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Tatyana Fazlalizadeh’s Street Art Confronts Sexual Harassment
Un très beau travail contre le harcèlement de rue…
La Musardine est heureuse de vous annoncer la naissance du tout dernier rejeton de la collection Osez: Osez une leçon de fellation, par Coralie Trinh Thi. Un livre dont le titre n’est pas innocent, Coralie ayant en effet décidé d’appliquer à la lettre le concept de « leçon », mais en le renversant: ce n’est pas elle qui en donne une, mais qui en prend une! Le livre commence en effet par le texte d’une retranscription minute par minute d’une fellation (basée sur un enregistrement audio) pendant laquelle Coralie se laisse guider par son partenaire.
Passée cette introduction « explosive », Coralie explore le sujet sous tous ses angles et livre dans ce guide des « leçons » inattendues et approfondies sur un sujet qui peut paraître limité : l’anatomie de l’homme, bien au-delà du pénis, les facultés de la bouche, mais aussi de lèvres et de langue, les caresses qui les accompagnent et les échanges de regards qui embrasent les deux partenaires, toutes les variantes possibles et imaginables. Richement illustré, cet ouvrage de 276 pages (qui eut cru qu’on puisse en écrire autant sur ce sujet…) mérite d’être lu par tous ceux et celles qui croient tout savoir sur le sujet.
Pour un avant-goût du livre, Coralie explique ses motivations dans cette petite vidéo:
Last but not least, pour découvrir le livre et rencontrer Coralie Trinh Thi, nous vous invitons à notre soirée de lancement le 5 novembre prochain à la Musardine, en partenariat avec nos amies de dorcelle.com derrière un verre et quelques mignardises à sucer, pardon, à manger. Venez nombreux!
Après avoir habillé un hipster arrogant, les gars du Collectif Pain Surprises tels des vieux bluesmen à l’oeil vicieux changent une voyelle à un verbe et transforment une sympathique ambiance familiale de petit déjeuner en malaise incestueux. 38 secondes délicieuses pour les amateurs de transgression dans un univers aseptisé, le tout pour la marque de chaussettes Burlington qui compte bien dépoussiérer son image vieillissante.
On ne peut que saluer l’initiative et peindre nos pouces du vert de l’espoir.
Tous les travaux d’étudiants ne font pas autant de bruit. Mais celui de Clayton Pettet, un élève gay du prestigieux Central Saint Martins College of Arts and Design, à Londres, fait l’objet d’un buzz mondial, relayé par les médias et les réseaux sociaux. Le jeune britannique de 19 ans a annoncé qu’il se ferait dépuceler en public au cours d’une performance intitulé «Art School Stole My Virginity» (L’école d’art a volé ma virginité). L’événement est prévu pour le 25 janvier prochain, devant un public estimé entre 50 et 100 personnes.
«J’ai tenu à ma virginité pendant 19 ans (sic), et je ne la jette pas à la légère. En fait, c’est comme si je me débarrassais de la stigmatisation autour de la virginité», explique Clayton, qui souhaite entre autres interroger comment la norme traditionnelle de la virginité (l’hymen intact) a contaminé d’autres types de relations, y compris gay. L’acte sexuel, avec un partenaire dont le nom n’a pas été révélé, sera suivi d’un débat avec les spectateurs. «Culturellement, nous accordons plutôt beaucoup de valeur à l’idée de la virginité, alors j’ai décidé d’utiliser la mienne, et sa perte, pour créer une pièce qui, je pense, stimulera des questions intéressantes», ajoute l’étudiant.
Rabaissement
Comme pour confirmer la pertinence de ces questions, une controverse n’a pas tardé à éclater via la presse populaire britannique: le «spectacle» serait l’ultime avatar de la marchandisation du corps sous prétexte d’«art». La performance a été comparé avec la démarche d’individus ayant mis leur virginité supposée aux enchères, ces dernières années. Des doutes émanent également de la communauté LGBT. «Où est l’amour et le respect, là dedans? a critiqué Sharon Ferguson, porte-parole du mouvement gay-lesbien chrétien britannique. Des coups de pub comme ceux-ci font rabaissent nos relations sexuelles.»
J'ai vu la semaine dernière le film d'Ettore Scola Affreux, sales et méchants qui retrace le quotidien d'une famille dans un bidonville romain dans les années 70. Un affreux bonhomme, Giacinto Mazatella, alcoolique et violent règne sur sa famille ; composée d'une vingtaine de personnes. Après un grave accident du travail qui l'a laissé défiguré, il est obsédé par l'idée de protéger ses indemnités que sa famille convoite.
