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C’est dans le quartier bruxellois de Saint-Gilles que nous nous sommes données rendez-vous, par un samedi pluvieux de janvier, le 10 exactement. Le monde est encore pétrifié, chamboulé par les attentats parisiens. Au dehors, la vie suit son cours et pourtant quelque chose de différent s’est immiscé dans l’air, on le sent. Olga, née en...
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Vu sur La Vengeance d’une femme, BD
Adaptation très proche du texte original de Barbey d’Aurevilly, nouvelle extraite du recueil Les Diaboliques (le texte qui figure en intégralité, en tous petits caractères, à la fin du volume), La Vengeance d’une femme est une BD de Lilao parue en 2009. Du noir et blanc, de très beaux dessins (personnages avec jeu de perspective […]
Cet article provient de Littérature érotique
« Sexualités, Contraception, IVG », c’est le nom du nouveau numéro vert national porté par le Planning Familial.
Lundi 28 Septembre 2015 2015-09-28-cp_numero_vert_-_planning_familial.pdfThème : Le cunnilingus Par : Joe, Alexia BACOUËL et Cécile MARTIN Invité : Adeline Fleury, auteure du « Petit éloge de la jouissance féminine », aux éditions François Bourin. Références : Culture Q : Haramiste, un film de Antoine Desrosières. Vendredi 25 septembre 21h et dimanche 27 septembre 19h au Cinéma l’Accatone Paris 5ème – projections suivi de débats en présence...
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«Que des gens acceptent de subir sans réagir, j’arrive pas à comprendre!» Un coup de gueule qui pourrait résumer à lui seul l’engament politique et associatif, le caractère même de Barbara Lanthemann, secrétaire générale de l’organisation suisse des lesbiennes (LOS) et députée suppléante au Grand Conseil valaisan. Une vie passée à militer, à convaincre, à lutter pour ses idéaux. Un combat personnel tout d’abord, pour qu’on l’accepte telle qu’elle est: «J’ai toujours eu le béguin pour les filles. Je tombais amoureuse de mes voisines, pas de mes voisins», lâche-t-elle en souriant. Barbara a grandi dans un milieu très conservateur où le rôle de la femme était bien défini: «Je n’arrivais pas à accepter que j’allais devoir me marier à vingt ans, être soumise et faire six gosses.»
Devenir soi-même
A seize ans, lorsqu’elle parle de Ruth, un amour de vacances, à ses parents, elle se heurte à un mur d’incompréhension. «Pour eux, c’était un péché! Ils m’ont envoyée dans des familles intégristes pour me redresser!» Deux ans plus tard, elle claque la porte. Déjà elle était têtue. Elle rejoint Alpagai, peu de temps après sa création, «une nouvelle naissance». Au départ, il ne s’agissait pas de militer, mais de faire des rencontres, d’assumer leur identité: «On allait souper au restaurant en groupe, rien que ça c’était quelque chose.»
Elle se souvient, émue, d’un Noël «bouée de sauvetage», dans l’appartement de l’association: «C’est la première fois que j’ai décoré un sapin en me disant que ça avait du sens.» Plus tard, elle deviendra présidente de l’association. Son premier combat politique: la loi sur le partenariat enregistré. «Même lors de la campagne, c’était difficile de s’afficher. J’étais toute seule devant, et il y en avait quinze derrière qui faisaient tout pour pas qu’on les voit!»
Transpireurs
Barbara n’a jamais eu froid aux yeux, un trait qui plaît au valaisan: «J’ai compris que dans ce canton on aimait les transpireurs. Il faut montrer qu’on n’a pas peur et alors on vous laisse être vous-même.» Après la victoire du Pacs en 2005, Barbara rejoint LOS pour reprendre le poste de secrétaire romande, toujours avec le mot d’ordre: «Rien ne sert de se plaindre, il faut agir.» En 2013, elle en devient la secrétaire générale. Son objectif, donner une plus grande visibilité à l’association en Suisse romande et l’installer davantage dans le débat public. Mission accomplie, mais la lutte continue, en bataille rangée!
La militante, employée de commerce de formation, est une gestionnaire hors pair: «Je suis très organisée!» A cinquante ans, elle se lance dans une nouvelle campagne: L’élection au conseil national de cet automne, sur la liste PS. «J’ai toujours été indépendante, mais j’ai aussi toujours été de gauche, pour les valeurs humanistes, la justice sociale, le respect des migrants et, bien sûr, les questions LGBT.» L’une des têtes de liste, Mathias Reynard, «un type exceptionnel», «un hétéro qui se bat pour la cause». Elle partage son projet d’ajouter l’homophobie à la liste des discriminations punies par la loi.
