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Quelles sont les dernières interdictions décrétées par nos amis anglais ? House of Dust (A.D. Calvo, 2015) vient d'être interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni (sa sortie en vidéo est programmée le 2 mars 2015). Dans le même temps, le film racontant l'histoire d'étudiants pourchassés par l'esprit d'un serial killer, est classé "R" (interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés) aux États-Unis. Même restriction pour WYRMWOOD (Kiah Roache-Turner, 2015), distribué par Studio Canal, attendu en salles le 13 février outre-Atlantique et le 27 février outre-Manche. Une histoire post-apocalyptique pleine de zombies bien trop gore pour les Britanniques si l'on en croît le Bureau de classification. Ces deux films ne sont pas encore annoncés en France.
Le 6 et 7 mars 2015, la première édition du Sadique-Master Festival aura lieu au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris. Les organisateurs le présentent déjà comme « la première manifestation artistique à promouvoir intégralement le cinéma underground extrême, déviant, atypique, abrasif et bizarre en France », ajoutant que « le programme ne sera composé que de films indépendants pur sans aucune restriction, sans aucun tabou ». Les œuvres proposées sont listées avec un niveau d'interdiction : Pieces of Talent (Joe Stauffer, 2014) interdit aux moins de 16 ans, Carcinoma (Art Doran, 2014) interdit aux moins de 18 ans, Wound (David Blyth, 2010) interdit aux moins de 18 ans, Circus of the Dead (Billy Pon, 2014) interdit aux moins de 16 ans, Amateur Porn Star Killer (Shane Ryan, 2006) interdit aux moins de 18 ans, et Cross Bearer (Adam Ahlbrant, 2012) interdit aux moins de 16 ans. Or, en réalité... il n'en est rien !
Les six films n'ont en effet jamais été classés en France. Les restrictions indiquées se réfèrent donc, soit à une cotation décidée dans un pays étranger (Wound a ainsi été interdit aux mineurs en Nouvelle-Zélande et Amateur Porn Star Killer a été classé pornographique, donc interdit aux moins de 18 ans aux États-Unis), soit à un niveau d'interdiction décidé unilatéralement par un éditeur de DVD. Dès lors, ces films - que les organisateurs nous annoncent comme transgressifs, déviants et particulièrement extrêmes - ne disposant d'aucun visa (pourtant obligatoire pour une exploitation en salles), pourront-ils être malgré tout présentés légalement au public dans un peu plus d'un mois ?
Oui, à la seule condition d'obtenir un visa temporaire pour chacun d'entre eux si l'on se réfère à l'article 22-1 du décret du 23 février 1990 : « Les personnes qui prennent l'initiative et la responsabilité de la représentation publique d'une œuvre qui n'a pas été soumise à la procédure [normale] doivent obtenir un visa [...] valant autorisation de représentation de l’œuvre sur le territoire de la commune concernée pour une période maximale d'une semaine et pour un nombre de séances n'excédant pas six. [...] Cette demande de visa est accompagnée du synopsis détaillé de l’œuvre et, le cas échéant, d'une fiche récapitulant les mesures de restriction prononcées dans les pays où cette œuvre a fait l'objet d'une exploitation cinématographique. » Dans la pratique, le service des visas et de la classification du centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) précise que les festivals sont exemptés d'une telle procédure pour les films n'ayant pas de visa, sauf si les organisateurs mettent en place une billetterie CNC. Dans ce cas, une simple déclaration par bordereau, pour chaque film projeté sans visa d'exploitation, est suffisante. Un transfert de responsabilité du CNC vers les organisateurs, notamment quant à la détermination de l'âge des spectateurs autorisés à assister aux projections.
On se souvient des déboires de La Meute (Franck Richard) au 63ème Festival international du film de Cannes en 2010 dont la projection, initialement programmée sur une plage en plein air, fut annulée au dernier moment par les organisateurs après que la Commission de classification ait envisagé de l'interdire aux moins de 16 ans. Le film avait finalement été diffusé à la presse le 15 mai, puis à un public âgé de plus de 16 ans au Palais des Festivals le 17 mai à 22 heures. A la lecture de la programmation sulfureuse du Sadique-Master Festival 2015, on ne peut qu'encourager les organisateurs à interdire l'accès aux salles à tous les mineurs - comme le fait par exemple le Forum des Images à l'occasion de séances frivoles telle la conférence de Christophe Bier organisée en juin 2013 sur le thème Le cinéma porno, un imaginaire sous surveillance - et ce, même si le risque de déconvenue reste limité. Toutefois, un jeune spectateur traumatisé par des images perturbantes peut toujours s'en plaindre à ses parents ou pire, au procureur de la République...
Sur son blog intitulé avec humour Le ticket de Métro, Ovidie s'interrogeait le 21 janvier dernier sur le thème : "Images scandaleuses et censure : ce que dit le droit français." Pour y répondre, elle a questionné Maitre Emmanuelle Pierrat, auteur de divers ouvrages sur la censure. Malheureusement, beaucoup de généralités et des approximations. Des raccourcis, sans doute générés par le peu de place laissée à l'avocat pour s'exprimer. Darkness propose donc d'apporter quelques précisions.
Dans l'ordre de l'entretien :
Ovidie : Qu’est-il encore interdit de publier en France ?
Me Pierrat : Bien évidemment certaines images à caractère pornographique, en particulier celles mettant en scène des personnes dont on suppose qu’elles ne sont pas consentantes. Cela inclut le viol, les enfants, et certaines représentations SM. On ne peut pas non plus diffuser d’images de cadavres, de victimes d’attentat… La loi condamne tout ce qui porte atteinte à la dignité humaine.
Darkness : Les images à caractère pornographique ne sont pas interdites en France mais soumises à une législation qui protège les mineurs et l'atteinte à la dignité humaine (art. 227-24 et suivants du Code pénal). Le législateur n'a jamais défini une telle atteinte, laissant le soin au juge de se prononcer. Le problème tient plus de la publicité des représentations - si l'on excepte la pédopornographie - que de leur existence. Certaines images ne sont donc pas prohibées pour ce qu'elles sont, mais peuvent être interdites à la vue de certaines personnes, les mineurs par exemple, par la loi ou par le juge. Ce principe est ainsi mis en œuvre pour le cinéma avec la classification des films en fonction de l'âge des spectateurs.
Ovidie : Qu’est-ce qu’on entend par « dignité humaine » ? Le terme est assez flou…
Me Pierrat : C’est effectivement assez vaste. On peut prendre l’exemple de la campagne anti-tabac qui avait fait polémique en 2010. On y voit une personne à genoux, s’apprêtant à faire une fellation, le sexe étant ici remplacé par une cigarette, avec ce message "Ne soyez pas esclave du tabac" . C’est intéressant parce que cela sous-entend que faire une fellation c’est être esclave et cela porte atteinte à la dignité humaine. Mais en quoi tailler une pipe est-il un asservissement ? Nadine Morano, à l’époque secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité auprès du ministre du Travail a été la première à avoir demandé son retrait au titre de « l’outrage publique à la pudeur ». La campagne a été interdite par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité.
Darkness : Si l'outrage public à la pudeur était un délit réprimé dans l'article 330 de l'ancien Code pénal de 1810, il a disparu depuis 1994 au profit du délit d'exhibition sexuelle (art. 222-32 du Code pénal) qui n'a rien à voir. Aucun tribunal n'a jamais condamné la campagne anti-tabac de 2010 pour atteinte à la dignité humaine. Si les visuels proposés ont pu être discutés et contestés, ils n'ont jamais été interdits par le juge. Par ailleurs, si l’ARPP a pour mission de mener une action en faveur d’une publicité loyale, véridique et saine dans l’intérêt des consommateurs, du public et des professionnels de la publicité, elle ne dispose d'aucun pouvoir de contrainte, administratif ou judiciaire.
Les autres réponses apportées dans l'entretien amalgament parfois diverses situations juridiques, confondant la régulation professionnelle, l'interdiction législative et les décisions de justice.
Reprenant une information publiée par le Telegraph, Cécile Mazin nous apprend sur actualitte.com que Fifty Shades of Grey (Sam Taylor-Johnson, 2015) vient d'être classé « R » aux Etats-Unis pour « strong sexual content including dialogue, some unusual behavior and graphic nudity, and for language », ce qui signifie que le film le plus attendu de l'année par les ménagères de 30 à 50 ans ne cassera pas trois pattes à un canard, puisque un adolescent âgé de moins de 17 ans pourra assister à sa projection à la condition d'être accompagné d'un adulte. Interdit aux moins de 15 ans en Suède, Cinquante nuances de Grey, qui sortira en France le 11 février prochain, ne sera qu'érotique, et encore... Le réalisateur explique lui-même que le scénario a été revu dès le départ de manière à « ne pas représenter la scène la plus choquante du livre ».
Les fans de E. L. James risquent donc d'être fortement déçus, Sam Taylor-Johnson justifiant et assumant une adaptation volontairement timorée, comme le souligne Cécile Mazin : « La présence de cette fameuse scène dans le film « n'a même pas été discutée » [...] Il est préférable, soutient le réalisateur, que le spectateur imagine, plus qu'il ne voit : « C'est la construction qui est intéressante. Je pense que, dans les films, à l'instant où il y a pénétration, c'est fini. » Effectivement, le site IMDb précise : "The movie is a about a BDSM relationship. The theme is very sexual. Lots of sex scenes, though not so graphic. Penis and vagina are not shown. Only breasts. Lots of kissing and touching."
On est bien loin de la version director's cut de Nymphomaniac (Lars von Trier, 2013) dont je vous positionne le lien à titre de comparaison même si, pour être tout à fait objectif, celle-ci n'est pas sortie en salles. Ceci étant dit, on attend la version director's cut de Fifty Shades of Grey sans trop d'angoisse...
Sans surprise, le film est interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni par le BBFC le 2 février 2015 : "The film contains strong sex and nudity, along with the portrayal of erotic role play based on domination, submission and sado-masochistic practices. There are also strong verbal references to such practices and the instruments used."
Pour voir la bande-annonce de Cinquante nuances de Grey (VF) : ICI.
Pour voir celle de Nymphomaniac Director's Cut : ICI.
Aux États-Unis, tous les mots grossiers ne sont pas acceptables pour une diffusion à la télévision. Ce petit montage permet de découvrir quelques exemples éloquents. Ainsi, dans le film Snake on a Plane, "motherfucking" est remplacé par "monkey-fighting" (singe combattant) et "monday to friday" (du lundi au vendredi). Dans Scarface, le mot "pussy" (chatte) est remplacé par "chicken" (poulet) ou encore par "pineapple" (ananas). Dans le film Die Hard 2, "motherfucker" (fils de pute) par... "Mister Falcon" !
Reprenant une information d'Anne Richoux publiée sur lanouvellerépublique.fr le 14 janvier 2015, le site stophomophobie.com révèle que "l'association Ciné'fil, dont l'un des objectifs est d'offrir au public l'accès à des films d'auteur qui illustrent la force artistique et humaine du cinéma, organise depuis le 12 et jusqu'au 20 janvier à Blois, une « Semaine du Cinéma britannique », conçue en concertation avec des enseignants" pour permettre à des collégiens et des lycéens de découvrir des films en version originale sous-titrée dont Pride (Matthew Warchus, 2014), un film britannique dont l'histoire se passe en 1984 : "Margaret Thatcher est au pouvoir et le syndicat des mineurs vote la grève. Lors de leur marche à Londres, un groupe d'activistes gays et lesbiennes décide d'aider les familles des mineurs, et part leur remettre l'argent en main propre." Un rendez-vous très attendu pour 380 élèves de la troisième à la première du lycée de Notre-Dame-des-Aydes pour lesquels la projection était programmée le 15 janvier dernier. Et pourtant..
« La sortie pour aller voir ce film est annulée, ils iront voir Queen & Country. [...] Ce film n'est pas adapté au public de seconde ou de troisième. Il est pédagogiquement orienté pour des élèves de terminale. Des parents se sont émus de l'histoire de ce film et ont attiré mon attention. », explique le chef d'établissement. Un argument qui étonne Jean-Marie Génard de l'association Ciné'fil : « Tout était calé depuis décembre, les chefs d'établissement ont donné leur accord. Ce film parle de tolérance, de rencontre entre deux communautés opposées, de solidarité. Bien sûr, il y a des homosexuels, mais pas de scènes de sexe, seulement un baiser entre deux hommes, ce qui n'est pas plus que ce qu'on voit à Plus belle la vie ! C'est une comédie comique débridée présentant des personnages hauts en couleur. » Un point de vue condamné par certains parents d'élèves : « J'en ai fait part au chef d'établissement. Ce film fait la promotion de l'homosexualité. J'ai choisi pour mes enfants un enseignement catholique qui prône des valeurs chrétiennes. Ce film n'entre pas dans cette catégorie. De plus, les enseignants doivent essayer de respecter les convictions des parents d'élèves, le film n'aurait même pas dû être proposé. » et néanmoins approuvé par d'autres, scandalisés : « Je suis une maman en colère. Je viens d'apprendre que ma fille ne pourra pas aller voir le film Pride, car je cite un parent d'élève : "Ce film fait la promotion de l'homosexualité !" Moi aussi je suis maman et je veux que ma fille puisse voir ce film, car il prône le partage, le soutien, la gentillesse... Je ne sais pas si vous pourrez faire quelque chose mais je tenais à vous en informer pour que vous puissiez le dénoncer. Pour moi c'est inacceptable ! Je n'arrive pas à croire que l'on puisse encore pratiquer ce genre de censure et tenir de tel propos. En 2015 ? Je suis triste........ merci à vous. »
Notons que le film est classé "tous publics" en France et interdit aux moins de 15 ans au Royaume-Uni.
Sur lefigaro.fr, Jérôme Lachasse nous apprend aujourd'hui que la projection du film L'Apôtre (Cheyenne-Marie Carron, 2014) dont nous vous parlions sur ce blog en octobre dernier, prévue le 23 janvier 2015 à Nantes, a été annulée à la demande de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : « Devant les risques d'attentats, cette projection pouvait être perçue comme une provocation par la communauté musulmane. » Rappelons que L'Apôtre raconte l'histoire d'Akim, un jeune musulman qui se destine, avec son frère Youssef, à devenir imam. Alors que la sœur d'un prêtre catholique de son quartier est assassinée par un voisin, ce prêtre décide de continuer à vivre auprès de la famille de l'assassin, car il sent que cela les aide à vivre. Interpellé par cet acte de charité, Akim s'engage dans un chemin de conversion au christianisme, qui va l'opposer à son frère et à l'ensemble de sa communauté.l'histoire d'Akim, un jeune musulman appelé à devenir imam, qui décide de se convertir au christianisme.
Déjà le 12 janvier dernier, une séance programmée au cinéma Le Village à Neuilly (92) avait été annulée à la demande de la Préfecture de Police, même si le directeur de la salle a très vite annoncé qu'il souhaitait reprogrammer prochainement le film. Pour sa part, la réalisatrice craint toutefois qu'il ne s'agisse pas des dernières annulations : « C'est un film de paix. L'Apôtre devrait être projeté à des chrétiens et à des musulmans, et dans des lieux de culte. Je suis une réalisatrice catholique et j'ai collaboré avec des acteurs musulmans. J'ai essayé de faire un film qui permette une vraie ouverture vers l'autre et vers la différence. Il est interdit par peur, et je le comprends parfaitement parce que ce qui s'est produit chez Charlie Hebdo, c'est terrifiant. Mais pour faire avancer les choses et faire se rencontrer chrétiens et musulmans, il faut être capable de prendre des risques. [...] Si on en vient à annuler ce film, qui n'est pas de la propagande, c'est que la France va bien plus mal qu'on ne l'imagine. Si mon film ne parlait pas de fraternité, s'il était radical, je comprendrais, mais là non. On vit dans une sale période, une période de fermeture et de peur. Il faut que nous soyons combatifs ».
Dans son édition du 16 janvier 2015, reprise par lefigaro.fr, Le Parisien nous révélait ce matin que le film Timbuktu (Abderrahmane Sissako, 2014) - sélectionné pour l'Oscar 2015 du meilleur film étranger et remarqué au dernier festival de Cannes - avait été déprogrammé du cinéma municipal à la demande Jacques-Alain Bénisti, maire UMP de la commune de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). « J'ai peur que ce film ne fasse l'apologie du terrorisme […] Ce n'était juste plus possible de le diffuser maintenant. Nous le repasserons plus tard, j'attends de voir comment évolue la situation », expliquait alors l'élu pour justifier sa décision. Pas une interdiction locale au sens juridique donc, le maire n'ayant pas pris d'arrêté d'interdiction de projection du film dans sa commune, mais une "simple" déprogrammation du cinéma municipal dont le maire est responsable.
Sorti sur les écrans français le 10 décembre 2014, Timbuktu raconte l'histoire de villageois du Nord du Mali à l'arrivée des djihadistes dans leur région. « La déprogrammation de ce film plébiscité par la presse et les spectateurs n'est pas comprise par l'opposition municipale de Villiers-sur-Marne », rapporte Le Figaro dans la matinée. Jacques-Alain Bénisti, quant à lui, parle d'une « mesure de sécurité eu égard aux événements ».
Censure, amalgame ou manque de courage ?
Toujours est-il que dans l'après-midi, lemonde.fr nous apprend que sous la pression, le maire a finalement fait marche arrière : « Compte tenu des événements, et du fait que Hayat Boumeddiene [la compagne d’Amedy Coulibaly, le responsable de la tuerie de l’Hyper Casher et de l’assassinat de la policière de Montrouge] soit originaire de Villiers, je ne voulais pas que le sujet du film soit dévoyé et que les jeunes puissent prendre comme modèle les djihadistes. Nous allons reprogrammer le film dans une quinzaine de jours, et organiser un débat, avec des responsables de trois grandes religions, des représentants d’associations, et pourquoi pas, s’ils le souhaitent, des membres de l’équipe du film ».
Une reprogrammation différée, certes, mais une reprogrammation quand même.
Réalisateur de La Vie de Jésus (Prix Jean-Vigo 1997), de L’Humanité (Grand Prix du jury de Cannes 1999) ou encore de Flandres (Grand Prix du jury de Cannes en 2006), Bruno Dumont est venu présenter sa première série télévisée, P'tit Quinquin, dans l'émission Tout et son contraire de Philippe Vandel (diffusée le 2 janvier 2015 sur France Inter), à l'occasion de sa sortie en DVD.
"Il est plutôt rare de retrouver un cinéaste derrière une série pour la télévision, d'ailleurs les réalisations de Bruno Dumont ont même du mal à se retrouver programmées sur les chaines de France Télévision, tant les sujets abordés pourraient choquer le grand public. Ce qui le met hors de lui !"
Ce soir, l'information a une résonance toute particulière.
Dans un communiqué publié le 6 janvier 2015, le centre cinématographique marocain (CCM) a annoncé que Ridley Scott et la 20th Century Fox ont finalement accepté de « supprimer deux passages sonores (d’une durée de cinq secondes) qui faisaient allusion à la personnification Divine », pour que le film Exodus: Gods and kings puisse sortir dans les salles marocaines. Le communiqué du CCM accompagnant la délivrance du visa d'exploitation par la Commission de visionnage, précise que « dans aucun pays au monde, y compris les pays les plus démocratiques, les cinéastes ont le droit de tout dire et de tout montrer au nom de la sacro-sainte « liberté de création. Ceci est la confirmation que le respect de la liberté de création, comme d'ailleurs de toute autre liberté, ne signifie pas faire fi des sentiments, surtout religieux, des citoyens ».
Doit-on renoncer à sa libre expression pour quelques dollars de plus ?
Pour celles et ceux qui voudraient (encore) en savoir davantage sur son contenu avant de commander le dernier numéro de Darkness Fanzine - au prix modique de 11 euros -, je ne peux qu'orienter votre curiosité bien légitime vers la très belle note de lecture rédigée et postée par Albert Montagne sur son désormais célèbre Blog censorial, que je reproduis ici pour vous :
Le nouveau Darkness, dirigé de main de maître des ténèbres par Christophe Triollet, vient de paraître. Le présent n° 15, Gore et censure au cinéma, est en réalité le cinquième opus d’un fanzine, unique en son genre, qui s’est spécialisé sur la censure au cinéma. Rappelons les précédents numéros : Violence et censure au cinéma en France (n° 11, décembre 2010, 70 p.), Sexe et censure au cinéma en France (n° 12, décembre 2011) 120 p.), Politique, religion et censure en France (n° 13, décembre 2012) 136 p.) et Cinéma américain, censure, déviances et perversions (n° 14, décembre 2013, 152 p.). Dans le présent Darkness (148 p.), comme le souligne Cristophe Triollet dans son éditorial, le cinéma Gore, entre tripailles et boudins, rime à merveille avec la censure et ses coupes sanglantes. Comment ne pas penser à l'oeil crevé par une lame de rasoir dans Un chien andalou par le précurseur et surréaliste Luis Buñuel en 1929 ? D'entrée, Julien Bono nous plonge dans un bain de sang avec NIFFF 2011 : Le gore, d’un monde de représentation à son institutionnalisation. En 2011, Le Festival international du Film fantastique de Neuchâtel consacra son Cycle rétrospective au Gore avec des films allant de La séparation des sœurs siamoises (1898) du Dr Eugène Doyen - goreman malgré lui : ses films scientifiques destinés à une diffusion interne, exclusivement pour des étudiants en médecine et des médecins, mais diffusés publiquement à son insu, firent l’objet d’un procès gagné en 1905 contre un opérateur indélicat - à Blood Feast (1963) de Herschell Gordon Lewis, le seigneur du gore. Si L’horrible fin d’un concierge (Pathé, 1903) fut aussi projetée, on peut regretter l’absence de la mythique - et introuvable ! - Quadruple exécution de Béthune (Pathé, 1909), film d'actualités qui a enfanté la censure du cinéma français ! Florent Christol, dans La violence du slasher film, une affaire de morale, dévoile le slasher, genre d’horreur qui s’organise autour d’un serial killer, psycho killer ou fool killer, masqué (Freddy, clown) ou défiguré (zombie), qui terrorise et, surtout, qui tue à l’arme blanche (slash signifiant taillader, balafrer, couper...). Mélangeant force tripes et hémoglobine, Lionel Trelis affine ce portrait avec le Croquemitaine, morale puritaine et gorification. Benjamin Campion, dans L’horreur à la télévision américaine, quand la peur s’invite dans le salon, narre l’évolution de la représentation de l’horreur sur le petit écran étasunien en soulignant le problème inhérent des séries télévisées : comment faire peur semaine après semaine et fidéliser le spectateur ? Dans Pré-code : le miroir aux alouettes, Faux-semblants et idées reçues sur le cinéma Hollywoodien des années 1930-1934, l’auteur étudie les Trésors cachés de la Warner édités en DVD où de nombreux films interdits des Années 30, jusqu’alors tabous et inédits, sont désormais proposés au public. De bonnes pépites en perspective. Yohann Chanoir autopsie froidement Le Gore dans les films sur le Moyen Age, d’un passé à l’écran au passé comme écran. Fred Bau dissèque avec brio Le Gore cronenbergien et, dans Paul Verhoeven, Goor, vous avez dit Goor ?, marie intemporellement La chair et le sang (film sublime et à part sur un Moyen Age gore), Robocop, Total Recall et Starship Trooper... Lionel Grenier, dans Fulci, le Gore et la censure, montre les ravages - mais aussi les avantages - des coupes de la censure sur le gore : le réalisateur persécuté, mais rendu aussi célèbre par la censure, doit faire preuve d’une incessante créativité pour leurrer et contourner les interdits. Eric Peretti, dans De l’influence d’Akira Kurosawa, sur le cinéma sanglant, multiplie les éruptions violentes et démesurées d’hémoglobine qui traversent l’œuvre du cinéaste japonais. Sébastien Lecocq, dans L’épopée Sushi Typhoon, Sexe, Gore et humour potache, propose une histoire aussi folle que brève d’une compagnie qui, en seulement sept films, inventa la recette d'un cocktail de gore décapant et unique. Gore au sens propre et défiguré est, du même auteur, Lucifer Valentine, Sympathy For The Devil, avec une trilogie expérimentale, underground et extrême. Dans Torture, Inquisition et sorcellerie au cinéma, Albert Montagne s’attache, avec un malin plaisir, à dé/tailler les différentes méthodes d’obtention des aveux pratiquées par l’Église sur ses brebis noires et égarées. Alan Deprez, dans Gorenographie, Du sang, du foutre et des Vampires, fait cohabiter le plus naturellement du monde pornographie et gore. Fabrice Lambot, dans Une différence d’appréciation, sur le degré de violence du film, dénonce la difficulté de produire des films d’horreur en France. Christophe Triollet clôt l’ensemble avec Actualité de la censure au cinéma, remarquable rappel d’une année de notes cinéphiles de son blog Darkness Fanzine. Précisons que John Capone, l'auteur de l'illustration de couverture fort réussie, est aussi celui de la couverture de Jean-Pierre Putters, Ze Craignos Monsters, Le retour du fils de la vengeance (Vents d’Ouest, novembre 2014). Enfin, il faut souligner la présentation brochée, fort élégante du numéro, la qualité du papier et l'iconographie surabondante. Bref, un ouvrage désormais indispensable sur le Gore au cinéma à se procurer (comme les numéros antérieurs, certains étant déjà épuisés).
Albert Montagne
Si vous choisissez vos films en salles et en vidéo en fonction de leur niveau d'interdiction, filez en Grande-Bretagne, la France ne proposant guère de films interdits aux mineurs si l'on excepte The Smell of Us (2014), le dernier Larry Clark, qui sortira sur les écrans le 14 janvier prochain bardé d'une interdiction aux -16 ans avec avertissement. Comme à son habitude, le cinéaste américain raconte l'histoire d'adolescents, évoluant cette fois-ci à Paris dans un univers transgénérationnel mélangeant sexe, drogue, argent et soirées dans des squats. Selon la Commission de classification, la « description d’une jeunesse en désarroi marquée par des scènes de sexe réalistes, de drogue et de prostitution », justifie pleinement une telle restriction.
DVD interdits aux -18 ans
Outre-Manche en début d'année, le nombre de films interdits aux mineurs est intéressant avec, dans le désordre, Chastity Bites (John V. Knowles, 2013), édité en vidéo par Safecracker Pictures, annoncé dans les bacs le 2 février prochain. Une comédie horrifique pour adolescents, produit par Alison Scagliotti, dans laquelle l'immense Stuart Gordon (Reanimator) fait une brève apparition. Jack Parker sur son blog de l'horreur, donne son opinion sur le film en quelques lignes : « Il n’y a pratiquement pas de gore (à part une demi-douzaine de gorges tranchées proprement), pas de nudité, pas de sexe, pas de tripaille, pas de vilaines créatures des ténèbres – bref, au final très peu d’éléments horrifiques à se mettre sous la dent. Ça ressemble plus à un teen movie qui utilise une histoire vaguement flippante comme prétexte pour exister – mais l’horreur n’est clairement pas une priorité et ne tient pas une place centrale dans l’histoire. » Le 26 janvier 2015, Citizen Toxie: The Toxic Avenger Part IV (Lloyd Kaufman, 2000) sortira en DVD dans une nouvelle édition, distribué par Films Limited. Un cocktail de (mauvais) goût mêlant sexe et gore dans le pur esprit des productions Troma. Ce quatrième opus distille les aventures du Toxic Avenger propulsé dans une autre dimension tandis que son double maléfique s'emploie à faire régner la terreur à Tromaville. Notons pour l'anecdote que lors de sa sortie en salles il y a quinze ans, le film avait été interdit aux -18 ans en Australie, en Nouvelle Zélande, en Italie et aux États-Unis. Nazi Vengeance, également exploité aux États-Unis sous le titre BackTrack (2014, Tom Sands), sortira en vidéo le 16 février 2015, distribué par Kaleidoscope Home Entertainment. L'histoire d'un jeune journaliste hanté par des cauchemars récurrents... en langue allemande ! Et pour cause, puisque des séances d'hypnose lui apprennent qu'il fut un nazi dans sa vie antérieure. Grand Prix du Cracow Film Festival, le beau court métrage d'animation Hipopotamy (Piotr Dumala, 2014), édité par National Media Museum, sera distribué au Royaume-Uni le 30 janvier prochain, interdit aux -18 ans parce que décrivant avec réalisme les relations, souvent violentes et sexuelles, entre les hommes et les femmes. Snow in Paradise (Andrew Hulme, 2014) est attendu en DVD le 6 février 2015. Édité par Artificial Eye Film Co. Ltd., le film nous raconte l'histoire d'un petit délinquant de la banlieue londonienne qui mène sa vie entre drogue et violence. Au décès de son meilleur ami, il décide de rentrer dans le droit chemin... sauf que son passé criminel remonte à la surface et lui rappelle quel homme il est vraiment. Distribué par 101 Films Limited le 12 janvier 2015, Exorcism (Lance Patrick, 2014) nous propose une histoire étrange. En 1963, une jeune femme possédée par un démon qui prétend être le diable, est exorcisée par un prêtre. Tous les deux disparaissent au cours de la séance sans que personne ne sache pourquoi. Cinquante ans plus tard, un groupe de cinéastes décide de reproduire la séance d'exorcisme pour percer le mystère. Ce qu'ils parviendront à faire pour le meilleur et (surtout) pour le pire... Signalons enfin, pour mémoire, la sortie le 3 décembre dernier de House on the Hill (Jeffrey Frentzen, 2012) édité par Lighthouse Digital Media Ltd, interdit aux mineurs et amputé de 7 minutes et 12 secondes par le Bureau de classification britannique en raison d'un grand nombre de scènes violentes dont certaines à caractère sexuel. Une histoire glauque basée sur la vie de Leonard Lake – alias Leonard Hill –, un célèbre tueur en série américain qui kidnappait, volait et massacrait parfois des familles entières. Enfin, 2015 devrait être l'année de la Séquence Finale, Tom Six ayant promis depuis deux ans la sortie du troisième et dernier opus de The Human Centipede. L'histoire devrait réunir Dieter Laser (le médecin allemand du premier film) et Laurence R. Harvey (le personnage principal du deuxième volet) – sans doute dans une préquelle – au cœur d'une prison des États-Unis, pour l'assemblage du plus grand mille-pattes humain jamais conçu. Les censeurs attendent en embuscade, une paire de ciseaux à la main, pour couper les fantasmes scatophiles du réalisateur néerlandais. A suivre...
The Smell of Us (2014), le dernier Larry Clark, sortira sur les écrans français le 14 janvier 2015 interdit aux moins de 16 ans. Comme à son habitude, le cinéaste raconte l'histoire de plusieurs adolescents, évoluant cette fois-ci à Paris dans un univers transgénérationnel mélangeant sexe, drogue, argent, skateboard et soirées dans des squats. Selon la Commission de classification, la « description d’une jeunesse en désarroi marquée par des scènes de sexe réalistes, de drogue et de prostitution » justifie une telle restriction assortie d'un avertissement destiné à éclairer le « jeune public ». Si en parlant de « scènes de sexe réalistes », la Commission reprend la terminologie utilisée pour interdire Nymphomaniac, Volume 1 aux mineurs de 12 ans en décembre 2013, elle prend également en compte l'ordonnance du président du tribunal administratif de Paris du 28 janvier 2014 qui a jugé le niveau initial de restriction insuffisant, en interdisant la représentation du film aux spectateurs de moins de 16 ans. On ignore à ce jour si l'Association Promouvoir a contesté la décision du ministre devant la justice.
La fin de l'année est l'occasion de revenir sur les principales affaires de censure ayant touché le cinéma à travers le monde. Une fois encore, force est de constater que le sexe, la religion, la politique et la violence sont toujours au cœur des préoccupations des censeurs.
