Raven-Symoné, connue pour son rôle dans la série pour ados « Phénomène Raven », célèbre le mois des Fiertés en beauté en épousant sa petite amie Miranda Maday.
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Un sondage Sidaction révèle un manque de prévention et d'information sur le VIH et le sida chez les 15-24 ans. Une preuve de plus que l'éducation sexuelle est plus que nécessaire !
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C’est devenu un grand classique de Tinder de voir des profils de couples qui cherchent explicitement à faire un plan à trois, ou des profils de femmes seules qui indiquent clairement “Couples pour plan à trois, passez votre chemin !”. Effectivement, c’est souvent des “licornes” qui sont recherchées (surnom donné dans le libertinage à la […]
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Ils ont été mis à rude épreuve pendant le confinement. A distance ou sous le même toit, avec ou sans enfants, jeune ou vieux, hétérosexuel, homosexuel ou polyamoureux, tous les types de couples existent ! Ils sont un objectif pour certain(e)s, une peur pour d’autres. Le couple est l’un des seuls sujets que l’on évoque à tout âge. A 10 ans, on nous demande si on a une amoureuse. A 20 ans, une petite amie. A 30 ans, une copine etc. etc. Aujourd’hui, on vous présente 5 faits surprenants sur la vie de couple !
La plus longue relation de couple86 ans et 290 jours ! Voilà la durée du plus long mariage de l’histoire !
Il s’agit de l’union de Zelmyra et Herbert Fisher. Ces derniers étaient mariés depuis 86 ans, 290 jours jusqu’au 27 février 2011, date du décès de M. Fisher
Leur mariage a résisté à la Grande Dépression, à la Seconde Guerre mondiale, à la guerre de Corée, à la guerre du Vietnam, au Mouvement des droits civiques et à 15 administrations présidentielles. Le couple de Caroline du Nord, qui s’est marié le 13 mai 1924, a été reconnu par le Guinness Book of World Records comme le plus vieux couple vivant à partir de 2008 avec 84 ans de mariage. Cet article 5 faits surprenants sur la vie de couple est apparu en premier sur Union.
Sur le secret de leur longévité, ils affirmaient à un journaliste : « Il n’y a pas de secret pour notre mariage, nous avons juste fait ce qu’il fallait l’un pour l’autre et pour notre famille. » Puis de préciser : « Il faut se respecter, se...Lire la suite sur Union
La ritournelle de la prise de conscience et du changement de cap à venir, jouée en boucle à longueur d’interviews et de déclarations télévisées solennelles, nous promet un nouveau départ vers un horizon radieux. Néanmoins, à y regarder de plus près, qu’y a-t-il de changé ?
Nous vivons un mois des fiertés quasi atone, alors que la militante lesbienne égyptienne Sara Hegazy vient de mettre fin à ses jours, ne parvenant pas à se remettre des traumatismes subis lors de son incarcération. Atone alors que Viktor Orban vient d’interdire toute reconnaissance juridique aux personnes trans en Hongrie. Atone alors que le 12 juin a eu lieu à Saint-Étienne une violente agression transphobe.
À Lyon, Gérard Collomb est prêt à tous les renoncements en s’alliant avec la droite de Laurent Wauquiez pour le deuxième tour des élections municipales et métropolitaines pour “faire barrage aux Verts” qui constitueraient on ne sait quelle menace pour l’ordre républicain.
Le secteur culturel, lourdement touché par la crise sanitaire, n’a eu droit qu’à un show halluciné d’Emmanuel Macron et à des propositions laconiques d’un ministre de la Culture inexistant, sans que rien ne soit en mesure de lever l’incertitude sur l’avenir des théâtres, des salles de concert et des lieux de création où s’inventent les alternatives de demain.
Il aura fallu la mort de George Floyd, citoyen noir américain, le 25 mai dernier, plaqué au sol sous le joug d’un policier, pour que la lutte contre le racisme et les violences policières reviennent au cœur des débats, entraînant de multiples manifestations à travers le monde. Mais réveille également les mouvements identitaires et leur fiction de racisme anti-blancs et fasse descendre dans la rue des policiers français réclamant le droit d’effectuer une clef d’étranglement lors de leurs interventions.
