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Her hand opened me. Then her hand became a wing. Then everything about me became a wing, a single wing, and she was the other wing, we were a bird. We were a bird that could sing Mozart. Her beautiful head was down at my breast, she caught me between her teeth just once #BadSex
— Literary Review (@Lit_Review) November 28, 2017
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— CrashPad Series (@CrashPadSeries) November 23, 2017
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A Bruxelles, cinq femmes artistes exposent des oeuvres qui dévoilent le corps avec sensibilité et sous différents angles, bien loin des stéréotypes véhiculés dans la pub. Elles en explorent de multiples facettes, et nous confrontent à notre propre rapport à celui-ci, ainsi enrichi de nouvelles perspectives. L’association Amazone, un lieu au service de l’égalité de...
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J’étais l’autre jour en sociabilité, et une amie me vantait la qualité de la chanson issue du nouvel album d’Orelsan, Basique.
Elle disait ne pas vouloir s’intéresser à l’œuvre d’Orelsan au départ, dans la mesure où, étant restée sur la polémique Sale Pute (qui date de 2009 – il a quand même fait 3 album depuis…), elle en avait l’image d’un connard misogyne. En un sens, elle n’a pas forcément tort, mais d’un autre côté, j’admire perso sa qualité d’écriture qui surpasse tout jugement moral qu’on puisse faire sur sa personne.
Dans le même temps, cette même amie évoquait le cas de Michel Sardou, à qui elle reprochait peu ou prou des propos de la même veine. Je lui ai donc expliqué que Michel Sardou était dans une démarche tout à fait différente : comédien de formation et d’ascendance, il a bâti sa carrière sur le fait d’interpréter des personnages pour dire des choses qui pouvaient le dépasser. J’en avais fait un article à l’époque d’ailleurs.
***
Avec les différents scandales qui émanent dans les milieux des arts et du show-business en cette fin 2017, je me suis posé les deux questions suivantes : L’art dit-il la vérité sur l’artiste ? Comment, par conséquent, séparer l’artiste de son art, si on peut lui accoler le même discours que celui développé dans son œuvre ?
Il est en effet de plus en plus nécessaire que les sociétés humaines séparent les artistes de leur art. Non seulement en arrêtant de mettre des artistes sur un piédestal au jugé de leur art, mais surtout en osant questionner l’artiste sur son rapport au monde en dehors de son activité artistique.
C’est ce qui permettrait qu’on arrête de coller des étiquettes à certains artistes (et ainsi qu’on arrête de passer à côté d’œuvres complexes et riches), mais aussi qu’on arrête de tomber des nues et de trouver des justifications à la con dès lors qu’on observe un artiste abuser de sa position pour commettre des crimes.
Car si les arts sont un mode d’expression de la plus grande des beautés, ils ne confèrent pas forcément aux artistes et aux créateurs une légitimité de parole plus importante que la plupart de leurs contemporains, au même titre que les journalistes ou les politiques. Pourtant, il est compliqué de faire comprendre aux masses humaines que ce n’est pas parce que leurs actions les ont mené vers la notoriété que ces personnes en perdent le statut d’humain pour acquérir celui de dieu vivant.
De surcroît, avec le recul et l’influence que peut avoir une analyse de son œuvre à la moulinette de la notoriété, un artiste en arrive à refabriquer sa vérité par rapport à son rapport à l’œuvre. C’est le cas de beaucoup d’artistes, notamment quand leur œuvre est récupérée à des fins politiques ou sociétales (John Lennon le premier en a pas mal souffert). Cela veut-il dire qu’à partir du moment où le public s’est approprié une œuvre, elle n’appartient plus à son créateur au point qu’il n’ait plus de droit de regard dessus ? Je ne pense pas qu’il faille aller jusqu’à une telle extrémité.
Quoi qu’il en soit, l’artiste a toujours quelque chose à dire sur son œuvre, que ce soit sa vision du monde ou une forme de prise de recul sur un sujet où il n’a pas forcément d’avis au départ. Le tout est de ne jamais prendre pour argent comptant cette vision de l’artiste. Il se peut qu’il ait aussi envie de troller son public et de s’accorder une pudeur somme toute légitime sur son œuvre.
