige Sinno dresse un récit précieux et extrêmement clair de l’inceste, la fin du livre laisse sur sa faim. Il lui manquerait une marche supplémentaire pour s’échapper pour de bon du tête-à-tête infernal entre l’incesteur et l’incesté·e. S’agit-il selon elle d’une cage dont on ne peut jamais sortir ? L’écriture du livre, nous dit-elle, « cette réalisation dans laquelle celle qui écrit met tout son effort, sa bonne volonté, ses années de lecture, son cœur et son âme, c’est encore un projet de l’agresseur, il se trouve au centre, qu’il a presque prédit et souhaité » (p. 101).
C’est là où la politisation féministe offrirait une porte de sortie au système de l’inceste que Neige Sinno esquisse si justement. Comment mieux remettre à sa place et combattre le violeur que de comprendre sa position dans un système de perpétuation de la domination des minorisé·es de genre, de violences à leurs égards, de silenciation et de réduction symbolique ? Comment mieux le remettre à sa place que de le comprendre comme le triste pantin qu’il est, vidé de sa culture, vidé de ses émotions et affects, mortifié de l’intérieur par un système qui produit en masse des êtres monstrueux, prix à payer pour une masculinité conforme nécessaire à la perpétuation de la domination capitaliste et impérialiste ? Quant à l’œuvre de Neige Sinno, qui inscrit l’écriture et la pensée vaillantes d’une personne qui a vécu l’inceste, dans un espace aussi fortement symbolique que le livre, je ne crois pas un instant qu’il sert son agresseur. À l’inverse, c’est la preuve qu’une vie attaquée, bégayante, une vie pas-d’chance, damaged for life, c’est toujours une vie capable de répondre, de se battre en retour et de protéger les siens.
Triste Tigre de Neige Sinno, éd. P.O.L, 288 p., 20€
Neige Sinno sera à Paris, à la Maison de la Poésie mardi 3 octobre, à la librairie Le Monte en l’air le mercredi 4 octobre, et à la librairie des Abbesses le jeudi 5 octobre.
Manifesto XXI recommande aussi les rencontres Pour en finir avec l’inceste et les violences sexuelles du 14 au 22 octobre à Forcalquier.
Image à la Une : © Helene Bamberger
Relecture : Benjamin Delaveau
Cet article Triste Tigre de Neige Sinno : sortir de la cage de l’inceste provient de Manifesto XXI.
Quatre jeunes gens soupçonnés d'avoir piégé via Grindr et agressé des hommes homosexuels à Nice, en juillet 2022, ont été condamnés à quatre ans de prison ferme pour deux d'entre-eux, et à dix-huit et 15 mois pour les autres. Mais le tribunal correctionnel n'a retenu que le caractère aggravant de réunion, pas l’homophobie.
L’article Nice : jusqu’à quatre ans de prison pour les auteurs d’une série de guets-apens visant des homosexuels est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Un jeune homme a été victime d'une tentative de meurtre, dans la soirée du 25 septembre, alors qu'il avait rendez-vous avec un inconnu rencontré via le site Coco.fr. Un guet-apens organisé par trois complices qui ont tenté de percuter son scooter, dès qu'ils l'ont identifié.
L’article Tentative de meurtre homophobe à Marseille, après un rendez-vous via un site de rencontres est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Partisane de la théorie du grand remplacement, Suella Braverman a déclaré qu’être homosexuel ou une femme n’était « pas suffisant » pour demander l’asile au Royaume-Uni, alors que 11 pays prévoit pourtant la peine de mort pour le personnes LGBT+.
L’article Être menacé, discriminé parce qu’homosexuel ou une femme « n’est pas suffisant pour demander l’asile au Royaume-Uni », selon la ministre de l’Intérieur britannique est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Après sa victoire face à l’Olympique de Marseille ce 24 septembre, le PSG a été informé, que quatre de ses joueurs, Randal Kolo Muani, Achraf Hakimi, Layvin Kurzawa et Ousmane Dembélé, avaient été convoqués pour des chants insultants à l’égard des Marseillais.
L’article Le PSG et quatre joueurs convoqués par la commission de discipline après des chants homophobes contre l’OM est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Cet article « La force de la communauté, c’est pas rien » : un thé avec Marvin M’toumo provient de Manifesto XXI.
Un thé servi chaud, bien sucré, à l’abri dans le salon ou dans la chambre, en bonne compagnie. Un thé pour se détendre et se rassembler un moment, autour d’une conversation entre ami·e·s, artistes, consœurs de cœur et confrères de lutte, pour parler de nos combats et de nos conditions desquelles on n’échappe pas. « Un thé avec… » est une série d’interviews lentes, fleuves, qui s’écoulent au gré d’une temporalité d’humain·e. Ce sont des espaces de rencontre entre vous, moi et une personnalité créative queer noire talentueuse qui apporte son diamant à l’édifice. Je m’appelle George, je suis artiste, trans, afrodescendant, et avec mes ami·e·s nous avons beaucoup, beaucoup de choses à dire. Let’s spill the tea!En mai dernier, j’ai eu la chance d’assister à une des représentations grandioses du dernier défilé-spectacle de Marvin M’toumo, présenté à l’Arsenic (Lausanne). Intitulé Concours de larmes, c’est un voyage tragi-comique en nos propres pleurs, en nos terres intérieures arides, délaissées par l’interdiction de pleurer. Au cœur d’un œuf, dans le nid délicat et harshy qu’est la poésie de Marvin, le public est invité à baisser les larmes, à abattre ces murs derrière lesquels la vulnérabilité se coffre. Et il faut dire que ces temps-ci, c’est dur d’être vulnérable. Quand les scissions sociales se font plus que jamais ressentir, quand il faut lutter pour sa survie dans les plus petites choses, et qu’on finit par s’épaissir la peau comme un bouclier pour traverser le quotidien. Concours de larmes m’a cogné en des endroits que je n’avais pas éclairés depuis longtemps, puis m’a ramassé, tendrement, à la petite cuillère. C’est une sensation étrange. Pleurer dans une pièce entouré d’inconnu·e·s, à la fois ému par les présences sublimes des performeurses, leurs magnifiques costumes et la puissance des paysages sonores ; et tiraillé, trituré, disséqué et étalé, nos fatalités humaines à ventre ouvert, par les mots-queries du poète maudit, personnage qui se fait le guide de ce moment, joué par Davide-Christelle Sanvee. Des mots sincères, amèrement bienveillants, qui énoncent les conséquences de nos âpres réalités d’exploitation, de travail, de douleurs, de non-sens parfois, de nos tristesses, et de nos tentatives, des fois naïves et souvent vaines, de les étouffer.
© Amélie Chatelard
Marvin M’toumo est un artiste à plein de facettes : il écrit des poèmes et des histoires, il joue sur scène ; il crée des costumes, des visuels de mode, des accessoires, le tout dans un registre délicat et satirique. Crybaby qui a du chien, il se passionne pour les memes d’animaux coquets, pathétiques et plutôt delusional. Ces dernières années, son talent a été primé, mais cette reconnaissance institutionnelle éveille chez lui des sentiments contradictoires. Située quelque part entre un questionnaire en fin d’un vieux numéro BIBA, A Black Lady Sketch Show (série produite par Robin Thede et Issa Rae), et la revue fictive Ask Phoebe dans l’univers de la série Charmed, cette interview a été pensée sur-mesure. Elle revient, au lendemain de la dernière représentation de Concours de larmes, sur cette pièce inoubliable, et sur son processus de création.
George – Peux-tu citer des situations qui t’ont amené à écrire Concours de larmes ?
Marvin M’toumo : Déjà, le texte est autobiographique. Il est complètement inspiré de choses que j’ai vécues ou que j’ai pu observer dans mon entourage, des interactions que j’ai pu avoir sur le sujet avec des gens. La première anecdote dont je me souviens et qui est vraiment le point de départ d’écriture, c’était le lendemain des attentats de Nice. On s’est retrouvé·e·s bloqué·e·s avec ma mère et ma sœur dans cette foule paniquée sur la promenade des Anglais, et on était du côté où le camion n’est pas passé, donc on n’a pas vu de blessé·e·s, on n’a pas vu de mort·e·s. On n’a pas vu le camion, quoi. On a fait partie des gens qui étaient plus loin et qui ont couru. C’était une période où je voyais que ma mère avait pas mal de challenges dans sa vie. Les mois qui ont suivi cet événement, on s’est retrouvé·e·s au mémorial, elle était super émue.
Ma mère, c’est pas quelqu’un que j’ai vu beaucoup pleurer dans ma vie, tu vois. C’est pas non plus quelqu’un que j’ai vu s’appesantir sur une situation. Je trouvais ça assez ouf qu’elle ait autant de problèmes, qu’elle n’en parle jamais, qu’elle ne pleure jamais pour elle, mais qu’elle se retrouve complètement bouleversée par cette histoire. J’avais vraiment l’impression que c’était comme si objectivement elle avait le droit de pleurer. Parce que c’était un truc qui ne la concernait pas qu’elle, ce deuil national, collectif. Ça m’avait interpellé, ce décalage. J’ai commencé à écrire une partie du texte juste après cet attentat.
© Amélie Chatelard
Le fait de créer un espace où objectivement tout le champ lexical, tous les gestes, incitent à pleurer, ça crée une sorte de soupape, d’espace hors du temps. Comme si, en partant de ce que tu as observé chez ta mère, tu as créé d’autres espaces où elle pourrait pleurer.
C’est intéressant. Jusqu’à présent, je n’ai jamais parlé de cette source. En fait, beaucoup de choses viennent de ma famille. Des moments de pudeur, de relâchement. Je dis de façon un peu générique « oui je viens d’un milieu traditionnel, caribéen, évangéliste, etc. », c’est un peu genre « je vais pas tout vous raconter dans les détails ». En gros, je viens d’une culture où pleurer, c’est pas le plus simple ou le plus évident.
Ça fait combien de temps que tu travailles sur ce projet ?
J’ai écrit des poèmes, des petites observations, pendant longtemps, quand j’étais encore à la Villa Arson. Je n’en ai jamais rien fait. Pendant cinq ans, j’ai traversé une période de crise, de doutes concernant mon écriture, donc mes textes sont restés sur un disque dur, c’était un vieux truc. Quand j’ai commencé Concours de larmes, j’avais seulement quatre jours pour écrire, alors j’ai convoqué certains de ces textes comme point de départ.
En tant que designer et artiste, ce texte est nécessaire pour faire face aux injonctions, qui se sont imposées à moi ces dernières années, d’entertain les gens avec de belles images, de beaux vêtements. J’avais besoin de réaffirmer que derrière ce que je fais, y’a de vraies histoires, de vrais ressentis, de vraies raisons politiques aussi.
Marvin M’toumo
Pouvoir piocher dans des textes déjà écrits, que t’as pondu des années plus tôt quand t’étais encore étudiant, c’est une très belle façon de rendre hommage à son soi plus jeune.
C’est vrai. C’est fou de passer des années à être tellement complexé par ton travail que t’arrives pas à écrire. À chaque fois que j’essayais d’écrire, je faisais des crises d’angoisse, c’était vertigineux. Là je n’avais plus le temps, j’étais obligé de reprendre le processus là où je l’avais laissé, obligé de me réconcilier avec qui j’étais au moment où je continuais à écrire, où j’avais assez confiance pour le faire.
Quels sont les personnages de ta pièce qui t’inspirent le plus et pourquoi ?
Le personnage du présentateur, incarné par Davide-Christelle. C’est mon alter ego sur scène, c’est le témoin de mes intentions dans le projet, de tout ce que j’y mets d’ajustement, de personnel, d’intime, de complexe. La collaboration avec Davide-Christelle est quelque chose de vraiment précieux pour moi. Sa présence et son incarnation me permettent en retour de créer des espaces d’esthétique avec des ressentis très bruts, parce qu’elle prend en charge ce texte d’une façon qui est tellement habitée et tellement juste… Ça m’offre beaucoup de liberté autour, et ça me permet de m’affirmer dans un rôle où on ne m’attend pas. Les gens ne m’attendent pas dans l’écriture, les gens n’attendent pas de moi un propos. Ils attendent de belles images, mais pas un propos. Ce texte est inconfortable, il est long, il est aussi très lourd. En tant que designer et artiste, ce texte est nécessaire pour faire face aux injonctions, qui se sont imposées à moi ces dernières années, d’entertain les gens avec de belles images, avec de beaux vêtements. C’est quelque chose que j’adore, mais j’avais besoin de réaffirmer le fait que derrière ce que je fais, y’a de vraies histoires, y’a de vrais ressentis, y’a de vraies raisons politiques aussi. Ce personnage et la collaboration avec Davide-Christelle m’ont permis ça.
© Amélie Chatelard
Est-ce qu’il y a d’autres personnages qui te touchent particulièrement ?
Les Jérémiades, ma scène préférée, qui clôt le show, avec Elie, Davide et Nes. Elles dansent, enfin elles font tout un travail d’expressions, de grimaces, de mouvements, sur la musique de Vica Pacheco et Baptiste Le Chapelain, qui est incroyable, vraiment. J’aurais pas pu rêver mieux au niveau de la musique. Je suis super fier de cette scène, du travail qu’on a fait collectivement, au niveau de la lumière, de la musique, du make-up, des costumes, de la performance… Je nous vois vraiment en tant que team dans cette scène. Il y a plein de choses qui se racontent dans ce trio-là, qui synthétise bien pas mal de mes recherches sur le sujet.
