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C'est dans ses nouveaux locaux que Le Planning Familial a dévoilé le palmarès du concours d'affiches "Créatives et créatifs pour les droits".
Vendredi 24 avril, Le Planning Familial a organisé une soirée pour inaugurer ses locaux fraîchement rénovés, en présence d'adhérents-es, de militants-es et de partenaires associatifs et institutionnels. Ce moment festif fut l’occasion d’évoquer l’avenir du Mouvement et les objectifs qui lui tiennent à coeur pour les années à venir. L'accent a notamment été mis sur l'engagement des jeunes, un axe prioritaire pour l'association.
Lundi 27 Avril 2015
Bd-Adultes, la librairie de BD érotique en ligne by La Musardine, poursuit sa politique de vente multiformat en agrégeant à son catalogue le contenu numérique des éditions Tabou ! 50 nouveaux titres sont désormais disponibles au format PDF, parmi lesquels les plus grands succès de l’éditeur : Cendrillon, Mélonie Sweet, Mara, Les Aphrodites… L’occasion pour les lecteurs de découvrir un catalogue riche et varié à moindre coût, puisque ces titres sont vendus en moyenne 30% moins cher que leur équivalent physique.
BD-Adultes poursuit ses discussions avec les éditeurs francophones et accueillera très prochainement de nouveaux catalogues BD.
Découvrir le catalogue Tabou sur BD-Adultes : http://bd-adultes.com/collection/tabou/
Certains souvenirs nous hantent. Ce sont des fantômes qui reviennent la nuit. Dans Théorème de l’assassinat, le romancier-poète Jean Streff explore le lien entre souvenirs traumatiques et rédemption, souffrance et masturbation.
«Toute exaction doit être exacte.
Comme l’horloge parlante,
dont je compose le numéro la nuit,
seul dans ma chambre,
pour entendre une voix».
Dans un roman constitué de cut-up, Jean Streff –auteur de nombreux ouvrages consacrés au SM (Le masochisme au cinéma)– déroule la trame obsessionnelle d’un fantasme de meurtre. Beaucoup d’enfants ont leurs premiers émois face à des photos de prédateurs, de cadavre ou de torture. D’autres se masturbent sur le souvenir qui les a traumatisé, pour en convertir positivement l’influence. Ce qui n’est pas sans rappeler l’usage que font certains mystiques des images représentant le Christ ensanglanté… Le héros du roman de Jean Streff leur ressemble. C’est un nabot qui médite. Enroulé dans «la couverture bleue ciel de son lit», comme dans le suaire de son enfance martyrisée, il rêvasse en contemplant le plafond de sa chambre et ses yeux y découvrent une faille jusqu’ici invisible. Des visions de fin de monde, de suicides et de meurtres alternent alors, au fil d’une poétique errance dans les méandres du cerveau.
«Combien d’années m’éloignent de la vision crépusculaire de cette foule grouillante qui désormais hurle chaque nuit dans mes rêves d’insectes rampants, […] d’enfants allaités par des femmes avortées, dont l’entrejambe cicatriciel coule encore du sang d’un immonde désastre».
Le nabot rêve de se planter un jour sur le trottoir d’une avenue, et debout au milieu d’un cerceau qui lui a offert sa maman quand il avait cinq ans (le même cerceau, mais en flammes, à travers lequel on demande aux lions de sauter dans les cirques), il rêve qu’il brandira une arbalète, à moins qu’il ne s’agisse d’un fusil-mitrailleur, face à la foule. Seul face à la foule comme le lion dans son arène circulaire et sans issue… Nous sommes tous enfermés dans ce cirque, comme les premiers saints, seuls à devoir affronter nos peurs.
«Au milieu d’un cordage faisant cercle sur le sol,
les jambes écartées, je tire sur cette foule compacte.
Les fantômes avancent vers moi.
En rangs serrés, ils marchent vers moi.
Cette foule hideuse, immonde,
sur laquelle je tire sans cesse,
abandonné dans le cercle de mon agonie.
[…] jusqu’à l’épuisement des chargeurs de ma mitraillette,
jusqu’à ce qu’ils m’assaillent à gauche,
tandis que les ultimes balles sifflent à droite,
jusqu’à ce qu’ils me piétinent,
m’éventrent, me lacèrent, m’écorchent vif».
