Elle le baise. C’est le carnaval des va-et-vient ! Le « pegging » est d’abord connu pour son renversement des rôles hétéros : elle l’encule avec un gode-ceinture ! Pratique sexuelle d’origine queer mais popularisée par le porno mainstream, le pegging se situe quelque part entre le rimming et le fisting. Il s’agit d’une pénétration, orale ou anale, avec sextoy. Le pegging, tendance fantasmatique typique du XXIème siècle, dégenre la pénétration et transforme les orgasmes. Lubrifiés par cette introduction ? Vous êtes donc prêts à vous ouvrir à une histoire porno bien dilatante !
Petite histoire pop porn du « pegging »
On trouve d’abord la pratique décrite dans la littérature. La Philosophie dans le Boudoir de Sade (1795) puis, beaucoup plus tard, Naked Lunch de Burroughs (1959). Les premières apparitions à l’écran d’une femme enculant un homme datent des années 70 : notamment dans The Opening of Misty Beethoven (1976). Dans ce film porno remarquable, c’est l’avant-dernière scène de cul, un formidable threesome FFM, qui donne lieu à ce moment magique ! Mais le pegging resta peu documenté et assez élitiste jusqu’en 1998. Cette année-là, le couple lesbien Shar Rednour et Jackie Strano filment la sexologue Carol Queen pénétrant un mec. Bend over Boyfriend est une série porno éducative visant à populariser la pratique. Le deuxième épisode est plus brut que le premier. Il aura donc fallu une série queer pour parvenir à transformer les tendances hétéros mainstream de l’intérieur. Deep inside.
Dans son article de 2010, Curran Nault note que c’est bien Bend over Boyfriend qui, en renversant les rôles genrés et en troublant la distinction hétéros/homos, vise à changer la vie sexuelle des couples. La série s’adressait surtout aux femmes pour qu’elles éduquent leur mec au plaisir anal ! Ainsi, la zone principale du plaisir n’est plus la bite mais le cul ! L’anus, plus universel, ouvre la culture hétéro aux délices sexuels queers. Dans Bend over Boyfriend, le renversement sexuel s’accompagne d’un renversement des comportements genrés : c’est elle qui exprime son désir et qui initie son mec ! Influence féminine. En outre, le fait de détourner le gode (dildo), sextoy habituellement réservé aux femmes (seules ou entre elles), est aussi la démonstration d’un savoir-faire féminin. Le gode, historiquement introduit dans la vulve, est retourné vers l’extérieur et redirigé vers des fesses.
Au printemps 2001, le fameux chroniqueur sexo, Dan Savage, lance un concours populaire visant à nommer (par un néologisme) la pratique. En juin, le mot « pegging » est élu et le concept est né ! La chronique Savage Love contribuera beaucoup à en faire la première pratique sexuelle tendance du XXIème siècle ! Le mot « peg » a la même étymologie que « plug » et désigne un objet pointu. Mais il peut aussi sous-entendre un diminutif féminin (pour « Peggy ») ! On retrouve ensuite, en parallèle des forums, blogs, DVD et tubes pornos, le pegging dans un certain nombre de séries et films comiques. Retenons notamment la scène où Traci Lords (Bubbles), légendaire ancienne actrice porno, sodomise son partenaire Ricky Mabe (Barry). Pour de faux… C’est une scène simulée pour le chef d’œuvre comique de Kevin Smith, Zack and Miri make a porno (2008). Le film, novateur et hilarant, montre le passage du porno parodique classique au porno de couples indépendant.
Carnaval de la péné pour du cul circlusif !
Pratique porno de couple, le pegging détourne la culture cul hétéronormative. Renversement des rôles, des valeurs et des positions. Bref, pénétration carnavalesque ! Fête populaire ancestrale, le carnaval se base sur un retournement costumé des coutumes : des pauvres deviennent rois, des femmes deviennent hommes, des humains animaux ou même créatures magiques ! Comme le carnaval, le pegging renverse l’ordre hétéro de manière éphémère. Le temps d’une baise. Mais la fête fantasmatique, parfois, refuse de finir… Des carnavals se muèrent en insurrection. Des sodomies émergèrent sur des coming-out queers. Le comique propre au carnaval a été historiquement le registre dominant pour montrer le pegging. Au carnaval de la péné, il existe deux positions privilégiées : la levrette et l’enclume (jambes levées), dérivant parfois en piledriver (bassin levé).
