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septembre 30, 2019
16:20
JustForFans : 10 comptes à suivre absolument
» ‎ Le Tag Parfait

Tags: [éditer]

Dans la liste des sites proposant aux acteurs.rices de vendre leurs vidéos intimes directement à leur fans, il en est un qui se démarque particulièrement des autres par plusieurs aspects. Entièrement développée par l’acteur devenu entrepreneur Dominic Ford, JustForFans est une plateforme principalement dédiée aux performeurs gay et trans. Pensée dès le départ comme un outil d’émancipation pour les travailleurs du sexe, elle permet notamment à ses modèles citoyens Américains d’obtenir une couverture médicale à un prix abordable ou encore de reverser une partie de leurs profits à une association caritative. Mais le but principal de JustForFans reste de proposer du contenu intime et exclusif. Alors sans plus tarder voici quelques comptes à suivre!
Griffin Barrows
Griffin est sans aucun doute LA grosse star de JustForFans. Initialement connu pour ses vidéos dans lesquelles, à genoux, il prenait plaisir à faire jouir de gros sexes juteux sur son beau visage, il a su par la suite faire évoluer le concept tout en conservant sa lubricité et se propulser au top des stars du porno gay internationales du moment. Une valeur sûre.

Morning challenge: one photo (no retakes), no facetune, no filters

…. fortunately, it’s a grey day, so my camera fuzzed the wrinkles on its own. #bedhead #goodmorning #ButFirstCoffee pic.twitter.com/HiUEPrtSUd

— Griffin Barrows (@griffinbarrowsx) September 10, 2019

Mickey Taylor
Mickey est reconnaissable instantanément à ses nombreux tatouages qui contrastent avec sa gueule d’ange. Son compte ressemble à un journal intime où il partagerait ses nombreuses rencontres sexuelles avec aussi bien des stars que des amis ou de parfaits inconnus. Et puis Mickey est aussi un artiste et quand il ne filme pas ses ébats il est sur scène en train de chanter, danser ou faire de la musique. Autant de raisons de supporter son travail!

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Giving you them “fuck me” eyes

A post shared by Mickey Taylor (@itsmickeytaylor) on Sep 24, 2019 at 3:15am PDT

Yoshi Kawasaki
Yoshi aime le sexe et il veut que ça se sache. Toujours à la recherche des ses propres limites son compte est une ôde à la soumission et à l’exhibition. En intérieur ou en extérieur, avec des stars ou des inconnus, sensuellement ou avec force (consentie, bien sûr), Yoshi prend tout, au sens propre comme au figuré. Pour amateurs de sensation fortes.

Deep throat practice pic.twitter.com/mZqB6K8oKk

— Yoshi Kawasaki (@yoshixkawasaki) September 11, 2019

Alexis Tivoli

Alexis Tivoli est loin des stéréotypes sur-musclés de la plupart de ses confrères américains mais cela ne l’empêche pas d’être un actif très dominateur. Faut dire qu’il a les atouts pour et qu’il sait les utiliser. Son compte est un mélange de tous ses intérêts, des solos, des duos, des choses plus artistique et d’autres plus trash. Et puis il aime avant tout faire plaisir à ses abonnés alors il est prêt à filmer ce qu’il lui est demandé. Des idées?
Jay James

Been taking me a bit to get back into a routine after being away shooting. Wish I could be on a porn set all the time pic.twitter.com/bFAueVpRzy

— Jay James (@JayJamesXXX) September 28, 2019

Jay est un jeune Canadien très chaud et très exhibitionniste. Ce n’est donc pas une surprise qu’il se soit lancé dans l’aventure JustForFans. Ce qui le fait sortir du lot c’est qu’il sait se mettre en valeur tant en vidéo qu’en photo. Avec son sens de la mise en scène et son air de toujours prendre son pied, il a assurément devant lui une belle et longue carrière dans le porno.
Sherman Maus
Sharmna Maus par le sus-nommé Mickey Taylor

