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Notre sélection de clips vidéos musicaux, tous genres confondus, dans lesquels les tenues fétichistes vinyle, wetlook, latex et cuir sont très présents.
Ces clips ne sont pas sélectionnés en fonction de leur valeur esthétique ou de leur qualité musicale mais juste pour le plaisir fétichiste des yeux.
Vous en adorerez certains et en détesterez d’autres.
Vous vous en connaissez d’autres qui ne figurent pas ici, signalez-le nous en nous envoyant le lien, le titre du morceau et/ou l’auteur à :
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1970-1979
SUZI QUATRO – Can The Can (1973)
1980-1989
ELLI ET JACNO – Main dans la main (1980)
JOAN JETT – I Love Rock’n Roll (1982)
AXEL BAUER – Cargo De Nuit (1983)
LITA FORD – Back To The Cave (1989)
LITA FORD – Fatal Passion (1989)
1990-1999
NIAGARA – J’ai vu (1990)
VANESSA PARADIS – Tandem (1990)
ENIGMA – Sadeness & Principles Of Lust (1990)
MADONNA – Human Nature (1994)
MICHAEL & JANET JACKSON – Scream (1995)
BRITNEY SPEARS – Born To Make You Happy (1998)
TLC – No Scrubs (1999)
2000-2009
BRITNEY SPEARS – I Love Rock ‘N’ Roll (2001)
BRITNEY SPEARS – Toxic (2003)
BRITNEY SPEARS – Toxic (Live NRJ Music Awards 2004)
ARCH ENEMY – Nemesis (2005)
LIBERTY X – Just A Little (2007)
2010-2019
RIHANNA – S&M (2010)
LADY GAGA – Telephone (2010)
MELISSA M – Cette fois (2010)
SHY’M – Je sais (2010)
KRYPTERIA – My Fatal Kiss (live – 2010)
FAITH MICHAELS – Fetish (2011)
LADY GAGA – Poker Face (2011)
GENITORTURERS – Strip Doll (live – 2012)
NICKI MINAJ – I Am Your Leader (2012)
OLIVIA DUNKLEY – Not Okay You Left Me! (2013)
IN THIS MOMENT – Adrenalize (2013)
BRITNEY SPEARS – Work B**ch (2013)
THE PRETTY RECKLESS – Going To Hell(2013)
IN THIS MOMENT – Sick Like Me (2014)
Jardin de Mirbeau aux Damps de Camille Pissaro 1891
Le soleil inonde mes épaules, j’écris en terrasse, en bordure des bouleaux. La petite chatte tigrée a fini par manger la souris qu’elle avait attrapée. Son frère et sa sœur avaient depuis longtemps lâché l’affaire. L’un était étendu sur les planches, l’autre sur le pas de porte. Les deux, après avoir guetté le jeu sanguinaire, affichaient une morgue désabusée.
Il paraît que Brad a épousé Angelina en cachette alors qu’on avait annoncé leur mariage depuis des semaines. Oui, parfois, il m’arrive de lire quelques actualités people. Il paraît aussi que la France à changer de gouvernement. Mais quel gouvernement ? Le Premier ministre est toujours le même qui s’est empressé de supprimer tous ces anciens tweets pour en écrire un nouveau : « Cohérence, cohésion, clarté : trois mots d’ordre pour ce premier Conseil des ministres. Faisons avancer la France ! MV » Quel foutage de gueule quand les uns viennent de quitter le navire alors que les autres sont nommés à des ministères voisins de ceux où ils officiaient plus qu’ils n’oeuvraient ! Faut-il s’éloigner des villes et prendre plaisir à jardiner tel un Octave Mirbeau pour remarquer que la pauvreté et la colère ne se cessent de croître ? Qui se souvient de son *appel paru le 28 novembre 1888 dans le Figaro ? « Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est d’ailleurs pas en son pouvoir de te donner. » écrivait cet écrivain, critique d’art et journaliste. Loin du tournis des grandes agglomérations, je respire la liberté et elle sent bon le chèvrefeuille, les phlox et l’herbe coupée, j’écoute le chant de la nature et il sonne beau la stridulation des grillons, le gazouillis et les trilles des mésanges, des pinsons, de la fauvette à tête noire ou du pivert qui chantent l’été.
