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On n’a pas toujours le temps de tout lire, tout écouter, tout regarder, sur le net ou ailleurs. Voici un rapide tour d’horizon d’infos en tout genre que nous avons trouvées intéressantes. Bon sexorama… Des femmes contre le sexisme à Hollywood Puisque l’industrie du cinéma Hollywoodien continue à cantonner les femmes aux rôles de...
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Dans un vibrant plaidoyer en faveur des mâles pas dominants, le sexo-thérapeute Alain Héril évoque la difficulté qu’il y a pour les hommes à devoir assurer leur statut de «dur» à force d’érections. Nous vivons dans une société qui confond pénis et phallus, dit-il.
«Etre un homme, tu sais, c’est pas si facile». Pour Alain Héril, psychanalyste et sexo-thérapeute depuis 25 ans, les «mâles dominants» ont certainement la vie bien plus difficile que les femelles. Son ouvrage Dans la tête des hommes, récemment publié aux éditions Payot, est traversé par l’inquiétude : «L’homme se vit souvent comme devant être fort et puissant. Il est le sexe fort par opposition à la femme, le sexe dit faible. Cette notion de force, qui est sous-tendue par celles de domination, de victoire, de conquête, est du domaine du masculin […]. Mais la force ne fait pas que se montrer, elle doit aussi se mesurer, se confronter à l’aune de graduations qui mettent en haut du podium les mâles vainqueurs. Le combat à mener est une suite d’épreuves et l’homme, dans ce lien si singulier entre force et virilité, se voit réduit comme Hercule à des travaux sans fin où il doit montrer au monde entier combien il est capable de bravoure et de témérité».
La solitude de Don Juan
«Ce mélange si particulier d’expressions musclées et de testostérone est une marque de l’infinie tristesse masculine. Car lorsque l’homme ne place son identité qu’à l’endroit de la force il entre dans le labyrinthe qui l’oblige à se prouver à lui-même qu’il est apte à affronter des dieux imaginaires […]. Si j’associe cela à de la tristesse, c’est qu’il m’a souvent été donné d’accompagner des hommes dans ce chemin où à force de chercher leur virilité dans cette tension perpétuelle de la victoire ils s’oubliaient eux-mêmes et que l’identité trouvée était toujours une identité qui se perdait continuellement».
La posture du gagnant : c’est fatigant
Lors des groupes de parole qu’il anime, Alain Héril note l’épuisement chronique des hommes qui lui confient leurs misères : ils n’en peuvent plus. La posture de gagnant les vide. Obligation leur est faite de bander-conquérir-triompher, sans faillir : même les femmes exigent d’eux qu’ils soient forts. C’est le challenge permanent. Au travail comme en amour, l’homme doit jouer au coq. Toujours être à la hauteur. Sauf dans le groupe de parole de Héril : là, enfin, voilà les mâles autorisés non seulement à baisser les armes mais exprimer «leur dégoût d’une position masculine de continuelle agressivité et d’obligation à la compétition». Vaincre sur commande ? C’est mission impossible. Mais pourquoi tant d’hommes se croient-ils obligés de coller à l’image toute faite du winner performant ?
Attention : un homme qui pleure peut cacher un macho
Pourquoi tant d’hommes se sentent-ils obligés de rouler les mécaniques ? Pourquoi ensuite viennent-ils pleurer dans le cabinet d’un psy ? Tout compassionnel qu’il soit, Alain Héril ne manque pas de fustiger certains patients. Il arrive en effet souvent que ceux qui réclament le droit à la faiblesse entretiennent avec les femmes une relation conflictuelle, faite du même aveuglement que celui qui les pousse à jouer les James Bond. Ceux-là considèrent souvent, bêtement, les femmes comme des proies à ravir ou des salopes manipulatrices : elles n’en veulent qu’à ma voiture de luxe, disent-ils, prenant leur couteux bolide pour une forme de virilité. L’identité masculine, à leurs yeux, c’est l’affichage d’une puissance agressive associée à des marques extérieures de richesse. Ils prennent les symboles virils pour des réalités. Ils souffrent de ne pas s’y sentir à l’aise. Leur problème, ainsi qu’Alain Héril le dévoile, c’est qu’ils confondent pénis et phallus.
