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Oh ! Divine surprise ! Les Liaisons Gourmandes, des soirées époustouflantes de dégustation les yeux bandés, se démocratisent à l’aide d’un coffret pour que chacun puisse organiser une soirée du même style à la maison. Alors quand mon amie libertine Miss Dactari m’invite pour que l’on teste le coffret ensemble, je dis tout simplement oui.…
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Nous déplorons l'image caricaturale du féminisme générée par les dérapages de la présidence actuelle de la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Ce n'est pas sans tristesse que nous constatons que cela rejaillit sur la FFQ, car les femmes sont en train de perdre une voix importante qui a compté depuis cinquante ans.
- Féminisme - Rapports femmes/hommes, masculinisme, sexisme, stéréotypesPendant des années, la journaliste Maïa Mazaurette fait venir des hommes dans sa cuisine, pour les croquer. Révélés par la galerie Analix Forever, à Genève, ses dessins de nus mettent en scène la virilité sous des angles inédits. L'occasion de redéfinir le mot “mâle”.
A l’âge de 41 ans, alors qu’elle visite une exposition consacré à l’érotisme gay, Maïa Mazaurette, s’extasie de ne voir que des corps d’homme et ressent la nostalgie d’un moment où son regard, devenu enfin la norme, peut enfin se satisfaire. «Dans ce monde, il n’y a pas de assez de place pour le désir des femmes, dit-elle. L’idée courante c’est que les femmes veulent être désirées mais n’ont pas de désir. C’est faux.» A New York où elle vit avec son compagnon – un homme de théâtre – Maïa se met en tête de faire venir des hommes chez elle, qu’elle paye pour poser nus sur la table de la cuisine. Ce ne sont pas des modèles professionnels mais des collègues de son mari, des comédiens, qu’elle sélectionne en les voyant jouer. «Je les choisis sur un biceps ou sur une belle paire de fesses». Parfois aussi, c’est son mari qui lui recommande un acteur : «Fais-le poser, il devrait te plaire.» Elle leur propose un prix. Ils viennent pour la séance, un peu intimidés parfois, car ce n’est pas leur métier. Elle les fait entrer dans une pièce dont toutes les fenêtres ont été opacifiées avec du papier kraft afin de supprimer la notion du temps qui passe. Elle met en sourdine un morceau de musique de deux minutes, qui tourne en boucle. Elle les fait monter nus sur la table et les place dans les positions qu’elle désire, en les manipulant comme des poupées, touchant leurs cuisses, leur torse, afin qu’ils adoptent exactement la posture désirée.
Faire du sexe masculin une icône christique
Puis elle fait ses croquis. Rehaussés de peinture d’or comme les icônes sacrées et parfois aussi brodés de fil rouge ou blanc, les esquisses mettent en scène des corps mâles alanguis, dont les postures d’abandon s’apparentent à celles des peintures classiques de martyrs ou de héros déchus. Maïa Mazaurette fait du nu «sur le tas», dans tous les sens du terme, c’est-à-dire que – n’ayant jamais suivi de formation artistique – elle s’entraîne toute seule au dessin pendant des années et elle le fait au contact physique du modèle, dans un rapport de proximité qui rompt avec la tradition. «Dans les académies d’art, les élèves n’ont pas le droit de toucher le modèle et se placent à environ trois mètres. Maïa, elle, ne veut pas de cette distance.» Pour la galeriste Barbara Polla – celle par qui ces oeuvres érotiques sont enfin révélées au public, jusqu’au 6 mars, à la galerie Analix Forever – la démarche de Maïa Mazaurette est parfaitement originale car elle brise les conventions. «Maïa refuse que les modèles prennent l’initiative des poses. Elle veut diriger. Il s’agit de placer l’homme dans une situation de lâcher-prise.» Il s’agit, surtout, d’empêcher que le modèle adopte des poses style Musclor : poitrine bombée, muscles bandés, tendons saillants, sphincter vissé.
