Où en est le football professionnel helvétique face aux questions d’homophobie et de coming-out? Alors que plusieurs fédérations européennes ont entrepris de sensibiliser leurs joueurs à ces questions, le magazine gay alémanique «Mannschaft» a envoyé un ballon sonde du côté des clubs de Super League (1re division helvétique). Cinq ont accepté de soumettre un questionnaire à leurs joueurs: le champion en titre, le FC Bâle, le FC Lucerne, Lausanne-Sport, le FC Saint-Gall et le FC Sion. Toutefois, le club valaisan n’a pas livré ses réponses à temps au magazine pour qu’elles soient publiées.
Dans son édition de septembre, le mensuel présente les résultats de ce mini-sondage sur un panel plutôt réduit. Sur environ 80 joueurs ainsi sollicités, seuls 31 ont répondu. Deux sur cinq affirment connaître personnellement un gay ou une lesbienne. Parmi ces derniers, 84% disent qu’ils n’auraient pas de problème à côtoyer un gay dans le vestiaire. Une proportion qui tombe à 50% chez ceux qui n’ont aucun homosexuel dans leur entourage. La proportion est la même pour la question «Soutiendriez-vous ouvertement un coéquipier gay?»
«Pédé», toujours l’insulte préférée
Parmi les 31 répondants, les trois quarts pensent qu’un joueur mettrait en danger sa carrière en sortant du placard. Mais presque tous (94%) estiment que cela n’affecterait pas l’ambiance de l’équipe. Utiliser le mot «Pédé» («Schwul») comme insulte? 68% de joueurs avouent l’avoir déjà fait. Ces derniers s’attendent à ce que les supporters malmènent un joueur qui aurait fait son coming-out. Quant à la perspective d’embrasser un coéquipier gay qui aurait marquer un but, cela n’arrêterait pas 84% des joueurs.
«Les joueurs sont très respectueux les uns des autres, notamment en ce qui concerne l’origine et la religion», note le porte-parole du FC Bâle, Andrea Roth. Pour lui, cela irait sans dire que le club soutiendrait l’éventuel coming-out d’un joueur gay. D’autres clubs ont accueilli avec méfiance le questionnaire, relève «Mannschaft». C’est notamment le cas du FC Thoune: «C’est une question privée, et par conséquent pas un thème à aborder. Nous refusons que l’homosexualité soit «déballée» dans les médias. Dans une entreprise normale on ne poserait pas de telles questions pour les exploiter dans les médias, et nous ne voyons aucune raison pour qu’il en soit autrement dans le football.»