« Les courtisanes, qu’ont-elles de plus que nous ? (se demandent les femmes de l’époque – et d’aujourd’hui…). Elles ont beaucoup plus que vous, répondent les hommes. Elles ont la beauté piquante, l’art de la répartie, le regard troublant, le sens de la mise en scène, le goût de la nuit, la chair palpitante, le rire facile, la science de l’abandon. Avec elles les hommes ont envie de passer leurs nuits. Pas seulement pour faire l’amour, mais aussi pour jouir de ces conversations débridées, pour profiter de l’atmosphère qui s’en dégage. Elles possèdent une science de l’amour élevée à la hauteur d’un art ; ceux qui les connaissent ne peuvent y penser sans frissonner. Ces étoiles, ces femmes de feu virtuoses de la chair connaissent, par leurs charmes et leur adresse, la puissance du désir. » Laure Adler
Ce n’est pas tout à fait ce que m’a dit J. , cette nuit-là, mais c’est ce que j’ai compris. Quand il m’a dit, dans mon lit, alangui après avoir joui – et c’était déjà la seconde fois - :
«
toi, ta séduction, il y a un côté bulldozer, on est entraîné dans ton univers ». J’ai trouvé la formule très curieuse (bulldozer ? pas très sexy…), mais plus j’y repense, plus elle me plait. Au moins me reconnaissait-il une forme
spécifique de séduction - je plains toutes ces amantes incapables de se singulariser dans la mémoire des hommes, méconnaissant l'énorme potentiel de leur sensualité. Celles qui restent en marge de la richesse de leur imaginaire, incapables de jouer avec la puissance de leurs désirs... Je préfère être du côté de celles qui savent «
le sens de la mise en scène », celles avec qui les hommes ont «
envie de passer leurs nuits ». J’aime la courtisanerie féminine assumée. Et J. me laisse jouer, alors j’aurais bien tort de m’en priver !
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Dans un précédent récit, je partageais ma rencontre avec J., et mon constat émerveillé : la belle rencontre est la rencontre inopinée qui s’ignore elle-même, qui impose son évidence sans que rien n’ait été prémédité.
C’està lire ici : les prémisses d’une histoire passionnelle, rencontre de total hasard, improbable, suivie d’une nuit de corps à corps époustouflante, une grande nuit inoubliable pendant laquelle nous avons joui, tout en nous aimant lentement, sûrement, sans trop encore le savoir, mais sans aucun doute à présent. Nous nous plaisions
plus encore que pour partager l’envie de se revoir : nous avons rapidement pris en commun la décision de se créer une histoire résolument insolite, sublime et « pour la vie » - c’est quasiment d’emblée ce que J. a décrété, plein de son assurance sublime :
toi et moi, tu verras, ça sera pour la vie. Il dit aussi, parfois :
toi, c’est définitivement ‘à part’. Une
rencontrea eu lieu, il est vrai : avec lui le cœur et le corps palpitent de concert : je l’aime et je le désire, et l’inverse. Il le dit plus que moi (qu’il m’aime), comme il est capable de me traiter comme la dernière des putes – sexuellement, j’entends. Et j’en redemande, je ne suis jamais rassasiée de ça. Je prends des émotions plein la figure, plein le ventre, plein le cœur : le kaléidoscope de sensations qu’il parvient à me procurer en une seule petite demi-heure partagée pourrait alimenter une saga de trois volumes
(si seulement j’avais un peu plus de temps pour écrire, dans ma vie déjà si chargée !). Ce blog évolue, donc, au rythme de ma vie : des récits de la libertine aguerrie aux émois de l’amante fougueuse, du sang froid de la débauche à la fièvre de la passion. Du détachement amusé face à la sexualité des autres à l’affolement de mes propres sensations. Encore une fois, ce billet ne traitera ni de
soirées privées ni de
parties carrées où les affinités sont de circonstances, éphémères – mais à présent de ce mystérieux sentiment (appelons-le comme on voudra…) qui attache plus solidement qu’une corde deux adultes consentants. Le sujet est autrement plus exigeant. (enfin je reviendrais a priori rapidement au sujet principal, car J. ne cesse de me demander que nous « ouvrions » notre sexualité, à d’autres filles particulièrement, et je me fais à l’idée, petit à petit, de mettre fin à notre huis-clos. Les prochains épisodes seront surement croustillants).