Sherman est un explorateur sexuel. Le sexe c’est fun et il veut clairement nous le prouver. S’étant découvert pansexuel au fil de ses rencontres, il aime désormais tout avec tout le monde, et tant qu’il s’amuse il n’a pas de limites. Son compte réunit ainsi une collection de vidéos hautes en diversité de pratiques, de corps, de genres et de sexes. Un vrai bol d’air frais!
Anteo Chara

Countryside makes me peaceful #bonjour #FF pic.twitter.com/W147Q2UYvh

— Anteo Chara (@AnteoCharaXXX) August 23, 2019

Anteo est un vrai naturel. Pas seulement dans sa façon de vivre ou de prendre soin de son corps, mais aussi dans sa façon de se filmer. Il ne fait pas semblant et ça se voit, quand il prend son pied on ne peut que le prendre aussi.

En plus des vidéos de ses rencontres sexuelles il possède aussi une grande collection de photos et de vidéos privées qu’il a accumulées depuis plusieurs années et qu’il publie désormais pour ses fans. De quoi bien occuper les longues soirées d’hiver!
Oliraptor

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"Giuseppe" London 2019 – My lack of posts has come from the overbearing censorship and seeing others I follow banned for nothing or archived stories. Been keeping busy, lots of shoots, focusing on me and planning future projects. Plus more filming, which I'm truly excited about, find more on the fan sites

A post shared by Oliver Sarley (@oliraptor) on Aug 25, 2019 at 12:38pm PDT

Oli est un photographe Anglais qui invite des garçons à venir se déshabiller et se masturber en pleine nature pendant qu’il les photographie et les filme. Et quand le feeling passe bien on le retrouve de l’autre côté de la caméra. Mais comme il se cache peu, il se retrouve souvent à deux doigts de se faire prendre sur le fait. La tension est palpable et le résultat très intimistes et excitant.
Parker West

Parker est chef cuisinier le jour et chef exhibitionniste la nuit. Dans ses vidéos il s’exhibe parfois en costumes de super héros (sa grande passion) mais c’est surtout pour ses surprenantes éjaculations qu’il est unique. Une abondance qui semble toujours le surprendre lui-même et qui finit souvent sur son propre visage. Vous reprendrez bien un peu de sauce?
Leon Chevalier

I'm fine !
I'm just in my cavern. pic.twitter.com/sWu1txHw7k

— Leon Chevalier (@Le0nChevalier) August 13, 2019

Certains connaissaient peut-être Léon Headstone sur Tumblr, mi-cosplayer mi-punk, il s’affichait provocativement épée à la main dans des photos et des vidéos tantôt très politiques tantôt très érotiques.

Léon Headstone s’appelle désormais Léon Chevalier et il habite la planète JustForFans. Ses vidéos se font plus sexuelles et les costumes un peu plus rares, mais de son propre aveux il songe très sérieusement à les ressortir. On à hâte de voir ça!

Photo en une, Sherman Maus par RyanStanfordPhotography
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8:54
Portrait d'un gigolo en star
» ‎ Les 400 culs

Tags: [éditer]

Durant la nuit du 2 décembre 1966, une femme et une petite équipe de tournage s’enferment dans une chambre d’hôtel, à New York, en compagnie d’un homme prostitué. Durant douze heures, sans s’arrêter, ils le font parler. Qui est cet homme?

