Plus qu’une année musicale ou qu’une rétrospective de ma vie à travers la musique, j’avais envie de retracer mon année 2016 sur le plan culturel. Pas qu’elle ait été très fournie, ni intéressante – je suis de moins en moins culturelle depuis que j’ai abandonné ma carrière dans l’entreprise pour embrasser la carrière de fonctionnaire, un comble –, mais on va dire qu’elle a été rigolote.
Beaucoup moins de musique et de livres, donc, en apparence. Mais l’année 2016 sur le plan culturel a moins été une année de consommation de la culture que l’année des rencontres culturelles. La Siamoise en premier lieu, mais surtout des copains que j’ai découverts ou redécouverts à travers le prisme de la culture. Que ce soit par les séances de karaoké, les diverses exégèses que le Mari m’a offertes les jours de désœuvrement, mes addictions à Karim Debbache ou au Fossoyeur de Films ou les diverses rencontres littéraires que j’ai faites dans l’année, j’ai aimé 2016 dans son aspect culturel.
Je donne un exemple de l’absence de consommation culturelle en 2016 : je n’ai assisté qu’à un seul concert – celui de SAGE au Trianon, le 22 mars avec la Siamoise et le Mari – et j’ai attendu le mois d’octobre pour acheter une carte 5 places au MK2. En ce qui concerne les livres, j’ai préféré relire des anciens bouquins, piquer dans la bibliothèque du Mari ou échanger des bouquins que je lisais au Café Livre. En ce qui concerne les disques, le Mari et moi-même avons préféré compléter des intégrales d’artistes que nous aimions, n’achetant des nouveautés qu’à de rares occasions. C’est ainsi que je me suis retrouvée avec l’intégrale de William Sheller et le Mari avec le coffret des Rolling Stones en mono.
Je m’aperçois que cette rétrospective 2016 risque d’être un peu longue. Par conséquent, elle sera donc divisée en deux articles : l’aspect musical et le reste.
Voyons maintenant tous les aspects de ma vie culturelle hors musique en 2016.
Monde de l’imprimé
Je n’ai donc pas beaucoup lu de choses intéressantes – entendez par là mainstream – cette année. J’ai donc galéré à chaque fois en café littéraire pour présenter des choses un tantinet intéressantes. Malgré tout, des choses se sont dégagées.
Romans/Essais
- 1. Denis Robert, Le Bonheur (Pocket, 2002)
Surprenant que ce dialogue entre deux personnes qui ne veulent partager rien d’autre que le bonheur qui réside selon eux dans le plaisir sexuel. Si l’histoire est banale à crever, la manière dont elle a été racontée, ce dialogue persistant entre l’amant et la maîtresse m’a conduite à me prendre, non pas de passion, mais de bienveillance pour cet ouvrage.
- 2. Albert Camus, L’exil et le royaume (Flammarion, 1957)
Albert Camus fait partie, avec Umberto Eco, Bernard Werber et Amélie Nothomb, de mes plaisirs coupables que j’ai du mal à partager, tant la littérature mainstream me fait parfois un peu chier et qu’il me faut des auteurs adaptés à ma bizarrerie. Le point commun des histoires de ce recueil de nouvelles est que les protagonistes sont tellement obstinés dans leur cheminement de pensée qu’ils ne s’aperçoivent pas de la bascule mentale qui les fera changer de vie.
- 3. William Blanc, Arthur, un mythe contemporain (Libertalia, 2016)
Cet ouvrage est en cours de lecture. Il présente le souci d’être extrêmement dense en termes d’informations et d’analyse, mais cela le rend extrêmement instructif pour le lecteur. Je suis d’autant plus intéressée par ce sujet que je me suis intéressée dans le cadre de mes études à la littérature et à sa place dans la construction de la société médiévale. Et puis Arthur, quoi, depuis le temps qu’on me gonfle avec le monde arthurien dans la culture bretonne…
BD/Romans graphiques
- 1. Roger Leloup, L’écume de l’aube (Casterman, 1985)
En bonne fan de Yoko Tsuno, et ayant finalement toutes les aventures en bande dessinée, le Mari a compris qu’il fallait que je passe un stade et m’attaquer aux romans graphiques de Roger Leloup mettant en scène mon héroïne. J’y ai donc retrouvé à la fois tout l’aspect suspense et onirisme des aventures BD, avec un développement entre les images qui m’a quelque peu perturbée. Cela reste malgré tout une belle expérience.