En finir avec les postures de la virilité
Les «corps héroïques», Maïa les trouvent peu érotiques. «Ce ne sont pas les poses qui m’intéressent, dit-elle. Et c’est aussi pour ça que j’ai choisi des acteurs plutôt que les modèles professionnels.» Parce qu’ils n’ont pas la plastique parfaite. Parce qu’ils se sentent en danger. Parce qu’ils doivent accepter qu’une femme les mettre sur le dos, cuisses écartées, anus offert et testicule ballant. Maïa Mazaurette les veut passifs. Quand ils sont sur le ventre, elle n’hésite pas à venir très près, par derrière, pour regarder leur urètre et en faire le meilleur croquis possible. Pour elle, les «vrais» hommes ce sont ceux qui s’abandonnent à ce regard posé sur eux. «Longtemps les hommes ont pu s’abstraire d’être jugés physiquement en se disant “Moi, ce qui compte c’est mon prestige, mon argent, mon statut social. Les femmes c’est important qu’elles soient belles, mais moi en tant qu’homme je peux me passer de mon enveloppe physique.” Or cela devient de moins en moins vrai. Les hommes, eux aussi, peuvent se présenter comme des êtres désirables. Et c’est aux femmes de mettre en place cette nouvelle dynamique dans les rapports.»
Dessiner l’homme avec un anus : respecter son intégrité ?
Parmi les visiteurs, beaucoup s’étonnent qu’on puisse trouver beau leur corps. Certains viennent se confier : «Moi je n’ai jamais été complimenté», dit l’un. «On ne m’a jamais dit que je sentais bon ou que j’avais une peau douce», avoue l’autre. «La société juge peu acceptable qu’un homme soit un objet érotique, résume Maïa Mazaurette. On manque aussi cruellement d’une histoire de la femme artiste et de l’homme modèle.» On manque surtout, bien plus cruellement, d’une histoire de la femme qui trouve l’homme beau, même au repos. Beaucoup de femmes attendent de leur partenaire qu’il bande. Il doit être dur pour se faire admirer. Son sexe doit être en érection, car les femmes sont nombreuses à dédaigner ces parties de l’homme –anus, prostate, testicule, urètre– qui sont pourtant partie prenante de son intégrité. «Le sexe masculin est une combinaison 5 organes dont un seul est considéré comme important», s’indigne Maïa, comparant cette omission à une véritable excision culturelle, similaire en tous points à celle du clitoris. Dans ses oeuvres, il n’y a pas d’omission. L’homme est là tout entier, avec ses frissons. Avec sa verge demi molle. Avec sa tendresse.
Éloge du pénis
Citant sa galeriste Barbara Polla – auteure d’un très beau livre intitulé Éloge de l’érection –, Maïa ajoute ceci, concernant le pénis, qu’il est «toujours en transition», dans l’espace comme dans le temps. «Dans le temps, c’est un moment de grâce qui va disparaître. Dans l’espace, parce que s’il y a pénétration, il va entrer et sortir. Ce n’est pas pas pour rien que le dieu du voyage chez les grecs est Hermès, représenté par un pénis, car il ne fait que passer.»
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A VOIR : «Princesse», exposition de Maïa Mazaurette, galerie Analix Forever, du 12 février au 6 mars 2020. Atelier AMI, galerie Analix Forever : 10 rue du Gothard à Chêne Bourg, Genève, Suisse. Du mercredi au vendredi de 13h à 17h30 et sur RV (barbara.s.polla(@)gmail.com)
A LIRE : «Apologie de l’inversion», un texte de Barbara Polla à propos des oeuvres de Maïa Mazaurette, in: Curiosités Contemporaines, Ed. Lisa Toubas, 2019. En PDF à télécharger ici
A LIRE : Éloge de l’érection, dirigé par Barbara Polla (avec Paul Ardenne, Vincent Cespedes, Dimítris Dimitriádis, Maria Efstathiadi, Rodolphe Imhoof, Maro Michalakakos, Elisa Nicolopoulou, Dimitri Paleokrassas, Elli Paxinou & Denys Zacharopoulos), éditions Le Bord de l’eau, 2016.