A titre personnel, je pense que le mécanisme qui vient à penser que l’artiste dit textuellement son point de vue dans son œuvre est le même qui fait que les masses populaires le propulsent sur un piédestal ou plus bas que terre. Il me semble, dès lors, que l’art doit être simplement réduit au rang de mode d’expression quotidien comme la parole ou l’écrit. Par conséquent, il est de notre devoir commun d’une part, séparer l’artiste de son œuvre, et d’autre part, de questionner davantage les artistes sur leurs motivations réelles.
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On continue dans le poil en accueillant aujourd’hui la référence française absolue sur le thème depuis la diffusion en 2015 sur Arte de sa série Poilorama : Emmanuelle Julien. Bon j’exagère peut-être un peu mais elle est définitivement une source sûre dans le milieu de la culture porn et assimilés. Ancienne journaliste politique à RTL, elle observe maintenant attentivement la société en général et plus particulièrement tout ce qui touche au sexe et au genre. Allez donc faire un tour sur son blog Paris Derrière pour vérifier son pedigree, vous ne serez pas déçus.
Alors, quoi de neuf pour vous depuis que vous êtes devenue la source de référence sur tout ce qui touche aux poils depuis Poilorama ?
Je continue mon exploration de la sexualité et du genre à travers la presse spécialisée, mais aussi mon blog, qui est un peu mon navire amiral. J’y traite de l’érotisme parisien et de ce qui se passe dans l’intimité des chambres à coucher, avec des articles sexo comme la simulation masculine ou la pénétration douloureuse…jusqu’aux soirées olé olé de la capitale, libertines, SM, queer et compagnie. Bref, tout ce qui fait que Paris est encore la capitale proclamée de l’érotisme ! C’est l’agenda du blog pour savoir tout ce qui ce passe, et, éventuellement y aller !
Un site qu’il est presque aussi bien que nous
En lisant votre blog, on voit que vous prenez à coeur d’être une observatrice neutre des milieux libertins, porn et queer. Mais n’est ce pas trop difficile de rester dans cette position sans basculer dans le prosélytisme de tel ou tel courant ?
En fait, après ces 6 ans passés comme journaliste politique à RTL, je traite les différents milieux érotiques parisiens comme d’autres médias traitent la vie des partis politiques : en s’intéressant à toutes les composantes ou chapelles. La sexualité est une matière à la fois comme les autres…et différente des autres. On peut écrire dessus, mais quand vous parlez d’économie ou de politique à un lecteur, cela ne va pas obligatoirement l’interpeller directement, contrairement à la sexualité qui va le confronter presque systématiquement à ses propres pratiques. C’est ce qui fait la particularité de cette matière. Je reste vraiment témoin car je ne peux pas à la fois observer, écrire, raconter ce que je vois et en même temps participer, aller dans la partouze. Pour moi ce n’est pas possible : comme je le dis souvent, on ne peut pas fourrer au moulin.
Cela ne fait pas si longtemps mais avez vous quand même senti une évolution des regards ou une prise de conscience vis à vis du poil depuis 2015 ?
C’est un peu difficile d’avoir un vrai recul sur l’impact de la série en termes de changement des habitudes. Elle a très bien marché, c’est sûr mais je ne sais pas si elle a eu un impact sur le fait que les gens s’épilent moins. Par contre, c’est vrai qu’il y a une prise de conscience sur le respect du corps en général au delà du poil. La série s’inscrit dans une époque où mon corps m’appartient, on le voit avec les mouvements actuels comme #balancetonporc. Elle s’est propagée par les réseaux sociaux qui sont des relais importants de ces problématiques et du féminisme.