Le mardi 1er octobre, au Forum des images, l’association Documentaire sur Grand Ecran organise une soirée consacrée à la lutte pour les droits des homosexuels. C’est l’occasion de voir Portrait of Jason, qu’Ingmar Bergman décrit comme «le plus extraordinaire film que j’ai vu de ma vie.» Lorsqu’il est projeté pour la première fois, au Musée d’art moderne de NewYork, la liste de VIP invités pour la séance est impressionnante : Paul Morrissey, Allen Ginsberg, Tennessee Williams, Norman Mailer, Andy Warhol, Arthur Miller, Elia Kazan… sans oublier, bien sûr, la star du film elle-même, Jason Holliday.
Un verre de scotch à la main, c’est si chic
Quand Portrait of Jason est dévoilé au grand public, il fait l’effet d’un choc. Filmer un noir, qui boit non-stop du whisky tout en racontant ses expériences de gigolo gay et de pute mâle pour l’élite blanche, et cela trois ans après la fin de la ségrégation ? Du jamais-vu. A peine quelques décennies plus tard, pourtant, le film a disparu. On n’en trouve plus aucune copie utilisable. Il faut deux ans de recherche pour finalement trouver, par miracle, une version en 16 mm qui est sauvée des eaux en 2003 dans le cadre du «Projet Shirley». Ce projet vise à réhabiliter l’oeuvre de la réalisatrice Shirley Clarke, une des pionnières du cinéma-vérité.
Cinéma-vérité et quart d’heure de célébrité
Pour certains critiques d’art, c’est Shirley Clarke –avec Andy Warhol– qui inaugure l’ère de la téléréalité. Portrait of Jason «est une oeuvre-clé de ces années 1960 traversées par le désir de célébrité, l’exhibitionnisme et le narcissisme, raconte Brecht Andersch (Musée d’art de San Francisco). Elle préfigure les émissions de Jerry Springer et les déballages intimes en live.» Andersch en veut pour preuve cette petite phrase de Jason Holliday : «Les gens aiment te voir souffrir». De fait, Jason n’expose pas que ses côtés positifs devant la caméra. Tour à tour goguenard, émouvant, drôle et pathétique, il déploie en stratège toute la gamme de ses talents, affirmant volontiers qu’il est né pour séduire. Y compris avec ses bobos.
«Je suis une pute convaincue»
Sa personnalité remplit tout l’espace. Sa vie qu’il raconte en la réinventant fait l’effet d’un récit picaresque aux allures de one-man-show : «Je michetonne, je n’en n’ai pas honte. Mais je peux aussi faire la bonne, le maître d’hôtel, le larbin… Tout pour éviter de pointer de 9h à 17h.» Son vrai talent, avoue-t-il, c’est la comédie. Jouer les stars. Briller. Au besoin même, tricher. Sait-on s’il ment quand Jason affirme avoir été rebaptisé à San Francisco par les fans de l’acteur Sabu ? «Ils changeaient le nom des gens en fonction de leur personnalité. Jason Holliday a été créé à San Francisco. Croyez-moi, San Francisco… c’est l’endroit pour être créé !»
Changer de nom pour repartir à zéro
Lorsque Shirley lui demande s’il aime son vrai nom (Aaron Payne), Jason répond laconiquement : «Avec Aaron Payne, j’étais… bien plus mal barré que je ne le suis aujourd’hui. Il y a des souvenirs déplaisants qui ont mené à un état de dépression… je me suis dit en voyant ces gens de San Francisco […], que me donner un autre nom, une autre chance, me rendrait plus heureux. J’aime qu’on m’appelle Jason. Et tous mes amis branchés m’appellent comme ça, à part quelques pervers qui m’appellent Aaron de temps en temps.» Même Miles Davis, dit-il, est «assez cool pour m’appeler Jason.»
«Le gag en fin de compte c’est qui se sert de qui»