A la sortie du film en 1976, qui fut accusé d'être anti-pauvres, voici ce qu'en dit l'Humanité : "On croit qu'il est de mauvais goût de rire de la misère, de la crasse, de la violence qu'engendre cette plaie. Mais c'est un raisonnement de ventre-plein à mauvaise conscience. Devant l'étalage des bidonvilles, il y a une double attitude. L'une est charitable, chrétienne : il faut avoir pitié et donner aux pauvres gens. L'autre est quelque peu gauchiste, mais pas forcément éloignée de la première : il faut donner une conscience à ces victimes et les pousser à la révolte. Il y a pourtant une pensée intermédiaire et c'est celle qu'utilise Scola : aussi triste que soit leur situation, aussi douloureuse que puisse être leur angoisse, les ‘pauvres’ n'ont aucune raison de ne pas savoir rire, de ne pas être roublards, méchants, sadiques, sans scrupules, exactement comme le sont les riches !."
Le message envoyé par Scola me semble le suivant ; s'ils sont affreux, s'ils sont sales, s'ils sont méchants, c'est notre faute. S'ils ne nous plaisent pas, si nous les regardons avec suspicion, avec dégoût, si nous leur prêtons des comportements particuliers, intrinsèques à leur classe, c'est notre faute.
Je n'ai pu m'empêcher d'établir un parallèle avec le traitement réservé à la famille Dibrani et avec la vision que nous en avons, tant au niveau administratif que médiatique.
Très rapidement Dibrani a été présenté comme un homme violent. Il y a eu plusieurs plaintes déposées contre lui et ses filles sont parties vivre en foyer. Il est également accusé de déscolariser ses enfants, d'avoir marié tôt une de ses filles et d'avoir proféré de graves menaces s'il n'était pas régularisé. Si vraiment cet homme est tel que décrit, avec tout ce que nous savons de la violence machiste (et on parle ici de 3 plaintes contre lui pour violences), avec tout ce que nous savons des statistiques autour des crimes sexo-spécifiques, comment avons nous pu laisser ses filles avec lui ?
Il n'y a pas de demie-mesure. Soit Dibrani n'est pas un danger pour ses filles et rester avec lui n'est pas un souci. Soit il en est un et ses filles ne devaient à aucun prix demeurer avec lui, ce que nous avons pourtant laissé faire.
L'accusation de violence ("méchant") chez le migrant ne recouvre pas la même réalité qu'elle a pour un français blanc. Elle sert à stigmatiser la communauté toute entière, y compris ceux qui ne sont coupables de rien, justifie l'expulsion de toute une famille, y compris des victimes de cette violence. La victime est coupable au même titre que celui qui a frappé. La violence devient un élément constitutif de la personnalité du migrant voire de son être. Il est rom DONC il est violent c'est dans sa nature de rom. Elles sont rom DONC il n'est pas étonnant qu'elles soient frappées ; c'est dans leur nature. On ne plaint plus la victime de violences comme on ne plaint plus la femme Mazatella dans le film de Scola ; avec sa sale trogne, pas étonnant.
La famille Dibrani a également été accusée d'avoir laissé le logement dans un état épouvantable ("sales") ; cette accusation ne me gêne pas en tant que telle mais pour ce qu'elle recouvre. La saleté physique dont on accuse en permanence les roms semble sans cesse liée à une saleté morale. "Ils sont sales mais pas que de dehors". "Il y a l'odeur mais aussi le bruit" a-t-on entendu à une époque. Cette pensée très dix-neuvièmiste a concerné de nombreuses groupes de populations et bien évidemment les pauvres, les "classes dangereuses".