Si Barbara Lanthemann a fait de sa vie un combat, c’est avant tout parce qu’elle l’aime, la vie… les rencontres, la bonne chair, les arts. L’une des ses plus grandes fierté, son livre, sorti cet été. Un ensemble de poèmes, de petits textes et de nouvelles, sur ce qu’elle admire: les battants et, surtout, les femmes… «Ce qui me touche, c’est ce mélange de vulnérabilité et de combativité. Rien n’est plus troublant qu’une femme qui milite et qui craque.»
Rencontre, nature et whiskyUne bonne adresse pour rencontrer des gens sympas ? Les locaux d’Alpagai, rue du Rhône à Sion, tous les vendredis soir. «Il y a un tout nouveau comité et il font vraiment des choses extra.» Celle qui se décrit comme «la personne la moins sportive du monde» aime à se promener avec Douma, son chien «à tête de loup». L’un de ses coins favoris, Derborence, «pour se souvenir de la force de la nature et se rendre compte qu’on n’est pas grand chose». Quand elle a un petit coup de blues le soir, elle se rend chez Paulette and Co, au sommet de la rue de Grand-Pont, à Sion. Un bar tenu par Yasmina, une «nana extraordinaire». enfin, l’un des endroits qu’elle préfère, c’est son carnotzet, au sous-sol de sa maison de Saxon, où «on refait le monde», un bon verre de bon whisky à la main. Vous y êtes invités, chers lecteurs. Il suffit de s’annoncer.
«Que des gens acceptent de subir sans réagir, j’arrive pas à comprendre!» Un coup de gueule qui pourrait résumer à lui seul l’engament politique et associatif, le caractère même de Barbara Lanthemann, secrétaire générale de l’organisation suisse des lesbiennes (LOS) et députée suppléante au Grand Conseil valaisan. Une vie passée à militer, à convaincre, à lutter pour ses idéaux. Un combat personnel tout d’abord, pour qu’on l’accepte telle qu’elle est: «J’ai toujours eu le béguin pour les filles. Je tombais amoureuse de mes voisines, pas de mes voisins», lâche-t-elle en souriant. Barbara a grandi dans un milieu très conservateur où le rôle de la femme était bien défini: «Je n’arrivais pas à accepter que j’allais devoir me marier à vingt ans, être soumise et faire six gosses.»
Devenir soi-même
A seize ans, lorsqu’elle parle de Ruth, un amour de vacances, à ses parents, elle se heurte à un mur d’incompréhension. «Pour eux, c’était un péché! Ils m’ont envoyée dans des familles intégristes pour me redresser!» Deux ans plus tard, elle claque la porte. Déjà elle était têtue. Elle rejoint Alpagai, peu de temps après sa création, «une nouvelle naissance». Au départ, il ne s’agissait pas de militer, mais de faire des rencontres, d’assumer leur identité: «On allait souper au restaurant en groupe, rien que ça c’était quelque chose.»
Elle se souvient, émue, d’un Noël «bouée de sauvetage», dans l’appartement de l’association: «C’est la première fois que j’ai décoré un sapin en me disant que ça avait du sens.» Plus tard, elle deviendra présidente de l’association. Son premier combat politique: la loi sur le partenariat enregistré. «Même lors de la campagne, c’était difficile de s’afficher. J’étais toute seule devant, et il y en avait quinze derrière qui faisaient tout pour pas qu’on les voit!»
Transpireurs
Barbara n’a jamais eu froid aux yeux, un trait qui plaît au valaisan: «J’ai compris que dans ce canton on aimait les transpireurs. Il faut montrer qu’on n’a pas peur et alors on vous laisse être vous-même.» Après la victoire du Pacs en 2005, Barbara rejoint LOS pour reprendre le poste de secrétaire romande, toujours avec le mot d’ordre: «Rien ne sert de se plaindre, il faut agir.» En 2013, elle en devient la secrétaire générale. Son objectif, donner une plus grande visibilité à l’association en Suisse romande et l’installer davantage dans le débat public. Mission accomplie, mais la lutte continue, en bataille rangée!