Le sexe
En janvier 2014, estimant que le film Nymphomaniac, volume 1 (L. von Trier) doit être interdit aux spectateurs de -16 ans, le président du tribunal administratif de Paris annule l'interdiction aux -12 ans décidée par le ministre de la Culture. Quelques jours plus tard, le même juge estime que Nymphomaniac, volume 2 (L. von Trier) aurait dû être interdit à tous les mineurs en raison de scènes à caractère sadomasochiste, de fellation, de masturbation, ou encore des nombreux « gros plans de sexes féminins et masculins, à l’état flaccide et en érection ». En janvier 2014, Le Loup de Wall Street (M. Scorsese) est interdit d'exploitation totale en Malaisie et au Népal, les versions indiennes et libanaises ont été coupées, à Singapour le film sort interdit aux -21 ans, et aux Émirats Arabes Unis le mot "fuck" prononcé plus de 500 fois, entraîne près de 45 minutes de coupures. En mai 2014, une des affiches du film Sin City: A Dame to Kill for (R. Rodriguez et F. Miller) mettant en scène Eva Green, est refusée par la Motion Picture Association of America (MPAA) en raison de la « courbe du sein, l'aréole et le téton [...] visibles à travers le tissu transparent » sur le visuel. Présenté en ouverture au 67ème Festival international du film de Cannes, Grace de Monaco (O. Dahan) n'a pas été projeté à Monaco sur décision de Thierry Tréhet, l'exploitant de l'unique cinéma de la Principauté. La sortie du film Son of God (C. Spencer) est un succès aux États-Unis même si Satan n'apparait plus au cours de l'histoire, l'étrange ressemblance de l'acteur Mohamen Mehdi Ouazanni avec le Président Obama, pourtant présent dans la série éponyme, ayant convaincu les producteurs de supprimer les scènes litigieuses.
La religion
En février 2014, l'institut Civitas s'indigne de la programmation de Tomboy (C. Sciamma) sur Arte mais échoue dans sa tentative de stigmatisation. En mai 2014, certaines associations catholiques s'emploient à faire croire que le retard de la sortie en salles du film Cristeros (D. Wright) en France a été orchestrée par les pouvoirs publics. Toujours en mai, la version française de l'affiche du film belge Au nom du fils (V. Lannoo) est modifiée pour son exploitation en France afin de ne pas ajouter à l'histoire racontant la vengeance de la mère d'un garçon de 14 ans qui se suicide après avoir été abusé sexuellement par un prêtre. En mars 2014, Noé (D. Aronofsky) est condamné par l'Égypte qui dénonce la représentation physique d'un prophète, interdite par l'Islam. Les comités de censure du Qatar, du Bahreïn, des Émirats Arabes Unis, de la Jordanie et du Koweit protestent également et interdisent la projection du film. En décembre 2014, Ridley Scott rencontre des difficultés similaires avec Exodus: Gods and Kings, déprogrammé des salles de cinéma en Égypte et au Maroc en raison d'imprécisions historiques et religieuses : « personnification de Dieu à travers un enfant dans une scène où il communique la révélation à Moïse », selon les autorités marocaines et « falsification de l'histoire en présentant Moïse et les juifs, en bâtisseurs des pyramides », selon les autorités égyptiennes.
La politique
The Cut (F. Akin), présenté à la Mostra de Venise en août 2014, est boycotté en Turquie parce que racontant l'histoire d'un jeune père arménien, survivant du génocide de 1915, à la recherche de ses filles. Kaum de Heere (R. Ravine) est interdit par la Commission de censure en Inde, les autorités souhaitant éviter d'éventuels troubles à l'ordre public, le film racontant l'assassinat du Premier ministre Indira Gandhi par ses deux gardes du corps sikhs. Le documentaire iranien The Silent Majority Speaks (B. Khoshnoudi), évoquant les manifestations populaire qui ont suivi la réélection du Président Ahmadinejad en 2009, est interdit au Liban par le Comité de censure pour offense à un pays étranger. En novembre 2014, la sortie en Chine de Hunger Games 3 : La Révolte (partie 1), initialement programmée en novembre 2014, est repoussée en 2015, le thème de la révolte développé dans le film suscitant la crainte des autorités, le salut des rebelles étant devenu un symbole de résistance en Thaïlande. En juin 2014, après avoir appris la sortie de The Interview (J. Franco et S. Rogen) racontant l'histoire de deux journalistes américains tentant de l'assassiner, Kim-Jong-Un exige l'interdiction du film sous peine de représailles assimilant la comédie à "un acte de guerre intolérable". Sa sortie aux États-Unis, d'abord annulée par Sony en décembre 2014, est finalement organisée le 25 décembre, à la date prévue, après un vent de polémique faisant même intervenir le Président Obama.
La violence
En mars 2014, Aux Yeux des vivants (A. Bustillo et J. Maury) passe à côté d'une interdiction aux -18 ans en France, la Commission n'appréciant guère que des enfants soient mêlés à des actes de violence, même légitimes. Alors que sa sortie est programmée sur les écrans australiens en septembre 2014, l'affiche promotionnelle de Teenage Mutant Ninja Turtles (J. Liebesman) est retirée par la Paramount après que des internautes se soient étonnés du visuel décrivant les quatre tortues new-yorkaises sautant d’un building en feu avec, mentionnée en bas de l'affiche, la date du 11 septembre... La campagne d'affichage publicitaire réalisée par la chaîne FX dans Los Angeles et certaines villes des États-Unis pour annoncer la diffusion de la nouvelle série The Strain (G. del Toro et C. Hugan) est suspendue en juillet 2014, certains américains s'étant émus d'un visuel jugé très gore. Durant l'été 2014, la Commission de Corée du Sud interdit Mizo (N. Ki-Woong) estimant que le film « abime et déforme notre sens de la dignité humaine ; et présente le danger potentiel de perturber l'ordre social et l'opinion publique ». En octobre 2014, le Bureau de classification britannique révèle que le distributeur de Horns (A. Aja) s'est autocensuré pour abaisser le niveau de classification du film au Royaume-Uni : « Lorsque Lionsgate nous a montré le film pour avoir notre avis, nous lui avons fait savoir que celui-ci risquait d’écoper d’une interdiction aux -18 ans et que, s’il souhaitait une interdiction aux -15 ans, il faudrait couper certains plans d’une scène de violence sexuelle et une image gore. » En France, Annabelle (J. R. Leonetti) est déprogrammé dans certains cinémas de Marseille, Strasbourg et Montpellier en octobre 2014 pour éviter d'éventuels troubles à l'ordre public. Meilleurs vœux cinématographiques à tous !
"Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent."
Que penser de la représentation de la violence à l'écran, à la télévision ou au cinéma ? Un débat aussi vieux que l'invention des frères Lumière. Retour sur la lettre ouverte de Xavier Dolan adressée à Françoise Laborde, membre du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), après la polémique née de la diffusion à la télévision du clip College Boy, réalisé pour Indochine en 2013.
Le 7 mai 2013
Chère Françoise Laborde,
En 1990, je vous aurais écrit afin de me battre pour que vive le vidéoclip College Boy d'Indochine.
En 1990, votre décision et celle de vos pairs aurait fait en sorte qu'il soit vu par des milliers de gens, ou qu'il sombre dans l'oubli, mort-né.
Vingt-trois ans plus tard, les plateformes de diffusion en ligne ont pu nous assurer, depuis jeudi dernier, un nombre de visionnages approchant le million.
En effet, l'Internet veillera à la survie de ce document produit non pas dans l'optique d'exploiter la violence de manière superficielle, mais bien dans celle de fournir à la jeunesse une œuvre à la fois réaliste et poétique, et qui puisse illustrer de manière graphique la brutalité dont ils sont tour à tour les dépositaires, instigateurs, ou témoins.
Vingt-trois ans plus tard, donc, la recommandation à laquelle vous vous apprêtez, davantage que de préserver l'imaginaire des jeunes, officialisera une posture sociologique sur les notions actuelles de censure, et sur l'inaptitude de l'adulte moderne à tolérer la mise en images des phénomènes sociaux dont il est directement ou indirectement responsable.
En entrevue au Grand Direct des Médias sur Europe1, vous affirmez que mon vidéoclip "montre des images dont la violence est insoutenable... [...] Il y en a assez de cette mode de la violence... La mort, ce n'est pas esthétique. La violence, ce n'est pas esthétique. La torture, ce n'est pas esthétique." À la lumière de vos commentaires, j'en déduis que vous me percevez comme un artiste à demi-conscient qui n'a pour seul moteur que la confection de son plus récent caprice, ne réalisant pas la teneur de son propos ni la portée de son geste. "On ne dénonce pas la violence en montrant de la violence" ajoutez-vous. Alors comment la dénonce-t-on? Comment la dénonce-t-on sinon par la démonstration par l'absurde? Qui peut ici se targuer d'avoir pu sensibiliser les générations précédentes à l'intolérance, l'agressivité et l'ostracisme? Vous? Dans l'optique où c'est ce que nous avons tenté de faire, censurer mon travail parce qu'il est violent fait montre d'une grande incompréhension de l'essence du vidéoclip, dont votre lecture se limite aux surfaces, mais plus largement de votre incompréhension du contexte social dans lequel vous œuvrez, et de l'incompatibilité de votre démarche avec cet espace-temps. En effet, Madame Laborde, vous arrivez à table pour le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard. Car qu'en est-il de tous ces films qui prennent l'affiche chaque vendredi et qui banalisent le geste violent depuis les quatre dernières décennies? S'il était un temps où vos logos prohibitifs et drapeaux jaunes suffisaient à limiter leur spectre délétère, votre devoir, aujourd'hui, en tant que membre du Conseil de l'audiovisuel supérieur de France, est de réinsérer les attributs de votre mandat dans la réalité actuelle telle que redéfinie par l'héritage de la technologie.
Or, cette technologie permet, en 2013, à n'importe quel enfant de visionner, à défaut de le voir en salles, la bande-annonce de n'importe quel film classé 18 ans et plus. Il pourra éventuellement en voir des extraits incrustés sur YouTube, Dailymotion, et enfin le télécharger une fois pour toutes sur AppleTV ou Netflix deux mois plus tard à peine, et sans autre forme de procès. Aujourd'hui, les limitations de la violence sont proportionnelles aux limites que l'espace virtuel nous propose: presque aucune.
Et qu'en est-il de tous ces vidéoclips issus de la culture nord-américaine du hip-hop? Se formalise-t-on encore de toute cette sexualisation de la jeunesse et de l'objectualisation de la femme? Les outrances du début du siècle ainsi que nos prises de position d'alors sont-elles encore aussi passionnées ou se sont-elles transformées en velléités de sanctions visant à justifier l'existence des bureaux de censure rendus désuets par l'autocratie du net? Tout le monde était scandalisé quand le clip Baby One More Time de Britney Spears est sorti en 1999. Je le revois aujourd'hui et suis persuadé que l'adolescent lambda se demanderait pourquoi Britney Spears porte autant de vêtements.
Devant l'inévitable démantèlement du goût et de la moralité, plusieurs actions sont envisageables, mais votre volonté d'interdire la diffusion de mon vidéoclip aux moins de 18 ans relève d'un geste plus automatique qu'il n'est véritablement réfléchi. Vouloir les priver de notre message est comme interdire à cette même jeunesse un documentaire sur le taux de suicide chez les mineurs. Vous pointez du doigt la violence promue par mon travail, sa stylisation et, enfin, son apologie, sans vous demandez si c'est ce que perçoit un enfant, alors que votre fonction se définit presque entièrement par votre capacité à l'analyse emphatique. À cet âge, chaque garçon et chaque fille décideront bientôt des hommes et des femmes qu'ils deviendront pour le reste de leur vie, et il faut désormais faire preuve d'imagination et d'audace pour savoir réellement imprimer leur esprit. J'aurais voulu, à cet âge, qu'on me dise tout le mal que je pouvais faire en insultant de manière incessante un camarade de classe, dans le but probable d'échapper moi-même aux brimades des autres, mais les brochures éducatives en papier glacé et les vidéos corporatifs sur l'intimidation passaient inaperçus dans la cour d'école où il fallait survivre à la meute.
Par ailleurs, la violence à laquelle les jeunes sont exposés en regardant mon clip n'est pas plus grande que la violence à laquelle ils sont exposés lorsqu'ils regardent les nouvelles françaises où des familles s'en prennent physiquement à des couples homosexuels manifestant pacifiquement, ou des nouvelles américaines où un enfant de cinq ans tue sa sœur avec une arme à feu, ou des nouvelles, encore, qui nous montrent de jeunes hommes et de jeunes femmes s'étant enlevé la vie au Texas, au terme de supplices continus et renouvelés. Ou enfin, bien sûr, des nouvelles où l'on nous montre Newton, Connecticut, avec en prime des interviews de parents dont le corps des enfants est encore tiède -le voyeurisme de l'information en direct n'est-il pas une forme de barbarie plus malsaine encore? Aucune violence n'est plus grande que la violence que l'on tolère par couardise, Madame Laborde, et le mutisme participe d'une violence semblable.
Depuis le 2 mai dernier, jour de sortie du vidéoclip, des dizaines de milliers de commentaires lisibles sur les réseaux sociaux attestent d'un accueil plus que favorable par les médias et le public, de jeunes victimes d'intimidation à leurs parents, en passant par des professeurs, des psychologues, ou d'anciens intimidés. Le vidéoclip est numéro un des ventes sur iTunes dans sa catégorie, et il a été jeudi dernier le numéro un des tweetos sur les twittosphères françaises et québécoises pendant plusieurs heures consécutives, un témoignage incontestable de la discussion qu'il suscite.
Paradoxalement, nos seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion, qui refusent de passer notre vidéoclip avant même d'avoir eu votre recommandation. Alors que c'est en vous, en eux que nous espérions les alliés les plus logiques, je constate qu'il existe au sein de vos groupes une culture de la lâcheté, presque instinctive, camouflée par une fausse outrance, une inclination sensationnaliste qui font d'eux, et de vous, des complices de la stagnation.
Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent.
Pour conclure, jamais il ne fût question de choquer volontairement, ou de provoquer un coup de marketing - dont ni Indochine ni moi n'avons besoin, soyons francs - ce que par ailleurs vous avez fait de votre propre chef en créant ce scandale imaginaire. Je ne pourrai, dans cette mesure, jamais assez vous remercier de l'exceptionnelle visibilité que vous avez donné à mon travail, bien qu'il soit dommage que cette polémique n'origine non pas de votre soutien, mais de votre refus de contrer la violence par l'action plutôt que par le silence.
Cordialement,
Xavier Dolan
"Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent."
Que penser de la représentation de la violence à l'écran, à la télévision ou au cinéma ? Un débat aussi vieux que l'invention des frères Lumière. Retour sur la lettre ouverte de Xavier Dolan adressée à Françoise Laborde, membre du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) après la polémique née de la diffusion du clip College Boy, réalisé pour Indochine en 2013.
Le 7 mai 2013
Chère Françoise Laborde,
En 1990, je vous aurais écrit afin de me battre pour que vive le vidéoclip College Boy d'Indochine.
En 1990, votre décision et celle de vos pairs aurait fait en sorte qu'il soit vu par des milliers de gens, ou qu'il sombre dans l'oubli, mort-né.
Vingt-trois ans plus tard, les plateformes de diffusion en ligne ont pu nous assurer, depuis jeudi dernier, un nombre de visionnages approchant le million.
En effet, l'Internet veillera à la survie de ce document produit non pas dans l'optique d'exploiter la violence de manière superficielle, mais bien dans celle de fournir à la jeunesse une œuvre à la fois réaliste et poétique, et qui puisse illustrer de manière graphique la brutalité dont ils sont tour à tour les dépositaires, instigateurs, ou témoins.
Vingt-trois ans plus tard, donc, la recommandation à laquelle vous vous apprêtez, davantage que de préserver l'imaginaire des jeunes, officialisera une posture sociologique sur les notions actuelles de censure, et sur l'inaptitude de l'adulte moderne à tolérer la mise en images des phénomènes sociaux dont il est directement ou indirectement responsable.
En entrevue au Grand Direct des Médias sur Europe1, vous affirmez que mon vidéoclip "montre des images dont la violence est insoutenable... [...] Il y en a assez de cette mode de la violence... La mort, ce n'est pas esthétique. La violence, ce n'est pas esthétique. La torture, ce n'est pas esthétique." À la lumière de vos commentaires, j'en déduis que vous me percevez comme un artiste à demi-conscient qui n'a pour seul moteur que la confection de son plus récent caprice, ne réalisant pas la teneur de son propos ni la portée de son geste. "On ne dénonce pas la violence en montrant de la violence" ajoutez-vous. Alors comment la dénonce-t-on? Comment la dénonce-t-on sinon par la démonstration par l'absurde? Qui peut ici se targuer d'avoir pu sensibiliser les générations précédentes à l'intolérance, l'agressivité et l'ostracisme? Vous? Dans l'optique où c'est ce que nous avons tenté de faire, censurer mon travail parce qu'il est violent fait montre d'une grande incompréhension de l'essence du vidéoclip, dont votre lecture se limite aux surfaces, mais plus largement de votre incompréhension du contexte social dans lequel vous œuvrez, et de l'incompatibilité de votre démarche avec cet espace-temps. En effet, Madame Laborde, vous arrivez à table pour le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard. Car qu'en est-il de tous ces films qui prennent l'affiche chaque vendredi et qui banalisent le geste violent depuis les quatre dernières décennies? S'il était un temps où vos logos prohibitifs et drapeaux jaunes suffisaient à limiter leur spectre délétère, votre devoir, aujourd'hui, en tant que membre du Conseil de l'audiovisuel supérieur de France, est de réinsérer les attributs de votre mandat dans la réalité actuelle telle que redéfinie par l'héritage de la technologie.
Or, cette technologie permet, en 2013, à n'importe quel enfant de visionner, à défaut de le voir en salles, la bande-annonce de n'importe quel film classé 18 ans et plus. Il pourra éventuellement en voir des extraits incrustés sur YouTube, Dailymotion, et enfin le télécharger une fois pour toutes sur AppleTV ou Netflix deux mois plus tard à peine, et sans autre forme de procès. Aujourd'hui, les limitations de la violence sont proportionnelles aux limites que l'espace virtuel nous propose: presque aucune.
Et qu'en est-il de tous ces vidéoclips issus de la culture nord-américaine du hip-hop? Se formalise-t-on encore de toute cette sexualisation de la jeunesse et de l'objectualisation de la femme? Les outrances du début du siècle ainsi que nos prises de position d'alors sont-elles encore aussi passionnées ou se sont-elles transformées en velléités de sanctions visant à justifier l'existence des bureaux de censure rendus désuets par l'autocratie du net? Tout le monde était scandalisé quand le clip Baby One More Time de Britney Spears est sorti en 1999. Je le revois aujourd'hui et suis persuadé que l'adolescent lambda se demanderait pourquoi Britney Spears porte autant de vêtements.
Devant l'inévitable démantèlement du goût et de la moralité, plusieurs actions sont envisageables, mais votre volonté d'interdire la diffusion de mon vidéoclip aux moins de 18 ans relève d'un geste plus automatique qu'il n'est véritablement réfléchi. Vouloir les priver de notre message est comme interdire à cette même jeunesse un documentaire sur le taux de suicide chez les mineurs. Vous pointez du doigt la violence promue par mon travail, sa stylisation et, enfin, son apologie, sans vous demandez si c'est ce que perçoit un enfant, alors que votre fonction se définit presque entièrement par votre capacité à l'analyse emphatique. À cet âge, chaque garçon et chaque fille décideront bientôt des hommes et des femmes qu'ils deviendront pour le reste de leur vie, et il faut désormais faire preuve d'imagination et d'audace pour savoir réellement imprimer leur esprit. J'aurais voulu, à cet âge, qu'on me dise tout le mal que je pouvais faire en insultant de manière incessante un camarade de classe, dans le but probable d'échapper moi-même aux brimades des autres, mais les brochures éducatives en papier glacé et les vidéos corporatifs sur l'intimidation passaient inaperçus dans la cour d'école où il fallait survivre à la meute.
Par ailleurs, la violence à laquelle les jeunes sont exposés en regardant mon clip n'est pas plus grande que la violence à laquelle ils sont exposés lorsqu'ils regardent les nouvelles françaises où des familles s'en prennent physiquement à des couples homosexuels manifestant pacifiquement, ou des nouvelles américaines où un enfant de cinq ans tue sa sœur avec une arme à feu, ou des nouvelles, encore, qui nous montrent de jeunes hommes et de jeunes femmes s'étant enlevé la vie au Texas, au terme de supplices continus et renouvelés. Ou enfin, bien sûr, des nouvelles où l'on nous montre Newton, Connecticut, avec en prime des interviews de parents dont le corps des enfants est encore tiède -le voyeurisme de l'information en direct n'est-il pas une forme de barbarie plus malsaine encore? Aucune violence n'est plus grande que la violence que l'on tolère par couardise, Madame Laborde, et le mutisme participe d'une violence semblable.
Depuis le 2 mai dernier, jour de sortie du vidéoclip, des dizaines de milliers de commentaires lisibles sur les réseaux sociaux attestent d'un accueil plus que favorable par les médias et le public, de jeunes victimes d'intimidation à leurs parents, en passant par des professeurs, des psychologues, ou d'anciens intimidés. Le vidéoclip est numéro un des ventes sur iTunes dans sa catégorie, et il a été jeudi dernier le numéro un des tweetos sur les twittosphères françaises et québécoises pendant plusieurs heures consécutives, un témoignage incontestable de la discussion qu'il suscite.
Paradoxalement, nos seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion, qui refusent de passer notre vidéoclip avant même d'avoir eu votre recommandation. Alors que c'est en vous, en eux que nous espérions les alliés les plus logiques, je constate qu'il existe au sein de vos groupes une culture de la lâcheté, presque instinctive, camouflée par une fausse outrance, une inclination sensationnaliste qui font d'eux, et de vous, des complices de la stagnation.
Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent.
Pour conclure, jamais il ne fût question de choquer volontairement, ou de provoquer un coup de marketing - dont ni Indochine ni moi n'avons besoin, soyons francs - ce que par ailleurs vous avez fait de votre propre chef en créant ce scandale imaginaire. Je ne pourrai, dans cette mesure, jamais assez vous remercier de l'exceptionnelle visibilité que vous avez donné à mon travail, bien qu'il soit dommage que cette polémique n'origine non pas de votre soutien, mais de votre refus de contrer la violence par l'action plutôt que par le silence.
Cordialement,
Xavier Dolan
"Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent."
Que penser de la représentation de la violence à l'écran, à la télévision ou au cinéma ? Un débat aussi vient que l'invention des frères Lumière. Retour sur la lettre ouverte de Xavier Dolan adressée à Françoise Laborde, membre du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) après la polémique née de la diffusion du clip College Boy, réalisé pour Indochine en 2013.
Le 7 mai 2013
Chère Françoise Laborde,
En 1990, je vous aurais écrit afin de me battre pour que vive le vidéoclip College Boy d'Indochine.
En 1990, votre décision et celle de vos pairs aurait fait en sorte qu'il soit vu par des milliers de gens, ou qu'il sombre dans l'oubli, mort-né.
Vingt-trois ans plus tard, les plateformes de diffusion en ligne ont pu nous assurer, depuis jeudi dernier, un nombre de visionnages approchant le million.
En effet, l'Internet veillera à la survie de ce document produit non pas dans l'optique d'exploiter la violence de manière superficielle, mais bien dans celle de fournir à la jeunesse une œuvre à la fois réaliste et poétique, et qui puisse illustrer de manière graphique la brutalité dont ils sont tour à tour les dépositaires, instigateurs, ou témoins.
Vingt-trois ans plus tard, donc, la recommandation à laquelle vous vous apprêtez, davantage que de préserver l'imaginaire des jeunes, officialisera une posture sociologique sur les notions actuelles de censure, et sur l'inaptitude de l'adulte moderne à tolérer la mise en images des phénomènes sociaux dont il est directement ou indirectement responsable.
En entrevue au Grand Direct des Médias sur Europe1, vous affirmez que mon vidéoclip "montre des images dont la violence est insoutenable... [...] Il y en a assez de cette mode de la violence... La mort, ce n'est pas esthétique. La violence, ce n'est pas esthétique. La torture, ce n'est pas esthétique." À la lumière de vos commentaires, j'en déduis que vous me percevez comme un artiste à demi-conscient qui n'a pour seul moteur que la confection de son plus récent caprice, ne réalisant pas la teneur de son propos ni la portée de son geste. "On ne dénonce pas la violence en montrant de la violence" ajoutez-vous. Alors comment la dénonce-t-on? Comment la dénonce-t-on sinon par la démonstration par l'absurde? Qui peut ici se targuer d'avoir pu sensibiliser les générations précédentes à l'intolérance, l'agressivité et l'ostracisme? Vous? Dans l'optique où c'est ce que nous avons tenté de faire, censurer mon travail parce qu'il est violent fait montre d'une grande incompréhension de l'essence du vidéoclip, dont votre lecture se limite aux surfaces, mais plus largement de votre incompréhension du contexte social dans lequel vous œuvrez, et de l'incompatibilité de votre démarche avec cet espace-temps. En effet, Madame Laborde, vous arrivez à table pour le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard. Car qu'en est-il de tous ces films qui prennent l'affiche chaque vendredi et qui banalisent le geste violent depuis les quatre dernières décennies? S'il était un temps où vos logos prohibitifs et drapeaux jaunes suffisaient à limiter leur spectre délétère, votre devoir, aujourd'hui, en tant que membre du Conseil de l'audiovisuel supérieur de France, est de réinsérer les attributs de votre mandat dans la réalité actuelle telle que redéfinie par l'héritage de la technologie.
Or, cette technologie permet, en 2013, à n'importe quel enfant de visionner, à défaut de le voir en salles, la bande-annonce de n'importe quel film classé 18 ans et plus. Il pourra éventuellement en voir des extraits incrustés sur YouTube, Dailymotion, et enfin le télécharger une fois pour toutes sur AppleTV ou Netflix deux mois plus tard à peine, et sans autre forme de procès. Aujourd'hui, les limitations de la violence sont proportionnelles aux limites que l'espace virtuel nous propose: presque aucune.
Et qu'en est-il de tous ces vidéoclips issus de la culture nord-américaine du hip-hop? Se formalise-t-on encore de toute cette sexualisation de la jeunesse et de l'objectualisation de la femme? Les outrances du début du siècle ainsi que nos prises de position d'alors sont-elles encore aussi passionnées ou se sont-elles transformées en velléités de sanctions visant à justifier l'existence des bureaux de censure rendus désuets par l'autocratie du net? Tout le monde était scandalisé quand le clip Baby One More Time de Britney Spears est sorti en 1999. Je le revois aujourd'hui et suis persuadé que l'adolescent lambda se demanderait pourquoi Britney Spears porte autant de vêtements.
Devant l'inévitable démantèlement du goût et de la moralité, plusieurs actions sont envisageables, mais votre volonté d'interdire la diffusion de mon vidéoclip aux moins de 18 ans relève d'un geste plus automatique qu'il n'est véritablement réfléchi. Vouloir les priver de notre message est comme interdire à cette même jeunesse un documentaire sur le taux de suicide chez les mineurs. Vous pointez du doigt la violence promue par mon travail, sa stylisation et, enfin, son apologie, sans vous demandez si c'est ce que perçoit un enfant, alors que votre fonction se définit presque entièrement par votre capacité à l'analyse emphatique. À cet âge, chaque garçon et chaque fille décideront bientôt des hommes et des femmes qu'ils deviendront pour le reste de leur vie, et il faut désormais faire preuve d'imagination et d'audace pour savoir réellement imprimer leur esprit. J'aurais voulu, à cet âge, qu'on me dise tout le mal que je pouvais faire en insultant de manière incessante un camarade de classe, dans le but probable d'échapper moi-même aux brimades des autres, mais les brochures éducatives en papier glacé et les vidéos corporatifs sur l'intimidation passaient inaperçus dans la cour d'école où il fallait survivre à la meute.
Par ailleurs, la violence à laquelle les jeunes sont exposés en regardant mon clip n'est pas plus grande que la violence à laquelle ils sont exposés lorsqu'ils regardent les nouvelles françaises où des familles s'en prennent physiquement à des couples homosexuels manifestant pacifiquement, ou des nouvelles américaines où un enfant de cinq ans tue sa sœur avec une arme à feu, ou des nouvelles, encore, qui nous montrent de jeunes hommes et de jeunes femmes s'étant enlevé la vie au Texas, au terme de supplices continus et renouvelés. Ou enfin, bien sûr, des nouvelles où l'on nous montre Newton, Connecticut, avec en prime des interviews de parents dont le corps des enfants est encore tiède -le voyeurisme de l'information en direct n'est-il pas une forme de barbarie plus malsaine encore? Aucune violence n'est plus grande que la violence que l'on tolère par couardise, Madame Laborde, et le mutisme participe d'une violence semblable.
Depuis le 2 mai dernier, jour de sortie du vidéoclip, des dizaines de milliers de commentaires lisibles sur les réseaux sociaux attestent d'un accueil plus que favorable par les médias et le public, de jeunes victimes d'intimidation à leurs parents, en passant par des professeurs, des psychologues, ou d'anciens intimidés. Le vidéoclip est numéro un des ventes sur iTunes dans sa catégorie, et il a été jeudi dernier le numéro un des tweetos sur les twittosphères françaises et québécoises pendant plusieurs heures consécutives, un témoignage incontestable de la discussion qu'il suscite.
Paradoxalement, nos seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion, qui refusent de passer notre vidéoclip avant même d'avoir eu votre recommandation. Alors que c'est en vous, en eux que nous espérions les alliés les plus logiques, je constate qu'il existe au sein de vos groupes une culture de la lâcheté, presque instinctive, camouflée par une fausse outrance, une inclination sensationnaliste qui font d'eux, et de vous, des complices de la stagnation.
Oscar Wilde disait, dans un ordre d'idées approchant, que ce que l'art reflète en réalité, c'est le spectateur et non la vie. Or, ce qu'il reflète ici, de la part de ses censeurs, c'est soit le réflexe inquiet du bourreau démasqué, et qui ne peut, par culpabilité, tolérer une telle violence, ou celui, plus timoré, de ceux qui se bandent les yeux, le propre d'une société qui préfère générer des controverses plutôt que de régler les problèmes qui les provoquent.
Pour conclure, jamais il ne fût question de choquer volontairement, ou de provoquer un coup de marketing - dont ni Indochine ni moi n'avons besoin, soyons francs - ce que par ailleurs vous avez fait de votre propre chef en créant ce scandale imaginaire. Je ne pourrai, dans cette mesure, jamais assez vous remercier de l'exceptionnelle visibilité que vous avez donné à mon travail, bien qu'il soit dommage que cette polémique n'origine non pas de votre soutien, mais de votre refus de contrer la violence par l'action plutôt que par le silence.
Cordialement,
Xavier Dolan
Petite histoire du contrôle cinématographique aux États-Unis par Film School'D :
Jérôme Lachasse rapporte sur le site du figaro.fr, qu'un cinéma de la ville de Welwyn Garden, située dans la banlieue de Londres, a été contraint de retirer une affiche promotionnelle annonçant la sortie de Cinquante nuances de Grey (2015, Fifty Shades of Grey, Sam Taylor-Johnson ) le 14 février 2015 au Royaume-Uni. En effet, jugée trop suggestive par les autorités municipales, l'affiche présente une image tirée de la bande-annonce, montrant l'actrice Dakota Johnson « nue, en plein orgasme, les yeux bandés par un foulard de soie bleu, les bras écartés. » Indécent, le panneau a été immédiatement remplacé par l'affiche du dernier opus de la trilogie The Hobbit, de Peter Jackson.
Le film fera l’ouverture du festival de Berlin le 11 février prochain, le même jour que sa sortie en France, Belgique et Allemagne.
