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Lancement de deux nouvelles vidéos de prévention, invité·es qui s'exprimeront sur les continuums des violences, au cinéma le Lincoln le 18 novembre de 17h à 20h, ne manquez pas notre soirée exceptionnelle.
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#journeedeluttecontrelesviolencesfaitesauxfemmes
Le Mouvement du Nid, qui agit avec les personnes prostituées et contre le système prostitueur, le constate depuis plus de 70 ans : dans le système prostitueur, ce sont toujours les plus vulnérables qui sont les proies privilégiées des agresseurs, proxénètes, réseaux, et “clients”.
Avec de nombreux démantèlements de réseaux de prostitution de mineur·es ces dernières années, une plus grande visibilité est donnée au continuum de la violence prostitutionnelle : de l'enfance à l'âge adulte, de la violence conjugale à la violence prostitutionnelle. Sur ces sujets, le Mouvement du Nid possède une expertise à la fois dans l'accompagnement des victimes et la prévention des violences.
Le 18 novembre, dans le cadre des manifestations pour la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, rejoignez-nous pour faire le point sur les enjeux de la lutte contre cette violence.
▶️Nous dévoilerons nos nouvelles vidéos de prévention
▶️ Nous donnerons la parole à des survivantes, à des jeunes, et à des acteurs·trices associatif·ves et institutionnell·es du sujet
▶️ Nous présenterons les outils du Mouvement du Nid en matière de prévention dès le collège et le lycée
Le 18 novembre, de 17h à 20h, cinéma le Lincoln, 14 rue Lincoln Paris 8e
Propulsé par HelloAssoSemaine chargée dans le milieu du porn : des costumes qui se préparent d’un côté et des films indépendants qui se réalisent de l’autre. Vous l’aurez compris, Halloween c’est maintenant et le Porn Film Festival vient tout juste de se terminer. Ce fut donc quelques jours où l’imagination était en pleine profusion, où les corps ont pu se rencontrer et s’échanger pour nous proposer un contenu toujours plus novateur et sublyyme. Dans l’attente de voir toutes les photos et courts métrages berlinois (petite surprise pour la semaine prochaine), concentrons-nous sur ce qu’Halloween a de plus beau et chelou à nous proposer.
Unravelled Intimacies par Madison Young est le dernier court-métrage diffusé sur la plateforme Lust Cinema. Le film oscille entre plaisir et étrangeté, entre confession et désir. C’est une belle entrée en matière dans le monde de l’épouvante avec ce passage qui nous marque au fer rouge. Vous pouvez désormais avancer pas à pas dans ce nouveau monde teinté de noir et rouge, là où les dents sont bien aiguisées et où l’odeur de sang fait se dilater les pupilles.
Little Vixen utilise sa cuisine pour tout autre chose que la préparation d’une bonne Pumpkin Pie à l’américaine. Une fois le sol plastifié et la citrouille éventrée, c’est parti pour un déchaînement de sensations. On se badigeonne un coup par-ci puis un coup par-là et ça donne plein de frissons. À mi-chemin entre le barbouillage enfantin et le plaisir glissant que l’on peut retrouver aussi dans l’huile et le lubrifiant, Little Vixen transforme la spécialité culinaire en jeu érotique.
Je pense que l’automne est ma saison culinaire favorite. Il reste quelques légumes d’été correctement conservés et les courges florissent à foison. De quoi se faire de bonnes petites soupes, de jolis gratins et de superbes tartes à la citrouille (oui, je fais une fixette dessus depuis que je suis allée au Canada). Mais on ne s’arrête pas là. Karen Kevin est contente pour une toute autre raison : elle va pouvoir fricoter avec sa courge delicata. Ah ! Avouez que vous n’y aviez pas pensé !
Mia Bandini toujours au top des charts sur Pornhub nous propose ce mois-ci un contenu 100% Halloween pour défier la concurrence. Outre la performance sexuelle, elle et son partenaire nous offrent un joli aperçu de leur don en maquillage. Son mec est plus qu’effrayant tandis que Mia joue le rôle de la sexy diablesse (tiens donc). Petit avertissement tout de même, attention aux cheveux près des flammes, ça risquerait de sentir le cochon grillé et ça, ça rend tout de suite la chose moins attirante.