- 2. Riad Sattouf, L’Arabe du futur 3 – 1985 à 1987 (Allary, 2016)
Nous avons une tradition avec le Mari pour lire chaque tome de L’Arabe du futur : nous nous installons calmement et nous le lisons côte à côte. Cette fois, comme je l’ai acheté aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois, nous avons profité du voyage retour pour le lire. Comme d’habitude, nous nous sommes questionnés. Comme d’habitude, nous nous sommes attendris devant ce témoignage. D’autant plus cette fois que nous avons eu une crise de fou rire lorsque nous avons vu le prénom du deuxième petit frère de Riad – en gros, il s’appelle comme le Mari.
- 3. Alan Moore/Brian Bolland, The Killing Joke (DC Comics, 1988 – Casterman, 2009)
A la faveur d’un prêt généreux de mon beau-frère, j’ai pu réaliser un fantasme de Batmanophile : m’attaquer au « chef d’œuvre » d’Alan Moore durant cette année 2016. Résultat : je suis restée sur ma faim. Pourquoi ? J’attendais un développement scénaristique plus étoffé, et j’ai dû m’y reprendre à deux fois avant de comprendre tous les tenants et les aboutissants de l’histoire. Malgré tout, le dessin est très beau, l’histoire se tient finalement, même si j’aurais aimé une suite ou une cinquantaine de pages en plus.
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Sciences de l’image
Je le dis et je le répète : ma disposition d’esprit ne me permet pas d’apprécier à sa juste valeur l’image. C’est pour cette raison que, la plupart du temps, je préfère le dessin, le son ou l’écrit qui développent davantage l’imaginaire. Malgré tout, je me suis gâtée en termes d’apport culturel du monde de l’image…
Musées/Expositions
- 1. Musée des Beaux-Arts, Tours
A la faveur d’une petite escapade printanière, nous nous sommes pris de passion avec le Mari pour le Musée des Beaux-Arts de Tours, dont la muséographie est particulièrement bien organisée. Profitez-en également pour visiter le Château, qui présente également de très belles expositions, comme une rétrospective de Robert Capa lorsque nous y séjournions.
- 2. The Velvet Underground : New-York Extravaganza à la Philarmonie de Paris
Les expositions de la Cité de la Musique, puis de la Philarmonie, c’est toujours un rendez-vous annuel où je ne boude pas mon plaisir. J’avais envie de surcroît de faire découvrir l’univers du Velvet Underground au Mari, que j’avais découvert grâce à mon parrain et dont le Mari ne connaissait que certaines bribes de Lou Reed. L’exposition était donc trèèèès fournie, mais assez problématique quant aux thématiques abordées et leurs répartitions dans l’espace. En gros, il y a eu un très grand développement sur les jeunesses de Lou Reed et de J.J. Cale et leurs influences culturelles, un traitement bizarroïde sur les débuts du groupe et le passage à la Factory et enfin un traitement lapidaire sur la fin du groupe. C’est cela que j’ai trouvé dommage : c’était donc fourni, mais bordélique et partiel – partial ? Malgré tout, ça a rempli son contrat : le Mari s’est intéressé à la fois au Velvet Underground et à Lou Reed (au point de me faire subir Metal Music Machine).
- 3. Musée Picasso, Paris
N’étant pas très fan d’art contemporain, j’ai quand même voulu m’attaquer à cet incontournable des musées parisiens, avec le Mari et une autre copine. Ca a été l’occasion d’ouvrir un peu plus mon horizon sur l’artiste et de m’intéresser à ses activités de sculpteur, pour moi bien plus probantes que ses activités picturales.
Cinéma
- 1. Whiplash (Damien Chazelle, 2014)
A la faveur d’un achat du DVD pendant les soldes et du fait que mon mestre d’orchestre n’a pas arrêté d’imiter le professeur musical sadique durant le début d’année 2015/2016, je me suis laissée séduire par ce conte initiatique qui met en scène un jeune batteur qui souhaite intégrer l’un des plus prestigieux orchestres de jazz de New-York. D’une part, c’est un très beau film sur la complexité des relations qui peuvent advenir entre un disciple et son maître. Mais c’est surtout une quête d’absolu qui peut paraître totalement absurde, mais qui prend toute sa dimension dans la scène de fin du film.