Dans le métier de pleureuses, qui existe encore dans d’autres cultures, les personnes sont payées pour porter la charge émotionnelle dans des cérémonies, notamment des moments de deuil, où la famille n’a pas le droit de pleurer. Elles font toutes les grimaces, toutes les attitudes qu’on ne se permet pas, tu vois. Ça parle de pleurs mais ça va plus loin. C’est aussi une critique de l’archétype de l’Angry Black Woman [archétype raciste et misogynoir qui présente les femmes noires comme étant agressives et constamment en colère, c’est une façon de diminuer leurs expériences et ressentis, de ne pas les prendre au sérieux, ndlr]. Les pleureuses, c’est aussi les harpies, le corps noir dans la danse, ça aborde plein de choses. Ça synthétise bien les questionnements qu’on avait à ce moment-là.
Tu es plutôt Miss France ou Miss Shlag ?
Miss France, sans hésitation (rires). Ouais, les Miss, on sait, c’est problématique, y’a plein de choses à dire, et plein de bonnes raisons de supprimer ce concours. C’est vrai qu’avec la fierté régionale [Marvin est originaire de Guadeloupe, ndlr], dans ma famille, Miss France, c’est un peu une institution. Par tout ce qu’il raconte sur le corps féminin, la vision qu’on a des jeunes femmes dans cette société, des pressions sociales sur le corps, c’est un concours que je trouve intéressant à regarder.
On n’est pas contre le public, on est avec vous, et en même temps du fait que tout le monde peut se regarder, c’est l’espace le moins propice au laisser-aller. Parce qu’on a l’habitude de pleurer derrière une porte ou un rideau, on pleure pas n’importe où, devant n’importe qui.
Marvin M’toumo
Effectivement cette question de défilé et de particularisme régional, comme dans Miss France, se retrouve dans tes personnages. Chacun·e représente un archétype de la famille des pleurs, de la grande famille de la chouinade. Est-ce que t’as une petite Miss en toi ?
Grave, la Démone des Larmes, c’est ma Miss, hein ! Ces concours de Miss ont aussi inspiré le spectacle dans cette idée de compétition absurde, où on est aussi là en mode bonnasse sur scène. Mon parti pris, c’était quand même de parler de pudeur, en demandant de lâcher cette pudeur, donc on va déjà la lâcher premièrement avec nos propres corps sur scène.
© Amélie Chatelard
Ces corps nus ou semi-nus, finalement ça crée un espace d’affirmation de soi. Voir des corps et des culs nus unapologetic, ça m’a fait me dire « yeah, that ass! ». Ça crée de la confiance et de l’enjaillement, qui est la première étape avant de se montrer vulnérable et de baisser ses armes. Passer par le rire et par le nu, ça démonte totalement cette défense. Avec la disposition de la scène ovale, en forme d’œuf – un motif qui se retrouve beaucoup dans ton travail d’ailleurs –, tout le monde se regarde dans le public. On est dans la même merde en fait, parce qu’on sait qu’on va pleurer, et on a envie de se protéger. Avec tous les chemins de traverse que tu as pris, que vous avez pris, ça casse la coquille, on n’a pas le choix, mais on y va volontairement.
En fait, c’est étrange comme dispositif scénique, il y a cette idée de « on est ensemble », cette promiscuité et cette intimité. On n’est pas contre le public, on est avec vous, et en même temps du fait que tout le monde peut se regarder, c’est l’espace le moins propice au laisser-aller. Parce qu’on a l’habitude de pleurer derrière une porte, derrière un rideau, on pleure pas n’importe où, devant n’importe qui.
Je me suis fait beaucoup d’ami·e·x·s et d’allié·e·x·s dans ce projet. Ce ne sont pas juste des salarié·e·s et des collaborateur·ice·s, mais des personnes qui m’aident à être moi-même, à me réaliser, à m’exprimer, à me challenger aussi, à faire bouger certaines choses et certains comportements qui ne sont pas corrects chez moi.
Marvin M’toumo
En même temps, c’est aussi ce qui crée le côté church therapy, ou messe. Puis au bout d’un moment, tu vois les personnes autour de toi en train de pleurer et tu te laisses aller. Tu trouves de nouvelles façons plus ou moins discrètes de pleurer.
Ça me fait penser au personnage de Christelle, du présentateur slash poète maudit slash prêcheur slash misérable slash prophète. Il y a ce truc d’emprunter plusieurs types de shows, des ressorts techniques et émotionnels qui fonctionnent et qui nous touchent. On amalgame tout ça pour faire quelque chose de plus. Certain·e·s ne voient que le poète maudit, d’autres que le prêcheur. C’est l’alternance entre ces différentes figures masculines que j’aime beaucoup.
Si tu étais un petit chien ou une petite chienne, tu serais… ?
Je serais Canicula. Dans le texte, c’est le nom d’un chien, c’est notre chienne de vie. Elle est du genre bichon, tu sais, les chiens avec les yeux tout marron, qui ont une espèce de sébum sur les yeux. T’as toujours l’impression qu’ils ont envie de pleurer, alors qu’en fait ils ont rien, c’est juste gras, quoi. Un p’tit chien tout blanc avec des barrettes et un côté cracra.
Qu’est-ce qui te rend piquante ?
La base, le piment.
Qu’est-ce qui te rend fondante ?
… le chocolat.
Le bare minimum pour travailler avec toi, c’est… ?
L’honnêteté et la transparence. J’aime bien les gens qui n’ont pas peur de te vexer. Je n’aime pas le côté corporate hypocrite, je préfère les gens qui disent les choses et après on compose avec.
Marvin M’toumo en costume © Pauline Scotto Di Cesare
Qu’est-ce que tu ne fais plus aujourd’hui, humainement et professionnellement ?
Humainement, ce que je ne fais plus, c’est d’accepter de me retrouver dans des relations avec des personnes qui ne me font pas du bien. Tu vois, il y a le spectacle et il y a ce qu’on voit, mais derrière, pour moi, c’était vraiment un espace où j’ai pu rencontrer mes communautés. Je me suis fait beaucoup d’ami·e·x·s et d’allié·e·x·s dans ce projet. Ce ne sont pas juste des salarié·e·s et des collaborateur·ice·s, mais vraiment des personnes qui m’aident à être moi-même, à me réaliser, à m’exprimer, à me challenger aussi, à faire bouger certaines choses et certains comportements qui ne sont pas corrects chez moi.
Jean-Paul Gaultier, Concours de larmes, prix Chloé à Hyères, les interviews… Ça te fait quoi de recevoir *finalement* cette reconnaissance de la fashion/artsy sphère ?
C’est très complexe pour moi, je pense que je le vis un peu comme un enfant qui s’est pas senti aimé pendant longtemps, et qui d’un coup rencontre l’amour, donc qui n’y croit pas vraiment. J’ai encore beaucoup de mal. Là par exemple, j’ai décidé d’archiver les messages « les plus beaux » que je reçois. Pas par ego trip, mais vraiment parce que je n’arrive pas assez à me nourrir des énergies positives que les gens essaient de m’envoyer, surtout via les réseaux sociaux. Parce que j’ai enchaîné toutes ces choses dans des moments de grande précarité à chaque fois – soit elle était économique, soit elle était physique, mentale, parce que c’était la fatigue, le surmenage. Du coup, toutes les récoltes, quand elles arrivent, t’es épuisé·e. T’es déjà gavé·e en fait, tu ne peux pas assimiler tous ces beaux retours.
En discutant avec Patrick de Rham, le directeur de l’Arsenic, je me suis rendu compte que je ne croyais pas aux compliments qu’on me faisait. Les gens parlaient de la pièce comme d’un chef-d’œuvre et moi, le premier truc qui me venait en tête, c’était « ces gens sont hypocrites, ces gens mentent ». Au bout d’un moment, j’ai dû me questionner sur pourquoi je pensais ça, alors que je suis là, qu’il y a 130 personnes qui viennent voir le spectacle par soir, que ce n’est pas comme s’il n’y avait qu’une seule personne qui m’avait fait un bon retour, tu vois, y’a des centaines de personnes qui en ont fait. Ça force quelque part à être plus humble, c’est-à-dire à accepter que ce n’est pas moi qui ai le contrôle, et ce n’est pas moi qui décide si c’est bien ou pas bien. C’est redonner aux autres la possibilité de porter un jugement. C’est très compliqué. En ça, je trouve que la pratique collective est salvatrice parce que, comme on était en groupe, on a pu célébrer plein de moments de ce projet. C’est quelque chose que je n’ai jamais fait individuellement. Je ne l’ai pas fait pour Jean-Paul Gaultier, je ne l’ai pas fait pour le prix Chloé, je ne l’ai pas fait quand j’ai collaboré avec Lognon, la maison de plisseur de Chanel. Là, en groupe, on faisait des grands repas, on dansait, on rigolait, on partageait, et du coup ça rend ces moments tellement particuliers que j’ai l’impression que ça m’a vraiment aidé à prendre confiance et à assimiler ces énergies positives.
Trois mots pour décrire ton parcours ?
Foi. Abnégation. Rencontre.
© Amélie ChatelardIl faut que les gens puissent entendre qu’aujourd’hui, en tant qu’artiste queer racisé et précaire, venant d’un certain milieu, je ne peux pas raconter une histoire qui arrange tout le monde. Je ne peux pas raconter une histoire qui n’est que jolie.
Marvin M’toumo
Quelles ont été les choses les plus dures à affronter dans ta carrière d’artiste ? Et quelles sont celles qui le sont encore actuellement ?
Le plus dur pour moi, c’est le manque de reconnaissance. Ça peut paraître un peu bizarre après tout ce qu’on a dit, mais ce dont j’ai beaucoup souffert ces dernières années, c’est le sentiment de ne pas être compris dans ce que je fais. C’est aussi pour ça que Concours de larmes est un projet vraiment important pour moi, c’est un projet qui réaffirme ma position d’artiste, de poète, en fait d’être humain dans sa complexité ; parce que j’avais vraiment l’impression que je n’arrivais pas à échapper aux assignations quand je proposais un travail strictement mode. On attendait de moi beaucoup de choses – pas les choses les plus importantes pour moi. J’aime beaucoup la beauté et j’aime créer de la beauté, pour moi c’est un don. Voilà, mais derrière, il faut aussi que les gens puissent entendre qu’aujourd’hui, en tant qu’artiste queer racisé, et précaire, et venant d’un certain milieu, je ne peux pas arriver et raconter une histoire qui arrange tout le monde. Je ne peux pas raconter une histoire qui n’est que jolie. De fait, ta vie t’amène à raconter une autre histoire, parce que t’as pas la même vie que les personnes qui t’ont précédé·e et dont les noms ressortent tout le temps, qui sont des références, et auxquelles tu t’identifies à moitié. C’est là où j’en suis. C’est vrai que cette colère peut être un peu difficile à comprendre, parce qu’on peut se dire « cette personne a beaucoup », et que j’ai des bénédictions avec tout ce qui m’arrive. De plus en plus, je vois que les gens commencent à comprendre et ça me fait beaucoup, beaucoup de bien.
C’est mon moteur, essayer de sortir des malentendus, dire les choses que la société ne m’a pas autorisé à dire. J’ai vraiment de la chance, et je suis content qu’à force de travail et de rencontres, j’aie pu trouver cet espace. En même temps, j’ai aussi conscience que c’est quelque chose de tellement fragile, de tellement précieux, de tellement rare, et que ce n’est pas non plus que le travail qui fonctionne. J’ai fait des rencontres qui ont été déterminantes et qui m’ont permis d’être là où je suis, c’est un truc auquel je pense souvent. La force de la communauté, c’est pas rien.
Qu’est-ce qui t’a motivé à aller au bout de tes rêves ?
En vrai, des conversations que j’ai avec d’autres artistes. Des gens comme toi, comme Sharon Alfassi, comme Davide-Christelle… Bon, je vais pas citer toustes mes potes, hein (rires). Toustes ces artistes autour de moi qui struggle, qui s’accrochent. Qui ont un chemin pavé d’obstacles mais qui résistent, qui continuent, ouais, c’est hyper inspirant. Quand il y a des gens comme Soñ Gweha, qui ont des pratiques aussi complexes, aussi importantes, et qui se retrouvent à montrer leur travail dans des super grosses institutions, je me dis que c’est possible, tu vois ? Même si après je connais les étaux qui peuvent être complexes, je me dis qu’on a le droit d’être là, on a notre place, il faut qu’on s’accroche. C’est important qu’on se le dise entre nous.
Un secret beauté~bien-être, une selfcare routine peut-être, pour ne pas avoir envie de crever dans cette société mortifère, à adresser à nos lecteur·ice·s ?
(rires) Manger ce qu’on a envie de manger, tout simplement, c’est la base. Je trouve que ma vie manque d’épices, ma vie manque de poulet, ma vie manque de frites. J’avoue que je ne suis pas préoccupé par le cholestérol, tout ça… J’aime manger et franchement c’est chaud, mais la bouffe c’est ma vie.
I can relate. Puis c’est aussi une question économique, quand t’es en train de galérer, à ne pas pouvoir manger ce que tu veux, ou à ne pas pouvoir manger du tout, tu retrouves d’autant plus le plaisir de manger. Moi j’ai mon petit côté bougie bitch, j’aime bien manger des fruits bio, des légumes de saison, qui ont du goût, ou alors manger des trucs bien fat, des bons kebabs, et ça me fait du bien d’avoir le ventre plein. C’est une vraie chance.
Mais c’est parce qu’on est passé·e·s par certains moments qu’on sait ça. Quand je vois des personnes qui mangent sans plaisir, je me dis « mais pourquoi tu gâches ? ».
