Tout le monde connaît « 50 Nuances de Grey », peut-être même que ce livre érotique alimente certains de vos fantasmes. Mais comment se passe réellement une relation BDSM dans la vraie vie ? Nous avons interviewé Céline Messine, soumise dans une relation BDSM.
Qu’est-ce qu’une relation sado-masochiste parfaite ?
Parfaite ? Heureusement qu’une relation ne peut pas être parfaite, il n’y aurait plus rien à conquérir. En ce qui me concerne, je parlerais d’une relation BDSM réussie et pour moi, c’est avant tout quand le plaisir est partagé des deux côtés, que la soumise s’épanouit dans la confiance et que son maître en est fier, il est fier d’elle et par ricochet fier de lui-même, de son propre « travail » sur elle, de leur évolution commune.
Penses-tu qu’on naisse soumise ou qu’on le devienne ?
Même si beaucoup de choses s’apprennent et s’éduquent lorsque nous sommes novices, je pense qu’au fond de soi, nous nous savons déjà soumise même si cela peut sembler vraiment flou, lointain ou que nous l’ayons mis de côté. Je ne crois pas que quelqu’un qui n’ait aucune attirance pour la soumission ait un jour un revirement de situation. À moins que jusque-là, cette personne se soit mentie à elle-même et que plus tard elle accepte de regarder ses vérités en face.
Qu’est-ce qui t’excite le plus, la soumission physique ou la soumission psychologique ?
J’ai du mal à imaginer la soumission physique sans son aspect cérébral. Pour moi l’un ne va pas sans l’autre. Par exemple, je ressens souvent le besoin d’être corrigée par Mon Maître par pur plaisir masochiste, mais s’il n’y avait pas une influence cérébrale accrue lors de ces séances, je ne suis pas certaine que je ressentirais cette envie, ni que j’y prendrais un réel plaisir. La connexion cérébrale que j’ai avec Mon Maître lors de ces séances est primordiale.
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La douleur est-elle nécessaire dans une relation SM ?
Cela fait partie de la définition même d’une relation SM c’est-à-dire Sadomasochiste où la douleur est au centre de la relation. Il faut séparer dans le BDSM les relations D/s (domination/soumission) des relations SM (Sadomasochistes). Il n’est pas rare que des gens ne s’adonnent qu’aux relations D/s sans avoir de relations SM. L’inverse peut exister aussi. Les mots sont parfois aujourd’hui utilisés à mauvais escient. Le sadomasochisme transporte fatalement la notion de douleur. La domination/soumission est une autre voie qui peut accompagner la relation SM.
Comment as-tu découvert que la soumission te procurait du plaisir ?
Adolescente, je faisais mes expériences, et j’en faisais beaucoup trop. Au-delà des risques que cela pouvait engendrer, j’étais surtout totalement insatisfaite. Je courais derrière quelque chose mais j’étais incapable de définir quoi. La littérature érotique m’a accompagnée pendant ces années là. Je suis tombée sur des récits de littérature BDSM, en me surprenant à fantasmer seule dans mon lit sur des scènes de soumission. Être maîtrisée, dirigée, m’enivrait et m’excitait énormément. Du roman à la réalité il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi de façon totalement naturelle.
On parle souvent de “contrat” dans les relations SM, estimes-tu qu’il soit nécessaire de signer un contrat pour déterminer les limites ?
Honnêtement je n’ai jamais eu de contrat écrit avec Mon Maître, cela ne m’a jamais paru nécessaire car j’avais choisi d’avoir une totale confiance dès le départ. En cela, je n’ai jamais eu à énoncer de limites. Je n’en voulais pour ainsi dire aucune, c’est ce qui m’a toujours paru le plus beau dans ma soumission, ce don absolu que je lui offre. Je dirais qu’un contrat peut être nécessaire pour certaines novices si cela les rassure, mais franchement, ce n’est pas parce qu’une limite est rédigée que celle-ci sera fatalement respectée. Quelle valeur porte réellement ce contrat ?
Le problème est qu’il y a malheureusement trop de prédateurs mal intentionnés qui se servent de la carte « maître » et du folklore BDSM pour abuser des femmes désireuses de soumission sexuelle. Le contrat n’a évidemment aucune valeur légale et heureusement, car cela fait partie d’un folklore peut être un peu éculé de nos jours. Le plus beau et juste contrat dans ces rapports, c’est la confiance et pour qu’elle soit effective, il faut du temps.
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Certaines personnes sont “switch” (dominantes et soumises à la fois). Penses-tu que nous ayons tous-tes une partie dominante et une partie soumise en nous ?
Je pourrais parler de mon propre cas pendant des heures mais je ne suis pas compétente pour ce genre d’analyse. En tout cas, je crois que j’ai toujours eu ma part de Domina en moi, c’est même certain. Je sais que je serai soumise uniquement à Mon Maître et peut être que si je ne l’avais jamais rencontré, je n’aurais même jamais découvert la soumise en moi. Cela aurait été bien dommage car cela m’apporte un équilibre important dans ma vie.
J’imagine qu’une réponse est valable pour une personne et pas pour l’autre. Le mieux reste de suivre ses désirs. Je pense surtout qu’il y a une grande différence entre ceux qui « jouent » au BDSM, qui sont la plus grande partie des gens de ce milieu et ceux qui « vivent » BDSM, qui sont plus rares. Le « switching » des dominants me paraît peu crédible pour les gens qui « vivent » BDSM.
Que penses-tu du rôle de « 50 nuances de Grey » pour démocratiser le BDSM ?
Populariser et vulgariser le BDSM est une arme à double tranchant.
Tout d’abord, cela va démultiplier le nombre de prédateurs qui se disent maîtres dans le seul but d’abuser de femmes un peu fragiles, qui chercheraient une romance. Je pense que beaucoup de femmes vont se leurrer devant un romantisme exagéré et répandu dans ce roman, qui par définition n’est pas une réalité mais une fiction.
Enfin, les pratiques sadomasochistes comme elles se pratiquent dans la réalité, ne correspondent absolument pas à cette image vendue. Une petite fessée du samedi soir pour pimenter sa vie de couple n’est pas une relation BDSM !
Un conseil à donner aux personnes qui fantasment sur la soumission mais n’osent pas franchir le pas ?
Je leur conseillerais de se poser les bonnes questions : désirent-elles un vrai mode de vie sous l’œil protecteur d’un guide ou désirent-elles tout simplement des pratiques occasionnelles pour pimenter leur sexualité ?
Je leur dirais aussi d’être patientes, car il faut beaucoup de patience pour différencier un vrai Maître BDSM d’un manipulateur. De surcroît sur Internet où les rapports sont faussés par l’anonymat, par la force du fantasme. Or, nous parlons de réalité. La méfiance est donc de mise.
Enfin, je leur dirais de dépasser la crainte ou la honte qui les empêche de faire un premier pas dans ce monde. Nos envies finissent toujours par resurgir et nous frustrer !
L’article Au coeur d’une relation BDSM : point de vue d’une soumise est apparu en premier sur Desculottées.