Cette marée de fantômes sur laquelle il tire, «jusqu’à la fin des hommes et du temps» finit toujours par le déborder. Alors le nabot rêve qu’on lui retire sa peau. Le voilà écorché, tel un Christ abandonnant la chrysalide de son suaire derrière lui. Il ne reste dans la tombe qu’un tas de tissu (Evangile de Jean XX, 5-8 ; Evangile de Luc XXIV, 12) car, ainsi que l’écrit Thomas d’Aquin (qui cite l’Epître de Paul aux Philippiens) : Jésus a transformé «le corps de notre misère en corps de sa gloire», invitant les humains à suivre son exemple. Comme lui, nous devons nous transfigurer. Faut-il y voir un lien avec ces fantômes que la tradition populaire affuble d’un drap blanc ?
Dans un article intitulé «La peau du mort», l’anthropologue et philosophe Christine Bergé se penche sur toutes les enveloppes symboliques qui figurent, en Occident, les «revenant». Le Christ est le premier des revenants chrétiens, dit-elle, ce qui explique probablement pourquoi, sur son modèle, les morts reviennent drapés dans un tissu blanc qui semble flotter sur du vide. Ces tissus «manifestent un même travail psychique de cicatrisation : celui des endeuillés sécrétant à leur insu une sorte de “peau commune“ qui les relierait aux absents. Ainsi naissent ces enveloppes symboliques qui rendent la mort acceptable en tissant des formes de “vie“ intermédiaire.» Ainsi naissent également, dans «Théorème de l’assassinat», ces visions flottantes en lambeaux qui parlent de cicatrices semblables à des sexes. Elles sont autant de failles à sonder, toucher du doigt ou embrasser, afin qu’à travers elle une forme de réconciliation avec la souffrance puisse avoir lieu. Dans son roman, le nabot va à l’Eglise Sainte-Madeleine, pour y accomplir, toujours, le même rituel :
«Je m’agenouillais sur un prie-dieu devant l’effigie du fils sur la croix. Je le suppliais de me guérir […] :
— Aidez-moi, Seigneur, à discerner le bien du mal.
[…] Ou encore :
— Faîtes-moi mourir en criant mon amour à celle qui n’est jamais venue.
À la fin des oraisons, je sortais le couteau à cran d’arrêt de ma poche, en faisais jaillir la lame et la plantais dans la tunique du Christ. Cela me faisait rire à chaque fois quand je quittais le lieu saint. Avec mon couteau jaillissant de son bas ventre, on aurait pu croire que le fils de l’homme bandait».
Jésus Christ n’en finit jamais d’être percé et, en retour, de bander dans les textes qui parlent de ses apparitions. La première fois qu’il revient sur terre, les Evangiles disent qu’il dévoile ses blessures et demande à être «touché». Le plus célèbre tableau de cette scène représente une forme de pénétration. Saint Thomas enfonce deux doigts dans la plaie béante du Seigneur, plaie curieusement semblable à un oeil crevé. «C’est bien moi [dit Jésus], touchez-moi et constatez, car un esprit n’a ni chair ni os» [Luc, XXIV, 39]. Priant ses condisciples d’entrer en contact avec lui, l’apparition affirme : «Je ne suis pas un trompe-l’oeil». C’est yeux fermés qu’il faut aller vers lui. Christine Bergé cite, à ce propos, la mystique Angele de Foligno (1248-1309), qui, «le regard saturé des images du Christ en blessures, ferme les yeux et attend la rencontre». Les visions de cette sainte ont donc lieu sous ses paupières closes…
«J’étais debout dans la prière, dit-elle, le Christ se montra à moi et me donna de lui une image plus profonde. Je ne dormais pas. Il m’appela et me dit de poser mes lèvres sur la plaie de son côté. Il me sembla que j’appuyais mes lèvres, et que je buvais du sang, et dans ce sang encore chaud, je compris que j’étais lavée».
Christine Bergé commente : «Entre la vision corporelle et la vision intellectuelle, saint Augustin avait placé la vision spirituelle (imaginatio). C’est celle-ci que développent les mystiques, afin de percer le stade de l’image-miroir (['imago) jusqu’à venir toucher la chose même. Comme l’a montré Jean-Claude Schmitt [2002] l’image médiévale n’est pas une surface, elle est à la fois contact et profondeur. Elle garde quelque chose d’une magique appartenance, puisque la similitude qu’elle partage avec l’objet présenté est une façon de faire corps avec lui. L’image est donc bien plus qu’un support ; elle est un chemin dans lequel on entre par la voie de la méditation. Ce qu’on entend par le terme de méditation recouvre en grande partie une pédagogie du regard, elle-même reliée à une mise en condition corporelle qui vise à décentrer les sens de leur objet ordinaire. Focaliser le regard sur un être unique, opérer une forme de fixation hypnotique jusqu’à vivre la fusion avec l’objet regardé, c’est une prémisse ordinaire aux dévotions. L’exercice permet de se sentir progressivement “envahi par une présence vivante“ [Schmitt] ».
