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Dans son Guide historique du Paris libertin qui vient de paraitre aux éditions la Musardine, le journaliste spécialisé en urbanisme Marc Lemonier raconte comment...
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On n’arrête pas James Deen. Après s’être confortablement installé dans l’univers du porno, le jeune homme de 29 ans a décidé de poser ses bagages dans la culture mainstream. Le perfomeur vient de mettre en boîte le pilote d’une nouvelle série télé et la chaîne américaine Showtime s’apprête à diffuser un documentaire consacré à sa vie.
Une présence médiatique inhabituelle pour un professionnel de la pornographie, encore renforcée par sa rubrique hebdomadaire What Would James Deen Do ? pour le site féminin The Frisky et sa chronique culinaire James Deen Loves Food sur Woodrocket. Mais quels sont les grigris de James Deen ? Pour le savoir, le site The Wrap a attiré l’animal dans ses locaux pour une petite interview vidéo.
Mis face à son succès, notre héros reste modeste : « J’ai eu beaucoup de chance, lance-t-il. Je prends de la place, je fais des interviews et j’ai la bougeotte ». Evidemment, il y a une rançon à toute cette réussite. James Deen ne se souvient pas de chacune des 4 500 scènes dans lesquelles il a joué de la teub : « Je ne me suis pas drogué depuis très longtemps, je bois à peine, je suis presque straight edge, s’amuse-t-il. Mais il m’arrive de me rendre compte que je n’ai pas le moindre souvenir de tel ou tel film ».
Malgré le chemin de gloire populaire qui semble se dérouler devant lui, James Deen reste fidèle à ses racines : « Je n’aurais pas de problème si je ne décrochais pas de boulot dans le mainstream. J’ai un autre job dans un autre genre de divertissement. Le milieu du porno est honnête, respectueux et très professionnel, contrairement à celui du divertissement de masse qui est très manipulateur et impitoyable ».
Alors que le Sénat, au grand dam des abolitionnistes, vient de rejeter en deuxième lecture la pénalisation des clients, tout en conservant l’abrogation du délit de racolage, de la PPL de lutte contre le système prostitutionnel, la récente publication de la Proposition de Loi Finances 2016 nous en apprend enfin un peu plus sur le fameux « fonds » qu’on ne cesse de nous vanter pour justifier des mesures répressives qui plongeront les travailleurSEs du sexe dans toujours plus de précarité.
Comme nous le redoutions, les modalités de financement de ce fonds, loin de répondre aux besoins des travailleurSEs du sexe, ne proposent que de toujours plus financer le quelques associations qui se font un business de notre absence de droits, et leur propagande, au détriment du financement d’actions de santé globale pour les femmes et les populations en difficulté, ainsi que de la lutte contre le VIH et les IST.
C’est dans le programme 137 du PLF 2016, dédié à l’égalité entre les femmes et les hommes1 que se trouve incluse l’action 15 « prévention et lutte contre la prostitution et la Traite des Êtres humains ». Le budget de l’action, qui « vise à améliorer la lisibilité des actions menées sur ce champ, à mieux répondre aux besoins spécifiques de ce public, notamment en matière d’accompagnement social et sanitaire des personnes prostituées ainsi qu’à renforcer le pilotage des moyens dédiés à cet effet » , est de 4,98 millions d’euros, ce qui constitue 18,5% du programme, contre 2,39 millions d’euros (9,5%) en 20152, soit une différence de 2,8 millions au bénéfice de l’année 2016.
Ces 2,8 millions cependant ne correspondent en aucun cas à un effort supplémentaire de la part du gouvernement, mais à une réaffectation de budgets auparavant dédiés à d’autres actions :
- 0,8 million sont ainsi réaffectés depuis le programme 176 (Intérieur : Police nationale), sans plus de précision.
- 1 million depuis le programme 101 (Justice : accès au droit et à la justice), sans plus de précision non plus.
- 1 million depuis le programme 204 (Santé : prévention, sécurité sanitaire et offres de soins). Sur ce million, la moitié est prise sur l’action 12, qui « vise notamment à apporter au grand public et particulièrement aux plus fragiles l’information et l’éducation en santé dont ils ont besoin ». Cette action se concentre notamment sur la santé des populations en difficulté, la santé des jeunes, la santé de la mère et de l’enfant (notamment à travers les objectifs suivants : l’accès de toutes les femmes à la contraception, l’accès des femmes à un droit effectif à l’IVG, améliorer la santé et la prise en charge des femmes enceintes et jeunes mères, améliorer la santé de la petite enfance), et les traumatismes et violences.
