Intrigantes ces femmes entre elles, elles suscitent la curiosité et plein d’idées reçues comme l’homophobie, les fantasmes, la jalousie, la dépravation, le désespoir, la masculinité, la maladie mentale, la condescendance, le féminisme… Mais qui sont donc ces femmes qui s’aiment ? Au travers de son livre “Les Lesbiennes“, Stéphanie Arc casse un certain nombre d’idées reçues de la société bien-pensante et des hétérosexuels (même ceux qui sont très ouverts d’esprit - rien qu’à dire ça j’ai l’impression d’être homophobe).
Stéphanie Arc est diplômée de philosophie morale et politique à la Sorbonne, elle a collaboré au journal du CNRS, avant de consacrer ses recherches à l’histoire de l’homosexualité féminine et à son image dans la société contemporaine. Elle fait partie de l’association EROS (Etudes et Recherches sur les Orientations Sexuelles), qui croise les savoirs et la sexologie et la Sociologie pour mieux appréhender les questions de sexualité.
Qu’est-ce qu’une Lesbienne ? En référence aux amours de la poétesse Sapho (fin du VIIe, début du VIe siècle av. JC) de Lesbos, île de la mer Egée (Mytilène). Femme qui éprouve un désir sexuel pour les femmes. […] (cf. P. 6 “Les Lesbiennes” Stéphanie Arc). Ce terme a aujourd’hui une signification plus politique et sociologique, son utilisation doit être faite avec la plus grande précaution. Vous ne pouvez réduire une Lesbienne à une femme qui aime les femmes ou qui couche avec des femmes, mais là n’est pas le sujet.
Stéphanie Arc a écrit ce livre dans la collection “Idées Reçues”, ce qui n’est pas anodin. Ces collections visent à détruire les opinions convenues, idées bien-pensantes (coucou Boutin !), idées reçues…
L’auteure prend, point par point tout au long du livre, un certain nombre d’idées reçues sur les lesbiennes afin de les démystifier et remettre les choses à leur place sans agressivité ni féminisme insurgé.
L’ouvrage se découpe en trois parties principales :
- Portrait des lesbiennes
- Origines de l’homosexualité
- Lesbiennes et Société
Je suis sûre que chacune d’entre nous se retrouvera dans ce livre, on a toute eu un jour ou l’autre l’une de ces idées reçues :
Elles sont très masculines (cheveux courts, pas de maquillage, elles ne s’épilent pas…). Et pourtant je peux vous dire que des lesbiennes en jupettes hyper sexy, maquillées, aux longs cheveux avec superbe brushing, y’en a un paquet. Des non-maquillées, cheveux courts, masculines ou androgynes, à l’allure macho, il y en a aussi. Des non maquillées ou pas trop, en jean, petites ballerines, petits tops, y’en a aussi. Une lesbienne ça ne se voit pas à l’apparence.
Les lesbiennes n’ont pas de sexualité. Là on en vient à un autre problème à savoir ce qu’est la sexualité, comment la définit-on ? Déjà une première brèche peut être de définir la sexualité seulement s’il y a pénétration (sinon c’est pas du sexe). La deuxième pourrait être de penser que les lesbiennes de toute façon ne se pénètrent pas (tu veux un whisky, non juste un doigt, ou deux ou trois ou ton poing, il est où le gode-ceinture ?). La masturbation mutuelle ne serait pas du sexe ? Le cunnilingus n’en serait pas non plus ? De toute façon d’un point de vue sociologique, les femmes aiment moins le sexe que les hommes (je pense qu’on est pas mal à penser le contraire).
Les Lesbiennes font fantasmer les hommes. Oui certes, les scènes à caractère homosexuel entre femmes dans les pornos dédiés aux hétérosexuels les font fantasmer, c’est une certitude. Pourquoi ? Certainement parce que l’idée reçue veut que cela reste une pratique marginale, le goût de l’interdit excite toujours. Ont-ils un jour osé regarder un vrai film porno lesbien au lieu de regarder des blondes siliconées se brouter le minou ?
Elles revendiquent leur homosexualité. Ah bon et pourquoi à votre avis ? Le monde changera-t-il quand certains revendiqueront leur hétérosexualité ? Nous vivons dans un monde hétéro-normé, donc oui la revendication est importante mais n’oublions pas un point important, il ne s’agit que d’une orientation sexuelle comme une autre.
Elles n’ont pas trouvé le bon. Alors déjà si on se disait que y’avait pas de “bon”, il y a juste des personnes qui nous correspondent plus que les autres. Si ça doit être une femme, ça le sera.
C’est de naissance. Et là on fait appel à tous les clichés : elles ont un truc physique différent, elles sont malades, un problème d’hormones ?
Elles ont été agressées sexuellement donc elles détestent les hommes, du coup elles n’ont pas le choix. On ne choisit pas l’homosexualité, c’est une orientation sexuelle, mais cela n’a pas forcément grand-chose à voir avec notre histoire personnelle que ce soit notre rapport avec l’autre (Boutin, boutin, boutin…). Ce n’est pas non plus de la faute de leurs parents. Beaucoup de parents ont témoigné du fait d’avoir loupé quelque chose dans l’éducation, mais où sont les témoignages des parents que ça n’a en aucun point affecté comme dans ce reportage passé sur France 4 “Banlieue gay” où on voit une maman sereine face à l’homosexualité de sa fille.
Il y a plus de gais que de lesbiennes, il s’agit là plus d’une question de visibilité qu’autre chose et Stéphanie Arc l’explique très bien.
Elles ne devraient pas avoir d’enfant, l’homosexualité féminine est mieux acceptée que l’homosexualité masculine, les lesbiennes préfèrent rester entre elles, on est pas heureuse quand on est lesbienne...
Un ouvrage bien documenté, argumenté par des statistiques analysés sans discours revanchard. A mettre en toutes les mains.