Je ne sais pas où tu es. En Normandie, en Provence, à Bud, à Pest, à New York, à Florence ou à Moscou ? Je t’avouerai que je ne me pose pas souvent la question. Il ne me reste que quelques gouttes de Bal Musqué et je ne vois toujours pas quel parfum pourrait le remplacer. J’ai presque taillé toutes mes haies, semé de la salade à couper, des radis noirs et des navets. J’ai repiqué de la menthe aquatique et de la reine des prés. J’ai aussi réparé la roue de ma brouette et bouturé des roses qu’un cousin m’avait offertes. J’hésite encore à rentrer le ficus. Aucun invité, fille ou garçon, n’a prévenu de son arrivée prochaine. Les cloches sonnent l’angélus. Le thé est bu. Je ne fumerai pas de cigarette ce soir. Il est l’heure d’arroser les massifs et de rentrer les chatons. Je poursuivrai mon écriture plus tard.
*La grève des électeurs, Octave Mirbeau
Elles sont trois, aussi unies que les doigts de la mains. (si tant est, que l’on ne soit pas maladroit avec un hachoir ou autre) et aussi uniques en leur genre… Ce qui fait leur différence, c’est ce qui les a rapprochées
Les Malfaiteuses, c’est l’histoire de L’Orchidée Sauvage, Ladie Lip Stick et Sadik Sadie qui vous feront passer d’un univers à l’autre, du rire aux larmes, du rêve au cauchemar, du paradis à l’enfer.
Vous pouvez les découvrir régulièrement dans les meilleurs bars alternatifs tels que La Cantada ou le Marilyn Bar avec à chaque fis des invités de marque différents tels que Joseph Caesar, Motomitsu Maheara, Yves Gaudin alias YG, Larry Castillo from dEADmEATcOMIX…
En général l’entrée et comme la participation sont libres !
Infos et agenda sur leur page Facebook : facebook.com/pages/Les-Malfaiteuses
Mais quelques photos, du très talentueux, Criss Touf vous en diront bien plus que quelques mots et vous donneront, à coup sûr, l’envie de ne pas rater leurs prochaines prestations.
In the navy… La marine militaire c’est du sérieux. Surtout au Chili, pays particulièrement conservateur sur la question homosexuelle. Pourtant, un officier a osé faire son coming-out et revendiqué son homosexualité publiquement.
Par respect pour lui-même
Les forces armées chiliennes sont réputées être très traditionalistes. Mauricio Ruiz, officier dans la marine, a pris son courage à deux mains pour affronter et briser le tabou: «Il n’y a rien de mieux que d’être soi-même», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Santiago, rapporte RTBF.
Il s’agit là d’une première au Chili, pays où les discriminations peuvent vite dégénérer avec des actes de violence. «Pour moi, il est très important de franchir ce pas, parce que me réprimer serait ne pas accepter qui je suis et me rendrait malheureux», a-t-il expliqué aux journalistes venus en masse assister à ses déclarations.
Face à ses supérieurs
Il ne voulait plus mener une double vie, se cacher. Aussi a-t-il annoncé la nouvelle et la vérité à ses officiers supérieurs: «J’ai remarqué que beaucoup de soldats ne supportent pas l’homosexualité non parce qu’ils sont contre, mais parce que en tant que groupe social il a été décidé que l’homosexualité est un problème.»
Le jeune homme de 24 ans a fait sensation. Son acte osé et couillu a été salué par les associations LGBT du pays. Son souhait est de pouvoir participer avec son partenaire à la fête de fin d’année organisée par la marine chilienne. Une première qui pourrait réveiller les autres militaires homosexuels ou bisexuels, et les faire sortir du placard kaki.
Dominique Delahaye est instituteur de formation. Il est à l’origine du festival Les Ancres Noires (Le Havre). Multi-instrumentiste, il a fondé le groupe Polaroids Rocks. Il publie de courts romans noirs, des nouvelles, des scénarios de BD, des chansons et des spectacles théâtraux.
Extrait
Qu’est-ce qu’il croit, ce fils de pute ? Que j’ai pas vu son plan foireux. À chaque fois qu’il peut, il m’accroche avec ses gants et m’attire sur lui. Il profite que l’arbitre regarde ailleurs pour essayer de m’amocher en fourbe avec ses coudes. Il voudrait bien m’en mettre un coup dans la tronche.
Dans mon coin, William est au bord de l’apoplexie.
- Ecarte-toi ! Mais écarte-toi bon dieu, il est cuit, il ne tient plus sur ses guiboles ! Finis-le !
