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J’aurais très bien pu me faire tatouer ton prénom. Non pas parce que je crois à l’amour éternel au point de me tatouer le prénom d’un mec, mais parce que quelque part c’est comme si tu m’avais marqué au fer rouge. Je porte ton empreinte dans ma chair et dans mon âme.
Nous sommes séparés depuis bientôt 8 mois, et pourtant tu es encore là, au fond de mon coeur et dans mon esprit. « Séparés », même ce mot est un mensonge, comment pourrait-on être séparés alors que nous n’avons jamais vraiment été ensemble ?
J’essaye d’apprendre à vivre sans toi. Sans ton regard sur moi, sans ton avis sur tout ce que je fais. Et telle une ado rebelle, je fais tout ce que tu détestes. Tu m’aimais avec les cheveux longs, je les ai coupés. Tu n’appréciais guère le maquillage, je joue tous les jours avec des couleurs. Tu me traitais de salope quand je parlais d’un mec, je collectionne les aventures…
Je fais tout pour me détacher de toi, de ton influence. Sauf que parfois, quand je rentre du travail et que je passe devant un miroir, je fonds en larmes.
Qui saura m’aimer aussi fort que tu le faisais ? Qui pourra m’aimer malgré mes défauts, malgré mes cicatrices ? Qui pourrait m’aimer alors que je me déteste ?
Je n’étais pas assez bien, pas assez parfaite, pas à la hauteur de tes espérances. Ce n’est pas comme si tu ne me l’avais jamais dit ou comme si tes actes avaient prouvé le contraire. Tu savais quoi dire pour me faire du mal, me blesser au plus profond de mon âme. Tes mots résonnent en moi, tous les jours.
Et surtout, tu l’as choisi elle. Elle, la fille banale, sans histoire, sans problème, malléable à souhait.
Et, moi, comme une conne, je suis restée, 8ans ! Huit putain d’annees ! J’ai tout encaissé : les insultes, les réflexions, les coups bas, les bizarreries, tes fantasmes à la con… Tout ça pour quoi ?
Aujourd’hui, je suis là. J’essaye d’apprendre à vivre sans toi, j’essaye de t’oublier, de me défaire de ton emprise. C’est un petit peu comme si je réapprenais à marcher : je fais deux pas puis je tombe, et là il faut se relever, tituber encore un peu avant de retomber. Petit à petit, je fais de plus en plus de pas. Un jour, peut-être que je ne tomberais plus. Un jour, peut-être que je laisserais quelqu’un m’aimer, peut-être même que moi je m’aimerais un peu.
Mais en attendant, je suis là à pleurer comme une conne, en espérant que tout cela me soulage un peu. Comme si pleurer arrangeait les choses.
J’aimerais dire qu’écrire me soulage mais les émotions sont à la fois si fortes et si confuses. Quand aurais-je enfin le courage de dire à quelqu’un tout ce à travers quoi je suis passée?
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(Un court poème d’Anne Archet – avant qu’elle ne s’appelle Anne Archet, vers 1998.)
Allez, avoue-le donc
Tu le veux
Han ?
Dis-le
Que tu le veux
Tu veux ses bras autour de toi
Qui t’enveloppent
Quand la nuit resserre son étreinte
Tu veux être accueillie par son sourire
Qui dissipe les ténèbres
Quand dans sa chambre tu le rejoins
Tu veux ses mains sur tes cuisses
Qui font chavirer tous tes sens
Quand elles se glissent sous ta jupe
Tu veux ses yeux dans les tiens
Qui te transpercent jusqu’à l’âme
Quand tu le renverses dans son lit
Tu veux baigner dans son parfum
Qui remplit chacun de tes soupirs
Quand ton corps se mêle au sien
Tu veux la courbe affolante de sa queue
Qui coulisse à l’intérieur de toi
Quand tu juges qu’il a été assez obéissant
Tu veux les clés de son cœur
Tu veux celles de sa ceinture de chasteté
Tu veux tenir sa laisse
Tenir le manche du fouet
Allez, avoue-le donc
Dis-le
Que tu le veux
Tu le veux
Han ?
