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Dans le contexte des élections présidentielles et législatives à venir...
Dans le contexte des élections présidentielles et législatives à venir... voici 6 fiches reprenant l'ensemble des propositions du Collectif Cape.
- École du socle, école de la scolarité obligatoire.
- Pédagogie et rapport aux savoirs.
- Mixités et diversités sociales, culturelle, genrée, scolaire.
- Projet politique national, politiques éducatives locales.
- Développer la formation des acteurs éducatifs.
- Une politique éducative ambitieuse a besoin de la mobilisation de toutes et de tous !
Mercredi 29 Mars 2017On a pris beaucoup de temps pour se décider. Les tergiversations ont duré, mais l’équipe s’est enfin mise d’accord sur le lancement d’un Patreon pour le Tag. Il fallait un coup de pouce bleu de votre part pour qu’on puisse poursuivre l’exploration des contrées mal cartographiées du porno, notamment l’indépendant. Ce côté de l’industrie devient de plus en plus important et les profils qui y jouent des rôles majeurs valent l’intérêt qu’on leur porte et méritent d’être davantage connus. On continue de parler du mainstream, mais l’indie et le porno féminin et féministe accaparent pas mal notre attention, c’est pour cela que nous avons besoin de plus de temps pour témoigner de l’envol du mouvement.
On remercie déjà très chaleureusement nos premiers mécènes et on espère que vous continuerez à nous soutenir. Mais sachez que d’autres acteurs du porno et du NSFW (on peut aussi parler d’érotisme) ont besoin d’aide pour produire de beaux contenus. S’ils se servent de la plateforme, c’est parce qu’elle autorise (et c’est suffisamment rare pour le noter) le contenu adulte à condition qu’il soit signalé et non accessible via la recherche. Pour vous retrouver sur la plateforme sachant qu’ils ne sont pas référencés, on vous a un écrit un petit guide non exhaustif des créateurs NSFW de la plateforme. À vous de voir comment vous voulez les soutenir.
• Lux Alptraum nous inondait à l’époque de Fleshbot d’infos sur le milieu que nous reprenions dans le Tag. Elle témoigne depuis pas mal d’années et elle est devenue une référence indéniable. Lux a lancé un Patreon pour la soutenir dans ses écrits, parce que ce n’est pas tous les jours qu’un gros média comme Vice ou The Verge fait appel aux plumes expertes du porno pour analyser une étude sur la consommation du X ou le phénomène des sextoys connectés. Avec Lux, on lit des choses que personne d’autre n’écrit.
• Violet Blue a plusieurs casquettes. Auteure et journaliste, elle écrit sur le hacking, la sécurité, la confidentialité et évidemment le sexe depuis 1998. On retrouve ses articles dans différents médias, mais plus régulièrement sur son blog Tinynibbles qui a maintenant 17 ans ! Une performance incroyable sur Internet qui mérite votre soutien. Freelance et indépendante, elle se retrouve un peu dans la même situation que nous : à cause du sujet qu’elle traite sur son site, elle n’a pas accès à la publicité classique. Elle fait donc appel à la générosité de ses lecteurs pour l’aider à avancer.
• Freshie Juice est une artiste. Modèle freelance et photographe, elle produit des images le plus souvent NSFW. Elle explore tous les champs possibles de l’érotisme, de la photo simple, nue devant une fenêtre au bondage le plus complexe. Pour du contenu un peu plus explicite, il faudra se rendre sur ManyVids. Freshie collabore avec la crème et elle est la cerise. Par exemple, elle a fait un set avec Xöe Nova, cam model entre autres choses. Vous pouvez aussi supporter cette dernière, son travail est toujours très beau.
Freshie Juice
• London Andrews aime les animaux et les soigne. Son Patreon lui permet de partir dans des pays éloignés pour des missions bénévoles qui viennent en aide aux toutous et aux ‘tichas en danger. Mais bon, London en profite aussi pour continuer son travail exemplaire de modèle photo. Elle fait la joie de ceux qui la suivent sur Instagram à chaque publi. Elle est sublime. En participant, vous vous rincez l’œil et vous sauvez des animaux, c’est vraiment super.