L’ardeur avec laquelle certains mystiques méditent semble d’ailleurs très proche de ces moment d’effusion au cours desquels nous nous plongeons tout entier dans ce qui nous fait peur et mal pour en tirer du plaisir. La vision de la souffrance devient alors source de délectation. C’est le propre du SM. A ce sujet, il est troublant de lire ces mots d’Angele de Foligno, qui explique à quel point elle guette la présence de Jésus, tendue vers lui. «J’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide et de méditer plus efficacement», dit-elle, exaltée à l’idée de pouvoir non seulement voir sa «vision», mais aussi l’entendre, la goûter et la ressentir. Pour cela, la mystique contemple d’abord longuement des images de Jésus en croix, agonisant. Cette «contemplation des images, jointe aux “persévérances de la prière“ [Foligno], est ouverture au voyage de l’âme», explique Christine Bergé. Le monde disparaît dans le point de fuite hypnotique ; au-delà de l’image-écran vient un lieu dans lequel le corps et l’esprit se perdent et rapportent d’autres images : “Je vois ses yeux ; je vois sa face miséricordieuse ; il embrasse mon âme, il la serre contre lui, il la serre d’un embrassement immensément serré“ [Foligno]. Mots qui entrent en résonance étrange avec ceux de Jean Streff, lorsqu’il décrit, par les yeux du nabot, le spectacle d’humains qui meurent, «en vaine lutte contre une fin programmée» :
«J’étais serein, calme, apaisé, merveilleusement bien. J’aurais voulu que jamais cet anéantissement ne cessât. […] Seule une infinie passivité peut engendrer l’envie, plutôt le besoin, ce besoin infini. Comme si ma vie n’avait tendu qu’à cet accomplissement».
A LIRE : «Théorème de l’assassinat», de Jean Streff, éditions Les Ames d’Atala. Enrichi de 10 magnifiques dessins de Richard Laillier (pierre noire et gomme magique).
Vous pouvez à présent trouver l’ouvrage dans de très nombreuses librairies en France, et notamment à Paris, à La Musardine (122 rue du chemin vert), au Regard Moderne (10 rue Gît-le-coeur) et à la librairie La Friche (36 rue Léon Frot). Ou le commander directement à l’éditeur : Les Ames d’Atala <zamdatala@hotmail.com>
A LIRE EGALEMENT : «La peau du mort : enveloppes, écrans, ectoplasmes», de Christine Bergé, dans Ethnologie française, spécial « Voix visions, apparitions » (Octobre-Décembre 2003). Publié par: Presses Universitaires de France
ILLUSTRATIONS : Richard Laillier (pierre noire et gomme magique).
Certains souvenirs nous hantent. Ce sont des fantômes qui reviennent la nuit. Dans Théorème de l’assassinat, le romancier-poète Jean Streff explore le lien entre souvenirs traumatiques et rédemption, souffrance et masturbation.
«Toute exaction doit être exacte.
Comme l’horloge parlante,
dont je compose le numéro la nuit,
seul dans ma chambre,
pour entendre une voix».
Dans un roman constitué de cut-up, Jean Streff –auteur de nombreux ouvrages consacrés au SM (Le masochisme au cinéma)– déroule la trame obsessionnelle d’un fantasme de meurtre. Beaucoup d’enfants ont leurs premiers émois face à des photos de prédateurs, de cadavre ou de torture. D’autres se masturbent sur le souvenir qui les a traumatisé, pour en convertir positivement l’influence. Ce qui n’est pas sans rappeler l’usage que font certains mystiques des images représentant le Christ ensanglanté… Le héros du roman de Jean Streff leur ressemble. C’est un nabot qui médite. Enroulé dans «la couverture bleue ciel de son lit», comme dans le suaire de son enfance martyrisée, il rêvasse en contemplant le plafond de sa chambre et ses yeux y découvrent une faille jusqu’ici invisible. Des visions de fin de monde, de suicides et de meurtres alternent alors, au fil d’une poétique errance dans les méandres du cerveau.