Avec le métier qu’on fait, qui implique des phases de burn-out, de surmenage, surtout avant de pop, j’ai l’impression qu’on peut se laisser mourir et se maltraiter, jusqu’au moment où on a de la reconnaissance. Être tout le temps dans le jus, constamment bosser, ne pas avoir le temps, même pour manger, parce que le stress ronge l’estomac et l’appétit. Au-delà de la question économique, la bouffe peut devenir purement fonctionnelle dans cette dynamique. Le fait de s’accorder quelques pauses où tu te sers quelque chose que tu aimes et prendre le temps de le savourer, ça remet un peu de couleur à sa vie. Pour toi, une vie d’artiste/créateur·ice en dehors du capitalisme, ça donne quoi ?
Déjà, je crois pas que ce soit possible de détruire ce grand monstre qu’est le capitalisme, mais je pense qu’on peut créer des espaces où on tend à s’en protéger ou à s’en émanciper à notre échelle. Pour moi, cet espace-là c’est la communauté. La communauté, dans le sens : le groupe ensemble qui se soutient et qui se dit les choses, et pas le groupe dans lequel il y a de la compétition et des médisances. Parce que ça aussi c’est le capitalisme, cette notion-là du groupe ne m’intéresse pas.
Tu parles de la compétition, de la médisance, ce sont des choses qu’on a intégrées parce qu’elles font partie des valeurs qu’on nous inculque en tant qu’individus dans cette société capitaliste. C’est cool qu’à travers le collectif et l’amitié surtout, on puisse directement pointer du doigt les choses qui ne vont pas et amener effectivement des espaces de création plus paisibles et plus humains. C’est ok de ressentir des émotions pas forcément cool.
Complètement, et d’ailleurs même dans nos vies d’artistes, c’est aussi normal qu’on déploie des tensions, qu’il y ait de la compétition et de la jalousie. C’est le système de l’art qui veut ça aussi, mais si on en parle entre nous, on souffre moins, je pense.
Vous pouvez suivre Marvin M’toumo sur Instagram.
Image à la Une : © Amélie Chatelard
Relecture et édition : Apolline Bazin et Sarah Diep
À relire : « Il n’y a pas une seule façon d’être Noir·e » : un thé avec Michelle Tshibola
Cet article « La force de la communauté, c’est pas rien » : un thé avec Marvin M’toumo provient de Manifesto XXI.
Cet article Pagaille fout le bordel ce weekend à La Station provient de Manifesto XXI.
Le festival d’art et de musique Pagaille revient ces 29 et 30 septembre à La Station à Paris pour une 3ème édition toujours aussi joyeusement bordélique, entre performances queers, lives expé et ateliers militants.Piloté depuis deux ans par la curatrice Line Gigs et l’artiste Julia Maura, le festival Pagaille propose deux journées d’explorations autour des pratiques indépendantes, entre art, musique et recherche engagée.
Visuel par Roxanne MailletLe weekend commence ce vendredi 29 septembre dès 16h par un arpentage autour du précieux guide « Violences sexuelles et sexistes (VSS) en école d’art : comment agir ? », suivi d’une discussion avec sa co-autrice Vanina Géré accompagnée de H·Alix Sanyas. La journée se poursuit avec un atelier métal, puis l’activation d’un instrumentarium, aboutissement des ateliers qui ont eu lieu tout l’été à La Station pour construire une œuvre collective sonore, à la fois sculpture et instrument de fer forgé.
L’événement prend aussi soin des plus fêtard·es avec une nuit de 0h à 6h, carte blanche au collectif artistique intersectionnel Chkoun is it?. À l’affiche, la queen à la voix de velours Lafawndah, la dj productrice TSIP, la pépite locale Parisian Gyal, ainsi que la poétesse Chouf qui prend les platines sous le nom de DJ Là Bas.
La soirée du samedi 30 septembre déroule une prog explosive qui réunit pêle-mêle : le solo de guitare électrique absolument hypnotisant de Mariachi, l’hyperpop-rap de la « emo-melo-dramaqueen » THÉA, une performance de la comédienne Naëlle Dariya ou celle de l’artiste créature F.EM, le live A/V de oXni (le projet de Julia Maura) ou encore la fable musicale de Jaj & the Family Hope qui rend hommage aux identités queers caribéennes. L’illustratrice Célia Gaultier proposera également des sérigraphies sur place.
Pendant les deux jours, Pagaille présente aussi des installations sonores et visuelles, des céramiques, des cartes postales, des drapeaux post-binaires et des vidéos autour des pédagogies radicales.
Pagaille 2023
Avec Bye Bye Binary, Célia Gaultier, Charlie Hewison, Chkoun is it?, F.EM, H·Alix Sanyas, Jaj & the Family Hope, Marianne Mispelaëre, Mariachi, Naëlle Dariya, oXni, Simon Denise et Kalev, Sonia Saroya et Edouard Sufrin, THÉA, Vanina Géré…
Une proposition de Line Gigs & Julia Maura
Vendredi 29 septembre :
• 16h-0h (entrée libre)
• 0h-6h : Pagaille x Chkoun is it? (préventes 12€, sur place 15€)
Samedi 30 septembre : 19h30-2h (préventes 10€, sur place 12€)
Pour plus d’informations et la billetterie, cliquez ici !
Image à la une : vue d’une édition précédente de Pagaille ©Ophélie Loubat
Cet article Pagaille fout le bordel ce weekend à La Station provient de Manifesto XXI.
Mes origines stellaires m'ont donné l'allure légère, comme si je tendais vers le Cosmos pour chercher à rejoindre, au-delà de l'atmosphère, mon royaume d'éther. Une longue silhouette, une ossature d'oiseau et si peu de chair. Difficile pour moi, le contact avec la Terre; à peine pouvais-je à l'origine y poser le pied. Digitigrade.
L’article Digitigrade est apparu en premier sur 360°.
Après avoir diagnostiqué un trouble bipolaire chez Torsten Poggenpohl, les médecins ont adapté son traitement contre le VIH. La combinaison de médicaments n’a provoqué aucune interaction et lui a permis de retrouver son ancienne qualité de vie.
L’article «Mon traitement contre le VIH a été adapté à mes besoins» est apparu en premier sur 360°.
Eric Zemmour avait déclaré en octobre 2019, dans « Face à l’info », que les personnes homosexuelles avaient « asservi » l’Etat « à leur profit ». Le directeur de la chaîne, Serge Nedjar, a également été condamné « solidairement ».
L’article Eric Zemmour et le directeur de CNews Serge Nedjar condamnés pour injure homophobe est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
L'association Couleur Champenoise organise ce 30 septembre 2023 une marche dédiée aux personnes et associations LGBT+ et pour dénoncer la multiplication des attaques contre la communauté.
L’article Une première « Marche des solidarités LGBT+ » à Epernay est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Illustratrice, Andrea Vollgas a co-créé en 2015 la galerie We show off, gérée par et pour les femmes. Depuis 2019, elle réalise des œuvres pour des ONG queer comme Pride Zurich ou Checkpoint. Ses thèmes de prédilection? La queerness, le féminisme et l’acceptation des corps.
L’article Ma devise favorite? «Soyez vous-même, les autres sont déjà pris»! est apparu en premier sur 360°.
Un homme de 48 ans a été victime d'un guet-apens homophobe, violemment agressé par cinq individus qui ont également tenté de l'écraser en prenant la fuite avec son véhicule. Il a déposé plainte, l'enquête est en cours.
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Comme régulièrement, des chants homophobes ont été entonnés par des supporters, mais aussi des joueurs, selon des témoignages, lors du match opposant la capitale à l'Olympique de Marseille. La ministre des Sports a notamment appelé le PSG à « porter plainte ».
L’article Chants homophobes lors du PSG-OM au Parc des Princes : « Choqué », le gouvernement réclame des « sanctions » est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Fondues en plein air, promenades à travers des forêts aux couleurs flamboyantes et températures clémentes : tout cela suscite une irrésistible envie de se rendre à Gstaad. Nous te proposons ici quelques idées pour des moments de détente réussis.
L’article L’heure est à la détente: 5 idées pour un automne en or à Gstaad est apparu en premier sur 360°.
Cet article Marché de l’Illustration Impertinente : 5 artistes présentent une œuvre qui les excite provient de Manifesto XXI.
Les 7 et 8 octobre, le Hasard Ludique se transforme en temple de la sensualité avec le retour du Marché de l’Illustration Impertinente. Voici un petit avant-goût des délices qui vous attendent.Depuis 6 ans, le Marché de l’Illustration Impertinente se donne la mission de renouveler nos imaginaires érotiques, loin des normes de genres et des complexes ! Une trentaine d’artistes exposeront leurs œuvres dans l’ancienne gare de la petite Couronne.Nouveauté cette année, le Marché se dote d’une belle soirée, le Cabaret Sensuel le samedi soir. 5 artistes et spécialites de l’érotique qui vont faire de ce week-end un moment inoubliable nous ont parlé d’une œuvre qui les excite.
Victoire Gazzola aka Gazzo Studio, illustratrice, présente :
Cette œuvre représente, à travers l’effort, l’endurance et le rythme l’intensité d’un orgasme. La scénographie s’y prête : une scène ovale rouge sur fond noir, ornée de danseurs. Quelques parties du corps se dévoilent peu à peu sous l’éclairage. Quand j’y pense, le corps d’un homme athlétique dans une ambiance feutrée, pour l’inconscient collectif de femmes hétérosexuelles de ma génération, ça fonctionne.
J’ai découvert ce ballet un soir où je cherchais le sommeil de retour de soirée en zappant à la télé (j’aurai pu très clairement matter une redif des Anges à ce moment-là). C’était sur Arte je crois, et j’ai tout simplement eu la sensation d’être hypnotisée parce que je voyais, je ne pouvais pas décrocher mon regard de Nicolas Leriche (danseur étoile de l’opéra de Paris) et de sa performance. Je souhaite à tout le monde de pouvoir ressentir ce que j’ai éprouvé en découvrant cette performance. Développer son imaginaire sexuel est parfois plus intense que l’acte en lui-même. D’autant plus que ce ballet a été interprété par des danseuses, tout le monde est servi !
Gazzo Studio sera sur le Marché tout le week-end.
Pretty Quasar, performeuse, présente :En janvier dernier, je me suis rendue à Birmingham pour la compétition PDSM UK (Pole Dance Stripper Movement United Kingdom) à laquelle je participais, et j’ai pu assister à la performance d’ouverture de Gemma Rose, la fondatrice. Au-delà du fait que je suis et admire son travail depuis plusieurs années, la voir sur scène était particulièrement magique. Gemma est une stripteaseuse anglaise, militante pour les droits des travailleur•euses du sexe et fondatrice de la compétition PDSM UK. Pendant son show, j’ai aimé retrouver une esthétique qui soit à la fois très mignonne et très sensuelle, sexuelle et slutty. Son énergie était rayonnante et communicative. Sa performance fait écho à tous les autres shows que j’ai pu voir ce jour, mais aussi à ceux des ami•e•s et collègues que je suis depuis des années. Le point commun entre toutes est que j’ai systématiquement des étoiles dans les yeux et l’envie d’être tout aussi badass et empowering sur scène.
PDSM UK est une nouvelle compétition dont la première édition a eu lieu en janvier 2023. Elle est née du désir de redonner une place centrales aux personnes travailleuses du sexe (TDS) dans la pratique de la pole dance en compétition. Là où la plupart des compétitions de pole dance restreignent certaines manifestations de l’érotisme, PDSM UK a encouragé toustes les participant•e•s à s’exprimer sans retenue et honorer les différentes formes de stripper style. En mettant en place une prise en charge financière pour les TDS précaires, cette compétition leur a permis de monter sur scène autrement et de leur donner un nouvel espace d’expression. C’est énorme et indispensable.
Politiquement, ce qui a été accompli par Gemma est immense. En pole dance et pour beaucoup de disciplines, la plupart des esthétiques érotiques proviennent des TDS mais elles sont constamment sous représentées et invisibilisées. Cet événement permet non seulement de les mettre en avant et leur rendre hommage, mais aussi de soutenir, admirer et passer un moment exceptionnel.
Pretty Quasar sera au Cabaret Sensuel le samedi soir.
Taylor Barron, illustratrice, présente :Les œuvres de Toshio Saeki sont sexuellement stimulantes et inspirantes, également sur le processus créatif. Il a été baptisé « parrain de l’érotisme japonais », un titre bien mérité avec ses illustrations surréalistes, intenses et brutales. J’apprécie tout ce qui peut repousser les limites de mon imagination et me choquer, que ce soit obscène ou humoristique. Le sexe et le kink sont l’une des rares choses qui me permettent d’être pleinement présente dans mon corps, l’autre étant le processus de création artistique. J’ai toujours aimé l’expression « la petite mort », et le travail de Saeki représente pour moi le tabou du plaisir et le chevauchement de la mort et du sexe.
Je crois que je suis tombée sur son travail sur Pinterest il y a plusieurs années, alors que j’étais distraite ou en quête d’inspiration. C’était à un moment de ma vie où je commençais à explorer le kink et à me sentir plus à l’aise avec ma sexualité et mon corps. Le kink a une atmosphère presque surréaliste et onirique pour moi et son travail évoque un sentiment similaire. Je ne pense pas que l’œuvre de Saeki convienne à tout le monde, mais c’est en partie ce qui la rend géniale : l’absence de limites, la brutalité, mêlées à des éléments surnaturels et à une mentalité de révolution sociale d’après-guerre. Le but est de divertir, de choquer, de stimuler l’imagination et peut-être même d’explorer ses propres limites.
Taylor Barron sera sur le Marché tout le week-end.
