Collection « L’age d’or du x américain ».
Galvanisés par les succès phénoménaux de Derrière la porte verte et de Gorge profonde, des auteurs ambitieux, parfois en dehors du circuits du X, vont se lâcher en réalisant de vrais chef-d’œuvre pornographiques, filmés en 35 mm et munis de décors soignés. Wild Side Video propose les masters tirés des négatifs originaux d’une série de ces films, tournés à la fin des années 70. Entamons la critique de cette prestigieuse lignée par Coed Fever et Odyssey, deux chaudes comédies, fiévreuses et que les primo-spectateurs chanceux de l’époque n’ont pas du oublier.
Coed Fever (Fièvre au lycée) 1980
« En réaction aux nouveaux codes de bonne conduite imposés dans leur université, quatre étudiantes du Uppa U Omega fraternity contre-attaquent en s’offrant les services d’une redoutable stripteaseuse qui percera au grand jour les perversions secrètes du proviseur et des riches donateurs »
Un vrai régal. Sur les bases d’un campus movie, les scènes X sont très soignées tant dans leur éclairage que vers la direction d’acteurs, dont l’apogée reste peut-être à la demi-heure de film cette scène de triolisme, brûlante, que ce priapique de Jamie Gillis sublime de sa brune virilité. Le nombre de scènes explicites est tout à fait honorable et leur intensité hard n’a rien a envier aux sorties actuelles. Les actrices, en nombre, sont superbes et pas seulement Annette Heaven ! On retrouve la rouquine Lisa de Leeuw, aux mensurations troublantes, ainsi que l’explosive Vanessa Del Rio dont le mythique clitoris a probablement eu du retard à l’embryogenèse. Les acteurs du cru ne sont pas en reste : Gillis, John Leslie, tous jeunes, en grande forme et plutôt bons acteurs… Une scène étonnante au beau milieu du métrage, celle où Annette briefe de nouvelles arrivantes, persécutant l’une d’entre elle jusqu’à la contraindre à des actes sexuels, le tout dans un décor de séance macabre. Très réussie dans son aspect dramatique, elle montre combien l’ambition allait au-delà d’une succession d’enfilades. Le film se clôt dans l’allégresse, donnant plus au spectateur l’impression d’avoir chaudement traversé une époque, que visionné du coït mutique, sans âme.
En bonus, une interview des acteurs Mike Horner et de Juliet Anderson, racontant leurs souvenirs d’une époque et leurs débuts. A noter que le réalisateur, de son vrai nom Gary Graver, n’est pas le dernier des tâcherons, puisque ses œuvres pornographiques viennent ponctuer une carrière plus officielle de producteur ou directeur de la photographie pour des auteurs de renom tels que Cassavetes ou Orson Wells.
Odyssey (the ultimate trip). 1977
« Odyssey relate trois percées intenses dans la libido américaine des 70’s : les fantasmes d’un homme marié perdu dans une maison de passe psychédélique, les émois d’une femme qui révèle ses frustrations à sa psychiatre et les illusions perdues d’un jeune mannequin, devenue escort-girl par dépit amoureux. »
Réalisateur culte du Devil is Miss Jones, Damiano ne faiblit pas en livrant cet Odyssey, un conte social permettant de débattre des problèmes sexuels de notre temps, tout en livrant sa fournée de scènes chaudes, ici ancrées dans le réel. La scène où le couple en difficulté se teste en vidéo amateur au début du film est remarquable, digne des prémices d’un De Palma… Là encore, l’intensité dramatique ne se veut pas feinte et les acteurs apparaissent crédibles. Le film prend son temps, incroyable pour un film pornographique, inimaginable de nos jours. Les scènes X y gagnent bien sur en réalisme, introduites par de vraies scènes de dialogues. Damiano équilibre par ailleurs facilement ses trois histoires, entre ébats hétéro et saphiques, décors intérieurs et extérieurs, musique rythmée ou langoureuse, toujours étudiée.
Bien sur, pas de silicone ni de pubis en forme d’autoroute, c’était l’époque ou les hommes pouvaient parfois jouir dedans, sans apporter la preuve… L’époque d’un certain féminisme, aussi, où une scène de cul pouvait s’avorter selon les besoins d’un scénario.
Un brin plus conventionnel que Coed fever, Odyssey n’en reste pas moins tout à fait délectable.
Coed Fever
Réalisateur : Robert Mac Callum. Avec : Annette Haven, Vanessa del Rio, Jamie Gillis, Samantha Fox, Serena. 1h26. Mono Anglais. Sous-titres : français. Disponible en dvd chez Wild Side le 3 février 2010
Odyssey
Réalisateur : Gérard Damiano. Avec : Susan mcBain, Nancy Dare, Sharon Mitchell, Vanessa Del Rio. 1h19. Mono Anglais ou français. Sous-titres : français. Disponible en dvd chez Wild Side à partir du 8 avril.