En panne d'imagination, Hollywood revisite les grands classiques du cinéma biblique à coups de remakes plus ou moins réussis et souvent contestés au sein des communautés religieuses du monde entier. Après la polémique engendrée par la sortie de Noé (Darren Aronofsky) en mars 2014, c'est au tour de Ridley Scott de rencontrer des difficultés avec Exodus: Gods and Kings déprogrammé des salles de cinéma en Égypte et au Maroc en raison « d'imprécisions historiques et religieuses ». « On m'a appelé pour me menacer de fermeture si jamais je ne déprogrammais pas ce film », a rapporté à l'AFP, l'exploitant d'un cinéma à Casablanca. Le centre cinématographique marocain (CCM) explique la décision d'interdiction d'exploitation du film pourtant tourné au Maroc, à Ouarzazate, avec un grand nombre de comédiens marocains : "Exodus personnifie Dieu à travers un enfant dans une scène où il communique la révélation à Moïse". « Un motif d’interdiction qui ne convainc pas tout le monde », commente Mustapha Elouizi sur le site libe.ma, le 30 décembre 2014. Sur son compte Facebook, le critique de cinéma marocain Mustapha Lalouani ne mâche pas ses mots : « Interdire ne signifie plus empêcher de voir, c’est (fort heureusement) impossible, et ça, les pays les plus avancés l’ont compris, s’interdisant désormais d’interdire, évitant ainsi de se couvrir de ridicule. Les autres pays sont restés prisonniers des schémas anciens, dans lesquels le public est un ''enfant'' qu’il faut protéger et éduquer », et d'ajouter : « Chez ces gens-là, l’acte d’interdire est une posture morale, voire une imposture morale. C’est une façade. On interdit pour que personne n’aille croire que l’on est d’accord. On interdit pour maintenir l’ordre moral, et l’ordre tout court. On interdit pour prolonger le règne (le rêve?) de la pensée unique, source de paresse intellectuelle mais de quiétude collective. On interdit parce que d’autres comme nous ont interdit ».
Alors que s'est-t-il passé au Maroc ? Youssef Roudaby sur le site telquel.ma raconte : « Lors du premier visionnage du film, qui a eu lieu le 19 décembre, Sarim Fassi Fihri affirme que « le représentant du ministère de la Communication a émis des réserves dans son rapport ». Le film est donc finalement approuvé mais interdit aux moins de 16 ans. Un deuxième visionnage a été réclamé par le représentant du ministère de la Communication et a eu lieu le vendredi 26 septembre qui lui « se terminera par une désapprobation unanime de la sortie du film ». Entre ces deux dates, le film est programmé dans les salles pour le 24 décembre, et le CCM se charge de contacter les exploitants afin d’attendre le deuxième visionnage.
En Égypte, le ministre de la Culture, Gaber Asfour, a tenu une conférence de presse le 26 décembre pour indiquer qu’il avait présidé la commission spéciale composée du directeur de la censure et d’historiens qui a refusé le film à l’unanimité : « Ridley Scott fait de Moïse et des juifs les bâtisseurs des pyramides, ce qui est en contradiction avec les faits historiques avérés », a expliqué M. Asfour, et d'ajouter : « Ce film est un film sioniste par excellence. »
Sur lemonde.fr, Emmanuelle Jardonnet précise : « Le film ne sera pas non plus projeté dans les cinémas des Emirats arabes unis, ont annoncé les autorités le 30 décembre : « Nous avons des réserves sur le film parce qu’il contient des erreurs religieuses et historiques », a affirmé à l’AFP Juma Obaid Al-Leem, directeur au National Media Council, autorité chargée d’approuver la sortie des films. « Le film montre que Moïse n’est pas un prophète, mais seulement un prédicateur de la paix », a dit ce responsable émirati. Il déplore que l’histoire du long-métrage contredise celle de la Bible et « personnifie [par ailleurs] des prophètes et Dieu ».
Charles Binick ajoute sur lefigaro.fr que cet été, « Ridley Scott avait expliqué qu'il souhaitait interpréter la scène de la séparation de la mer Rouge en deux comme un phénomène naturel, et non pas un miracle divin, ce qui n'a pas été du goût de certaines communautés religieuses. Puis Christian Bale, qui joue Moïse a décrit son personnage comme un schizophrène et un barbare ». Une communication assez mal maîtrisée par la 20th Century Fox pour un film au budget de 140 millions de dollars...
Rappelons enfin que la distribution « raciale » du film avait déjà provoqué une vague de contestations aux États-Unis, en juillet dernier.
Et si le piratage de Sony Pictures, la déprogrammation du film The Interview et la Corée du Nord pointée du doigt par le FBI étaient un coup monté par les Américains pour durcir le contrôle d'Internet aux États-Unis ? Telle est la théorie du complot développée par reflets.info et reprise par Guillaume Champeau le 20 décembre 2014 sur numerama.com : "Qui peut croire une seule seconde après y avoir réfléchi une seule minute que la Corée du Nord est derrière le piratage des serveurs de Sony Pictures ? [...] l'affirmation d'un rapport du FBI selon lequel la dictature communiste serait directement impliquée dans l'attaque subie par le studio de cinéma ne résiste pas à un examen sérieux des faits et des circonstances. [...] dépenser tant d'énergie et d'argent à un piratage qui n'aurait rien changé à la perception occidentale de la Corée du Nord [...] qui subit déjà un embargo. [...] Pour Sony, le pays communiste est l'excuse parfaite pour tenter de faire oublier ses propres responsabilités, immenses dans la mauvaise sécurisation de ses serveurs et ses pratiques de "sécurité" [...]. Pour les États-Unis, il semble que le piratage de Sony Pictures et l'accusation sur la Corée du Nord seront un levier parfait pour [...] obtenir de nouvelles mesures de contrôle sur Internet, à un moment où les acteurs du Web expriment leur volonté de tout chiffrer, et où l'ICANN s'apprête à prendre son indépendance." Après avoir condamner la censure du film, le Président américain laisse entendre qu'il est indispensable de contrôler la toile, pour le bien du pays : "Nous ne pouvons pas avoir une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer la censure ici aux États-Unis", et d'ajouter que cette affaire "montre le besoin de travailler avec la communauté internationale pour établir des règles très claires sur comment Internet et le cyber fonctionnent". Selon Guillaume Champeau, Barack Obama souhaite que "le Congrès adopte une loi qui obligera les entreprises privées à coopérer avec les autorités publiques pour traquer les pirates, ce qui supposera certainement d'abandonner au moins en partie le chiffrage complet des communications".
Après la réaction de la Maison Blanche et les cyberattaques des États-Unis contre les quelques internautes disposant d'un ordinateur en Corée du Nord, Sony annonce finalement la sortie du film dans les salles américaines et sur Internet à compter du 25 décembre 2014. Comme prévu initialement...
Selon une étude canadienne publiée le 16 décembre dernier, intitulée Cartoons Kill, de nombreux dessins animés destinés aux enfants devraient être interdits aux mineurs de 12 ans ou, pour le moins, faire l'objet d'un avertissement. Le British medical journal rapporte en effet que les films d'animation sont généralement beaucoup plus violents que les films pour adultes, entrainant les jeunes spectateurs dans « un foyer de mort et de destruction ». Et les statistiques sont implacables : « Les personnages principaux des dessins animés ont 2,5 fois plus de chance de mourir au cours de la projection que ceux des films pour adultes. Pis : le risque d’assister à un meurtre est 3 fois plus important. Quant aux parents des héros, ils succombent 5 fois plus souvent », précise Nathaniel Herzberg sur lemonde.fr. Ian Colman, professeur associé d’épidémiologie à l’université d’Ottawa et rédacteur de l'étude, nous apprend avoir eu l'idée de faire cette enquête après qu'une amie lui ait conseillé de sauter les cinq premières minutes du Monde de Nemo pour ne pas traumatiser ses enfants : « Effectivement, au bout de 4 minutes et 3 secondes, la mère du petit poisson était dévorée par un barracuda (mieux que dans Tarzan, version 1999, ou les léopards patientent 4 minutes et 8 secondes avant de dépecer les parents du héros) », ajoute le journaliste. Le chercheur canadien met Walt Disney au pilori, ses œuvres multipliant les meurtres et les assassinats à l'envi depuis Blanche-Neige (1937) « quand la sorcière poursuivie par les sept nains, est frappée par un éclair, précipitée du haut d’une falaise et écrasée par rocher ». La mort frappe régulièrement les personnages principaux dans 2/3 des dessins animés contre la 1/2 des films pour adultes : « En haut du palmarès trônent ainsi les attaques de bêtes féroces (5 dont Le monde de Némo et Tarzan), les meurtres par armes à feu (Bambi, Pocahontas, Peter Pan), ou par armes blanches (La Petite sirène, La Belle au bois dormant). Sur le blog Le cinéma est politique, Paul Rigouste va plus loin, affirmant que les films d'animation, notamment ceux de Disney, « occultent les violences masculines intrafamiliales », en particulier celles des pères sur leurs filles : « si certains d’entre eux nient tout bonnement l’existence de la violence des pères sur leurs enfants en attribuant exclusivement cette violence à la mère (Raiponce ou Rebelle) », d'autres font passer le comportement abusif du père pour une conséquence de l’amour qu’il porte à sa fille et du souci qu’il se fait pour elle, tels Aladdin, L’âge de glace 4, Hôtel Transylvanie, ou encore Les Croods. Pas si anodin, tout cela...
Au mois de juin dernier, nous évoquions sur ce blog les menaces proférées à l’encontre du film de Seth Rogen et James Franco, The Interview, racontant l'histoire de deux journalistes américains tentant d'assassiner Kim-Jong-Un. Exigeant alors son interdiction immédiate sous peine de représailles, assimilant la comédie à "un acte de guerre intolérable", le dictateur nord-coréen en était resté là.
Pourtant, Carole Boinet des Inrocks nous apprend aujourd'hui sur son site, que la Première du film, programmée "mardi 16 décembre dans un cinéma de Manhattan (New York), a été annulée et la promo abandonnée. Dans le même temps, les actions de certaines grosses chaînes de cinémas américains (AMC, Regal, Cinemark et Carmike) se sont écroulées, poussant la chaîne d'exploitation Carmike à décider de ne pas projeter le film dans ses 278 salles réparties dans 41 États".
Une décision prise après que des hackers s'en soient directement pris au film sur Internet, en menaçant les spectateurs qui iraient le voir en salles :
1. On vous montrera clairement, là où The Interview sera diffusé, ainsi qu’à la première du film, à quelle fin tragique sont destinés ceux qui ne prennent pas notre terreur au sérieux ;
2. Bientôt, le monde entier verra quel horrible film a fait Sony Pictures Entertainment ;
3. Le monde sera terrifié ;
4. Rappelez-vous du 11 septembre 2001 ;
5. Nous vous conseillons de garder vos distances avec les endroits où le film sera diffusé (si votre maison est à proximité, vous feriez mieux de partir) ;
6. Tout ce qui pourrait survenir dans les prochains jours sera la conséquence de la cupidité de Sony Pictures ;
7. Le monde entier dénoncera Sony.
Darkness Fanzine apporte quelques précision sur le site de 20 minutes.
Selon une information du Washington Post reprise par Le Figaro le 13 novembre dernier, les forces armées turques auraient interdit la diffusion de films ou de spectacles mettant en scène « l'exploitation sexuelle, la pornographie, l'exhibitionnisme, l'abus, le harcèlement et les comportements négatifs » au sein des écoles militaires pour protéger les étudiants parfois mineurs, en citant comme exemple la série Game of Thrones produite par HBO. Une série américaine déjà vilipendée par les autorités chinoises - comme nous vous le rapportions sur ce blog en mai dernier - celles-ci ayant déjà très lourdement censuré sa diffusion sur la chaîne CCTV, au point de faire dire cette semaine à Elena Brunet sur le site de L'Obs, que la version diffusée ressemblait dorénavant à un « documentaire sur les châteaux médiévaux européens ». Malheureusement pour les spectateurs chinois qui espéraient une diffusion intégrale sur les sites légaux de téléchargement et de streaming, le gouvernement a également imposé le respect de la censure d'État aux éditeurs et hébergeurs sous peine de sanctions : « Les sites Internet sont désormais tenus de surveiller le contenu des programmes avant leur diffusion, en employant des censeurs approuvés par le régime. Et les contrevenants s'exposent à des sanctions allant de l'interdiction de diffuser jusqu'à des peines d'emprisonnement. En septembre, une ultime injonction aux opérateurs vise spécifiquement les programmes étrangers qui devront être intégralement validés. »
L'Obs s'est amusé à comparer quelques épisodes de Game of Thrones dans leurs versions originales et censurées :
Selon une information du Washington Post reprise par Le Figaro le 13 novembre dernier, les forces armées turques auraient interdit la diffusion de films ou de spectacles mettant en scène « l'exploitation sexuelle, la pornographie, l'exhibitionnisme, l'abus, le harcèlement et les comportements négatifs » au sein des écoles militaires pour protéger les étudiants parfois mineurs, en citant comme exemple la série Game of Thrones produite par HBO. Une série américaine déjà vilipendée par les autorités chinoises - comme nous vous le rapportions sur ce blog en mai dernier - celles-ci ayant déjà très lourdement censuré sa diffusion sur la chaîne CCTV, au point de faire dire cette semaine à Elena Brunet sur le site de L'Obs, que la version diffusée ressemblait dorénavant à un « documentaire sur les châteaux médiévaux européens ». Malheureusement pour les spectateurs chinois qui espéraient une diffusion intégrale sur les sites légaux de téléchargement et de streaming, le gouvernement a également imposé le respect de la censure d'État aux éditeurs et hébergeurs sous peine de sanctions : « Les sites Internet sont désormais tenus de surveiller le contenu des programmes avant leur diffusion, en employant des censeurs approuvés par le régime. Et les contrevenants s'exposent à des sanctions allant de l'interdiction de diffuser jusqu'à des peines d'emprisonnement. En septembre, une ultime injonction aux opérateurs vise spécifiquement les programmes étrangers qui devront être intégralement validés. »
L'Obs s'est amusé à comparer quelques épisodes de Game of Thrones dans leurs versions originales et censurées :
Alors que le Sénat américain s'apprête à rendre public un rapport sur le programme secret utilisé par la CIA pour interroger des « militants présumés » d'Al-Qaida après le 11 septembre, livrant des détails sur la simulation de noyade ou la privation de sommeil, on ne peut s'empêcher de penser à la polémique engendrée l'année dernière par la sortie du film Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow, 2012), dont certains laissaient entendre que le scénario aurait pu être soufflé par la CIA. Une commission d'enquête parlementaire avait même cherché à découvrir les liens éventuels entre la réalisatrice et l'agence de renseignement avant d'abandonner ses investigations : « Les sénateurs Dianne Feinstein, John MCain et Carl Levin voulaient savoir si la CIA est responsable du message présumé du long-métrage sur la torture. Ils reprochent aux auteurs de Zero Dark Thirty de laisser penser que ce sont les méthodes d'interrogation musclées de l'agence - sous l'ère Bush - qui ont permis de trouver le chef d'Al-Qaïda. Leur propre enquête de parlementaires ont montré qu'elles n'ont joué aucun rôle, mais le film indique le contraire et la CIA est ambiguë sur la question », expliquait alors Mathilde Cesbron dans l'édition du Figaro du 26 février 2013. A l'époque, Kathryn Bigelow se justifiait : « C'est de la fiction, pas un documentaire. Nous essayons seulement de dire que la technique du waterboarding [méthode de torture impliquant une simulation de noyade] et autres font partie du programme de la CIA. »
Après avoir d'abord nié l'existence d'un programme secret, le Congrès semble désormais l'admettre officiellement en rendant public un rapport embarrassant. Une situation que la CIA aurait donc anticipé en encourageant Hollywood à évoquer l'emploi de la torture pour lutter contre le terrorisme et ce, afin de préparer l'opinion américaine en banalisant [justifiant] de tels actes au cinéma. Dans son ouvrage Mythes et idéologie du cinéma américain (Vendémiaire, 2012), Laurent Atkin parlait déjà d'une manipulation similaire par l'administration Bush : « Au printemps de l'année 2004 sont révélées les photographies de la prison d'Abou Ghraib, qui mettent en évidence les sévices infligés aux prisonniers irakiens par certains soldats américains. […] Au même moment, sans rapport direct de cause à effet, un petit film tordu fait son apparition […] il s'agit de Saw, réalisé par James Wan […]. Deux hommes se réveillent enchaînés dans une salle de bain sordide […]. Par un magnétophone, ils reçoivent des instructions : l'un doit tuer l'autre s'il veut sortir vivant. […] Saw vient à point. Le film libère soudain le refoulé et, en même temps, sert de catharsis à un traumatisme collectif. »
Tripailles et boudin ? On coupe !
Si Hershell Gordon Lewis est vraisemblablement le père du slasher moderne – le sang rouge vif de Blood Feast (1963) ayant traumatisé plusieurs générations de cinéphiles – Luis Buñuel et Salvador Dali sont les aïeuls du gros plan qui dérange. L'ouverture de l’œil de Simone Mareuil au rasoir dans Un chien andalou (1929) est, à ce titre, l'une des scènes les plus gore de l'histoire du cinéma.
Le 15ème numéro de Darkness vous propose d'explorer un genre outrancier, où la démesure et le Grand-Guignol côtoient parfois le chirurgical et l'esthétique anatomique. De Lucio Fulci à Paul Verhoeven, d'Akira Kurozawa à David Cronenberg, douze auteurs lèveront une partie du linceul posé sur un sous-genre cinématographique très décrié, lequel se répand désormais, épais et encore tiède, sur de nombreuses séries télévisées offertes aux spectateurs. La popularisation d'une mise à nu viscérale que les pouvoirs publics s'efforcent de soustraire au regard des plus vulnérables.
Édité par SIN’ART depuis 2010, Darkness sera disponible d'ici à Noël, directement sur le site de l’association mais aussi en dépôt-vente dans certaines librairies partenaires, en France et à l’étranger.
Pour le moment, il est d'ores et déjà possible de le réserver en ligne :
Selon une information diffusée par The Hollywood Reporter et reprise aujourd'hui sur le site focus.levif.be, le réalisateur Guillermo Del Toro aurait menacé de mettre fin à sa collaboration avec Warner Bros (Pacific Rim) pour protester contre "la censure" du film The Devils par le studio américain qui refuse toujours de sortir la version intégrale du film de Ken Russell en DVD aux États-Unis : « Il y a des personnes chez Warner qui ne veulent pas que certains films soient vus », aurait-il affirmé.
Dans son article, Tanguy Labrador Ruiz nous rappelle utilement que le film de Russell est l'adaptation du livre The Devils of Loudun, d'Aldous Huxley, qui raconte « la passion brûlante subie par la grande prêtresse de l'ordre des Ursulines (Vanessa Redgrave) pour l'abbé Urbain Grandier (Oliver Reed), figure charismatique et controversée qui enchaîne les liaisons avec ses ferventes admiratrices tout en régnant sur Loudun, une agglomération fortifiée convoitée par le cardinal Richelieu, qui étend alors son pouvoir à l'ensemble du pays. Tensions politiques et sexuelles se mélangent dans ce film à l'esthétique brutale et troublante, tout en évoquant les aléas de la mystique, de la religion et de ses dérives , au travers d'un portrait au vitriol de ses pratiques ».
Très décrié lors de sa sortie en salles en 1971 en raison de sa vision sensuelle et violente de l'église catholique, le film n'a jamais été distribué dans sa version intégrale de 117 mn. Les seuls DVD disponibles sur le marché ont été édités par Warner Bros Home Video en Espagne en 2010 (version US theatrical cut de 109 mn) et au Royaume-Uni en 2008 (version UK theatrical cut de 111 mn) et 2012 (version de 111 mn éditée par le British Film Institute).
En France, The Devils est interdit aux moins de 16 ans et n'a pas été distribué.
« dangerous behaviour, mild threat, innuendo, infrequent mild bad language » En classant le film Paddington (Paul King, 2014) « PG » (Parental Guidance, autrement dit le film est laissé à l'appréciation des parents sachant qu'il est susceptible de perturber des enfants de moins de 8 ans), le Bureau britannique de classification des films (BBFC) vient de provoquer l'indignation de Michael Bond, le créateur du célèbre ours anglais de la littérature enfantine. Le BBFC justifie sa décision, expliquant avoir décelé « de légères références sexuelles » dans une scène comique au cours de laquelle Mister Brown, le père de famille qui accueille l'ourson chez lui à Londres, est déguisé en femme et se fait draguer par un autre homme ! Plus encore, le BBFC aurait également identifié des « comportements dangereux » – notamment lorsque l'ours se cache dans un réfrigérateur ou fait du skate-board derrière un bus – et même de « légères menaces » pour la scène durant laquelle Paddington est poursuivi par une taxidermiste (Nicole Kidman) qui veut le transformer... en trophée ! Et je ne parle pas des écarts de langage...
Après que sa décision ait suscité une vague de protestations dans tout le pays, le BBFC, tout en confirmant la classification « PG », a néanmoins accepté de requalifier la mention « légères références sexuelles » en « simples insinuations sexuelles ».
Hugh Bonneville, qui incarne Mister Brown dans le film, a affirmé avec humour dans une déclaration faite à la BBC, et reprise par l'AFP, que « le seul danger était qu'ils [les enfants] fassent pipi de rire dans leur culotte ». Le film, qui sera projeté en salles sous très haute surveillance au Royaume-Uni le 28 novembre prochain, sortira en France, une semaine plus tard, sans que l'on connaisse encore sa classification. On croise les doigts !
Du 1er au 7 décembre 2014, Canal+ Cinéma a choisi de s’interroger sur la représentation du sexe au cinéma. Les films Don Jon, Lovelace, Nymphomaniac Volume 1, La Vie d'Adèle Chapitres 1 & 2, L'Inconnu du lac, Dr Kinsey et Mes séances de lutte seront ainsi proposés par Frédéric Beigbeder qui présentera chaque film.
Un documentaire inédit de Svetlana Klinyshkova et Nicolas Maupied intitulé Et pour les scènes de cul… on fait comment ? (diffusion le 1er décembre à 22h25 et rediffusions le jeudi 4 décembre à 23h40, le dimanche 7 décembre à 00h30 et le lundi 15 décembre à 2h50) complètera la programmation.
Le BlogTVNews nous apprend à ce propos que : « Svetlana Klinyshkova et Nicolas Maupied sont allés à la rencontre de Philippe Rouyer, critique de cinéma, John B.Root, producteur de porno, Catherine Breillat et Gaspard Noé, réalisateurs chevronnés dont le sexe est le sujet de prédilection, ou encore des actrices Marina Foís, Caroline Ducey et l’actrice/réalisatrice de X Ovidie pour interroger la place du sexe dans le cinéma. De la diversité des intervenants aux points de vus tranchés et assumés sur le sujet émane toute la richesse de leur documentaire. Au fil de ces témoignages, plusieurs thèmes et controverses sont abordés tels le rapport des acteurs/actrices avec les scènes de sexe, la notion de naturalisme, la censure et classification des films, la différence entre pornographie et cinéma traditionnel… Bref, comment et dans quel but écrire, tourner, interpréter et produire une ‘’scène de cul’’ pour un film dit ‘’tradi’’ dans la société française actuelle. »
Selon une information relayée le 18 novembre 2014 par le site Première, la sortie du film Hunger Games 3 : La Révolte (partie 1), qui devait initialement être projeté dans les salles chinoises cette semaine, vient d'être repoussée à l'année prochaine. Officiellement, les distributeurs doivent respecter un quota de films comme nous l'avons déjà exposé sur ce blog à plusieurs reprises. Officieusement, on s'interroge pour savoir si le thème de « la révolte » développé dans cet épisode ne gène pas les autorités du pays même si les premiers opus sont sortis en Chine sans censure ou presque : « 7 secondes de plans sanglants du premier volet ont été coupés pour pouvoir conserver une interdiction aux moins de 12 ans seulement (un choix également fait par le comité de censure britannique) ».
La sortie du film en Thaïlande, le 20 novembre dernier à Bangkok, a donné lieu à des interpellations d'étudiants devant les cinémas. Après avoir rappelé que ces derniers avaient fait du salut des rebelles de la saga pour adolescents un symbole de résistance depuis le coup d’état militaire de mai, l'AFP précise que l'armée a parfois annulé la diffusion du film par crainte d'incidents.
Albert Montagne ayant relayé l'information très rapidement sur son Blog Censorial, il ne nous reste plus qu'à reproduire, tête basse, sa brève très complète :
Jean-Pierre Mocky, le cinéaste contestataire qui tourne sans cesse, dénonce aujourd'hui sur Le Huffington Post la censure de Calomnies, son tout dernier film, Le projet du film, d'abord présenté à France 2, semble accepté mais est finalement refusé en période préélectorale : "France 2 ne pouvait pas faire un film sur la calomnie alors que la présidentielle approchait". Mocky réalise donc le film seul en 2013 avec quelques acteurs sympathisants - tourner bénévolement avec Mocky est à la fois une expérience et un honneur - dont Guy Marchand, Marius Colucci, Agnès Soral, Philippe Duquesne... Le film, terminé, est présenté dans des galas en province et à la Cinémathèque de Paris. Il sort ce mois-ci sans publicité, faute de moyens, dans trois salles (dont le Studio Christine de Mocky). Le réalisateur dénonce une seconde censure : "le film est en plein dans l'actualité (Copé, Fillon des députés à transparence douteuse...), personne ne répond à nos mails, ni la presse, ni les médias. Bouche cousue, faut pas que le public, les veaux comme ils les appellent, soient interpellés par le film". Vraie ou fausse censure politique ? Calomnie ou pas ? Ce serait le comble ! Stéphane Bern (RTL) en a pourtant bien parlé, comme Laure Adler (France culture)
L'Orient, le jour rapporte aujourd'hui que le documentaire iranien The Silent Majority Speaks (Bani Khoshnoudi, 2010), évoquant les manifestations populaire qui ont suivi la réélection du Président Ahmadinejad en 2009, qui devait être projeté ce dimanche 16 novembre à Beyrouth dans le cadre de la deuxième édition du festival Cultural Resistance, a finalement été interdit au Liban par le Comité de censure (lié aux services de la Sûreté générale) pour offense à un pays étranger. « C'est un film artistique et non militant. Rien ne justifie son interdiction, car il relate d'une manière artistique des événements qui ont eu lieu [...] et vise à établir un dialogue », a immédiatement réagi Jocelyne Saab, la directrice du festival, et d'ajouter : « Le but du festival est de parler des problèmes des pays », considérant que cette interdiction constituait une véritable « atteinte à la culture et au dialogue ».
Le rapport de la Commission française de classification des œuvres cinématographiques a enfin été publié ! Rendez-vous compte, cinq ans qu'on l'attendait ! Depuis 2003, le président de la Commission est pourtant tenu de remettre au ministre de la Culture un rapport d'activité dans les six mois précédant l'échéance de son mandat. Or, l'avant-dernier rapport, le troisième, a été publié en décembre 2010 pour la période 2007-2009 et depuis... plus rien !
Si ce quatrième rapport aurait dû être édité dès 2013, pour la période 2010-2012, la nomination de trois présidents successifs, entre 2010 et 2012, a repoussé la date de sa publication. Du coup, le rapport mis en ligne cette semaine couvre la période 2010-2012, qui correspond au mandat d'Edmond Honorat. Il faudra donc attendre 2016 pour connaître les dessous de l'affaire Nymphomaniac puisque Jean-François Mary, l'actuel président de la Commission, a été nommé en août 2012. Un mandat qui devrait courir jusqu'à la fin de l'année 2015 au moins.
Alors que dit ce rapport ?
Après avoir expliqué que la France ne classe pas les films en respectant un quelconque barème, la Commission affirme que son travail consiste d'abord à protéger les mineurs, conciliant cette obligation avec la liberté d'expression des cinéastes. Elle précise en outre que si les mineurs doivent être protégés en tant que spectateurs, ils doivent l'être aussi lorsqu'ils sont acteurs. Jean-François Mary fait référence à l'affaire Ken Park (Larry Clark, 2003), pour laquelle il était à l'époque rapporteur public au Conseil d’État, mais aussi aux difficultés soulevées par le film Clip (Maja Milos, 2013) même si cette affaire n'est pas évoquée dans le bilan d'activité, puisque postérieure à 2012. Sans doute ces arguments préparent-ils déjà ceux du rapport à venir.
Beaucoup de films français interdits aux moins de 16 ans.
Les 215 pages du rapport – dont 150 pages d'annexes – nous révèlent que huit longs métrages ont été réexaminés par la Commission à la demande des distributeurs. Ainsi, malgré une seconde projection devant l'assemblée plénière, l'interdiction aux moins de 16 ans décidée pour La Meute (Franck Richard, 2010) a été maintenue en raison de « scènes d'une très grande violence (humiliation, torture) ». On découvre aussi que, malgré la présentation d'une version édulcorée, la Commission a décidé de conserver l'interdiction aux mineurs de 12 ans pour Captive (Brillante Mendoza, 2012) jugeant que, « bien que la scène de décapitation soit raccourcie, plus suggérée que montrée, l'intensité de la violence physique et psychologique du film » nécessitait une telle restriction. Le rapport nous apprend que Chroniques sexuelles d'une famille ordinaire (Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, 2011) dispose de deux niveaux de classification avec une version longue, dite « sexuelle », interdite aux moins de 16 ans, et une version courte, dite « sensuelle », interdite aux mineurs de 12 ans raccourcie de 4 minutes de scènes de sexe explicites par son distributeur.
Les films français plus sévèrement classés que les films américains.
89 % des 3 928 films examinés par la Commission entre 2010 et 2012 ont été classés « tous publics ». Sur les 42 longs et courts métrages interdits aux moins de 16 ans sur la période, aucun n'a dépassé les 100 000 entrées au cours de la première semaine d'exploitation si l'on excepte Le Dernier exorcisme avec 269 260 entrées pour 196 copies. Seuls deux autres films, distribués avec plus de 100 copies la première semaine, ont fait autour de 10 000 entrées : Maniac (9 471 entrées avec 131 copies) et The Raid (10 104 entrées avec 104 copies). Notons la performance de The Theatre Bizarre qui a enregistré 1 756 entrées la première semaine avec une seule copie (24 fois mieux que Maniac à comparaison égale), le meilleur score comptabilisé au box office pour un film interdit aux mineurs de 16 ans.
Les 19 films français interdits aux moins de 16 ans entre 2010 et 2012 ont été distribués en France avec en moyenne 13,6 copies par film (en excluant Maniac) quand, dans le même temps, les productions françaises classées « tous publics » ont bénéficié de plus de 400 copies. En outre, le rapport précise que « sur les 346 films visionnés en assemblée plénière durant le mandat [...], les longs métrages soumis à des interdictions aux mineurs de moins de 16 ans et plus, ont été majoritairement des films français et étrangers non américains (35 contre 3 pour les américains). […] sans doute le cinéma américain évite-t-il de produire des films risquant d'être classifiés moins de 16 ans. » Un constat que nous faisons assez régulièrement sur ce site.
Entre 2010 et 2012, la Commission a également interdit deux longs et un court métrages aux moins de 18 ans : Dirty Diaries (collectif, 2010), Il n'y a pas de rapport sexuel (Raphaël Siboni, 2011) et Little Gay (Antony Hickling) pour des scènes de sexe non simulées.
Notons enfin que la Commission conclut son rapport d'activité en faisant quelques propositions dont la suppression de l'interdiction aux moins de 12 ans, la réinstauration de l'interdiction aux mineurs de 13 ans et la création de l'interdiction aux moins de 10 ans.