• Julie K est connu comme Suicide Girl sous le pseudo de Lass Suicide. Vous l’avez sûrement déjà vue, ses photos sont très partagées. Sur Twitter, on l’appelle @WeeJulieTots. Elle a également créé une marque de lingerie qui est fort jolie et qu’elle fabrique elle-même. Cette jeune femme est donc pleine de talents. Dans le monde des Suicide Girls, la pléthore de comptes sur Patreon n’étonne plus personne. Citons par exemple, Erica Fett (quelle femme !) qui fait du cosplay et Feryn Suicide.
Julie K par © Dvlx
• Miss Kacie Marie m’obsède depuis longtemps (c’est Saint-Sernin qui écrit). C’est une artiste, elle vit à New York et chante aussi. Ses photos ne sont pas toujours dans le plus simple appareil, mais l’érotisme est une chose qu’elle défend à travers son travail de modèle. Elle collabore souvent avec le couple Genuine Porcelain et Henry Vance, des gens dont les photos sont vraiment magnifiques. Dans cette galaxie, il y a également Corwin Prescott et sa nature parsemée de nudité, Sierra McKenzie et ses créations stupéfiantes.
• Four Chambers n’a pas vraiment besoin d’être présenté. Vex Ashley non plus. Si elle peut s’exprimer si fort dans son travail, c’est grâce à ce financement par sa communauté. Cela lui permet de produire un contenu unique, avec sa vision que personne ne vient réprimer. Elle peut aussi rémunérer les acteurs comme rarement une, même mainstream, peut le faire. C’est beau le porno éthique et indépendant.
• Aux côtés de Vex, d’autres artistes dans la même veine sont présents. Blath a lancé son compte pour soutenir sa documentation sensible du milieu queer des travailleurs du sexe, ce n’est pas donc du porno, vous êtes avertis. Cam Damage est davantage sur le bondage, elle aime les cordes. Dwam représente la France dans ce domaine, elle touche à tout et son art se retrouve sous de multiples formes que les soutiens généreux des internautes lui permettent d’accomplir un peu plus sereinement. Sachez cependant que son Patreon n’est pas dédié à l’explicite.
• On doit à Erika Moen et Matthew Nolan le super projet de BD en ligne Oh Joy Sex Toy. Sur leur site, ils testent des sextoys et parlent d’éducation sexuelle avec un biais humoristique et totalement sex positive. Mais cette planche hebdomadaire ne s’arrête pas là, Erika Moen part aussi à la rencontre de professionnels du secteur (comme Crash Pad ou Pink & White Productions) et distille des informations queer et indispensables dans la joie et la bonne humeur. La lecture indispensable de la semaine !
• Dans la même veine, vous pouvez également voir du côté de Flutter Anthology, une autre BD en ligne érotique actualisée tous les jeudis qui raconte les histoires sexuelles de personnes ordinaires. Derrière ce projet, on retrouve au scénario Fabián Rodríguez et aux dessins : Claudia Aguirre et Lynsey G.
• Pandora Blake, réalisatrice anglaise, utilise Patreon plutôt comme un moyen de pouvoir s’impliquer en tant qu’activiste. En effet, ayant eu des démêlés avec la justice à cause de son site Dreams of Spanking, elle a dû se familiariser avec les lois anti-porno en cours en Grande-Bretagne et depuis elle est régulièrement invitée à s’exprimer sur ce sujet dans de nombreux événements, ce qu’elle peut faire un peu plus sereinement grâce à ses mécènes.
• Le ASMR n’est pas clairement NSFW, mais tout comme le food porn fait baver, il donne des frissons puissants aux oreilles et au crâne. Cette communauté est très importante sur Youtube et se finance aussi via la plateforme. Certains utilisent l’ASMR pour se relaxer, d’autres pour avoir des sensations physiques, mais quelque chose nous dit que tout ça tient beaucoup à une fétichisation de la voix et des sons qui font du bien. La portée n’est pas sexuelle, mais les sensations tendent beaucoup à celles qu’on peut ressentir devant du porno. Quitte à se faire descendre en flèche par la communauté qui ne veut pas l’associer au sexe, on vous propose de regarder la liste très longue de ASMReurs sur le site.
• Le Studio FOW est un peu à part dans notre liste. Représentant du mouvement SFM Porno, le studio propose une version 3D de films hentai en poussant la qualité à un niveau du rendu assez bluffant tout en abordant des situations typiques du hentai classique (et donc controversées). Classé très NSFW, vous ne trouverez pas dans les recherches du site, c’est pourtant une des plus gros pages au monde avec une communauté très engagée et fidèle de plus de 3000 mécènes.
