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Cult Epics nous gâte ! Après la sortie de Score et The Lickerish Quartet (couplée à celle de The Image chez Synapse Films), l’éditeur américain nous propose un nouveau chef-d’œuvre de l’érotisme réalisé par le maestro Radley Metzger, Camille 2000 (1969), en édition Blu-ray & DVD (version longue), dans un master tout neuf, tiré du négatif original (malheureusement, sans sous-titres français). Pour anglophiles avertis donc !
Adapté du roman La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas – fils (Césarine, Diane de Lys) par l’esthète Radley Metzger (The Private Afternoons of Pamela Mann, The Opening of Misty Beethoven), le film nous relate l’itinéraire d’un fils à papa (Armand, campé par Nino Castelnuovo) venu à Rome pour suppléer aux affaires de son paternel, mais qui passera le plus clair de son temps à s’enivrer de l’atmosphère de la ville (comme fantasmée par les américains, telle une carte postale) et ses beautés ravageuses. Il jettera bien vite son dévolu sur Marguerite (Danièle Gaubert), irrésistible mais insaisissable…
La distribution se pare d’un glamour exacerbé, avec dans les rôles principaux : la belle Danièle Gaubert (Les régates de San Francisco de Claude Autant-Lara, Terrain vague de Marcel Carné, La louve solitaire) et Nino Castelnuovo (Rocco et ses frères de Visconti, le western spaghetti Le temps du massacre de Fulci, le giallo Nue pour l’assassin, avec la divine Edwige Fenech, Le patient anglais), aux côtés d’Eleonora Rossi Drago (La traite des blanches de Comencini, Femmes entre elles d’Antonioni, Été violent de Valerio La fille à la valise Zurlini), de la sublime Silvana Venturelli (The Lickerish Quartet, Veruschka) et de l’excellent Roberto Bisacco (Dead stop – Le cœur aux lèvres de Tinto Brass, le fabuleux giallo Torso, Stavisky d’Alain Resnais).
We live from our mistakes
Camille 2000 prend racine dans le milieu de la jeunesse dorée romaine, où les jet setters tuent le temps entre soirées huppées, shopping et marivaudages en tous genres. Un air de « dolce vita all’italiana » parfumé à la liberté sexuelle (69, année érotique… plus que jamais !) ; insouciance généralisée et autres plaisirs futiles contrebalancés par la relation du couple principal (Marguerite-Armand), qui nous rejoue « Je t’aime… moi non plus » en mode majeur et shakespearien, coups bas compris. Vers un final qui se pose en véritable tire-larmes, où les lieux désertés résonnent des cris de l’amant désespéré… Armand, qui noiera in fine sa peine dans l’alcool et l’effervescence des sorties…Hédonisme 60’s, quand tu nous tiens…
La BO « jazzy » de Piero Piccioni (Main basse sur la ville & Lucky Luciano de Francesco Rosi, Sartana), « swingante » et aux accents psychés, accompagne idéalement les images. Elle n’est pas sans rappeler les compositions du grand François de Roubaix (Le samouraï, Les lèvres rouges, Le vieux fusil), en accord avec un ton délicieusement feutré et luxueux, qui trouve sa quintessence dans des décors opulents (la propriété de Marguerite, siège de fêtes mémorables, cette boîte de nuit « SM kitsch », au thème vaguement antique, …), emplis du mobilier design de l’époque (cf. cette chambre à coucher au lit et oreillers gonflables, en caoutchouc transparent, assortis au reste de l’ameublement).
La forme du film est au diapason du luxe des décors, se révélant joliment sophistiquée (chic), toute en mouvements de caméra fluides (voire « cotonneux »), plans aériens (panoramas de la ville), top shots, légers zooms et « cadres dans le cadre » (image diffractée par des miroirs, jeux de réflexions, …). Une brillance formelle qui atteint son paroxysme avec cette superbe séquence où la respiration haletante de Marguerite (râles de plaisir) guide/induit des changements de point, focalisant alternativement la netteté sur le visage de l’actrice et un bouquet de fleurs blanches (en amorce droite cadre). Ce n’est que la moindre des qualités d’une œuvre qui s’avère élégante de bout en bout, sans fautes de goût (jusqu’aux nudités, amenées de façon subtile).
La sortie officielle de cette édition irréprochable (apanage de Cult Epics) est fixée dès demain (28 juin). Vous savez ce qu’il vous reste à faire… A vos comptes Amazon.com !