Manon Lugas, aka Le Cul Nu présente :À force de vouloir prendre du plaisir et jouir dans tous les sens, on oublie l’intensité des moments simples. Les créateurs ne cessent de jouer avec les lumières et les matières, ce qui vous pousse, une fois que vous consommez la vidéo, à puiser dans vos souvenirs pour ressentir leurs sensations, s’immiscer dans le moment qu’ils vivent. Pour moi, c’est de la poésie. Une poésie qui mise sur le voyeurisme pour se faire comprendre, jouer sur votre propre désir et je trouve ça magnifique.
J’ai découvert cette œuvre avec la magie de l’algorithme, mais j’aime croire que rien n’arrive jamais par hasard. Cela fait des années que je ressens une frustration quand je consomme des œuvres érotiques. Quand je suis tombée sur le travail de ce compte, j’ai tout de suite compris ce qui m’avait toujours manqué ; de l’intime. Évidemment on y est sensible parce quand on fait appel à nos propres souvenirs et nos projections, difficile de rester de marbre. Cette vidéo, et les autres qu’ils proposent, m’aident à me projeter avec un peu d’aide.
Pour moi, érotiser les caresses est une révolution dans la création audiovisuelle. Nous avons habitué nos yeux et notre cerveau à des performances extrêmes qui nous ont fait oublier la réalité de la nature humaine et sa sensibilité ! Quand on consomme un format court comme celui-ci, c’est l’imagination qui prend le relais, c’est le cerveau lui-même, de manière indépendante, qui vient nourrir votre désir. Quand on voit le nombre de personnes qui suivent avec beaucoup d’attention le travail des créateurs, on réalise que c’est un vrai manque dans les représentations de l’intime !
Le Cul Nu sera sur le Marché tout le week-end et retrouver le grand Cul-iz le dimanche soir.
Manly B, artiste drag, présente :Je choisis le Girlie show de Madonna de 1993 (qui suit l’album Erotica, 1992). Je sais bien que pour certain·es ça reste peut-être le cliché d’une époque, mais je suis née en 1983 (même si on ne dirait pas…) donc de voir ce mot écrit dans un LP à la maison, et connecter avec cette artiste à 10/11 ans, c’est sûrement quelque chose qui m’a marqué. Madonna représente tout un moment de découvertes pour moi gamin qui commençait à percer les premiers indices de sa sexualité et sentir des attractions pour « les deux genres ». Être inspiré artistiquement par ce show, ça été excitant pour moi, et ça l’est toujours. A 10 ans je faisais déjà du cirque et de la danse, et de voir un tel spectacle avec des artistes complètement différents avec ses corps mêlés, transpirants et super expressifs… Ça m’a fait comprendre, je pense, que l’art était un endroit de liberté. Et que je pourrais vraiment être inspiré, créatif et me sentir en puissance. Je pense qu’à travers cette œuvre, cette artiste est indubitablement quelqu’un qui a révélé la beauté de la sexualité et de l’érotisme pour plusieurs générations. Et aussi la non-binarité du genre, à une époque où les définitions qui nous permettent d’exister et prendre notre place aujourd’hui n’étaient pas si assimilées encore…
De mon point de vue, des œuvres comme Erotica, des artistes comme Madonna, David Bowie, Grace Jones et tellement d’autres ont été, et sont toujours, d’importants propulseurs pour faire comprendre au gens que les non binaires, trans, travailleur·euses du sexe et la communauté LGBTQIA+, nous avons toujours été là, que nous avons notre place, que c’est l’amour qu’on veut faire et non pas la guerre.
Manly B sera au Cabaret Sensuel le samedi soir.
Le Marché de l’Illustration Impertinente, du 7 au 8 octobre au Hasard Ludique
La programmation complète
Image à la Une : l’affiche du Marché 2023 a été réalisée par Gazzo Studio.
Cet article Marché de l’Illustration Impertinente : 5 artistes présentent une œuvre qui les excite provient de Manifesto XXI.
Cet article Comment la jeune création queer remodèle les figures de la pop culture provient de Manifesto XXI.
À l’occasion de la seizième édition du Jerk Off Festival, festival de création queer qui s’est tenu du 14 au 24 septembre à Paris, nous avons rencontré trois collectifs et artistes pour discuter de la place de la pop culture dans leur travail.La pop culture participe à modeler les imaginaires collectifs et fabrique à la pelle des idoles qui ne cessent de nous accompagner. Longtemps méprisées par l’institution du spectacle vivant, ces figures emblématiques arrivent aujourd’hui sur le devant de la scène, transformées, revisitées par celleux qu’elles ont accompagné·es tout au long de leur vie. En les re-convoquant sous un nouveau regard, les jeunes artistes LGBTQ+ réhabilitent nos références pour en créer de nouvelles et questionnent au passage le genre, l’intime, l’identité.
YOLO, Carpe Diem – Jordan R̶o̶g̶e̶r̶Après des recherches sur les représentations queers dans les dessins animés à travers les figures extra-terrestres, Jordan R̶o̶g̶e̶r̶ continue d’invoquer la pop culture dans son travail. L’artiste est né dans la communauté sectaire des Témoins de Jéhovah, et a grandi accompagné par les récits d’une apocalypse proche. Avec une performance drag qui convoque des figures de Shrek 2 à La Petite Sirène en passant par Kate Bush, il se demande « comment sauver le monde ou au contraire, comment embrasser cette fin du monde ».
Si ça ne parle pas aux gens de l’art contemporain qui sont élitistes, tant pis pour eux, il leur manque quelque chose. Autant s’adresser à un public qui est le mien.
Jordan R̶o̶g̶e̶r̶
Manifesto XXI – Pourquoi as-tu choisi de raconter ton intime à travers la pop culture et ces figures que tu convoques ?
Jordan R̶o̶g̶e̶r̶ : C’est quelque chose qui m’habite, la pop culture c’est ma culture. La Petite Sirène, c’était ma princesse préférée quand j’étais petit – d’ailleurs je me suis rendu compte que c’était la préférée de beaucoup d’homosexuels et ça me fait rire. Elle chante « Partir là-bas », elle veut partir de chez elle, s’enfuir le plus loin possible, ça résonne très fort chez moi. Kate Bush, elle, raconte dans « Wuthering Heights » qu’elle veut retrouver quelqu’un. Pour moi, c’était mes parents. C’est une boucle bouclée, l’une veut partir, l’autre veut revenir.
C’est un moyen pour moi de montrer ce que j’aime le plus dans cette pop culture et de l’utiliser pour transmettre un message. Je lie Shrek 2 à La Petite Sirène, à l’art contemporain et au fait que j’envoie tout le monde se faire enculer. Même si je ne parle pas directement de la pop culture dans ma performance, elle est partout : c’est un hommage, une lettre d’amour au fait que je puisse faire tout ça aujourd’hui dans le monde de l’art contemporain.
Est-ce que c’est aussi un moyen pour toi de justement rendre cet art contemporain, ce milieu du spectacle vivant, plus accessible ?
J’essaye toujours de rendre mon travail hyper accessible, de parler au plus de monde possible. À chaque fois que je fais une pièce, je me demande si ma mère pourrait la comprendre. Elle n’a pas du tout les codes de l’art contemporain, et même si moi j’ai fait les Beaux-Arts, je ne les ai pas complètement non plus. Mes professeur·es ont souvent critiqué mon travail en disant qu’il était très littéral et comptait trop peu de références théoriques. Au début j’en avais un peu honte, puis j’ai décidé de m’en servir. Si ça ne parle pas aux gens de l’art contemporain qui sont élitistes, tant pis pour eux, il leur manque quelque chose. Autant s’adresser à un public qui est le mien.
Dans ta performance, tu abordes des thèmes comme la religion ou la famille. Comment relies-tu ces sujets avec la pop culture ?
Le lien c’est ma mère, avec qui je ne parle plus du tout maintenant. Elle m’a fait découvrir pleins de films, de séries. Elle m’a fait découvrir Desperate Housewives, m’a fait préférer Mulan à Cendrillon. Elle m’a sensibilisé assez tôt et assez curieusement à une sorte de féminisme de la pop culture. Et comme mon travail artistique parle essentiellement de moi, de ma vie familiale, amoureuse et intime, je suis obligé d’en parler. Parce que finalement, elle est à l’origine de tout. Quand je suis né, on m’a mis devant Adibou et pas devant un livre de Freud.
Certain·es peuvent penser que mettre ces références dans l’art contemporain en fait un art infantilisant ou naïf. Mais j’ai l’impression qu’au contraire, ça étoffe de pouvoir enfin ramener la pop culture dans le monde de l’art. C’est une façon de m’adresser à tout le monde et de leur dire « Vous avez les refs ? ».
Garance Bonotto, Pot au RoseLe collectif Les Idoles, créé par Chandra Grangean et Lise Messina, présentait une série photo au Point Ephémère, projet annexe d’un spectacle chorégraphique, REFACE. Réalisée avec Tom Grand Mourcel, la série d’images s’articulait autour des principes de transformations et déformations des visages notamment, partant de l’idée que « l’identité est toujours trouble, multiple, changeante et inconstante ». La série photographique exposée au Point Ephémère montrait une galerie de personnages de Lynch, Bergman ou encore Jim Jarmusch, revisités grâce à des maquillages créés à partir de matériaux « très simples, pas chers et réutilisables à l’infini ». Nous avons rencontré Lise Messina.
Manifesto XXI – Votre collectif s’appelle Les Idoles, vous vous décrivez comme un « collectif hommage » : quelle est votre relation à ces idoles dont vous vous inspirez ?
Lise Messina : On adore se déguiser, se prendre pour d’autres personnes. Dans Paris, Texas de Wim Wenders, il y a un personnage que j’adore alors je me suis demandé : comment faire pour devenir elle ? Comment lui ressembler au maximum ? Pendant le processus de création, on s’inventait des identités, on s’appelait parfois par de faux prénoms, on se racontait des histoires qui n’existaient pas, on s’inventait des vies et des visages. Souvent à partir de personnages fictifs, mais on a aussi déliré sur Tilda Swinton, par exemple. On avait l’impression de la connaître parce qu’elle était toujours avec nous. C’est une idole, on voudrait la rencontrer mais elle n’est pas avec nous, donc on invente.
C’est notre démarche de travail : on part de matériaux préexistants, d’œuvres qui sont déjà là, et on les prend comme appui, on les revisite, c’est une sorte de recyclage. L’idée n’est pas du tout de plagier, mais de se dire qu’on est entourées de ces images et de se demander comment ça nous influence, qu’est ce qu’on retient, qu’est-ce qu’on choisit de ne pas retenir. Pour cette série de photos, on voulait faire revivre les personnages qu’on avait rencontrés pendant la création de REFACE. On a travaillé avec Tom Grand Mourcel, qui a pris les photos, avec Lucie Grand Mourcel qui a fait le stylisme, et avec Chloé Hérouart qui nous a aidées à la composition des maquillages.
On essayait de reproduire à l’exactitude les mimiques, les visages ou la façon de se tenir des personnages. On voulait les re-convoquer, comme s’ils étaient vivants et qu’ils venaient se faire prendre en photo. Et d’un autre côté, il y a une série de détails, des plans très rapprochés sur les visages, sur lesquels on voit les pansements qui relèvent une lèvre, un bout de fausse peau en cellophane… On voulait exposer les backstages.
Vous choisissez de questionner les images qui vous entourent « de la plus populaire à la plus élitiste ». C’est important pour vous de les mettre au même niveau, de les faire dialoguer ?
On est toutes les deux fans de Beyoncé, Drag Race fait partie intégrante de notre vie, ce sont des choses hyper importantes pour nous, des appuis de création énormes. On ne cherche pas à les catégoriser ou à les hiérarchiser. On s’appuie dessus de la même façon. On ne s’est pas dit qu’on voulait les faire dialoguer, on s’empare seulement de ce qui nous entoure.
Pot au Rose – Garance Bonotto (1% artistique)Y’a pas de miracle, ce n’est qu’avec une plus grande diversité de créateurices qu’on arrivera à une meilleure pop culture.
Garance Bonotto
À Jerk Off, Garance Bonotto présentait Pot au Rose, une performance introductive à son prochain spectacle, Pink Machine. À travers un « striptease infini », la comédienne et metteuse en scène enlevait, en même temps que ses couches de vêtements roses, les couches de représentation de cette couleur « supposée être la couleur emblématique du “féminin” ». Convoquant les stars qui ont marqué sa jeunesse, elle questionnait « la façon dont notre genre se performe et se modèle à partir de ces représentations-là » et explorait « les attributs de la féminité et la façon dont elle se construit ».
Manifesto XXI – Comment ces idoles que tu convoques t’ont influencée en tant qu’artiste et qu’est-ce qui a motivé ton envie de les faire revivre sur scène dans tes spectacles ?
Garance Bonotto : Pour Bimbo Estate [son précédent projet, ndlr], par exemple, c’est parti d’un objectif de réparation, de retour de regard sur ces figures malmenées socialement et culturellement. J’avais envie de m’interroger sur les raisons pour lesquelles j’étais fan de Loana ou de Pamela Anderson quand j’étais enfant, pour comprendre ce qui avait mal tourné – que ce soit dans leurs biographies ou chez moi – ou les raisons pour lesquelles les bimbos étaient exclues du féminisme.