L’autre moitié quant à elle est prise sur l’action 13 « prévention des risques infectieux et des risques liés aux soins ».
C’est donc directement dans les fonds prévus pour la santé des femmes, des jeunes enfants et des jeunes, sur des dépenses aussi cruciales que l’IVG, la contraception, la petite enfance, les violences, et la lutte contre le VIH et les IST que sont pris les fonds qui serviront à lutter contre la prostitution, en finançant les actions abolitionnistes et leur propagande !
En effet, d’après le descriptif de l’action, les crédits de l’action sont notamment à dépenser, au niveau local, en plus des actions de rencontre, d’accueil, et d’accompagnement des « personnes en situation ou en risque de prostitution », à des « actions de prévention auprès des jeunes afin de prévenir le risque prostitutionnel, tant en ce qui concerne l’entrée dans la pratique prostitutionnelle que le recours à la prostitution », à la sensibilisation des professionnels « aux enjeux du phénomène prostitutionnel et de la traite des êtres humains afin d’améliorer le repérage, l’identification et la prise en charge des victimes », et enfin, à l’organisation de « manifestations auprès du grand public (colloques, conf, débats) ».
Au niveau national, les principales associations abolitionnistes qui recevront un budget, explicitement mentionnées en tant qu’ « association têtes de réseau », sont donc le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, ALC-Nice, et le Comité contre l’esclavage moderne.
Alors que les principales mesures à prendre pour lutter contre l’exploitation des travailleurSEs du sexe sont des mesures transversales telles que la régularisation des travailleuses étrangères, et une revalorisation conséquente des aides sociales et des salaires notamment en direction des femmes et des jeunes, les seules mesures financières de cette proposition ne consistent qu’à donner toujours plus d’argent aux associations abolitionnistes, au détriment de la promotion de la santé des femmes et des populations vulnérables.
En s’alliant, dans leur volonté irrationnelle de voir les clients pénalisés, à un gouvernement qui a pourtant brillé, depuis son arrivée au pouvoir, par ses mesures d’austérité, les féministes abolitionnistes ont donc préféré, à la lutte radicale pour l’accès aux droits des travailleurSEs du sexe, la compromission.
C’est pourquoi, malgré les avancées que constitue le vote du Sénat en seconde lecture, nous continuerons de nous opposer frontalement à cette proposition de loi dans son ensemble, et que nous continuerons à revendiquer la dépénalisation totale du travail sexuel, ainsi que de véritables mesures sociales en direction de celles qui en ont besoin, seules manières d’agir effectivement contre l’exploitation des travailleurSEs du sexe.
1http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2016/pap/pdf/DBGPGMPGM137.pdf
2http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2015/pap/pdf/DBGPGMPGM137.pdf
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Ce week-end a lieu le 27ème Festival International du film lesbien et féministe de Paris. Un festival organisé par des femmes et pour des femmes, exclusivement. Forcément, ça fait débat. J’ai voulu en savoir plus. J’ai rencontré Marie-Anne, l’une des organisatrices. Cécile : Pouvez-vous nous raconter la petite (ou plutôt la grande – bientôt 30 ans)...
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Pour se protéger du malheur, beaucoup font le doigt d’honneur, qui figure un pénis. D’autres font le signe du diable avec deux doigts tendus comme des cornes. Pénis et cornes protègent contre le mauvais oeil. Pourquoi ?
Depuis l’antiquité, pour se protéger du mauvais œil, on porte sur soi des reproductions de gros pénis. En pendentif, en boucle d’oreille, en bague ou en ornement de ceinture, les talismans phalliques sont nommés fascinus, par allusion au pouvoir qu’ils exercent : à leur vue, humains, animaux, dieux et démons perdent leurs moyens. Pascal Quignard le dit ainsi : «Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. Du sexe masculin dressé, c’est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c’est-à-dire la pétrification qui s’empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable.» De nos jours, les reproductions de pénis en érection ont disparu, remplacées par des cornes ou des bois d’animaux (1) qui symbolisent la puissance virile. Comment est-on passé du phallus à la corne ?