Pfff
Tant pis pour toi
C’est ma chose
C’est mon jouet
Pas le tien
Il est à moi
Connasse
Les sextoys connectés ont envahi les plateformes de cam depuis deux ans. Facilement programmables, ils réagissent quand les tippers lâchent des tokens dans la room et permettent de créer une interaction plus forte entre les modèles et les utilisateurs. Deux sextoys tiennent le haut du panier dans cette bataille d’orgasmes : le OhMiBod Club Vibe qui réagit au son des tokens et ceux de la marque Lovense qui fonctionnent à l’aide d’une extension du navigateur.
Ces applications ont beau être très populaires, elles n’en sont pas moins décriées par les puristes qui soupçonnent les modèles d’en faire des caisses (c’est pas faux), voire de mentir sur les sensations qu’elles reçoivent (c’est moins vrai). La faute au OhMiBod et son système particulier qui réagit au son des tokens quand ils sont lâchés dans la room. Difficile dans ce cas-là de savoir une fois l’engin calé entre les cuisses s’il fonctionne réellement ou si la personne réagit seulement en fonction de ce qu’elle entend (et simule cette stimulation).
Autre souci sur Chaturbate, le son varie par tranche de tokens dépensés et n’a pas été pensé à l’origine pour ces sextoys, ce sont des développeurs qui ont adapté le système. Du coup, la différence de vibrations est peu sensible entre 1 token et 1000 tokens car elle ne varie que de 1 à 3 secondes. Assez frustrant par exemple quand vous venez de saigner votre PEL pour les beaux yeux d’une cam girl.
Pour pallier ce problème et rendre aux gros tippers la hauteur exacte de leur générosité, la cam girl Somnia Mia a développé une version personnalisée de son OhMiBod Club Live avec l’aide d’un ami progammeur. Ils ont remplacé le son de Chaturbate à la sortie de son ordinateur par un son maison qui dure jusqu’à 50 secondes et lui permet ainsi de jouir correctement de tout cet argent dépensé. Malin !
Niveau 1: 1-14 tokens = 1 seconde de vibrations
Niveau 2: 15-99 tokens= de 3 à 10 secondes
Niveau 3: 100-499 tokens= de 10 à 30 secondes
Niveau 4: 500-999 tokens= de 30 à 50 secondes de plaisir
1000+ tok = 50 secondes de pure plaisir
Somnia Mia ne donne pas les secrets de ce hacking mais elle se plaît à l’expliquer sur son site. Si vous êtes intéressé, on imagine que vous pouvez la contacter pour en savoir plus. Surtout qu’elle vient de lancer en plus un bot qui permet de répondre aux tips et rappeler le niveau de vibration, elle a appelé ce programme le OhMiBot (par contre impossible de retrouver sa trace sur Chaturbate).
Si on doit le succès de Chaturbate en grande partie avec ses applications et son côté un peu plus open-source que les autres plate-formes, Somnia Mia montre que tout est encore à faire et que souvent les utilisateurs sont en avance sur les plateformes – malheureusement plus occupées à compter leurs billets qu’à répondre aux attentes de leurs clients.
C’est l’instant anecdote autour d’un brin
De beuh de potes et d’bobards porn :
« Elle était d’l’air
L’hottest !
Ses boobs : l’Everest !
Du sol à 8000 mètres, et l’oxygène en masque
Plein la tête
(Oups, je spoile…).
Est-ce qu’elle m’effleure ? You bet !
Elle me ceinture
L’hôtesse
Et je jure : de ma tour ne plus être
Un contrôleur…
Ceinturé ? Non, menotté !
Gloups, miam, ho, ha,
Bim ! Qu’est-ce ?
De ma gardienne (et juste quelques)
Matopées.
Puis vient l’heure des paillettes.
Même en été
Au ciel il neige
Plein la tête ».
Reprise de contact avec LR.
Au moment d’écrire, j’ai comme une retenue. Écrire, oui.
Tellement de choses à dire et tellement l’habitude de ne pas les dire.
Ne pas les dire, mais les penser, et les garder.
À quoi bon ? Tout ce que je pourrai écrire ne changera pas la face du monde.
Écrire pour ne rien dire.
Choisir un sujet lisse ? polémique ?
Ne pas raconter sa vie, tout le monde se fout de savoir combien j’ai d’enfants.