«Combien d’années m’éloignent de la vision crépusculaire de cette foule grouillante qui désormais hurle chaque nuit dans mes rêves d’insectes rampants, […] d’enfants allaités par des femmes avortées, dont l’entrejambe cicatriciel coule encore du sang d’un immonde désastre».
Le nabot rêve de se planter un jour sur le trottoir d’une avenue, et debout au milieu d’un cerceau qui lui a offert sa maman quand il avait cinq ans (le même cerceau, mais en flammes, à travers lequel on demande aux lions de sauter dans les cirques), il rêve qu’il brandira une arbalète, à moins qu’il ne s’agisse d’un fusil-mitrailleur, face à la foule. Seul face à la foule comme le lion dans son arène circulaire et sans issue… Nous sommes tous enfermés dans ce cirque, comme les premiers saints, seuls à devoir affronter nos peurs.
«Au milieu d’un cordage faisant cercle sur le sol,
les jambes écartées, je tire sur cette foule compacte.
Les fantômes avancent vers moi.
En rangs serrés, ils marchent vers moi.
Cette foule hideuse, immonde,
sur laquelle je tire sans cesse,
abandonné dans le cercle de mon agonie.
[…] jusqu’à l’épuisement des chargeurs de ma mitraillette,
jusqu’à ce qu’ils m’assaillent à gauche,
tandis que les ultimes balles sifflent à droite,
jusqu’à ce qu’ils me piétinent,
m’éventrent, me lacèrent, m’écorchent vif».
Cette marée de fantômes sur laquelle il tire, «jusqu’à la fin des hommes et du temps» finit toujours par le déborder. Alors le nabot rêve qu’on lui retire sa peau. Le voilà écorché, tel un Christ abandonnant la chrysalide de son suaire derrière lui. Il ne reste dans la tombe qu’un tas de tissu (Evangile de Jean XX, 5-8 ; Evangile de Luc XXIV, 12) car, ainsi que l’écrit Thomas d’Aquin (qui cite l’Epître de Paul aux Philippiens) : Jésus a transformé «le corps de notre misère en corps de sa gloire», invitant les humains à suivre son exemple. Comme lui, nous devons nous transfigurer. Faut-il y voir un lien avec ces fantômes que la tradition populaire affuble d’un drap blanc ?
Dans un article intitulé «La peau du mort», l’anthropologue et philosophe Christine Bergé se penche sur toutes les enveloppes symboliques qui figurent, en Occident, les «revenant». Le Christ est le premier des revenants chrétiens, dit-elle, ce qui explique probablement pourquoi, sur son modèle, les morts reviennent drapés dans un tissu blanc qui semble flotter sur du vide. Ces tissus «manifestent un même travail psychique de cicatrisation : celui des endeuillés sécrétant à leur insu une sorte de “peau commune“ qui les relierait aux absents. Ainsi naissent ces enveloppes symboliques qui rendent la mort acceptable en tissant des formes de “vie“ intermédiaire.» Ainsi naissent également, dans «Théorème de l’assassinat», ces visions flottantes en lambeaux qui parlent de cicatrices semblables à des sexes. Elles sont autant de failles à sonder, toucher du doigt ou embrasser, afin qu’à travers elle une forme de réconciliation avec la souffrance puisse avoir lieu. Dans son roman, le nabot va à l’Eglise Sainte-Madeleine, pour y accomplir, toujours, le même rituel :
«Je m’agenouillais sur un prie-dieu devant l’effigie du fils sur la croix. Je le suppliais de me guérir […] :
— Aidez-moi, Seigneur, à discerner le bien du mal.
[…] Ou encore :
— Faîtes-moi mourir en criant mon amour à celle qui n’est jamais venue.
À la fin des oraisons, je sortais le couteau à cran d’arrêt de ma poche, en faisais jaillir la lame et la plantais dans la tunique du Christ. Cela me faisait rire à chaque fois quand je quittais le lieu saint. Avec mon couteau jaillissant de son bas ventre, on aurait pu croire que le fils de l’homme bandait».