La corne, c’est du sang
Il y a un lien direct et évident, affirment les Grecs anciens. La corne, c’est une tumescence. Le philosophe Démocrite (460-370 av. J.-C.), par exemple, explique : «Le liquide qui sort hors du corps devient dur, l’air le congelant et le transformant en corne.» Ce liquide, qu’est-ce que c’est ? Pour Démocrite, c’est «la partie la plus générative» de la nourriture qui circule dans les veines, sous la forme d’un sang riche. C’est le même sang qui fait se dresser le pénis et le rend dur comme pierre… Mais selon les auteurs, d’autres explications sont avancées : «certains pensaient que les cornes se formaient par affleurement et solidification du cerveau, en incarnant ainsi le pouvoir générateur de la semence et la vie de l’âme contenus dans la tête», résume Salvatore D’Onofrio, anthropologue. Il est d’ailleurs significatif que les noms utilisés pour «corne» et «cerveau» soient si proches, ajoute-t-il.
La corne, c’est du cerveau
La croyance entre une similitude de la corne et du cerveau est ancienne, ce qui explique peut-être pourquoi les mots latins cornu et cerebrum soient très proches, de même que les mots grecs keras («corne») et kara («cerveau»), ainsi que les mots anglais horn («corne») et hirn («cerveau»). Pour Richard Broxton Onians, helléniste, pionnier des recherches portant sur le lien entre le corps et les mots, «corne» et «cerveau» ont des origines étymologiques très proches : «Si les cornes sont des excroissances du cerveau, de l’élément procréatif, on peut comprendre pourquoi les noms de la corne et du cerveau doivent être apparentés.» S’il faut l’en croire, la tête contient de la semence. Le cerveau, matière molle et blanche, peut d’ailleurs facilement s’écouler hors du crâne en giclant. Il suffit d’un choc sur la tête. Est-ce un hasard si les cerfs ou les boucs en rut se frappent, tête contre tête, lorsqu’ils doivent se disputer les femelles ?
La corne c’est du sperme
Il y a un lien entre les parties basses et les parties hautes du corps, insiste D’Onofrio. Dans un chapitre de son livre Les Fluides d’Aristote, il rappelle qu’une longue tradition en Europe pose le lien entre la taille des cornes et le degré de virilité. Plus un animal est chargé en sperme, plus ses cornes ou ses bois semblent imposants. Sa libido se mesure en longueur de pointes. «De Démocrite, qui explique la longueur différente des cornes des bœufs par la castration, à Darwin, pour qui, «les défenses et les cornes apparaissent dans tous les cas avoir été développées comme des armes sexuelles», tous les observateurs l’attestent : la souveraineté d’un mâle dépend de sa capacité à montrer qu’il est… le chef, littéralement. Le chef, c’est ainsi que l’on nomme sa tête.
La corne d’abondance
Suivant un procédé courant «d’annexion de la puissance par appropriation des objets symboliques», les humains qui veulent effrayer leurs rivaux et séduire leurs proies se couronnent souvent avec des trophées de tête. «Les cornes, comme les crêtes, les plumes, ou certaines coiffures, symbolisent chez divers peuples distinctions et honneurs», rappelle D’Onofrio qui mentionne les casques à pointes des guerriers étrusques, celtiques ou saxons tout autant que celle des supporteurs d’équipes sportives… Le symbolisme de la corne est transparent, ce qui explique le succès de cette «corne d’abondance» – également appelée corne d’Amalthée, en souvenir de la chèvre qui donna son lait à Zeus, quand celui-ci était bébé. «Cette corne était censée être la source du liquide fertilisant venu d’en haut, dit D’Onofrio. Onians ajoute, malheureusement sans donner de référence, que «La ‘‘corne d’abondance’’ était parfois représentée comme contenant des phallus».
La corne aphrodisiaque
Dans Sang Noir, l’anthropologue Bertrand Hell s’attarde longuement sur les vertus de ces trophées que les femmes râpent dans le café de leur mari, afin qu’il soit plus «vigoureux». Absorber de la ramure de cerf en poudre, c’est comme manger les testicules d’un taureau. «D’un bout à l’autre de l’Europe, tous les hommes que fait frissonner un même sang noir témoignent de leur fascination pour l’attribut qui incarne la puissance sexuelle de la bête sauvage. Fétichisme cruel d’un autre âge ! Obsession ridicule dénuée de tout fondement rationnel ! Les critiques des écologistes et des éthologistes pleuvent, mais en vain. L’image du trophée-phallus imputrescible demeure prédominante. […] Des hormones sécrétées par les testicules (les testostérones) ne sont-elles pas directement responsables du cycle de la chute et de la repousse des bois chez les mâles ?».
A LIRE
Sang Noir – Chasse, forêt et mythe de l’homme sauvage en Europe, de Bertrand Hell. Editions L’Oeil d’Or.