Ça vocifère tout autour. Il n’y a plus personne assis sur les bancs installés pour l’occasion autour du ring. La moitié des locataires de la prison est là, dans le gymnase. Ils gesticulent et rigolent comme des tordus. Ils hurlent à s’en faire péter les veines du cou. Les matons qui étaient adossés au mur se sont rapprochés. Il y a de l’électricité dans l’air. Je repousse Rico qui transpire comme un porc et à peine on est décollé tous les deux, je l’ajuste. Un direct du droit en pleine poire. Ça claque net et malgré le casque de protection, il est sonné. Il se recule, mou des genoux. Je fonce, mais l’arbitre s’interpose et commence à compter. Rico tente de reprendre pied. Ses épaules se soulèvent. Il cherche l’air et ses yeux sombres légèrement exorbités se troublent. On dirait une grosse carpe jetée au fond d’une barque. L’arbitre fait un signe discret et le gong retentit.
Je vais m’asseoir sur mon tabouret. William me rafraîchit le visage avec une éponge dégoulinante de flotte.
[...]
Résumé
Fils d’un couple de mariniers dédaignés par les nantis de la famille Aubourg, Thomas sort de prison après avoir purgé sa peine. Il reprend contact avec ceux de son passé.
Avis
Avec À fond de cale, Dominique Delahaye nous fait pénétrer le monde clos des mariniers propriétaires de leur péniche. Qui dit personnages enfermés dans leur milieu, dit passions exacerbées. Un roman court et noir où la rage va crescendo. Une très belle réussite !
À fond de cale, Dominique Delahaye, éditions In8 collection Polaroïd 64 pages 12 €
Anne de Sandre est libraire et vit dans le Sud-Ouest où elle anime ponctuellement des ateliers d’écriture. Avec une prédilection pour l’art du bref, elle écrit indifféremment des nouvelles, des livres pour la jeunesse et de la poésie.
Extrait choisi de Un festin en hiver
[...]
Enfant, Clara Guillaume ne voulait pas devenir institutrice. Ni coiffeuse, ni infirmière. Juste parler aux arbres et enterrer ses mèches de cheveux dans un pilulier sous des rhubarbes. Une fois, elle avait soigné un chien sans collier avec de la Bétadine : on la crut bonne pour des études de vétérinaire. Elle ne voulait pas non plus être pilote d’avion, cosmonaute ou pompier. Ni pute ni clocharde, précisait-elle à quinze ans en triplant sa quatrième de collège. Elle ne regretta pas de n’avoir pas découvert le vaccin contre la rage, créé une entreprise, fait voter une loi, tenu un journal ni même eu envie de marcher au fond de l’eau avec des cailloux dans les poches de sa robe.
On lui reprocha plus tard devant des zincs de refuser les repas chauds, les douches et les chambres collectives proposés par les centres sociaux, mais le mois dernier elle avait fui : un dortoir bruyant, des femmes avec un cran d’arrêt dans les mains, le vol de ses chaussures, un bol d’eau claire teintée, la vermine, les puces et la merde, les douches humiliantes et l’expulsion à sept heures du matin.
Pendant quelques semaines, elle avait cuit sur un réchaud à côté d’une tente des restants de coquillettes, qu’elle versait ensuite dans une assiette minuscule jusqu’au ras du bord. Trop peu de bouchées pour son estomac.
[...]
Avis
Le parapluie rouge est un recueil de 5 nouvelles : Un festin en Hiver, A la nuit, loin du Montana, L’heure dite, Et le jeudi non plus, Le parapluie rouge.
Dans cet ouvrage, le désir de vivre autre chose l’emporte toujours sur la détresse et la solitude. Le vocabulaire employé appartient quelquefois au registre soutenu, ce qui change de l’ordinaire, mais n’enlève rien à la richesse intérieure des personnages que nous livre Anne de Sandre, toute en finesse et en retenue. À lire ou à offrir !
Le parapluie rouge, Anne de Sandre, éditions In8 collection Alter&Ego 112 pages 12 €
Dominique Delahaye est instituteur de formation. Il est à l’origine du festival Les Ancres Noires (Le Havre). Multi-instrumentiste, il a fondé le groupe Polaroids Rocks. Il publie de courts romans noirs, des nouvelles, des scénarios de BD, des chansons et des spectacles théâtraux.
Extrait
Qu’est-ce qu’il croit, ce fils de pute ? Que j’ai pas vu son plan foireux. À chaque fois qu’il peut, il m’accroche avec ses gants et m’attire sur lui. Il profite que l’arbitre regarde ailleurs pour essayer de m’amocher en fourbe avec ses coudes. Il voudrait bien m’en mettre un coup dans la tronche.