• Le site est aussi utilisé par quelques modèles de cam. Le système d’abonnement mensuel (contre rétributions en photos, vidéos, shows privés, compte Snapchat privé, etc.) permet de compenser ce que les autres plateformes ne proposent pas forcément. De plus, l’espace neutre et peu concurrentiel (il faut rappeler encore une fois que les comptes NSFW sont cachés de la recherche) permet d’amener ses fans sur un support différent et assez rassurant. Enfin la commission du site (5 %) étant nettement inférieure à celle pratiquée par les plateformes adultes (entre 25 et 50 %), c’est un choix clairement judicieux pour les modèles. En France, on retrouve par exemple celui de Prune aka Penelope Sweetheart ou de Kinkyplum.
Il n’existe pratiquement aucun jeux vidéo sexuels en Occident. L’exposition Game, à Paris, n’en recense d’ailleurs aucun. Comment comprendre que l’industrie vidéoludique fasse l’impasse sur le secteur érotique ?
Le jeu vidéo fait «partie du top 10 mondial des industries culturelles et rapporte des dizaines de milliards d’euros par an». Pour Jean Zeid, auteur de Game, un ouvrage passionnant qui sert de catalogue à l’exposition Game organisée par la Fondation EDF, le jeu vidéo est certainement appelé à devenir toujours plus proche du réel, plus humain, plus sensible et surtout, ainsi qu’il le répète : de moins en moins «sexiste».
Les seins de Lara Croft : de la bombe badass à la fuyarde existentielle
Le mot sexisme revient souvent, semble-t-il, parmi les chefs d’accusation qui frappent cette industrie. Prenez Lara Croft, dit Zeid : en 1996, «c’est le premier personnage féminin à s’imposer dans un secteur rempli de muscles, de mitrailleuses, bref, de caricatures machos. A l’époque, les femmes dans les jeux étaient ou victimes ou otages.» Lara, elle, est forte, si forte qu’on en oublierait presque sa paire de seins-bazookas. Concernant cette hypertrophie, Jean Zeid, raconte qu’à l’origine il n’était pas prévu que Lara soit si bien montée : «Une erreur de manipulation d’une souris aurait provoqué une augmentation mammaire de 150%. Un gonflement qui aurait reçu l’approbation immédiate de l’équipe, avant que [son inventeur] Toby Gard puisse la corriger.» Faut-il prendre cette histoire de souris au sérieux ? Peu importe. Ainsi que Jean Zeid l’indique, lorsque Lara fait son come-back dans le jeu Tomb Raider 2013, sa plastique change. Elle opère son retour en grâce sous les traits d’une fugitive aux seins dégonflés, fébrile, inquiète, souvent impuissante : «une simple survivante», résume Jean Zeid. Traduction : bien plus séduisante que sa version originale. La figure sexy des débuts fait pourtant toujours un peu rêver.
Lara Croft déshabillée par ses moddeurs
En 1996 des rumeurs persistantes couraient quant à la possibilité de jouer avec Lara Croft totalement nue. Il était souvent question d’effectuer des chorégraphies compliquées autour de la piscine dans le Manoir des Croft, à l’aide de codes secrets implémentés dans le jeu (codes similaires à ceux qui permettent par exemple de passer au niveau suivant). Il s’avère que Toby Gard s’y était fermement opposé. Régulièrement, la rumeur renaissait : et s’il y avait des codes dans le nouveau jeu ? En 2013, coup de foudre : un bug de Tomb Raider déshabille Lara. Voilà tous les joueurs qui se précipitent sur les images… plutôt décevantes d’une vague illusion d’optique. Preuve qu’il y a de la demande. Mais les développeurs veillent au grain. Le bug sera certainement corrigé, de même que tous les «moddeurs coquins de la version PC» qui s’étaient attirés en 1996 les foudres d'Eidos Interactive : l’éditeur du titre de l’époque les avait menacés de procès ainsi que tous les sites hébergeant des images de leur version améliorée du jeu Nude Raider. Ce qui nous amène à la question : il y a de la demande pour des produits érotiques dans l’univers vidéoludique. Mais pas d’offre, du moins pas en Occident. Pourquoi ?