Quand le pénis vous fait le coup de la panne
Le pénis est l’organe. Le phallus est l’outil symbolique. Le pénis ne bande pas sur commande. Le phallus invaincu est l’emblème du pouvoir absolu. Or il y a confusion, dans notre société. «Si l’on observe la virilité telle qu’elle est envisagée dans notre civilisation on s’aperçoit que la vision du sexe masculin est celle d’un organe qui a destination à faire jouir et non à jouir de lui-même, avance le sexo-thérapeute. L’homme est donc tourné vers l’extérieur, tendu dans la vérification de sa puissance et de sa capacité à offrir cette puissance à l’autre. Tant que cela fonctionne, il n’y a pas de désordre majeur, mais il suffit d’un incident, d’une “panne” pour que l’édifice s’écroule et remette en question la capacité virile. Ainsi la construction de la virilité se fait tout au long de la vie d’un homme avec cette crainte enfouie en lui que son sexe peut lui jouer des tours.» Le pénis peut facilement devenir un «ennemi», dit Héril. Parfois, le pénis peut même devenir une fiotte, comparé au puissant phallus dont les hommes rêvent.
«La virilité est affaire de phallus, et non pas de pénis»
Pour se construire, l’homme doit apprendre à distinguer l’organe de la représentation et la chair de l’idée. «Associer la virilité au seul pénis est un contre-sens, assène Héril. La virilité est affaire de phallus.» En clair, ce que l’on a entre les jambes (la capacité érectile) est différent de ce que l’on a dans la tête (la volonté de puissance). Cela peut paraître naïf, mais il y a des messages qu’il semble bon de faire passer. La norme virile, phallique, n’a rien à voir avec la réalité, qui part toujours en débandade. Il faut faire la différence : d’un côté il y a soi et, de l’autre, il y a cette injonction sociale qui veut qu’un homme ne soit «vrai» qu’à la condition d’être un «foutre de guerre», ivre seulement de prendre et pénétrer son territoire à coups de sperme. Dure tâche, souligne Héril : «si les hommes contemporains, pour certains, cherchent à lâcher cette image trop prédatrice, force est de reconnaître qu’elle reste inscrite dans l’inconscient collectif masculin. Car même si le pénis n’est qu’un organe, le phallus, lui, demande à exister dans la force et l’affirmation».
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A LIRE : Dans la tête des hommes, de Alain Héril, éditions Payot.
ILLUSTRATION : Histoire de sexe(s), film de Ovidie et Jack Tyler, www.frenchlover.TV.
C’est l’histoire de deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser. Encore moins se fréquenter. Lui s’appelle Boulass, il est noir, homosexuel et hacker de profession. En ce jour d’intronisation du nouveau président d’un pays imaginaire d’Afrique, ce trentenaire s’apprête à se suicider. L’avenir est sombre: son activisme cybernétique et son orientation sexuelle constituant deux sérieux motifs d’oppression et d’isolement. Dans l’immeuble où il vit, Delphine n’est guère plus en joie. La cinquantaine, cette expatriée et femme de diplomate est en pleine remise en question. Sans diplôme, délaissée par son mari qui la trompe, ses quatre enfants repartis en Europe, elle s’interroge: «Que faire de ma vie?» Une coupure de courant l’incite à aller toquer à la porte de Boulass, tandis que tous les habitants du lotissement sont sortis fêter l’investiture de leur nouvel empereur sous les yeux de la communauté internationale. Tel est le point de départ de «Zokwezo», une pièce très librement inspirée d’«Une journée particulière», d’Ettore Scola.