Je poursuis donc l’histoire de mon hiver 2015. C’est l’histoire d’un hiver de ma vie très différent de tous les autres, tant la présence de J. l’éclaire d’un jour un peu onirique, presque irréel, à jamais unique. C’est un bel hiver flamboyant et torride, que je n’oublierai jamais.
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« La séduction représente la maîtrise de l'univers symbolique, alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l'univers réel » Jean Baudrillard
Je suis frappée par la charge des symboles qui pèsent sur mon lien avec lui. Entre tous, cette nuit de première rencontre, évidemment, qui avait des allures de
vraiepremière fois, je veux dire : de défloration, au propre et au figuré. Au-delà du sang qui maculait son sexe, quand il s’est retiré de moi pour la toute première fois, j’ai souvent l’impression de ça, en effet, avec lui : de cet étonnant retour-arrière. Je me rappelle ces année-là, inoubliables mais maladroites, ces années de nos 16, 17 ou 18 ans où nous commençons nos parcours amoureux sans clefs ni règles du jeu, avec des bribes d’informations glanées ici ou là, et on fait mille erreurs, mille caprices déplacés parce qu’on ne sait pas comment se comporter, on n’a pas de références, on ne sait plus trop ce à quoi on a droit –
ou pas - quand un désir sauvage et inattendu se met à nous tomber dessus. On en attend tout – et trop : qu’il nous ravisse, nous ravage, fournisse du sens, et dure toujours… On lui fixe des ambitions prométhéennes, auxquelles on croit de toute son âme, alors tout nous devient dû… Avec J. c’est ça : je ne sais pas à quoi j’ai droit, je n’ai plus aucun repère, je fais mille erreurs dont ma longue carrière d’amante devrait pourtant me prémunir. Mais non, je les commets comme la dernière des adolescentes. Il est souvent indulgent – pas toujours malheureusement. Oui, mon histoire avec J. est une forme de virginité retrouvée. Notre première nuit avait valeur d’oracle…
Et après ? Après, il y a toute la complexité des labyrinthes qu’emprunte le désir, le désir et tout ce qu’il charrie (l’attachement, l’amour, la jalousie…), et puis la façon qu’on peut éventuellement trouver, par magie, d’y cheminer à deux sans se perdre. Je crois comme Baudrillard que la séduction, dans tout cela, est affaire de symboles, de rites et de magie. Ceux de la frivolité légère, ceux la sensualité assumée me semblent particulièrement adaptés pour J…
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« Le point culminant de sa journée est celui non pas où elle s'habille pour le monde, mais où elle se déshabille pour un homme » Marcel Proust
Histoire de symboles, donc, et de faveurs, toutes ces faveurs sensuelles que peuvent se faire deux amants : elles se confondent et ne se confondent pas avec la possession sexuelle. Elles en sont l’accompagnement fantasmatique, délié, décollé, mais indissociable. Ce sont les milliers de petits SMS qu’on s’échange sans cesse. Ce sont les cadeaux qu’il m’a fait. C’est aussi, de mon côté, l’exacerbation de ma féminité, à lui seul dédiée.
L’érotisme est un sujet indissociable de son contexte : selon les circonstances il lui arrive de demander la lune comme de se contenter d’un bout de dentelle ou de satin… Comme ce soir-là, que je vais raconter en détail dans ce texte, était planifiée longtemps à l’avance (fait si inhabituel entre nous !), et que le climat était apaisé entre lui et moi (il est parfois tendu, parce que nous avons deux personnalités fortes promptes à s’affronter, façon corrida), l’option « bout de dentelle ou de satin » me semblait suffisante…
Le contexte que j’aime, pour l’érotisme : l’intimité quasi intemporelle du boudoir, et toute l’illusion théâtrale du décor
légèrement mis en scène. Le cadre qui me fait fantasmer, pour baiser : un lieu clos ultra féminin, pénombreux où les silhouettes se dessinent à la lueur des petits flambeaux… Sa chaleur soyeuse et puis son parfum capiteux, son atmosphère alanguie qui dégage une ambiance de sensualité facile, de légèreté frivole... Echo lointain des boudoirs de l'imagerie libertine du XVIIIe siècle : un lieu qui laisse imaginer des rendez-vous secrets et des amours qui ne le sont pas moins...