La militante, employée de commerce de formation, est une gestionnaire hors pair: «Je suis très organisée!» A cinquante ans, elle se lance dans une nouvelle campagne: L’élection au conseil national de cet automne, sur la liste PS. «J’ai toujours été indépendante, mais j’ai aussi toujours été de gauche, pour les valeurs humanistes, la justice sociale, le respect des migrants et, bien sûr, les questions LGBT.» L’une des têtes de liste, Mathias Reynard, «un type exceptionnel», «un hétéro qui se bat pour la cause». Elle partage son projet d’ajouter l’homophobie à la liste des discriminations punies par la loi.
Si Barbara Lanthemann a fait de sa vie un combat, c’est avant tout parce qu’elle l’aime, la vie… les rencontres, la bonne chair, les arts. L’une des ses plus grandes fierté, son livre, sorti cet été. Un ensemble de poèmes, de petits textes et de nouvelles, sur ce qu’elle admire: les battants et, surtout, les femmes… «Ce qui me touche, c’est ce mélange de vulnérabilité et de combativité. Rien n’est plus troublant qu’une femme qui milite et qui craque.»
Rencontre, nature et whiskyUne bonne adresse pour rencontrer des gens sympas ? Les locaux d’Alpagai, rue du Rhône à Sion, tous les vendredis soir. «Il y a un tout nouveau comité et il font vraiment des choses extra.» Celle qui se décrit comme «la personne la moins sportive du monde» aime à se promener avec Douma, son chien «à tête de loup». L’un de ses coins favoris, Derborence, «pour se souvenir de la force de la nature et se rendre compte qu’on n’est pas grand chose». Quand elle a un petit coup de blues le soir, elle se rend chez Paulette and Co, au sommet de la rue de Grand-Pont, à Sion. Un bar tenu par Yasmina, une «nana extraordinaire». enfin, l’un des endroits qu’elle préfère, c’est son carnotzet, au sous-sol de sa maison de Saxon, où «on refait le monde», un bon verre de bon whisky à la main. Vous y êtes invités, chers lecteurs. Il suffit de s’annoncer.
Beaucoup ont tendance à voir les féministes comme un groupe monolithique, dont les membres seraient interchangeables. Le féminisme est, plus que jamais, riche de personnalités très diverses.
J'ai donc décidé d'interviewer des femmes féministes ; j'en connais certaines, beaucoup me sont inconnues. Je suis parfois d'accord avec elles, parfois non. Mon féminisme ressemble parfois au leur, parfois non.
Toutes sont féministes et toutes connaissent des parcours féministes très différents. Ces interviews sont simplement là pour montrer la richesse et la variété des féminismes.
Interview de Laure.
Bonjour Laure peux tu te présenter ?
Je vais essayer de situer mon point de vue : j'ai 26 ans, je suis française avec papiers, blanche, valide, élevée dans une famille de gauche des classes moyennes/sup', assignée femme à la naissance et toujours perçue aujourd'hui comme femme même si je ne me reconnais pas dans les archétypes du genre, auto-définie comme queer, dans mon genre comme dans mon orientation sexuelle.
Je ne sais pas si ça me "présente", mais si je ne m'arrête pas là, vous aurez le droit à un énorme pavé indigeste.
Depuis quand es tu féministe ; y-a-t-il eu un déclic particulier ou est ce venu progressivement ?
Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je me *dis* féministe. Cela doit faire 4 ou 5 ans ? Peut-être plus... Ça a été une prise de conscience progressive depuis ma pré-adolescence : je notai petit à petit toutes les injustices que je pensais subir (j'étais une enfant très orgueilleuse), dont celles liées à mon identité de "fille". J'ai eu la chance de grandir dans une famille où les femmes ne se laissent pas marcher sur les pieds. Ma mère, son indépendance et le respect que lui porte mon père, ainsi que ma tante (militante féministe, gouine et anti-raciste), m'ont très largement influencée. plus récemment, c'est en fréquentant d'autres féministes que j'ai pu me forger une pensée politique, au delà des "intuitions" enfantines.
Qu'est ce que cela signifie exactement "auto-définie comme queer, dans mon genre comme dans mon orientation sexuelle" ?