Jésus Christ n’en finit jamais d’être percé et, en retour, de bander dans les textes qui parlent de ses apparitions. La première fois qu’il revient sur terre, les Evangiles disent qu’il dévoile ses blessures et demande à être «touché». Le plus célèbre tableau de cette scène représente une forme de pénétration. Saint Thomas enfonce deux doigts dans la plaie béante du Seigneur, plaie curieusement semblable à un oeil crevé. «C’est bien moi [dit Jésus], touchez-moi et constatez, car un esprit n’a ni chair ni os» [Luc, XXIV, 39]. Priant ses condisciples d’entrer en contact avec lui, l’apparition affirme : «Je ne suis pas un trompe-l’oeil». C’est yeux fermés qu’il faut aller vers lui. Christine Bergé cite, à ce propos, la mystique Angele de Foligno (1248-1309), qui, «le regard saturé des images du Christ en blessures, ferme les yeux et attend la rencontre». Les visions de cette sainte ont donc lieu sous ses paupières closes…
«J’étais debout dans la prière, dit-elle, le Christ se montra à moi et me donna de lui une image plus profonde. Je ne dormais pas. Il m’appela et me dit de poser mes lèvres sur la plaie de son côté. Il me sembla que j’appuyais mes lèvres, et que je buvais du sang, et dans ce sang encore chaud, je compris que j’étais lavée».
Christine Bergé commente : «Entre la vision corporelle et la vision intellectuelle, saint Augustin avait placé la vision spirituelle (imaginatio). C’est celle-ci que développent les mystiques, afin de percer le stade de l’image-miroir (['imago) jusqu’à venir toucher la chose même. Comme l’a montré Jean-Claude Schmitt [2002] l’image médiévale n’est pas une surface, elle est à la fois contact et profondeur. Elle garde quelque chose d’une magique appartenance, puisque la similitude qu’elle partage avec l’objet présenté est une façon de faire corps avec lui. L’image est donc bien plus qu’un support ; elle est un chemin dans lequel on entre par la voie de la méditation. Ce qu’on entend par le terme de méditation recouvre en grande partie une pédagogie du regard, elle-même reliée à une mise en condition corporelle qui vise à décentrer les sens de leur objet ordinaire. Focaliser le regard sur un être unique, opérer une forme de fixation hypnotique jusqu’à vivre la fusion avec l’objet regardé, c’est une prémisse ordinaire aux dévotions. L’exercice permet de se sentir progressivement “envahi par une présence vivante“ [Schmitt] ».
L’ardeur avec laquelle certains mystiques méditent semble d’ailleurs très proche de ces moment d’effusion au cours desquels nous nous plongeons tout entier dans ce qui nous fait peur et mal pour en tirer du plaisir. La vision de la souffrance devient alors source de délectation. C’est le propre du SM. A ce sujet, il est troublant de lire ces mots d’Angele de Foligno, qui explique à quel point elle guette la présence de Jésus, tendue vers lui. «J’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide et de méditer plus efficacement», dit-elle, exaltée à l’idée de pouvoir non seulement voir sa «vision», mais aussi l’entendre, la goûter et la ressentir. Pour cela, la mystique contemple d’abord longuement des images de Jésus en croix, agonisant. Cette «contemplation des images, jointe aux “persévérances de la prière“ [Foligno], est ouverture au voyage de l’âme», explique Christine Bergé. Le monde disparaît dans le point de fuite hypnotique ; au-delà de l’image-écran vient un lieu dans lequel le corps et l’esprit se perdent et rapportent d’autres images : “Je vois ses yeux ; je vois sa face miséricordieuse ; il embrasse mon âme, il la serre contre lui, il la serre d’un embrassement immensément serré“ [Foligno]. Mots qui entrent en résonance étrange avec ceux de Jean Streff, lorsqu’il décrit, par les yeux du nabot, le spectacle d’humains qui meurent, «en vaine lutte contre une fin programmée» :
«J’étais serein, calme, apaisé, merveilleusement bien. J’aurais voulu que jamais cet anéantissement ne cessât. […] Seule une infinie passivité peut engendrer l’envie, plutôt le besoin, ce besoin infini. Comme si ma vie n’avait tendu qu’à cet accomplissement».
A LIRE : «Théorème de l’assassinat», de Jean Streff, éditions Les Ames d’Atala. Enrichi de 10 magnifiques dessins de Richard Laillier (pierre noire et gomme magique).
Vous pouvez à présent trouver l’ouvrage dans de très nombreuses librairies en France, et notamment à Paris, à La Musardine (122 rue du chemin vert), au Regard Moderne (10 rue Gît-le-coeur) et à la librairie La Friche (36 rue Léon Frot). Ou le commander directement à l’éditeur : Les Ames d’Atala <zamdatala@hotmail.com>
A LIRE EGALEMENT : «La peau du mort : enveloppes, écrans, ectoplasmes», de Christine Bergé, dans Ethnologie française, spécial « Voix visions, apparitions » (Octobre-Décembre 2003). Publié par: Presses Universitaires de France
ILLUSTRATIONS : Richard Laillier (pierre noire et gomme magique).
