Parce qu’une plus grande inclusivité passe par un peu de pédagogie, Hétéroclite apporte tous les deux mois un éclairage sur une forme de discrimination. Ce bimestre, la grossophobie, c’est quoi ?
La grossophobie, c’est « l’ensemble des attitudes et des comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses ». Cette définition n’a fait son entrée dans le Petit Robert qu’en 2019, preuve de la longue ignorance de l’oppression vécue par les personnes grosses dans notre société.
Dans une société occidentale caractérisée par la diet culture, les discours sur la grosseur et sur les personnes grosses sont pourtant présents en permanence. Il faut être mince, faire du sport, et surveiller son alimentation ; et la grosseur est décrite comme un échec, une menace terrible qui pèse sur chacun·e si iel se « laisse aller ».
Quid des personnes grosses dans ce discours ? C’est simple : elles sont stigmatisées, culpabilisées, accusées de faiblesse et de fainéantise, pathologisées, discriminées à l’embauche et médicalement, infantilisées, surveillées voire interpellées si elles osent manger en public. On interdit aux personnes grosses de se trouver belles et désirables, on les fétichise, on leur explique comment changer : le seul rapport à soi qui leur est autorisé est la honte d’elles-mêmes.
Et dans nos communautés LGBT+ ?
Il n’y a pas de manière douce de décrire la grossophobie, parce que c’est brutal. Et que cette oppression a, plus que d’autres, la particularité de tenir les personnes victimes responsables de l’oppression qu’elles subissent. Alors souvent, dans les discours de lutte contre les oppressions, la grossophobie est oubliée.
Et nos communautés LGBT+, même celles qui se revendiquent les plus progressistes, ne sont pas épargnées. Si la grossophobie est réfléchie dans certains espaces lesbiens féministes, et que la figure de la butch n’est pas nécessairement mince ; si au sein des communautés gays, la figure du bear (quand elle n’est pas fétichisée) reconnaît une désirabilité et une séduction aux hommes gros, ces représentations restent très minoritaires. Dans les communautés trans, en butte à la transphobie médicale et à des médecins qui refusent d’opérer des personnes grosses, mais aussi à l’impératif d’avoir une transition « esthétique » dans une société dont les normes de beauté sont grossophobes, la représentation des personnes grosses est quasi inexistante. Or, cette absence de représentation ou de considération au sein de nos communautés n’est pas seulement discriminante : elle est aussi excluante, elle isole et fragilise les personnes LGBT+ grosses… Il y a de quoi faire mieux, politiquement.
Pour aller plus loin
Le documentaire On achève bien les gros de Gabrielle Deydier disponible sur Arte VOD
Le site du collectif Gras politique : https://graspolitique.wordpress.com/
Leslie Barbara Butch sur Instagram : @barbarabutch
L’article “Les queers sont-iels grossophobes” sur le site de Barbi(e)turix : www.barbiturix.com
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