Ne pas faire d’énumération des problèmes domestiques. Tout le monde en a. Tout le monde a envie d’autre chose.
Oui, il y a bien le sexisme, sujet inaltérable, toujours d’actualité… C’est vrai, c’est un sujet grave, il ne faut pas baisser la garde.
Ah, il y aurait bien aussi ce changement étonnant qui fait qu’en 1980 on pouvait faire du monokini en toute sérénité et que de nos jours on passe pour une provocatrice, ou une écervelée inconsciente…
Mais non, pas envie de me lancer là-dedans aujourd’hui.
Pour ces retrouvailles, je veux un sujet flamboyant, je veux un sujet punchy, cool, sympa, fin, truculent, agaçant, égayant, amusant, comique, désopilant, distractif, distrayant, divertissant, drôle, drolatique, pas ennuyeux, pas enquiquinant, hilarant, plaisant, poilant, récréatif, rigolo, sarcastique, et pourquoi pas informatif… LE Saint-Graal du sujet quoi.
Alors j’appelle Google, que rechercher ?
Le problème est grave.
Je veux écrire, je n’ai aucune inspiration, j’appelle Google, mais je n’ai aucune inspiration pour faire une recherche…
Suis-je en dépression ?
Finalement, je cherche.
Et je valide carrément la proposition de Google « écrire sur quel sujet » qui précède de peu l’option « écrire sur quelque chose », qui me paraît beaucoup moins pointue.
Il est vraiment phénoménal. En 0,57 seconde Google trouve « environ » 35 300 000 résultats à cette question à peine formulée.
Résultat 1
642 sur lesquels écrire
Mouais… bof, pas emballée
Résultat 2
Et vous, sur quoi écririez-vous ?
Oui, c’est intéressant, mais je ne trouve pas de réponse
Résultat 3
Comment écrire un article sur n’importe quel sujet
Non ! Je ne veux pas « n’importe quel sujet », je veux « LE » sujet
Je suis dépitée.
Après une demi-heure et 0,57 seconde de réflexion, ça patine.
Un article, ça se réfléchi, ça se muri, ça se relit. Déjà, ça part d’un sujet !
Non, c’est décidé, je n’écrirai rien aujourd’hui.
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FindFace est un service d’origine russe qui fait appel à la reconnaissance faciale pour relier des photographies d’inconnus à des profils sur les réseaux sociaux. En la dévoilant en février dernier, son équipe de développement a affirmé qu’il permettrait à ses utilisateurs de se faire de nouveaux amis. Leur invention a vite attiré l’attention du public et des médias, notamment grâce à l’histoire d’Andrei Mima. Le service de reconnaissance faciale a permis à ce développeur de retrouver la trace de deux jeunes femmes qu’il avait photographiées dans les rues de Saint Pétersbourg, six ans plus tôt.
Pas besoin d’être un spécialiste du web pour comprendre que FindFace pose problème. Pour le prouver, l’artiste Egor Tsetkov a photographié des utilisateurs du métro de Saint Pétersbourg et les a reliés à leur profil Vkontakte à l’aide de FindFace. “Les gens sont en train de perdre la liberté de faire quelque chose en public en étant sûr que personne ne le saura, a expliqué Tsetkov au site apparat.cc. C’est assez inquiétant.” A RuNet Echo, il a affirmé : “En théorie, ce service pourrait être utilisé par un tueur en série ou un collecteur à la recherche d’un mauvais payeur.”
Le photographe pensait bien faire. Mais trois jours après que son expérience a attiré l’attention des médias, FindFace a été pris d’assaut par une horde surgie d’un simili-4chan russophone baptisé Dvach. Ces internautes ont utilisé le service de reconnaissance faciale pour retrouver des actrices porno sur les réseaux sociaux et les harceler. Certains sont allés jusqu’à contacter les familles et amis des performeuses visées pour leur envoyer des photographies. Les victimes ne sont pas toujours des professionnelles du X, ni même des Russes : Dvach a également harcelé des étudiantes américaines.