Maru Karv la sorcière des bois est de sortie pour une vidéo tout en succion. Elle était déjà présente dans la sélection des gifs la semaine passée, vous ne serez donc pas étonné·e·s qu’elle fasse partie de mes crush du moment. En même temps avec une cape noire, une jolie perruque et un désir aussi débordant, pas étonnant qu’elle nous donne un goût de reviens-y.
Image en une : AVN Media Network
Les réseaux sociaux ont discrètement revu les standards de la communauté en matière de pêche et d'aubergine... Facebook et Instagram se réserveraient maintenant le droit de censurer les conversations un peu trop hot.
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Le compte Instagram Dildo Nightmares recense les jouets pour adultes WTF qui pourraient bien hanter tes futurs cauchemars... ou fantasmes.
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Du haut de ses 22 ans, Bella Thorne a eu l’occasion de faire parler d’elle à différentes reprises, pour des sujets tout aussi variés. Pour les plus jeunes, elle est une actrice et chanteuse, star de Disney Channel. Pour d’autres, elle est une starlette au coeur de nombreuses polémiques. Et, récemment, elle a ajouté une nouvelle ligne à son CV : réalisatrice de film pornographiques. Et si on faisait le point sur cette jeune femme étonnante ?
Les égéries Disney ont-elles une volonté de sortir du moule de gentilles jeunes filles dans lequel elles sont trop souvent restées ? Entre Britney Spears et ses clips sexy, Miley Cyrus et son emblématique twerk aux MTV VMA et Selena Gomez, qui n’hésite plus à se dénuder pour se réapproprier son corps, le public en est désormais convaincu. Mais si les jeunes stars du studio aux grandes oreilles ont parfois choqué les plus puritains, aucune n’a plus créé la polémique que Bella Thorne, qui vient de s’illustrer dans le domaine de la pornographie.
La star de Shake It Up a bien grandiAprès quelques rôles au cinéma et à la télévision, c’est grâce à Disney que Bella Thorne se fait mondialement connaître. Au côté de Zendaya, elle devient la star de la sitcom Shake It Up, dans laquelle elle chante et elle danse. Le succès de la série lui permettra d’enregistrer un premier album et de décrocher plusieurs rôles au cinéma, dans des films tels que Famille recomposée ou DUFF : Le faire-valoir.
View this post on InstagramV happy about all the write ups about my directing and my new makeup line @thornebybella link in bio
A post shared by BELLA (@bellathorne) on Nov 30, 2018 at 11:28am PST
Mais à l’âge de 20 ans, la jeune femme décide de prendre un tournant dans sa carrière, et de s’éloigner de l’image de petite fille modèle que Disney a voulu lui donner. Finis les films familiaux. De thriller en film d’horreur, elle s’émancipe, et cela se ressent également dans sa façon d’être. Sur les réseaux sociaux, elle assume sa sensualité, n’hésitant pas à poster des photos plus dénudées. Pour certains, c’est la preuve qu’elle a bien grandi, et qu’elle est prête à s’assumer en tant que femme. Mais pour d’autres, c’est tout simplement inconcevable : pour l’Amérique puritaine, rien de plus choquant qu’une ancienne égérie Disney qui assume d’avoir une sexualité.
Bella Thorne, reine de la polémique ?Quelle que soit l’opinion du public à son encontre, Bella Thorne se fiche des convenances et n’hésite pas à l’affirmer. Elle répond sans ambages : « mon corps, mes choix » à ceux qui lui reprochent de ne pas s’épiler, de trop se montrer. En 2016, elle évoque sans tabou sa bisexualité, bien décidée à ne pas se cacher… Même si le fait qu’elle soit désormais en couple avec l’ex de son frère ne plaît pas à tout le monde.
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 23, 2016
Quoi que la jeune femme fasse, ses actions portent toujours un fond de polémique. Quand elle publie des photos dénudées sur son compte Twitter pour couper l’herbe sous le pied d’un hacker, elle se voit reprocher d’exposer son jeune public à des photos explicites. Une phrase en légende d’un post Instagram body-positive (« Bougez vos fesses pour surmonter le mur ! » sous une photo prise pour GQ Mexique) lui a valu d’être accusée de racisme. Et lorsqu’elle dit lutter contre la dépression, les internautes lui reprochent de ne pas avoir été diagnostiquée par un professionnel de la santé. Décidément, c’est à croire qu’elle ne fait jamais les choses assez bien.