Dans les deux cas, le mec, pénétré, se soumet, au moins fantasmatiquement. Le pegging est ainsi aussi une question de « femdom » (domination féminine). Illustrons ces positions. Il y a quelques années, le couple amateur Avocadotrees a fait le buzz avec une vidéo où on retrouve toute la gamme. D’abord, un petit rimming in medias res pour lubrifier l’anus, puis, elle le dilate progressivement en lui enfonçant trois plugs différents lorsqu’il est à quatre pattes ; elle le caresse et commente en mode dirty talk (accompagné par un coq) ; ensuite, il se met en position de l’enclume et elle le suce un peu avant de l’enculer en levrette (avec un magnifique gode saphir) ; elle le finit au terme d’un piledriver acrobatique et spectaculaire où elle le sodomise en le suçant et en le branlant afin de le faire gicler sur son propre visage ! Du grand art.
Cette faciale retournée vers le mec, aussi appelée self-faciale, est même devenue un sous-genre du piledriver et du pegging. Démonstration avec cette extraordinaire cumpilation d’AkellaMonsterCock. Cette tendance porn est une révolution orgasmique. On retrouve des phases similaires chez un autre couple amateur à succès : KinkyHome, suédois pansexuel. Emily et Justin ajoutent d’autres positions entre-temps mais la fin est identique : elle le fait juter sur sa figure ! Justin est si cool qu’il conserve sa casquette, ouvre grand la bouche et tire la langue pour n’en pas perdre une goutte… Emily adore le nourrir avec son propre sperme. Kink oscillant entre « humiliation » (dans le titre) et initiation à d’autres plaisirs… Mais il s’agit aussi d’une transgression exhibée aux yeux d’une société voulant des rôles figés. De nombreux mecs sont ainsi initiés et dominés par leurs meufs mais certains découvrent les plaisirs anaux seuls, sur Internet… Et vous ?
Le « chevillage » bouscule la notion de pénétration. Les hommes cis-het comprennent enfin que les orifices agissent ! Qu’ils ne perdent rien à se faire enculer ! Selon un sondage de 2021, 1/4 des européennes auraient déjà insérés un doigt dans un cul masculin, 1/6 la langue (rimming) mais seulement 1/8 pour le pegging… Cet écart est lié, outre la toxicité patriarcale, à la méconnaissance des plaisirs prostatiques, stimulés via rectum et périnée. C’est une véritable « zone G » ouvrant des vagues voluptueuses inédites. Cette zone magique se découvre par l’anus : il est là pour envelopper l’objet phallique tout en se faisant perforer. Dans le pegging, elle active le va-et-vient anal mais il peut travailler sa zone G. Dilater ou resserrer. Circlure. Ce concept, lancé en 2016 par Bini Adamczak, désigne la manière dont un organe sexuel entoure et enrobe… Complexifiant encore les liens entre activité et passivité. Les rôles circulent avec fluidité. Quand l’érection et la péné vaginale passent au second plan, ce concept queer de circlusion semble parfaitement adapté.
Les plaisirs circlusifs sont une spécialité du couple russe Polysweet. Parmi leurs très nombreuses vidéos, on trouve toutes les pratiques et théories exposées précédemment. En outre, dans certaines vidéos, on le voit exprimer son fantasme et venir le communiquer à sa partenaire. Par exemple, il vient ici lui demander l’usage du gode-ceinture mais au sein d’un scénario fantasmatique. Le début de la scène est classique : fellation, puis domination masculine avec face-fucking et rimming (lui assis sur son visage à elle). Mais, au milieu de la scène, il vient mettre un gode-ceinture sur le visage de sa meuf ! Si bien que le rimming se transforme en pegging : il s’assoit sur le gode qu’elle tient avec sa bouche. Finalement, c’est elle qui vient l’enculer en levrette avec sa bouche ! Le strap-on est ici utilisé comme extension phallique de la langue.