Les responsables de cette opération violemment misogyne ont affirmé qu’ils étaient motivés par un sentiment “d’outrage moral” vis-à-vis de la pornographie. Le fondateur de FindFace ne s’est pas montré très alarmé : dans une interview pour le magazine en ligne TJournal, Maxim Perlin a affirmé qu’il ne pouvait rien faire pour éviter le harcèlement. Il a néanmoins expliqué son entreprise “faisait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les utilisateurs de Vkontakte contre des actes malveillants.” Le réseau social s’est également mobilisé contre les sbires de Dvach en fermant tous les forums liés à leur campagne haineuse.
L’Internet est encore loin d’être sûr pour les femmes – et tout particulièrement pour les actrices porno.
Projection de courts-métrages et débats à Nice à l'initiative de notre délégation des Alpes-Maritimes ! Destinée à tous les citoyenNEs sensibles à l'urgence de réagir face aux violences faites aux femmes, cette soirée a pour ambition de réfléchir, partager et échanger entre partenaires de tous horizons.
Infos pratiques27 avril de 19h30 à 21h30
Court-Circuit Café, 4 rue Vernier à Nice
Si vous pensez qu'il y a un besoin d'éveiller les consciences des citoyens et des citoyennes à l'urgence de réagir sans concession aux violences faites aux femmes...
Si vous pensez que ces violences se fondent sur les mêmes racines : domination patriarcale, dévalorisation de la femme, éducation sexiste et sexualisante, mise à la disposition des hommes de la sexualité des femmes, de leur fécondité, de leur travail domestique, de leur travail en entreprise, ...
Si vous pensez qu'il faut sensibiliser à la correspondance des racines de toutes les violences faites aux femmes par un travail avec des partenaires associatifs d'horizons diversifiés ...
Venez en discuter le mercredi 27 avril de 19h30 à 21h30 au Court-Circuit Café de Nice (4 rue Vernier à Nice) pour développer une réflexion citoyenne sur toutes les violences faites aux femmes : injonctions culturelles, traite, violences et viol conjugal, lesbophobie, prostitution, inégalité de genre, ...
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Punition : 4 coups de cravache pour avoir dit dans la voiture à 16 heures de l’après-midi que le matin même, alors que Maître usait de mon corps, j’étais dans un tel état d’excitation que j’ai ressenti l’envie et le besoin de me faire sodomiser et pourtant j’ai caché cet état à mon Maître ce qui est inadmissible…
Aujourd’hui, je voudrais parler de mes premiers souvenirs signalant, selon moi, mon inclinaison vers l’univers de la D/S. En fait, je me souviens qu’enfant déjà, lorsque je jouais aux cow-boys et aux indiens, gendarmes et voleurs, le camp auquel j’appartenais m’importait peu, ce que je voulais c’est être la prisonnière (hihihi). Ensuite, vers l’âge de 12/13 ans, l’âge où s’éveille la sensualité, les rêveries amoureuses et même certains fantasmes, j’ai découvert dans la bibliothèque maternelle toute la série d’Anne et Serge Golon : Angélique.
Ce fut une véritable découverte, un bonheur renouvelé des centaines de fois car je les ai lus, lus et relus toute mon adolescence. Le prince charmant devenait pour moi un homme sombre et balafré si protecteur et évidement autoritaire, le summum de l’existence étant d’être vendue comme esclave dans un magnifique harem, je voulais moi aussi être prisonnière, captive, enchaînée et même fouettée (bon, cette partie-là est plus de l’ordre du fantasme car j’ai déjà du mal avec la cravache) et surtout amoureuse d’un Prince Sombre et Impressionnant…
La seconde étape fut l’entrée d’internet dans les foyers, j’avais toujours ces fantasmes étranges dont je n’osais parler à personne mais je suis extrêmement curieuse alors certains soirs, lorsque les enfants dormaient et que mon ex-mari partait travailler, je cherchais, fouillais sur Internet et je suis tombée sur le site Laïka (jeune-soumise.net). Ce fut le point de départ, je pouvais enfin mettre des mots sur ce que je ressentais, c’était toujours pour moi de l’ordre du fantasme et de l’impossible mais j’avais des références, je faisais mon cheminement, je savais (enfin) qui j’étais ou qui j’aurais voulu être. Bien évidemment ma réalité était bien éloignée de tout cela, un époux macho, destructeur qui était en train de me faire plonger vers le néant et toutes les conséquences que cela entrainait.
