Dimanche après-midi, il pleut dehors et je m’ennuie : je me laisse donc tenter par une petite pérégrination YouTubesque comme on les aime autour d’un bon chaï latte fumant. Ni une ni deux je me fais complètement engloutir par un flux de vidéos en tout genre. Le chemin fut hasardeux mais concluant puisque je finis par tomber sur cette vidéo, que dis-je, ce joyau qui tout bonnement deviendra mon coup de cœur Pornophony 2020. Les copains.ines, je vous présente Lapsuceur.
Assidu·es de la rap culture, vous avez sûrement déjà entendu parler de lui. C’est sur la chaîne YouTube Le Règlement qu’il fait ses gammes et entame sa notoriété à petite échelle. Le fond de commerce de Lapsuceur ? C’est la bite. Impossible de passer à côté, tout nous crie son amour des phallus : de son identité visuelle avec sa superbe bannière alphabeteub, sa communauté répondant au doux nom de « suceurs » ainsi que tout ses textes tournant exclusivement autour de sa sexualité qu’il semble vivre avec engouement et liberté. En tout cas, en plus d’assumer clairement son homosexualité, Lapsuceur arbore aussi non sans fierté son profil passif. Je ne vous cache pas que ses punchlines incisives me font monter la température là en bas, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Certes, je ne suis pas la destinataire de ses déclaration d’amour teubiennes mais y suis-je insensible ? Mes sous-vêtements vous jurent que non…
« J’suis pas une pute, si j’te suce, j’le fais gratuit. »
Lapsuceur porte la cagoule et pour cause, l’homosexualité reste l’un des sujets les plus tabous dans le rap français comme international. Les insultes homophobes et sexistes y vont bon train. Peu de place pour les faibles : les poucaves, les pleureurs, les petites bites, les pédales, les meufs… Bref vous avez déjà compris. Pas étonnant que Lapsuceur souhaite préserver son identité. Alors que peu de personnalités du rap osent faire publiquement leur coming-out, Lapsuceur va encore plus loin en en faisant son cheval de bataille, son sujet de prédilection et en s’imposant bottom en maître. Une première !
Vous me direz : « Pourquoi toi meuf cis, kiffes-tu autant ses textes ? ». Ben je sais pas vous, mais moi ça me fait baver d’imaginer deux mecs (ou plus) ensemble. Et puis, je compte bien sur Lapsuceur pour faire évoluer les mentalités et enterrer l’homo- et la bi-phobie ambiante avec ses odes au fion et au zizi. Odes qui me font principalement de l’effet par leur spontanéité et leur vocabulaire brut de décoffrage.
Voici d’ailleurs un petit florilège de mes passages préférés :
Qui prend moins de douches que de golden showers ? C’est Lapsuceur.
Tape dans l’fond j’suis pas ton père.
Mets du respect sur mon nom, mets du mesper sur mon fion.
J’aime bien quand tu m’suces la bite mais j’préfère quand c’est moi qui l’fait.
Je vous conseille vivement d’aller faire un petit tour sur sa chaîne. D’façon il sera forcément court puisqu’il propose seulement quelques tubes, mais la rumeur court qu’un disque sortira prochainement… Histoire de commencer fort, chargez sa reprise de « Au DD » de PNL : du pur génie ! Peut-être que les morceaux sont trop courts, la prise de son est bof-bof, et la captation de clip laisse à désirer. Mais les punchlines sont mémorables et sans pareil, la gestuelle est maîtrisée, et bien que l’on reste sur notre faim, moi je vais garder un œil ouvert et attentif sur ce phénomène du rap français. Je vous invite à fouiller dans les commentaires de ses vidéos YouTube pour des fous rires assurés, en attendant d’en entendre plus de l’empereur de la beuteu !