Quand on regarde des films comme Lolita malgré moi ou La Revanche d’une blonde, on se rend compte qu’il n’y avait pas que de la norme. Il y avait aussi des portes ouvertes sur différentes formes d’existences et de féminités. En revanche, j’essaye de ne pas avoir un discours seulement enthousiaste, comme celui qu’on peut trouver dans les trends TikTok ou Instagram. Ça peut être génial d’être une bimbo, mais on ne peut pas nier qu’à la base, c’étaient des femmes blanches et blondes, extrêmement normées, qui subissaient elles-mêmes les contraintes du regard masculin.
Pour Pot au Rose et Pink Machine, je m’ouvre à d’autres figures, au star-système en général. J’ai toujours eu une fascination totale pour la féminité et l’hyperféminité, notamment parce qu’on est bombardé·es de ces images-là. Ce n’est pas la biographie de ces stars qui m’intéresse, mais leurs représentations et ce qu’elles nous font, ces images. C’était pour m’en dépatouiller, de ces images que j’adore, que je collectionne et qui me remplissent de joie.
Tu disais dans une précédente interview pour Manifesto XXI : « Pouvoir mettre Fatal Bazooka et Freud à côté, c’est vraiment une ambition politique ». Est-ce que convoquer la pop culture au plateau, c’est pour toi une façon de pouvoir lui offrir une analyse aussi poussée que celles qui ont été faites, par exemple, des textes de Freud ?
Exactement. Quand on a créé la compagnie avec Mona Abousaïd on a eu envie de travailler sur la pop culture pour amener des sujets dépréciés dans le monde élitiste du théâtre. On se disait que si les théâtres sont essentiellement composés de têtes blanches, il fallait peut-être s’interroger sur les thèmes qu’on aborde et la manière dont on le fait. On se disait qu’il était important de parler à plusieurs générations, et même qu’il fallait que le théâtre parle de Cyril Hanouna, sinon on ne s’en sort pas. En réalité, depuis les années 90, on s’intéresse déjà aux objets de culture populaire, notamment en sciences sociales, mais dans les arts, il reste des portes à ouvrir.
Ça ne doit pas empêcher la fantaisie pour autant. Aujourd’hui, c’est devenu cool d’avoir une culture flexible, qui va de la musique classique à la série Netflix. Mais ça ne reste cool que lorsque c’est validé par une trend ou une expertise intellectuelle. Avoir un discours intellectualisant sur la pop culture, c’est déjà un privilège. J’essaye de ne pas arriver avec mes grosses bottes de nana formée en sciences sociales qui regarde de haut son sujet, mais de garder un rapport très authentique, de garder de la fantaisie, de l’humour et de rester accessible.
Ça permet aussi de créer de nouvelles œuvres de pop culture, d’y mettre de nouveaux messages et ainsi la perpétuer et l’améliorer ?
Oui, la pop culture est sujette à une réinterprétation éternelle. Et puis ça veut tout et rien dire, c’est un énorme sac, dont je ne traite qu’un tout petit bout. Chacun·e a sa propre pop culture, sa propre définition. Elle est fluctuante et malléable, et c’est cette plasticité qui fait qu’elle offre de belles occasions d’en dire et faire autre chose.
Il y a une hégémonie de modèles normés, et tout le monde n’a pas l’opportunité de pouvoir réinvestir ou détourner ces images-là. Mais l’entertainment n’empêche pas qu’on reste toustes actif·ves face à ces images. Il faut peut-être simplement prendre le temps de les regarder autrement, éviter d’être dans l’overdose de ces images et surtout, lutter pour que d’autres personnes accèdent aux postes de création pour faire advenir de nouveaux récits. Y’a pas de miracle, ce n’est qu’avec une plus grande diversité de créateurices qu’on arrivera à une meilleure pop culture.
Les prochaines représentations :REFACE, collectif Les Idoles
Petites scènes ouvertes, La Comédie de Clermont Ferrand, extrait de 20 minutes, le 26 octobre 2023
L’Arsenic, Gindou, le 27 janvier 2024
La Place de la Danse, CDCN de Toulouse, les 1 et 2 février 2024
Festival Immersion Danse, Étoile du Nord, Paris, le 28 février 2024
Maison de la danse, Lyon, les 14 et 15 février 2024
Le Kalinka, Toulouse, le 3 mars 2024
L’Astrée, Lyon, le 15 mars 2024
TU, Nantes, les 3 et 4 avril 2024
La Méandre, Chalon-sur-Saône, le 11 mai 2024
Boom Structur, avec la Communauté de Communes d’Issoire, les 18 le 19 mai 2024
Pink Machine, Garance Bonotto
CDN de Normandie Rouen, Petit-Quevilly, du 11 au 13 octobre 2023
Comédie de Caen, Caen, du 16 au 18 janvier 2024
Halle ô Grains, Bayeux, le 6 février 2024
Le Volcan, Le Havre, du 13 au 15 mars 2024
Le Tangram, Evreux, le 14 juin 2024
Image à la une : Collectif Les Idoles & Tom Grand Mourcel, REFACE Série#
Relecture et édition : Apolline Bazin
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Cet article Entre conte et poésie, la révolution des Pédales et leurs ami·es provient de Manifesto XXI.
Avec Les Pédales et leurs ami·es entre les révolutions, les éditions Les Grillages et celles du commun s’allient pour livrer la traduction en français d’un texte iconique passé de mains en mains depuis sa parution initiale en 1977. 46 ans après, plongée dans ce récit hybride entre conte et poésie, enfin accessible au public francophone.À la fin des années 1970, la communauté gay et lesbienne de Lavender Hill, en Californie, inspire à Larry Mitchell et Ned Asta, deux de ses résident·es, la composition d’une fable utopiste. Rédigée par le premier et illustrée par la deuxième, elle déploie ses descriptions de personnages queers, de rituels collectifs et de stratégies de lutte et de joie partagée parmi des volutes d’encre noire identifiables au premier regard.
Opprimées par le régime dictatorial des hommes, baptisé Férule, les pédales, personnages principaux du récit, développent des amitiés et des amours chaleureuses qui tantôt rassérènent, tantôt portent le fer. Pour ce faire, elles s’allient aux femmes (celles qui « aiment les femmes » et les autres), aux queens (ou « reines »), aux « fées » et à une myriade de groupes plus ou moins soudés dans ce qui s’apparente à un idéal relationnel et révolutionnaire queer. La forme de ce voyage poétique tissé de rage et d’humour, publié sous le titre original The Faggots and their Friends Between the Revolutions s’oppose manifestement à une parfaite linéarité narrative. À mi-chemin entre le conte et le manifeste et ponctuée d’aphorismes, elle est peut-être trop queer pour le monde littéraire états-unien d’alors. Faute d’éditeurices qui acceptent cette originalité littéraire, Larry Mitchell créera sa propre maison d’édition. Et l’œuvre deviendra, au fil des années, une référence de l’imaginaire collectiviste pédé, transmise par le bouche-à-oreille en dépit même d’une longue période d’indisponibilité du récit au format papier.
Renaissance des Pédales et leurs ami·esLa reprise de la publication en 2019 par Nightboat Books semble avoir redonné un souffle aux projets d’adaptation des Faggots. Après une traduction espagnole en 2021, c’est au tour du public francophone de découvrir le livre, sous l’impulsion des éditions Les Grillages et de celles du commun. Une ambition de transmission d’un pan méconnu de la mémoire pédée que Juliette Rousseau, cofondatrice des éditions du commun, souligne ainsi : « Lorsque nous nous sommes mis·es d’accord sur une coédition avec Les Grillages, encore fallait-il imaginer une manière de traduire à même de respecter les partis pris de cet ovni littéraire, tant sur la forme que sur le fond. » Si certaines décisions ont été arrêtées de manière consensuelle, comme celle de conserver les illustrations langoureuses de Ned Asta et de préserver leurs fertiles interactions avec les mots de l’auteur, d’autres n’ont pas connu un dénouement aussi immédiat. Le résultat ? Un livre aussi savoureux en français qu’en anglais au fil de ses deux grandes parties, l’une en forme d’almanach au poignet cassé, l’autre plus narrative, peuplée de personnages aussi tendres que folles. Après avoir retracé la genèse de cette traduction menée de mains orfèvres, on a demandé à des pédales d’aujourd’hui de réagir et de commenter le texte à leur manière. Elles nous racontent leur rapport à cet univers fantasfagorique.
Photo tiré du documentaire Lavender Hill: A Love Story de Austin Bunn (2013) Traduire en pédaleTraduire, ce n’est pas toujours trahir, n’en déplaise à un adage (trop) répandu. Pour s’en assurer, les deux collectifs d’édition ont eu la finesse de s’appuyer sur des regards concernés de près par la pédalitude. Paul Chenuet et Adel Tincelin, appuyé·es d’un collectif de relecture composé notamment de Cy Lecerf Maulpoix, Brian Campbell et Foxie 2000, ont mené un travail complexe de traduction et d’adaptation. La traduction du texte, précise Paul Chenuet, est « le fruit d’un véritable travail collectif où les singularités, les subjectivités, les positionnements politiques qui se sont rencontrés autour de ce texte » ont fait l’objet de discussions et de compromis pour aboutir à une traduction finale. Aussi, les traducteurices ont eu à cœur de conserver au maximum l’esprit du texte ; un « univers étrangement familier et absolument fabuleux qu’est le royaume de Férule. L’esprit du texte, c’était pour certain·es son sens, pour d’autres, la musicalité des mots qui le font vivre, et pour d’autres encore, son insolence et sa portée politique », ajoute Chenuet.
Le récit nous disait que les faggots n’étaient pas des hommes, donc que les genrer au masculin n’avait pas de sens.
Paul Chenuet
Quant aux termes utilisés dans le texte original qui n’ont plus tout à fait le même sens aujourd’hui (queen, queer, faggot), les traducteurices ont choisi d’assumer « l’intemporalité du conte et de traduire ces mots de manière à conserver la féerie de l’univers ». Les « faggots », ce surnom réapproprié par les homosexuel·les iels-mêmes, issu de l’insulte homophobe si spécifique à l’anglais, a été traduit par « pédale » et non « pédé ». Paul Chanuel explique que, bien que « pédé » ait été préféré dans les premières traductions, « pédales » a ensuite été choisi car « le récit nous disait que les faggots n’étaient pas des hommes, donc que les genrer au masculin n’avait pas de sens ».
Et alors, pourquoi retraduire ce texte en 2023 ? La traduction joue-t-elle aussi le rôle d’une actualisation ? Pour Adel Tincelin, ce n’est pas le cas : « Nous n’avons pas cherché à rendre le texte actuel : il est actuel. Le système dans lequel il s’est écrit est le même qui nous traque et nous police aujourd’hui. Férule est la cité policière capitaliste qui perdure dans ses hauts et ses bas. On a vu cet État à l’œuvre les semaines passées : tuer un de ses enfants racialisés et défendre sa police. » Quoiqu’il soit intemporel, le texte reste tout de même à l’image des années 70 avec ses utopies et ses angles morts. Tincelin le reconnaît : « Une des limites de cette fable selon moi (il y en a sans doute d’autres), c’est son angle mort en terme de racisme, puisque l’essentiel des références et des personnages sont a priori considéré·es comme blanc·hes. C’est plus généralement sa vision systémique globale du capitalisme patriarcal, qui s’énonce essentiellement en termes de classe et de genre – les autres oppressions sont passées à la trappe, hormis peut-être ici et là la question de la santé mentale. C’est aussi son attachement très binaire à des représentations homme/femme. » C’est d’ailleurs l’un des points où les traducteurices ont pris le plus de liberté afin de l’ancrer dans le présent : « Là où nous avons choisi de tordre le texte pour en rendre la lecture actuelle, c’est dans le choix de l’écriture inclusive – qui s’est glissée jusque dans le titre ! Il était évident que dans le contexte actuel et au vu de la charge révolutionnaire de cette fable, nous ne pouvions pas ne pas la dégenrer et la féminiser au maximum. »
Ces partis pris linguistiques parviennent à tisser des liens entre les décennies et rendent justice à un texte relevant de l’archive vivante, irriguant les luttes queers contemporaines. Un pari réussi, en somme, qui prolonge la dissidence pédale vécue et rêvée par Larry Mitchell et Ned Asta et en organise la passation aux générations suivantes.
Voix de pédalesCy Lecerf Maulpoix, sur l’aspect révolutionnaire du texte
Cy Lecerf Maulpoix est auteur et journaliste. Ses travaux, nourris par son parcours militant au sein de collectifs écologistes et transpédégouines, comportent notamment des essais comme Écologies déviantes : voyage en terres queer (éd. Cambourakis, 2021) et Edward Carpenter et l’autre nature (éd. du Passager clandestin, 2022). Il a apporté son regard sur la co-traduction des Pédales, dont il a également rédigé la préface.
« Les Pédales, c’est avant tout un texte que je trouve très stimulant pour nous rappeler collectivement aux multiples manières dont on peut tisser nos amitiés et nos amours. La camaraderie qu’elles incarnent n’est pas un acquis, c’est un horizon social et politique évidemment en décalage avec les normes sexuelles, familiales et straight des années 1970 avec lesquelles les pédales et leurs ami·es dans le récit se débattent. Les formes de solidarité que cette camaraderie encourage racontent une ambition de résistance dans le temps. Et les pédales, les fées, les queens et les femmes qui la pratiquent composent plus facilement avec les dissensions internes à leurs différentes communautés du récit. Elles peuvent alors réagir et s’organiser ensemble face à la montée en puissance des violences mortifères de la dictature des hommes en attendant la prochaine révolution à venir.