Dans mon coin, William est au bord de l’apoplexie.
- Ecarte-toi ! Mais écarte-toi bon dieu, il est cuit, il ne tient plus sur ses guiboles ! Finis-le !
Ça vocifère tout autour. Il n’y a plus personne assis sur les bancs installés pour l’occasion autour du ring. La moitié des locataires de la prison est là, dans le gymnase. Ils gesticulent et rigolent comme des tordus. Ils hurlent à s’en faire péter les veines du cou. Les matons qui étaient adossés au mur se sont rapprochés. Il y a de l’électricité dans l’air. Je repousse Rico qui transpire comme un porc et à peine on est décollé tous les deux, je l’ajuste. Un direct du droit en pleine poire. Ça claque net et malgré le casque de protection, il est sonné. Il se recule, mou des genoux. Je fonce, mais l’arbitre s’interpose et commence à compter. Rico tente de reprendre pied. Ses épaules se soulèvent. Il cherche l’air et ses yeux sombres légèrement exorbités se troublent. On dirait une grosse carpe jetée au fond d’une barque. L’arbitre fait un signe discret et le gong retentit.
Je vais m’asseoir sur mon tabouret. William me rafraîchit le visage avec une éponge dégoulinante de flotte.
[...]
Résumé
Fils d’un couple de mariniers dédaignés par les nantis de la famille Aubourg, Thomas sort de prison après avoir purgé sa peine. Il reprend contact avec ceux de son passé.
Avis
Avec À fond de cale, Dominique Delahaye nous fait pénétrer le monde clos des mariniers propriétaires de leur péniche. Qui dit personnages enfermés dans leur milieu, dit passions exacerbées. Un roman court et noir où la rage va crescendo. Une très belle réussite !
À fond de cale, Dominique Delahaye, éditions In8 collection Polaroïd 64 pages 12 €
Anne de Sandre est libraire et vit dans le Sud-Ouest où elle anime ponctuellement des ateliers d’écriture. Avec une prédilection pour l’art du bref, elle écrit indifféremment des nouvelles, des livres pour la jeunesse et de la poésie.
Extrait choisi de Un festin en hiver
[...]
Enfant, Clara Guillaume ne voulait pas devenir institutrice. Ni coiffeuse, ni infirmière. Juste parler aux arbres et enterrer ses mèches de cheveux dans un pilulier sous des rhubarbes. Une fois, elle avait soigné un chien sans collier avec de la Bétadine : on la crut bonne pour des études de vétérinaire. Elle ne voulait pas non plus être pilote d’avion, cosmonaute ou pompier. Ni pute ni clocharde, précisait-elle à quinze ans en triplant sa quatrième de collège. Elle ne regretta pas de n’avoir pas découvert le vaccin contre la rage, créé une entreprise, fait voter une loi, tenu un journal ni même eu envie de marcher au fond de l’eau avec des cailloux dans les poches de sa robe.
On lui reprocha plus tard devant des zincs de refuser les repas chauds, les douches et les chambres collectives proposés par les centres sociaux, mais le mois dernier elle avait fui : un dortoir bruyant, des femmes avec un cran d’arrêt dans les mains, le vol de ses chaussures, un bol d’eau claire teintée, la vermine, les puces et la merde, les douches humiliantes et l’expulsion à sept heures du matin.
Pendant quelques semaines, elle avait cuit sur un réchaud à côté d’une tente des restants de coquillettes, qu’elle versait ensuite dans une assiette minuscule jusqu’au ras du bord. Trop peu de bouchées pour son estomac.
[...]
Le parapluie rouge est un recueil de 5 nouvelles : Un festin en Hiver, A la nuit, loin du Montana, L’heure dite, Et le jeudi non plus, Le parapluie rouge.
Dans cet ouvrage, le désir de vivre autre chose l’emporte toujours sur la détresse et la solitude. Le vocabulaire employé appartient quelquefois au registre soutenu, ce qui change de l’ordinaire, mais n’enlève rien à la richesse intérieure des personnages que nous livre Anne de Sandre, toute en finesse et en retenue. À lire ou à offrir !