À côté de ça, derrière le débat qu’à pu susciter la diffusion de Poilorama, cela a permis de mettre sur la table d’autres questions sur les diktats de beauté, notamment l’obsession de la jeunesse éternelle et la triade du lisse : pas de poils, pas de graisse et pas de rides. On les retrouve dans toute la société et les médias. Le porno n’y fait pas exception, même si les mentalités commencent à changer avec des réalisatrices comme Sarah de Vicomte ou Misungi qui ont une démarche militante – elles montrent des corps qui sortent des normes.
Pour finir sur une note d’espoir, il semblerait, selon les marques de rasoir, que certaines femmes s’épilent moins que d’autres actuellement. Elles se situent plutôt dans les catégories sociales aisées. L’épilation reste en revanche une norme forte chez les femmes des milieux populaires. Sachant que les milieux sociaux élevés ont toujours été prescripteurs, on peut éventuellement s’imaginer qu’à l’avenir, de plus en plus femmes vont se laisser le choix. Au début du XXème siècle, l’épilation des aisselles s’est démocratisée en partant du haut de la société, pour atteindre ensuite les couches populaires via notamment la presse féminine de l’époque.
Avec les retours que vous avez eu, peut on dire que Poilorama a contribué à la rédemption du poil ?
On sent qu’un nouveau monde est en train d’émerger en marge des associations et des médias classiques. Poilorama fait partie de cette tendance qui à démarré il y a 3-4 ans maintenant. Cette série a surtout contribué à la prise de conscience du « pourquoi on s’épile ». À l’époque du tournage, les filles interrogées disaient qu’elles s’épilaient parce que c’était leur choix, sauf qu’elles faisaient toutes le même choix. Alors que ce n’est pas vraiment un choix, ce sont des raisons inconscientes qui poussent à l’épilation. Mais aujourd’hui les femmes savent pourquoi elles dépensent de l’argent, du temps et subissent de la douleur voire de la souffrance. La plupart des femmes, et pas seulement les jeunes, qui étaient probablement très influencées par le lisse, sont contentes d’avoir pu décrypter ce geste qu’elles font mécaniquement, sans réfléchir, et de comprendre le conditionnement qu’il y a derrière.
Dans le société, le poil commence donc à être un peu mieux toléré, pas complètement non plus. Mais qu’en est il dans les milieux dits plus ouverts sexuellement parlant ?
Ça dépend vraiment des milieux en fait, ils sont très différents avec chacun leurs spécificités. Chez les libertins, il est certain que le poil n’est pas en odeur de sainteté pour plusieurs raisons. Il y a chez eux une obsession de l’hygiène et dans notre inconscient le poil est symbole de saleté, ça c’est l’épisode 1 de Poilorama. Le fait de raser donne un sentiment de netteté. Même si ce n’est pas vrai en réalité, car le poil protège la peau, ce qui inquiète justement les gynécologues et les dermatologues. Les libertins trouvent aussi que en termes de sensations, l’épilation est plus agréable. Il y a aussi un attrait de l’épilation pour le côté exhibition, le fait que tout est très visible dans les rapports sexuels. La dernière raison qui est valable surtout pour les hommes est que, comme le dit la pub Gilette, les arbres paraissent plus grands quand on coupe les fougères à leur pied. (Rires)
Dans le BDSM ce ne sont pas du tout les mêmes codes. Le rasage y est synonyme de soumission. Le dominateur ou la dominatrice peut raser son soumis ou sa soumise – l’épilation étant un signe d’humiliation. Bon après, le milieu SM est un monde un peu alternatif, où il n’y a pas de règles fondamentales côté poil. Du côté des transgenres par contre l’épilation ou la pilosité permet d’affirmer son genre plus concrètement. Alors que chez les queers et les travestis, on peut jouer avec le poil, on peut s’en foutre, le détourner, tout est possible. Comme c’est un marqueur de genre, on peut en faire ce que l’on veut pour jouer avec les genres.
Une des idées récurrentes dans Poilorama est que la société contrôle la femme par l’épilation en la contraignant dans la norme et en lui refusant de s’affirmer sexuellement. Est ce toujours d’actualité ?