J’ai toujours, toujours fantasmé sur l’idée de baiser dans un lieu distinct de la vie « habituelle ». Ce qui correspond bien à mon idéal de sexualité, ni quotidienne ni conjugalisée. Rien de plus anti-érotique pour moi qu’une pulsion sexuelle se déclenchant chaque jour, presque au même moment et dans des conditions identiques de décor, de position, d’humeur, sans faire de bruit, etc. Je tiens évidemment en horreur l’idée de ‘devoir conjugal’, tant le rapprochement de deux corps se doit pour moi de conserver sa qualité de magie dangereuse, d’aventure… Le génie de l’obscénité consiste selon moi justement à ritualiser (un tout petit peu) le sexe pour l’extraire de la réalité. Alors le fantasme du boudoir, oui, évidemment, charge symbolique indispensable à notre histoire qui a commencé par une nuit de
défloration :
«
Objet à la fois réel et imaginaire, cette invention du XVIIIe siècle a sa place dans l’historie de l’architecture, de la littérature et surtout des représentations symboliques. Il désigne comme un horizon caché de l’appartement, là où la sociabilité se change en intimité, là où le comble du raffinement débouche sur un au-delà qui est oraison ou foutrerie. C'est un enclos de rêverie, d'évasion et de vertige. » Michel Delon
Mais tout cela n’est que le cadre : l’essence étant l’amante qui se pare pour recevoir un homme, qui l’attend excitée et lui ouvre complètement trempée, n’attendant que de se faire baiser…
Je passe donc plusieurs heures, cette après-midi-là, à préparer ma nuit avec J.. Je veux
un parfum inédit, c’est une évidence. Je choisis des bougies avec un grand soin : je pressens déjà que ce parfum veloutera pour très longtemps ma mémoire des plus hauts moments… alors il le faut ultrasexuel, entêtant et rare. Je retiens des bougies
Voluspa, nettement plus sexuelles que ce que peuvent oser des marques plus établies, comme
Diptyqueou
L’Artisan Parfumeur. Dans le genre bougies pour les amants, conçues pour la baise, on fait difficilement mieux, c’est clairement le créneau de la marque : luxe et luxure… C’est même très, très, sexuel, peut-être trop ? Tant pis, je mouille abondamment, je ferme les paupières pour mieux ressentir l’odeur et je vois J. me baiser. Ca, c’est fait…
Le choix de mes dessous est un dilemme autrement plus compliqué. La lingerie des femmes, vieil héritage d’une tradition qui a longtemps interdit aux épouses d’apparaître dénudées devant leurs maris, et les obligeait à se préparer à l’écart du regard masculin, dans leur cabinet de toilette ou derrière un paravent… Aucune intention d’apparaître nue devant J., en effet, et le paravent sera celui de la cabine dans laquelle j’essaie, cet après-midi-là, des dizaines de guêpières et de porte-jarretelles, en imaginant à chaque fois J. me les arracher, me dénuder complètement et me pénétrer d’un grand coup sec, son sexe en entier dans le mien, comme ça, d’un coup, sentir en une seconde mon ventre envahi par lui… c’est suffoquant, intenable, l’après-midi est décidemment un calvaire, comme je voudrais déjà être au cœur de la nuit, comme j’ai besoin de lui, déjà, pour apaiser ma sensualité exacerbée...
J’arrête mon choix, finalement – parce qu’il faut bien choisir – sur un body Maison Close, qui m’inspire particulièrement :
celui-là. Enfin, si on peut appeler body ces quelques grammes de nylon diaboliques, avec leur petit air de provenir tout droit du fin fond des ateliers de Lucifer… Je m’explique : les seins sont parfaitement visibles, voilés d’un souffle transparent, et la ligne de leur dessin dans l’écrin de l’étoffe rend très évidente l’indécence de la mise... Détail qui me rend dingue : la culotte est fendue, fermée par une simple petite pression à l’entrejambe qui ne demande déjà qu’à céder : on ne peut pas faire plus pute… Evidemment les jarretelles, détail indispensable à l’hypnotisation de tout homme qui se respecte… Et je ne parle même pas du grand nœud qui descend le long du dos, dont les pans retombent nonchalants jusqu’aux fesses… Je le passe et pense aussitôt à ce vers d’Apollinaire : «
Voici Pandore, cadeau enrubanné, cadeau empoisonné »… Apollinaire est de mon côté, le choix est fait : c’est ainsi que j’apparaitrais, cette nuit, devant J….