Comment et pourquoi l’association HF Rhône-Alpes a-t-elle été créée ?
Chloé Bégou & Anna Spano-Kirkorian : Tout a commencé en 2006 avec la publication par Reine Prat d’un rapport sur l’accès des hommes et des femmes aux postes à responsabilité dans le spectacle vivant. On y apprenait que 84% des théâtres cofinancés par l’Etat, 89% des institutions musicales, 94% des orchestres étaient dirigés par des hommes, que 78% des spectacles que nous voyions étaient mis en scène par des hommes, 85% des textes que nous entendions étaient écrits par des hommes. Les chiffres sont encore assez similaires aujourd hui. Ce rapport a eu beaucoup d’écho dans la presse, en particulier pendant le festival d’Avignon. A la suite de ce rapport, Reine Prat a rencontré de multiples actrices et acteurs du secteur culturel en France, dont Sylvie Mongin- Algan, directrice du Nouveau Théâtre du Huitième à Lyon. Ensemble, elles ont provoqué, avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), une réunion avec différentes actrices du secteur culturel. La décision a été prise de créer une association afin de promouvoir les résultats du rapport Reine Prat, de communiquer sur les chiffres édifiants qu’il révélait. Il s’agissait en quelque sorte d’assurer le service après-vente du rapport. Dans le même temps, en 2008, se déroulaient les entretiens de Valois sur le spectacle vivant. À Lyon, le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, a proposé que la conférence régionale soit ouverte par une table ronde sur le thème de l’égalité hommes-femmes. Ce soutien immédiat de la DRAC et de la Région ont été déterminants. C est en e changeant avec ces partenaires institutionnels qu’est venue l’idée des saisons Égalité.
Quel est le principe de ces saisons ?
Chloé Bégou & Anna Spano-Kirkorian : Il s’agit de proposer aux théâtres et à d’autres établissements culturels de s’engager sur trois axes d’actions. Premièrement, tendre vers une égalité dans les moyens de production alloués aux femmes et aux hommes ainsi que dans la programmation – autant pour les autrices que pour les metteuses en scène. Deuxièmement, tendre vers une parité au sein des équipes des structures, ce qui consiste le plus souvent à renforcer la présence des femmes dans les équipes techniques et celle des hommes dans les équipes administratives. Enfin, nous demandons aux structures partenaires de communiquer sur leur engagement dans leurs plaquettes de saison et autres supports d’information. Le lancement de la première saison Égalité a eu lieu aux Célestins en octobre 2011, en présence de plus de 1000 personnes. Des saisons Égalité ont depuis été créées dans plusieurs régions sur un modèle similaire. Plus largement, des groupes HF se sont créés dans toute la France : il en existe actuellement treize.
Face à votre revendication de parité, certains opposent l’argument du « vivier », prétendant que l’offre ne permet pas d’équilibrer les saisons. Qu’y répondez-vous ?
Chloé Bégou & Anna Spano-Kirkorian : Cet argument est infondé. Chaque année, les femmes sortent aussi nombreuses que les hommes des écoles nationales de théâtre. Dans les rares écoles d’écriture, on compte même une majorité de femmes. Mais elles sont moins montées, tout comme les jeunes metteuses en scène sont moins suivies et soutenues. Les processus de reconnaissance se passent encore dans la plupart des cas d’homme à homme. Et beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients des biais qui opèrent quand ils programment leurs saisons ; ils sont convaincus que leurs choix sont uniquement motivés par l’excellence. Ce que des expériences dans le domaine de la musique mettent en cause. Ainsi, lorsque les candidates à une audition sont cachées derrière un paravent, les jurys les retiennent en bien plus grand nombre que lorsqu’elles jouent à visage découvert. Il est beaucoup plus difficile de mettre un paravent devant des metteuses en scène… D’autre part, la sélection par l’argent est incontestable ; l’observatoire de l’égalité du ministère de la Culture montre que les moyens de production ne sont pas les mêmes pour les projets d’hommes et les projets de femmes. Par exemple, dans les Centres dramatiques nationaux et régionaux, le coût moyen d’un spectacle est de 77 000 € pour les hommes et de 43 000 € pour les femmes. Ces écarts énormes de budget ont des incidences sur les temps de répétition, les décors et donc sur la capacité d’un spectacle à séduire des programmateurs.
