“Mais quelle est donc cette beauté frêle et émouvante, pauvrement vêtue qui trottine d’un pas vif dans les beaux quartiers ? C’est Blanche Epiphanie, une enfant de 17 ans, orpheline de naissance qui va livrer les chèques du banquier Adolphus pour un salaire de misère”.
Jeune femme blonde aux formes girondes, Blanche attire les convoitises de tous les séducteurs, pervers et autres amateurs de chair fraîche dans un 19ème siècle avide d’inventions technologiques et de conquêtes terrestres.
Pour cause de grand succès, la musardine réédite ce bel ouvrage de bande-dessinée. Blanche Epiphanie, c’est un peu la Justine de Sade. Plus elle cherche à garder sa vertue et plus elle tombe entre les mains des pires obsédés sexuels. Les auteurs convoquent parfois l’imagerie SM. Ainsi, Adolphus parvient à enchaîner la pauvre fille dans une chambre “fourrée” où toutes les parois sont couvertes de fourrure !
Bien sûr, ce qui lui arrive ici est bien moins “hard” que ce que réservait le marquis à ses héroïnes. Même s’il y a souvent des évocations érotiques, on se rapproche parfois plus du côté “aventure” de Tintin. En effet, Blanche est rapidement amenée à quitter la France pour se retrouver au moyen-orient et puis plus tard en Afrique.
Autour de Blanche, nous trouvons des personnages dignes de comics américains. Obèse, riche, méchant et puissant, le visage aviné et bouffi, Adolphus est le méchant de service. Pour protéger la belle de ses tortionnaires, il y a Défendar, une parodie de super-héros américain. Mais Défendar est un intrépide gringalet plus fendard que défenseur car il revêt comme costume un joli justaucorps noir. Il n’a pas de puissante batmobile mais un vélocipède. C’est bien aussi.
La forme est originale puisque Blanche Epiphanie a d’abord été publié sous forme de série dans V-Magazine et France-soir. Chaque épisode est composé de huit pages et se termine invariablement par un “cliffhanger”, un suspens insoutenable destiné à fidéliser le lecteur. Et il faut avouer que ça fonctionne ! Le fil rouge est constitué par le pucelage de la jeune femme. A chaque péripétie, Blanche se retrouve sur le point d’être violée. Mais bien entendu, ça rate à chaque fois !
Ce tome 1 regroupe Blanche Epiphanie, la série originale, suivie de La déesse blanche. Cette dernière histoire est plus tirée en longueur et un peu moins drôle que les épisodes relativement courts, même si l’on peut y savourer un humour grinçant à base de colonialisme. L’éditeur prévoit de sortir l’intégrale de l’héroïne (4 tomes) en 2011 et 2012.
Malgré son âge (publications étalées entre 1967 et 1985), Blanche Epiphanie apporte un souffle de fraîcheur grâce à des péripéties en pagaille et un humour omniprésent. L’héroïne sexy étant presque toujours en haillon ne gâche rien au divertissement.
La préface a été reprise de l’édition de 1972, date de publication du premier album. Elle est signée Jean-Pierre Dionnet qui livre, comme d’habitude, un texte passionné et érudit. A la fin du recueil, on trouve un petit dossier qui donne de nombreux détails sur les conditions de publication des aventures de Blanche Epiphanie.
Editeur : La musardine