Et puis il me semble qu’il se dégage du texte une joie impolie, une ironie très communicative, le besoin plutôt bienveillant de diagnostiquer les “erreurs” ou problématiques intracommunautaires, nos puissances chaotiques, sans pour autant cultiver l’aigreur ou la condamnation morale. En cela, ça me semble plutôt stratégique et utile politiquement. »
Adel Tincelin, sur le lien entre le royaume de Férule et la lutte de Bure
Adel Tincelin inscrit son action militante dans le champ de l’écologie queer, notamment à l’encontre du projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires dans la Meuse. Le livre de Larry Mitchell bénéficie de sa contribution à la traduction du texte original en français.
« Ce qui me nourrit en général et qui a nourri mon travail de co-traduction, c’est la radicalité féerique au sein de la lutte burienne [contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à Bure]. Je suis une fée radicale. Et je suis animé·e autant par la radicalité que par la féerie. La radicalité, j’essaie de l’incarner au quotidien sous forme d’un travail de déconditionnement, personnel comme collectif, de critique systémique et de visibilisation des enjeux systémiques. Visibiliser pour changer la danse. C’est ce que je me raconte que veut dire ce passage des Pédales :
“Iels prendront conscience, en leur for intérieur, qu’iels ne pourront être libres tant que cette danse ne s’arrêtera pas. Les hommes ne s’arrêteront pas, car ils n’ont rien d’autre à faire. Ils puisent leur richesse, leur pouvoir et leur gloire dans cette danse. Et ils la poursuivront aussi longtemps que possible. Les pédales, leurs ami·es et les femmes qui aiment les femmes comprendront qu’iels peuvent s’arrêter et ne plus rien faire. C’est là une chose qu’iels peuvent faire.”
“Ne rien faire”, je le comprends comme l’idée de ne plus jouer la danse capitaliste et patriarcale du monde. Arrêter d’abord, faire une pause pour pouvoir sentir en nous à quel endroit la danse peut se transformer et se réinventer, puis mettre nos corps en mouvement autrement. Mais ce travail radical ne peut se faire sans tendresse ni joie ni amour. Pour soi comme pour les autres. Je travaille sur le trauma et la (dé)régulation du système nerveux, sur ce que danser et se mettre en mouvement peut amener dans la clarification et la transformation de nos blessures individuelles, collectives et systémiques. Sans régulation du système nerveux – c’est-à-dire sans douceur, sans respiration, sans empathie, bref, sans féerie – tout ce travail est impossible. L’homme le plus gris du monde (je vous laisse proposer des noms) ne bougera pas d’un centimètre sans empathie. C’est dur à accepter car cela signifie qu’on ne s’en sortira pas juste avec notre colère. Ce sont les personnes minorisées qui portent les imaginaires nouveaux, qui détiennent les solutions, qui ont les savoirs. Car elles vivent déjà dans le monde qui vient. Et qu’elles sont portées par la force conjointe de leur colère et de leur joie. Il a fallu cinquante ans pour que Les Pédales nous parvienne en français. Je suis heureux·se de participer à la visibilisation de ce texte et, grâce à lui, à celle de représentations et d’imaginaires différents : la lutte actuelle est aussi (et avant tout ?) une bataille des imaginaires. »
Camille Desombre·Matthieu Foucher, sur la filiation entre pédales
Matthieu Foucher est journaliste multimédia, poète sous le nom de Camille Desombre et DJ sous celui de mary emö. Ses réflexions portent principalement sur les cultures et activismes pédés et queers et les imaginaires politiques fantastiques. Camille Desombre a notamment participé à l’ouvrage collectif Pédés (Points, 2023).
« J’ai appris l’existence du texte il y a plusieurs années grâce au documentaire Lavender Hill: A Love Story qui y fait référence. Faute de temps, je ne m’y suis replongé que début 2022 : ça a été une révélation joyeuse tant ce texte apportait des réponses aux impasses dans lesquelles j’avais le sentiment de me/nous trouver comme à mes réflexions de ces dernières années sur le genre des pédés et leurs solidarités. Le conte de Larry Mitchell nourrit depuis fortement mes travaux, notamment le texte “Pédé·s dans la peau” paru au sein du recueil Pédés où je l’évoque, les camaraderies pédales résonnant fort avec cette idée de pédérité/pédalephité que je voulais y articuler à nouveau.
Les Pédales et leurs ami·es m’a fait beaucoup de bien, à plusieurs niveaux : dans le conte, les faggots sont un groupe bien distinct de celui des hommes qui eux, détruisent la planète et oppriment les femmes, les queens et les fairies (« fées ») ainsi que les faggots elleux-mêmes – cela faisait écho à mon intuition que pédé est un genre à part, un genre en soi. Ainsi, faggots, femmes et autres ami·es luttent en complicité contre leur ennemi commun et contre l’exploitation du vivant, sans que ces alliances instinctives n’aient besoin d’être longuement débattues : elles sont retracées de façon poétiques mais aussi posées comme relevant du sens commun. Les faggots ont une place légitime et entière dans cette lutte. Le conte donne à voir des formes de liens entre pédales qui incluent l’amour et la sexualité mais y ajoutent aussi la camaraderie de lutte, l’amitié, le rire, le soin, la tendresse et l’habitat partagé. Alors que je réfléchissais à des façons de faire solidarités entre pédés dans un temps où cette idée n’est/n’était pas particulièrement en vogue, voir des récits de pédales qui s’aiment, se soutiennent, affrontent ensemble les difficultés du monde est précieux et porteur d’espoir, c’est bien plus rare qu’on ne le pense. Dans un monde qui apprend consciencieusement aux pédés à se haïr et se mépriser individuellement comme collectivement, la tendresse entre pédales, ou la pédalephité – mot que m’a d’ailleurs soufflé pour mon texte Foxie – ne va pas de soi : elle s’apprend et se cultive aussi. Et si les complicités de lutte entre faggots, queens et femmes sont au cœur du livre de Mitchell, la vie en communauté des faggots y est également centrale : c’est cette articulation entre autonomie pédale d’une part et complicités politiques de l’autre qui me semble inspirante.
Enfin, les faggots de Mitchell sont camp, flamboyant·es, drôles, irrévérencieux·ses, frivoles et parfois même désordonné·es, rappelant combien l’autodérision et l’humour face à l’adversité sont sans doute l’une des spécificités et la grande force des pédales. Cette invitation à se méfier de l’excès de sérieux, à cultiver la joie et l’imperfection me semble salutaire. »
Foxie 2000, sur son travail de relectrice
Foxie 2000, drag queen et militante, a contribué à la relecture de la traduction des Pédales en apportant son regard nourri d’expériences collectives transpédégouines.
« Ce fut une grande joie pour moi et un grand plaisir de redécouvrir ce texte dans sa version francophone, parce que la voix change quand on change de langue. On réinscrit le texte dans une autre dimension temporelle, chronologique, historique, qui est celle d’aujourd’hui alors que le texte date de 1977. Je suis intervenue forte de la connaissance de plusieurs mouvements qui existent comme les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (SPI), le Queer Nation qui vient du Queer Nation Manifesto, les Universités d’été euro-méditerranéennes des homosexualités (UEEH)… Ma perspective de pédale et mon apport au travail collectif de cette traduction vient d’un vécu des espaces de non-mixité pédée, transpédégouine, LGBT ou queer. Ces espaces ont été des espaces de ré-exploration de ce que peut vouloir signifier notre présence sur la Terre et dans nos sociétés, à partir d’une perspective de minorité sexuelle.
Parce que j’ai pu connaître ces espaces (les WEP – week-ends pédés –, les UEEH, les Couvents des SPI, ou autres rassemblements non-mixtes), j’ai pu avoir une clé de lecture située. Ça m’a permis de me connecter au texte avec un regard riche de mon expérience physique et sociale de ces espaces, pour me projeter dans un texte qui parle beaucoup de communauté de pédales qui s’organisent pour résister à l’hégémonie du monde hétérosexuel et de la puissance des hommes, dans un monde où l’énergie des hommes est consacrée à affaiblir et opprimer les femmes, les pédales et le reste du vivant. »
Les Pédales et leurs ami·es entre les révolutions de Larry Mitchell et Ned Asta. Traduction Adel Tancelin et Paul Chenuet, éditions du commun, 160 p, 18€
Relecture et édition : Benjamin Delaveau & Apolline Bazin
Cet article Entre conte et poésie, la révolution des Pédales et leurs ami·es provient de Manifesto XXI.
En ce 23 septembre, la Journée Internationale de Visibilité Bi+ éclaire les multiples réalités du B du LGBTQIA+, luttant contre stéréotypes et biphobie.
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Dr. Hazbi œuvre dans l’enseignement universitaire, l’économie, l’art et la politique. Son téléphone est bourré de réflexions qu'iel s'empresse de retranscrire, couche par couche.
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Cet article Færies, le label rêvé par Lou Fauroux et Jennifer Cardini provient de Manifesto XXI.
L’artiste Lou Fauroux et la DJ Jennifer Cardini s’apprêtent à célébrer la première compilation de leur label, Færies. Avec elles, on a discuté de l’évolution des musiques électroniques, de la promotion des artistes queers et de communauté.En 2023, rares sont les projets musicaux qui créent de l’espoir pour ce qu’ils promettent de créativité autant que pour leur sens politique. Porté par un duo (et couple) de choc, Færies en fait partie. Tout commence avec des échanges de musique quotidiens entre Lou Fauroux et Jennifer Cardini. « Je tannais un peu Jennifer avec des sons que je découvrais pour qu’elle les sorte sur ses labels. À force de s’envoyer des choses, il y avait une scène qui se dégageait » se remémore Lou. « On avait pas mal de points communs dans nos goûts. Lou m’a fait découvrir des sons un peu plus abstraits, plus expé. Des fois, elle m’envoyait aussi des choses que je connaissais, j’étais pas si larguée » complète Jennifer en souriant. Sur le ton de la blague d’abord, la productrice met au défi sa compagne de lancer un label. En parallèle, Lou a un déclic en réalisant le montage sonore de son film What remains : l’idée d’un label qui reflète leurs aspirations communes prend sens et éclot début 2023. Leur première compilation sortira le 23 octobre, avec une release party anticipée au Sample le vendredi 29 septembre.
Label pour musiques mutantes« C’est un label dont la musique ne va pas forcément être dédiée au dancefloor » pose très vite Jennifer au début de notre interview. « On veut vraiment expérimenter. Beaucoup d’artistes font de la musique pour leurs pièces, installations, films… L’idée c’est aussi de pouvoir sortir cette musique-là » poursuit-elle. Les deux fondatrices viennent de deux champs différents, le clubbing et l’art contemporain, et n’appartiennent pas aux mêmes générations. En croisant leurs regards, elles font le constat que la production musicale est beaucoup plus transdisciplinaire et fluide qu’il y a dix ans : Færies veut être la plateforme de cette nouvelle génération d’artistes.
À la fois réalisatrice, directrice artistique et DJ, Lou est le parfait reflet de cette époque où de nombreux·ses créatif·ves sont aussi à l’aise sur Ableton Live qu’InDesign. Dans ses installations, Lou Fauroux intègre une fine critique du techno-capitalisme, alors pas question pour elle qu’on colle à Færies les étiquettes faciles d’hyperpop ou d’« esthétique Internet ». L’ambition est d’être à la croisée de cultures qui émergent d’Internet, mais pas seulement. Comment alors décrire ce qui unit les productions musicales et visuelles des artistes rassemblé·es sur cette première compilation (dont Syyler, Alexi Shell, NVST) ? Peut-être par une réflexion sur l’espace, comme nous l’indique Lou : « Je crois que beaucoup d’artistes avec lesquel·les on va travailler n’ont qu’Internet comme espace de monstration. Ça peut donner l’impression qu’on reste enfermées dans ces “codes Internet” alors que ces personnes n’ont surtout pas eu la possibilité de vivre ailleurs. Qu’on le choisisse ou non, beaucoup de sons qu’on digge sont produits par des artistes queers. Est-ce que c’est parce que les queers grandissent avec peu d’espaces dans la société d’une manière générale ? » On dirait bien que oui.
Ange Paradiz au premier showcase du label le 20 avril 2023 au Badaboum © Cha GonzalesLou et Jennifer ont pris le pari de donner corps à leur vision avec une première soirée à la Station au cœur du mois d’août. À l’affiche : l’énergique Blood of Aza, le duo Sha Ru et les productions planantes d’upsammy. C’est Lou qui a piloté l’organisation de cette date dont elle a assuré le warm-up. À regret, Jennifer a suivi à distance, entre deux avions et deux bookings. Pour composer au mieux avec les impératifs de sa carrière internationale de DJ, le duo s’est créé différents canaux de communication, dont une conversation WhatsApp dédiée à leurs déplacements, nommée « Cathy Guetta ». Avec ce nouveau projet, Jennifer, qui a déjà co-fondé deux labels (Dischi, Correspondant), espère d’ailleurs casser un peu la configuration classique « warm-up / peak time / closing » : « Ce qui est intéressant avec Færies, c’est qu’on peut proposer de l’ambient et des musiques expérimentales en plein milieu de nuit, contrairement à beaucoup de soirées dans lesquelles je joue. » Celle qui a fait ses armes au mythique club Le Pulp espère se rapprocher de l’ambiance euphorique de ses débuts sur la scène électro, avant que la techno devienne populaire, « avant que ça devienne super hétéronormé ».