Sur ces manifestations-là, Emmanuel Macron a tenté de botter en touche, en renouvelant toutefois sa confiance aux forces de l’ordre et en s’opposant au déboulonnage des statues de personnalités historiques liées au racisme et à l’histoire de l’esclavagisme. Ce qui semble cependant lui échapper, c’est qu’en l’occurrence, le pouvoir de desserrer ou non l’écrou ne lui appartient pas.
© photo de couverture : Sarah Fouassier
© illustration : Anaëlle Larchevêque
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Au Japon, les hommes qui vivent seuls sont de plus en plus nombreux. Pour compenser la solitude, certains portent des masques de jeunes femmes ou de poupées. A voir samedi, sur le site du musée du quai Branly.
Ce week-end, c’est historique, le musée du quai Branly inaugure son premier colloque dématérialisé, l’occasion de montrer des images inédites, qui ne seront visibles qu’une seule et unique fois. Le colloque s’intitule «Identités Désirées». Le hasard veut qu’il ait été programmé au moment même où l’épidémie s’est répandue en France. Il devait avoir lieu dans le vrai musée, avec de vrais gens de chair et d’os. Il se déroule, finalement, dans une version en LiveStreaming et à distance, sur la chaine YouTube du musée : samedi 27 et dimanche 28 juin, de midi à 17h20, une douzaine de chercheurs et d’artistes aborderont la question de savoir ce que signifie porter un masque ou se déguiser sur les réseaux. Pourquoi certains humains ne veulent-ils plus être eux-mêmes ? Pourquoi désirent-ils se changer en femme ? En chat ? En épouse de personnage de jeu vidéo ?
Devenir avatar ? S’unir à un héros de jeu vidéo ?
La question peut sembler saugrenue. A la lumière de l’épidémie, elle prend cependant l’aspect sinistre d’une prémonition : maintenant, de plus en plus de gens s’amusent à utiliser des avatars pour télé-travailler. Or le choix d’avatar est loin d’être anodin. Par ailleurs, de plus en plus d’humains se mettent à porter des masques. Comme l’explique le sociologue Dominique Boullier, dans la conférence inaugurale du colloque («Extension du domaine du fake»), cela peut sembler normal dans des pays comme le Japon, mais en Occident cela implique un «bouleversement profond des moeurs», générateur d’angoisses. «Surtout en France, dit-il, où la question du voile resurgit au moins une fois par an», le port du masque obligatoire force les gens à repenser dramatiquement leur vision du monde.
Des fantômes amoureux d’autres fantômes
Pour les plus inquiets, il n’est d’ailleurs pas indifférent que le mot virus désigne aussi bien le Covid que les infos en ligne : «masque et fake news, même combat», disent-ils. Pour eux, le masque est le symbole d’un monde voué à devenir toujours plus faux, artificiel et, donc, dangereusement détaché de l’emprise que le corps nous donne sur le réel. Ont-ils tort ou raison ? Le colloque, qui n’était –à l’origine– destiné qu’à étudier des phénomènes sociaux au Japon, pourrait peut-être apporter des réponses. Profitant de l’épidémie, les chercheurs se questionnent : faut-il craindre que les gens, forcés de se masquer, deviennent anonymes ? Les masques favorisent-ils la perte d’identité ou pire, la dilution des individus dans un monde hyper-connecté ? Sommes-nous condamné-es à ne plus nous exprimer qu’à travers des écrans et à nous séparer physiquement les un-es des autres ? Allons-nous devenir des fantômes amoureux d’autres fantômes ?
Un colloque avec des vidéos d’art dedans
Pour répondre à toutes ces questions, le colloque «Identités Désirées» diffusera en LiveStreaming des vidéos enregistrées de conférences, qui seront ensuite mises en ligne et accessibles de façon permanente sur le site du musée. Mais le jour même de l’événement certaines vidéos d’art seront également diffusées, une seule et unique fois. Parmi ces vidéos, j’aimerais ici parler de celle qui s’intitule Spotting Tsuma (Rechercher une épouse), car elle a été réalisée tout spécialement pour le colloque, pendant le confinement avec des morceaux de tournage qui n’étaient pas destinés à être montrés. Cela rend le document exceptionnel. D’autant plus exceptionnel, d’ailleurs, qu’il a fallu pas moins de dix ans pour en réunir toutes les pièces.
