Source recopié de
ARTE.TV en français : La saga d’une arme de séduction massive – Katja Dünnebacke
Source en allemand : Bikini, Eine Enthüllungsgeschichte – de Beate Berger
La saga d’une arme de séduction massive
Ses modèles dernier cri s’exhibent sur les plages de la Riviera italienne ou de la Côte d’Azur, et il fait figure d’uniforme sur les plages de Rio de Janeiro. Certes, il existe encore des réfractaires, à l’instar des adeptes de quelques côtes allemandes de la Mer Baltique, où le naturisme est roi. Mais lorsque l’on pense été, soleil et plage, il nous vient tout de suite à l’esprit un petit bout de tissu, élevé au rang de star sur la plupart des plages du monde : le bikini.
Un regard sur l’histoire aurait permis de prédire depuis longtemps le succès rencontré par le deux-pièces. En effet, on a retrouvé dans la Villa Romana del Casale, en Sicile, une mosaïque antique représentant plusieurs jeunes femmes vêtues de tenues ressemblant à s’y méprendre à des bikinis. Quoi qu’il en soit, nous avons dû attendre quelque 1500 ans pour que le plus petit maillot de bain du monde soit créé spécialement pour la plage puis 20 ans supplémentaires pour que la mode du bikini envahisse les plages du monde entier.
Le bikini voit le jour à l’été 1946, soit un an seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale ! Le 5 juillet, à Paris, l’ingénieur français Louis Réard présente dans le cadre d’une élection de miss un maillot de bain deux-pièces composé d’un haut minuscule et de deux triangles de tissu reliés par deux cordelettes en guise de bas. La nouvelle tenue est si minimaliste qu’elle tient facilement dans une boîte d’allumettes ! L’invention doit son nom à un atoll du Pacifique, pour des raisons historiques (d’un goût plutôt macabre) : en effet, c’est dans la lagune de l’atoll de Bikini que les Etats-Unis lâchent la première bombe atomique de l’après-guerre, une fois la population de l’île évacuée. Ces faits se déroulent quatre jours avant le défilé de mode de Louis Réard, et le nom de « Bikini » est alors dans tous les journaux et sur toutes les lèvres. Le nouveau modèle fait l’effet d’une bombe, les journalistes sont enthousiastes et le deux-pièces réussit ainsi une entrée fracassante.
Dans les pays catholiques le bikini est considéré comme immoral
En dépit de son succès médiatique, il ne réussit pas à s’imposer tout de suite dans la société. En effet, après sa présentation, il est interdit de séjour sur presque toutes les plages du monde. En 1947, on fonde même une association anti-bikini à Rio de Janeiro ! Et l’Amérique, guère moins prude à l’époque qu’aujourd’hui, ne veut pas en entendre parler.
Les années 1950 sont certainement trop conservatrices pour que le bikini puisse avoir sa chance. En Italie et en Espagne, pays traditionnellement catholiques, le deux-pièces est considéré comme immoral. Les magazines féminins allemands et français le mettent à l’index jusqu’à la fin de la décennie.
Ce n’est que vers le milieu des années 1950 que le bikini refait les gros titres. Il peut dire merci à la blonde peroxydée Diana Dors, une actrice britannique qui fait son apparition au Festival de Venise dans un bikini en vison et à Brigitte Bardot, qui arbore volontiers ce type de maillot dans les années 1950. Mais à l’époque, le bikini n’est porté que par des starlettes ou des pin up. A l’été 1959, certains magazines féminins reviennent sur leur premier jugement et en ont font le « vêtement de la saison » (Vogue). La découverte d’un nouveau matériau, le lycra, ainsi que la fièvre du voyage en Europe permettent également le retour en force du bikini.
Au début des années 1960, on voit encore très peu de bikinis dans les lieux publics. Le tube « Itsy Bitsy petit bikini » contribue certainement à relancer les ventes, tout en évoquant très bien l’esprit de l’époque : « Sur une plage il y avait une belle fille/ Qui avait peur d’aller prendre son bain/ Elle craignait de quitter sa cabine/ Elle tremblait de montrer au voisin… »
La Version originale de Itsy, bitsy, petit bikini, se nome « Itsy bitsy teeny weeny yellow polka dot bikini » elle est de Bryan Hyland (1960).
La fille d’Ipanema fait du bikini l’uniforme obligatoire sur les plages de Rio
1962. Ursula Andress fait une entrée on ne peut plus remarquée dans « James Bond 007 contre Dr. No », le premier opus de la série. Elle sort de l’eau habillée d’un deux-pièces ivoire, un poignard accroché à une ceinture et deux coquillages dans les mains. Cette scène culte contribue autant à la célébrité du maillot de bain qu’à celle de l’actrice.
Bikini James Bon 007 contre Dr No
La même année marque la sortie en Amérique du Sud d’une mélodie qui reste jusqu’à nos jours l’hymne international de la plage : « Garota de Ipanema » (La fille d’Ipanema). Cette chanson est un hommage à une jeune fille de 15 ans adepte du bikini, Helôísa Eneida Pinto, qui débute ensuite une carrière de mannequin et de reine de beauté. Ce succès planétaire fait du bikini – surtout dans sa forme très minimaliste – l’uniforme obligatoire sur les plages de Rio de Janeiro.
Les mutations sociales et politiques de la fin des années 1960 finissent par influencer la mode et les maillots de bain de l’époque. Plus aucune morale conservatrice n’empêche les femmes sûres d’elles d’arborer sur les plages des bikinis – de préférence avec des couleurs ou des motifs acidulés.
Au cours de la décennie suivante, le bikini prend des formes très différentes. A une époque, la mode veut que l’on fabrique son deux-pièces soi-même ; après cette période « artisanale », il se décline en différents modèles : tricoté, crocheté, brodé ou bien encore orné de dentelle. Les féministes s’élèvent contre lui, condamnent la mise en avant des attributs féminins et refusent ainsi catégoriquement le soutien-gorge et le bikini. La mode unisexe et le souhait d’un bronzage uniforme conduisent à l’apparition du monokini.
Le bikini met en scène nombril, piercings et tatouages
La mode du bikini connaît une éclipse au début de la décennie 1980 avec la renaissance soudaine et imprévue du maillot une-pièce. Le deux-pièces n’est plus tendance, il est remplacé par des maillots aux décolletés profonds, très échancrés au niveau des cuisses. Les plages ne sont plus le domaine réservé des maillots de bain et autres bodies, et le bikini se fait de plus en plus rare. Ce n’est qu’à partir de 1987 que les magazines féminins constatent son retour en grâce. Il dévoile désormais moins le corps et se porte avec un bustier. Il est toujours en vogue dans les années 1990, contre vents et marées, car il permet de dévoiler le nombril, les piercings et autres tatouages.
Où en est le bikini au troisième millénaire ? Les magazines féminins, de Elle à Vogue, présentent pour l’été 2007 une mode de plage des plus variée avec des classiques noirs, rouges ou rayés, des bikinis à triangle très minimalistes, des modèles avec de larges culottes, des hauts réduits à leur plus simple expression, de larges bustiers ainsi que des hauts triangles. D’une certaine manière, tous les modèles actuels semblent être inspirés de tendances déjà existantes. Aucune nouveauté révolutionnaire n’est à signaler dans le monde du deux-pièces. Les modèles bien choisis feront certainement leur effet. Le bikini reste une arme de séduction massive.
Plus d’info sur le bikini via wikipedia