Quels sont vos moyens d’action et vos projets ?
Chloé Bégou & Anna Spano-Kirkorian : HF oeuvre d’abord à partager des diagnostics, à lancer des débats. Nous travaillons en lien avec les politiques et les administrations, considérant que les financeurs sont les seuls à disposer de leviers pour faire évoluer la situation. Nous diffusons les travaux de chercheurs comme Aurore Evain, qui a recensé toutes les autrices oubliées, réhabilitant au passage ce terme qui était employé jusqu’au XVIIe siècle avant que l’Académie française l’exclue de son dictionnaire. Ce travail, comme d’autres, donne des outils et des arguments. Nous sommes donc très présent-e-s avec des débats, des rencontres, notamment pendant le festival d’Avignon. Cette année a aussi eu lieu un workshop, animé par la metteuse en scène Anne Maurel, pendant lequel les participantes échangeaient sur des situations lors desquelles elles avaient manqué de répartie face à des propos misogynes, avant de mettre en place des stratégies pour y faire face. Un peu comme des cours de self-défense verbale ! Cette année, nous nous concentrons sur la problématique de la formation à l’égalité entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel. Nous lançons une formation expérimentale au sein d’établissements partenaires, comme l’Ecole nationale de musique de Villeurbanne et des conservatoires de musique de la région.
Pouvez-vous mesurer les résultats de vos actions ?
Chloé Bégou & Anna Spano-Kirkorian : Nous ne pouvons pour le moment pas affirmer que nos actions ont eu un effet sur les programmations. En revanche, il est certain que plus personne n’ignore les chiffres du rapport Reine Prat et que tout le secteur du spectacle vivant est désormais sensibilisé, même s’il reste parfois encore défiant. Malheureusement, de nombreux programmateurs estiment qu’intégrer cette exigence d’égalité à leurs choix va à l’encontre de leur autonomie de décision et refusent de se donner de telles règles.
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Ma première fois dans un sauna gay. Pas pour profiter de rencontrer un homme le temps d’un bain de vapeur, mais pour discuter avec son gérant, Didier Bernard. Je ne savais pas à quoi m’attendre en entrant dans «Les Bains de l’Est», j’avais même un petit a-priori négatif, pour tout dire. Mais en franchissant la porte complètement opaque, j’ai été surpris d’être à l’aise immédiatement, et de voir un petit jardin d’Eden à Genève.
Ce confort, c’est justement à Didier que je le dois. Le jeune quinqua, derrière ses lunettes à écailles, transpire la chaleur humaine. Et il met un point d’honneur à faire de même avec tous ses clients: «J’aime le contact avec les gens. Sans cela, il faut arrêter immédiatement. L’accueil est important aussi, et mes employés font tout pour que les gens se sentent à l’aise, ce qui n’est pas évident.»
«Oser venir dans un sauna, ça vient avec le temps»
Ceux qui, comme moi, n’ont jamais mis les pieds dans un tel lieu, pensent souvent qu’il n’y a que des vieux qui passent de bain en bain avec un détour par les cabines, et que l’endroit suinte le lugubre. Que nenni! L’ambiance est feutrée est agréable: «Attirer des jeunes n’est pas évident. Ils trouvent que c’est glauque et qu’il n’y a que des personnes âgées», confie un peu dépité Didier. La moyenne d’âge de la clientèle se situe dans la tranche 30-40 ans. Autant dire la fleur de l’âge d’une sexualité assumée et libérée: «Oser venir dans un sauna vient avec le temps. Le comportement sexuel change, on est moins timide et réservé», explique le gérant, toujours souriant.
Didier a repris les Bains de l’Est en 2012, «pour qu’il y ait une continuité, et préservé un sauna gay à Genève.» Tous les jours, ou presque, il vient travailler, il adore cet endroit. Son moteur pour ne pas lâcher? «Les clients, clairement. C’est eux qui me font avancer.» Des clients parfois compliqués: «Les hétérosexuels viennent aussi, et avec eux c’est parfois difficile. Ils boivent beaucoup et montent sur les cabines. Il faut être attentif.» Et cette attention, Didier la voue aussi à sa clientèle, en discutant avec les gens pour les mettre à l’aise, ce qu’il sait très bien faire par ailleurs, expérience faite. Pour autant, «il faut aussi savoir rester discret avec eux, et ne pas poser trop de questions sur leur vie.»