Le poil pubien est le symbole de la sexualité féminine, une jeune fille n’a pas de poils et quand on s’épile on se désexualise d’une certaine façon. Parce que le poil apparaît quand cette jeune fille devient une jeune femme, au moment de la maturité sexuelle, c’est le début d’une sexualité active possible, incontrôlable, qui fait peur. C’est de là que viennent les mythes du vagin denté et de la méduse, autour de ces craintes là. Et c’est à la femme de se contrôler, donc de contrôler son corps. En s’épilant c’est une façon de montrer qu’elle maîtrise sa sexualité alors que l’homme est sensé avoir des pulsions.
Mais nous sommes d’accord qu’il ne s’agit que de constructions sociales. Cette histoire de pulsions masculines irréfrenables donnerait alors lieu à des circonstances atténuantes devant la justice en cas de viol ou harcèlement. Or ce n’est pas le cas donc on voit pertinemment que ce sont des inventions. J’irai jusqu’à faire le parallèle avec le voile où là aussi c’est à la femme que revient la charge de ne pas provoquer d’envies sexuelles chez l’homme. C’est quelque chose que l’on peut constater dans l’histoire de l’art où il convenait de ne pas afficher les poils pour éviter que le bon bourgeois ne saute sur le tableau et deviennent insensible à la beauté de l’œuvre.
A la fin de la série, la morale est finalement de s’en foutre des diktats et de faire comme bon nous semble. Une conclusion toujours valable maintenant que la parole des femmes se libère ? Ou faut il au contraire revendiquer de façon plus visible ?
Les filles qui font ça sont très courageuses. Il commence à y en avoir mais il faut beaucoup de cran pour sortir dans la rue et affronter le regard des autres sur soi. Rien que le fait d’être bien habillée suffit quelques fois à se faire emmerder alors quand vous affichez des poils… C’est en tout cas une expérience à tenter, déjà au niveau des poils sous les bras, le plus dur étant sur les jambes. Le pubis, à part à la plage où cela peut déborder du maillot, cela reste du domaine de l’intimité. Aujourd’hui on parle beaucoup de l’expérimentation de nouvelles choses. Je pense que ce serait intéressant pour ceux qui sont en couple d’interchanger pendant quelque temps leurs normes en matière de poils, la fille laissant pousser les siens et le mec se rasant intégralement. Le fait de se regarder comme ça l’un l’autre peut être une expérience plutôt instructive, surtout que rien n’est définitif en matière de poil.
Blog, articles, soirées : vous restez bien occupée donc. Pourtant, j’ai cru comprendre que vous aviez un nouveau projet en route dans l’esprit de Poilorama en ce moment, vous pouvez nous en toucher un mot ?
Avec le même réalisateur que Poilorama, Adrien Pavillard, et dans le même style (avec des interviews et des images détournées), je sors le 12 décembre une nouvelle web-série documentaire, toujours avec Arte Creative : (tr)oppressés. Elle traite, avec humour, de l’accélération de la société, liée notamment aux nouveaux outils numériques. Nous l’avons tous remarqué : depuis quelques années, tout va trop vite, on n’a plus le temps de rien faire. J’ai pu discuter avec pas mal de philosophes, de psychanalystes et de scientifiques sur le pourquoi du comment de cette accélération. Il s’avère que c’est un état de fait dont nous sommes responsables, car nous adorons nos smartphones, nos tablettes et nos applications. Tout n’est heureusement pas perdu ! Nous donnerons des pistes pour pouvoir faire des choix et essayer de ralentir ce rythme effréné. Mais alors quel est le lien avec la sexualité, me direz vous ? (ndlr : ben oui ?) Je pense que notre salut passe en partie par la redécouverte du sensuel. Sortir du virtuel, de la tête dans les étoiles, pour réintégrer notre corps, peut nous aider à combattre les angoisses auxquelles nous sommes confrontés dans cette nouvelle société. En tout cas j’espère que cette série vous plaira autant que la première.
Il n’y a pas de raison que cela ne soit pas le cas. Merci à vous, et à bientôt donc.
Photo : © Franck Samuel