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Vu sur Reflets de Thaïlande n°2, Androgenia, Pierre Etchart
Carnet de voyage, notes prises au jour le jour par un homme vieillissant (nous apprenons dans le court du récit qu’il a 58 ans), ce texte des éditions Gope, maison spécialisée dans la littérature de et sur l’Asie, est étrange. Il s’agit du récit de rencontres, essentiellement sexuelles, et les scènes sont exposées sans faux […]
Cet article provient de Littérature érotique
David Cameron, l’actuel premier ministre anglais, libéral-conservateur, part en croisade contre le porn en s’appuyant sur la légitime lutte contre la pédo-pornographie. En demandant à Google et aux autres moteurs de recherche de remplir un contrat moral, aux fournisseurs d’accès de filtrer le porn par défaut et en plaçant une frontière entre ce qui est acceptable ou non dans le porno légal, David Cameron pousse le Royaume-Uni à une terrifiante marche arrière en matière de libertés individuelles et de neutralité du net.
David — ne s’appuyant sur aucune étude scientifique — estime que les petits Anglais sont en danger, que le grand méchant porn va les corrompre et les transformer en bêtes immondes. Dans sa logique simpliste, il appelle donc à la censure du porno sur le net, des contenus dits « violents » mais aussi de rendre leur possession illégale. En dehors du fait que cette demande est techniquement ridicule à appliquer, et que ni les moteurs de recherche ni les acteurs de l’industrie du divertissement pour adulte n’ont pas à se soumettre aux délires moralistes d’un Premier ministre qui aimerait bien se faire réélire, on assiste à un glissement éthique dangereux dans ce que le porno peut ou ne peut pas montrer.
Peter Acworth, patron de Kink.com, tire la tronche
David est peut-être un excellent père de famille, il n’en est pas moins un très mauvais connaisseur d’internet et encore plus de la pornographie. Une dérive populiste qui a agacé au plus au point Peter Acworth, né en Angleterre, créateur et patron du plus gros studio BDSM au monde : Kink.com. Dans une lettre ouverte postée sur son blog, il s’en prend au premier ministre.
Mes premiers contacts avec la sexualité se sont faits avec des magazines et des vidéos bondage dans des sex-shops miteux de Londres. J’ai ainsi compris que le BDSM faisait partie de ma sexualité et que je n’étais pas le seul dans ce cas là. J’ai appris qu’il existait des gens regroupés en communauté qui partageaient les mêmes goûts. La pornographie est à mon sens quelque chose de sain.
S’il avait eu à cette époque une quelconque répression sur ce type de porno, je me serais senti mis à l’écart et n’aurais jamais pu trouver des gens avec qui partager ces fantasmes, et je n’en serais probablement pas là où j’en suis aujourd’hui.
Il dénonce aussi la facilité avec laquelle cette mesure pourrait condamner le simple possesseur d’images pornographiques « extrêmes ».
Les lois concernant la « pornographie extrême », que vous souhaitez durcir aujourd’hui, sont pour le moins ambiguës. Qui est en mesure de dire ce qui est illégal ou non ? Un couple BDSM qui se prend en photo devient-il coupable de quelque chose parce qu’il possède ses propres images ? Comment fait-t-on pour faire la différence entre une image une scène de SM hard, et ce que la loi britannique désigne comme « susceptible d’entraîner de graves blessures à l’anus, aux seins et aux organes génitaux ? ».
Et comme Peter est bien décidé à achever les puritains, il décide de s’aventurer en terrain glissant en évoquant l’évolution des chiffres des agressions sexuelles au cours de la décennie précédente.
Je n’ai pas encore vu de preuves convaincantes concernant [l’existence] de conséquences néfastes sur la pornographie sur Internet. En effet, depuis la création d’internet à aujourd’hui, il y a eu une diminution remarquable du nombre de viols dans les civilisations occidentales. Anthony D’Amato, professeur Leighton de droit à l’Université Northwestern l’explique très bien dans Porn Up, Rape Down (un document rédigé en 2004, mais le nombre de viols a encore chuté de 15% aux États-Unis jusqu’en 2013).
Pleure pas Peter. Promis-juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire.
Les réformes voulues par David Cameron ont peu de chance d’aboutir, mais elles continuent à pointer du doigt le porno (et par extension internet) comme responsables des maux de la société. Il est en effet toujours plus simple de désigner un bouc émissaire que d’expliquer aux parents qu’ils éduquent mal leurs enfants. Internet et le porno en ligne n’ont – jusqu’à preuve du contraire – toujours pas créé une génération plus dingue ou violente que la précédente. C’est un raisonnement simpliste qui, en plus de prendre la jeunesse pour plus bête qu’elle ne l’est, veut nous faire croire que des images auraient un pouvoir de transformation extraordinaire sur la société. La réalité est bien plus nuancée, dommage que ce mot soit malheureusement banni du discours politique.
Image: Political breastvertising by Hope Lingerie, via Adrants.
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