Avant de partir, sans oublier de caresser le petit bouledogue anglais qui participe activement au charme du lieu, Didier m’a gentiment offert deux entrées: «Ainsi, tu pourrais enfin venir essayer un sauna gay, profiter d’un moment de détente, et plus s’il y a.» Sans en faire la promesse, découvrir un gérant si amical et un lieu si chaleureux me donne l’envie d’y revenir, cul-nu cette fois-là.
Rue de l’Est 3, 1207 Genève www.bainsdelest.ch
Sans vapeurDidier se tue presque à la tâche pour entretenir son sauna et mettre à l’aise toutes les personnes qui y entrent. Mais il sait aussi profiter de son temps libre… Une promenade avec son chien en Vieille Ville de Genève: «Il y a vraiment de magnifiques balades à faire dans ce quartier. C’est reposant, et le charme est propice pour quitter un petit moment le stress quotidien» Tout près du sauna, pratique, il y a le restaurant Nid’Poule, au 26 rue Adrien-Lachenal: « Un cadre vraiment sympa. Un de mes amis y travaille, et il cuisine vraiment très bien ! » Après la chaleur des bains, un petit endroit pour se rafraichir ? C’est un Nathan Café que Didier se rend, qui a rouvert ses portes récemment à l’avenue de Frontenex 34 à Genève. « Je me réjouis qu’il rouvre, ça sera le troisième bar gay de Genève. Et en plus, ça sera à côté des Bains. C’est parfait pour moi.»
http://www.tdg.ch/portraits/La-pasionaria-arcenciel/story/31208056|Rencontre avec la militante genevoise, coprésidente de l’association 360 et de la faîtière nationale Familles arc-en-ciel, à l’occasion de la sortie d’une brochure d’information visant à sensibiliser les institutions à la réalité des familles homoparentales. «En Suisse, plus de 30 000 enfants grandissent avec un ou deux parents homosexuels, bisexuels ou trans», explique celle qui se bat depuis des années pour la reconnaissance de l’homoparentalité.
http://www.rts.ch/play/tv/le-19h30/video/le-don-du-sang-reste-toujours-interdit-pour-les-homosexuels-depuis-pres-de-40-ans?id=6732716|«Cette interdiction ne fait pas sens pour moi. Je ne fais pas partie de cette population à risque.» Dimanche, le «19:30» de la RTS a présenté le cas de deux gays romands qui ont décidé de se présenter comme hétérosexuels lors du questionnaire préalable au don du sang. Pour ces deux jeunes hommes, ce n’est ni un crime (ils n’encourent d’ailleurs aucune sanction juridique) ni un geste militant: plutôt une démarche citoyenne. «Je ne le fais pas pour la cause gay, je le fais parce qu’on a besoin de sang, que mon sang est sain et que j’ai envie de le donner», explique l’un d’eux. Un responsable de la transfusion à la Croix-Rouge Suisse rappelle que la mesure «n’est pas de la discrimination: c’est de la précaution. Le risque de l’infection du sida est 16 fois chez les homosexuels que parmi les hétérosexuels.» Une justification qui laisse Florent Jouinot, de Checkpoint Lausanne, dubitatif: «On parle du principe que tous les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes s’exposent au VIH et que tous sinon porteurs au moins en devenir. Et cette réalité là elle est biaisée. Elle est fausse.» Plusieurs pays ont commencé à assouplir leur règlementation. Certains demandent un délai – en général une année – d’abstinence ou de relation stable. D’autres, comme l’Italie, le Portugal et l’Espagne, ont levé les restrictions. En Suisse, l’idée d’un délai est aussi à l’étude depuis belle lurette. Malgré un avis favorable du Conseil fédéral, en 2012, les choses ne bougent pas…
Faire mieux connaître le plaisir féminin et jeter aux oublis les idées reçues grâce à l’appui d’études scientifiques, c’est le défi de Natasha Lamant, sexothérapeute de formation. Avec son site Sciences de l’intime, elle espère mieux informer les femmes sur leur sexualité et lever les tabous. Interview.
Ton site s’appelle Sciences de l’intime : n’est-ce pas finalement un peu paradoxal de lier sciences et intime ?Non, au contraire. On ne connaît pas grand chose de la sexualité féminine finalement. Les recherches scientifiques à ce sujet ont commencé depuis seulement une vingtaine d’années. … Lire la suite
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