En principe, la fidélité est à l’amour ce que le stéthoscope est au docteur : indissociable. Mais, comme il arrive à un docteur de ne point user de son stéthoscope, il y a des couples qui omettent parfois de respecter cet engagement.
L’infidélité est un terme vaste. L’acte sexuel pratiqué avec un(e) autre que (son ou) sa régulière est considéré comme tel. On peut mentir à l’être aimé, mais au fond de nous on sait bien que l’on a fait mal. Encore que, parfois, les « jolis cœurs » n’entendent pas l’infidélité sous cet angle.
Clara a 25 ans, elle est en couple depuis 4 ans avec Ludovic ; ils sont amoureux et projettent d’avoir un enfant très prochainement. Le hic, c’est que Clara se sent trop jeune pour jurer fidélité à un homme. Certaine, malgré tout, que Ludo est l’homme de sa vie, elle ne peut risquer de le perdre. Alors, quand le chat n’est pas là, la souris danse.
« J’embrasse des garçons en soirée, parfois on rentre ensemble, mais on ne reste jamais en contact » avoue-t-elle. « Je n’en parle pas à Ludo de peur de le faire souffrir, mais honnêtement je ne me pense pas infidèle. Je n’entretiens jamais de relation suivie, et je n’éprouve aucun sentiment pour les garçons que je rencontre ».
Une perception de la fidélité qui ne fait pas l’unanimité. N’allez pas raconter à Déborah, 29 ans, en couple depuis 10 ans et mère de deux enfants, que si son mari couche avec une autre juste un soir, sans sentiment aucun, ce n’est pas de la tromperie. « Dès l’instant où il a un rapport sexuel avec une autre, il ne respecte plus notre engagement. Si cela n’a eu lieu qu’une seule fois c’est sans doute moins douloureux à accepter, mais ça n’en reste pas moins une entorse au contrat moral que nous nous sommes promis d’honorer ».
S’il fait l’amour à une autre femme et qu’il ose vous rétorquer que puisqu’il n’y avait pas de sentiment, il n’y a pas eu tromperie, faites-lui la même chose et vous verrez s’il voit toujours cela du même œil. D’autant que les sentiments, ça ne se contrôle pas. On peut tromper son conjoint et l’aimer, mais on ne peut pas être sûre que l’amant ne va pas faire chavirer notre cœur. Le « mari qui quitte son épouse pour convoler avec sa maîtresse » est un cliché bien réel.
L’infidélité n’a pas d’âge, c’est sa définition qui change. Allez expliquer à un adolescent que sa petite amie ne l’a pas trompé, quand elle s’est contentée d’embrasser un autre jeune homme. A cet âge-là, bécoter un garçon c’est « cocufier » son amoureux. Chez les adultes, les codes ont changé : il y a des baisers « qui ne veulent rien dire », ceux qui surviennent en soirée parce que l’on est un peu ivre et qu’on se dit qu’un simple bisou n’est pas si grave. Ceux qu’on se fait entre « potes », juste pour leur dire qu’on les aime (d’amitié) ou pour rigoler ; les codes ont bien changé depuis l’époque de nos grands-parents.
Deux filles qui s’embrassent ça ne choque plus personne… enfin presque. Si certains garçons minimisent en disant que les femmes sont beaucoup plus sensuelles entres elles que ne le sont les hommes, et trouvent cela excitant, pour Walid, 26 ans, « embrasser une fille ou un garçon, c’est la même chose, il y a détournement de bisous de son destinataire officiel ».
Un autre aspect de l’infidélité pointe son nez avec la « Web technologie » : est-ce que flirter sur Internet, que ce soit par le biais de sites de rencontres type Meetic, ou sur MSN Messenger, peut être considéré comme de l’adultère ? Là encore, tout dépend des limites que l’on donne à la fidélité.
Certaines font mine de n’être jamais tombée sur une boîte de dialogue dans l’ordi de leur chéri : « Les hommes ont besoin de voir flatter leur ego, il n’y a là rien d’infidèle ». Le meilleur moyen de rendre un homme volage, c’est de lui fixer trop de limites, pensent certaines. Mais si c’est autorisé dans un sens ça doit l’être aussi dans l’autre. Pourquoi les femmes n’auraient-elles pas tout autant besoin de tester leur « sex appeal » ?
« J’entretiens une relation ambiguë sur MSN avec un type que j’ai rencontré cet été, je n’ai pas l’impression de fauter, en revanche ça me fait du bien de savoir que je peux séduire un autre homme. Il me dit des mots doux, des mots que mon mari, même si je ne doute pas de son amour, ne me dit plus depuis longtemps », raconte timidement Nadine, 43 ans, femme au foyer.
Reste alors à savoir ce qui différencie l’infidélité du jeu de la séduction. Parfois même, on est irréprochable dans les actes, mais la pensée est libertine… On peut être avec un homme tout en étant amoureuse d’un autre. Alors dans ce cas, s’agit-il de tromperie ? Est-il plus admissible de coucher sans penser, ou de penser sans coucher ?
Et si, finalement, l’infidélité commençait simplement là où la tolérance de chacun des partenaires s’épuise ? Reste à chaque couple à l’apprécier et à fixer les règles à sa façon…
(cc) Stephan Geyer