Heureusement mon Prince Sombre veillait, Il m’a sorti de là et…
Cet article 27 Avril 2016 est apparu en premier sur La Part De L'Ombre.
L’utérus sur le devant de la scène Plus médicalisé que son voisin le vagin, déjà objet de monologues [1] depuis un certain temps, moins contestataire que son ami le clito, l’utérus est cet hôte qui fait directement penser à la maternité et qu’on ne présente plus. Et pourtant, hors du domaine scientifique, il reste tabou,...
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http://www.dialogai.org/actualites/2016/04/agression-homophobe-a-geneve/|Yves-Olivier Magerl, patron du Nathan, à Genève, raconte une agression homophobe survenue récemment à la fermeture du bar. Ce type d’incident, exceptionnel depuis l’ouverture de l’établissement il y a un an, l’est en revanche beaucoup moins dans la vie des jeunes homos à Genève, constate-t-il. «Il y a quelques mois, un client à qui je demandais s’il ne rencontrait jamais de problèmes m’expliquait: ‘J’ai toujours un couteau sur moi. Si quelqu’un m’emmerde, je le sors et ça le calme tout de suite…’ Telle doit-être la vie d’un jeune homosexuel de 20 ans aujourd’hui à Genève?»
Et de déplorer un certain retour à l’invisibilité, dicté par le besoin de sécurité. «Après des décennies de lutte pour l’égalité et notre reconnaissance, nous devons à nouveau nous renier pour éviter tout problème. Toujours moins gays, toujours plus uniformes», écrit-il sur Facebook.
Le témoignage d’Yves-Olivier est retranscrit sur le site de Dialogai. L’association y rappelle la marche à suivre et tous les contacts en cas d’agression.
Aujourd’hui, il faut s’occuper de son bien-être et de son épanouissement sexuel. Mais c’est dur. Des coachs proposent leur expertise. Ils veulent nous aider à «faire l’expérience de l’éveil à la sensualité». Méfiance.
«Vous êtes accro à la salle de sport ? Vous ne comptez plus les moutons mais vos calories pour vous endormir ? Vous vous sentez coupable de ne pas être suffisamment heureux, et ce malgré tous vos efforts ? Alors vous souffrez sûrement du syndrome du bien-être.» Dans un essai fracassant – Le Syndrome du bien-être –, le suédois Carl Cederström (enseignant chercheur à la Stockholm Business School) et l’anglais André Spicer (professeur à la Cass Business School de Londres) démontrent comment la recherche du bien-être optimal, loin de produire les effets bénéfiques, génère de l’angoisse, rend frustré et participe du repli sur soi. Leur analyse s’appuie sur des centaines d’études de cas : cela va des femmes au foyer obsédées par la nutrition aux datasexuels qui enregistrent leur «activité sexuelle», sur un agenda mentionnant la durée, l’intensité et le nombre de calories dépensées par séance. Les gens qui convertissent leurs performances en chiffres, puis qui les passent au crible de comparateurs, sont-ils plus «beaux» ou plus «actifs» ? Peut-être. Sont-ils plus heureux ? Non.
La bonne santé (y compris sexuelle) comme impératif moral
L’idée même de contrôler sa sexualité est incompatible avec elle, expliquent les deux chercheurs qui dénoncent les effets pervers de la «biomorale», un terme estampillé par la philosophe slovénienne Alenka Zupancic : «La biomorale désigne à proprement parler l’obligation d’être heureux et en bonne santé, une idée qui n’est pas sans rappeler les préceptes du développement personnel.» Cette injonction au bonheur est pernicieuse, disent-ils, parce qu’elle revêt une dimension vertueuse, voire moralisatrice, qui dénature totalement notre rapport au plaisir. «Le registre moral est présent dans notre vie de tous les jours à travers le choix des plats que nous mangeons, des vêtements que nous portons, des pratiques sexuelles auxquelles nous nous livrons. Toutes ces activités ordinaires sont passées au crible du bien et du mal, et attirent l’attention croissante de l’opinion publique en raison de l’effacement de la frontière entre vie privée et vie publique».