Photo © Cécile Fauroux. Project/design © Lou Fauroux Communauté et entraide entre féesÀ travers le label et les soirées, Færies traduit aussi une envie de créer un espace d’entraide pour les artistes queers, comme l’explique Lou Fauroux : « Autour de moi, il y a plein d’artistes jeunes qui font des trucs trop cool, et Jennifer a plein d’opportunités. L’idée était de se réunir à un endroit qui puisse faire levier et utiliser ces possibilités, les donner à des artistes émergent·es ou inconnu·es. » Une volonté de partage et de transmission nourrie par les expériences de Jennifer Cardini : « Je fais partie de la première génération de femmes à avoir une carrière de DJ, je me suis retrouvée à avoir un énorme plafond de verre au-dessus de moi. J’ai dû accepter plein de choses pour réussir à passer à travers, ce que j’ai fait, mais ce que je trouve génial avec Færies c’est d’essayer d’offrir un espace où les artistes n’auront pas à faire ça. » L’ambition pour la jeune génération, c’est « pas de concessions » résume Lou.
Angel Rider au premier showcase du label le 20 avril 2023 au Badaboum © Cha GonzalesEn plus de réunir et d’accompagner des artistes qu’elles admirent et qui leur ressemblent, le duo veut créer un sens de la communauté. « On n’a pas envie que Færies fasse des soirées de label comme il y en a partout. On a envie que ce soit pour tout le monde, que ce soit familial » explique Jennifer. Le nom de la première compilation de Færies est d’ailleurs un hommage à la sœur décédée de Lou, Cécile. « L’avenir que je vois, y compris pour les labels, c’est de cultiver une forme d’intimité » anticipe Lou, qui m’explique moins sortir depuis quelques années. « Færies est encore petit, mais j’ai très envie de garder ça, de faire des événements où on peut venir danser ou écouter de la musique selon comment on se sent. » Là encore, cette approche de l’événementiel s’inscrit dans le prolongement de réflexions plus vastes et fait office de statement : « Intégrer des outils et des façons de voir le monde, dans des événements à taille humaine, ça c’est un peu futuriste. » La technologie façonne bien Færies, mais comme une manière de renouveler nos liens et nos modes de réunion. Ça tombe bien, le logo de Færies est une référence au papillon, un symbole de renouvellement cher à Lou.
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Un adolescent de 14 ans soupçonné d’avoir tenu en ligne des propos homophobes et transphobes envers une jeune de 15 ans, qu'il a aussi incité au suicide sur les réseaux sociaux, a été interpellé en plein cours et placé en garde-à-vue.
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Cet article Rose, queen & psy : «Quand on parle de son enfance, quelque chose brille» provient de Manifesto XXI.
Reine autoproclamée de l’élimination, Rose, première queen sortante de Drag Race France saison 2 a lancé Diva(n) une petite série d’interviews sur Instagram où elle reçoit ses camarades éliminées. Elle nous a partagé ses réflexions sur son expérience et les confessions de ses sœurs (attention spoilers).Pas facile de partir la première d’une émission de télé-réalité aussi importante que Drag Race, surtout quand on forme un duo bien établi sur la scène parisienne avec Punani, sa meilleure amie de toujours. Qu’à cela ne tienne, Rose a fait contre mauvaise fortune bon cœur. La comedy queen a choisi de tendre le micro à ses camarades pour recueillir leurs impressions post élimination. Et qui mieux qu’elle pour discuter santé mentale après une compétition féroce ? Out of drag, la douce reine au nom fleur est psychologue. Le hasard faisant parfois bien les choses, la santé mentale a été un thème saillant de l’émission cette année avec le départ volontaire (et inédit) de Moon pour se préserver. Avant que la tournée batte son plein, nous avons discuté avec Rose d’estime de soi, de traumas et d’apprentissage.
Manifesto XXI – Comment est né Diva(n) ? Était-ce déjà un projet avant le début de la compétition ?
Rose : C’est né après le tournage. Avec Punani, on ne pensait pas qu’on aurait le temps de créer quoique ce soit en parallèle de la diffusion sauf que je suis partie très vite et c’était un peu dommage de moins vivre l’aventure. L’année dernière Lova LaDiva et La Kahena ont été absentes un moment sur les réseaux sociaux après leur élimination et je n’avais pas envie de vivre ça. On a nos comptes réseaux sociaux à deux avec Punani, elle allait avoir plein d’actus et moi beaucoup moins, voire plus aucune ! Je ne m’attendais vraiment pas à partir en première mais je ne suis pas quelqu’un de nature à me laisser aller dans une espèce de « rien ». Je voulais créer quelque chose d’intéressant et à la base l’esprit ça devrait vraiment être « bienvenue au club des éliminées », en tant que reine autoproclamée de l’élimination ! C’est Punani qui m’a suggéré de mettre en avant le côté psy, en plus du fait qu’on en a beaucoup parlé dans Drag Race.
A chaque queen passée sur le divan tu as demandé quels sont ses tocs ou petites manies désagréables. Qu’est-ce qui t’intéresse là-dedans ?
Je voulais que Diva(n) mêle psychologie et drag, mais je ne voulais pas que ce soit une vraie séance de psychothérapie parce que ce n’est pas du tout l’objectif. Je voulais que ça reste divertissant, donc j’ai cherché ce qu’il pouvait être intéressant de découvrir chez quelqu’un·e et qui rappelle au public qu’on est des gens comme elleux. Quand on a eu la diffusion des épisodes, on s’est pris un effet star-system très étonnant. On s’est retrouvées à des viewing party où les gens nous faisaient nous sentir comme des idoles. On n’a pas vraiment l’habitude et cette position est étrange. Le public ne voit pas ou peu nos défauts pendant l’émission, or ils rappellent qu’on est des gens « normaux ». Beaucoup de réponses de queens étaient liées à la confiance en soi, à l’estime de soi et c’est un thème qui parle à beaucoup de personnes.
L’estime de soi est déjà un vaste sujet à définir et cette définition varie en fonction de qui on est. Moi je parlerais plus de liberté, d’à quel point on se sent libre ? Je ne sais pas si on a forcément besoin de s’aimer soi-même pour bien vivre. Certes ça aide mais on a surtout besoin de se sentir libre.
Rose
Les réponses à cette question varient selon les personnes, de petites révélations marrantes à des développements plus sérieux comme Piche. On dirait que ça dépend d’à quel point la personne a bien digéré sa sortie d’épisode.
Complètement. Tout a été édité bien sûr mais tout le monde a joué le jeu, il n’y a rien que j’ai coupé en me disant que ça ne passerait pas. J’ai trouvé (positivement) surprenante la réponse de Cookie. Elle dit que sa problématique c’est de faire trop pour les autres et qu’ensuite elle les étouffe. C’est marrant parce que je pense que c’est quelque chose qui ne lui a pas été tant reproché mais elle l’a réalisé en faisant l’émission.
Dans Drag Race France, on dit « Aimez-vous comme vous êtes et la vie sera toujours une fête », en traduction de la phrase originale de Mama Ru, « If you can’t love yourself how in the hell you gonna love somebody else ». Est-ce qu’une solide estime de soi est la clé pour faire du (bon) drag ?
C’est complexe. L’estime de soi est déjà un vaste sujet à définir et cette définition varie en fonction de qui on est. Moi je parlerais plus de liberté, d’à quel point on se sent libre ? Je ne sais pas si on a forcément besoin de s’aimer soi-même pour bien vivre. Certes ça aide mais on a surtout besoin de se sentir libre. On peut ne pas aimer son corps, ou qui on est à cause de nos défauts, de nos marges de progression, mais en revanche si on se sent libre et qu’on est ok avec qui on est, on est dans l’acceptation de soi. Quand je parle de liberté et d’acceptation, il y a toujours derrière la question du regard des autres, qui influence notre capacité à pouvoir se sentir libre. Le regard des autres c’est vraiment un espèce de surmoi si on prend des termes psychanalytiques. Une fois qu’on se demande quelle place on donne à ce regard, qu’on est au clair sur ça, on est capable d’avancer.
Elle est intéressante cette phrase « aimez-vous comme vous êtes… » parce que c’est une manière de trouver la liberté que de s’aimer soi-même. En y réfléchissant je crois que c’est une phrase qui peut faire peur. Si on demande à une population type si elle s’aime, je crois qu’on n’aura pas beaucoup de oui en réalité. « Aimez-vous comme vous êtes et la vie sera toujours une fête » ben bon courage quand même, c’est un sacré programme. (rires)
On parle beaucoup du futur, parce que c’est inquiétant, qu’il y a la peur de l’inconnu, mais on ne prend pas souvent le temps de regarder les pas qu’on a fait.
Rose
Dans chaque épisode, il y a un face à face avec l’enfant qu’a été la queen éliminée et chacune doit énoncer ce qu’elle aimerait se dire. C’est une question rituelle de Drag Race, pourquoi la reprendre ?
Parce que dans toute l’histoire de Drag Race ce moment n’est offert qu’aux finalistes, or c’est une technique très utilisée dans beaucoup de thérapies. C’est toujours intéressant de faire le lien entre ce qu’on est devenu et ce qu’on imaginait devenir, c’est le moment le plus thérapeutique de Diva(n). Les queens ne s’en rendent peut-être pas compte sur le moment mais quand elles viennent parler à elles-mêmes enfants, elles font le lien entre ces deux images mais elles réalisent tout le chemin parcouru. C’est pour ça qu’il y a souvent de l’émotion, c’est se dire “quelle force j’ai eu”. On parle beaucoup du futur, parce que c’est inquiétant, qu’il y a la peur de l’inconnu, mais on ne prend pas souvent le temps de regarder les pas qu’on a fait. Ginger est la plus âgée (et encore), mais les autres m’amènent des photos qui datent d’il n’y a pas si longtemps et là les queens se rendent comptent qu’elles ont construit un truc de fou. J’aime ce moment parce qu’en peu de temps il condense beaucoup de choses. Quand on parle de son enfance, limite on redevient l’enfant qu’on était. Il y a quelque chose qui brille.
Dans son épisode de Diva(n), Moon dit que raconter ses traumatismes l’a fragilisée. Comment on peut comprendre le coût que ça représente de parler de ces épisodes ?
Il faut imaginer que c’est un coming-out mais ce n’est pas l’image qui parlera à la majorité. C’est comme une mise à nu (et là encore ça dépend de la pudeur de chacun·e), devant des personnes qu’on ne connait que depuis une semaine et puis il y aussi toutes les personnes de la prod qui nous écoutent. C’est une énorme étape parce qu’on prend la décision de donner quelque chose qui ne va pas disparaître. Ce quelque chose va continuer à vivre, à être rediffusé, repartagé… Dans mes séances de psy, quand une personne en vient à me révéler des choses très lourdes dont parfois elle n’a jamais parlé, je le prends vraiment comme quelque chose d’hyper précieux, comme un pas vers moi. C’est ce qu’a fait Moon, elle a fait un pas vers tout le monde et un pas énorme dans sa vie aussi, je pense. Ça fait beaucoup d’émotion, en plus de toute l’émission.
Est-ce qu’être capable de raconter son trauma sans effusion, c’est un signe de guérison ?
Non. On peut tout à fait parler d’un trauma sans émettre visuellement une émotion, et pourtant ça ne veut pas dire que la personne est passée au travers, que ça ne l’affecte plus. C’est pour ça que la santé mentale est un sujet d’autant plus compliqué.
Même quand on est éliminées, les gens nous envoient du love. Si on fouille bien sûr on trouve des choses négatives, donc ce sera ça ma reco: ne pas aller chercher la petite bête en tapant son nom sur Twitter.
Rose
Donc même si on s’identifie à une queen qui partage un vécu similaire au nôtre, on ne peut pas lui confier ses traumatismes sans penser à l’effet que ça va avoir sur elle.
Tout à fait. C’est pour ça qu’il est d’autant plus important d’en parler. Par exemple: j’étais à la viewing party de l’épisode où Moon a pris la décision de partir et quand elle l’annonce sur scène il y a des réactions différentes dans le public. Certain·es ont applaudi, mais beaucoup étaient déçues et Moon était un peu en colère, même si elle pouvait comprendre cette déception. Elle s’est retrouvée face à des gens à qui elle a dû expliquer que si justement elle devait partir, que si elle avait pu faire autrement elle ne l’aurait pas fait.
A la lumière de ton expérience et de ce que toutes les autres candidates passées sur le divan t’ont raconté, est-ce que tu as des recommandations pour prendre soin de sa santé mentale dans l’avant et l’après tournage ? Notamment par rapport à l’usage des réseaux sociaux.
Déjà quand on s’engage dans une émission comme celle-ci, il faut être prête à être éliminée, y compris en première. J’en suis un parfait exemple. Ce n’est pas parce qu’on est extrêmement douée, que les autres nous renvoient ça, qu’on ne peut pas être éliminée. D’une manière générale, il faut être prête à partir même sur une épreuve qu’on sait parfaitement faire. Par rapport aux réseaux sociaux, ma réponse va être plus compliquée, parce qu’avec Punani on a reçu énormément d’amour. Je crois que globalement c’est ce qui revient. Même quand on est éliminées, les gens nous envoient du love. Si on fouille bien sûr on trouve des choses négatives, donc ce sera ça ma reco: ne pas aller chercher la petite bête en tapant son nom sur Twitter. On reçoit tellement de feedback naturellement. Enfin, troisième recommandation, ne pas se comparer, et c’est peut-être la plus difficile. Avant l’émission c’était déjà comme ça, des gens aimaient plus une telle qu’une autre.
Je crois pas mal au destin et quand j’ai été éliminée la première je me suis raccroché à l’écriture et la réalisation de mon format Diva(n). C’est assez pratique de croire au destin (rires). Sans me lancer des fleurs, c’est peut-être une chance que ce soit moi qui sois partie en première. J’ai plus les épaules que d’autres pour pouvoir supporter ce coup dur, et puis ça voulait dire que j’étais dispo pour soutenir les autres, les accueillir. Psychologue un jour, psychologue toujours !