Hercule contre Hermès (Mohamed Ulad, 2014) est un documentaire qui raconte l'histoire étonnante d'Abdeslam El Mektiri, surnommé Hercule, aîné d'une fratrie de huit frères et sœurs, vivant avec toute sa famille sur un terrain qui jouxte une plage de 10 kilomètres, tout près d'Asilah, un village situé au Sud de Tanger. Ils y cultivent la terre, vivent de la pêche, de l'élevage, et des revenus tirés d'une paillote dressée chaque été sur la plage. Leur unique voisin, Patrick Guerrand-Hermès, l'un des héritiers du célèbre groupe de luxe français, a progressivement acquis les terrains environnants pour y développer un important projet immobilier.
Aujourd'hui, le petit lopin de terre d'Hercule se retrouve encerclé par la propriété de son voisin. « Au début, Hermès a commencé de façon gentille, il m'a même engagé, et puis on s'est aperçus que c'était pour nous pousser à vendre », raconte-t-il à Isabelle Mandraud dans un article du Monde daté du 5 juillet 2011. « Les relations se sont peu à peu dégradées. La famille s'est braquée, refusant tout droit de passage sur son terrain à leur voisin. Le ton est monté, jusqu'à ce jour de 2008, où les gendarmes, accompagnés d'un huissier et de quelques employés d'Hermès, ont grimpé la côte jusqu'à la demeure. […] Rachida, qui ne voulait pas laisser entrer la délégation, s'est défendue. Elle a été embarquée, et condamnée à deux mois de prison pour "outrages à agents". […] Deux jours avant la sortie de prison de sa mère, c'est au tour d'Hercule d'être placé sous les verrous : six mois fermes, après qu'il se fut bagarré avec ceux qu'il nomme les "mercenaires d'Hermès" revenus à la charge. »
Harper's Magazine a révélé dans son numéro d'octobre 2014, que le distributeur américain ITVS, qui devait financer le film à hauteur de 100 000 dollars, s'était finalement retiré du projet au dernier moment. En mars 2013, M. Guerrand-Hermès a obtenu du tribunal de grande instance de Paris que certaines scènes soient floutées lors de la diffusion du documentaire sur Arte. En novembre 2013, la chaîne de télévision publique marocaine 2M et le réalisateur Mohamed Ulad sont condamnés à verser plus de 7 000 euros de dommages-intérêts à Patrick Guerrand-Hermès pour atteinte au respect de sa vie privée et à l'image de ses biens.
Hercule contre Hermès, produit par Nicolas Namur (Ephipène Films) pour Arte, vient de recevoir le Trophée francophone du Meilleur documentaire 2014.
Réalisé par le jeune Lucas Morales (19 ans) pour quelques milliers d'euros, Confession d'une nuit rouge raconte l'histoire de deux jeunes femmes (dont Magalie Vaé, gagnante de l'émission télévisée Star Academy en 2005) confrontées à Roberto Klertz, un tueur en série évadé de prison sévissant déguisé... en clown !
Et c'est bien là tout le problème, car selon une information publiée le 31 octobre dernier sur le site voici.fr, les quelques exploitants de salles initialement disposés à programmer ce petit film indépendant (Atlantik Production), le 14 novembre prochain, auraient finalement renoncé à le faire, découragés par le risque de troubles à l'ordre public engendré par l'actualité des clowns maléfiques terrorisant les passants, partout en France, depuis plusieurs semaines.
La bande-annonce :
Selon une information reprise par Jean-Baptiste Herment sur le site de Mad Movies, le récent Blu-ray de Frissons (Shivers, 1976) proposerait une version légèrement raccourcie du film de David Cronenberg, le master étant apparemment issu d’une copie américaine expurgée de 25 secondes de gore pour ne pas écoper d’une classification X à l’époque de sa sortie en salles. Arrow Films, l'éditeur anglais de l'objet du litige - au visuel très laid soit-dit en passant - prétend ne pas être au courant d’autant plus que le transfert aurait été approuvé par le réalisateur lui-même : « Nous ne savons pas pourquoi des bouts de Frissons ont été raccourcis bien qu’il ne nous semble pas qu’il s’agisse d’un acte de censure puisque d’autres scènes similaires auraient alors posé problème » explique Arrow dans un communiqué de presse, et d'ajouter : « Peut-être que Cronenberg a décidé de couper ces passages pour des raisons de qualité technique même si ce n’est que de la spéculation de notre part. Contrairement à beaucoup de nos parutions, nous n’avons pas suivi la restauration du film donc nous devons interroger ceux qui s’en sont chargés. Nous espérons avoir des réponses bientôt. » Aux puristes de faire les commentaires qui s'imposent...
Rappel des différentes classifications du film au Royaume-Uni, avec la durée :
Censure ou « simple » problème de financement pour un film engagé ?
L'Apôtre, de Cheyenne-Marie Carron, raconte l'histoire d'Akim, un jeune musulman qui se destine, avec son frère Youssef, à devenir imam. Alors que la sœur d'un prêtre catholique de son quartier est assassinée par un voisin, ce prêtre décide de continuer à vivre auprès de la famille de l'assassin, car il sent que cela les aide à vivre. Interpellé par cet acte de charité, Akim s'engage dans un chemin de conversion au christianisme, qui va l'opposer à son frère et à l'ensemble de sa communauté.
Réalisé en 2014 avec un budget d'environ 300 000 euros, le projet est refusé par le centre national de la cinématographie (CNC) qui ne souhaite pas participer à son financement. Pas de distributeurs non plus ni d'exploitants de salles si l'on excepte Le Lincoln et le 7 Parnassiens à Paris. Interrogée par Le Figaro le 6 octobre dernier, la réalisatrice explique : « Je ne me suis pas souciée de savoir si le sujet était sensible ou pas. J'ai voulu rendre hommage à un prêtre que j'ai connu dans mon enfance. Lorsque j'avais 19 ans, sa sœur a été tuée par le fils de ses voisins, il s'agissait d'une famille musulmane. J'ai été témoin que ce prêtre a voulu rester vivre auprès des parents dont le fils avait tué sa sœur, “pour les aider à vivre” disait-il. Cet acte de Charité ma touché, et j'ai voulu en faire un film. Ensuite, je me suis inspiré du parcourt d'un converti de l'Islam qui fréquente la même église que moi. » L'Apôtre est son cinquième long métrage, après Ecorchés (2005), Extase (2009), Ne nous soumets pas à la tentation (2010) et La Pille publique (2013). Des films abordant tous, de près ou de loin, la religion catholique.
Des difficultés qui ne sont pas sans rappeler celles de Nathalie Sarraco, en 2011, pour son film La Mante religieuse qui raconte l’histoire de Jézébel, une jeune femme perverse, droguée et bisexuelle, qui décide de repousser les limites du vice en séduisant un curé avant, finalement, de se tourner vers la religion. Un long métrage sur la Foi qui s'inspire fortement de l'expérience de la réalisatrice après un grave accident de voiture, comme elle le confiait au Nouvel Observateur en juin dernier : « Je me suis retrouvée face au Sacré-Cœur de Jésus. Et je souffrais pour lui, avec sa couronne d’épines et ses larmes. Je lui ai demandé aussitôt “Seigneur, pourquoi pleures-tu ?” Et Il m’a répondu : “Je pleure parce que vous êtes mes enfants chéris, j’ai donné ma vie pour vous tous, je ne sais plus quoi faire parce que vous me répondez par la froideur, le mépris, et l’indifférence.” Il se sentait rejeté par ceux qu’il aimait, Il mendiait notre amour. J’ai aussitôt répondu que ce serait dommage pour moi de rendre l’âme, parce que j’aimerais revenir sur Terre pour lui rendre son amour. Et je suis revenue dans mon corps, et j’ai pu me rétablir. » La réalisation du film lui a ensuite paru être une évidence pour faire passer son message. Là encore, une oeuvre au sujet très engagé, difficile à financer et à distribuer.
Même si les deux réalisatrices se défendent de faire du prosélytisme, préférant crier à la censure, L'Apôtre et La Mante religieuse posent un vrai problème. Celui de la fabrication et de l'exploitation de ce type de films : « Je n’ai pas trouvé de distributeur pour ce film car le sujet faisait peur. Alors, avec mon film sous le bras, je suis allée frapper à la porte d’un cinéma parisien qui soutient mon travail depuis toujours, Le Lincoln, qui l’a accepté. », déclare Cheyenne-Marie Carron et d'ajouter dans un entretien donné le 14 octobre : « Nathalie Saracco a su lever beaucoup plus de fonds que moi ! D’ailleurs, je n’ai pas encore vu son film. Effectivement, il est difficile d’obtenir le soutien des institutions nationales pour un cinéma chrétien. Mais ce qui compte, c’est que ce cinéma existe, envers et contre tous. » L'Apôtre sera financé par un investisseur privé : « Un jour, en marchant dans la rue, j'ai vu la couverture du magazine Challenge, avec le classement des personnes les plus riches de France, raconte-t-elle. J'ai acheté le magazine, j'ai pris les dix premiers sur la liste. Et j'ai écrit la même lettre à tous en leur expliquant avoir besoin d'un peu d'argent pour faire un film. Huit mois après, j'avais l'argent. »
Sur le même sujet, lire : La fausse rumeur de censure de Cristeros en France
Les 12 millions d'entrées comptabilisées en France depuis la sortie de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu (Philippe de Chauveron, 2014) et le succès grandissant de la comédie exportée un peu partout en Europe, ne devraient pas suffire à en autoriser une exploitation aux États-Unis ou au Royaume-Uni, l'humour « racial » à la française étant généralement jugé « politiquement incorrect » dans l'esprit des spectateurs de culture anglo-américaine. Directrice internationale des ventes chez TF1, Sabine Chemaly confirme sur lepoint.fr, que « dans ces pays, on ne sait pas rire des différences, on vit avec, mais on n'accepte pas la caricature sur le sujet, même avec ce recul qu'apporte la comédie. »
Une objection comparable à celle déjà formulée à l'endroit du film Intouchables (Éric Toledano et Olivier Nakache) en 2011. Le journal Variety écrivait à l'époque : « Bien qu'ils ne soient pas connus pour leur subtilité, les co-réalisateurs et co-scénaristes [...] n'ont jamais produit un film aussi choquant qu'Intouchables, qui met en avant un racisme digne de l'Oncle Tom qui, on l'espère, a définitivement disparu des écrans américains. La Weinstein Company, qui a acquis les droits du film pour un remake américain, va devoir procéder à une réécriture en profondeur pour rendre cette comédie potable », et d'ajouter, exemple à l'appui : « un jeune de banlieue découvrant la "culture" auprès d'un riche. [...] Driss n'est traité que comme le singe d'un spectacle de cirque, avec tout ce que cela comporte comme connotations racistes, expliquant au blanc coincé comment s'amuser en remplaçant Vivaldi par "Boogie Wonderland" et lui montrant comment bouger sur le dancefloor. [...] Ce rôle n'est pas bien loin du cliché de l'esclave d'antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race. [...] Le pire, c'est quand Driss enfile un costume et que Magalie (la secrétaire du riche paraplégique) lui dit qu'il ressemble au président Obama, comme si le seul black en costard ne pouvait être que le président. »
A la suite de débordements, le site Métronews nous apprend que le film d'horreur Annabelle (2014), projeté en salles depuis mercredi dernier, a été déprogrammé du cinéma Les 3 Palmes, situé dans le quartier de la Valentine, à Marseille. Dans le même temps et toujours à Marseille, le cinéma du Prado a décidé de ne pas mettre à l'affiche le film de John R. Leonetti, officiellement « pour des raisons techniques », même si en réalité la direction du cinéma précise ne plus vouloir diffuser ce genre de films qui attire invariablement « une clientèle de jeunes pas facile ». Sur son blog censorial, Albert Montagne ajoute que le film a également été retiré d'un cinéma à Strasbourg et d'un autre à Montpellier. Rappelons qu'en novembre 2012, la projection de Paranormal Activity 4 avait engendré des incidents dans plusieurs cinémas, entraînant des déprogrammations en cascade.
A la suite de débordements, le site Métronews nous apprend que le film d'horreur Annabelle (2014), projeté en salles depuis mercredi dernier, a été déprogrammé du cinéma Les 3 Palmes, situé dans le quartier de la Valentine, à Marseille. Dans le même temps et toujours à Marseille, le cinéma du Prado a décidé de ne pas mettre à l'affiche le film de John R. Leonetti, officiellement « pour des raisons techniques », même si en réalité la direction du cinéma précise ne plus vouloir diffuser ce genre de films qui attire invariablement « une clientèle de jeunes pas facile ». Sur son blog censorial, Albert Montagne ajoute que le film a également été retiré d'un cinéma à Strasbourg et d'un autre à Montpellier. Rappelons qu'en novembre 2012, la projection de Paranormal Activity 4 avait engendré des incidents dans plusieurs cinémas, entraînant des déprogrammations en cascade.
Jean-Baptiste Herment nous apprenait lundi dernier, sur le site de Mad Movies, la censure consentie du film Horns, qui sortira sur les écrans anglais le 29 octobre prochain dans une version allégée. Une décision prise par Lionsgate, le distributeur du film, pour abaisser la classification initiale et ainsi élargir son auditoire. Une précision publiée par le Bureau britannique de classification des films (BBFC) sur son site :« Lorsque Lionsgate nous a montré le film pour avoir notre avis, nous lui avons fait savoir que celui-ci risquait d’écoper d’une interdiction aux -18 ans et que, s’il souhaitait une interdiction aux -15 ans, il faudrait couper certains plans d’une scène de violence sexuelle et une image gore. »
Jean-Baptiste Herment ajoute : "Une pratique impensable en France mais assez répandue chez nos voisins d’outre-Manche comme le démontrent les situations similaires endurées par La Vie rêvée de Walter Mitty, Hercule et autres Le Labyrinthe. En toute logique, la version intégrale de Horns sera disponible là-bas au moment de la sortie du long métrage en vidéo."
En effet, pour éviter que La Vie rêvée de Walter Mitty ne soit interdit aux -12 ans non accompagnés, la 20th Century Fox aurait fait quelques concessions comme le souligne le BBFC : "During post-production, the distributor sought and was given advice on how to secure the desired classification. Following this advice, certain changes were made prior to submission." Selon certaines sources, le distributeur aurait supprimé un plan montrant une pin-up sur une affiche et un autre, détaillant une altercation jugée un peu trop intense pour le jeune public.
Chaque année, Sin'Art édite L'Autrement, un fanzine présentant le bilan des activités de l'association. Celui de l'année 2013 vient d'être mis en ligne. Il propose divers entretiens dont celui du rédacteur en chef de Darkness.
L'éditorial [extrait] :
Fidèles au poste, Stéphane Savelli et André Côte garantissent depuis plusieurs années maintenant la régularité des mises à jour du catalogue. Stéphane s’occupe aussi de
gérer les recherches de DVD proposées de temps à autre par les utilisateurs de Sin’Art db. Il vous en dit plus dans l’interview que vous trouverez dans ce numéro. Pour tous les
deux, c’est plus de 230 heures qui sont dévolues à permettre aux passionnés que nous sommes de rester informés des sorties dans les domaines qui nous intéressent. Également toujours fidèles au poste, Angélique Boloré et André Quintaine gèrent les commandes de la section VPC, avec l’aide de Chrystelle Cavaglia lors des coups durs, en particulier au moment des sorties de fanzines édités par l’association. Nous assurons le traitement et l’expédition des commandes chaque lundi et jeudi soirs, 475 heures par an, presque 52 semaines sur 52. Bien que les commandes soient moins nombreuses en raison de la crise, l’activité se maintient malgré tout grâce à l’énorme soutien qu’elle reçoit de ses nombreux utilisateurs.
Article de Quentin Meignant publié le 14 septembre 2014 sur cinemafantastique.net :
Il était plus ou moins 21h30 hier lorsque l’excellent Gilles Penso annonçait la bonne nouvelle : de manière totalement indépendante, le journaliste et par ailleurs génial réalisateur de documentaires (Ray Harryhausen : Titan des Effets Spéciaux, qui s’est arraché à l’internationale, et le futur Derrière le masque des super-héros), avait décidé de remonter les trois épisodes de la saga Evil Dead l’un à la suite de l’autre en gommant quelques erreurs de l’époque et en rendant le récit fluide.
Bien entendu, si le projet posait d’emblée la question des droits et que la vidéo ne devait pas rester ad vitam aeternam en ligne, le travail de sape réalisé par l’homme, simple passionné de la franchise adulant réellement le travail de Sam Raimi, ne pouvait que valoir le détour. Son objectif suprême étant une meilleure compréhension des aventures de Ash de la part de tout un chacun mais aussi la disparition des gags trop excessifs de l’Armée des Ténèbres au profit du final envisagé par Raimi lui-même et effacé à l’époque par ses producteurs, la démarche de Gilles était donc une simple démarche artistique qui aurait pu devenir un vecteur d’attirance supplémentaire auprès d’un jeune public qui ne connaissait peut-être pas encore la franchise comme les vieux routiniers du genre.
Ce montage, nommé Evil Dead Ultimate, a donc pris place sans prétention à 21h30 sur Youtube. Il n’aura pas fallu longtemps pour que la censure se mette en place et pour que la plate-forme vidéo la plus célèbre et la plus fréquentée de la planète internet ne musèle une nouvelle fois toute véhémence créative. Certes, la question des droits se pose indéniablement et il était peu probable que StudioCanal, détentrice de la franchise, ne laisse passer une telle mise en ligne, mais force est d’avouer que la vitesse à laquelle les événements se sont produits peuvent laisser pantois. A l’heure où les torrents se multiplient, où les sites de téléchargement affichent complet, de même que ceux dédiés aux streaming et que le combat devrait donc s’orienter par là, quelques vont-en-guerre scrutent et analysent avant tout les colonnes et nouvelles pages d’un sites à la base légal. La recherche de légitimité de Youtube en matière de copyright, qui laisse pourtant passer tous les jours des milliers de films complets entre les mailles de ses filets censeurs, a donc frappé : moins de trois heures après sa mise en ligne Evil Dead Ultimate était bloqué.
Personne n’a donc pu voir le travail artistique (on ne le répétera jamais assez) de Gilles Penso en entier au moment même où d’autres Youtubeurs mettaient en ligne sans vergogne des films complets sans aucun but précis. Evil Dead Ultimate, au-delà de son caractère de fan cut (ce qui aurait pu lui permettre d’exister le temps d’une mini-bataille avec les détenteurs des droits), aurait simplement pu servir d’hommage pour les uns, qui ont déjà les précieuses galettes de la franchise, et de pré-découverte de la saga pour les autres.
Une fois de plus, l’envie d’image lisse de Youtube, le petit esprit de certains intervenants qui se trompent clairement de cible et la bureaucratie bornée ont triomphé d’un beau projet et d’un travail d’envergure. En tant que simples "spectateurs", puisque tout est une question de droits, a-t-on le droit de dire que l’on n’est pas d’accord ? Décidément, internet n’est pas le vecteur d’arts et de savoirs qu’il était censé être au moment de son apparition...
L'article de Gilles Penso annonçant la mise en ligne du projet sur le site FilmsFantastiques.com, le 13 septembre 2014 :
C'est un vieux rêve qui se réalise. En 1983, je suis tombé amoureux du premier Evil Dead de Sam Raimi, découvert en cassette vidéo à la grande époque de l'âge d'or de la VHS et des vidéoclubs. Quelques années plus tard, je découvrais le démentiel Evil Dead 2 au cinéma, une sorte de séquelle/remake totalement décomplexée confirmant le génie et le grain de folie de son réalisateur. Puis est arrivé le troisième épisode, sorti tardivement et re-titré L'Armée des ténèbres suite à des problèmes juridiques ayant décalé son exploitation en salles. Encore une fois, ce fut un coup de cœur, même si l'horreur poisseuse du premier film s'était transformée entretemps en semi-parodie burlesque à la limite du cartoon, et si le huis clos de la fameuse cabane dans les bois avait cédé la place à une drôle d'épopée médiévale.
Petit a petit a germé une idée folle. Et si ces trois films étaient réunis pour n'en former qu'un seul ? Et si on gommait les incohérences pour mieux lier les trois films ? Et si on coupait les gags trop excessifs du troisième épisode, et surtout son épilogue hors-sujet pour respecter la fin souhaitée initialement par Sam Raimi et présente dans le director's cut du film ? Et si on en profitait pour resserrer un peu le rythme et emprunter quelques très brefs effets au récent remake réalisé par Fede Alvarez ?
Aujourd'hui, ce montage ultime existe, sous forme d'un fan cut de trois heures rebaptisé Evil Dead Ultimate. C'est avec plaisir que je le partage avec vous tous, même s'il risque de ne pas rester en ligne longtemps pour d'évidente raisons de copyright. Je m'excuse d'ailleurs par avance auprès de Sam Raimi et son producteur Robert Tapert pour cette infidélité un peu hors-la-loi que certains d'entre vous jugeront peut-être sacrilège. Mais c'était plus fort que moi, il fallait que je réalise cette version ultime !
Mais au-delà des problèmes juridiques posés par l'affaire, les fans ont-ils tous les droits ? Peut-on permettre le nouveau montage d'un film simplement en estimant qu'il sera meilleur que l'original ? Guillaume Pic, un cinéphile avisé, ne partage pas l'initiative :
Ben, désolé, mais moi ça me pose un petit problème de conscience cette histoire. Au delà de la bête question de droits, on rejoint dans la démarche le travail de réécriture policée orchestrée par George Lucas himself sur les trois premiers Star Wars, celui de la "version reconstruite" de The Big Red One, vendue "telle que le réalisateur le voulait" (alors que 1/ Sam Fuller était calanché depuis une paire d'années, que 2/ la musique additionnelle du compositeur qui explique dans les bonus, la larme à l’œil et sans trembler des genoux, que Fuller aurait été fier de lui alors qu'il est arrivé sur le projet après l'éviction du réal par le studio et surtout que 3/ La version sortie en salle n'est plus disponible sur le marché). Je veux dire, il est où le respect de l’œuvre là dedans ?
C'est qui Gilles Penso pour se permettre de remonter un film dans le but de le diffuser, hein, parce qu'en le publiant sur Youtube, on sort du cadre "film de fan fait pour sa pomme, sa famille et ses amis" ! Je trouve cette démarche proprement hallucinante et prétentieuse, au même titre les les colorisations de films "pour les mettre au goût du jour" et le remplacement des cartons sur les films muets "pour les rendre plus fluides". Un film, ça ne prétend pas à être parfait (surtout depuis que Kubrick est mort), et surtout ça existe avec ses défauts et toute l'histoire qu'il y a autour. Et même des fois, ça existe sans qu'il y ait de film proprement dit (le Dune de Jodo, par exemple). Du format respecté, de la VO, du montage non charcuté par la censure, et à la limite, du montage alternatif s'il se justifie (comme pour Abyss, de James Cameron). Mais quand je lis : "Et si ces trois films étaient réunis pour n'en former qu'un seul ? Et si on gommait les incohérences pour mieux lier les trois films ? Et si on coupait les gags trop excessifs du troisième épisode, et surtout son épilogue hors-sujet pour respecter la fin souhaitée initialement par Sam Raimi et présente dans le director's cut du film ? Et si on en profitait pour resserrer un peu le rythme et emprunter quelques très brefs effets au récent remake réalisé par Fede Alvarez ?", j'ai envie de dire : "et si on fichait la paix aux trois films d'origine qui se regardent très bien comme ça ?"
Reprenant une information diffusée par Variety, Quentin Meignant nous apprend sur le site cinémafantastique.net que le film Outcast, de Nick Powell avec Nicolas Cage et Hayden Christensen, qui devait être distribué en Chine dans près de 5 000 salles, ne le sera finalement pas. Si pour le moment Mike Gabrawy, le co-producteur du film, est incapable d’en dire plus sur le sujet - "Les raisons ne sont pas claires. On ne sait tout simplement pas s’il s’agit d’un problème de censure, ou de tout autre chose [...] Le marketing et la promotion ont été effectués, et de l’argent a été dépensé." - on peut d'ores et déjà avancer une autre explication, une raison économique.
En effet, depuis février 2012, la politique des quotas destinée à protéger les productions chinoises, limite le nombre de films étrangers autorisés à être exploités en Chine à vingt blockbusters par an plus une quarantaine de films indépendants. Django Unchained, Moi, Moche et Méchants 2 et The Croods avaient déjà fait les frais de ce protectionnisme culturel. On se souvient également que les studios Disney-Marvel étaient parvenus à contourner la règle pour Iron Man 3, en s'alliant au géant chinois DMG Entertainment - le film de près de 200 millions de dollars devenant ainsi une co-production américano-chinoise - et en demandant même au réalisateur Shane Black, de tourner une fin alternative uniquement pour le marché chinois.
Deadpool, le personnage créé par Rob Liefeld, sera bien adapté au cinéma par la Fox pour une sortie en salles déjà programmée aux États-Unis le 12 février 2016. Si Tim Miller a d'ores et déjà été choisi pour réaliser le film, il aurait également reçu pour directive de ne pas risquer un classement "R" (une interdiction aux mineurs de 17 ans non accompagnés) en portant à l'écran les aventures d'un super héros habituellement violent et vulgaire. On peut donc en déduire que le film sera édulcoré pour être classé "PG-13" (déconseillé aux moins de 13 ans) et ainsi offrir tout ce que le mercenaire rouge et noir n’est pas.
Le Test Footage :
La Grande Guerre a transformé la société française dans sa totalité. En cette période de commémorations nationales, La Sorbonne s'interroge : en quoi la Première Guerre mondiale a-t-elle été un élément fondateur de la modernisation de l’information ? Si entre 1914 et 1918 les Français savaient ce qui se passait sur le front, l’information qui leur parvenait était parfois tronquée, revisitée. Quelles données n’étaient pas transmises au public et pour quelles raisons ?
Organisée par l'université Paris I au centre Panthéon-Sorbonne du 1er au 23 octobre 2014, l'exposition Les images interdites de la Grande Guerre propose des éléments de réponse, et invite le visiteur à regarder autrement un système d’information organisé par l’État.
Cette manifestation présente des images interdites du Premier Conflit mondial de manière originale. Une sélection de cinquante clichés séquencés en deux parties et dix thèmes. Le premier ensemble montre les photographies censurées pour préserver la stratégie et les intérêts militaires français. Le second regroupe des images dont la diffusion pourrait contrarier les intérêts diplomatiques et fragiliser la politique intérieure de la France, et illustre davantage les souffrances des hommes dans la tourmente de la guerre.
Le 15 octobre prochain, la journée d’études Images interdites de guerre XIXe et XXe siècles rassemblera des historiens autour de la question de la censure de l'image depuis la guerre de 1870 jusqu’à la guerre Iran/Irak dans les années quatre-vingt. Positionnant l'usage de l'image pendant la Grande Guerre comme une conséquence ou/et un référentiel par rapport à la guerre de 1870, la Seconde Guerre mondiale, les guerres de décolonisation, ou les conflits contemporains en Orient. Quelles sont les différences, les similitudes, les évolutions notoires ?
Le dossier de presse : ICI.
Fasciné par la diffusion du Cauchemar de Dracula (1958), de Terence Fisher, lors d'une Dernière séance organisée en 1985 par Monsieur Eddy, mon existence cinéphilique fut à tout jamais bouleversée. Après de nombreuses années sans avoir pris le temps de revoir le chef d’œuvre, j'ai enfin acheté le DVD publié par Warner en novembre 2012. Quel plaisir d'être de nouveau impressionné durant 79' par les yeux injectés de sang de Christopher Lee ! Mais diverses questions m'assaillent...
Totalement interdit en Finlande ou en Suède lors de sa sortie en salles, Dracula, qui sera par la suite rebaptisé Horror of Dracula, est projeté au Royaume-Uni après de nombreuses coupures. Il faudra attendre 2007 pour que le film soit diffusé en Angleterre, en vidéo, dans sa version intégrale. Mais est-ce véritablement la version d'origine ?
Le site IMDb indique que le film 35 mm dure 82'. En France, le film est (re)classé aux -12 ans en 1996 et dure 80' dans son format cinématographique (source CNC). Le BBFC, quant à lui, mentionne plusieurs versions : celle de février 1997 de 77'58" éditée chez Warner, toujours chez Warner [UKVV] une autre version de janvier 2003 de 78'07", et la dernière proposée par Warner Home Video, Ltd Hammer Film Prods et Ltd BFI (UK Wide) en août 2007 sur 81'56" interdit aux -12 ans (photo ci-dessus). Alors existe-t-il de vraies différences entre toutes ces versions ?
La rumeur prétend que la Hammer aurait créé plusieurs versions pour différents marchés lors de son exploitation en salles : une soft pour l'Angleterre, une version légèrement plus dure pour les États-Unis, et une autre très sanglante pour le Japon. Mais qu'en est-il réellement ?
La scène finale de la mort du Comte a-t-elle été raccourcie comme le suggère ce plan exhumé par Ted Newsom, qui ne figure pas dans la version de 2012 (photo ci-dessous). Est-ce un plan censuré présent dans d'autres versions, un plan supprimé du montage par Terence Fisher ou bien encore une simple photographie promotionnelle ? Même question pour la photographie publicitaire en noir et blanc montrant Jonathan Harker (John Van Eyssen) en décomposition dans son cercueil (photo ci-dessous).
Plusieurs éléments de réponse ont pu être recueillis auprès de cinéphiles avertis. Tout d'abord, une explication technique permet de comprendre les écarts constatées dans la durée. Il peut, en effet, exister une légère différence entre la version classique de 24 images/seconde proposée à la télévision et celles de 25 images/seconde proposées en DVD ou Blu-ray (BR).
Il y a ensuite une réponse plus précise quant à la disparition de certaines scènes, car il semble effectivement que le film de Terence Fisher a bien connu une version plus longue réservée à sa seule exploitation au Japon. La persévérance d'un fan pour retrouver des bobines 35 mm, dans un état plus ou moins bon, a ainsi permis de réintégrer deux des trois scènes manquantes désormais disponibles sur le superbe BR/DVD anglais (photo ci-dessus) : la décomposition du Comte et la morsure de Mina (1'30" en tout). Quant au plan de Jonathan dans le cercueil, rien de permet, pour le moment, d'affirmer que la scène ait un jour fait partie montage original.
La version longue de Nymphomaniac (5 heures 30), de Lars von Trier, annoncée avant même sa sortie en salles en janvier dernier, va enfin être proposée aux cinéphiles du monde entier. Le teaser de la Director's Cut incluant tous les plans coupés dans le montage initial, vient d'être mis en ligne sur Internet. 23 secondes de scènes de sexe non censurées, à ne pas mettre devant tous les yeux, qui vont sans doute encore faire le buzz.
Mardi 2 septembre 2014, la chaîne de télévision américaine Fox a mis en ligne un tweet publicitaire annonçant le "Jour-sans-Tête" (HeadlessDay) imaginé pour promouvoir la sortie en DVD, le 16 septembre prochain, de la première saison de la série Sleepy Hollow, au même moment où le monde entier apprenait la décapitation du journaliste américain Steven Sotloff par l’organisation terroriste État Islamique.
Face à la polémique, la chaîne a immédiatement retiré son post : «Twentieth Century Fox Home Entertainment s'excuse et regrette ce timing malheureux pour le lancement de notre Sleepy Hollow Headless Day. La mort tragique de Steven Sotloff a été connue au moment même où la campagne a été lancée. Nous présentons toutes nos condoléances à la famille de la victime. Nous ne prenons pas cette information à la légère: nous n'aurions jamais lancé cette publicité si nous avions été au courant plus tôt».
Le blog TVNEWS nous apprend que la chaîne Ciné+ Club proposera le 8 et le 11 septembre prochains, à 1h30 et 23h50, la diffusion du documentaire L'Enfance du hard, de Sébastien Bardos et Jérémie About, déjà programmé sur Canal+ en 2013, suivi de Club Privé (1974), de Max Pécas, et de La Chatte à deux têtes (2002), de Jacques Nolot. Extrait :
"Ce document est un voyage dans le temps à travers "l'âge d'or du cinéma X", de 1975, avec la levée de la censure et le début de la diffusion de films pornographiques dans les salles de cinéma, à 1983, avec l'application draconienne de la loi X et la montée en puissance de la vidéo.