«Être quelqu’un de bien, ce n’est plus humilier ce corps voué au péché…»
S’il fallait schématiser, on pourrait parler d’un avant et d’un après : avant, il y avait la figure punitive du père, incarnée par le prêtre ou le juge, porteuse d’interdits. Maintenant, il y a la figure incitative du coach, «qui nous enjoint de prendre du plaisir, d’exprimer notre créativité et de saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous pour jouir de la vie». Le problème avec le coach, c’est qu’il vise l’obtention de résultats concrets. Pour y parvenir, le coach prétend «libérer notre moi profond», trouver «l’expert qui sommeille en nous», nous «aider à réaliser notre potentiel», etc. «L’idée que chacun de nous possède un potentiel inexploité peut paraître séduisante de prime abord, tout comme celle du perfectionnement de soi qui permettrait de s’enrichir, tant sur le plan émotionnel que spirituel. Il y a néanmoins de bonnes raisons de rester sceptique vis-à-vis de telles promesses». Il s’avère en effet que le discours du coach est hautement anxiogène.
… c’est être «bien dans ma peau, bien dans mon corps»
Le coach encourage son client à ne pas chercher le bonheur en dehors de lui, mais à le trouver au fond de lui-même. «Il s’agit ni plus ni moins de faire comprendre à son client qu’il est non seulement responsable de sa propre vie, mais aussi de son propre bonheur. Le revers de la médaille est que celui-ci doit dorénavant se sentir coupable chaque fois qu’un problème survient dans sa vie : rupture amoureuse, perte d’emploi ou maladie grave. Accéder au bonheur relèverait donc d’un choix : le nôtre, et, par extension, engagerait notre responsabilité. Parce qu’elle comporte de déplaisant, une telle prise de conscience ne peut que faire naître un sentiment d’intense anxiété chez l’individu […] ce jeu devient particulièrement inhumain dès lors qu’il s’agit de «faire comprendre» à la personne coachée que la seule barrière réelle qui la sépare de ses fantasmes, c’est elle».
La culpabilisation des récalcitrants : un des grands axes des politiques publiques
Au lieu d’aider ses clients, le coach les culpabilise : si vous êtes gros, moche, célibataire, «c’est votre choix». Il est d’ailleurs significatif que, dans certaines agences d’aide à la recherche d’emploi, les conseillers tiennent le même discours. Si vous êtes chômeur, «c’est votre choix». «Ce basculement contribue à rejeter tous les problèmes d’ordre structurel sur l’individu. Si vous n’arrivez pas à trouver un emploi, ce n’est pas à cause de la situation économique ou d’un quelconque facteur extérieur. C’est simplement que vous vous obstinez à chercher au mauvais endroit.» En Grande Bretagne, les agences JobCentre (l’équivalent de PoleEmploi) ont ainsi mis au point un véritable système d’intoxication idéologique : les demandeurs d’emploi sont priés «de ne pas se laisser envahir par des pensées négatives (en évitant par exemple d’accorder de l’importance à l’actualité).» Ils doivent en outre «bannir certains mots de leur vocabulaire, comme «chômeurs» ou «sans-emploi», au profit d’autres expressions plus positives mettant l’accent sur leur totale liberté d’action».
Sexualité aseptisée et soft-spiritualité : plus suave tu t’écœures
Cette tendance orwelienne de la société est extrêmement insidieuse. Elle envahit tous les domaines de l’activité humaine, mélangeant sexualité «ludique» et spiritualité «safe» sur fond d’«objectif bien-être». Les professeurs de yoga nous invitent à trouver la paix intérieure, des experts en massage anal proposent «un voyage sensoriel», des shamans body positive veulent nous reconnecter au cosmos «par l’activation d’énergies secrètes» et les patrons d’entreprise investissent dans des salles de sport (ou de méditation-détente), allant jusqu’à créer des «programmes de suivi du bien-être» de leurs employés… avec des sanctions à la clé. Aux Etats-Unis, ainsi qu’Hubert Guillaud, le révèle dans un article plus qu’inquiétant datant de 2014, certaines compagnies imposent à leurs salariés le port d’un Fitbit (un capteur de rythme cardiaque et d’effort) pour les encourager à faire du sport, allant jusqu’à licencier les contestataires. Pourquoi ? Parce que certaines mutuelles de santé proposent des remises en échange de l’accès aux données enregistrées par les capteurs.
