Son dernier clip nous avait ébouriffé. Aujourd’hui, la rappeuse-performeuse Brooke Candy est de retour avec I Love You, un hypnotique porno expérimental issu du programme Visionaries Director’s Club de Pornhub. Quarante minutes entre espace et paradis, baisers lesbiens et mystères ésotériques. Ou quand le X se fait auteuriste.
Le titre de ce porn est simple comme un titre pop : I Love You. Mais le reste est moins consensuel. Quarante minutes durant, Brooke Candy nous promène dans son univers aussi onirique qu’explicite. Produit par le Pornhub’s Visionaries Director’s Club, espace de créations originales de la célèbre plateforme de vidéos pour adultes, ce fap « LGBTQ friendly » se dit inspiré par le cinéma expérimental et transgressif des années soixante dix, celui de Jodorowsky et de Damiano (Gorge Profonde). C’est tout du moins ce que suggère le site Xbiz. Ingénieuse, Candy adapte cette nostalgie du rétro trippesque aux fantasmes de la génération Youporn, via un casting dingue : Asa Akira, Abella Danger, Kira Noir, Venus Lux, Chanel Santini, n’en jetez plus. Au fait, ça se mate là.
« Je désirais créer quelque chose qui ressemble à un rêve fantasmagorique, sous l’influence de Bruce LaBruce et Matthew Barney […] une pornographie iconique qui soit viscéralement sexy et imbibée de sensualité, ce qui à mon sens manque au sein de l’industrie […] C’est queer, sex positive et super-hot » déclare encore la vidéaste. Sans vraiment savoir si l’ensemble est visionnaire ou pas, avouons que l’on s’est déjà caressé sur du sexe plus mainstream et moins perché. Pas safe for work pour un sou, le porno à la Brooke Candy mixe délires kitschs (Asa Akira en sirène spatiale), chapitrage à la Lars Von Trier, atmosphère de souffre façon orgie antique, boucles musicales langoureuses, incrustations en relief rudimentaires sur fond de paillettes, baises frénétiques et léchages de pieds entre filles habillées comme dans un péplum. Pfouu.
A partir de là, captivé par le flux, on ne sait plus comment définir cet objet fappique non identifié : une ridicule exubérance d’auteur à la Arielle Dombasle, un caprice fétichiste as fuck, un écho au Caligula de Tinto Brass, une performance d’art contemporain propice à faire bander les hipsters des Los Angeles, une tentative de réécrire à coups de harpe les scènes les plus bateau du porno grande consommation (cunnis et pipes à foison)…Peut-être tout cela, et rien de tout cela à la fois. Comme toute déclaration d’amour, I Love You nous fait ressentir la confusion des sentiments.