Retrouvez tous les épisodes de Diva(n) sur le compte Instagram de Rose & Punani
Cet article Rose, queen & psy : «Quand on parle de son enfance, quelque chose brille» provient de Manifesto XXI.
Cet article Erika Nomeni : porte-voix des amours à la marge provient de Manifesto XXI.
En février 2023, sortait aux éditions Hors d’atteinte L’amour de nous-mêmes d’Erika Nomeni. Récit hybride, à mi-chemin entre le roman épistolaire, l’auto-fiction et le texte d’anticipation, il dépeint la vie amoureuse d’Aloé, une femme noire précaire lesbienne vivant à Marseille. Au fil des pages, elle décrit la difficulté de faire lien et d’être en relation avec d’autres personnes éloignées de ces réalités. L’occasion pour nous de revenir sur le parcours de son autrice, figure des luttes intersectionnelles à Marseille.J’ai rencontré Erika Nomeni il y a sept ans lors de son installation à Marseille, après une quinzaine d’années de vie parisienne ponctuée de moments de luttes et d’éclats. À l’époque, je gravitais dans les milieux musicaux féministes de la capitale et nos chemins se sont croisés sur l’organisation du festival Umoja. Je me rappelle avoir été frappée par le charisme et l’engagement sans pareil de cette jeune femme qui tentait déjà, avec son acolyte et ami de toujours Paulo, de bouger les lignes des sphères culturelles associatives en visibilisant des publics minoritaires, queers, racisés, sur les scènes rap marseillaise et parisienne. Je me rappelle avoir vécu ces deux rencontres comme des petites claques m’orientant dans une direction politique toujours plus radicale.
Au fil du temps, j’ai continué à suivre le travail de cette artiviste née au Cameroun en 1993, tantôt programmatrice radio, tantôt organisatrice de festival avec son projet Baham Arts, mais aussi autrice, rappeuse et beatmakeuse. En 2020, alors que je viens tout juste de m’installer dans la cité phocéenne, Erika me parle du projet rédactionnel qu’elle mène depuis le confinement. Elle y esquisse alors une réflexion sur l’amour, sur le rejet, l’exotisation de certains corps, la pleine acceptation de soi. Des thèmes m’ayant tout de suite donné envie de parcourir le manuscrit.
Alors, lorsque j’ai ouvert L’amour de nous-mêmes, je n’ai pu contenir mon émotion. À la lecture des premières pages, j’ai tout de suite été frappée par le style d’Erika, à la fois simple, fluide, facile d’accès à première vue, mais laissant toujours un goût de vérité tue, étouffée par une société toujours plus hypocrite lorsqu’il est question d’amour, de sexualité, de pauvreté et de race. À mesure que je parcourais les pages de ce récit hybride, je prenais conscience de l’importance d’un tel ouvrage. Il met à jour le parcours d’une femme noire précaire lesbienne, tiraillée entre une envie viscérale d’aimer et d’être aimée, et les rappels à son identité et à sa condition dans la société. Une fois encore, la question de la représentation, la nécessité d’avoir des figures d’identification me sautaient au visage. Erika Nomeni, par la force de sa prose, vient incarner nos voix, trop longtemps passées sous silence.
Manifesto XXI – Je t’ai rencontrée à travers la première édition du festival Umoja à Marseille, avec Paulo. J’aimerais que l’on revienne sur ton implication dans le monde militant marseillais, et sur les actions de Baham Arts dans la cité phocéenne…
Erika Nomeni : Sept ans, c’est une étape charnière. Quand je suis venue à Marseille, il y avait plein de choses qui n’allaient pas dans ma vie personnelle et ici, j’ai trouvé une forme de repos, d’apaisement, même si ce n’était pas facile. J’ai trouvé un boulot en tant qu’AVS, en tant qu’aide à domicile, puis j’ai eu envie de trouver des espaces où il y avait des gens comme moi, donc des personnes noires, queers, pas dans les normes de beauté. À ce moment-là, j’étais rarement à l’aise en société et les gens n’étaient pas forcément bienveillants avec moi. J’étais déjà rappeuse et beatmakeuse, et je voulais trop qu’il y ait un festival de rappeuses, de musiques noires à Marseille ! À l’époque, il n’y avait rien. C’était le désert. Quand on a commencé, je ne voulais pas faire quelque chose de militant, je voulais juste qu’il y ait un espace qui nous ressemble. C’est comme ça que l’on a commencé à monter le festival Umoja, en 2017.
Aujourd’hui, le discours a changé, on parle de « communauté de genre » alors qu’à l’époque, quand on disait que l’on organisait un événement pour et avec des personnes trans, on nous crachait à la gueule, on nous demandait : pourquoi vous voulez faire des choses en non-mixité ? Et maintenant, les gens font la même chose, parlent de violences en soirée, organisent des cercles en non-mixité. Mine de rien, #MeToo est passé par là. Ce qu’on a mis en place, c’était bien avant, et maintenant que certaines personnes ont poussé des portes, ont lancé le mouvement, c’est plus facile pour les gens d’intégrer ces codes. Mais ce n’est pas encore le cas partout. Je pense qu’il est important que l’on programme des choses pour nous, qui nous ressemblent, car nous sommes les seul·es à même de connaître et de comprendre nos besoins, contrairement à toutes ces personnes qui s’emparent des subventions pour mettre en place des programmations dont iels sont totalement déconnecté·es, juste parce qu’il y a une forme de hype.
© Kevin SeisdedosEn tant que personne noire, on nous attend dans la musique, dans le rap, parce que c’est associé aux quartiers, aux États-Unis, à la précarité, aux minorités opprimées. Mais on ne nous attend pas dans la littérature, dans la fiction.
Erika Nomeni
On parlait d’écriture, et du fait que tu écrives comme tu rapes. Tu écris d’une manière simple, fluide, et en même temps, tu as une capacité à délivrer des messages d’une grande force. Tu viens de publier ton premier roman, L’amour de nous-mêmes, un récit résolument politique et intimiste où tu reviens sur ton parcours amoureux à travers le personnage d’Aloé. Peux-tu revenir sur la genèse de ce projet ? Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire ce récit ? Quelles ont été les premières réactions critiques ?
En tant que personne noire, on nous attend dans la musique, dans le rap, parce que c’est associé aux quartiers, aux États-Unis, à la précarité, aux minorités opprimées. Mais on ne nous attend pas dans la littérature, dans la fiction. On nous attend à la rigueur dans le champ des essais, car nos vécus sont des sujets d’étude. On ne s’attend pas à ce que l’on parle de nos émotions. On ne nous perçoit que comme des sujets. Pour moi, c’était important de faire autre chose qu’un essai pour ça.
Il y a plein de gens que je connaissais d’avant et qui ne comprennent pas tout le bien que l’on peut penser de ce livre. Iels n’arrivent pas à faire le lien entre le fait que l’on peut être noir·e et que l’on peut écrire un livre. Tu peux être queer et tu peux écrire un livre, tu peux être en surpoids, et tu peux être tout ça et écrire un livre. Entre la manière dont la société nous décrit et ce que l’on est vraiment, il y a un gap, il n’y a que de la construction.
Pour revenir à l’écriture, c’était important d’avoir un livre comme celui-là. Quand j’étais adolescente et que je lisais Virginie Despentes, j’aurais voulu lire une autrice noire, queer, lesbienne. Quand j’ai découvert Audre Lorde, je gravitais déjà dans les milieux militants, j’avais déjà 20 ans et plus. En France, il n’y a pas grand-chose, même en termes de fiction, mettant en scène deux femmes noires qui s’aiment, qui ont une histoire. Et ce n’est pas normal. Je pense que c’est important pour les jeunes générations d’avoir des figures d’identification.
Dans ma vie personnelle, j’ai écrit beaucoup de lettres et j’ai reçu très peu de réponses.
Erika Nomeni
On a cité Franz Fanon et Audre Lorde avant cette interview mais j’aimerais savoir si d’autres inspirations t’ont influencée pendant la rédaction de ce livre. Quand j’ai lu ton récit, j’ai pensé à des autrices qui se sont penchées sur la question du black love, notamment Douce Dibondo et Christelle Murhula. Est-ce que des livres ou des podcasts t’ont inspirée, et si oui lesquels ?
En vrai, j’ai lu les livres de Christelle Murhula [Amours silenciées] et de bell hooks [All About Love] après. Je lis peu, car je n’ai pas beaucoup de temps. Il y a un livre qui m’a particulièrement marquée, qui s’appelle Sous les branches de l’udala de Chinelo Okparanta, je pense qu’il m’a beaucoup inspirée. J’ai lu Octavia Butler, mais c’est une lecture assez ancienne. En fait, je crois que je n’ai pas eu particulièrement d’inspiration pour la rédaction de ce livre.
Une fois l’écriture terminée, j’ai eu plus de temps pour lire. Je me suis beaucoup interrogée sur la forme que je voulais lui donner. À la base, je voulais que ce soit un livre afro-futuriste dans les inspirations. Mais au final, c’est un mélange de genres. La forme épistolaire est venue après. Je ne pouvais pas dire les mêmes choses en parlant de l’an 4000, il fallait que je revienne sur des choses plus concrètes. Dans ma vie personnelle, j’ai écrit beaucoup de lettres et j’ai reçu très peu de réponses. Aloé, elle écrit, mais elle se parle un peu toute seule, tous ses silences sont lourds. Moi, j’ai fait mon coming-out très tôt et j’ai dû me construire sans représentation. Quand je voyais des films, c’était avec des blanches et quand il y avait des femmes noires queers, elles sortaient avec des blanches. J’ai dû apprendre à devenir lesbienne. C’est pour ça que la fin du livre est importante, car cette solitude est importante. Encore aujourd’hui, je parle toute seule parce que personne ne sait répondre, comme dit Damso.
Tu as la faculté de mener un récit intime avec beaucoup de simplicité tout en articulant cette narration à des enjeux résolument politiques. Je pense notamment à la question de la fétichisation des corps noirs mais aussi des corps lesbiens, de la visibilité ou de l’invisibilité des corps noirs, des dynamiques de domination au sein des couples, de la précarité des jeunes et des personnes racisées. Comment es-tu parvenue à maintenir cet équilibre entre récit personnel et manifeste politique ?
L’intime est politique. Après, il y a des gens qui arrivent à parler de politique sans parler d’intime et je pense que c’est aussi le rôle des essais. Mais je ne voulais pas faire un essai, et au-delà de l’intime, c’est plus un livre où je parle d’émotions parce qu’on est toust·es traversé·es par ça. Pour moi, c’était un choix de nous humaniser et de ne pas relater des chiffres. L’idée était de nous remettre au centre. Je parle beaucoup de personnes blanches dans mon récit, car iels font partie de mon écosystème, mais si je réécris un livre, j’en parlerai moins.
La notion de cancre m’a poursuivie dans la vie. J’ai souvent été rebelle. Je pense que depuis l’enfance, j’ai toujours eu du mal avec cette société, au rôle que l’on doit endosser.
Erika Nomeni
D’autres écrits sont-ils en projet ? Sur quoi aimerais-tu écrire maintenant ?
Je me pose la question, car c’est très dur de se faire éditer. Mais je pense que si je republie, ça sera sur la notion du cancre, parce que les gens s’attendent à ce que l’on fasse du rap, ils ne s’attendent pas à ce qu’on écrive des livres. La notion de cancre m’a souvent poursuivie dans la vie. J’ai souvent été rebelle. Je pense que depuis l’enfance, j’ai toujours eu du mal avec cette société, au rôle que l’on doit endosser.
Pourquoi ça fait autant mal à certaines personnes de me voir à cette place ? Qu’est-ce que ça vient dire de leurs insécurités ? Depuis la sortie du livre, je vois que le regard de certaines personnes a changé. Sauf que je connais, je me rappelle de l’ancien regard. Et c’est compliqué à gérer. Il y a quand même des personnes blanches, et racisées aussi, qui m’ont demandé implicitement si c’était vraiment moi qui avais écrit ce livre. Ça arrive souvent pour des personnes comme nous. Cette place à laquelle on nous renvoie sans cesse, c’est sur ça que j’ai envie d’écrire.
Je dis souvent qu’on m’a mis des bâtons dans les roues, mais je suis à pied. J’ai arrêté de courir, maintenant je marche. Par contre, il y a des gens qui sont tombés, des gens qui n’arrivent plus à sortir de chez eux. Des gens qui ont développé de gros problèmes psy parce que c’est ça que ça fait le racisme. Il y a des gens qui se sont suicidés, qui ont fait une forme de suicide social. Donc moi, j’ai de la chance, j’ai fait des rencontres et je pense que j’ai une grande force de résilience, mais il faut que je la préserve. Il faut que je fasse attention, il faut que je m’apporte de l’amour, il ne faut pas que je donne ma confiance à n’importe qui. Il faut qu’on se donne de la force. Je suis convaincue qu’on n’y arrive pas tout·e seul·e, qu’on n’y arrive pas individuellement. Il faut le faire ensemble aussi.
Tu as un mot de la fin ?
Parfois, on croit faire des retours en arrière, mais sept fois à terre, huit fois debout. Il ne faut jamais désespérer. Une amie m’a dit que je ne revenais pas en arrière, mais que j’avais pris de l’élan pour aller plus loin.
L’amour de nous-mêmes, d’Erika Nomeni, éd. Hors d’atteinte, 210 p., 18€
Image à la Une : © Kevin Seisdedos
Édition et relecture : Apolline Bazin
Cet article Erika Nomeni : porte-voix des amours à la marge provient de Manifesto XXI.