Le parapluie rouge, Anne de Sandre, éditions In8 collection Alter&Ego 112 pages 12 €
« « Donne-moi ta main. » Elle me la tendit à travers les barreaux, et sur les doigts, et dans la paume et le long du bras nu et chaud, je fis traîner mes lèvres… J’étais fou. Je n’y croyais pas. C’était sa peau, sa chair, son odeur; c’était elle tout entière que je tenais là sous mon baiser, après combien de nuits d’insomnie ! »
Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin
Dans la mémoire littéraire et collective française, Pierre Louÿs apparaît souvent comme un auteur oublié, délaissé, confusément et vaguement associé à un titre, La Femme et le Pantin, dont on connaît surtout l’adaptation qu’en fit Julien Duvivier en 1959, avec Brigitte Bardot. Mais cet auteur français né à Gand en Belgique en 1870 et mort en 1925 à Paris reste probablement le plus grand auteur de littérature érotique et pornographique que la France ait jamais connu.
En effet, cet auteur extrêmement prolifique, audacieux, qui fréquenta Mallarmé, Gide ou Heredia, sut aborder de nombreux genres littéraires (roman, poésie, journal intime, chanson), dans une langue des plus raffinées, et surtout dépasser la « simple » pornographie pour célébrer la femme, comme rarement un auteur l’aura fait avant lui. Son œuvre entière est un autel dressé à la femme, à sa sensualité et à sa beauté, et nul doute que derrière l’image d’écrivain décadent, pornographe, scatophile à ses heures perdues dont Louÿs s’est souvent paré se cache un écrivain sensible, esthète, à redécouvrir, immanquablement…
Les femmes, mais surtout l’amour, sont ainsi la grande affaire de Pierre Louÿs, et ceci dès son plus jeune âge !
Comme il l’explique dans son Journal, œuvre d’un très jeune adulte passionné de littérature et préoccupé par son baccalauréat, Louÿs se dépeint comme un jeune homme romantique en attente du grand amour (« Il me semble que je suis fait pour aimer, et que je ne suis fait que pour cela. Je ferai des folies plus tard, si j’aime quelqu’un. Et j’aimerais mieux, c’est le fond de ma pensée en ce moment, j’aimerais mieux mourir ruiné, désespéré, ayant mes espérances déçues, et mes ambitions irréalisées, plutôt que de me dire dans mes derniers instants : personne ne m’a aimé, je n’ai aimé personne. Je n’ai pas encore de Premier Amour, mais cela m’apparaît dans l’avenir comme la félicité parfaite. »). Les Parisiennes qu’il croise constituent son premier objet de fantasme (« Tout cela, c’est du rêve, hélas ! … et cependant j’ai toujours dans les yeux, sa silhouette blonde capuchonnée de bleu, et penchant la tête sous le bec de gaz… « viens, viens… viens… ») et malgré son aversion d’alors pour les cocottes, sa sensualité s’exprime déjà pleinement.
Ce romantisme doublé de sensualité se retrouve dans Les Chansons de Bilitis, chef-d’œuvre de la poésie en prose publié en 1894, dans lequel le poète, à travers les amours de Bilitis, personnage fictif de la Grèce Antique et rivale de la poétesse Sappho, fait l’éloge de la sensualité et de l’amour saphique. Chaque poème qui compose le recueil y apparaît comme un court récit autonome dédié à la gloire de Bilitis et de ses amours (« Le premier me donna un collier, un collier de perles qui vaut une ville, avec les palais et les temples, et les trésors et les esclaves. »), et plus l’on avance dans le recueil, plus les pièces gagnent en sensualité (« La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures. ») Louÿs s’attellera ensuite à la rédaction des Chansons secrètes de Bilitis, pendant sulfureux du premier recueil et qui sera publié qu’en 1933 soit huit ans après la mort de Pierre Louÿs, pour cause de censure. Dans ce second opus, le décorum de la Grèce antique et le personnage de Bilitis sont surtout prétexte à une célébration des plus crues du corps féminin (« Leurs vulves ! Te dirais-je leurs vulves ? Oh ! replis de chair grasse et fine, lèvres longues de peau arrondie, bouche vivante, ailée, mobile… Et leur reflet dans l’eau bleuâtre ! Qui a vu cela étant jeune n’a plus le désir de voir le monde. ») qui annonce les plus grands écrits, et l’esthétique de notre auteur : magnifier la femme dans ce qu’elle a de plus sensuel et de plus sexuel.