Les Fluides d’Aristote, de Salvatore D’Onofrio. Editions Les Belles Lettres. 2014.
Les Origines de la pensée européenne, de Richard B. Onians (1954). Payot. 1999.
NOTES
(1) Différence entre cornes et bois ? Il est beaucoup question des «cornes» dans cet article, mais j’inclus aussi «les bois » qui sont des coiffures animales très différentes. Les taureaux portent des cornes. Les cerfs portent des bois. Les cornes sont des gaines creuses et poussent en continu jusqu’à l’âge adulte. Les bois sont pleins et tombent une fois par an, avant de repousser. Les cornes sont permanentes. Les bois sont caducs. Par ailleurs, les cornes sont constituées de kératine, comme les cheveux ou les ongles. Les bois, eux, sont des organes osseux. Lorsque les bois tombent (en hiver), on les appelle «mues». Lorsqu’ils ont été pris sur un cerf tué, on les appelle «massacre».
Beaucoup ont tendance à voir les féministes comme un groupe monolithique, dont les membres seraient interchangeables. Le féminisme est, plus que jamais, riche de personnalités très diverses.
J'ai donc décidé d'interviewer des femmes féministes ; j'en connais certaines, beaucoup me sont inconnues. Je suis parfois d'accord avec elles, parfois non. Mon féminisme ressemble parfois au leur, parfois non.
Toutes sont féministes et toutes connaissent des parcours féministes très différents. Ces interviews sont simplement là pour montrer la richesse et la variété des féminismes.
Interview de Léna.
Bonjour peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Léna, j'ai 30 ans. Je suis universitaire : je suis en train de terminer ma thèse, et j'enseigne en IUT. Je suis aussi mère célibataire, j'ai une fille de 6 ans.
Depuis quand es-tu féministe ?
En un sens, j'ai toujours été féministe, si on prend la définition qui me semble la plus large : vouloir une égalité femme/homme.
Mais j'ai commencé à réellement m'y intéresser, et à me considérer comme telle, début 2014, donc assez récemment. A cette époque, j'ai commencé à aborder les études de genre dans le cadre de ma thèse, j'ai donc découvert des concepts et des outils qui m'ont permis de structurer ma réflexion sur le sujet. C'est à peu près à cette époque que, parallèlement à mes lectures académiques, je me suis inscrite sur Twitter, où j'ai commencé à suivre différents comptes féministes, et notamment féministes intersectionnels. Depuis, je suis en "apprentissage" perpétuel.
Penses-tu que les mouvements féministes gèrent bien les difficultés rencontrées par les mères célibataires ?
Honnêtement, je n'en sais rien. Je ne me suis jamais rapprochée d'un mouvement particulier ni intéressée en détails à leurs approches, donc je ne sais pas trop si ces groupes contribuent à améliorer la cause des mères célibataires, et si oui, comment. A titre personnel, je peux juste dire que ça n'a aucune incidence sur ma situation de mère célibataire.
As-tu l'impression que ta fille est déjà confrontée au sexisme, de quelle manière ?
Oui, elle y est déjà pas mal confrontée je trouve. Notamment en ce qui concerne les jeux genrés à l'école. Des enfants se sont souvent moqués d'elle parce qu'elle aimait Spiderman, ou ont voulu lui interdire de jouer au foot parce que c'est "réservé" aux garçons. Sans compter les remarques sur le fait que les filles étaient "moins fortes" que les garçons, ce genre de choses...
Ca passe aussi par des petites réflexions au quotidien. Par exemple, un jour je l'ai laissée choisir un Tshirt dans un magasin, et elle en a pris un représentant Dark Vador. Alors qu'elle l'avait à la main, un vendeur lui a lancé "c'est ton frère qui va être content!".
Malheureusement, je constate aussi du sexisme dans l'éducation que lui donne son père quand elle est chez lui. Ca se traduit par de petites phrases comme "il faut souffrir pour être belle", ou "une fille ne doit pas dire de gros mots, c'est pas joli". Il me fait aussi des réflexions proches du slut shaming, quand il me dit par exemple qu'il ne veut pas qu'elle porte de vernis à ongle parce que "ça fait pouffe". Du coup, j'anticipe déjà la période où elle sera adolescente, si elle veut se maquiller un peu, porter certaines tenues, ou quand elle commencera à découvrir la sexualité... Je sais déjà que son père et moi risquons de nous affronter assez violemment sur le sujet.