VIDEO : Je me suis permis d’utiliser l’excellente interview de Maïa Mazaurette réalisée en vidéo par Jean-Marc Lebeaupin, pour le site ArtSixMic
Pendant des années, la journaliste Maïa Mazaurette fait venir des hommes dans sa cuisine, pour les croquer. Révélés par la galerie Analix Forever, à Genève, ses dessins de nus mettent en scène la virilité sous des angles inédits. L'occasion de redéfinir le mot “mâle”.
A l’âge de 41 ans, alors qu’elle visite une exposition consacré à l’érotisme gay, Maïa Mazaurette, s’extasie de ne voir que des corps d’homme et ressent la nostalgie d’un moment où son regard, devenu enfin la norme, peut enfin se satisfaire. «Dans ce monde, il n’y a pas de assez de place pour le désir des femmes, dit-elle. L’idée courante c’est que les femmes veulent être désirées mais n’ont pas de désir. C’est faux.» A New York où elle vit avec son compagnon – un homme de théâtre – Maïa se met en tête de faire venir des hommes chez elle, qu’elle paye pour poser nus sur la table de la cuisine. Ce ne sont pas des modèles professionnels mais des collègues de son mari, des comédiens, qu’elle sélectionne en les voyant jouer. «Je les choisis sur un biceps ou sur une belle paire de fesses». Parfois aussi, c’est son mari qui lui recommande un acteur : «Fais-le poser, il devrait te plaire.» Elle leur propose un prix. Ils viennent pour la séance, un peu intimidés parfois, car ce n’est pas leur métier. Elle les fait entrer dans une pièce dont toutes les fenêtres ont été opacifiées avec du papier kraft afin de supprimer la notion du temps qui passe. Elle met en sourdine un morceau de musique de deux minutes, qui tourne en boucle. Elle les fait monter nus sur la table et les place dans les positions qu’elle désire, en les manipulant comme des poupées, touchant leurs cuisses, leur torse, afin qu’ils adoptent exactement la posture désirée.
Faire du sexe masculin une icône christique
Puis elle fait ses croquis. Rehaussés de peinture d’or comme les icônes sacrées et parfois aussi brodés de fil rouge ou blanc, les esquisses mettent en scène des corps mâles alanguis, dont les postures d’abandon s’apparentent à celles des peintures classiques de martyrs ou de héros déchus. Maïa Mazaurette fait du nu «sur le tas», dans tous les sens du terme, c’est-à-dire que – n’ayant jamais suivi de formation artistique – elle s’entraîne toute seule au dessin pendant des années et elle le fait au contact physique du modèle, dans un rapport de proximité qui rompt avec la tradition. «Dans les académies d’art, les élèves n’ont pas le droit de toucher le modèle et se placent à environ trois mètres. Maïa, elle, ne veut pas de cette distance.» Pour la galeriste Barbara Polla – celle par qui ces oeuvres érotiques sont enfin révélées au public, jusqu’au 6 mars, à la galerie Analix Forever – la démarche de Maïa Mazaurette est parfaitement originale car elle brise les conventions. «Maïa refuse que les modèles prennent l’initiative des poses. Elle veut diriger. Il s’agit de placer l’homme dans une situation de lâcher-prise.» Il s’agit, surtout, d’empêcher que le modèle adopte des poses style Musclor : poitrine bombée, muscles bandés, tendons saillants, sphincter vissé.