Grâce aux témoignages des plus grands réalisateurs de l'époque (Gérard Kikoïne, Michel Barny, Jean-François Davy, François Jouffa, Pierre Reinhard, Jean-Pierre Bouyxou), d'actrices et d'acteurs (Brigitte Lahaie, Diane Dubois, Alban Ceray, Richard Allan…), mais aussi de Noël Simsolo, scénariste, de François About, chef opérateur, et d'Anne Ludovic, doubleuse, c'est toute cette époque, son innocence, sa truculence, sa folie, son hédonisme qui ressurgissent. Le Beverley, dernière salle X française à projeter des films en 35 mm, sorte d'arche de Noé du cinéma porno seventies, sert de décor à cette balade nostalgique, tandis que Christophe Bier, grand ponte de la pornographie, est notre guide.
Au fil d'interviews et d'extraits pour la plupart inédits, L'ENFANCE DU HARD fait visiter les coulisses du milieu porno des années 1970. Quelle était l'ambiance dans les salles X ? Comment les films étaient-ils réalisés ? Où recrutait-on les acteurs, combien gagnaient-ils, prenaient-ils du plaisir ? Comment doublait-on une "scène d'amour" ? Et, last but not least, quelle était la fameuse recette du "faux sperme" ? Autant de questions cruciales qui trouvent ici leurs réponses !
Enfin, L'ENFANCE DU HARD souligne qu'à cette époque films porno et cinéma traditionnel n'étaient pas radicalement séparés, comme c'est le cas de nos jours. Bien au contraire, les deux milieux étaient souvent étroitement imbriqués. Le documentaire fait donc ressentir un amour palpable du cinéma, au-delà du "cul pour le cul", qui s'étiolera peu à peu en raison de la censure économique de la loi X et l'arrivée de la vidéo, jusqu'à quasiment disparaître à la fin des années 1980."
Le blog TVNEWS nous apprend que la chaîne Ciné+ Club proposera le 8 et le 11 septembre prochains, à 1h30 et 23h50, la diffusion du documentaire L'Enfance du hard, de Sébastien Bardos et Jérémie About, déjà programmé sur Canal+ en 2013, suivi de Club Privé (1974), de Max Pécas, et de La Chatte à deux têtes (2002), de Jacques Nolot. Extrait :
"Ce document est un voyage dans le temps à travers "l'âge d'or du cinéma X", de 1975, avec la levée de la censure et le début de la diffusion de films pornographiques dans les salles de cinéma, à 1983, avec l'application draconienne de la loi X et la montée en puissance de la vidéo.
Grâce aux témoignages des plus grands réalisateurs de l'époque (Gérard Kikoïne, Michel Barny, Jean-François Davy, François Jouffa, Pierre Reinhard, Jean-Pierre Bouyxou), d'actrices et d'acteurs (Brigitte Lahaie, Diane Dubois, Alban Ceray, Richard Allan…), mais aussi de Noël Simsolo, scénariste, de François About, chef opérateur, et d'Anne Ludovic, doubleuse, c'est toute cette époque, son innocence, sa truculence, sa folie, son hédonisme qui ressurgissent. Le Beverley, dernière salle X française à projeter des films en 35 mm, sorte d'arche de Noé du cinéma porno seventies, sert de décor à cette balade nostalgique, tandis que Christophe Bier, grand ponte de la pornographie, est notre guide.
Au fil d'interviews et d'extraits pour la plupart inédits, L'ENFANCE DU HARD fait visiter les coulisses du milieu porno des années 1970. Quelle était l'ambiance dans les salles X ? Comment les films étaient-ils réalisés ? Où recrutait-on les acteurs, combien gagnaient-ils, prenaient-ils du plaisir ? Comment doublait-on une "scène d'amour" ? Et, last but not least, quelle était la fameuse recette du "faux sperme" ? Autant de questions cruciales qui trouvent ici leurs réponses !
Enfin, L'ENFANCE DU HARD souligne qu'à cette époque films porno et cinéma traditionnel n'étaient pas radicalement séparés, comme c'est le cas de nos jours. Bien au contraire, les deux milieux étaient souvent étroitement imbriqués. Le documentaire fait donc ressentir un amour palpable du cinéma, au-delà du "cul pour le cul", qui s'étiolera peu à peu en raison de la censure économique de la loi X et l'arrivée de la vidéo, jusqu'à quasiment disparaître à la fin des années 1980."
Le Huffington Post nous apprend aujourd'hui que la 11e édition du festival du film indépendant de Pékin qui devait avoir lieu le week-end dernier, n'a pas eu lieu, les autorités chinoises n'appréciant guère ce type d'évènements : "Les portes du cinéma, où plusieurs œuvres devaient être projetées, sont restées closes. La police a confisqué documents et films empêchant les travailleurs de l'industrie du cinéma et le public d'assister à l'ouverture du festival." Interrogé par le New York Times, Wang Hongwei, le directeur artistique du festival, explique : "Ces dernières éditions quand ils nous forçaient à annuler le festival, on le déplaçait ou on repoussait les projections, mais cette année, nous ne pouvons pas assurer sa tenue. Il est complètement interdit." On se souvient en effet que déjà en 2012, une "coupure de courant" avait menacé la bonne tenue du festival.
Le Monde nous révèle la polémique qui traverse actuellement Hollywood après le classement « R » - c'est-à-dire l'interdiction aux mineurs de 17 ans non accompagnés – décidé pour Love is Strange (2014), d'Ira Sachs, un drame sentimental racontant l'histoire de deux hommes qui se retrouvent soudainement aux prises avec de grosses difficultés, quelques jours après s'être mariés. Le film ne contenant aucun juron ni scène de sexe, certains observateurs s'interrogent sur le sort systématiquement réservé par la Motion Picture Association of America (MPAA) – la Commission américaine de classification des films – aux oeuvres abordant sérieusement la question de l'homosexualité. Face à la multiplication des critiques, la MPAA a expliqué que le film a été classé « R » uniquement à cause de son langage trop familier. Joanna Luyssen nous rappelle que ce n'est pas la première fois que le comportement de la MPAA est critiqué à ce sujet. Déjà en 2006, « le documentaire This Film Is Not Yet Rated, de Kirby Dick, faisait le point sur telles pratiques, mettant en cause son traitement de l'homosexualité ou du plaisir sexuel féminin. Il apparaissait que les films mettant en scène ces derniers seraient plus enclins à recevoir une classification « R » que ceux mettant en scène des amours hétérosexuelles ou le plaisir sexuel masculin. Le documentaire cite un entretien donné au quotidien USA Today, où l'un des responsables de la MPAA déclarait : « Nous ne créons pas de normes, nous ne faisons que les suivre. » Notons enfin que selon le site IMDb, Love is Strange a été interdit aux spectateurs de moins de 15 ans non accompagnés d'un adulte, en Irlande et au Royaume-Uni. Encore non classé en France, Love is Strange sortira en salles le 5 novembre 2014 après avoir été présenté à Sundance en début d'année, à Berlin en février et à Deauville en septembre prochain.
Le prochain documentaire de Christina Voros, produit par le magicien d'Oz (James Franco), nous plongera dans l'univers Kink dont Alan Deprez nous parle avec détails dans le dernier numéro de Darkness Fanzine. Après avoir exploré l'univers gay underground avec Interior: Leather Bar - offrant une reproduction imaginaire des 40 minutes de scènes censurées du film Cruising (La Chasse, 1980), de William Friedkin - interdit aux moins de 16 ans en France en raison "de scènes de fellation et de masturbation non simulées", James Franco nous plonge cette fois-ci dans l'environnement sadomasochiste de Peter Acworth, un producteur pas comme les autres. En attendant que les censeurs se manifestent, il est possible de découvrir une première bande-annonce à regarder... avec des écouteurs si vous n'êtes pas seul !
Le film est sorti aujourd'hui aux États-Unis.
Reprenant une information diffusée par la BBC, le journal Le Monde révèle que le film Kaum de Heere (Diamonds Of The Community), de Ravinder Ravine, vient d'être interdit par le Central Board of Film Certification (la Commission de censure du cinéma en Inde), les autorités indiennes souhaitant éviter d'éventuels « troubles à l'ordre public ». Racontant l'assassinat du Premier ministre Indira Gandhi en 1984 par ses deux gardes du corps sikhs, l'annonce de la réalisation du film controversé avait indigné de nombreux partis politiques avant même le début du tournage, dont celui d'Indira Gandhi. Craignant un déferlement de violences communautaires à l'image des émeutes qui ont suivi l'annonce de la mort du Premier ministre causant à l'époque la mort de plus de 3 000 Sikhs, le gouvernement indien n'a pas voulu prendre le moindre risque et ce, d'autant plus que les deux assassins ont été déclarés "héros nationaux" par les Sikhs, nous apprend Albert Montagne sur son Blog censorial.
Selon une information publiée par Der Spiegel, reprise par Annabelle Georgen sur le site Slate.fr, The Cut, le dernier film du réalisateur germano-turc Fatih Akin qui sera présenté à la Mostra de Venise le 28 août prochain dont le premier rôle est tenu par l'acteur français Tahar Rahim (Un prophète), fait l'objet d'un appel au boycott en Turquie, le film racontant l'histoire d'un jeune père arménien ayant survécu aux massacres de 1915 qui part à la recherche de ses filles. Or, la question du génocide arménien demeure un sujet hautement sensible en Turquie.
Très populaire à Istanbul, Fatih Akin estime, dans un entretien donné à l'hebdomadaire allemand, que la Turquie est désormais prête pour se confronter à cet épisode douloureux de son histoire : "Celui qui continue d'en avoir peur, je lui dis : c'est seulement un film. Mais je suis sûr que la société turque, dont je fais partie, est mûre pour ce film." Après la publication de cet interview, le réalisateur a immédiatement été menacé sur Twitter par le magazine nationaliste turc Ötüken affirmant que The Cut "ne sera montré dans aucun cinéma en Turquie" car celui-ci serait "le premier des pas qui ont pour but de mener la Turquie à accepter le mensonge du génocide."
Selon La voix de la Russie, le ministère ukrainien de la Culture aurait refusé d'autoriser la projection des films russes La Garde blanche, de Fiodor Bondartchouk, et Poddoubny, de Stanislav Govorukhine, pour protéger "les intérêts nationaux dans l'espace informationnel et culturel", l'un et l'autre faisant preuve de "dédain pour la langue ukrainienne, le peuple et l'État" en déformant l'histoire "dans l’intérêt de la Russie". Poddoubny raconte la vie du lutteur Ivan Poddoubny, originaire de la région ukrainienne de Poltava. La Garde blanche est l'adaptation du roman de Mikhaïl Boulgakov, né à Kiev. Les deux États étant en conflit ouvert depuis plusieurs mois, il est difficile de porter une quelconque appréciation sur cette information.
Moïse et Ramsès étaient-ils blancs ?
Depuis le début du mois de juillet, un appel au boycott du prochain film de Ridley Scott, Exodus: Gods and Kings, a été lancé sur Internet. Accusé de racisme, ou plus exactement de whitewashing, c'est-à-dire de "blanchissement" volontaire de la distribution, le réalisateur d'Alien a effectivement choisi Christian Bale dans le rôle de Moïse, Joel Edgerton dans celui de Ramsès ou encore Sigourney Weaver pour interpréter la mère du Pharaon. Ses détracteurs dénoncent la "négation cinématographique" de la réalité historique au service d’un point de vue “blanc” de l'Histoire. Déjà dans Noé, Russell Crowe n'avait pas soulevé l'enthousiasme en jouant l'un des prophètes de l'Ancien Testament. La pratique est pourtant très habituelle à Hollywood. De Ben-Hur aux Dix commandements, Romains et Égyptiens ont toujours été Américains...
Sur l'excellent blog "Le cinéma est politique", Julie Gasnier analyse le phénomène et détaille une polémique aussi vieille qu'Hérode. Elle cite l'exemple du film Argo (2012), photo à l'appui : "Le film Argo, sorti en 2012 raconte comment l’agent de la CIA Tony Mendez a permis de faire sortir six personnes d’Iran lors de la crise des otages en 1979. Mendez était de diverses origines ethniques et notamment mexicaine [voir photo ci-dessous] avec un physique très latino-américain. Dans le film, Mendez est interprété par Ben Affleck et le premier choix pour le rôle était Brad Pitt."
Dans une tribune intitulée “I pray the Exodus movie is a total flop", un internaute s'insurge contre la répartition des rôles effectuée par Ridley Scott : "Une telle imagerie est assez grotesque dans son inexplicable imagerie raciale. C’est une chose d’abîmer l’Histoire ; c’en est une autre de l’abîmer afin de représenter les Blancs comme supérieurs aux Noirs là où les Blancs ne devraient même pas exister." Il semble en effet que dans Exodus, les acteurs "noirs" n'occupent que des rôles d'esclaves ou de subalternes. Spike Lee n'a pour le moment pas encore réagi...
Le film sortira en France le 24 décembre prochain.
Tony Mendez (à gauche) avec le Président des Etats-Unis Jimmy Carter.
Programmé sur les écrans américains le 8 août prochain, Teenage Mutant Ninja Turtles (2014), réalisé par Jonathan Liebesman, est en pleine promotion partout à travers le monde. Alors que sa sortie en Australie est prévue au mois de septembre, la division australienne de la Paramount vient de retirer en urgence l’affiche du film de son compte Twitter après que ses followers se soient massivement étonnés du visuel décrivant les quatre tortues new-yorkaises sautant d’un building en feu avec mentionné, tout en bas de l'affiche, la date du... 11 septembre !
Le film sortira en France le 15 octobre 2014 sans que la date choisie ne provoque, pour le moment, une polémique.
Après la censure de l’affiche du film Sin City : j'ai tué pour elle dont nous vous parlions le 30 mai sur ce même blog, c’est au tour du trailer d'être censuré par la chaîne de télévision américaine ABC en raison de la nudité suggérée d’Eva Green. Pourtant validée par la MPAA, la bande-annonce du film montre à deux reprises (1:11 et 2:09) l’actrice française vêtue de la même chemise de nuit blanche que sur l’affiche, la fameuse nuisette qui créa la polémique en mai dernier. Bien trop sexy pour les États-Unis : "ABC rejected a trailer, saying Green appears to be naked in the same sheer, white nightgown." La violence, quant à elle, ne dérange pas le moins du monde ABC qui vient malgré tout de voir sa décision contestée par le distributeur Dimension Films. Affaire à suivre...
Sin City 2 sortira en France le 17 septembre prochain.
Alors qu'en France la commission de classification des œuvres cinématographiques n'a toujours pas publié son rapport d'activité pour la période 2010-2012, le bureau de classification britannique a remis au Parlement le sien, comme chaque année, le 17 juillet dernier. Sur 72 pages, David Cooke, le directeur du British Bord of Fifm Classification, fait le bilan d'une année 2013 particulièrement chargée, le BBFC étant devenu le régulateur des contenus Internet en plus de celui du cinéma, des vidéos, des vidéos à la demande et des jeux vidéos. Contrairement à la France, la protection des mineurs est confiée à un seul organisme pour tous les contenus audiovisuels.
Si l'activité vidéo (DVD, Blu-ray) a diminué de 4% en 2013, le BBFC a contrôlé, pour la première fois depuis 1961, près d'un millier de films sur une année, une progression de près de 15% par rapport à 2012. Sur 974 œuvres cinématographiques soumises à la Commission britannique en 2013, 127 ont été autorisées tous publics (U), 145 laissées à l’appréciation des parents (PG), 321 interdites aux -12 ans non accompagnés (12A), 313 interdites aux -15 ans (15) – dont Machete Kills, World War Z et Kick-Ass 2 – et 68 interdites aux -18 ans (18) dont Maniac, Evil Dead, Grave Encounters 2, The Amityville Asylum ou encore Dead End. On apprend que le distributeur de I Spit on your Grave 2, de Steven R. Monroe, a dû couper 6 scènes pour un total de 27 secondes, afin de pouvoir sortir le film en DVD : « Without these changes the video would be refused a classification. When the video was formally submitted, all the requested cuts had been made and it is classified 18. » Notons à cette occasion, sans lien avec le rapport d'activité du BBFC, que l'affiche japonaise du film reprend le visuel original faisant référence à celui du premier opus (couteau et petite culotte) tandis que sur l'affiche destinée au marché occidental, le couteau a été remplacé par un taser, l'actrice s'est rhabillée et la chaine a été supprimée.
A Nightmare on Elm Street, réalisé par Wes Craven et interdit aux mineurs lors de sa sortie en salles en 1984, a vu sa classification maintenue par le BBFC après ré-examen : « It was originally classified 18. Scenes in which a young woman’s stomach is cut open before she is thrown around her room, and a scene in which a man is ejected from his bed by a huge fountain of blood and gore, meant the fi lm was again classified at 18. » Le film français Baise-moi, de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, a été interdit aux moins de 18 ans sans coupures pour son exploitation en DVD, ce qui n'était pas le cas lors de sa sortie en salles en 2000. Enfin, Stranger by the Lake (L'Inconnu du lac), I Want your Love ou encore Intérior-Leather Bar ont également été interdits aux mineurs, sans censure, malgré certaines scènes de sexe explicites.
Sur le marché de la vidéo, pour la même période, 1448 ont été classées U, 1361 classées PG, 2010 interdites aux -12 ans non accompagnés, 2481 interdites aux -15 ans, 393 interdites aux mineurs de 18 ans et 529 classées pornographiques (R18). La moitié des 529 films classés R18 a fait l'objet de coupures après que le BBFC ait souligné la dangerosité de certaines scènes dont certaines de gorge profonde avec bâillonnement – « choking and gagging during deep throat fellatio and instances of oxygen restriction during sexual activity. » - urologiques ou de pénétration avec des objets susceptibles de provoquer des dommages physiques : « The BBFC does not allow at R18 penetration with objects likely to cause actual harm, or objects associated with violence. »
Aucune œuvre n'a été interdite au Royaume-Uni depuis The Bunny Game, de Adam Rehmeier, rejetée en octobre 2010 en raison de sa pornographie, du sadisme et de la violence faite aux femmes.
Si l'on en croît divers sites américains, la cinquième saison de The Walking Dead sera si violente que certaines scènes pourraient être censurées lors de sa diffusion sur la chaîne AMC. C'est en tous les cas le point de vue de l'acteur Steven Yeun (Glenn) expliquant, lors d'un entretien donné à Eonline, que certains plans l'ont choqué au point qu'il s'est demandé si tout cela était bien légal : "I remember a couple of scenes I would look over at what was going on in the scene and I would be like, ‘What the eff? What are we doing? How is this legal? It's grounded and real, too; it's not like torture or gore for no reason. It's literally, that is what would happen and we are trying to show it. It would not work on network television, let me tell you that."
Coup de publicité ou véritable information ? Les images pourront-elles être tout aussi terribles que certaines des attaques perpétrées au cours de la saison 4 (vidéo ci-dessous) ? Réponse en octobre 2014.
Annoncé sur les écrans anglais le 29 août prochain, Wolf Creek 2 (2013), réalisé par Greg McLean, a été interdit aux moins de 18 ans en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne. Pour sa part, l'Allemagne l'a interdit aux mineurs moyennant quelques coupures. Sans doute parce que l'histoire met en scène un psychopathe traquant deux touristes allemands traversant l'Australie...
La France, qui avait interdit Wolf Creek (2005) aux moins de 16 ans avec avertissement en raison du "climat continu d'angoisse et de sadisme du film et des scènes de torture difficilement soutenables", ne s'est pas encore prononcée. Aux États-Unis, le film australien n'a pas été classé par la MPAA, ce qui signifie que Wolf Creek 2 pourrait sortir dans certaines salles indépendantes, en version intégrale Not Rated, ou bien directement en DVD.
Notons par ailleurs que Scar Tissue (2013), un thriller britannique réalisé par Scott Michell, vient d'être interdit aux mineurs de 18 ans par le British Board of Film Classification (BBFC) encore traumatisé par la violence de cette histoire de serial killer qui ne sortira qu'en vidéo. Même chose pour le film anglo-nippon-indonésien Killers (2014), de Kimo Stamboel et Timo Tjahanto, également interdit aux mineurs pour la violence de nombreuses scènes.
Annoncé sur les écrans anglais le 29 août prochain, Wolf Creek 2 (2013), réalisé par Greg McLean, a été interdit aux moins de 18 ans en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne. Pour sa part, l'Allemagne l'a interdit aux mineurs moyennant quelques coupures. Sans doute parce que l'histoire met en scène un psychopathe traquant deux touristes allemands traversant l'Australie...
La France, qui avait interdit Wolf Creek (2005) aux moins de 16 ans avec avertissement en raison du "climat continu d'angoisse et de sadisme du film et des scènes de torture difficilement soutenables", ne s'est pas encore prononcée. Aux États-Unis, le film australien n'a pas été classé par la MPAA, ce qui signifie que Wolf Creek 2 pourrait sortir dans certaines salles indépendantes, en version intégrale Not Rated, ou bien directement en DVD.
Notons par ailleurs que Scar Tissue (2013), un thriller britannique réalisé par Scott Michell, vient d'être interdit aux mineurs de 18 ans par le British Board of Film Classification (BBFC) encore traumatisé par la violence de cette histoire de serial killer qui ne sortira qu'en vidéo. Même chose pour le film anglo-nippon-indonésien Killers (2014), de Kimo Stamboel et Timo Tjahanto, également interdit aux mineurs pour la violence de nombreuses scènes.
Annoncé sur les écrans anglais le 29 août prochain, Wolf Creek 2 (2013), réalisé par Greg McLean, a été interdit aux moins de 18 ans en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne. Pour sa part, l'Allemagne l'a interdit aux mineurs moyennant quelques coupures. Sans doute parce que l'histoire met en scène un psychopathe traquant deux touristes allemands traversant l'Australie...
La France, qui avait interdit Wolf Creek (2005) aux moins de 16 ans avec avertissement en raison du "climat continu d'angoisse et de sadisme du film et des scènes de torture difficilement soutenables", ne s'est pas encore prononcée. Aux États-Unis, le film australien n'a pas été classé par la MPAA, ce qui signifie que Wolf Creek 2 pourrait sortir dans certaines salles indépendantes, en version intégrale Not Rated, ou bien directement en DVD.
Notons par ailleurs que Scar Tissue (2013), un thriller britannique réalisé par Scott Michell, vient d'être interdit aux mineurs de 18 ans par le British Board of Film Classification (BBFC) encore traumatisé par la violence de cette histoire de serial killer qui ne sortira qu'en vidéo. Même chose pour le film anglo-nippon-indonésien Killers (2014), de Kimo Stamboel et Timo Tjahanto, également interdit aux mineurs pour la violence de nombreuses scènes.
Annoncé sur les écrans anglais le 29 août prochain, Wolf Creek 2 (2013), réalisé par Greg McLean, a été interdit aux moins de 18 ans en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne. Pour sa part, l'Allemagne l'a interdit aux mineurs moyennant quelques coupures. Sans doute parce que l'histoire met en scène un psychopathe traquant deux touristes allemands traversant l'Australie...
La France, qui avait interdit Wolf Creek (2005) aux moins de 16 ans avec avertissement en raison du "climat continu d'angoisse et de sadisme du film et des scènes de torture difficilement soutenables", ne s'est pas encore prononcée. Aux États-Unis, le film australien n'a pas été classé par la MPAA, ce qui signifie que Wolf Creek 2 pourrait sortir dans certaines salles indépendantes, en version intégrale Not Rated, ou bien directement en DVD.
Notons par ailleurs que Scar Tissue (2013), un thriller britannique réalisé par Scott Michell, vient d'être interdit aux mineurs de 18 ans par le British Board of Film Classification (BBFC) encore traumatisé par la violence de cette histoire de serial killer qui ne sortira qu'en vidéo. Même chose pour le film anglo-nippon-indonésien Killers (2014), de Kimo Stamboel et Timo Tjahanto, également interdit aux mineurs pour la violence de nombreuses scènes.
La Russie vient d'annoncer la mise en application, depuis le 1er juillet dernier, d'une loi interdisant l’utilisation de gros mots au cinéma, au théâtre et dans les œuvres culturelles en général. Les disques et les livres qui en contiennent devront le signaler sur leur couverture.
Une pratique qui ressemble à celle déjà mise en œuvre aux États-Unis par la MPAA laquelle n'avait pas hésité à interdire aux mineurs non accompagnés Le Discours d'un roi (2011), de Tom Hooper, pour utilisation abusive d'adjectifs trop fleuris.
Si on ne connait pas encore les conséquences de la loi sur l'exploitation des films en salles, on sait en revanche que l’institut de la langue russe a été chargé de répertorier les mots interdits. Les premiers proscrits se réfèrent aux organes génitaux, à l’acte sexuel ou aux femmes louant leurs charmes. Inutile de préciser que Le Loup de Wall Street (2013), de Martin Scorcese, n'aura plus jamais droit de cité sur les écrans russes.
Une dépêche de l'AFP du 3 juillet nous apprend que les producteurs de la série télévisée américaine House of Cards n’ont pas été autorisés à tourner certains épisodes de la saison 3 dans l’enceinte du Conseil de sécurité des Nations unies en raison d’un veto russe.
Alors que le bureau du secrétaire général de l'ONU était favorable au tournage des scènes durant les nuits et un week-end à la mi-août, les diplomates russes auraient opposé une fin de non-recevoir, arguant d'un "problème de sécurité, en cas de crise internationale majeure, nécessitant une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité", ajoutant que "les locaux du Conseil de sécurité ne sont pas un endroit approprié pour un tournage." Interrogé à ce propos par des journalistes, l’ambassadeur français à l’ONU aurait répondu en plaisantant : "C’est décevant pour vous parce que vous auriez bien voulu voir les acteurs, j’imagine. [...] Nous, ça nous rassure parce qu’en comparaison, les acteurs auraient paru beaucoup plus élégants que nous et l’histoire beaucoup plus romantique que la réalité."
Le tournage de la troisième saison de House of Cards devrait débuter dans les prochains mois et être diffusé au début de l'année 2015, sur Netflix.
Selon une information publiée par Kate Arthur sur Buzzfeed Entertainment, la campagne d'affichage publicitaire réalisée par la chaîne FX dans Los Angeles et certaines villes des États-Unis pour annoncer la diffusion, en juillet prochain, de la nouvelle série The Strain co-écrite par Guillermo del Toro et Chuck Hugan a été suspendue, certains américains s'étant émus d'un visuel jugé particulièrement gore.
Après la Corée du Nord et la polémique engendrée par The Interview, la Korea Media Rating Board (KMRB) - la Commission de classification des films de Corée du Sud - vient d'interdire le film Mizo (2014) estimant que le long métrage de Nam Ki-Woong - qui raconte l'histoire d'une jeune femme qui, après avoir été longtemps sexuellement abusée par ses parents adoptifs, part à la recherche de son vrai père afin de le séduire avant de se suicider pour mieux le détruire - "abime et déforme notre sens de la dignité humaine, et présente le danger potentiel de perturber l'ordre social et l'opinion publique".
Plus exactement, le film est condamné à être exploité en salles spécialisées, réseau peu développé voire inexistant selon le site film de culte. The Hollywood Reporter précise, qu'à l'instar du film Moebius (2013), de Kim Ki-Duk, qui avait pu sortir en salles au prix de 2'30" de coupures, Nam Ki-Woong a choisi de flouter les scènes litigieuses pour obtenir une classification moins contraignante.
Après avoir appris la sortie de The Interview, le prochain film de James Franco et Seth Rogen qui raconte l'histoire de deux journalistes américains tentant de l'assassiner, Kim-Jong-Un - le dictateur nord-coréen - a exigé son interdiction immédiate sous peine de représailles, assimilant la comédie à "un acte de guerre intolérable".
Reprenant une dépêche de l'AFP du 26 juin dernier, Les Inrock précisent que le film controversé, qui développe "un scénario rocambolesque et un ton potache, à la croisée entre OSS 117 et Sacha Baron Cohen", a néanmoins "suffi à mettre en émoi le régime de Pyongyang".
Le porte-avions USS George H. W. Bush sera sans doute envoyé au large de la Corée au moment de son exploitation en octobre 2014. Espérons toutefois que The Interview ne provoquera pas la Troisième Guerre mondiale, Kim-Jong-Un étant tout de même détenteur de l'arme atomique...
Dans les années 30, le code de production américain interdisait les baisers « excessifs ou lascifs » qualifiés d'obscènes par une élite bien-pensante. Mais l'obscénité se rapporte-t-elle exclusivement à la sexualité et à sa représentation ? Quelles différences existe-t-il entre l'obscénité et la pornographie, l'indécence et l'érotisme ?
Si tout écart par rapport au modèle de sexualité normée demeure une perversion aux yeux de notre société, la liste des interdits est souvent bien différente ailleurs dans le monde. Ainsi au Japon, le bondage, le sadisme et certaines pratiques extrêmes y sont admis alors que dans le même temps l'image de la pilosité est soigneusement évitée.
Le 14ème numéro de DARKNESS FANZINE, publié en décembre 2013 et rapidement épuisé, vous propose d'explorer certains des sujets les plus controversés sur grand écran mais aussi de voyager à travers l'histoire de la réglementation du cinéma et de la télévision aux États-Unis.
Sur plus de 150 pages, Agnès Giard (Libération.fr), Benjamin Campion (Libération.fr), Christophe Bier (Dictionnaire des longs métrages français pornographiques et érotiques en 16 et 35 mm), et de nombreux autres auteurs ont apporté leur contribution à ce numéro exceptionnel.
Retiré à quelques exemplaires, DARKNESS #14 est de nouveau disponible depuis le 15 juin sur le site de l’association. Un numéro exceptionnel à réserver sans tarder en cliquant ICI.
Dans sa chronique Le ticket de métro d'Ovidie publiée sur Metronews, la célèbre réalisatrice nous révèle le 23 juin dernier, dans un article intitulé avec humour "La pornostar et le paquet de lessive", la censure subie par l'actrice Marilyn Chambers après le succès du film pornographique Derrière la porte verte (1972), de Artie Mitchell. L'article est reproduit ci-après :
J’en avais vaguement entendu parler, mais je ne l’avais jamais vue. C’est totalement par hasard que je suis tombée sur cette publicité des années 70, mettant en scène une des plus grandes actrices X américaines, Marilyn Chambers, posant avec un bébé dans les bras. Peut-être ne connaissez-vous pas encore cette curieuse histoire.
FLASHBACK.Ce visage doux et souriant, c’est celui de Marilyn Chambers, la première actrice X connue du grand public, célèbre pour avoir été à l’affiche d’un des plus gros succès des années 70’s, Derrière la porte verte. Ce film des frères Mitchell est une des productions cinématographiques les plus rentables de son temps. Il a rapporté plus de 50 millions de dollars, pour un budget initial de 60 000 $.
En 1972, alors qu’il défraye la chronique et que les spectateurs se ruent dans la salles des cinéma, le scandale éclate. Si le visage de l’actrice principale est si familier au public, c’est parce que l’Amérique toute entière l’a vu imprimé sur tous les paquets de lessive de Ivory snow, une marque de Procter and Gamble. Quelques temps avant d’accepter de tourner des scènes explicites, Marilyn Chambers avait travaillé comme modèle, et était devenu l’icône de cette marque, qui, comme on peut malheureusement l’imaginer, n’a pas apprécié cette reconversion. Alors que l’on pourrait supposer que l’immense succès du film pouvait augmenter les ventes du produit, le groupe Procter and Gamble s’est effarouché et a refusé d’être mêlé à cette image sulfureuse. Ce visage que tout le monde estimait sécurisant et maternel est soudainement devenu l’incarnation du stupre. Les paquets ont été retirés des rayons, et Marilyn n’était même plus digne de poser pour de la lessive. Intéressant de constater qu’encore une fois, une femme ne peut être « mère » et « putain » à la foi, elle doit choisir son camp et ne jamais en sortir.