Inspiré d’Une journée particulière
«Zokwezo, ça veut dire ‘toute personne est un être humain’», explique Silvia Barreiros, qui interprétera Delphine à la scène du 29 mars au 10 avril au Théâtre du Galpon, à Genève. Fondatrice et directrice de la Compagnie Apsara en 2001, c’est elle qui a commandité le texte de cette cinquième création au dramaturge congolais Julien Mabiala Bissila. «Ce qui m’intéressait, c’était le contexte. La base du film d’Ettore Scola, c’est la parade militaire et la rencontre entre Hitler et Mussolini. «Zokwezo» est une version africaine et contemporaine de cette situation historique, où il sera question de stigmatisation des homosexuels, de droits de la femme, d’accaparement de richesses publiques par des présidents qui se proclament empereurs.»
Mise en scène par Andrea Novicov, la pièce a germé dans l’esprit de Silvia Barreiros il y a trois ans, à l’occasion d’un festival de théâtre en Algérie. Elle y rencontre alors Nicolas de Dravo Houéno, directeur béninois de la Compagnie les Diseurs de vérité, et qui incarne le gardien de l’immeuble à la scène. Sans être située dans le temps et l’espace d’un pays existant, «Zokwezo» n’est pas pour autant une fable. Grâce à l’écriture directe et réaliste de Julien Mabiala Bissila, la pièce traite de problématiques actuelles et pertinentes, bien qu’à des degrés divers, pour tout le continent africain. De même que pour la Suisse, car «si nous avons gagné certaines batailles, il y a encore beaucoup à défendre, estime Silvia Barreiros. «Sous couvert de tout va bien, les homosexuels ne peuvent pas faire leur coming-out dans certaines professions, les inégalités salariales demeurent entre hommes et femmes, et la grossesse reste un tabou à l’embauche.» Pour autant, le spectacle, dont une première version a récemment été présentée à Cotonou après une résidence de plusieurs semaines à l’Institut français de la ville, ne relève pas d’une démarche militante. Pour sa conceptrice, «il questionne plus généralement le rapport à la différence, et aborde de façon cocasse et tendre les difficultés d’intégration dans une société.»
LE POINT DE VUE DE L’AFRIQUE
Ainsi, face au resserrement de l’étau politique, Bossal (interprété par Bardol Migan, comédien béninois de la Compagnie les Diseurs de Vérité) étouffe; quant à Delphine, elle peine à trouver sa place dans le monde fermé des expatriés. «Tout les sépare, mais ce qui les réunit, c’est ce moment de désespoir et de solitude.» Au point de créer les conditions d’un parfait quiproquo. Tandis qu’elle le ramène à la vie inopinément en toquant à sa porte, il lui offre peu à peu, et bien malgré lui, l’image d’un corps accueillant, où projeter son manque d’affection et ses fantasmes. Entre l’homo suicidaire et la cougar désœuvrée, le temps d’un bouleversant malentendu peut commencer. Rythmé par les interventions du gardien, un personnage fouineur et sympathique, incarnant la vox populi. Attiré par ce qu’il croit être une parade amoureuse, ce dernier y va de ses commérages. «C’est un peu le regard de l’Afrique, qui dénonce la richesses matérielle des Suisses, les affaires des entreprises françaises sur le continent.» Par exemple, lorsque Delphine lui explique qu’elle n’emploie pas de domestiques, estimant que «les gens ici méritent mieux», voici ce que lui répond le gardien: «‹Méritent mieux, méritent mieux›, ça c’est littérature, je parle réel! Mieux? Lequel? De chez vous ou d’ici? Ce n’est pas le même mieux. Notre pays est plus à nous. Nord-Total, Sud-Bouygue, Est-Chevron, Ouest-Bolloré. Surtout celui-là, il a même acheté nos cimetières et nos morts. C’est lui qui fixe les prix. On a vendu notre grand-mère à 50 euros. Alors trois domestiques, ça ne coûte pas grand-chose en francs suisses.»
» «Zokwezo», du 29 mars au 10 avril, Théatre du Galpon, en semaine 20h, dimanche 18h, relâche lundi.
» Soirée spéciale le 9 avril avec la projection à 18h de «Gnonnôu – Femme», un film d’Agnès-Maritza Boumer, sur la condition des femmes au Bénin et son évolution. Une aventure, dans un pays pétri de tradition et de religion voudou.