De fait, ajoute-t-il, depuis qu’il s’appelle Jason –évocateur d’«un mec hip»– il se sent bien mieux dans sa peau. «Un nom c’est quelque chose, s’il a un écho, s’il vous fait du bien, prenez le nom», conclut-il, avant de raconter des anecdotes sur ses copines, tous genres confondus. Il y a l’histoire de cette trans qui fait le trottoir. «Elle s’appelait Kitty Cunt, quand on lui demandait “Qui êtes-vous ?”, elle répondait “Madame Chatte”, bien sûr». Il y a aussi cette riche cliente, avec un studio sur la 64e Avenue, chez qui Jason passe des journées à manger du homard et faire semblant de s’activer. «Une fois je travaillais pour une grande bonde maigre et triste de l’Alabama. Dès que je l’entendais je m’affairais. Elle entrait et criait “Jason, qu’y a-t-il à manger ?” Moi à la cuisine, en train de faire frire du poulet “Oui Madame Howard.”
«Je n’ai jamais beaucoup aimé les nègres»
L’histoire continue ainsi : «Un jour elle me dit “Jason nous faisons une petite fête.” Je faisais tout à la cuisine … “Non, je ne veux pas venir parler avec les invités.” On dit toujours ça, même si on tous leurs numéros de téléphone. On dit qu’on ne veut pas les fréquenter, qu’on travaille. “Viens ! C’est Halloween, insiste-t-elle. Ce n’est rien, tu seras juste un fantôme !”. J’ai souri, j’ai dit : “Bien, j’arrive.” J’ai bu mon verre, et repris une attitude humble. Alors une de ces femmes m’a dit : “Jason. Je n’ai jamais beaucoup aimé les nègres, tu es le premier pour qui j’ai de l’affection.”» Jason éclate de rire : «Comme c’est gentil à vous, j’espère garder cette position pendant longtemps !»
«J’espère garder cette position longtemps»
Il n’est pas certain que la dame en question ait compris l’allusion. «Les gens te prennent pour un petit Noir idiot, tu veux te faire quelques dollars pour eux c’est un gag. Le gag en fin de compte c’est qui se sert de qui», souligne Jason, non sans ironie : que fait-il, ce soir-là, dans une chambre d’hôtel, sinon servir les intérêts d’une femme qui l’interroge, parfois agressivement, tout en le filmant ? L’ambiguïté du film le rend fascinant. Lorsqu’elle réalise Portrait of Jason, Shirley vit au Chelsea, un hôtel mythique de Manhattan qui propose des locations au mois et qui abrite pendant plusieurs décennies une étonnante quantité d’artistes (Kerouak, Burroughs, Bukowski, Kubrick, Forman, Joplin, Mapplethorpe…). En 1966, Shirley Clarke y vit. C’est donc chez elle que Jason interprète, seul face à la caméra, ce rôle d’une vie qu’elle lui fait tenir.
«J’ai baisé du Maine au Mexique»
«J’ai passé tant de temps à être sexy, comme vous voyez, que je n’ai rien fait d’autre. J’ai baisé du Maine au Mexique, et j’en suis pas plus riche d’un dollar. Mais je me suis bien éclaté.» Il parle dans la langue du hip, l’argot des gens qui doivent survivre, interdits de cité. A cette époque, l’homosexualité est punie comme un crime. Les gays sont perçus comme des folles exubérantes, ce que Jason n’est pas. C’est la première fois qu’un film traite de la communauté LGBT de façon sérieuse.
Refusant de souscrire aux clichés, Shirley Clarke fait le choix esthétique d’un cinéma qui rend visible les conditions matérielles de sa production : au début des prises, l’image est souvent floue (pour rappeler la présence d’une caméra) et le montage inclut tous les moments durant lesquels l’enregistrement s’est arrêté faute de pellicule (on n’entend plus que les voix de la réalisatrice, des assistants et de Jason). Sur une image devenue noire, Jason continue de rire, continue de philosopher, continue son show… Tout est fabriqué. On le voit. Tout dans la vie n’est que cela d’ailleurs : il faut se fabriquer. Ce qui donne au portrait de Jason une profondeur frappante.
.
PORTRAIT OF JASON : mardi 1er octobre, 18h30, forum des images. Organisé par l’association Documentaire sur Grand Ecran, dans le cadre d’une soirée cinéma intitulée «Jason et Indianara sur les marches des fiertés».
Portrait of Jason sera suivi du documentaire Indianara.
Evenement Facebook de la soirée «Jason et Indianara sur les marches des fiertés»