Marylin Chambers a ensuite décroché quelques rôles à Hollywood, dont celui de Rose dans Rage de David Cronenberg. En 2004 elle s’était présentée aux élections présidentielles américaines pour le titre de vice présidente en tant que représentante du Personal Choice Party. Elle est décédée le 12 avril 2009 à l’âge de 56 ans d’une rupture d’anévrisme.
Après la diffusion réussie des huit épisodes de la série télévisée La Bible sur History Channel en 2013, Hearst Entertainment a investi 22 millions de dollars pour produire sur grand écran une énième adaptation du Nouveau Testament. Les organisations religieuses américaines sont enthousiasmées par le projet, dès le départ, et elles le font savoir publiquement pendant le tournage. Le niveau d'excitation est à son comble à l'annonce de la sortie en salles de Son of God, le 28 février 2014 : « Diverses organisations religieuses à travers le pays ont loué des écrans et distribué des billets à des milliers de personnes » explique le Hollywood reporter. À Cincinnati, l’Église évangélique Crossroads a même prévu de faire venir des milliers de fidèles au complexe Cinemark, où Son of God sera diffusé dans 13 salles en même temps : « Notre Église a racheté tous les écrans du théâtre » déclare son porte-parole, Brian Wells, dans un communiqué : « Si quelqu’un vient au théâtre pour voir un autre film ce soir-là, il n’aura pas de chance, à moins que nous ayons quelques billets supplémentaires à donner ! » La première semaine d'exploitation du film aux États-Unis est un véritable succès, rapportant plus de 25 millions de dollars, même si Satan n'apparait plus au cours de l'histoire. En effet, après que de nombreux téléspectateurs aient souligné l'étrange ressemblance de l'acteur Mohamen Mehdi Ouazanni, incarnant Satan, avec le Président Barack Obama durant la diffusion de la série, les producteurs Mark Burnett et Roma Downey, ont finalement décidé de supprimer les scènes litigieuses pour son adaptation au cinéma afin d'éviter toute polémique.
Malgré son succès incontestable et une distribution dans une vingtaine de pays – le film ayant déjà rapporté près de 68 millions de dollars –, Son of God ne devrait pas sortir au cinéma en France.
The Green Inferno (2014), le dernier film d'Eli Roth, sortira en salles interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni, les États-Unis choisissant d'autoriser les mineurs de 17 ans à assister à la projection de cette histoire de cannibales à la condition d'être accompagnés d'un adulte. Annoncée sur les écrans du monde entier en septembre prochain, cette œuvre est avant tout un hommage appuyé à Cannibal Holocaust, un film charnière du cinéma de genre, réalisé en 1980 par Ruggero Deodato. A l'époque, laissant planer le doute sur la réalité de certaines scènes particulièrement gore du film, le distributeur a profité de la vague des snuff movies alimentée quatre ans plus tôt par la sortie controversée de The slaughter (Snuff), de Michael Findlay, pour faire le buzz au moment de son exploitation. Poursuivi par la justice italienne pour obscénité, Ruggero Deodato dut prouver que Cannibal Holocaust n'était pas un documentaire et que les acteurs du film étaient... toujours vivants ! La rumeur veut, encore aujourd'hui, que le film ait été interdit dans plus de 60 pays, un record à ce jour.
Petite histoire de la classification de Cannibal Holocaust :(source : IMDb)
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Selon une information publiée sur le site du magazine Première, le 30 mai 2014, une des affiches du film Sin City: A Dame to Kill for (Sin City : J'ai tué pour elle, 2014), de Robert Rodriguez et Frank Miller, mettant en scène le personnage d'Ava Lord interprété par Eva Green, a été refusée par la Motion Picture Association of America (MPAA) en raison de la "courbe du sein, l'aréole et le téton [...] visibles à travers le tissu transparent". Si le pistolet ne choque pas la Commission de classification américaine, la nudité suggérée et la posture lascive d'Ava ne passent pas. Il faudra attendre le 4 juin pour qu'une nuisette moins transparente permette au distributeur d'obtenir son autorisation. Notons qu'au mois d'avril dernier, la MPAA avait déjà refusé l'affiche du documentaire très engagé, contre la malbouffe, Fed Up, de Stephanie Soechtig, le visuel présentant très sobrement deux M&M's estampillés des lettres F et U, ce qui signifie "Fuck You" en anglais... Les Américains n'auraient-ils pas d'humour ?
Pour sa part, la France semble avoir choisi la seconde version de l'affiche de Sin City 2 si l'on se réfère au visuel actuellement disponible, à moins que le distributeur français n'ait pas eu d'autre choix que d'exploiter le seul matériel publicitaire imposé par le distributeur et les producteurs américains.
Alors que durant le tournage d'une brève scène de nu dans X-Men: Days of Future Past (2014), de Bryan Singer, Hugh Jackman (Wolverine) s'était légèrement blessé avec ses griffes, Rakesh Kumar, le président du Central Board of Film Certification (CBFC) a annoncé la suppression du plan litigieux pour l'exploitation du film en Inde. Selon le site zeenews.india.com, la scène n'a pas été appréciée par les autorités qui ont décidé de la couper au montage.
«Porno», «pornographi(qu)e»… Des termes qui répandent une aura sulfureuse. Ainsi la pornographie a effrayé, le porno effraie et, semble-t-il, continuera à effrayer longtemps. Les moyens mis en œuvre pour s'en débarrasser (ou pour le moins confiner la pornographie là où elle ne nuira point) sont pléthoriques. La pornographie ne semble pas pour autant vouée à disparaître. Chaque fois que ses opposants – et ils sont nombreux – l'ont cru morte, elle renaît de ses cendres, tel un phénix de chair et de sexe. La tâche est en effet délicate car autour de la pornographie gravitent des libertés fondamentales. Or il ne s'agirait pas de les égratigner en tentant de faire sombrer la pornographie. Le principe même du libéralisme et la libération des mœurs suivant la fin des années soixante, empêchent toute censure affichée. «Il est interdit d'interdire». Cela est bien gênant car dans le paysage politique français, le porno fait effet de poil à gratter. Ses défenseurs sont rares et la masse politique commence à souffrir de quelques démangeaisons au vu du succès du porno au cinéma. Des mesures sévères se profilent à l'horizon. De fait, le 30 décembre 1975, la loi de finances pour 1976 entérine cette volonté de frapper le porno du sceau de l'immondice. Si le premier assaut est fondé sur des velléités moralistes à peine déguisées (les bonnes mœurs par exemple), le second est plus insidieux, puisqu'il repose sur la protection de l'enfance. Malgré tout, la censure est niée. Valéry Giscard d'Estaing déclarera lors de son mandat que la censure n'existe pas puisqu'il n'est pas interdit de faire de la pornographie. Cette absence d'interdiction n'est en rien la preuve d’une absence de censure. De fait, la fiscalité exceptionnelle instituée par la loi de finances pour 1976, et le contrôle de la Commission ont tout de même le goût amer d'une censure déguisée... "Le classement X, de l'Art ou du Cochon" est le mémoire que Colin Vettier, scénariste de Ouvert 24/7, notamment, a rédigé pour l'obtention du master professionnel en droit des affaires. Les bénévoles de Sin'Art ont pensé que ce petit pavé de près de 80 pages intéresserait les membres de l’association et c'est la raison pour laquelle nous avons demandé à Wilfried Fourrez de se charger de la mise en page pour pouvoir l’éditer sous la forme d'un livre de poche.
On le commande ICI.
Dans les années 30, le code de production américain interdisait les baisers « excessifs ou lascifs » qualifiés d'obscènes par une élite bien-pensante. Mais l'obscénité se rapporte-t-elle exclusivement à la sexualité et à sa représentation ? Quelles différences existe-t-il entre l'obscénité et la pornographie, l'indécence et l'érotisme ?
Si tout écart par rapport au modèle de sexualité normée demeure une perversion aux yeux de notre société, la liste des interdits est souvent bien différente ailleurs dans le monde. Ainsi au Japon, le bondage, le sadisme et certaines pratiques extrêmes y sont admis alors que dans le même temps l'image de la pilosité est soigneusement évitée.
Le 14ème numéro de DARKNESS FANZINE, publié en décembre 2013 et rapidement épuisé, vous propose d'explorer certains des sujets les plus controversés sur grand écran mais aussi de voyager à travers l'histoire de la réglementation du cinéma et de la télévision aux États-Unis.
Sur plus de 150 pages, Agnès Giard (Libération.fr), Benjamin Campion (Libération.fr), Christophe Bier (Dictionnaire des longs métrages français pornographiques et érotiques en 16 et 35 mm), et de nombreux autres auteurs ont apporté leur contribution à ce numéro exceptionnel.
Édité par SIN’ART depuis 2010, DARKNESS #14 sera de nouveau disponible le 15 juin 2014 directement sur le site de l’association. Un numéro exceptionnel à réserver sans tarder en cliquant ICI.
Sorti aux Mexique et aux États-Unis il y a déjà deux ans, Cristeros (2012, Cristiada), de Dean Wright, raconte le soulèvement de paysans mexicains, entre 1926 et 1929, contre le gouvernement anticatholique du Président Plutarco Elías Calles. Populaire, locale et spontanée, la rébellion se transforme progressivement en soulèvement général en janvier 1927. Au printemps 1929, le mouvement compte près de 50 000 combattants dont 25 000 placées sous les ordres du général Enrique Gorostieta Velarde (Andy Garcia, dans le film). L’État mexicain conclut un accord diplomatique avec l’Église, en juin 1929, mettant ainsi fin à la révolte des Cristeros qui dura trois ans et fit plus de 250 000 morts.
Alors que le film est distribué en France depuis le 14 mai 2014, des associations catholiques dénoncent une sortie tardive en criant à la censure ! Une rumeur se propage, voulant que le risque de « télescopage avec l’épisode du mariage pour tous » ait contrarié l'exploitation du film dans notre pays. Dans un article publié sur le site du Nouvel Observateur, le 10 mai 2014, Arthur de Boutiny livre une explication bien moins croustillante : « La vérité est pourtant plus simple : le film a fait un flop en Espagne, ce qui a refroidi les distributeurs français ». Pas de censure mais un risque financier qu'aucun distributeur n'a voulu prendre avant Saje Prod en 2014, après l'échec commercial du film en Espagne (150 000 dollars de recettes) et aux États-Unis, le film ayant rapporté un peu moins de 6 millions de dollars pour un budget deux fois supérieur. Hubert de Torcy, le directeur de Saje Prod, responsable de la distribution française de Cristeros, confirme cette explication : « Si les exploitants de salles ont une idéologie, c’est celle du tiroir-caisse, et on les comprend bien. Je veux dire par là qu’ils ont surtout le souci très légitime de la rentabilité, plutôt qu’un quelconque boycott idéologique. Même si je souhaite de tout mon cœur qu’il réussisse, rien ne dit que Cristeros ne sera pas un nouveau four. » Pas question de qualifier le distributeur français d'anticléricalisme, puisque Hubert de Torcy est animateur de radio pour KTO et membre de la Communauté de l’Emmanuel.
Finalement, les sites catholiques se réjouissent du succès du film en salles, tel Aleteia le 17 mai dernier : « Trois jours après sa sortie, le film Cristeros se place en 4e position des 14 sorties de la semaine ! Un véritable exploit pour un film proposé dans seulement 61 salles, quand Godzilla arrive en tête avec dix fois plus d'écrans. » Interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés outre-Atlantique, le film est autorisé pour tous publics avec avertissement en France en raison de plusieurs scènes violentes, en particulier à l'encontre d'enfants.
Depuis le décret du 4 décembre 2003 (modifié en 2008), le président de la commission de classification des œuvres cinématographiques est tenu de remettre au ministre de la Culture, un rapport d'activité dans les six mois précédant l'échéance de son mandat. Très attendu par les juristes et certains professionnels du cinéma, le rapport d'activité de la Commission est mis en ligne sur le site du centre national de la cinématographie (CNC) et correspond donc à la fin du mandat de son président. Ce mandat est de trois ans renouvelable deux fois. Le dernier rapport - le troisième depuis 2005 - signé par Sylvie Hubac, présidente de la Commission de 2004 à 2010, a été publié en décembre 2010 pour la période janvier 2007 - décembre 2009.
Si le quatrième rapport d'activité de la Commission aurait dû être publié au début de l'année 2013, pour la période 2010-2012, la nomination de trois présidents successifs (Emmanuel Glaser, Edmond Honorat et Jean-François Mary) entre 2010 et 2012, a contrarié le rythme habituel de réalisation. Malgré tout, le rapport d'activité devrait être remis au ministre à l'été prochain pour la période janvier 2010 - décembre 2012 correspondant à la fin du mandat d'Edmond Honorat. Il faudra donc attendre 2016 pour connaître les détails de la période suivante et les dessous de l'affaire Nymphomaniac puisque Jean-François Mary, l'actuel président de la Commission, a été nommé en août 2012.
Alors que le CSA, le CNC et la plupart des organismes similaires publient un rapport d'activité chaque année - ce qui était également prévu pour la commission de classification des œuvres cinématographiques par le décret de 2003 avant que le décret du 1er octobre 2008 ne change le principe pour lui préférer un rythme calé sur le mandat de son président - la Commission de classification affirme donc sa singularité, y compris vis-à-vis du bureau de classification britannique (BBFC) qui a toujours opté pour annualité, en publiant un rapport dont l'intérêt décalé ne colle pas vraiment à l'actualité.
Présenté en ouverture au 67ème Festival international du film de Cannes, Grace de Monaco (2014), de Olivier Dahan, ne sera pas projeté à Monaco sur décision de Thierry Tréhet, l'exploitant de l'unique cinéma de la Principauté. Pas de censure à proprement parler, mais une décision personnelle du directeur de salles qui, "sans être influencé par qui que ce soit", a choisi en conscience d’être solidaire de la famille princière, mécontente de ce long-métrage laquelle n'a pas intenté, pour le moment, une seule action en justice contre les auteurs du film. En revanche, Sophie Grassin et Nicolas Schaller nous apprennent sur le site du Nouvel Observateur, l'affrontement entre Olivier Dahan et Harvey Weinstein, le distributeur américain du film.
En octobre 2013, le réalisateur a déclaré à Libération : "Il y a deux versions de Grace de Monaco pour l’instant, la mienne et la sienne… que je trouve catastrophique. Les Américains veulent un film commercial, c’est-à-dire au ras des pâquerettes… Ils ont conçu une bande-annonce qui ne correspondait pas au film, puis ils essaient de faire en sorte que le film ressemble à la bande-annonce, c’est absurde." La rumeur laisse alors rapidement entendre que deux versions circuleraient... La version d'Olivier Dahan a finalement été projetée à Cannes mercredi 14 mai, Thierry Frémaux précisant, à toutes fins utiles : "On ne montre au Festival que les versions des cinéastes." Pour sa part, Pierre-Ange Le Pogam, le producteur français du film, indique : "La version américaine n’existe pas ou, du moins, pas officiellement. [...] Maintenant, peut-être que Harvey Weinstein a raison quand il estime que la nôtre n’est pas assez commerciale pour les États-Unis. Espérons qu’il travaille à un montage qui lui convienne et nous convienne aussi."
Le Nouvel Obs rappelle enfin que Weinstein est un spécialiste en la matière en citant l'affaire Snowpiercer qui l'avait opposé à Joon-ho Bong, son réalisateur, pour des raisons similaires.
Noé (Noah, 2014), le dernier film de Darren Aronofsky, contesté aux États-Unis et interdit dans de nombreux pays arabes, ne sera finalement pas diffusé dans les cinémas chinois. Si peu d'informations filtrent sur les raisons de cette interdiction, et bien que le Hollywood Reporter évoque la méfiance du régime communiste pour les sujets religieux, il semble plus vraisemblablement que le film soit une victime de la politique des quotas mise en place par la Chine depuis quelques années. Dans un article publié le 9 mai 2014 sur le site du Figaro, Violaine Morin nous rappelle en effet que "l'Occident avait crié à la censure lorsque le film Skyfall avait tardé à sortir en Chine en 2013. [...] sa sortie tardive s'explique aussi par le respect des quotas d'importations. Et c'est probablement ce qui se passe pour Noé car les productions américaines se bousculent au portillon".
Le site Première nous apprend que la version française de l'affiche du film belge Au nom du fils (2012) a été édulcorée pour son exploitation en France afin de ne pas ajouter au sujet sulfureux de l'oeuvre de Vincent Lannoo racontant la vengeance de la mère d'un garçon de 14 ans qui se suicide après avoir été abusé sexuellement par un prêtre. Amel Lacombe, le distributeur du film en France actuellement projeté dans 25 salles, explique avoir décidé de modifier l'affiche française du film dans le journal Metro, après des discussions avec les exploitants de salles et les afficheurs : « Certains exploitants m'ont laissé entendre que le climat « manif pour tous » n'était pas très propice à ce genre de films » et de préciser : « Nous l'avons utilisée [l'affiche] en province avant que notre afficheur parisien ne souligne son caractère potentiellement blasphématoire. Nous en avons donc fait faire une troisième, plus sobre. » L'affiche originale évoque un tableau de la Vierge avec son fils, sauf que la mère braque un pistolet sur le spectateur et que le petit Jésus a un crucifix à la place du sexe. En outre, le visage de l'actrice Astrid Whettnall est superposé à celui de la figure biblique. Dans la version édulcorée, l'arme à feu est toujours présente ainsi que la tache de sang. En revanche, le dessin a été modifié. La photo du visage l'actrice n'est plus penchée comme sur un tableau religieux et le crucifix a disparu. Les mentions de festivals à droite ont été modifiées, pour mieux correspondre au marché français, et, plus étonnant, le nom de l'acteur Zacharie Chasseriaud (qui joue l'enfant victime) a été remplacé par celui d'Achille Ridolfi (qui incarne l'un des prêtres). Une troisième version encore plus soft existe avec la mention : « Ça arrive encore près de chez vous », une référence au film belge « C'est arrivé près de chez vous » dont l'affiche avait été censurée par la Commission de classification française. Enfin, la dernière version, spécialement créée pour l'affichage public dans Paris, montre une nonne baignant dans son sang.
La polémique est rendue publique cette semaine après les reproches du journal Libération, du magazine Télérama et la critique au vitriol du film 24 heures, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi (2014) d'Alexandre Arcady, publié dans le magazine Ecran Large : « On ne peut s’empêcher de vomir tout son saoul cette vision d’un cinéma pris en otage au service d’une dialectique immonde car laissée aux mains de personnes que l’on peut qualifier de criminelles. […] Un monumental doigt d’honneur à toute volonté de prise de hauteur et d’apaisement. […] Une prise de parole destructrice et haineuse qui n’aboutit finalement qu’à la seconde mort d’Ilan Halimi. […] Un film sémite et communautariste qui prête alors tout naturellement le flanc à l’antisémitisme. » Le réalisateur dénonce la charge portée contre son film, et explique qu'il s'est astreint à contenir son propos. Le site Délit d'images rapporte que « jamais le mot musulman, ni même communautarisme n’est prononcé dans le film, au sujet de Youssouf Fofana ». Autocensure ? Alexandre Arcady profite de l'occasion pour livrer à la presse les difficultés rencontrées pour financer son film : « Trente ans que je fais ce métier, c’est mon seizième film et j’en ai produit plus de trente-cinq. Mais je n’ai jamais rencontré autant de difficultés financières, alors que l’on pouvait penser qu’il y aurait un consensus autour d’un tel sujet » en pointant du doigt France Télévisions et le Centre national de la cinématographie qui ne l’ont pas soutenu dans son projet au prétexte « qu’il ne fallait pas jeter de l’huile sur le feu ».
Après l'arrêt récent de la diffusion des séries NCIS ou The Big Bang Theory sur les plateformes chinoises de streaming, la Chine s'attaque à la série américaine Game of Thrones, déclenchant une vague de protestations parmi les fans. Selon une information publiée par le South China Morning Post, rapportée par le site de la revue Première, le premier épisode diffusé sur la chaîne CCTV, le 27 avril dernier, aurait été très largement censuré : « Ils ont coupé environ un quart des scènes de combat, et un quart des scènes de sexe » rapporte un internaute chinois ayant déjà pu voir la série sur Internet. Une censure condamnée par George RR Martin, l'écrivain à l'origine de la célèbre série télévisée, dans un entretien donné au New York Times le week-end dernier : « Un artiste a l'obligation de dire la vérité. Mes livres sont des fantasmes épiques inspirés et fondés dans l'histoire. Le viol et la violence sexuelle ont fait partie de toutes les guerres, il y a longtemps et même encore aujourd'hui. Ne pas les faire apparaître dans une histoire centrée sur la guerre et la puissance serait totalement faux et malhonnête et porterait atteinte à l'un des thèmes des livres : que les véritables horreurs de l'histoire humaine ne viennent pas d'orcs ou des sorciers noirs, mais de nous-mêmes. Nous sommes les monstres. Chacun de nous a en lui la capacité de faire le bien comme le mal. […] Je peux décrire en détail une hache entrant dans le crâne d'un homme et les éclaboussures de sang qui en résultent. Je décris donc un pénis dans le vagin de la même façon. Ce n'est pas la fin du monde. »
Alors que le film d'Abel Ferrara Welcome to New York (2014) relatant l'affaire du Sofitel impliquant DSK ne sortira pas dans les salles françaises, Le Nouvel Observateur nous apprend le 26 avril dernier que certaines scènes du film controversé auraient été censurées au montage : « le cinéaste a bien filmé une scène avec une jeune femme blonde ressemblant étrangement à Tristane Banon, l'écrivain qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol. La séquence a été supprimée. Tout comme celle où "M. Devereaux" [DSK, dans le film] imposait à son épouse la même fellation que celle infligée à la femme de chambre. Récemment, Anne Sinclair et l'agent de Depardieu, Bertrand de Labbey, se sont retrouvés à dîner chez leur ami commun, Michel Field. "L'ambiance a été glaciale pendant cinq minutes, raconte le journaliste. Puis Bertrand a tenté de rassurer Anne en lui expliquant que les passages les plus scabreux n'avaient pas survécu au montage. »
Lagos, ©AFP du 25 avril 2014 : La sortie de Half of a Yellow Sun, de Biyi Bandela, un film sur la guerre du Biafra, épisode tragique de l'histoire du Nigeria, prévue vendredi 25 avril dernier dans tous les cinémas du pays, a été repoussée au 2 mai par le comité de censure nigérian. Le film, adapté du best-seller éponyme de la romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, raconte le destin de deux sœurs au Nigeria entre 1960, année de l'indépendance, et 1970, à la fin de la guerre du Biafra - région du Sud-Est du Nigeria - qui a fait plus d'un million de morts en trois ans, dont une grande partie à cause de la famine. Selon un communiqué publié sur le site internet du film, la sortie du film au Nigeria a été repoussée à cause de "délais dans l'obtention du certificat du comité nigérian de la censure des films et de la vidéo" (NFVCB). Son porte-parole, Caesar Kagho, a évoqué des questions relatives à la réglementation, en précisant toutefois que le film n'est pas officiellement interdit. Filmhouse Cinemas, la société en charge de la distribution du film au Nigeria, a rencontré le comité de censure vendredi afin de tenter de débloquer la situation, a expliqué son directeur, Kene Mkparu. Tourné dans le Sud-Est du Nigeria, Half of a Yellow Sun affiche un casting prestigieux, avec notamment l'acteur britannique d'origine nigériane Chiwetel Ejiofor, nommé aux Oscars pour sa performance dans le film 12 years a Slave. - un sujet sensible. Plus de quatre décennies plus tard, la guerre du Biafra reste un sujet sensible au Nigeria. Half of a Yellow Sun, projeté au festival de Toronto l'année dernière en première mondiale, est déjà sorti en Grande-Bretagne, interdit aux moins de 15 ans et doit sortir prochainement aux États-Unis interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés.
Welcome to New York, le prochain film d'Abel Ferrara, qui raconte la descente aux enfers du président du FMI en 2011, Dominique Strauss-Kahn - interprété par Gérard Depardieu - et son procès à New York, ne devrait pas faire partie de la sélection officielle du prochain Festival international du film de Cannes, les producteurs annonçant l'exploitation du film en France, uniquement sur Internet et en VOD. Ainsi, dans un entretien accordé au journal Le Monde, Vincent Maraval et Brahim Chioua (Wild Bunch) ont expliqué qu'ils "voulaient tenter depuis longtemps une expérience de distribution en ligne", protestant contre la règlementation française qui les oblige à attendre quatre mois après la sortie d'une oeuvre sur grand écran pour la diffuser en vidéo : "Quand on voit que 4h44, Dernier jour sur Terre - le dernier film d'Abel Ferrara - a fait 20000 entrées en salles et 3 millions de vues sur YouTube, ça fait réfléchir." Un geste qui ressemble également à un bras d'honneur fait à la télévision, principal investisseur du cinéma en France, Vincent Maraval déclarant : "C'est une façon de dire aux chaînes de télé, Ok, vous n'avez pas voulu financer le film, on peut faire sans vous.» Alors qu'aux États-Unis, le film sortira simultanément en salles et sur le Web, l'édition du Parisien explique : "La décision de ne pas diffuser Welcome to New York dans les cinémas en France obéit peut-être à d'autres considérations. Les producteurs ont pu ainsi craindre une action en justice des avocats de DSK ou d'Anne Sinclair pour empêcher la sortie publique du film." La suppression des liens menant à la bande annonce sur Internet laisse augurer un volet judiciaire sans concession, d'autant plus que certaines indiscrétions permettent de penser que le film d'Abel Ferrara sera finalement projeté à Cannes, hors compétition.
Bande annonce Welcome to New-York, le film sur DSK
http://www.divertissonsnous.com/2013/05/17/bande-annonce-welcome-to-new-york-le-film-sur-dsk/
Selon une information diffusée cette semaine par l'AFP, les salles de cinéma égyptiennes ont reçu, le 16 avril dernier, la consigne du cabinet du Premier ministre de déprogrammer Halawet Rooh (La Beauté de l'âme), de Sameh Abdel Aziz. La bande annonce du film, racontant la vie d'une jeune femme qui déclenche les passions parmi les hommes de son quartier lorsque son mari est absent, aurait soulevé une vague d'indignations, l'actrice libanaise Haïfa Wehbé y montrant des « décolletés plongeants » en posant dans des « attitudes lascives ». Le quotidien Al-Masri Al-Youm affirmant que le film « ne contient pas une seule scène dans laquelle Haïfa ne montre pas une partie de son corps » et le Conseil national égyptien pour l'enfance et la maternité ajoutant que Halawet Rooh est « un danger moral » susceptible d'ifluencer « négativement la morale publique », la suspension a été décidée, dans l'urgence, afin que le comité de censure du ministère de la Culture donne son avis sur son contenu.
Président du Comité de censure, le réalisateur Ahmed Awad a annoncé sa démission, vendredi soir sur la télévision privée CBC2, expliquant assumer son choix d'autoriser à un public adulte Halawet Rooh : "J'ai pris la décision d'autoriser le film, je m'y tiens et j'en porte l'entière responsabilité. L’État a un autre avis, ils ont annulé notre décision et arrêté la diffusion.Comme tout responsable qui se respecte […] j'ai présenté (ma démission)".
Initialement prévu en salles le 16 avril prochain, The Raid 2 (2014), de Gareth Evans, sera finalement projeté en France en version intégrale, le 23 juillet 2014, interdit aux mineurs de 16 ans avec avertissement, ce qui n'était pas arrivé à un film violent depuis la sortie de J'ai rencontré le diable, de Kim Jeen-Woon, en décembre 2011.
Le film indonésien vient d'être interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni, au Canada, en Australie, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et en Irlande. Seuls les États-Unis ont autorisé les spectateurs de moins de 17 ans, accompagnés d'un adulte, à assister à la représentation de The Raid 2, dans une version édulcorée, après que le réalisateur ait consenti à pratiquer quelques coupures.
L’Observatoire de la liberté de création vient de publier une lettre ouverte collective destinée à appeler l'attention des pouvoirs publics et des citoyens sur les différentes atteintes à la liberté d'expression recensées depuis 2000 :
Paris, le 18 mars 2014,
Il y a eu, en 2000, Présumés innocents, exposition au CAPC de Bordeaux dont les commissaires ont été poursuivies, a posteriori, au pénal, par une association s’occupant de rechercher les enfants disparus, la Mouette. La procédure a fini par un non-lieu, de nombreuses années après, mais elle a marqué les esprits et le retour de l’ordre moral qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années.
En 2010, Le Baiser de la Lune, film d’animation de Sébastien Watel, montrait un poisson-lune qui aimait un poisson-chat. Il devait être diffusé à l’école dans le cadre d’une campagne de prévention contre les discriminations, mais le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, l’a interdit. Christine Boutin, sous couvert de son parti chrétien, soutint que ce film privait les enfants « des repères les plus fondamentaux que sont la différence des sexes et la dimension structurante pour chacun de l’altérité ». Prévenir contre l’homophobie serait faire de l’idéologie.
En avril 2011, Immersion (Piss Christ) et Sœur Jeanne Myriam, deux œuvres d’Andres Serrano, furent vandalisées à la Collection Lambert d’Avignon à la suite d’une manifestation conduite par Civitas. Certains évêques s’étaient joints aux intégristes dans la dénonciation d’un prétendu blasphème.
Quelques mois plus tard, des représentations de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, furent empêchées par des catholiques intégristes. Il a fallu que la police protège les théâtres, comme ce fut le cas ensuite pour la pièce Golgota Picnic, de Rodrigo Garcia. Le porte-parole de la Conférence des évêques dénonçait ces deux spectacles sans les avoir vus, encourageant ainsi les manifestants.
Le 21 novembre 2013, le Fonds régional d’art contemporain de Lorraine a été condamné pour la présentation des œuvres d’Éric Pougeau dans l’exposition Infamilles à la demande de l’Agrif, une association « pour le respect de l’identité française et chrétienne », sur le fondement de l’article 227-24 du Code pénal, dont l’Observatoire de la liberté de création demande la modification depuis 2003. Les œuvres incriminées sont considérées par la justice comme violentes à l’égard des mineurs, et portant gravement atteinte à la dignité humaine. C’est la première fois qu’une exposition est condamnée judiciairement sur ce fondement. La cour d’appel est saisie.
En février 2014, le film Tomboy, de Céline Sciamma, a été attaqué par Civitas qui demande son retrait du dispositif d’éducation artistique « École et cinéma », et a cherché à s’opposer à sa diffusion sur Arte. Une candidate du FN à La Roche-sur-Yon dénonce Tragédie, spectacle chorégraphique d’Olivier Dubois, jugé « décadent » pour cause de nudité. Tous à poil !, livre de Claire Franek et Marc Daniau, est vilipendé au même moment par Jean-François Copé au nom du « respect de l’autorité ».
Les 28 janvier et 5 février 2014, sont remis en cause les visas d’exploitation du film Nymphomaniac Volume I et Volume II de Lars von Trier, par deux décisions du juge des référés du tribunal administratif de Paris. La délivrance de ces visas par la ministre de la Culture s’était pourtant appuyée sur une consultation de la Commission de classification. Le juge des référés est, par définition, seul. Il visionne et juge le film, seul. Et son jugement donne raison à une association (Promouvoir) dont le but est clairement confessionnel (« la promotion des valeurs judéochrétiennes, dans tous les domaines de la vie sociale ») et qui développe une stratégie d’actions contentieuses, administratives et pénales, contre les films et les livres, depuis 20 ans.