En finir avec les postures de la virilité
Les «corps héroïques», Maïa les trouvent peu érotiques. «Ce ne sont pas les poses qui m’intéressent, dit-elle. Et c’est aussi pour ça que j’ai choisi des acteurs plutôt que les modèles professionnels.» Parce qu’ils n’ont pas la plastique parfaite. Parce qu’ils se sentent en danger. Parce qu’ils doivent accepter qu’une femme les mettre sur le dos, cuisses écartées, anus offert et testicule ballant. Maïa Mazaurette les veut passifs. Quand ils sont sur le ventre, elle n’hésite pas à venir très près, par derrière, pour regarder leur urètre et en faire le meilleur croquis possible. Pour elle, les «vrais» hommes ce sont ceux qui s’abandonnent à ce regard posé sur eux. «Longtemps les hommes ont pu s’abstraire d’être jugés physiquement en se disant “Moi, ce qui compte c’est mon prestige, mon argent, mon statut social. Les femmes c’est important qu’elles soient belles, mais moi en tant qu’homme je peux me passer de mon enveloppe physique.” Or cela devient de moins en moins vrai. Les hommes, eux aussi, peuvent se présenter comme des êtres désirables. Et c’est aux femmes de mettre en place cette nouvelle dynamique dans les rapports.»
Dessiner l’homme avec un anus : respecter son intégrité ?
Parmi les visiteurs, beaucoup s’étonnent qu’on puisse trouver beau leur corps. Certains viennent se confier : «Moi je n’ai jamais été complimenté», dit l’un. «On ne m’a jamais dit que je sentais bon ou que j’avais une peau douce», avoue l’autre. «La société juge peu acceptable qu’un homme soit un objet érotique, résume Maïa Mazaurette. On manque aussi cruellement d’une histoire de la femme artiste et de l’homme modèle.» On manque surtout, bien plus cruellement, d’une histoire de la femme qui trouve l’homme beau, même au repos. Beaucoup de femmes attendent de leur partenaire qu’il bande. Il doit être dur pour se faire admirer. Son sexe doit être en érection, car les femmes sont nombreuses à dédaigner ces parties de l’homme –anus, prostate, testicule, urètre– qui sont pourtant partie prenante de son intégrité. «Le sexe masculin est une combinaison 5 organes dont un seul est considéré comme important», s’indigne Maïa, comparant cette omission à une véritable excision culturelle, similaire en tous points à celle du clitoris. Dans ses oeuvres, il n’y a pas d’omission. L’homme est là tout entier, avec ses frissons. Avec sa verge demi molle. Avec sa tendresse.
Éloge du pénis
Citant sa galeriste Barbara Polla – auteure d’un très beau livre intitulé Éloge de l’érection –, Maïa ajoute ceci, concernant le pénis, qu’il est «toujours en transition», dans l’espace comme dans le temps. «Dans le temps, c’est un moment de grâce qui va disparaître. Dans l’espace, parce que s’il y a pénétration, il va entrer et sortir. Ce n’est pas pas pour rien que le dieu du voyage chez les grecs est Hermès, représenté par un pénis, car il ne fait que passer.»
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A VOIR : «Princesse», exposition de Maïa Mazaurette, galerie Analix Forever, du 12 février au 6 mars 2020. Atelier AMI, galerie Analix Forever : 10 rue du Gothard à Chêne Bourg, Genève, Suisse. Du mercredi au vendredi de 13h à 17h30 et sur RV (barbara.s.polla(@)gmail.com)
A LIRE : «Apologie de l’inversion», un texte de Barbara Polla à propos des oeuvres de Maïa Mazaurette, in: Curiosités Contemporaines, Ed. Lisa Toubas, 2019. En PDF à télécharger ici
A LIRE : Éloge de l’érection, dirigé par Barbara Polla (avec Paul Ardenne, Vincent Cespedes, Dimítris Dimitriádis, Maria Efstathiadi, Rodolphe Imhoof, Maro Michalakakos, Elisa Nicolopoulou, Dimitri Paleokrassas, Elli Paxinou & Denys Zacharopoulos), éditions Le Bord de l’eau, 2016.
VIDEO : Je me suis permis d’utiliser l’excellente interview de Maïa Mazaurette réalisée en vidéo par Jean-Marc Lebeaupin, pour le site ArtSixMic