Le premier jeu porno-video : Custer’s Revenge
Il faut peut-être, pour comprendre, remonter aux origines : le premier jeu vidéo pornographique (un terme bien exagéré au regard de son contenu) est un jeu de viol. Il est développé pour une console appelée à l’époque l’Atari 2600. «L’Atari 2600, console disposant d’une résolution de 120x60, et d’une mémoire vive de 16ko (une bête de course quoi), a en effet bouleversé les bonnes moeurs pendant un temps, avec toute une série de jeux plus que suggestifs.» Ainsi que le racontent Edouard Duchamp, Dave Martinyuk et Français Tarrain, dans la revue PS2 Mag (février 2012), la firme américaine Atari, à l’époque, ne faisait pas vraiment attention au contenu et à la qualité des jeux conçus pour sa machine. A l’époque, une «liberté indécente» était accordée aux développeurs. Mystique, éditeur racoleur, avait donc lancé Custer’s Revenge («La revanche de Custer») un jeu mettant en scène le célèbre général George Armstrong Custer, seulement vêtu de ses bottes et de son chapeau, souffrant de priapisme aigu. Charge au joueur de diriger Custer en direction d’une indienne nue, attachée à un poteau, sous une pluie de flèches. But du jeu : éviter les flèches et violer la squaw.
Agression sexuelle et génocide indien
Dès sa sortie en septembre 1982, ce jeu suscite la polémique. Comme beaucoup d’éditeurs de l’époque, Mystique fait faillite et revend les droits de Custer’s Revenge à la firme Playaround qui la relance dans une version consensuelle : l’indienne fait des signes aguicheurs, en agitant les mains. Cette version est retitrée Westward Ho and The White Man Came («La ruée vers l’Ouest et l’arrivée de l’homme blanc»). Playround lance par ailleurs un jeu «inversé» – General Retreat – qui montre cette fois une indienne, nue, marcher en direction de Custer, visiblement décidée à se le taper en dépit des boulets de canon qui lui tombent dessus. Mais cette version pour «corriger le tir» ne fait guère que renforcer la mauvaise image des jeux vidéo. Un foison de titres transgressifs sont sortis, provoquant l’ire des médias. Le jeu Bachelor party («Enterrement de vie de garçon»), par exemple : construit sur le modèle casse-briques, il montre un célibataire à poil qui joue le rôle de la balle. Il faut l’envoyer contre des femmes à poil également qui jouent le rôle de briques. La version inversée, présentée comme «féministe», n’obtient pas plus grâce aux yeux du grand public. Les jeux vidéo deviennent des jeux pour pervers et addicts, qui banalisent la violence sexuelle, le racisme, etc. Pire encore : ces jeux sont mauvais. Ce qui ne pardonne pas.
Le grand Krach du jeu video
«En 1982, Atari est l’une des sociétés les plus connues au monde, son chiffre d’affaires représente la moitié de celui de sa maison mère, Warner Communications. Sauf que les bornes et les consoles de la firme cachaient en réalité une forêt de jeux vite faits mal faits, et, dès Noël 1982, le public américain bouda ces aventures de bien piètre qualité.» Les titres sont trop mauvais, leur contenu est indigent, l’image grossièrement pixellisée, le son nasillard… Le marché s’effondre. Jean Zeid raconte : «Cette année-là, c’est l’Atari Shock, le krach du jeu vidéo qui frappe la jeune industrie en plein coeur, c’est-à-dire aux Etats-Unis. […] Les magasins ne croient plus dans les jeux vidéo.» Péniblement, l’industrie qui se remet sur pied adopte alors de nouveaux standards. Il faut miser sur la qualité, fournir des oeuvres qui nécessitent jusqu’à 3000 pages de scénario, travailler avec des acteurs, reconstituer des décors plus vrais que nature… et faire oublier les péchés de jeunesse, si possible, en censurant tout ce qui pourrait nuire à l’image d’une industrie encore trop controversée. Le jeu vidéo pour adultes, combien de temps encore faudra-t-il l’attendre ?
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A VOIR : exposition Game. Le jeu vidéo à travers le temps (curateur : Jean Zeid) Fondation EDF (du 1er mars au 27 août 2017). Entrée libre du mardi au dimanche de 12h à 19h. Espace Fondation EDF : 6 rue récamier 75007 Paris
A LIRE : GAME, Le jeu video à travers le temps, de Jean Zeid, Seuil, 2017.
POUR EN SAVOIR PLUS : Tomb Raider, sex symbol ou sex object ?