Cela signifie, pour moi du moins, plusieurs choses qui sont liées :
- je suis persuadée (et je ne suis pas la seule) que le genre (féminin/masculin/...) est une construction sociale et non pas un fait (biologique, génétique ou je ne sais quoi) ;
- en conséquence, on pourrait ne pas se "limiter" à deux genres (féminin et masculin) ; certaines sociétés reconnaissent
d'ailleurs d'autres genre, bien qu'ils soient minoritaires ;
- de plus, cette division femmes/hommes est complètement intriquée avec le système de domination masculine et donc le
sexisme, ainsi qu'avec l'hétéro-norme (ou "domination hétéro").
En ce qui me concerne, bien que j'accepte mon histoire et ma construction en tant que femme, je ne veux pas que cela suffise à me définir : je refuse à la fois la binarité du genre, et l'hétéro-norme et l'hétéro-socialisation m'ennuient de plus en plus. J'utilise pour couvrir tout cela le terme "queer", qui exprime à la fois mon identité de genre en dehors du binaire femme/homme, et mes attirances affectives et sexuelles pour des personnes qui sortent elles aussi, à leur manière, des normes genrées.
Pourquoi as tu précisé autant de choses dans ta présentation, comme le fait d'être valide ou avec des papiers ?
Nos sociétés humaines sont construites sur de nombreux systèmes de domination : les dominations masculines et hétéro, que j'ai déjà évoquées, mais aussi la domination blanche, de classe, validiste, hédoniste, etc. Cette prise en compte de tous les systèmes de domination, sans chercher à dire que certains sont plus "graves" ou "importants" que d'autres a été nomme "l'intersectionnalité". C'est l'un des courants du féminisme dont je me sens le plus proche. Bien que femme et queer, je porte en moi de nombreux privilèges (en tant que blanche, valide, etc) et je pense important de les nommer pour que l'on puisse critiquer mon discours en connaissance de cause.
Quelles injustices as tu subi étant jeune ?
Oh, des trucs très classiques : on me reprochait ma grande gueule, mon caractère colérique et bagarreur, j'avais l'impression de pouvoir moins de goinfrer que mes frères, d'être moins écoutée et prise aux sérieux que mes camarades de classe gars, je ne comprenais pas pourquoi je devais m'enlever les poils des jambes (je ne l'ai d'ailleurs jamais fait), j'étais facilement dénigrée par les mecs avec lesquels je trainais (je me suis fait peu d'amies filles durant mon adolescence), etc. Et sûrement plein d'autres trucs. Le sexisme ordinaire quoi.
Tu dis ne t'être jamais épilée ; as tu subi des remarques à ce sujet ?
Oh, oui, très souvent. Par ma mère et ma soeur, d'abord, qui ne comprenaient pas. Puis par certains mecs : "C'est sale une fille avec des poils", "Ça dérange pas tes amants ?", "Tant mieux si tes potes s'en foutent, mais moi je ne pourrais pas coucher avec une fille pas épilée". Aussi par d'autres meufs : "T'as du courage, j'oserais jamais", "Je pourrais pas" et parfois "Je t'admire, peut-être qu'un jour j'arrêterais aussi de m'épiler" (je passe les commentaires de celles qui ne s'épilaient pas non plus). J'ai rarement eu des remarques de gens inconnus au sujet de mes poils (sauf peut-être quand on m'a traitée de "sale gouine libérée" dans la rue, les poils ont du jouer ! ). Et puis en grandissant et en choisissant mieux les gens que je fréquente, j'ai eu de moins en moins de remarques.
Est-ce-que tes proches, ta famille savent que tu es féministe ? Comment réagissent ils ?
Oui ! C'est un truc dont je parle très souvent ! Déjà, beaucoup de mes proches sont aussi féministes. Quant aux autres, iels le respectent et même s'iels ne sont pas toujours d'accord avec certains de mes points de vue, on arrive à avoir des discussion riche et intéressantes. Mais j'ai quand même l'impression que, souvent, leur réticences face à mes discours sont plus liées à une peur des "chiennes de gardes castratrices", image qu'a encore le féminisme pour beaucoup de personnes, plutôt qu'au contenu réel de ce que je raconte. C'est dommage et j'essaie de bosser la dessus aussi, sans tomber non plus dans des discours "bisounours".
Et il y a un autre aspect, que je trouve très positif, à ce que je sois identifiée comme féministe : on vient souvent me voir pour discuter de questionnements autour de la sexualité, des relations filles/mecs, ou bien des copines me racontent les abus qu'elles ont vécus... Je n'ai pas réponse à tout, heureusement, mais je suis contente de pouvoir donner un point de vue ouvert, non jugeant et soutenant.