2019, une nouvelle reconversion dans le monde du porno ?Il y a quelques semaines, Bella Thorne s’est retrouvée au cœur de l’actu, et plus particulièrement à cause des PornHub Awards, qui récompensent chaque année le meilleur du porno. Derrière la caméra, la jeune femme a réalisé Her & Him, un court-métrage qui a reçu le prix Vision le 11 octobre dernier. L’histoire ? Une version « moderne, sexuellement explicite, de Roméo et Juliette, montrant deux amants ayant un désir infini l’un pour l’autre », et explore « la relation entre un homme et une femme et leur combat pour la domination ».
Pour l’occasion, Bella Thorne a mis en scène Abella Danger et Small Hands, et travaillé main dans la main avec PornHub, qui propose l’accès à son court-métrage à ses utilisateurs premium. Dans une vidéo making-of, la principale intéressée affirme avoir pris beaucoup de plaisir à réaliser ce projet, même si elle ne sait pas encore si elle retouchera à l’univers de la pornographie à l’avenir. Une chose est sûre : elle compte bien rester dans la voie d’une sexualité épanouie et assumée. Du haut de ses 22 ans, elle refuse de vivre dans un monde dicté par les tabous de la société.
Depuis quelques temps, les sextoys stimulateurs de clitoris fleurissent. Leur prix vont du simple au quadruple, mais que valent-ils vraiment ? Anouk, toujours prête à rendre service, les a testés pour vous.
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Cette madmoiZelle a fait sa première fois à 25 ans, avec un coup d'un soir rencontré sur un site de rencontre. Avant ça, pendant des années, elle s'est beaucoup questionnée sur sa sexualité qui lui semblait bizarre.
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La première question que les gens lui posent. Georges répond : «Oui. Mais pas tant que ça.» Pierceur à Genève, il passe sa vie à transpercer des pénis, anneler des tétons et incruster des perles sur les pubis (entre autres).
Aux personnes qui ont vraiment peur, il conseille d’acheter une crème anesthésiante en pharmacie, tout en sachant… qu’elles ne le feront pas. «Je leur dis que ça fait partie du piercing de supporter la douleur, que ce serait de la triche de rendre cela moins douloureux. Les gens comprennent.» Non seulement ils comprennent, mais c’est pour cela qu’ils viennent. Pour cette douleur. Pour cette peur. Depuis 20 ans qu’il a créé son studio –Tribe Hole, à Genève– Georges a parfaitement conscience que son rôle est celui d’un initiateur. «Un studio de piercing n’a rien à voir avec un institut d’esthétique. S’il n’y avait pas l’épreuve de la souffrance, l’intérêt serait moindre.»
Du squat punk au studio de pointe
Son premier piercing, Georges le réalise dans un squat anar à Genève. Il a 17 ans, aucune perspective d’avenir. Ses piercings au visage contribuent grandement à le marginaliser : un septum, un labret, à cette époque c’est «vraiment choquant». Une amie punk venue de Lille lui demande un soir de la piercer. «Elle avait un aiguille et un bijou : est-ce que tu arriverais à le faire ? D’abord j’ai refusé qu’elle court aucun risque. Mais elle a insisté. J’ai fini par le faire. L’apprenant, d’autres personnes m’ont demandé. Je me suis renseigné partout, j’ai appris sur le tas. En fin de compte, ce n’est pas moi qui ai décidé de devenir pierceur, ce sont les autres. Ils venaient. Pour répondre à la demande, j’ai créé Tribe Hole, en 1999, par allusion aux rituels d’appartenance tribaux. Mais les trous avec des aiguilles… ça ne suffisait pas. Certaines personnes voulaient plus. Elles réclamaient des expériences plus puissantes, des modifications plus profondes. En 2005, j’ai demandé à Lukas Zpira de m’enseigner ses techniques… En parallèle, j’ai fait des expériences de suspension (inspirées du rite sioux de la danse du soleil), d’abord sur moi, puis avec d’autres personnes…»
Le piercing ne connaît pas la crise
Vingt ans plus tard, Tribe Hole est devenu le plus gros studio de Genève, avec une seconde enseigne à Martigny, des ateliers suspension et un festival annuel de performances. Chaque jour, dès l’ouverture, les client-es affluent. Ce sont souvent des jeunes qui fêtent leur anniversaire, l’obtention d’un diplôme ou le début d’un nouvel amour. Ce sont aussi des adultes qui testent leurs limites ou qui veulent se réparer. Shannon, psychologue, 35 ans, s’est fait poser un Venus (un bijou de pubis) après deux fausses couches. C’était, dit-elle, «pour me reconnecter avec ma féminité, une sorte d’hommage à la déesse que je suis (que nous sommes toutes)». Nicolas, comptable, 52 ans, possède un Prince Albert (un anneau situé sur la tête du pénis) dont la taille impressionnante –5 mm de diamètre– effraie parfois ses conquêtes : «Il y en a qui me demandent si je peux l’enlever, mais je refuse. Le but du PA est de donner plus de plaisir. Si le partenaire n’est pas convaincu, c’est tant pis pour tout le monde.»