En attendant, je lui parle déjà d'égalité fille/garçon, avec des mots adaptés à son âge bien sûr. Et j'essaie de lui inculquer la notion de consentement : par exemple l'an dernier, un petit garçon de sa classe l'embrassait de force, je lui ai expliqué que c'était inacceptable.
Y-a-t-il du sexisme dans le milieu universitaire ? Comment se manifeste-t-il ?
Je sais par ouï-dire qu'il y en a, mais personnellement, j'ai eu la chance de ne jamais y être confrontée directement. Je ne suis donc pas la mieux placée pour en parler.
Tu es séparée de ton conjoint qui était très misogyne ; peux-tu nous donner des exemples ?
(trigger warning) Oui. Je commence juste par quelques éléments de contextualisation : le père de ma fille a quinze ans de plus que moi, je l'ai rencontré alors que j'avais 21 ans et lui 36. A ce moment-là, je sortais de 3 ans sans la moindre relation amoureuse, ma confiance en moi était au plus bas, et j'étais tellement contente d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui "veuille de moi" que j'ai laissé passer dès le départ des choses que je n'aurais jamais dû accepter. Avec le recul, quand je repense à toute mon histoire avec lui, je me demande comment j'ai pu en arriver là et j'éprouve parfois de la honte. Alors que ce n'est pas moi mais lui qui devrait éprouver ce sentiment...
C'est quelqu'un qui a du ressentiment envers à peu près tout et n'importe quoi, et en particulier envers la gent féminine. Ca s'exprimait beaucoup par du slut-shaming, il employait des expressions absolument ignobles pour qualifier celles qui ne correspondaient pas à son image de la "femme respectable" : "slip sale", "sac-à-foutre", "vide-couilles"... Il critiquait les femmes qui avaient, selon lui, trop de partenaires sexuels, surtout celles qui cherchaient à se mettre en couple après avoir eu de multiples conquêtes : pour lui, elles essayaient de se faire passer pour des "femmes bien" alors que leurs relations passées les avaient, à ses yeux, endommagées, perdu leur valeur. Et il considérait que ces femmes étaient malhonnêtes envers les hommes avec lesquelles elles cherchaient à se caser et à fonder une famille, comme si elle leur vendaient de la marchandise endommagée... La fameuse dichotomie maman/putain, en somme.
C'est quelqu'un qui est aussi très imprégné de culture du viol : pour lui c'est tout à fait compréhensible qu'une femme se fasse agresser sexuellement si elle porte une tenue ou a une attitude qu'il juge provocante, car certains hommes sont en manque (à cause des méchantes femmes qui les rejettent bien sûr) et ne peuvent pas se contrôler devant tant de tentations.
Le paradoxe, c'est qu'il me dévalorisait souvent car je ne m'habillais/me coiffais pas de manière assez sexy à ses yeux... et que ça ne l'a pas empêché de me violer.
Il voulait que je sois sa chose, pour lui une femme appartient à son conjoint et doit être toujours disponible pour lui. Il me disait souvent des choses comme "sois docile", "sois offerte", "sois soumise"... Il voulait que je porte des jeans plus moulants, il m'a déjà dit qu'il fallait que je fasse la vaisselle en string pour qu'il puisse arriver et disposer de moi à n'importe quel moment...
J'en passe et des meilleures... Mais à cette époque, j'en étais encore au début de ma vie sexuelle, je n'avais eu avant lui qu'un seul partenaire, à l'époque du lycée, avec qui je m'entendais bien, mais je n'avais jamais réussi à avoir de plaisir car on s'y prenait trop mal. Je me suis donc retrouvée avec cet homme à la fois beaucoup plus expérimenté que moi et complètement nourri de culture porno.
Au début de notre relation, avant que sa misogynie ne se révèle (ça s'est fait progressivement), je ne ressentais pas de plaisir pendant nos rapports, en raison de mon inexpérience et de ma timidité. J'en suis donc arrivée à la conclusion que j'étais frigide (non). Les premiers mois il a fait mine d'être compréhensif et patient, mais il a rapidement changé d'attitude. Il m'a fait beaucoup culpabiliser en me disant que j'avais un "problème", et me reprochait sa frustration... alors même qu'il n'a pas arrêté d'avoir des rapports avec moi pour autant. Il ne se posait même pas la question, et à vrai dire, à l'époque, je ne me la posais pas non plus. J'avais tellement peur qu'il me quitte que je me laissais faire sans discuter, y compris pour des choses qu'il a continué à faire régulièrement après que je lui ai expliqué que non seulement je n'aimais pas ça, mais que ça me faisait mal. Dans sa tête, il était parfaitement normale qu'un homme puisse disposer de "sa femme" quand bon lui semblait.