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Portrait d'un gigolo en star
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Durant la nuit du 2 décembre 1966, une femme et une petite équipe de tournage s’enferment dans une chambre d’hôtel, à New York, en compagnie d’un homme prostitué. Durant douze heures, sans s’arrêter, ils le font parler. Qui est cet homme?

Le mardi 1er octobre, au Forum des images, l’association Documentaire sur Grand Ecran organise une soirée consacrée à la lutte pour les droits des homosexuels. C’est l’occasion de voir Portrait of Jason, qu’Ingmar Bergman décrit comme «le plus extraordinaire film que j’ai vu de ma vie.» Lorsqu’il est projeté pour la première fois, au Musée d’art moderne de NewYork, la liste de VIP invités pour la séance est impressionnante : Paul Morrissey, Allen Ginsberg, Tennessee Williams, Norman Mailer, Andy Warhol, Arthur Miller, Elia Kazan… sans oublier, bien sûr, la star du film elle-même, Jason Holliday.
Un verre de scotch à la main, c’est si chic
Quand Portrait of Jason est dévoilé au grand public, il fait l’effet d’un choc. Filmer un noir, qui boit non-stop du whisky tout en racontant ses expériences de gigolo gay et de pute mâle pour l’élite blanche, et cela trois ans après la fin de la ségrégation ? Du jamais-vu. A peine quelques décennies plus tard, pourtant, le film a disparu. On n’en trouve plus aucune copie utilisable. Il faut deux ans de recherche pour finalement trouver, par miracle, une version en 16 mm qui est sauvée des eaux en 2003 dans le cadre du «Projet Shirley». Ce projet vise à réhabiliter l’oeuvre de la réalisatrice Shirley Clarke, une des pionnières du cinéma-vérité.
Cinéma-vérité et quart d’heure de célébrité
Pour certains critiques d’art, c’est Shirley Clarke –avec Andy Warhol– qui inaugure l’ère de la téléréalité. Portrait of Jason «est une oeuvre-clé de ces années 1960 traversées par le désir de célébrité, l’exhibitionnisme et le narcissisme, raconte Brecht Andersch (Musée d’art de San Francisco). Elle préfigure les émissions de Jerry Springer et les déballages intimes en live.» Andersch en veut pour preuve cette petite phrase de Jason Holliday : «Les gens aiment te voir souffrir». De fait, Jason n’expose pas que ses côtés positifs devant la caméra. Tour à tour goguenard, émouvant, drôle et pathétique, il déploie en stratège toute la gamme de ses talents, affirmant volontiers qu’il est né pour séduire. Y compris avec ses bobos.
«Je suis une pute convaincue»
Sa personnalité remplit tout l’espace. Sa vie qu’il raconte en la réinventant fait l’effet d’un récit picaresque aux allures de one-man-show : «Je michetonne, je n’en n’ai pas honte. Mais je peux aussi faire la bonne, le maître d’hôtel, le larbin… Tout pour éviter de pointer de 9h à 17h.» Son vrai talent, avoue-t-il, c’est la comédie. Jouer les stars. Briller. Au besoin même, tricher. Sait-on s’il ment quand Jason affirme avoir été rebaptisé à San Francisco par les fans de l’acteur Sabu ? «Ils changeaient le nom des gens en fonction de leur personnalité. Jason Holliday a été créé à San Francisco. Croyez-moi, San Francisco… c’est l’endroit pour être créé !»
Changer de nom pour repartir à zéro
Lorsque Shirley lui demande s’il aime son vrai nom (Aaron Payne), Jason répond laconiquement : «Avec Aaron Payne, j’étais… bien plus mal barré que je ne le suis aujourd’hui. Il y a des souvenirs déplaisants qui ont mené à un état de dépression… je me suis dit en voyant ces gens de San Francisco […], que me donner un autre nom, une autre chance, me rendrait plus heureux. J’aime qu’on m’appelle Jason. Et tous mes amis branchés m’appellent comme ça, à part quelques pervers qui m’appellent Aaron de temps en temps.» Même Miles Davis, dit-il, est «assez cool pour m’appeler Jason.»
«Le gag en fin de compte c’est qui se sert de qui»