Des bod mod pour «finir un cycle, entamer un nouveau»
Hasard étrange, le studio Tribe Hole se situe face à un cimetière (le cimetière des Rois) : «On se rend souvent chez moi pour couper les liens, dit Georges. Dans nos sociétés, les jeunes ont besoin de commettre des actes qui les séparent de papa-maman, histoire de dire “Mon corps m’appartient”». Dans un article consacré aux tatouages, aux piercings et aux scarifications, le sociologue David Le Breton confirme cette analyse : le signe corporel «est une cuirasse symbolique, une ligne de défense permettant éventuellement de se séparer des autres, des parents notamment, d’échapper au malaise de l’adolescence ou de prendre enfin corps dans son existence.» Mais le sociologue pousse plus loin sa lecture du phénomène : il y voit une forme exacerbée d’individualisme, une logique poussée «à son point culminant d’être jusqu’au bout le maître de soi». Dans les sociétés contemporaines occidentales, où chacun doit prouver qu’il est autonome, le besoin de se singulariser aboutit paradoxalement à des pratiques de marquage corporel partagées par des millions d’autres.
Il y a des blessures qui font sentir en vie
On pourrait bien sûr s’en moquer et dénoncer cette «société de l’apparence et du spectacle où le fait d’être visuellement distingué est une forme de salut», mais ce serait faire l’impasse sur la dimension singulière des bod mod : la douleur. On ne va pas dans un studio comme on irait s’acheter des baskets. Cela demande plus de courage. Il s’agit de se faire du mal à soi-même. Volonté de reprendre le contrôle sur soi ? Citant le cas de femmes victimes d’abus, David Le Breton rappelle qu’il n’y a rien de plus efficace, pour effacer une violence subie, que s’infliger une violence maîtrisée. «L’entame est un rétablissement brutal du sentiment d’être réel et vivant. Elle a cette vertu d’un rappel à l’existence concrète qui permet de reprendre son souffle, de se retourner contre sa souffrance en une soudaine volte-face. Elle restitue au sujet une initiative, une position d’acteur. Redéfinition provisoire des circonstances, elle éloigne le sentiment d’étouffement et d’impuissance.» Bien d’autres interprétations possibles bien sûr. Mais l’idée centrale reste : je sens, donc je suis. Je saigne et j’ai envie.
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A VOIR : Piercing, au Musée de l’homme. La «première exposition jamais dédiée au seul piercing», explore cette pratique à la fois sur le plan historique et anthropologique (en remontant jusqu’à la préhistoire, - 46 000 ans). Commissaire scientifique: Franz Manni.
Musée de l’homme: 17, place du Trocadéro, 75016 Paris.
Tribe Hole fête ses 20 ans d’existence, en novembre 2019. Tribe Hole : 21-23 rue des Rois, Genève, Suisse.
A LIRE : Signes d’identité. Tatouages, piercing et autres marques corporelles, David Le Breton, éd. Métailié, 2008.