Avec le recul, repenser à tout ça au prisme du féminisme m'a aidée à mettre le doigt sur des notions que je n'avais pas précisément en tête à l'époque : consentement, viol conjugal... La phrase de Nicole-Claude Mathieu "Céder n'est pas consentir" m'a permis de mettre un mot sur ce que j'avais vécu : des viols.
Rien ne semble être une excuse pour être restée avec lui près de trois ans, et pour avoir eu, volontairement, un bébé avec lui. Je ne souhaite pas m'étendre sur cette question. Je préciserai juste qu'en dépit de tout ça, je ne regrette pas d'avoir eu ma fille.
C'est moi qui l'ai quitté, six mois après la naissance de notre enfant. Je suis partie le jour où il a levé la main sur moi, en plus des violences verbales et psychologiques que j'endurais depuis des années.
Cette histoire détermine entièrement mon rapport au féminisme. Au début de ma relation avec lui, moi aussi j'ai pu avoir des propos ou des idées allant dans le sens du slut-shaming (sans pour autant apprécier les termes qu'il utilisait pour qualifier les femmes, ni cautionner la culture du viol). J'ai beaucoup évolué, et aujourd'hui j'ai en main des outils conceptuels qui m'ont fait défaut à l'époque, pour comprendre à la fois ma situation personnelle et la dissymétrie des rapports femmes/hommes dans le système patriarcal (dont mon ex semble être, de ce point de vue, une incarnation caricaturale).
Comment envisages- tu face à ta fille de contrer les remarques sexistes de son père ?
J'essaie de lui expliquer à chaque fois que l'occasion se présente que les filles ne sont pas inférieures aux garçons, et que les femmes peuvent faire exactement la même chose que les hommes.
Je ne sais pas encore comment les choses se passeront à l'adolescence, mais je n'hésiterai pas à lui dire que je suis en désaccord avec son père s'il émet des remarques empreintes de slut-shaming concernant ses tenues vestimentaires ou sa sexualité. A partir du moment où elle aura atteint la majorité sexuelle, je lui expliquerai qu'elle peut avoir des rapports avec un ou plusieurs partenaires du moment que c'est mutuellement consenti, qu'elle en retire du plaisir, et qu'elle se protège.
Je ne tiendrai pas compte des éventuelles interdictions de son père concernant une tenue ou une relation : si elle veut porter une jupe courte au lycée ou inviter son copain ou sa copine à dormir à la maison, elle en aura l'autorisation avec moi. Bien sûr, ça s'accompagnera de discussions sur le féminisme et sur des notions que je regrette de ne pas avoir maîtrisées si jeune (bien que j'aie moi-même eu des parents ouverts et tolérants).
Est-ce-que ta fille est déjà touchée par certaines remarques (comme celle sur le tee shirt batman?)
Ca l'agace, mais pas outre mesure, parce qu'elle comprend bien ce que je lui explique quand elle m'en parle : qu'il n'y a pas des jouets/personnages/films "de fille" et "de garçon", et qu'elle peut aimer/faire ce qu'elle veut. Je saisis toutes les occasions que j'ai de le lui rappeler, même si évidemment je ne prépare pas ma "leçon féministe du jour" : c'est toujours basé sur l'expérience du quotidien.
Tu as souhaité mettre un trigger warning avant de répondre à une question ; peux-tu expliquer ce que cela veut dire et pourquoi tu as souhaité le faire ?
Un "trigger warning", c'est un avertissement indiquant que ce qui va suivre peut choquer, perturber. Dans le cas présent, je pense qu'il est nécessaire de mettre un trigger warning parce que je rapporte des propos insultants extrêmement violents, et, bien sûr, parce que je parle de viol. Cela peut heurter la sensibilité de personnes qui ont vécu des choses similaires dans leur passé, ou qui, tout simplement, supporteraient mal d'être confrontées à un récit aussi dur.
Est-ce-que ton ex mari a pu comprendre pourquoi tu le quittais ? Est-ce-que tu sais ce qui motive une telle haine des femmes ? Est-ce-que son père a la même haine envers les femmes ?
Non, mon ex (nous n'étions pas mariés) n'a absolument pas saisi les véritables raisons de mon départ. Sur le coup, même si c'est moi qui lui ai annoncé que je ne pouvais pas continuer, il a considéré que c'était d'un commun accord, parce que "ça n'allait plus entre nous" depuis la naissance de notre fille (il ne remet absolument pas en question tout ce qui a pu se passer avant).