Les visas critiqués ont été délivrés par la ministre de la Culture après avis collégial d’une commission présidée par un conseiller d’État, nommé par décret, et composée de fonctionnaires représentant les ministères concernés par la protection de l’enfance et de l’adolescence, de professionnels, d’experts, dont des représentants de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et du Défenseur des enfants. Le film est désormais interdit aux moins de 16 ans (Volume I), et 18 ans (Volume II). Avec des conséquences lourdes sur sa diffusion, dont la portée est loin de ne concerner que les mineurs prétendument protégés par de telles mesures.
Le 20 février, le même juge des référés déboute l’association Promouvoir qui prétendait faire casser le visa du film La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche (interdit au moins de 12 ans), en faveur d’une interdiction aux moins de 18 ans. Le juge des référés ne répond pas favorablement, uniquement parce que l’association s’y est prise trop tard, ce qui laisse présager de la suite.
Il y a encore l’artiste Steven Cohen, arrêté en septembre 2013 au Trocadéro en pleine performance, pour cause « d’exhibition sexuelle », car il était partiellement nu, par les policiers du commissariat de la Faisanderie, proche du bois de Boulogne. Il sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris, le 24 mars prochain, à la demande du parquet.
Il y a les pressions, exercées par des mouvements extrémistes, sur les bibliothèques pour censurer tel ou tel ouvrage, jugé par eux immoral ou scandaleux, demandant des comptes sur les politiques d’achat, de consultation et de prêt.
Il y a les mêmes anathèmes, lancés sur les manuels et les bibliothèques scolaires, les enseignants et les éducateurs, au nom d’un ordre moral qui ne s’autorise que de lui-même ou d’une rumeur autour d’une « théorie du genre », prétendument enseignée à l’école. Et cette fois, sont rassemblés les fondamentalistes de toutes les religions.
Ce n’est évidemment pas fini.
Ces faits devenus réguliers ont plusieurs caractéristiques communes alarmantes. Quelques groupes, très actifs et organisés en réseau, se sont érigés en arbitres et en gardiens des bonnes mœurs, selon des principes le plus souvent empruntés à l’ordre du religieux et de la morale. Ils s’attaquent à l’art et tentent d’empêcher la diffusion des œuvres qui leur déplaisent par tous les moyens : intimidation, rumeur, action violente... Les musées, les lieux d’exposition, les cinémas, les théâtres, les bibliothèques et les écoles, tous les lieux publics de culture et de connaissance sont devenus leur cible.
Or nous vivons dans une république démocratique et laïque. Il est temps de rappeler que la culture et l’éducation fondent notre pacte républicain, autour des valeurs de diversité, de tolérance et de dialogue. Le débat sur les œuvres est légitime et sain, chaque avis est respectable, mais rien ne justifie l’action violente. Une oeuvre qui respecte ce pacte ne peut faire l’objet d’aucune censure ni d’aucune forme de pression dictée par des minorités agissant au nom de principes communautaristes, ou d’arguments idéologiques, religieux ou moraux.
Le travail des auteurs, des artistes et des interprètes n’est jamais de dire une vérité unique. Une œuvre est une représentation, une fiction qui permet d’exprimer une vision du monde, et cette vision est et doit rester libre. La diffusion des œuvres ne doit pas être entravée par ceux qui n’en ont qu’une vision étroite, injuste ou déformée, et demandent une censure, parfois sans même voir, regarder ou entendre. Ce qui est en cause, ici, c’est le jugement que chacun peut faire librement des œuvres qui lui sont données à voir ou à entendre. Ce n’est pas seulement la liberté des créateurs que nous défendons, mais c’est aussi celle du spectateur. La censure porte atteinte à ce qui donne à chacun l’occasion d’exercer son intelligence et de questionner son rapport à l’autre ou au monde. Il s’agit de défendre l’expérience offerte à tous de la pensée et de la sensibilité, contre toute forme de puritanisme ou de catéchisme de la haine. Il ne faut pas laisser vaincre ceux qui tentent d’anéantir ce qui est un principe de toute vie démocratique. Si l’œuvre est polémique, elle requiert un débat, pas une interdiction.
Il est très préoccupant que l’Observatoire de la liberté de création ait à rappeler ces évidences. Il dénonce, depuis plus de dix ans, le dispositif légal qui permet aux associations d’agir contre les œuvres au nom de la protection de l’enfance, alors qu’elles n’ont aucun titre à le faire. Il dénonce les dispositions légales qui sont fort mal rédigées, et qui permettent des sanctions pénales contre les œuvres pour des motifs touchant à la morale.
Pendant sa campagne électorale, le candidat François Hollande s’est publiquement engagé auprès de l’Observatoire de la liberté de création, le 2 mai 2012, à « revoir profondément la législation en vigueur », dénonçant les attaques et remises en cause de manifestations artistiques, et affirmant qu’il convient de faire « cesser » « les poursuites contre des commissaires d’exposition ou l’autocensure des élus ».
Il est temps de passer aux actes.
Nous en appelons solennellement au président de la République, au gouvernement et aux parlementaires, pour procéder aux modifications législatives qui s’imposent, afin de garantir la liberté de création et de diffusion des œuvres, et modifier le code pénal.
Nous en appelons aux plus hautes instances de l’Etat, mais aussi aux élus locaux, pour protéger, autant de fois qu’il sera nécessaire, les œuvres, les artistes et les lieux de connaissance et de culture, par la garantie réaffirmée de la liberté de création et de diffusion des œuvres.
Membres de l’Observatoire :
la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;
la Fédération des salons et fêtes du livre de jeunesse ;
le Syndicat des artistes plasticiens (Snap - CGT) ;
l’association des Auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) ;
le Cipac - Fédération des professionnels de l’art contemporain ;
la Ligue de l’enseignement ;
l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID) ;
la section française de l’Association internationale des critiques d’art (AICA - France) ;
le Syndicat français des artistes interprètes (SFA) ;
la Société des gens de lettre (SGDL) ;
la Société des réalisateurs de films (SRF) ;
la Fédération des réseaux et associations d’artistes plasticien (Fraap)
le Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC).
Organisations signataires :
- l’Association des directrices et directeurs de bibliothèques municipales et de groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV) ;
- le Syndicat des distributeurs indépendants (SDI) ;
- l’Union des photographes professionnels-auteurs (UPP) ;
- le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (SYNDEAC) ;
- l’Association des auteurs réalisateurs du sud-est (AARSE) ;
- le Syndicat des professionnels de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma (Sipac – CGT).
Selon une information révélée par le site dozodomo.com, la chaîne de télévision japonaise Asashi a censuré un plan du dessin animé Doraemon : Nobita no Himitsu Dôgu Museum (2013), de Teramoto Yukiyo, montrant aux téléspectateurs la petite culotte d'un des personnages. La chaîne a ajouté un jet de lumière pour dissimuler le sous-vêtement blanc de Shizuka. Cette censure a étonné les fans qui ne comprennent pas le problème, le personnage de Shizuka étant très souvent présenté nu dans les scènes où elle prend son bain. Il semble en réalité que l'affaire a servi d'argument aux défenseurs du projet de loi Tokyo’s Youth Healthy Development Ordinance qui vise à protéger les jeunes Japonais de contenus jugés choquants.
Le système de cotation des films mis en place par la MPAA aux États-Unis expliqué avec humour en une vidéo de 1 minute et 30 secondes.
"Ce premier tome écourté de Nymphomaniac nous parvient entouré d’une aura de scandale en raison de la crudité de ses thèmes et de la présence de scènes explicites. Ces séquences auraient été raccourcies par un tiers, voire censurées, par rapport à la version intégrale encore à venir, imaginée par l’enfant terrible du cinéma danois. Construit à la manière d’un journal intime narré par la protagoniste en voix hors champ, le film se compose de cinq chapitres dans lesquels sont exposées rétrospectivement ses expériences sexuelles. La masturbation, la fellation et la sodomie sont présentées sans grands détours, puis théorisées dans un langage parfois cru à l’aide de formules mathématiques, de métaphores bibliques ou philosophiques. Quelques gros plans sur les parties génitales contribuent à la facture érotique très franche de l’œuvre." C'est en ces termes que la Régie du cinéma du Québec (l'équivalent de la Commission de classification en France) a justifié, le 5 mars dernier, l'interdiction aux -18 ans du premier volume de Nymphomaniac, de Lars von Trier, nous apprend aujourd'hui le Journal de Montréal. Le second volume du film supporte la même classification pour des motifs similaires : "Cette deuxième partie, offerte en version abrégée à l’instar de son prologue, illustre l’escalade de l’héroïne, nymphomane autoproclamée, de plus en plus loin dans sa recherche du plaisir sexuel. Insatiable, Joe découvre le masochisme et les rencontres anonymes avec plusieurs partenaires, pour finalement se tourner vers les pratiques sadiques. Même dans cette version raccourcie, les trois derniers chapitres de l’œuvre présentent des actes sexuels non simulés et dépeignent avec un réalisme saisissant des sévices sexuels. Le traitement réservé à ces segments s’apparente d’ailleurs à celui des films pornographiques sadomasochistes. En conservant la facture érotique très affirmée du volet précédent, le cinéaste d’Antichrist ajoute, cette fois, une forte dose de violence."
Chaque année, le Festival de Films de Fribourg (FIFF), en Suisse, offre un programme éclectique, sous la direction de Thierry Jobin. Du 29 mars au 5 avril, la 28e édition surfera sur les thématiques de résistance, de crise et de rébellion, en proposant des œuvres issues de pays qui n'ont que rarement accès à la distribution internationale et dont la création cinématographique est inconnue tels le Bhoutan, l'Irak, le Nigéria, le Kenya ou encore le Sénégal. En 2014, 126 films issus de 46 pays différents sont programmés et 12 films sont en compétition pour décrocher le Regard d'or, dont Fish and Cat, un film iranien d'un seul plan de 134 minutes (plus fort que Brian de Palma !) ou bien The Square, un long métrage égyptien dont l'action se déroule sur la fameuse place Tahrir. Sur le site link-art.org, Jean Sluka ajoute qu'il sera possible, pour les plus courageux, de découvrir "le Belle et Sébastien russe (à combiner avec le torture-porn de Kim Ki-Duk en Projection de Minuit) et la superproduction 3D Stalingrad. [...] Moins pittoresque : une section parallèle dévolue à la catastrophe au cinéma mais qui, loin de se cantonner au genre, va d’un inédit avec Steve Carell (Seeking a Friend for the End of The World) à un docu qu’on annonce déchirant (The Horses of Fukushima)."
Après la violence (2010), le sexe (2011), la politique, la religion (2012), les déviances et les perversions (2013), le prochain numéro de Darkness devrait aborder le gore et la censure au cinéma. Les colonnes du fanzine vous sont ouvertes à la condition de respecter la ligne éditoriale de la revue : parler de censure. Alors, si vous souhaitez faire partie de l'aventure, faites-vos propositions en écrivant à l'adresse suivante : darkness.fanzine@sfr.fr
La photographie illustrant cet appel est tirée du film Frontière(s) (2007) de Xavier Gens.
L'imam de la mosquée d'Al-Azhar, la plus haute autorité islamique d’Égypte, souhaite l'interdiction totale du film Noé (2014), de Darren Aronofsky, racontant à sa manière l'histoire du déluge et de Noé rapportée par l'Ancien Testament. La représentation physique d'un prophète, interdite par l'islam, est au cœur de la polémique. Si le comité de censure égyptien avait interdit The Da Vinci Code en 2006 après les vives protestations de la communauté copte orthodoxe, il avait en revanche autorisé l'exploitation en salles de La Passion du Christ (2004), de Mel Gibson, décrivant le chemin de croix de Jésus, également considéré comme un prophète par les musulmans. Une tolérance qui s'explique peut-être par le fait que dans ce dernier cas, la communauté juive contestait la manière dont le cinéaste la stigmatisait pendant plus de deux heures...
Les comités de censure du Qatar, du Bahreïn et des Émirats Arabes Unis ont informé la Paramount, de leur décision d'interdire la projection du film. Une mesure similaire est attendue dans d'autres pays comme la Jordanie et le Koweit.
Sur metronews.fr, Judith Korber explique que le film aurait déclenché une vague d'indignations aux États-Unis, plusieurs institutions chrétiennes, dont la très influente National Religious Broadcasters (NRB), dénonçant l'incarnation de Noé par Russell Crowe et une vision bien trop hollywoodienne et sombre du déluge.
Noé n'en est pas à sa première difficulté puisque déjà en octobre 2013, la Paramount avait demandé à Darren Aronofsky de revoir sa copie après des projections désastreuses réalisées auprès des membres de différentes communautés religieuses aux États-Unis. Face au refus du réalisateur et au risque de controverse religieuse, le producteur a finalement décidé de publier un avertissement pour éviter tout échec commercial :
« Ce film est inspiré de l'histoire de Noé. Si l'œuvre s'autorise quelques libertés artistiques, nous pensons qu'elle reste fidèle à l'essence, aux valeurs et à l'intégrité de cette histoire fondamentale pour des millions de croyants à travers le monde. L'histoire originelle de Noé peut être lue dans le livre de la Genèse »
Pour autant, Darren Aronofsky ne semble pas inquiet : "Je pense que la Paramount tente simplement de faire au mieux. Il n'y a pas vraiment de controverse. Si polémique il y a, c'est parce que les gens ont peur de l'inconnu et craignent les adaptations d'épisodes bibliques. Tout cela disparaîtra dès qu'ils verront le film."
Noé sortira sur les écrans français le 9 avril prochain.
Après Nymphomaniac volumes 1 & 2... La Vie d'Adèle chapitres 1 & 2 !
Forte de ses succès, étant parvenue à faire réviser le niveau de classification des films Nymphomaniac volume 1 (l'interdiction aux -12 ans devenant une interdiction aux -16 ans) et Nymphomaniac volume 2 (l'interdiction aux -16 ans devenant une interdiction aux -18 ans), l'association Promouvoir a attaqué la classification du film La Vie d'Adèle (2013), d'Abdellatif Kechich, pour demander la suspension du visa d’exploitation interdisant le film aux -12 ans, en tant qu'il n’interdit pas le film aux -18 ans ou, à défaut, aux spectateurs de -16 ans, se référant aux scènes de sexe entre les deux personnages.
Cette fois-ci, comme nous l'avions imaginé et écrit sur ce blog le 6 février 2014, le juge des référés du tribunal administratif de Paris a rejeté la requête le 20 février dernier, non pas sur le fond mais sur la forme, le juge Heu estimant que l'urgence de l’article L. 521-1 du code de justice administrative invoquée, n'est pas caractérisée : d'une part, parce que le visa a été attribué le 9 septembre 2013 et, d'autre part, par ce que le film n'est plus exploité depuis plusieurs semaines, sa sortie en salles remontant au 9 octobre 2013. Le juge rejette en outre l'argument des requérants (l'association pour la dignité humaine joignant sa requête à celle de Promouvoir) selon lequel "le film est encore projeté dans 11 salles, dont 5 en Ile-de-France" et qu’il est même diffusé "sur les vols outre-mer d’Air France".
L'interdiction aux -12 ans décidée pour La Vie d'Adèle est-elle pour autant sauvegardée ? Si les associations Promouvoir et pour la dignité humaine se sont faites débouter par la voie du référé, rien ne les empêche désormais d'attaquer le visa d'exploitation en saisissant le tribunal administratif de Paris par la voie normale.
Notons que l'un des motifs de suspension du visa soulevés devant le juge concerne l'irrégularité supposée du procès-verbal de la Commission, les associations contestant, notamment et pour la première fois, la nomination de Gauthier Jurgensen par le ministre de la Famille alors que, selon elles, il aurait dû faire partie du collège des professionnels puisque travaillant pour le site Allociné. Le décret du 23 février 1990 ne prévoyant pas de quorum par collège au sein de l'assemblée plénière (*), le moyen invoqué est sans aucun doute inopérant puisque l'appartenance d'un membre à l'un ou l'autre des collèges ne change rien à la décision de la Commission, celle-ci ne rendant qu'un avis au ministre de la Culture seul compétent pour attribuer le visa d'exploitation d'un film.
(*) Chaque demande de visa d'exploitation fait l'objet d'une projection du film en sous-commission à l'issue de laquelle, chaque membre présent, vote. Si la sous-commission propose une restriction à la programmation, l’œuvre est obligatoirement renvoyée en assemblée plénière. L'assemblée ne siège valablement que si quatorze membres au moins sont présents sans qu'un nombre minimum de représentants des quatre collèges - des institutionnels, des professionnels, des experts et des jeunes - composant la Commission, ne soit exigé.
Nymphomaniac, de Lars von Trier vient d'être interdit d'exploitation totale en Turquie sur décision de la commission d'évaluation du ministère de la Culture. Plusieurs artistes turcs ont dénoncé la censure du gouvernement Erdogan, au pouvoir depuis 2002. "Je condamne fermement l'interdiction de Nymphomaniac alors qu'il existe en Turquie une limite d'âge dans les cinémas" s'est indigné sur Twitter le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, prix de la mise en scène au Festival international du film à Cannes en 2008 pour Les trois singes et Grand prix en 2011 pour Il était une fois en Anatolie
Nymphomaniac volume 1 est interdit aux -18 ans au Brésil, en République Tchèque, Finlande, Hongrie, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Grande-Bretagne et au Portugal. Il est interdit aux -16 ans en France (après avoir initialement été interdit aux -12 ans), en Allemagne, en Suisse et aux -15 ans en Suède.
Nymphomaniac volume 2 est interdit aux -18 ans en Hongrie, Irlande, Royaume-Uni, au Portugal et en France (après avoir été initialement été interdit aux -16 ans) et interdit aux -16 ans aux Pays-Bas, en Suisse et aux -15 ans en Suède.
Le 28 février 2014, la cour d'appel de Paris a confirmé l'interdiction du programme télévisé et Internet d'ARTE intitulé Intime conviction, proposant le procès inspiré de l'histoire du docteur Muller, médecin légiste, aujourd'hui définitivement acquitté du meurtre de sa femme par la justice. L'arrêt confirme l'ordonnance du 27 février dernier rendue par le juge des référés saisi en urgence par Jean-Louis Muller pour atteinte à sa vie privée. Selon l'arrêt de la cour d'appel, les mesures prises par le premier juge, "strictement proportionnées à l'atteinte commise", "sont seules de nature à faire cesser le trouble manifestement illicite actuellement subi par M. Muller". "C'est une mesure de censure totalement excessive", a déploré l'avocat du producteur, Maha Productions, Maître Christophe Bigot, contacté par l'AFP.
Selon 20 minutes, le téléfilm de Rémy Burkel, avec Philippe Torreton et Camille Japy, a d'abord été diffusé le 14 février sur la chaîne franco-allemande. En parallèle, un site Internet prolongeant la fiction devait permettre de suivre, jusqu'au 2 mars, le procès du suspect, médecin légiste comme Jean-Louis Muller.
Soulignant de nombreuses similitudes entre l'histoire de leur client et le téléfilm puis le faux procès, les avocats du docteur Muller ont obtenu l'interdiction de diffusion d'une histoire pour laquelle Jean-Louis Muller, 58 ans, a définitivement été acquitté par la cour d'assises de Nancy de l'accusation de meurtre de sa femme, en octobre 2013, après deux condamnations à 20 ans de prison pour des faits remontant à 1999.
Fabrice Lambot (Metaluna Productions), l'un des producteurs du prochain film d'Alexandre Bustillo et Julien Maury, Aux Yeux des vivants, révèle sur son profil Facebook l'interdiction aux mineurs décidée par la sous-commission le 3 mars 2014. L'histoire de trois adolescents inséparables qui se perdent dans les méandres d’un vieux studio de cinéma abandonné devenu le repère d'un homme et de son fils, aurait apparemment perturbé les membres de la Commission impressionnés par des scènes particulièrement difficiles.
Le passage en sous-commission imposant une seconde projection devant l'assemblée plénière en cas d'interdiction, la pratique montre que l'avis qui suit est souvent moins contraignant que le premier, surtout dans le cas d'une possible restriction de représentation aux mineurs. En 2009, Martyrs de Pascal Laugier a également risqué une interdiction aux moins de 18 ans pour finalement être interdit aux seuls mineurs de 16 ans.
Même si l'association Promouvoir demeure très active et particulièrement confiante après ses récents succès obtenus devant le juge contre des deux volets de Nymphomaniac de Lars von Trier, il y a fort à parier que le ministre prenne le temps suffisant avant d'en interdire la projection aux mineurs, le juge exigeant qui plus est une motivation suffisante depuis l'annulation, à deux reprises, du visa d'exploitation comportant l'interdiction aux moins de 16 ans du film Antichrist.
Enfin, rappelons que le dernier film de genre interdit aux mineurs par le ministre sur proposition de la Commission reste à ce jour Saw III (2006), de Darren Lynn Bousman, cette dernière expliquant que "la très grande violence du film, qui enchaîne sans répit des scènes de tortures morales et physiques appuyées, gratuites, sadiques et pour certaines insoutenables, donne le sentiment qu'un palier est franchi dans ce qui est montré dans un film appartenant à cette catégorie cinématographique."
Projeté en assemblée plénière le 20 mars 2014, Aux Yeux des vivants a finalement été interdit aux moins de 16 ans.
L'affiche du prochain film de Bertrand Bonello, Saint Laurent, le (second) film de l'année sur la vie du grand couturier qui sortira sur les écrans français le 1er octobre 2014, sera-t-elle acceptée par les grands afficheurs publics ?
Les affaires Coco avant Chanel, Gainsbourg, Gangster Squad ou encore Millenium laissent craindre le pire, l'ARPP (l'organisme professionnel de régulation de la publicité) veillant à sauvegarder la santé publique de la population qui pourrait être confrontée à une incitation brutale qu'elle ne recherche pas...
Quelques mois de réflexion qui conduiront peut-être le distributeur à proposer une seconde version de l'affiche afin d'éviter toute polémique, à moins que la publicité qui en découlera ne constitue, en réalité, une motivation suffisante pour maintenir l'affiche originale. A suivre...
Alain Resnais est parti à l'âge de 91 ans. Un grand du cinéma récompensé à de multiples reprises et censuré tout autant. Réalisé en 1953 avec Chris Marker, Les Statues meurent aussi, Prix Jean Vigo en 1954, sera interdit en France pendant plus de dix ans parce qu'il détourne l'évocation de l'art africain pour lui préférer un discours anti-colonialiste : "Pourquoi l’art nègre se trouve t-il au musée de l’Homme alors que l’art grec ou égyptien se trouve au Louvre ?"
En 1955, le documentaire sur les camps d’extermination nazis, Nuit et Brouillard, fait l'objet d'une demande de retrait de la sélection officielle du Festival international du film à Cannes par les autorités allemandes qui ne souhaitent pas que l'on s'attarde sur la responsabilité de l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale en pleine réconciliation franco-allemande. Le 29 février 1956, la Commission de contrôle ne lui accorde un visa d'exploitation qu'à la condition que l'image d'un gendarme montant la garde du camp de Pithiviers soit remplacée par "une photographie d’un intérêt historique équivalent." Ne voulant pas se faire imposer une autre image, Alain Resnais décide finalement de noircir le képi du gendarme. Sur son blog, Nezumi Dumousseaux précise : "Avec le recul, cette histoire amuse Resnais pour deux raisons. Il affirme d’une part qu’au moment d’intégrer cette photo à son montage, il n’avait pas prêté attention au détail du képi. D’autre part, ironise-t-il, au dos de la photographie, « il y avait l’aigle allemand avec la croix hitlérienne, et « autorisé par la Propagandastaffel. » Donc ce qu’avait autorisé la Propagandastaffel, était interdit par le gouvernement français. C’était formidable comme histoire ! »
Toujours à Cannes, Hiroshima mon amour est écarté de la compétition officielle en 1959 pour ménager la délégation américaine qui décèle dans l'adaptation du roman de Marguerite Duras, un pamphlet contre les États-Unis.
Mais bon, on connaît la chanson...
Alors que l'ARPP, la SFCC et la SACD ont successivement manifesté leur indignation après les décisions du juge des référés du tribunal administratif de Paris des 28 janvier et 5 février 2014 augmentant le niveau de classification des films Nymphomaniac volume 1 (passant d'une interdiction aux -12 ans à une interdiction aux -16 ans) et volume 2 (passant d'une interdiction aux -16 ans à une interdiction aux -18 ans), la 39e cérémonie des César organisée ce soir met à l'honneur des films polémiques lesquels, chacun à leur manière ont eu des démêlés avec la censure.
Dans la catégorie du « César du meilleur film », on trouve L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie, qui a soulevé une vive polémique après que les maires de Versailles et de Saint-Cloud se soient indignés du visuel de l'affiche promotionnelle ; et La Vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, décrié pour ses scènes de sexe explicites pourtant jugées simplement « réalistes » par la Commission de classification qui ne l'a interdit qu'aux -12 ans alors que de nombreux pays – dont le Royaume-Uni ou les États-Unis – l'ont interdit à tous les mineurs.
L'AFP nous apprend aujourd'hui que Sonopress et Sony DADC au Brésil ont refusé de produire La Vie d'Adèle en DVD en raison de la présence de ces scènes litigieuses. « Je ne comprends vraiment pas ce qui se passe et quelles sont les véritables justifications de ces deux entreprises », a alors déclaré Jean-Thomas Bernardini, président de Imovision, distributeur du film au Brésil. « Le Brésil est un pays libre, le carnaval en est la preuve. Pour moi, c'est une question de préjugé », a-t-il ajouté. Finalement, après avoir essuyé ces deux refus, Imovision est parvenu à conclure un accord avec une petite entreprise locale qui a accepté de faire les copies à la condition que son nom n'apparaisse sur la jaquette.
Dans l'article "La censure de Nymphomaniac trahit des vues doublement archaïques" publié sur slate.fr le 24 février 2014, Jean-Michel Frodon fustige les deux décisions du juge des référés du tribunal administratif de Paris suspendant les visas d'exploitation de Nymphomaniac volumes 1 et 2. Nous choisissons de reproduire l'article in extenso en le commentant (en gras) sur certains points.
La censure de Nymphomaniac trahit des vues doublement archaïques
Les récentes décisions de la justice administrative d'interdire les deux parties du film aux moins de 16 et 18 ans reflètent la montée d'un activisme sur les mœurs, mais aussi un rapport problématique au « réel » dans le cinéma.
Les 28 janvier et 5 février, le tribunal administratif statuant en référé (procédure d’urgence) a désavoué la ministre de la Culture en imposant de modifier les interdictions concernant Nymphomaniac volume 1 et volume 2, les deux parties du nouveau film de Lars von Trier. A la suite des plaintes déposées par l’association Promouvoir, le même juge, monsieur Heu, a imposé de remplacer l’interdiction aux moins de 12 ans du premier par une interdiction aux moins de 16 ans, et l’interdiction aux moins de 16 ans du second par une interdiction aux moins de 18 ans.
Économiquement, cette deuxième mesure est celle qui a les effets les plus nets, dans la mesure où elle restreint les conditions de diffusion du film à la télévision, conditions négociées entre la production et le diffuseur sur la base de l’ancienne autorisation.
A la télévision française, les films interdits aux moins de 16 ans sont classés parmi les programmes de la catégorie IV. Ils ne peuvent être diffusés qu'après 22h30. Les programmes de la catégorie V comprenant les films interdits aux mineurs, ne peuvent être diffusés que sur certaines chaînes accessibles par abonnement, dont celles de cinéma et de paiement à la séance, autorisées à diffuser ces programmes, dans la mesure où elles mettent en place un système de verrouillage de ces programmes permettant d’éviter que des mineurs y aient accès. Ils ne peuvent être diffusés qu’entre minuit et cinq heures du matin même si depuis 2012, les programmes de catégorie V peuvent être diffusés toute la journée par les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) à certaines conditions.
Cet événement s’inscrit dans un contexte particulier et soulève deux problèmes très différents.
Le contexte est celui d’une montée générale d’activisme dans le sens d’une censure des mœurs, portée par des associations d’extrême droite dans le domaine de la culture, en phase avec la mobilisation réactionnaire initiée par le refus du mariage gay et qui s’est depuis largement étendue: la demande d’interdiction du film Tomboy dans les programmes « École et cinéma » puis sur Arte (à laquelle a répondu une audience exceptionnelle pour le film), les exigences répétées de l’exclusion de certains ouvrages des bibliothèques publiques, y compris par l’intervention de commandos interpellant les personnels, en ont été les épisode récents les plus marquants –sans oublier la fabrication par Jean-François Copé d’une « affaire Tous à poil », à propos d’un ouvrage prétendument promu par l’Éducation nationale.
Depuis l'affaire Baise-moi en 2000, de Virginie Despentes et Coralie Trinh, l'association Promouvoir, créée en 1996, milite en faveur « de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant, et se propose à ce titre de faire obstacle au développement de l'ensemble des pratiques contraires à cette dignité, parmi lesquelles l'inceste, le viol, l'homosexualité, la pornographie ou l'embrigadement par les sectes ». Au cinéma, l'association attaque systématiquement les décisions ministérielles autorisant l'exploitation de films interdits aux mineurs de 16 ans et 18 ans lorsque les œuvres présentées au public contiennent au moins une scène de sexe explicite, exigeant alors du ministre voire du juge, l'interdiction totale, un classement X ou, a minima, une interdiction aux moins de 18 ans.
Pour ce qui est de Nymphomaniac, les jugements sont des suspensions des précédentes classifications et pas des décisions définitives, celles-ci devant faire l’objet de jugements au fond, pour lesquels professionnels et responsables du ministère et du CNC fourbissent leurs arguments. Mais, même si le tribunal devait finalement annuler les décisions de la première instance, deux problèmes restent posés.
Décision individuelle contre réflexion collective
Le premier concerne la prise de décision elle-même en démocratie. La séparation des pouvoirs est supposée garantir au judiciaire une sérénité appuyée sur le droit, indépendante des passions politiques du moment.
Ce n'est pas le juge judiciaire mais le juge administratif qui est compétent pour se prononcer sur la décision ministérielle de classement d'un film.
Dans le cas présent, on assiste à une inversion de ce schéma. La décision de la ministre suit en effet, comme il est d’usage, la recommandation d’une Commission de classification composée de nombreux représentants de différents éléments représentatifs de la société: 28 membres et 55 suppléants.
Ce sont des juristes, des artistes, des travailleurs culturels, des médecins, des psychologues, des représentants des familles et des associations de parents d’élèves, de la justice, de la police, de l’Éducation nationale…, ainsi que des jeunes gens (majeurs), sous l’autorité d’un conseiller d’État. Ses décisions font l’objet de débats visant à approfondir les différents problèmes qu’un film est susceptible de poser.
En revanche, la décision du juge est prise de manière solitaire et discrétionnaire, sur son « sentiment », aucun texte de droit ne fixant ce qui légitime une classification moins de 12 ans ou moins de 16 ans.
Les juridictions de l'ordre administratif, comme celles de l'ordre judiciaire, peuvent apporter des réponses rapides - des mesures conservatoires - en cas d'urgence. C'est la procédure du référé qui conduit un seul juge - généralement le président de la juridiction - à décider par voie d'ordonnance. Sa décision est susceptible de recours. En l'espèce, l'article L 521-1 du Code de justice administrative dispose : « Quand une décision administrative [...] fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision. Lorsque la suspension est prononcée, il est statué sur la requête en annulation ou en réformation de la décision dans les meilleurs délais. La suspension prend fin au plus tard lorsqu'il est statué sur la requête en annulation ou en réformation de la décision. »
Par ailleurs, si le juge prend une décision "de manière discrétionnaire", c'est en vertu de sa liberté d'appréciation. S'il se prononce "sur son sentiment, aucun texte de droit ne fixant ce qui légitime une classification moins de 12 ans ou moins de 16 ans", le ministre et la Commission en font tout autant.
