Moïse et Ramsès étaient-ils blancs ?
Depuis le début du mois de juillet, un appel au boycott du prochain film de Ridley Scott, Exodus: Gods and Kings, a été lancé sur Internet. Accusé de racisme, ou plus exactement de whitewashing, c'est-à-dire de "blanchissement" volontaire de la distribution, le réalisateur d'Alien a effectivement choisi Christian Bale dans le rôle de Moïse, Joel Edgerton dans celui de Ramsès ou encore Sigourney Weaver pour interpréter la mère du Pharaon. Ses détracteurs dénoncent la "négation cinématographique" de la réalité historique au service d’un point de vue “blanc” de l'Histoire. Déjà dans Noé, Russell Crowe n'avait pas soulevé l'enthousiasme en jouant l'un des prophètes de l'Ancien Testament. La pratique est pourtant très habituelle à Hollywood. De Ben-Hur aux Dix commandements, Romains et Égyptiens ont toujours été Américains...
Sur l'excellent blog "Le cinéma est politique", Julie Gasnier analyse le phénomène et détaille une polémique aussi vieille qu'Hérode. Elle cite l'exemple du film Argo (2012), photo à l'appui : "Le film Argo, sorti en 2012 raconte comment l’agent de la CIA Tony Mendez a permis de faire sortir six personnes d’Iran lors de la crise des otages en 1979. Mendez était de diverses origines ethniques et notamment mexicaine [voir photo ci-dessous] avec un physique très latino-américain. Dans le film, Mendez est interprété par Ben Affleck et le premier choix pour le rôle était Brad Pitt."
Dans une tribune intitulée “I pray the Exodus movie is a total flop", un internaute s'insurge contre la répartition des rôles effectuée par Ridley Scott : "Une telle imagerie est assez grotesque dans son inexplicable imagerie raciale. C’est une chose d’abîmer l’Histoire ; c’en est une autre de l’abîmer afin de représenter les Blancs comme supérieurs aux Noirs là où les Blancs ne devraient même pas exister." Il semble en effet que dans Exodus, les acteurs "noirs" n'occupent que des rôles d'esclaves ou de subalternes. Spike Lee n'a pour le moment pas encore réagi...
Le film sortira en France le 24 décembre prochain.
Tony Mendez (à gauche) avec le Président des Etats-Unis Jimmy Carter.