- 2. Mademoiselle (Park Chan-wook, 2016)
Adapté du roman Du bout des doigts de Sarah Waters (2002), ce thriller psycho-érotique m’a plu par son aspect graphique très travaillé – je n’en attendais pas moins d’un film asiatique – et par son humour. Les scènes érotiques entre les deux protagonistes féminines sont donc parfaites, mais l’aspect manipulation mentale de l’histoire est très bien réalisé. Malgré les 2h30 du film, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
- 3. La fille de Brest (Emmanuelle Bercot, 2016)
Encore une adaptation d’ouvrage, à savoir Mediator 150mg de la pneumologue brestoise Irène Frachon. Emmanuelle Bercot dresse un portrait quelque peu romancé, mais sans concession de cette pneumologue obstiné et têtue au point de tout vouloir briser sur son passage, même la carrière du chercheur qui l’a pourtant soutenu dans sa quête de vérité. Rien n’est épargné : les crises d’ego, les doutes, les échecs… J’ai aimé cette histoire contée comme une épopée moderne sans poncifs trop appuyés.
Télévision
- 1. X-Files, 10e saison (2016)
Outre toute mon adolescence qui m’est revenue en pleine face durant 3 semaines avant mon anniversaire, j’ai regardé cette saison avec un mélange de tendresse et un gros WTF en guise de season finale. Si l’aspect extra-terrestre a un petit peu été remplacé par l’aspect conspirationniste – c’est là où on découvre à quel point le monde a changé depuis 2001 –, j’ai eu l’impression de retrouver deux vieux copains dont je n’avais pas de nouvelles depuis la fin de mes études. D’où mon indulgence face à une saison qui ne méritait pas davantage qu’un gros meh en termes de contenus.
- 2. Mister Robot, saisons 1 et 2 (2014-2016)
Tout ce qui pouvait compter de geeks dans ma timeline était en effervescence devant cette série lorsqu’elle a été diffusée sur Netflix. J’ai attendu la diffusion sur France 2 cet automne des deux saisons pour m’intéresser à cette série. Elle a été ma sensation télé de 2016, de par des trésors d’écriture et par le charisme de Rami Malek. Malgré tout, bien qu’il soit le premier rôle, il n’a pas occulté les rôles secondaires – dont Christian Slater en très grande forme – qui ne manquaient pas non plus de présence. Nonobstant un post-générique assez mal venu après le season finale de la 2e saison, cette série a apporté un grand coup de frais dans mon univers télévisuel.
- 3. Prodiges, 3e saison
Si j’aime beaucoup les télé-crochets et les concours de talents, j’ai tout de même un peu de mal avec les castings d’enfants. Cela me rappelle le drame des enfants stars qui mettent leur talent au service de l’ambition démesurée de leurs parents en grande faille narcissique. Là, j’ai croisé des gosses qui avaient non seulement du talent, mais déjà un putain de charisme. En témoignent le pianiste Sacha, 13 ans, qui interagissait avec l’orchestre tout en interprétant le presto de la Sonate au clair de lune de Beethoven, ou la danseuse Clara, 12 ans, formée au Royal Ballet de Londres et souriante à souhait.
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Youtube
- 1. Le Fossoyeur de Films
J’ai suivi les aventures de François Theurel non seulement sur Youtube avec ses diverses émissions, mais aussi sur Dailymotion avec Film Wars, une série de douze épisodes sur des films au développement problématique. Bref, il reste dans le game et c’est l’une des seules raisons qui me poussent à m’intéresser à ce médium si obscur qu’est le cinéma.
- 2. Karim Debbache
Même raison et mêmes choix de plateforme que François Theurel, Karim Debbache et son équipe me séduisent par leur vision alternative du cinéma. Outre des choix de films traités très peu mainstream, Karim Debbache mêle sa passion du cinéma à une réflexion générale sur le rapport sociétal à l’image et à l’histoire racontée. Chaque épisode de Chroma est un vrai délice.
- 3. Nota Bene
Je me suis passionnée dans un premier temps début 2016 pour cette chaîne de vulgarisation historique, avant d’informer le Mari de son existence. Si la chaîne est tenue par un passionné d’histoire sans pour autant faire de la recherche historique son activité professionnelle, j’ai tenu à assister à la conférence qu’il a faite aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois en marge de la sortie de son livre Les pires batailles de l’Histoire que je me suis fait dédicacer. Le Mari et moi-même sommes ravis que ce genre d’initiative existe, bien qu’elle ne saurait remplacer le travail des véritables historiens (placement corporatisme).
A bientôt pour un bilan musical de 2016.
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