Imaginez une belle brune, mix entre PJ Harvey (pour l’attitude et l’énergie rock’n roll) et Colette Renard 2.0 (pour les textes) à la sauce néo-burlesque (pour les looks et la danse), associée à un guitariste à l’air aussi vicelard qu’au look improbable (combinaison indescriptible, bagouzes et tatouages Malabar) qu’on jurerait sorti d’un film d’Emir Kusturica, dans le rôle du mec infréquentable qui fait des trucs pas nets. Leurs noms: Julia Palombe et Serge Léonardi. Depuis quelques mois, ce couple à la scène comme à la ville fait doucement mais sûrement évoluer la scène burlesque à l’occasion des soirées Les nuits de la Palombe, données régulièrement sur la jonque La Dame de Canton, amarrée dans l’ombre de la bibliothèque François Mitterrand à Paris, au pied de la passerelle piétonne Simone de Beauvoir. Partenaire de l’évènement depuis trois éditions, La Musardine a dépêché une délégation de prestige (plusieurs auteurs et leur attaché de presse, à savoir le schyzo qui parle de lui à la troisième personne en ce moment même) pour assister à la dernière représentation en date, le vendredi 28 juin 2013, sobrement intitulée: « Fantasmes d’été ». Après un défilé de lingerie (super) sexy sur le quai, mademoiselle Aristochatte, figure emblématique des rondes qui s’assument, invite les spectateurs à prendre place à l’intérieur de la jonque dans un costume de soumise BDSM pour le moins outrancier. Commence alors, sur une scène décorée d’une double guirlande de petites culottes « portées et odorantes » (la précision est d’importance) une heure et demi de chansons éroticomiques à la gloire des corps non-aseptisés, du sexe sans carcans et de la baise décomplexée, entrecoupées des strip burlesques inspirés de Minnie Valentine, Titty Twister et Mademoiselle Aristochatte, et d’une lecture érotique aussi émouvante qu’émoustillante de Camille Emanuelle, sur un très joli texte écrit par ses soins dans Osez 20 histoires de sexe en vacances. Emballé dès les premières minutes, le public ne tarira pas de vivas, d’applaudissements, de « youhou! », de « wooooooooooooo! », de « hiiihaaaaaaa! » et autres cris orgasmiques non identifiés pendant tout le show, mené de main de maître par une performeuse qui mérite bien son nom, à la note aussi juste que la chorégraphie précise, la cuisse ferme, l’oeil lubrique et l’énergie communicative. Cerise sur le gâteau, à la fin de la soirée, tandis que les tours turgescentes de la bibliothèque François Mitterrand giclaient des nuages de foutre dans un ciel subitement débarrassé de sa grisaille sinistre, le maitre de céans nous offrait le champagne pour parfaire une ivresse garantie sans gueule de bois. De fait, le lendemain de cette soirée mémorable, on a tous passé la journée à baiser comme des porcs. Les gardiens de l’ordre moral ont du soucis à se faire, Julia Palombe est dans la place.
Photos de la soirée sur le blog de la Musardine.