Reprenant les termes exacts des attendus de l’association plaignante, le juge décide sur la foi de sa propre impression que telle situation ne convient pas une personne de 15 ans mais va pour une de 16 ans. Et cette décision s’impose à la fois à une réflexion collective de personnes aussi légitimes qu’il est possible de le souhaiter pour ces questions et à un arbitrage de niveau ministériel.
Dans le contexte actuel, cette situation est susceptible de se reproduire de manière imprévisible mais de plus en fréquente, les associations extrémistes et intégristes étant confortées dans leur velléité de censure à la fois par un « air du temps » répressif et par des décisions de justice allant dans leur sens. C’est le sens de l’ensemble des réactions des associations de professionnels, inquiètes d’être en permanence à la merci d’initiatives comparables.
Relation à ce qui est montré
Le deuxième problème concerne la relation à ce qui est montré. Une part du débat judiciaire aura porté sur le fait que les actes sexuels visibles dans les films de Lars von Trier ne seraient pas simulés, ce qui est de nature à justifier une interdiction aux moins de 18 ans, celle infligée par le juge au Volume 2.
La production annonce vouloir produire toutes les preuves qu’ils auraient été en fait été tous simulés, après avoir laissé courir l’idée, au moment de la sortie, que certains actes étaient bien réels mais accomplis par des acteurs spécialisés dans le X.
On peut surtout se demander en quoi cette question de « l’acte non simulé » est pertinente. Le décret qui réglemente l’autorisation des films stipule que cette interdiction aux mineurs concerne les œuvres qui comportent « des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité, ne justifient pas » d'un classement X, comme expliqué sur le site du CNC. Cette classification –de 18 ans a été ajoutée de manière précipitée en 2003 pour s’appliquer à Baise-moi de Virginie Despentes, la puissance publique ayant alors refusé de trancher entre l’interdiction aux moins de 16 ans et le classement X.
En réalité, dans le cas de Baise-moi, considérant que l'interdiction aux moins de 16 ans ne suffisait pas - le film pouvant relever de l'article 227-24 du Code pénal sanctionnant le fait de diffuser des images pornographiques susceptibles d'être vues par des mineurs - le Conseil d’État a expliqué que le film aurait dû être interdit à tous les mineurs et donc classé dans la catégorie des films pornographiques, seule classification mise à la disposition du ministre au moment des faits. Le ministre ne souhaitant pas le classer dans cette catégorie et le visa ayant été annulé, un décret a (ré)instauré l'interdiction aux moins de 18 ans sans classement X.
Le cinéma est fait avec des apparences
Mais se référer aux scènes de sexe non simulées traduit une résurgence d’une conception archaïque tendant à contrôler ce qui se passe sur le plateau de tournage, comme au temps du code Hays qui, à Hollywood, durant près de trente ans, a contraint les couples à utiliser des lits séparés pour que des acteurs (qui ne sont pas mariés dans la vie) ne se trouvent pas dans le même lit. Ou comme l’actuel code de censure du cinéma iranien, qui interdit le contact physique entre comédiens de deux sexes différents, une mère ne pouvant ainsi pas embrasser son fils à l’écran puisque les interprètes ne sont pas mère et fils.
Les seules restrictions apportées au libre contenu des œuvres cinématographiques sont mentionnées à l'article L-211-1 du Code du cinéma et de l'image animée qui dispose que le ministre chargé du cinéma peut refuser ou subordonner l'attribution du visa d'exploitation d'un film pour des raisons liées à la protection de la jeunesse et de l'enfance, ou au respect de la dignité humaine. Depuis 1975, le juge administratif exerce un contrôle maximum sur la décision du ministre, veillant à ce que la mesure de restriction soit compatible avec la liberté d'expression.
Théoriquement, nous ne vivons plus sous ce régime-là et le fait que les acteurs accomplissent réellement l’acte montré ou pas ne devrait plus être un problème depuis longtemps, dans la mesure où n’est commis aucun délit (violence non consentie, acte pédophile, mutilation, meurtre…). Le cinéma, le saviez-vous ?, est fait avec des apparences, la fusée de Méliès n’est même pas allée sur la Lune pour de vrai, Superman vole, mais pas l’acteur qui joue Superman, les gens qu’on voit se faire tuer dans les films d’horreur en fait ne sont pas morts. D’accord, on a l’impression de s’adresser à des débiles mentaux en disant cela, mais c’est exactement ce que fait l’action juridique dès lors qu’il s’agit de la représentation de l’acte sexuel.
La question de la substitution par des doublures, ces cascadeurs particuliers que seraient les acteurs du porno, est ici hors sujet. Madame Charlotte Gainsbourg et monsieur Shia LaBeouf sont des adultes doués de leurs facultés mentales: s’ils souhaitaient pratiquer eux-mêmes l’acte sexuel devant une caméra, on ne voit pas bien pourquoi quelqu’un pourrait y trouver à redire. Et si les besoins du film et le choix des différentes personnes impliquées mènent à privilégier le recours à d’autres procédés, on se demande bien où est le souci, tant que les procédés sont licites.
Le ministre - ou le juge quand il est saisi - classe le film en fonction de l'âge des spectateurs. En France, la loi ne permet pas que des mineurs puissent voir des images à caractère pornographique ou incitant à la violence. Toutefois, si le film comporte "des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité" ne sont pas pornographiques, le film peut "simplement" être interdit aux moins de 16 ans ou interdit aux moins de 18 ans par le ministre - ou le juge - sans subir un classement X et la pénalisation économique et fiscale qui l'accompagne.
Un débat fumeux et incertain
La question, a fortiori à l’époque où le numérique permet des simulations réalistes autrement compliquées que l’introduction d’un pénis dans un vagin, est celle de ce qu’on montre, question qui peut et doit être discutée, et pas celle de la manière dont ce qui est montré a été fabriqué, zizis amateurs ou foufounes professionnelles, postiches en silicone ou trucage au Computer Graphics, « flaccides ou en érection » comme dit le juge des référés.
Voulue par le texte réglementaire, la référence à la question de la simulation distord complètement une interrogation légitime sur ce que les films font, ou visent à faire, à leurs spectateurs, au profit d’un débat fumeux et incertain sur ce qu’ont fait ou pas fait des personnes qui jouent dans ces films; étant entendu, répétons-le, que si celles-ci ont commis un délit –mais on ne sache pas que l’acte sexuel entre adultes consentants en soit un–, elles sont susceptibles d’être poursuivies dans le cadre des procédures générales.
Le délit est constitué si et seulement si un mineur est susceptible de voir une image pornographique.
Ce n’est pas supprimer la question du réalisme au profit d’une artificialité généralisée, c’est au contraire la poser telle qu’elle est vraiment mise en œuvre par le cinéma, par la relation au réel qu’il construit, et qui mérite toujours qu’on s’interroge à son sujet –dans les commissions de contrôle comme partout ailleurs.
Jean-Michel Frodon
Le 25 février 2014, Michaël Hajdenberg a révélé sur Mediapart qu'à la fin de l'année 2013, "à un moment où le journal Le Monde publiait plusieurs articles sur l’affaire Tapie incriminant Stéphane Richard", le président du groupe Orange, il a été demandé à Frédérique Dumas, la directrice générale de la filiale cinéma du groupe, de renoncer à financer le film Saint Laurent, de Bertrand Bonello, "pour ne pas s’attirer les foudres de Pierre Bergé, actionnaire du quotidie", qui préférait l'autre film, Yves Saint Laurent, de Jalil Lespert. Décidant de maintenir le financement du film de Bertrand Bonello, Frédérique Dumas a depuis été remerciée.
Le site @rrêt sur images rapporte que Xavier Couture, conseiller spécial de Stéphane Richard, était à la manœuvre citant l'article de Mediapart qui publie le contenu du message vocal laissé sur le répondeur de Frédérique Dumas : "Oui, Frédérique, c’est Xavier, écoute, on discutait avec Stéphane, de la problématique du Monde au sens le plus large avant que, voilà, que j’essaie de convaincre les journalistes du Monde d’être un peu plus gentils avec Stéphane, et pas de faire un feuilleton avec une histoire qu’on aimerait bien voir retomber. Je pense qu’il serait utile de réfléchir à deux fois avant de financer le film sur Yves Saint-Laurent qui est très contesté par Pierre Bergé comme tu le sais, voilà. Donc ça n’a pas un lien de cause à effet immédiat, mais je pense que c’est peut-être pas utile en ce moment de s’attirer les foudres de Pierre Bergé. Donc je ne sais pas où tu en es sur ce film. On me dit que Orange Studio aurait l’intention de le produire, or à ce stade Stéphane n’est pas vraiment favorable voilà, écoute tu peux me rappeler quand tu veux. Je t’embrasse."
Un cas qui ne serait pas exceptionnel si l'on en croit Mediapart cité par @rrêt sur images : "sur le film de Mathieu Kassovitz, L'Ordre et la morale, consacré à la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, les administrateurs d'Orange ont invoqué le fait que le groupe ne devait pas continuer sur cette ligne de films politiques". Même constat sur le film de Nicolas Hulot, Le Syndrome du Titanic, considéré alors "comme un mauvais choix" et d'ajouter les confidences de Frédérique Dumas : "Dans les deux années qui ont suivi, on est par exemple venu me proposer un film sur une candidate à l’élection présidentielle et un film sur Karachi. Je savais qu’il m’était impossible de les produire".
Le site du Nouvel Observateur ajoute : "Gervais Pellissier [n° 2 d’Orange, ndlr] commente le film de Mathieu Kassovitz L’Ordre et la morale et précise qu’il ne souhaite pas que le groupe poursuive sur une ligne éditoriale de ce type. Il précise que les fonds qui nous sont confiés, par notre actionnaire principal, ne doivent pas servir à financer des films politiques et que nous devons rester mesurés quand il s’agit d’histoires récentes. Christine Albanel [ancienne “plume” de Chirac, ancienne ministre, et présidente du CA d’Orange, ndlr] précise que ce film est sorti trop tôt par rapport aux faits et qu’il aurait été préférable d’attendre quelques années encore."
La 39ème cérémonie des César 2014 qui aura lieu au théâtre du Châtelet vendredi 28 février prochain, distinguera notamment le meilleur acteur de l'année. Parmi les nommés, Mathieu Amalric dans La Vénus à la fourrure. L'occasion de revenir sur le césar qu'il a déjà reçu en 2008 pour son interprétation remarquée dans Le Scaphandre et le papillon. Absent pour assister à la cérémonie à Paris, il avait fait parvenir un discours à Antoine de Caunes, l'animateur de la soirée, à lire s'il remportait la récompense. Lauréat, le texte ne fut lu qu'à moitié, la réalisation expliquant officiellement que la longueur du discours n'était pas compatible avec le timing de la soirée diffusée en direct à la télévision. Pour sa part, Antoine de Caunes jura qu'il s'est appliqué à lire la totalité du texte que la production lui a fait passer. Surpris par la situation, Mathieu Amalric a alors adressé l'intégralité du texte aux Cahiers du Cinéma.
Les spectateurs et téléspectateurs de la cérémonie auront été privés d'un plaidoyer pour la défense des petites salles de cinéma contre les multiplexes qui n'ont que "les chiffres comme seule ligne d'horizon". Citant dans son discours l'exemple du film La question humaine - dont il est le principal interprète -, Mathieu Amalric affirme qu'il "n'aurait jamais fait autant d'entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l'ACRIF (Association des Cinémas Recherche d'Ile-de-France)". Louant "le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres [...] de tellement d'exploitants de salles", l'acteur ajoute que "ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons".
Message électronique de Mathieu Amalric, adressé aux Cahiers du cinéma :
De Panama je t’envoie le texte que j’avais envoyé au dernier moment aux Césars au cas où. Et comme le cas où est arrivé, il a été lu, paraît-il très bien, par de Caunes mais…. pas jusqu’au bout. Je n’en reviens pas. Je ne savais pas que c’était si simple que ça, la censure.
LE TEXTE INTEGRAL
Antoine, tu le lis avec hésitation et bafouillements
Oui bon ben… euh… alors là on frôle le n’importe quoi :
Lindon ; trois fois nommé, zéro compression
Darroussin ; deux fois… nada
Michel ; quatre fois comme acteur… résultat blanc
Et le pompon, Jean Pierre Marielle. Sept fois nommé !!! Et jamais la fève, même pas pour les Galettes.
Chapeau ! … De Panama, d’où je vous fait un vrai faux-Bon…D.
L’autre vilain de Lonsdale aussi il paraît.
Enfin, mouais, mais… non ce qui fait plaisir, c’est que le Scaphandre, c’est bien la preuve qu’un acteur n’existe qu’à travers, qu’en regard de ses partenaires. Parce que qui voit-on à l’image, qui fait prendre vie au Jean-Do de fiction ?
C’est Chesnais, c’est Ecoffey, Arestrup, Watkins. Ce sont Marie-José, Olatz, Consigny penchées vers lui, vers moi, vers vous, tendres, drôles et attentives. C’est Marina en Vierge Marie, c’est Emmanuelle Seigner qui joue pas la Sainte et qui du coup donne corps, chair et souffrance à Bauby. Ta fille aussi, Emma qui carrément provoque le miracle. Et c’était Jean-Pierre Cassel, doublement.
Le Papillon c’est la preuve que, quand il y a un réalisateur, les techniciens sont des roseaux pensants. Que tout se mélange, que sur un plateau tout est dans tout, qu’on peut être, (ce joli mot), une équipe PAS technique… parce que franchement qui c’est l’Acteur quand c’est Berto, le caméraman qui fait, qui EST le regard. C’est LUI qui, par les mouvements de sa caméra crée les mouvements de la pensée de Jean-Do.
Oui, quand il y a un réalisateur… Julian.
Je pense fort à une autre équipe. Celle, médicale, de l’Hôpital Maritime de Berck-sur-Mer où on a tourné et où Bauby a passé un an et demi. Le vrai et le faux, la réalité et la fiction… on ne savait plus. D’ailleurs c’est drôle, je me souviens. Le décor de la chambre, pour avoir plus d’espace, était reconstituée dans une grande salle au rez de chaussée de l’Hôpital, la salle des fêtes. Avec au dessus de la porte, une enseigne en grosses lettres rouges : CINEMA.
Ça ne s’invente pas.
ET LÀ DE CAUNES S’ARRÊTE
Mais la salle de cinéma. Oui, la SALLE de cinéma, elle, doit pouvoir continuer à s’inventer.
"A lire à la lumière. Et à diriger sur notre nuit" Notre musique.
Insupportable "trompe l’œil" des multiplexes. Les chiffres comme seule ligne d’horizon. Aveuglement, brouillage, gavage, lavage. Et quelle solitude. Vous avez déjà parlé à quelqu’un dans un multiplexe ? Pas moi. D’ailleurs c’est impossible, ce qui compte c’est le flux. "Circulez s’il vous plaît, y’a rien à voir" . Au suivant ! bande de Brel.
Alors que le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres que font et on envie de faire tellement d’exploitants de salle se voit de plus en plus nié aujourd’hui.
La Question humaine n’aurait par exemple jamais fait autant d’entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l’ACRIF.
Ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons.
Sinon…
Sinon on va tous finir devant nos "home cinéma" à se tripoter la nouille…
Bons baisers de Panama…
Mathieu
S'exprimant pour la première fois plus de quinze jours après que le juge des référés du tribunal administratif de Paris ait suspendu le visa comportant interdiction aux -16 ans du film Nymphomaniac volume 2 de Lars von Trier, le syndicat français de la critique de cinéma (SFCC) a protesté aujourd'hui contre la récente décision de justice ayant conduit à interdire le film à tous les mineurs. Après avoir rappelé que "la ministre de la Culture a accordé un visa d'exploitation à Nymphomaniac assorti d'une interdiction aux -12 ans pour le film 1, aux -16 ans pour le film 2 [...] conformément à l'avis de la Commission de classification des œuvres cinématographiques à laquelle il participe", le SFCC dénonce le fondement juridique de la requête présentée par l'association Promouvoir laquelle, selon le syndicat, "s'appuyant sur l'article 227-24 du Code pénal, et alléguant la présence d'images dites pornographique [...] avant même d'avoir vu les deux films" a obtenu la révision du niveau de classification initialement attribué aux deux films. Souhaitant que le tribunal administratif de Paris infirme les ordonnances du juge Heu rendues le 28 janvier (volume 1) et le 5 février (volume 2), le SFCC se déclare "déterminé à militer pour l'abrogation de l'article 227-24 du Code pénal [...] devenu l'arme des extrémistes contre les œuvres d'art qui leur déplaisent".
Rappelons que cet article du Code pénal sanctionne de trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende le fait de "fabriquer, transporter, diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique [...] lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur". Un article de loi sur lequel s'est appuyé le Conseil d’État pour annuler l'interdiction aux -16 ans du film Baise-moi en juin 2000, obligeant le gouvernement à (ré)instaurer l'interdiction aux -18 ans en 2001 (modifiée en 2003) "pour les œuvres comportant des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité", ne justifient pas une inscription sur la liste des films classés X.
S'il y a peu de chance qu'un débat soit ouvert devant le Parlement et que le SFCC obtienne un jour satisfaction, il sera néanmoins intéressant d'attendre la décision du tribunal administratif pour chacune des ordonnances, si toutefois il a bien été saisi.
Le 27 février 2014 sur son blog, Albert Montagne ajoute : "Après les interventions de l'ARP et du SFCC les vendredi 21 et lundi 24 février 2014 en faveur de Nymphomaniac 1 et 2, c'est au tour, ce mercredi 26 février, de la société des auteurs et compositeurs dramatique (SACD) de prendre la défense du film de Lars von Trier. « En aggravant les seuils d'interdiction de deux films contre l'avis d'un comité d'experts dont la pluralité et la compétence ne peuvent pas être contestées, un juge du tribunal administratif de Paris, interprétant sa saisine de la façon la plus étroite possible, a été l'outil de la manœuvre de cette association. Sa naïveté n'a d'égal que l'humiliation qu'il inflige à la commission de classification des œuvres Cinématographiques, et par rebond, à la ministre de la Culture et de la Communication [...]. Ce n'est encore qu'un jugement en référé, et le jugement définitif sur le fond est encore à venir. Mais, dans le temps compté de l'exploitation d'un film, le mal est déjà fait : une œuvre qui bien sûr peut-être contestée, c'est même en cela qu'elle est justement une œuvre et non un produit de consommation, a été amputée d'une partie importante de son public […]. La victoire politique de l'association Promouvoir est donc totale. Et elle nous inquiète. Bientôt, de plaintes en plaintes, de saisines en procédures, cette association parviendra à sanctionner, puis quasiment interdire, des œuvres moins osées que Nymphomaniac grignotant la liberté d'expression par petits bouts, punissant les films qui n'entrent pas dans le moule de son idéologie. On l'a vu récemment avec la tentative d'interdiction de la diffusion du film Tomboy sur Arte ». Prochaine défense à suivre !"
Dans le sixième numéro de Metaluna des mois de janvier et février 2014 (page 7), Alan Deprez chronique le dernier numéro de Darkness :
"Fondé en 1986, Darkness Fanzine s'est fait une spécialité des questions relatives au contrôle de l'image et de la censure cinématographique. Darkness s'est professionnalisé en 2010 avec la publication d'un numéro décryptant les rapports entre violence et censure. Suivirent deux opus dédiés à des sujets en prise avec l'activité censoriale : le sexe (2011) et le duo politique/religion (2012). En cette fin d'année sort le Darkness 14 avec des dossiers consacrés aux perversions dans le 7ème Art et à la censure aux États-Unis. Beaucoup de belles plumes y collaborent, brassant un large éventail de thèmes : Agnès Giard (porno nippon), Christophe Bier (SM), Seb Lecocq (déviances dans le cinéma japonais), Eric Peretti (zoophilie) ou encore Albert Montagne (la nécrophilie dans les œuvres de Bunuel). L'auteur de ces lignes y va même de son article de fond sur la nébuleuse porno Kink : le plus gros network BDSM américain. Deux façons de l'acquérir : le D14 est disponible sur Sin'Art et aussi au Metaluna Store."
Dans le numéro n°271 de Mad Movies de février 2014 (page 80), Gilles Esposito pose ses mots sur le fanzine :
"Cette nouvelle livraison du zine continue d'explorer les rapports entre censure et contenus déviants, en alternant analyses des œuvres et aspects légaux. Toutes les subtilités juridiques sont ainsi évoquées, d'un article narrant la genèse du système d'autorégulation du cinéma américain à un entretien avec le président de la commission de classification française. Entre les deux, on aura par exemple appris que zoophilie et nécrophilie ne sont pas formellement interdits dans l'hexagone, où les prévenus sont poursuivis sur la base de la maltraitance des animaux et de la violation de sépultures ! Cela n'empêche pas le bénédictin Eric Peretti de dresser une topographie exhaustive des rapports troubles entre hommes et bêtes, des blagues potaches des comédies pour ados au poétique et brut Vase de Noces de Thierry Zéno. Même méticulosité pour un Alan Deprez détaillant la palanquée de sites de l'empire Kink. Quant à Christophe Bier, qui chronique d'ordinaire les fanzines ici-même, il s'intéresse à l'énigmatique Jan Wilton, esclave attitré de la hardeuse Sylvia Bourdon. Une des dominantes du numéro est cependant le porno japonais, dont les ressorts sont révélés par l'auteure Agnès Giard (qui insiste sur la prégnance inhabituelle des visages dans le X nippon) et Sébastien Lecocq, lequel s'attaque aussi aux films consacrés aux vagues de suicides adolescents au Pays du Soleil Levant."
Gauthier Jurgensen, membre de la Commission de la classification des œuvres cinématographiques, avec lequel j'ai eu le plaisir de débattre lors d'une conférence sur la censure au cinéma organisée à La Rochelle en 2012, offre un dossier très bien fait sur Allociné pour mieux comprendre le contrôle des films en France.
Classification : mode d'emploi
Dossier Cinéma: Rencontre avec Jean-François Théry, président de la Commission de Classification de 1974 à 1994 (version courte) - Classification : mode d'emploi - Certains films ne sont pas c...
http://www.allocine.fr/article/dossiers/cinema/dossier-18591917/?page=9&tab=0
ARTE ayant décidé de programmer le film Tomboy mercredi 19 février à 20h50, Alexandre Le Drollec nous apprend aujourd'hui sur le site du Nouvel Observateur que l'institut catholique Civitas appelle les « familles françaises à réagir et à empêcher la diffusion de ce film de propagande pour l’idéologie du genre » en protestant « poliment mais fermement » auprès de la chaîne franco-allemande par mail, fax ou téléphone, ajoutant que « si un grand nombre de familles françaises prend les quelques minutes nécessaires pour protester auprès d’ARTE, ce sera en même temps un signal fort pour dénoncer le scandale qui consiste à diffuser ce film dans les écoles ». Contactée cet après-midi par le journaliste, la chaîne de télévision expliquait : « Le téléphone a sonné, c’est vrai, mais très peu. Rien de bien sérieux. Des gens un peu fâchés qui nous expliquent que c’est une honte de diffuser un tel film. Nous verrons comment ça évolue d'ici à demain. Mais nous avons aussi reçu des appels de soutiens à la diffusion du film... ».
Diffusé depuis septembre 2012 aux élèves du primaire dans le cadre du dispositif « École et cinéma », Tomboy fait l'objet de vives critiques de la part de certains parents d'élèves qui exigent son retrait du programme pourtant validé par le ministère de l’Éducation nationale. L'affaire est rappelée sur le blog en cliquant sur ce LIEN.
Voici l'une des bandes annonces originales de L'Exorciste (1973), de William Friedkin, jugée bien trop dérangeante par la MPAA et interdite de projection à l'époque dans les cinémas américains. Le trailer, assez rare et plutôt efficace même 40 ans après sa réalisation, posté par ShortFormCinema sur YouTube en 2009, est actuellement partagé par certains cinéphiles. Rappelons pour l'occasion le niveau de classification de l'un des films les plus effrayants de l'histoire du cinéma :
Argentina:16 (director's cut) / Argentina:18 (original rating) / Australia:R / Australia:MA (TV rating) / Brazil:14 (TV rating - 1988) (video rating - 2001) / Brazil:18 (original rating) / Brazil:12 (cinema rating) (1998) / Brazil:16 (cinema rating) (1987) / Canada:18A (Alberta/British Columbia) (2000 re-release) / Canada:R (Manitoba) (also 2000 version) / Canada:14 (Nova Scotia) (2000 re-release) / Canada:R (Nova Scotia) (original rating) / Canada:R (Ontario) / Canada:AA (Ontario) (2000 re-release) / Canada:13+ (Quebec) / Canada:14A (re-rating) / Canada:R (video rating) / Canada:18 (Nova Scotia) (re-rating) (1998) / Chile:18 (original rating) / Chile:14 (re-rating) (2000) / Finland:K-16 (2013) / Finland:K-18 (1974) / France:12 (director's cut) / France:16 (original rating) / Germany:16 (bw) (2001 re-release) / Hong Kong:IIB / Hungary:18 / Iceland:16 / Ireland:18 / Israel:18 / Italy:VM14 / Italy:VM14 (director's cut) / Japan:PG-12 / Malaysia:(Banned) / Mexico:C / Mexico:B (2000) / Netherlands:16 (director's cut) / Netherlands:18 (original rating) / New Zealand:R18 (original rating) / New Zealand:R16 (re-rating) (2000) / Norway:18 / Norway:15 (2000) / Peru:18 / Philippines:R-18 / Portugal:M/16 / Singapore:(Banned) (original rating) / Singapore:R(A) (re-rating) (cut) / Singapore:M18 (video rating) (cut) / South Korea:15 / Spain:18 / Spain:13 / Sweden:15 / UK:18 (2008 re-rating) / UK:X (original rating) / UK:(Banned) (original rating) / UK:18 (re-rating) (1990) / USA:R (Approved No. 23433) / USA:TV-14 (TV rating) / West Germany:18 (bw)
Source : IMDb.
Après avoir annulé le 28 janvier dernier l'interdiction aux -12 ans accolée à Nymphomaniac volume 1 estimant que le film devait être interdit aux -16 ans en raison des nombreuses scènes de sexe, le juge des référés du tribunal administratif de Paris – une nouvelle fois saisi par l'association Promouvoir au nom de la « défense de valeurs judéo-chrétiennes » - vient de censurer l'interdiction aux -16 ans attribuée par Aurélie Filippetti au second volet du film de Lars von Trier. Estimant que le visa de Nymphomaniac volume 2 devait être suspendu en tant qu’il n’interdit pas sa projection à tous les mineurs, le juge explique son choix en établissant la liste des scènes justifiant sa décision, en précisant toutefois que le film n'est pas pornographique :
« des scènes à caractère sadomasochiste, et, de façon générale, l’utilisation de la sexualité à des fins de manipulation » ;
« la présentation de scènes et d’images particulièrement crues relatant l’addiction sexuelle et l’évolution psychique d’une femme jusqu’à ses 50 ans » ;
« une scène de fellation non simulée pratiquée par l’héroïne sur un homme ligoté contre sa volonté » ;
« plusieurs scènes sadomasochistes montrant de façon insistante et particulièrement réaliste les blessures subies par l’héroïne, notamment sur ses parties intimes » ;
« une scène dans laquelle elle est victime de coups extrêmement violents au visage et au corps avant de se faire uriner dessus par l’une des protagonistes du film avec laquelle elle a entretenu une relation affective » ;
« plusieurs scènes de masturbation du personnage principal, dont l’une révèle de façon particulièrement crue les lésions physiques de l’héroïne sur ses parties intimes » ;
« de nombreux gros plans de sexes féminins et masculins, à l’état flaccide et en érection, notamment dans une scène évoquant la pédophilie pour l’une et le triolisme pour l’autre ».
Si le ministre de la Culture peut toujours former un recours contre l'ordonnance du 5 février 2014, Nymphomaniac volume 2 rejoint pour le moment « le club très fermé des films interdits aux moins de 18 ans » sans être classés X, tels Baise-moi (2000) de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, Nine Songs (2004) de Michael Winterbottom, Ken Park (2004) de Larry Clark (interdit aux mineurs après une décision similaire du Conseil d’État), Quand L'Embryon part braconner (1966, interdit aux mineurs en 2007) de Koji Wakamatsu ou encore Il n'y a pas de rapport sexuel (2011) de Raphaël Siboni.
Après les tentatives ratées pour faire annuler la classification aux -16 ans des films Le Pornographe (2001) de Bertrand Bonello ou Antichrist (2009) de Lars von Trier, l'association Promouvoir renoue avec le succès depuis que le Conseil d’État a renvoyé la contestation des décisions ministérielles de classification des films devant le tribunal administratif (une décision rendue après le recours formé par Promouvoir contre le visa accordé au film Saw 3D, chapitre final (2010) de Kevin Greutert, interdit aux moins de 16 ans avec avertissement).
Si en France les décisions des juridictions sont généralement rendues collégialement, l'urgence et les circonstances peuvent autoriser un seul juge – le juge des référés Heu du tribunal administratif de Paris pour les films Nymphomaniac volumes 1 et 2 – à décider rapidement par voie d'ordonnance. Une situation du même ordre avait justifié la décision du juge des référés du Conseil d’État dans l'affaire Dieudonné le 9 janvier 2014.
Le fait qu'un juge unique soit appelé à se prononcer explique-t-il la censure successive des décisions du ministre de la Culture ? Difficile à dire même s'il semble qu'en réalité, s'appuyant sur la jurisprudence Ken Park, le juge administratif souhaite rappeler à l'ordre la Commission (et le ministre) après des décisions plutôt permissives qu'aucune association n'avait contestées devant la justice. On se souvient des scènes de sexe « réalistes » motivant une simple interdiction aux -12 ans pour le film La Vie d'Adèle (2013) d'Abdellatif Kechiche ou encore l'interdiction aux -16 ans accordée au film Clip (2012) de Maja Milos. Si à l'époque Promouvoir avait contesté les visas accordés à ces films, il y a fort à parier que la classification aurait été révisée par le juge. Si rien n'empêche encore aujourd'hui l'association d'agir en justice, il lui faudra désormais respecter la procédure normale, devant le tribunal administratif, puisqu'en l'absence d'urgence elle ne peut saisir le juge des référés.
Estimant que les scènes de sexe de Nymphomaniac, volume 1 sont montrées avec un réalisme maîtrisé, le ministre de la Culture a initialement décidé de suivre l'avis de la Commission de classification interdisant le film de Lars von Trier aux seuls mineurs de 12 ans le 24 décembre 2013. Contestant une classification inappropriée devant le juge le 10 janvier dernier, l'association Promouvoir – que l'on connaît bien pour avoir attaqué la classification des films Baise-moi, Ken Park ou encore Antichrist – a obtenu la suspension du visa d'exploitation, le tribunal administratif de Paris estimant le 28 janvier 2014 que si Nymphomaniac, volume 1 ne présente aucun caractère pornographique ou d'incitation à la violence justifiant un classement X ou une interdiction aux moins de 18 ans, il ne peut être cependant pas être « visionné par un jeune spectateur sans culture cinématographique avertie » et qu'ainsi, une restriction aux mineurs de 16 ans aurait dû s'imposer.
Le ministre devrait donc délivrer un nouveau visa comportant l'interdiction de projection aux spectateurs de moins de 16 ans dans les prochains jours, comme il vient déjà de le faire pour le second volet du film en expliquant que « si, comme dans Nymphomaniac, volume 1, le film présente le portrait psychologique d’une jeune femme en proie à une addiction sexuelle, la violence de scènes à caractère sadomasochiste, et, de façon générale, l’utilisation de la sexualité à des fins de manipulation, justifient une interdiction aux mineurs de moins de seize ans ».
Par ailleurs, notons qu'après avoir d'abord interdit d'exploitation totale Nymphomaniac, volume 2 le 29 janvier dernier, le centre national de la cinématographie roumain vient finalement de revenir sur sa décision en le classant « IM 18 », c'est-à-dire interdit aux moins de 18 ans.