« La peau entre signature et biffure : du tatouage et du piercing aux scarifications », David Le Breton, Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, vol. 57, no. 2, 2011
Pour en savoir plus : l’émission radio Vacarme, sur la RTS, consacrée à Etienne Dumont. Un article d’Etienne Dumont consacré aux 20 ans de Tribe Hole, publié sur Bilan.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES : «Se faire une langue fourchue : un «truc de cinglées» ?», «Est-ce que ça fait mal ?» ; «Piercing, tattoo, scarification : rites de passage ?»
La première question que les gens lui posent. Georges répond : «Oui. Mais pas tant que ça.» Pierceur à Genève, il passe sa vie à transpercer des pénis, anneler des tétons et incruster des perles sur les pubis (entre autres).
Aux personnes qui ont vraiment peur, il conseille d’acheter une crème anesthésiante en pharmacie, tout en sachant… qu’elles ne le feront pas. «Je leur dis que ça fait partie du piercing de supporter la douleur, que ce serait de la triche de rendre cela moins douloureux. Les gens comprennent.» Non seulement ils comprennent, mais c’est pour cela qu’ils viennent. Pour cette douleur. Pour cette peur. Depuis 20 ans qu’il a créé son studio –Tribe Hole, à Genève– Georges a parfaitement conscience que son rôle est celui d’un initiateur. «Un studio de piercing n’a rien à voir avec un institut d’esthétique. S’il n’y avait pas l’épreuve de la souffrance, l’intérêt serait moindre.»
Du squat punk au studio de pointe
Son premier piercing, Georges le réalise dans un squat anar à Genève. Il a 17 ans, aucune perspective d’avenir. Ses piercings au visage contribuent grandement à le marginaliser : un septum, un labret, à cette époque c’est «vraiment choquant». Une amie punk venue de Lille lui demande un soir de la piercer. «Elle avait un aiguille et un bijou : est-ce que tu arriverais à le faire ? D’abord j’ai refusé qu’elle court aucun risque. Mais elle a insisté. J’ai fini par le faire. L’apprenant, d’autres personnes m’ont demandé. Je me suis renseigné partout, j’ai appris sur le tas. En fin de compte, ce n’est pas moi qui ai décidé de devenir pierceur, ce sont les autres. Ils venaient. Pour répondre à la demande, j’ai créé Tribe Hole, en 1999, par allusion aux rituels d’appartenance tribaux. Mais les trous avec des aiguilles… ça ne suffisait pas. Certaines personnes voulaient plus. Elles réclamaient des expériences plus puissantes, des modifications plus profondes. En 2005, j’ai demandé à Lukas Zpira de m’enseigner ses techniques… En parallèle, j’ai fait des expériences de suspension (inspirées du rite sioux de la danse du soleil), d’abord sur moi, puis avec d’autres personnes…»
Le piercing ne connaît pas la crise
Vingt ans plus tard, Tribe Hole est devenu le plus gros studio de Genève, avec une seconde enseigne à Martigny, des ateliers suspension et un festival annuel de performances. Chaque jour, dès l’ouverture, les client-es affluent. Ce sont souvent des jeunes qui fêtent leur anniversaire, l’obtention d’un diplôme ou le début d’un nouvel amour. Ce sont aussi des adultes qui testent leurs limites ou qui veulent se réparer. Shannon, psychologue, 35 ans, s’est fait poser un Venus (un bijou de pubis) après deux fausses couches. C’était, dit-elle, «pour me reconnecter avec ma féminité, une sorte d’hommage à la déesse que je suis (que nous sommes toutes)». Nicolas, comptable, 52 ans, possède un Prince Albert (un anneau situé sur la tête du pénis) dont la taille impressionnante –5 mm de diamètre– effraie parfois ses conquêtes : «Il y en a qui me demandent si je peux l’enlever, mais je refuse. Le but du PA est de donner plus de plaisir. Si le partenaire n’est pas convaincu, c’est tant pis pour tout le monde.»