Suite à mon accouchement, j'ai refusé tout rapport sexuel. C'est très cliché dit comme ça, mais devenir mère m'a apporté une force nouvelle. Son "chantage affectif implicite" ne marchait plus sur moi, c'est-à-dire que je n'avais plus peur d'être quittée si je n'accomplissais pas mon "devoir conjugal". Il l'a très mal pris, a vécu ça comme un véritable affront et s'est senti "lésé" (le terme est de lui). A partir de là, j'ai fait partie des meubles pour lui. Il était totalement aveugle face à l'état d'épuisement physique et psychologique dans lequel je me trouvais du fait que je m'occupais à peu près seule d'un nourrisson. Et il ne s'est absolument pas posé la question des désagréments physiologiques qui suivent une grossesse...
J'ai commencé à projeter de partir alors que ma fille avait environ 2 mois. Je voulais attendre un peu, et notamment trouver un petit travail (j'étais entre mon Master et mon Doctorat, je ne voulais pas renoncer à mon projet de thèse). Finalement, le geste violent qu'il a eu envers moi alors que notre fille avait 5 mois et demi a accéléré les choses : je m'étais toujours dit que s'il franchissait un jour cette limite, je partirais sans attendre.
J'ai eu une immense chance dans mon malheur : l'aide financière de ma famille, qui m'a apporté un immense soutien, tant sur le plan moral que matériel. Grâce à mes parents et ma grand-mère, j'ai pu prendre un appartement pour ma fille et moi très rapidement, et même me lancer dans ma thèse à la rentrée suivante. Je sais qu'un très grand nombre (la majorité?) de femmes victimes de violences conjugales ne peuvent pas quitter leur conjoint car elles n'ont pas les ressources nécessaires pour s'en sortir seules. Je m'estime donc infiniment privilégiée.
Bref, pour finir de répondre à la question après cette longue digression : mon ex estime que nous nous sommes séparés à cause de MON "problème sexuel" : je n'aimais pas le sexe, n'étais plus disponible pour lui, et c'est ça qui, selon lui, a fait que notre couple ne pouvait plus fonctionner.
Je ne sais pas exactement ce qui motive chez lui une telle haine envers les femmes. C'est quelqu'un de misanthrope de manière générale ; pendant mon travail de thérapie (que j'ai achevé l'an dernier), j'ai même fini par mettre un nom sur sa pathologie : c'est un sociopathe. A mon avis, c'est quelqu'un qui éprouve un grand complexe d'infériorité, qu'il essaie de contrer en écrasant les autres, en les méprisant et en essayant d'être en permanence en situation de domination par rapport à eux. Par exemple, il ne s'excusera jamais à propos de quoi que ce soit, parce qu'il considère ça comme une marque de faiblesse.
Si ça se manifeste de manière aussi violente envers les femmes, c'est probablement lié au fait qu'on vive dans un système patriarcal, dans lequel les femmes sont en position d'infériorité dans les rapports sociaux : elles sont des "proies faciles" pour lui, c'est toujours plus facile de taper (au sens propre et au figuré) sur plus faible que soi.
C'est tout à fait inconscient chez lui, car c'est par ailleurs quelqu'un qui tiendra sans complexe des propos masculinistes : il considère qu'on vit dans une société où les femmes n'ont plus à se battre pour l'égalité, mais qu'à l'inverse elles ont pris le pouvoir et sont abusives envers les hommes (il parle par exemple des "violences psychologiques" que les femmes infligeraient très souvent aux hommes au sein de leurs couples). Il déprécie ce qu'il appelle les "femmes modernes", i.e. émancipées, indépendantes, celles qui "ne font plus la cuisine" et sont libérées sexuellement. Je pense que ça lui fait peur, tout simplement, à cause du complexe d'infériorité refoulé dont je parlais plus haut.
Je n'ai jamais perçu de misogynie chez son père, avec lequel je m'entends plutôt bien. Comme les gens de sa génération (il va sur 70 ans, il est et restera imprégné de stéréotypes de genre (madame cuisine, monsieur bricole), mais il n'a pas de ressentiment ni de haine envers la gent féminine.
As-tu porté plainte contre lui ?
Non, je n'ai pas porté plainte contre mon ex. Pendant la relation, je n'y ai tout simplement pas pensé. Je n'avais pas le recul nécessaire pour réaliser que j'étais victime de choses totalement abusives qui pouvaient peut être être punies par la loi. Et puis je n'aurais pas vraiment eu de preuves à apporter...