Enfin Leonarda Dibrani dont l'image a été amplement exploitée dans les media (est-ce totalement légal ? y-a-t-il un consentement éclairé des parents ?) ; et depuis trois semaines je lis en boucle des remarques atroces sur le physique d'une jeune fille de 15 ans qui n'a même pas la décence d'avoir un prénom normal. "Affreux". Il n'est pas anodin de se ficher du physique d'une ado de 15 ans qu'on vient d'expulser. Même si plein de gens sont pour l'expulsion de cette famille, je pense qu'il est difficile pour eux d'ignorer les conséquences. Nous pouvons bien tourner autour du pot tant qu'on voudra, dire ce qu'on voudra mais renvoyer des gens chez eux à l'heure actuelle les conduit sinon à la mort du moins à une extrême pauvreté (et mon article sur Frontex vous montrera qu'on a renvoyé des gens à une mort certaine). Nous avons donc renvoyé une famille dans un pays où 45% des gens vivent en dessous du seuil de pauvreté, où leur ethnie est discriminée avec un père violent qui ne veut pas que ses filles aillent à l'école. Un taux de mortalité infantile dix fois supérieur à celui de la France, 45 % de chômage. Rappelons au passage qu'il a été démontré que le taux de scolarisation d'un pays est directement lié au taux de mortalité, de mort en couches, de mariage forcé etc. Plus on va à l'école, plus on a confiance en soi, plus on ose réclamer quand on a un problème (c'est pour cela que le taux de mortalité en couches diminue par exemple). L'école n'est pas un luxe mais une nécessité vitale. Mais malgré tout cela nous arrivons à dire que Léonarda n'a pas le bon goût d'être jolie. Je lisais la dernière fois un article parlant de la discrimination à l'embauche des pauvres, ceux que la misère a trop marqué. L'article oubliait une chose ; de croiser la race et le genre. Etre une femme et pauvre et marquée par la misère et rom n'augure pas du plus merveilleux des départs dans la vie qu'il convient d'aider à combler à tout prix. Au lieu de cela nous préférons nous moquer ; sans doute parce qu'il est plus facile d'admettre ainsi l'expulsion ; elle ne méritait pas notre aide. Elle était affreuse, elle était sale et elle était méchante.
Il ne s'agit pas, évidemment, de parer les migrants de toutes les qualités ; on s'émeut du fait que Dibrani ait menti comme l'avait fait Nafissatou Diallo. Frontex est en train de prétendre que les syriens qui migrent sont en fait des marocains qui mentent (comme c'est pratique). Et alors ? Le pauvre, cet être pur ? Qui ne mentirait pas pour quitter un pays pauvre, un pays en guerre, un pays sans aucune perspective économique ?
Nos études sociales menées au XIXeme siècle auraient pourtant du nous servir de leçons ; nous avons passé notre temps à justifier nos comportements coloniaux, nos comportements esclavagistes, nos comportements racistes, nos comportements génocidaires, nos comportements antisémites par des écrits tendant à expliquer combien ces gens là méritaient ce qui leur arrivait. Ils ne pensent pas, ils sont proches de la bête ; pensez, regardez avec son gros visage loin de la finesse de la femme française. Et là nous reproduisons exactement le même attitude ; vous voulez dire que vous ne voulez pas héberger tout le monde ? Soit, faites le. Mais ne faites pas porter à une population, à une famille, à une gamine de 15 ans la responsabilité de cette expulsion.
“As an artist I am supposed to push the boundaries, ask questions, inspire the audience and introduce different ethnicities and in a whole new way. I think my films are artistic because I use sound, mood, atmosphere, lighting, wardrobe and talent to tell the story — not just body parts or sex scenes. My creative intent is never solely sexual. There are other things happening besides sex that make my films interesting.
The adult industry is like my Andy Warhol Campbell Soup Can. It’s a business and an industry and I was able to make my films, break down barriers, and show things have that have not been shown before.”
[Carlos Batts, Blisstree Interview: Feminist Porn Puts Women In The Spotlight]
“Art is the strongest form of activism. Art encompasses everything. It encompasses the queer movement, fat activism, racism, all the “isms” – that’s our job.”
[Carlos Batts, The Rumpus Interview with April Flores and Carlos Batts]
Carlos Batts died on Tues. Oct. 22, leaving a whole community shocked and saddened. His widow should not need to face huge hospital and funeral expenses alone.
Please help by donating to the Carlos Batts Memorial Fund. Everything counts, and no donation is too small. Donations can be made to PayPal and via email using the address CarlosBattsMemorialFund@gmail.com.
Carlos will be memorialized, honored, celebrated and remembered with two memorial services that are open to the public. Both are at Forest Lawn, Glendale, 1712 S. Glendale Ave, Glendale CA 91205.
Readers of this blog and friends will remember Carlos Batts as one of the top erotic photographers, the maker of fun and glossy art house porn films – and most especially as the husband of April Flores. A prolific artist in many genres, he trailblazed, and touched many. He was also a friend who always made me feel included. I will miss him, too.
See also: TinyNibbles posts featuring the work of Carlos Batts, 2006-2013.
Photo of Carlos Batts via CBattsFly Productions.
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