Imaginez un monde privé de femmes
Imaginez un monde privé de femmes. Le film commence ainsi : les femmes ont disparu de la terre. Elles n’existent plus qu’à l’état de fantasmes. Comment faire face ? Spotting Tsuma, oeuvre de poétique-fiction, a été réalisé par un couple franco-japonais – Alain Della Negra et Kaori Kinoshita – à partir de rushs de repérage et d’entretiens tournés au cours des dix dernières années.
«Il est difficile de combler le manque tout à fait»
Entre fable et documentaire, Spotting Tsuma offre –en un raccourci vertigineux de 26 minutes– une longue et patiente enquête menée dans différentes milieux, tous masculins, tous marqués par le manque. Que faire quand on se sent seul ? Quatre types de réaction face à l’absence de femmes sont documentés : l’achat d’une love doll, le travestissement en femme, le déguisement en poupée et les jeux de simulation amoureux. Prenons le premier cas : celui des hommes qui s’achètent une poupée. Leurs témoignages sont les plus émouvants. Celui de Kotaro, par exemple, un retraité aux cheveux poivre sel : «Le fait qu’il n’y ait plus de femmes créé un choc véritable. Malgré nos efforts, il est difficile de combler le manque tout à fait.» Dans son petit studio, les vêtements de la poupée occupent une grande partie de l’espace. On se croirait dans le studio d’une jeune fille.
La poupée comme double
Kotaro aime une poupée qui s’appelle Saori. Chaque jour, il lui consacre tous ses soins, l’habille de jolies tenues, la coiffe et lui fait prendre des poses. Lorsqu’il la manipule, c’est comme s’il se dédoublait en pensée… Une partie de lui se transfère dans la poupée. «Les hommes sont romantiques, explique Tsuchiya, créateur d’Orient Industry, la firme pionnière dans le commerce des love dolls. Quand ils ont une poupée, ils projettent sur elle leur ex-copine […]. Les sentiments sont indispensables pour faire l’amour à une poupée.» Pour Tsuchiya, il semble évident que les hommes sont des êtres au coeur tendre. Curieusement, tout au long du film, c’est le même message qui revient. Les femmes n’ont pas besoin des hommes au Japon. C’est pour ça qu’elles ont disparu en les laissant seuls, dans leur pauvre monde… seuls face au besoin déchirant d’une présence.
Les garçons-filles japonais
Plus le film avance, plus il devient troublant. Pour compenser la solitude, certains hommes se travestissent. Ils font partie d’une communauté d’otoko-no-ko, soit des garçons au look androgyne qui se retrouvent lors de soirées vêtus, coiffés et maquillés en femmes, afin de mesurer leur pouvoir de suggestion. Lequel d’entre eux possède la plus haute maîtrise dans l’art du nyotai-ka (incarnation du féminin) ? Pour mieux se préparer à la compétition, certains vivent en femme, afin que celle qu’ils invoquent de leurs voeux reste le plus souvent possible à leur côté. Se travestir, c’est invoquer la femme, disent-ils. Lorsqu’ils se regardent dans un miroir, ils ont l’impression qu’elle est là. C’est une des scènes les plus troublantes du film.
Une poupée silencieuse
Une poupée silencieuse dans une pièce à tatami. Plongée dans ses pensées. Sa peau, synthétique, a été cousue pour recouvrir entièrement le corps. Sous cette enveloppe couleur saumon, un être bouge sans qu’on puisse deviner sa nature. Un homme adepte de kigurumi (transformation en personnage style manga) explique ainsi le phénomène : «Il faut respecter le principe d’identification avec une poupée. Il ne faut surtout pas montrer qu’il y a quelqu’un à l’intérieur. Pourtant, la vérité, c’est qu’il y a un homme à l’intérieur.» Il affirme que le plaisir, face à la poupée, c’est ressentir «le spectre de l’homme qui habite la poupée». Au Japon, ainsi que Spotting Tsuma le dévoile, par touches énigmatiques, si les hommes se déguisent et enfilent des masques ce n’est pas pour se perdre.