Des bod mod pour «finir un cycle, entamer un nouveau»
Hasard étrange, le studio Tribe Hole se situe face à un cimetière (le cimetière des Rois) : «On se rend souvent chez moi pour couper les liens, dit Georges. Dans nos sociétés, les jeunes ont besoin de commettre des actes qui les séparent de papa-maman, histoire de dire “Mon corps m’appartient”». Dans un article consacré aux tatouages, aux piercings et aux scarifications, le sociologue David Le Breton confirme cette analyse : le signe corporel «est une cuirasse symbolique, une ligne de défense permettant éventuellement de se séparer des autres, des parents notamment, d’échapper au malaise de l’adolescence ou de prendre enfin corps dans son existence.» Mais le sociologue pousse plus loin sa lecture du phénomène : il y voit une forme exacerbée d’individualisme, une logique poussée «à son point culminant d’être jusqu’au bout le maître de soi». Dans les sociétés contemporaines occidentales, où chacun doit prouver qu’il est autonome, le besoin de se singulariser aboutit paradoxalement à des pratiques de marquage corporel partagées par des millions d’autres.
Il y a des blessures qui font sentir en vie
On pourrait bien sûr s’en moquer et dénoncer cette «société de l’apparence et du spectacle où le fait d’être visuellement distingué est une forme de salut», mais ce serait faire l’impasse sur la dimension singulière des bod mod : la douleur. On ne va pas dans un studio comme on irait s’acheter des baskets. Cela demande plus de courage. Il s’agit de se faire du mal à soi-même. Volonté de reprendre le contrôle sur soi ? Citant le cas de femmes victimes d’abus, David Le Breton rappelle qu’il n’y a rien de plus efficace, pour effacer une violence subie, que s’infliger une violence maîtrisée. «L’entame est un rétablissement brutal du sentiment d’être réel et vivant. Elle a cette vertu d’un rappel à l’existence concrète qui permet de reprendre son souffle, de se retourner contre sa souffrance en une soudaine volte-face. Elle restitue au sujet une initiative, une position d’acteur. Redéfinition provisoire des circonstances, elle éloigne le sentiment d’étouffement et d’impuissance.» Bien d’autres interprétations possibles bien sûr. Mais l’idée centrale reste : je sens, donc je suis. Je saigne et j’ai envie.
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A VOIR : Piercing, au Musée de l’homme. La «première exposition jamais dédiée au seul piercing», explore cette pratique à la fois sur le plan historique et anthropologique (en remontant jusqu’à la préhistoire, - 46 000 ans). Commissaire scientifique: Franz Manni.
Musée de l’homme: 17, place du Trocadéro, 75016 Paris.
Tribe Hole fête ses 20 ans d’existence, en novembre 2019. Tribe Hole : 21-23 rue des Rois, Genève, Suisse.
A LIRE : Signes d’identité. Tatouages, piercing et autres marques corporelles, David Le Breton, éd. Métailié, 2008.
« La peau entre signature et biffure : du tatouage et du piercing aux scarifications », David Le Breton, Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, vol. 57, no. 2, 2011
Pour en savoir plus : l’émission radio Vacarme, sur la RTS, consacrée à Etienne Dumont. Un article d’Etienne Dumont consacré aux 20 ans de Tribe Hole, publié sur Bilan.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES : «Se faire une langue fourchue : un «truc de cinglées» ?», «Est-ce que ça fait mal ?» ; «Piercing, tattoo, scarification : rites de passage ?»
Compositeurs de symphonie, chanteurs de pop, ingénieurs du son, producteurs, critiques de jazz… le monde de la musique est majoritairement un milieu d’hommes, qu’ils soient sur le devant de la scène ou dans l’ombre.
Qu’est ce que ça veut dire, jouer de la musique « comme un homme » ? Comment expliquer que notre conception du talent, des chefs d’oeuvres, des critères esthétiques musicaux soient genrés ? Pourquoi l’histoire de la musique est-elle essentiellement masculine ? Réponses avec la socio-musicologue Hyacinthe Ravet, autrice de l’enquête « Musiciennes, enquête sur les femmes et la musique ».
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ÉMISSION
Retrouvez toutes les références et recommandations citées à l'adresse https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/en-musique-les-hommes-donnent-le-la
CRÉDITS
Les couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été enregistré dans le studio Virginie Despentes de Binge Audio (Paris 19e). Réalisation : Solène Moulin. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Sébastien Brothier (Upian). Chargée de production : Juliette Livartowski. Chargée d’édition : Camille Regache. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.
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