De fait, ajoute-t-il, depuis qu’il s’appelle Jason –évocateur d’«un mec hip»– il se sent bien mieux dans sa peau. «Un nom c’est quelque chose, s’il a un écho, s’il vous fait du bien, prenez le nom», conclut-il, avant de raconter des anecdotes sur ses copines, tous genres confondus. Il y a l’histoire de cette trans qui fait le trottoir. «Elle s’appelait Kitty Cunt, quand on lui demandait “Qui êtes-vous ?”, elle répondait “Madame Chatte”, bien sûr». Il y a aussi cette riche cliente, avec un studio sur la 64e Avenue, chez qui Jason passe des journées à manger du homard et faire semblant de s’activer. «Une fois je travaillais pour une grande bonde maigre et triste de l’Alabama. Dès que je l’entendais je m’affairais. Elle entrait et criait “Jason, qu’y a-t-il à manger ?” Moi à la cuisine, en train de faire frire du poulet “Oui Madame Howard.”
«Je n’ai jamais beaucoup aimé les nègres»
L’histoire continue ainsi : «Un jour elle me dit “Jason nous faisons une petite fête.” Je faisais tout à la cuisine … “Non, je ne veux pas venir parler avec les invités.” On dit toujours ça, même si on tous leurs numéros de téléphone. On dit qu’on ne veut pas les fréquenter, qu’on travaille. “Viens ! C’est Halloween, insiste-t-elle. Ce n’est rien, tu seras juste un fantôme !”. J’ai souri, j’ai dit : “Bien, j’arrive.” J’ai bu mon verre, et repris une attitude humble. Alors une de ces femmes m’a dit : “Jason. Je n’ai jamais beaucoup aimé les nègres, tu es le premier pour qui j’ai de l’affection.”» Jason éclate de rire : «Comme c’est gentil à vous, j’espère garder cette position pendant longtemps !»
«J’espère garder cette position longtemps»
Il n’est pas certain que la dame en question ait compris l’allusion. «Les gens te prennent pour un petit Noir idiot, tu veux te faire quelques dollars pour eux c’est un gag. Le gag en fin de compte c’est qui se sert de qui», souligne Jason, non sans ironie : que fait-il, ce soir-là, dans une chambre d’hôtel, sinon servir les intérêts d’une femme qui l’interroge, parfois agressivement, tout en le filmant ? L’ambiguïté du film le rend fascinant. Lorsqu’elle réalise Portrait of Jason, Shirley vit au Chelsea, un hôtel mythique de Manhattan qui propose des locations au mois et qui abrite pendant plusieurs décennies une étonnante quantité d’artistes (Kerouak, Burroughs, Bukowski, Kubrick, Forman, Joplin, Mapplethorpe…). En 1966, Shirley Clarke y vit. C’est donc chez elle que Jason interprète, seul face à la caméra, ce rôle d’une vie qu’elle lui fait tenir.
«J’ai baisé du Maine au Mexique»
«J’ai passé tant de temps à être sexy, comme vous voyez, que je n’ai rien fait d’autre. J’ai baisé du Maine au Mexique, et j’en suis pas plus riche d’un dollar. Mais je me suis bien éclaté.» Il parle dans la langue du hip, l’argot des gens qui doivent survivre, interdits de cité. A cette époque, l’homosexualité est punie comme un crime. Les gays sont perçus comme des folles exubérantes, ce que Jason n’est pas. C’est la première fois qu’un film traite de la communauté LGBT de façon sérieuse.
Refusant de souscrire aux clichés, Shirley Clarke fait le choix esthétique d’un cinéma qui rend visible les conditions matérielles de sa production : au début des prises, l’image est souvent floue (pour rappeler la présence d’une caméra) et le montage inclut tous les moments durant lesquels l’enregistrement s’est arrêté faute de pellicule (on n’entend plus que les voix de la réalisatrice, des assistants et de Jason). Sur une image devenue noire, Jason continue de rire, continue de philosopher, continue son show… Tout est fabriqué. On le voit. Tout dans la vie n’est que cela d’ailleurs : il faut se fabriquer. Ce qui donne au portrait de Jason une profondeur frappante.
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PORTRAIT OF JASON : mardi 1er octobre, 18h30, forum des images. Organisé par l’association Documentaire sur Grand Ecran, dans le cadre d’une soirée cinéma intitulée «Jason et Indianara sur les marches des fiertés».
Portrait of Jason sera suivi du documentaire Indianara.
Evenement Facebook de la soirée «Jason et Indianara sur les marches des fiertés»

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