Faire du masque un jeu de cache cache avec ?
Le changement d’identité offre à ces hommes l’espoir de faire advenir celle qu’ils attendent en secret. «Nous sommes particulièrement touchés par ceux qui essaient de contrer la solitude, par ceux qui tentent des gestes pour dépasser l’anxiété qui nous paralyse, et nous rend bien souvent spectateurs de notre existence. C’est ce que font ces hommes, nous semble-t-il.» Pour Alain della Negra et pour Kaori Kinoshita, toutes mystérieuses qu’elles soient, leurs pratiques sont porteuses d’espoir.
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A VOIR : Spotting Tsuma, film à diffusion unique d’Alain della Negra et Kaori Kinoshita, samedi 27 juin, 16h.
Dans le cadre du colloque international “Desired Identities. New Technology-based Metamorphosis in Japan” (en anglais, avec sous-titres en anglais), qui avait lieu en LIVE STREAMING sur la Chaine YouTube du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Ce colloque aborde le phénomène “kyara-ka” (transformation en personnage fictif) ainsi que les stratégies et pratiques numériques liées à la présentation de soi : avatar, vocaloid, e-cosplay, VTubing...
Organisé par le groupe de recherche européen EMTECH, en collaboration avec le département de la recherche du musée du Quai Branly, ce colloque se déroule en ligne les samedi 27 et dimanche 28 juin 2020 : deux jours pendant lesquels, entre midi et 17h20, les internautes peuvent voir les présentations sous la forme de vidéos (30 mn) entrecoupées de pauses, de court-métrages inédits et de rendez-vous avec les chercheurs pour poser des questions dans un espace de rencontre dédié.
FILMOGRAPHIE d’Alain della Negra et Kaori Kinoshita : «The cat, the reverend and the slave», 2010. «Bonheur académie», 2017
ILLUSTRATION : photo d'Inuyamai Nuko, artiste japonais spécialisé dans la fabrication des masques pour amateurs de kigurumi et créateur du cercle Nukopan.
Au Japon, les hommes qui vivent seuls sont de plus en plus nombreux. Pour compenser la solitude, certains portent des masques de jeunes femmes ou de poupées. A voir samedi, sur le site du musée du quai Branly.
Ce week-end, c’est historique, le musée du quai Branly inaugure son premier colloque dématérialisé, l’occasion de montrer des images inédites, qui ne seront visibles qu’une seule et unique fois. Le colloque s’intitule «Identités Désirées». Le hasard veut qu’il ait été programmé au moment même où l’épidémie s’est répandue en France. Il devait avoir lieu dans le vrai musée, avec de vrais gens de chair et d’os. Il se déroule, finalement, dans une version en LiveStreaming et à distance, sur la chaine YouTube du musée : samedi 27 et dimanche 28 juin, de midi à 17h20, une douzaine de chercheurs et d’artistes aborderont la question de savoir ce que signifie porter un masque ou se déguiser sur les réseaux. Pourquoi certains humains ne veulent-ils plus être eux-mêmes ? Pourquoi désirent-ils se changer en femme ? En chat ? En épouse de personnage de jeu vidéo ?
Devenir avatar ? S’unir à un héros de jeu vidéo ?
La question peut sembler saugrenue. A la lumière de l’épidémie, elle prend cependant l’aspect sinistre d’une prémonition : maintenant, de plus en plus de gens s’amusent à utiliser des avatars pour télé-travailler. Or le choix d’avatar est loin d’être anodin. Par ailleurs, de plus en plus d’humains se mettent à porter des masques. Comme l’explique le sociologue Dominique Boullier, dans la conférence inaugurale du colloque («Extension du domaine du fake»), cela peut sembler normal dans des pays comme le Japon, mais en Occident cela implique un «bouleversement profond des moeurs», générateur d’angoisses. «Surtout en France, dit-il, où la question du voile resurgit au moins une fois par an», le port du masque obligatoire force les gens à repenser dramatiquement leur vision du monde.