La logique néolibérale cachée derrière l’incitation à jouir
«Le bien-être n’apparaît plus comme un idéal auquel nous pouvons librement choisir d’aspirer, mais comme un impératif», s’insurgent Carl Cederström et André Spicer qui dénoncent les dessous de l’affaire : l’idéal du bien-être n’est à leurs yeux rien d’autre qu’une nouvelle imposture idéologique. Cette doctrine qui prône, en apparence, l’amélioration de nos vies produit tout le contraire : un régime de surveillance autoritaire, angoissant, déprimant et d’autant plus nocif qu’il se nourrit des discours les plus «cools», ceux qui nous incitent à préparer notre pain nous-même parce que «ça rend zen» ou à tenter l’expérience d’une très belle connection des shakra parce que «c’est sensuel». Ces discours-là, qui ne concernaient autrefois que des communautés hippies, participent maintenant «d’une mutation plus générale dans la société contemporaine, où être responsable de ses actes et développer tout son potentiel s’inscrit dans la logique du néolibéralisme. De même qu’arrêter de fumer ne relève plus d’un choix à court terme pour faire des économies ou augmenter son espérance de vie, mais d’une stratégie pour accroître sa valeur sur le marché du travail».
Quand le désir de transformation de soi remplace la volonté de changement social…
Mais les deux chercheurs vont plus loin encore dans leur analyse et c’est en cela que leur ouvrage Le Syndrome du bien-être se révèle le plus intéressant : ils y développent une hypothèse qui prend, à la lumière de l’actualité, une dimension troublante. «Ayant perdu la foi dans les hommes politiques et les hommes d’Église, nous nous tournons avec d’autant plus de ferveur vers […] les nutritionnistes pour trouver des réponses à nos questions existentielles.» Leur hypothèse c’est qu’à défaut de changer le monde, nous voulons juste changer nous-même. Est-ce une forme de renoncement désabusé ? Un repli égoïste ou désespéré ? Une politique de l’autruche ? «Obnubilés par notre bien-être», serions-nous devenus des nihilistes passifs, tels que les décrit Simon Critchley : «Plutôt que d’agir dans le monde et d’essayer de le transformer, le nihiliste passif se focalise simplement sur lui-même, ses plaisirs et projets particuliers, pour se perfectionner, que ce soit par la découverte de l’enfant qui sommeille en lui, la manipulation de pyramides, l’écriture d’essais à la tonalité dépressive, la pratique du yoga, l’ornithologie ou la botanique».
Que celui qui n’a jamais pris un smoothie bio nous jette la première pierre
Il est difficile de ne pas se sentir concerné par cette description. Nous sommes tous et toutes désireux de vivre en harmonie avec notre corps. Et voilà que cet essai – Le Syndrome du bien-être – vient nous dire que ce désir non seulement est vain mais mortifère, parce qu’il s’inscrit dans un contexte moral (de stigmatisation des gens qui ne prennent pas soin de leur corps) et économique (d’exploitation ultralibérale des ressources humaines). Pour ses deux auteurs, il faut se méfier de l’expression «bien-être», parce que «la pensée positive empêche tout véritable discours critique d’exister». «Pour le dire autrement, il y a de fortes chances que le repli sur soi et le surinvestissement du corps soient en passe de devenir des solutions séduisantes et auxquelles de plus en plus de gens ont recours pour ne plus avoir à se préoccuper du monde qui les entoure».
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CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES. Première partie : «Six applis pour suivre son activité sexuelle» ; deuxième : «Datasexuels, les obsédés de la performance» et dernière : La méditation clitoridienne rend-elle heureux ?
A LIRE : Le Syndrome du bien-être, de Carl Cederström et André Spicer, L’Echappée, 2016.
RENCONTRE-DEBAT AVEC LES AUTEURS : jeudi 28 avril 2016, à 19h30. Quilombo Boutique-Librairie : 23 rue Voltaire, Paris. Métro Rue de Boulets, Nation ou Alexandre Dumas.