C’est ce que fait Pierre Louÿs dans « La Femme », hommage audacieux et peu commun au corps féminin ! Cette œuvre est composée de 43 sonnets consacrés aussi bien à certaines parties du corps (« Vulve blonde », « La senteur des seins ») qu’à des pratiques sexuelles (« En levrette », « La sodomie par-derrière ») ou à des catégories de femmes (« Couturière ») ; le tout écrit dans une langue à la fois précise, technique (Louÿs ne craint jamais d’employer des termes anatomiques) et sensuelle, jouant sur les sonorités, les rythmes, et les doubles sens. Et c’est cette alliance qui fait la richesse et la singularité de son œuvre ! Qui d’autre que Louÿs saurait consacrer un poème entier à l’hymen, le décrivant comme un « pur chevalier défenseur de l’enceinte / Où le culte du Cœur se donne à la Beauté », sans oublier d’évoquer sa « voussure velue » ? Qui d’autre a su mieux que Louÿs décrire les sensations produites par un doigt s’introduisant dans un vagin (« Le sens-tu, comme il entre avec une chaleur, / Et se promène et te caresse toute rouge / Tandis que ton grand corps se contracte, et que bouge / Le clitoris extasié par la douleur. »), le tout entre dans une langue proche de l’incantation et propre à susciter le fantasme (« Tête et gargouille, bouche encore puérile, / Et trompe avec mon doigt consolateur l’ennui / De la trêve imposée à la vigueur virile. ») ? Personne bien sûr, et c’est ce qui fait de Pierre Louÿs un auteur culte, inégalable et inégalé !
Louÿs est littéralement l’homme qui murmure à l’oreille des femmes, celui qui semble connaître leurs pensées les plus intimes, les plus honteuses, les plus inavouables. Il sait ainsi, dans le roman d’apprentissage « Toinon », décrire les sensations qui s’emparent de deux jeunes pensionnaires accablées de désir (« Du bout de la langue je recueillis, sur la pulpe douce de ses seins, toute une rosée légère et délicieuse »), il sait évoquer « la fauve odeur » des femmes que renferment leurs « touffes secrètes ». Et c’est parce qu’il connaît si bien ce corps féminin que Louÿs n’est jamais vulgaire, mais toujours superbe.
Bien sûr, le personnage a ses zones d’ombres. Pierre Louÿs verse aussi dans le scabreux, dans le grivois, parfois sous couvert de l’humour, comme en témoigne sa version de « Cadet Roussel », qui devient chez lui « Cadet Rousselle » (« Cadet Rousselle a trois maîtresses
Rachel qui met ses poils en tresses / Lise et Nini qui n’en ont pas »), mais parfois de façon autrement plus outrancière (« Alors Rachel gonflant sa croupe / Qu’orne un plumet de poils en houppe /Lance une œillade et fait un pet, »). Louÿs est l’auteur qui vous fait découvrir les plus sombres recoins de la sexualité, et son œuvre constitue un enfer à elle seule.
Rien d’étonnant à cela quand on s’intéresse quelque peu à son parcours : né en 1870 dans une famille de magistrats, Louÿs perd sa mère très jeune et voit son éducation confiée à son demi-frère Georges, dont il restera proche toute sa vie. Des doutes subsistent quant à la vraie nature de leur relation : Georges aurait pu être le père de Louÿs, étant d’un âge proche de la mère de celui-ci tandis que le père officiel était beaucoup plus âgé. Louÿs vivra donc entouré de « mensonges romantiques et vérités romanesques », pour reprendre René Girard, et cet auteur décadent ne s’est peut-être vu que comme un pantin entouré de femmes. Il meurt à cinquante-cinq ans pauvre, à moitié aveugle et paralytique, et « épuisé par la drogue et la maladie » comme il le dira lui-même.
Il est aujourd’hui un auteur culte, célébré par une poignée d’initiés, et qui mérite d’être pleinement redécouvert. Lisez Pierre Louÿs, lisez-le à voix haute, demandez à ce qu’on vous le lise. Ainsi vous pourrez entendre ces mots :
« Sexe de la Femme, ô vulve éternellement adorable, muse aux grandes lèvres, aux cheveux en couronne, reste ouverte devant moi tant que j’écrirai ce livre. Pour parler d’amour, donne-moi des paroles douces comme le miel qui découle de toi, tendres comme la musique délicate de ta vulve. Dis-moi tes chaleurs. Explique-moi ton rut. Enseigne-moi ta jouissance. Fais passer en moi, pauvre mâle, les frissons effrayants des femmes ; et qu’à songer à elles j’apprenne à la comprendre par ta grâce. »
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à découvrir l’application Un Texte Un Eros.
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