Roman Polanski présente La Vénus et la fourrure en compétition au festival de Cannes. S’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre, mais « La Vénus et la fourrure » est aussi le roman de Leopold von Sacher-Masoch qui sera la matrice du masochisme moderne. Polanski va donc mettre en scène Emmanuelle Seigner, sa compagne, dans un film chaud bouillant. La réussite sera-t-elle au rendez-vous? Le traitement d’un sujet sexuel au cinéma traditionnel n’est pas toujours un gage de réussite.
Sorti en octobre 2012, le film d’Ivan Attal, Do not Disturb, n’est resté visible dans les salles de cinéma qu’une poignée de semaines. Il mettait en scène deux hommes hétérosexuels qui, dans un petit délire de soirée, se lancent le défi de tourner un film porno ensemble. Nul ne sait si le film a fait un flop à cause de son sujet ultra tabou (des rapports homosexuels entre hétérosexuels) ou à cause de ses images « exigeantes » (enfin le genre de film aux cadrages tremblants qui a une excellente critique dans Télérama mais nulle part ailleurs). Le sujet était plutôt bien traité et posait des questions intéressantes sur le jeu « entre hommes », sur ce qui fait l’homme et la notion de courage, mais il avait une esthétique un peu particulière (que je qualifierais de « esthétique-télérama ») et est émaillé de nombreuses scènes peu crédibles. Il semblerait cependant que ce soit surtout le sujet qui ait rebuté les spectateurs. Pourtant dans ce film, pas de quoi déranger la morale : impossible pour deux hommes d’envisager la sensualité, car rien que le fait de s’embrasser leur semble « dégueulasse ». A plusieurs niveau, c’était donc un échec.
D’autres ont plus de réussite. Would you have sex with an arab ? est un documentaire passionnant. Là encore, le sujet est particulièrement intéressant et bien traité mais la qualité des images n’est pas au rendez-vous. Ce sujet, c’est la guerre et les relations entre juifs et arabes mais vues sous l’angle de « would you have sex with » : avec qui coucheriez-vous ? Ce qui est extraordinaire, c’est que la question est posée à tout le monde (aux juifs, aux arabes, aux homos, aux hétéros, aux hommes, aux femmes, à des trans…) et que certains changent d’avis au fur et à mesure qu’ils réfléchissent sur ce que cela implique. « C’était le moment le plus antiérotique de ma vie, raconte une jeune femme juive, impossible d’oublier que c’était un arabe. Je faisais la paix avec le monde en faisant l’amour ». Cette femme a vraiment eu le sentiment, lorsqu’elle a fait l’amour amour avec un arabe de « faire la paix » et pas tellement d’un temps érotique. A l’opposé, un homme issu d’une rencontre arabo-juive dit que le sexe c’est une rencontre de « chair » et qu’il ne « baise pas des identités mais des corps ». « Je ne sais pas pourquoi je vous répondrais non », explique une autre jeune femme juive, qui se rend compte de ses paradoxes. Une jeune femme arabe tient exactement le même discours. Les hommes interrogés dans ce documentaire ont, dans l’ensemble, un discours plus tranché : ils disent oui ou non mais ne changent pas d’avis alors que certaines femmes, notamment celles qui disent non, semblent évoluer au cours du film. Les homosexuels, hommes ou femmes, déjà en marge de la religion, n’ont quant à eux aucun problème avec la religion de leur partenaire…
Plus récemment, The sessions racontait le parcours d’un homme handicapé, Mark O’Brien, qui fait appel à une assistante sexuelle afin d’accéder à un contact sensuel, dont il est privé car dans l’incapacité de se mouvoir. La relation qui va s’établir entre eux deviendra plus que charnelle, et permettra par la suite à Mark de trouver l’amour. Basé sur des faits réels, ce film permet d’humaniser le débat sur l’assistance sexuelle pour les handicapés, et peut-être d’adopter un point de vue moins idéologique sur la prostitution. Une belle histoire et des performances d’acteurs très réussies, pour un film que je vous encourage fortement à voir !
Ces trois films avaient le sexe pour sujet central. Finalement le moins réussi des trois est celui qui n’a pas réussi à aborder son sujet : Do not disturb , qui parle de sexualité entre hommes, le fait avec pour seule scène de sexe… une levrette entre Yvan Attal et Laetitia Casta. Une belle façon de tirer à côté. Cette année, à Cannes, beaucoup ont tenté l’aventure (La vie d’Adèle, Ma vie avec Liberace).Espérons pour Polanski qu’il ait réussi à faire face!