Dans tes réponses tu emploies le mot "iels".que veut il dire ? Pourquoi fais tu ce choix de langage ? quelle en est l'utilité ?
"Iel" ("iels" au pluriel) est un néologisme : c'est un pronom personnel "neutre", ou bien à la fois masculin et féminin, ou bien renvoyant à un autre genre, ni féminin, ni masculin, ni neutre. Il permet de parler d'une personne dont on ne connaît pas le genre, ou bien dont le genre n'est ni masculin ni féminin (dans mon entourage, c'est important). Il permet aussi de ne pas tenir compte de cette foutue règle grammaticale "le masculin l'emporte sur le féminin" lorsqu'on parle de plusieurs personnes.
La langue a un énorme pouvoir. Je crois qu'en la modifiant, on peut aussi aider à modifier nos manières de penser et d'agir.
Pourquoi selon toi, le féminisme a une si mauvaise image ?
Je ne sais vraiment pas. Peut-être parce que le féminisme remet en question des choses qui sont si ancrées en nous que cela fait peur ? Le changement effraie, il va à l'encontre de notre confort. Si l'on fait partie de la population privilégiée (ici les hommes), on ne veut pas lâcher le pouvoir. Et si on fait partie de la population dominée (ici les femmes), on peut se sentir jugée ou impuissante face aux analyses féministes. Mais c'est sûrement bien plus complexe que ça.
Tu m'as dit que tu t'étais prostituée ces derniers mois. Beaucoup de gens pensent que cela n'est pas un choix féministe et que c'est contraire à la dignité des femmes ; qu'as tu à dire à ce sujet là ?
La question de la prostitution est compliquée. Aujourd'hui en France, la plupart des prostituées sont avant tout esclaves des réseaux de prostitution et c'est quelque chose qu'il faut dénoncer : non pas à cause du travail du sexe, mais bien à cause de l'esclavage ! Mais en ce qui concerne le travail du sexe, je pense que toute personne (les femmes en particulier) devraient avoir le droit de faire ce qu'elle veut de son corps et du reste. Pour ma part, comme d'autres, j'ai *décidé* de me prostituer, *de mon plein gré*, via des annonces d'"escorting" sur Internet. C'est un travail relativement facile pour moi (contrairement à la plupart des autres jobs !) : je suis à l'aise avec mon corps et avec la sexualité hétéro, je suis bonne comédienne... et puis ça paie bien ! Je demande 200 euro de l'heure, ce que je peux me permettre vu certains de mes privilèges : blanche, jeune, valide, parlant français, aisance sociale, etc.
Pour des raisons politiques, je me positionne contre le monde capitaliste et l'univers du travail qui lui est associé. Le travail est aliénant. Dans ce contexte, je trouve le taf de pute *vraiment* moins pire que d'autres : j'extorque des sommes faramineuses à des sales machos bourrés aux as ! Même si, dans l'idéal... je ne voudrais pas "bosser" du tout ! Il y a tellement d'autres projets merveilleux dans lesquels j'ai envie de mettre de l'énergie.
Certains peuvent penser que c'est indigne de vendre du sexe ; qu'on se salit en faisant cela. que penses tu de ces affirmations ?
Pour ma part, je trouve inacceptable de vendre des actions financières, ou des assurances vie. J'aurais envie de dire : chacun.e ses valeurs morales et politiques ! Mais si je me contente de dire ça, sur un mode très "relativiste", je passe à côté de l'essentiel du problème : on n'arrête pas de dire aux femmes ce qu'elles peuvent et ne peuvent pas faire. Pas le droit d'avorter, pas le droit de coucher avec qui elles veulent, pas le droit de prendre du plaisir, pas le droit d'être "moche", "grosse" ou poilue, etc. Condamner les prostituées pour leur "indignité", c'est une fois de plus condamner des femmes pour leur liberté. Et parler à leur place ! Qui écoute les avis des travailleur.euse.s du sexe ??
Ce qui est digne ou pas évolue en fonction des groupes sociaux et est défini par les dominant.e.s. Ce n'est pas un critère que je considère valable pour juger d'une activité. Je préfère pour cela me baser sur d'autres éléments : l'activité est-elle choisie et consentie ? Oppresse-t-elle d'autres personnes ? etc. Ce sont des questions complexes aux réponses complexes...
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