Des fantômes amoureux d’autres fantômes
Pour les plus inquiets, il n’est d’ailleurs pas indifférent que le mot virus désigne aussi bien le Covid que les infos en ligne : «masque et fake news, même combat», disent-ils. Pour eux, le masque est le symbole d’un monde voué à devenir toujours plus faux, artificiel et, donc, dangereusement détaché de l’emprise que le corps nous donne sur le réel. Ont-ils tort ou raison ? Le colloque, qui n’était –à l’origine– destiné qu’à étudier des phénomènes sociaux au Japon, pourrait peut-être apporter des réponses. Profitant de l’épidémie, les chercheurs se questionnent : faut-il craindre que les gens, forcés de se masquer, deviennent anonymes ? Les masques favorisent-ils la perte d’identité ou pire, la dilution des individus dans un monde hyper-connecté ? Sommes-nous condamné-es à ne plus nous exprimer qu’à travers des écrans et à nous séparer physiquement les un-es des autres ? Allons-nous devenir des fantômes amoureux d’autres fantômes ?
Un colloque avec des vidéos d’art dedans
Pour répondre à toutes ces questions, le colloque «Identités Désirées» diffusera en LiveStreaming des vidéos enregistrées de conférences, qui seront ensuite mises en ligne et accessibles de façon permanente sur le site du musée. Mais le jour même de l’événement certaines vidéos d’art seront également diffusées, une seule et unique fois. Parmi ces vidéos, j’aimerais ici parler de celle qui s’intitule Spotting Tsuma (Rechercher une épouse), car elle a été réalisée tout spécialement pour le colloque, pendant le confinement avec des morceaux de tournage qui n’étaient pas destinés à être montrés. Cela rend le document exceptionnel. D’autant plus exceptionnel, d’ailleurs, qu’il a fallu pas moins de dix ans pour en réunir toutes les pièces.
Imaginez un monde privé de femmes
Imaginez un monde privé de femmes. Le film commence ainsi : les femmes ont disparu de la terre. Elles n’existent plus qu’à l’état de fantasmes. Comment faire face ? Spotting Tsuma, oeuvre de poétique-fiction, a été réalisé par un couple franco-japonais – Alain Della Negra et Kaori Kinoshita – à partir de rushs de repérage et d’entretiens tournés au cours des dix dernières années.
«Il est difficile de combler le manque tout à fait»
Entre fable et documentaire, Spotting Tsuma offre –en un raccourci vertigineux de 26 minutes– une longue et patiente enquête menée dans différentes milieux, tous masculins, tous marqués par le manque. Que faire quand on se sent seul ? Quatre types de réaction face à l’absence de femmes sont documentés : l’achat d’une love doll, le travestissement en femme, le déguisement en poupée et les jeux de simulation amoureux. Prenons le premier cas : celui des hommes qui s’achètent une poupée. Leurs témoignages sont les plus émouvants. Celui de Kotaro, par exemple, un retraité aux cheveux poivre sel : «Le fait qu’il n’y ait plus de femmes créé un choc véritable. Malgré nos efforts, il est difficile de combler le manque tout à fait.» Dans son petit studio, les vêtements de la poupée occupent une grande partie de l’espace. On se croirait dans le studio d’une jeune fille.
La poupée comme double
Kotaro aime une poupée qui s’appelle Saori. Chaque jour, il lui consacre tous ses soins, l’habille de jolies tenues, la coiffe et lui fait prendre des poses. Lorsqu’il la manipule, c’est comme s’il se dédoublait en pensée… Une partie de lui se transfère dans la poupée. «Les hommes sont romantiques, explique Tsuchiya, créateur d’Orient Industry, la firme pionnière dans le commerce des love dolls. Quand ils ont une poupée, ils projettent sur elle leur ex-copine […]. Les sentiments sont indispensables pour faire l’amour à une poupée.» Pour Tsuchiya, il semble évident que les hommes sont des êtres au coeur tendre. Curieusement, tout au long du film, c’est le même message qui revient. Les femmes n’ont pas besoin des hommes au Japon. C’est pour ça qu’elles ont disparu en les laissant seuls, dans leur pauvre monde… seuls face au besoin déchirant d’une présence.