Dans cette autre scène, la baise bascule lorsqu’elle squirte dans un mug et lui fait boire. C’est ensuite lui qui gicle sur la table (plusieurs fois) lorsqu’elle le prend par derrière. On trouve aussi beaucoup de vidéos d’exhib campagnarde. Elle sort souvent son magnifique gode arc-en-ciel, digne des plus beaux carnavals ! Il aime le sucer avant de se faire sucer. Puis il l’enfile avant de se faire enfiler par elle… Mais là, la faciale se trouve au milieu de la vidéo, comme un point de rotation entre les rôles. Circulation circlusive. Le pegging change régulièrement la place de l’éjaculation masculine dans la scène. Ou la multiplie… Les scénarios orgasmiques (ou non) semblent ainsi infinis.
Pegging threesomes : des DP d’un autre genre !
En 2021, sur Pornhub, la catégorie « Bisexual male » a bondi de 288% ! Autant dire que les threesome MMF, où chacun baise l’autre, ont la cote. On y retrouve parfois un élément supplémentaire : le strap-on pour multiplier les pénétrations. Mais on trouve aussi beaucoup de threesome FFM où le mec se fait enculer alternativement par les deux meufs ! Ou ensemble… Ainsi, Lucy Hart se fait sodomiser par Ashley Fires et Sadie Holmes, l’une après l’autre et même, brièvement, en DP ! Si vous aimez voir l’extraordinaire Lucy, femme de la sensationnelle Charlotte Sartre, se faire sodomiser, vous trouverez aisément votre bonheur ! Mention spéciale à cette grosse prod au casting hollywoodien : Superman (Lucy Hart) se fait enculer par Catwoman (Cory Chase) en suçant… Alex Adams (qui lui remplit la bouche de foutre). Le studio BiPhoria en a aussi produit toute une série… Comme cette scène subvertissant le fantasme habituel de la prof en threesome bisexuel MMF où Edyn Blair s’en donne à cœur joie avec les culs de Chad Diamond et Dante Colle.
Parmi les scènes de pegging threesomes, certaines sont particulièrement remarquables. D’abord, April Olsen, Wolf Hudson et Khi Lavene s’entrepénétrant en pleine golden hour… Avec les rayons du soleil pénétrant à travers les stores, c’est presque un foursome ! Leur joie transpire de l’écran… Ensuite, la scène très colorée et poétique « Why I Take Ballet » de superzlut. Un miracle de threesome FFM amateur : de la passion, du dirty talk, de charmants tâtonnements entre les deux 2 toys, une ambiance survoltée et féérique, etc. Pépite artistique… Puis une curiosité pornographique : un sex doll threesome mêlant pegging en FPOV et baise d’une poupée siliconée. Les repères habituels du porn mainstream sont ici carnavalisés à l’extrême ! C’est signé SophiaB, spécialistes des jouets comme des poupées. Finissons avec de l’humour : les perles parodiques de la marque kinky du groupe canadien AltRaw Media, Switch Kitchen. Notamment « Gamer guys pegged », merveille d’écriture et de renversement des rôles genrés, et « Pizza and Pegging » pour se partager OKLM une part pleine de sperme. Après l’effort, le réconfort.
Qu’y a-t-il de plus inclusif qu’un trou du cul dilaté ? Une bouche qui lèche ? Pegging et circlusion, en nommant gestes et expériences sexuelles, les rendent plus accessibles et les carnavalisent. Les soulèvent et les retournent ! Des pénés plus queer. En outre, le pegging opère la rencontre de l’initiation, de la domination et de la transgression. Dingue de voir qu’un sextoy si low-tech puisse avoir de tels effets fantasmatiques et politiques…
Bye, je reprends la manette et… Allez tous·tes vous faire enculer !