Quelques mois après la rupture, il a eu des accès de rage à une période où je venais de commencer une relation avec un autre homme. Au cours d'une dispute, il a à nouveau eu des gestes violents envers moi. Cette fois, j'ai voulu porter plainte, mais je n'avais aucune marque physique prouvant l'agression. Comme la première fois, il m'avait davantage bousculée que véritablement frappée, je n'avais donc pas de bleu ni de trace que je pouvais faire constater à l'hôpital, et les policiers ont refusé d'enregistrer ma plainte. Je n'ai pu faire qu'une main courante. Je ne le lui ai jamais dit, mais je garde le document en sachant que je pourrai le ressortir si j'avais à nouveau des problèmes graves avec lui.
J'anticipe une autre question, en précisant dès à présent qu'il voit notre fille régulièrement (toutes les semaines, bien que j'aie sa garde), et que, même si son éducation laisse à désirer à de nombreux niveaux, il n'est pas violent avec elle.
Le numéro vert pour les victimes de violences conjugale : 39 19 (numéro anonyme et gratuit)
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Du 31 octobre au 28 novembre 2015, Alain Cassaigne, que vous avez déjà découvert pour beaucoup d’entre vous les photos pleines de matières sensuelles et se déversant sur des corps féminins sublimes, est mis à l’honneur par la célèbre galerie érotique parisienne « Concorde Art Gallery ».
Photographe professionnel indépendant depuis 15 ans, Alain Cassaigne sur des thématiques à long terme de reportage dans le but de livres photos ou d’expositions.
De par sa sensibilité personnelle, ses sujets de prédilection sont l’humain, pour sa force et sa fragilité, le patrimoine, l’architecture et le reportage de voyage. Il travaille aussi sur des thématiques autour de la sculpture humaine avec des matières telles que la boue et la peinture ; recherchant performances artistiques et esthétisme pictural. Considérant l’éclectisme de ses démarches comme une force, cela l’amène à être publié dans de nombreux magazines pour différents sujets et aussi dans le monde de l’édition en tant que collaborateur.
Une expo que toute la rédaction de Sentiment Moderne vous recommande vivement.
Site web de la galerie : www.concorde-art-gallery.com
Site web de l’artiste : http://cassaigne.fr
Adresse : Concorde Art Gallery – 179 boulevard Lefebvre – 75015 Paris
Ouvert du lundi au samedi de 11 heures à 20 heures. Accès au 1er étage.
Téléphone : 01 48 28 78 02
Métro : Porte de Vanves
Nous le savons un bon dessin vaut bien mieux qu’un long discours. Et une BD adultes vaut, très souvent, bien mieux que notre propre imaginaire fantasmatique.
Au moment où la transition du livre papier au livre numérique s’accélère, c’est actuellement plus encore le cas pour la BD adulte, comme ce fut le cas pour les DVD érotiques et pornographiques ces cinq dernières années après la presse de la même catégorie quelques années plus tôt encore. S’il devient possible de se procurer aisément à un prix honnête et discrètement des productions érotiques, ce sont toujours elles qui se dématérialisent, quittent les rayons, les kiosques et les vitrines en premier pour se glisser sans témoins dans votre tablette ou votre PC par le câble ou une simple connexion wifi.
A « La Musardine » ils sont loin d’être idiots et ils semblent bien décidés de récupérer le peu de retard dans le virage numérique de la bande dessinée érotique qu’ils ont pris ces temps derniers. Manifestement ils n’ont pas l’intention regarder passer les petites maisons leur souffler des parts de marché et ils le font avec intelligence en offrant gratuitement pas moins de 15 extraits de 15 titres de qualité mais de styles très divers au téléchargement.
Un excellent moyen de convaincre les dernières personnes réticentes ou hésitantes que désormais on peut lire des BD pornographiques caché dans le noir sous sa couette sur une tablette rétro-éclairée ou en grand format sur son écran de PC. Et ceci sans devoir sortir de chez soi, sans devoir faire fasse (honteusement ?) à une vendeuse ou un vendeur, sans devoir cacher la pile de ses achats sous le lit ou au-dessus de l’armoire la plus haute de l’appartement.
Alors, foncez pour télécharger de pleines pages de Tarlazzi, Erich Von Gotha, Ardem, Lemay James et bien d’autres
cliquez ici : http://bd-adultes.com/gratuits/
Bonne lecture !
Wajdek Zbiniev