Les garçons-filles japonais
Plus le film avance, plus il devient troublant. Pour compenser la solitude, certains hommes se travestissent. Ils font partie d’une communauté d’otoko-no-ko, soit des garçons au look androgyne qui se retrouvent lors de soirées vêtus, coiffés et maquillés en femmes, afin de mesurer leur pouvoir de suggestion. Lequel d’entre eux possède la plus haute maîtrise dans l’art du nyotai-ka (incarnation du féminin) ? Pour mieux se préparer à la compétition, certains vivent en femme, afin que celle qu’ils invoquent de leurs voeux reste le plus souvent possible à leur côté. Se travestir, c’est invoquer la femme, disent-ils. Lorsqu’ils se regardent dans un miroir, ils ont l’impression qu’elle est là. C’est une des scènes les plus troublantes du film.
Une poupée silencieuse
Une poupée silencieuse dans une pièce à tatami. Plongée dans ses pensées. Sa peau, synthétique, a été cousue pour recouvrir entièrement le corps. Sous cette enveloppe couleur saumon, un être bouge sans qu’on puisse deviner sa nature. Un homme adepte de kigurumi (transformation en personnage style manga) explique ainsi le phénomène : «Il faut respecter le principe d’identification avec une poupée. Il ne faut surtout pas montrer qu’il y a quelqu’un à l’intérieur. Pourtant, la vérité, c’est qu’il y a un homme à l’intérieur.» Il affirme que le plaisir, face à la poupée, c’est ressentir «le spectre de l’homme qui habite la poupée». Au Japon, ainsi que Spotting Tsuma le dévoile, par touches énigmatiques, si les hommes se déguisent et enfilent des masques ce n’est pas pour se perdre.
Faire du masque un jeu de cache cache avec ?
Le changement d’identité offre à ces hommes l’espoir de faire advenir celle qu’ils attendent en secret. «Nous sommes particulièrement touchés par ceux qui essaient de contrer la solitude, par ceux qui tentent des gestes pour dépasser l’anxiété qui nous paralyse, et nous rend bien souvent spectateurs de notre existence. C’est ce que font ces hommes, nous semble-t-il.» Pour Alain della Negra et pour Kaori Kinoshita, toutes mystérieuses qu’elles soient, leurs pratiques sont porteuses d’espoir.
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A VOIR : Spotting Tsuma, film à diffusion unique d’Alain della Negra et Kaori Kinoshita, samedi 27 juin, 16h.
Dans le cadre du colloque international “Desired Identities. New Technology-based Metamorphosis in Japan” (en anglais, avec sous-titres en anglais), qui avait lieu en LIVE STREAMING sur la Chaine YouTube du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Ce colloque aborde le phénomène “kyara-ka” (transformation en personnage fictif) ainsi que les stratégies et pratiques numériques liées à la présentation de soi : avatar, vocaloid, e-cosplay, VTubing...
Organisé par le groupe de recherche européen EMTECH, en collaboration avec le département de la recherche du musée du Quai Branly, ce colloque se déroule en ligne les samedi 27 et dimanche 28 juin 2020 : deux jours pendant lesquels, entre midi et 17h20, les internautes peuvent voir les présentations sous la forme de vidéos (30 mn) entrecoupées de pauses, de court-métrages inédits et de rendez-vous avec les chercheurs pour poser des questions dans un espace de rencontre dédié.
FILMOGRAPHIE d’Alain della Negra et Kaori Kinoshita : «The cat, the reverend and the slave», 2010. «Bonheur académie», 2017
ILLUSTRATION : photo d'Inuyamai Nuko, artiste japonais spécialisé dans la fabrication des masques pour amateurs de kigurumi et créateur du cercle Nukopan.