Avec un tel body il me faut des perles, évidemment, pour ne pas faire non plus
trop pute, un peu façon grande bourgeoise qui brouille les lignes. Je choisis un sautoir de
perles irrégulières à deux rang de GNY (ce modèle). Les escarpins je les ai déjà, de ceux dont Louboutin lui-même prétend qu’ils sont magiques tant ils permettent : «
à la bourgeoise d’avoir la sensation de devenir une pute quand elle les porte, et à la pute d’avoir la sensation de devenir une bourgeoise quand elle les porte »…
Voilà… je repasse chez moi, attends plusieurs heures, puis vais rejoindre le lieu béni de notre rendez-vous… J’y vais vers 23 heures, puisque notre rendez-vous est fixé à minuit pile, l’heure des amants par excellence, difficile de faire plus sensuel (c’est J. qui a choisi l’horaire)… Je me douche, m’habille (enfin, me déshabille plus exactement, enfin, le body donc…), observe les bougies avec émotion (leur chatoiement sur les murs, où je vois déjà se refléter l’ombre chaude de J. s’apprêtant à m’enlacer…), le lit aussi – j’ai laissé les draps en satin bleu nuit, j’hésite sur la couleur puis finalement laisse le bleu… (les draps en satin c’est indispensable pour moi : à la fois matière luxueuse réservée aux robes bustier des grands soirs, et tout à la fois matière sulfureuse, parure des petites vertus, dont j’ai fait mes draps : c’est le contact que je préfère quand je me fais prendre…) Le lit, les draps : la pièce entière n’existe que pour leur servir de cadre… C’est le théâtre, le trône, l’autel, la scène sur laquelle j’imagine déjà J. en train de me prendre…
Maintenant, je voudrais qu’il arrive, qu’il m’enlace (ou pas, d’ailleurs, à d’autres la flânerie surannée des lents préliminaires, une baise ultra sauvage et sans politesse m’irait si bien…), et qu’il me fasse l’amour… La nuit pointe, l’heure approche, la chatte et le cœur s’affolent… La chair est faible (trempée déjà), mais radieuse, pleine de désirs impatients et gourmands... Je me sens séductrice jusqu’au bout des ongles (vernis en rouge foncé, évidemment), et je savoure cette attente délectable… J’aime tellement cette idée de
revanche sur la première nuit partagée, où j’étais si peu apprêtée, où J. avait déboulé par surprise, inattendu ; j’aime l’idée d’être cette amante des extrêmes, capable de passer dans ses souvenirs de cette condition éthérée, laquelle m’allait si bien, la première nuit, à celle d’une Messaline notoire, ce soir-là…
Je suis perdue dans ces pensées-là quand je reçois le sms que j’attendais depuis plusieurs jours : celui qui m’indique son arrivée… Le temps s’accélère, c’est le moment d’assumer toute cette séduction déployée – ce qui n’est jamais si évident quand la solitude explose, quand tout devient soudain si concret, quand je comprends que J. peut arriver d’une seconde à l’autre…
Et voilà comment j’ouvre à mon amant : en body transparent dévoilant largement mes seins, portière de l’enfer et portière du paradis, jarretelles et bas couture : ses yeux n’ont qu’à suivre le tracé du liseré pour atterrir vers les zones érogènes cachées…
Evidemment, j'adopte un air innocent, l'air de rien... Innocence feinte et audace assumée, peut-être la trace la plus juste d'un moderne libertinage...
Maintenant, on est deux dans une nuit de baise. A l’instant où je lui ouvre, je sais que la balle n’est déjà plus dans mon camp, et qu’il lui appartient de la saisir –
ou pas. L’enjeu ne se jouera pas dans le reste de la nuit, l’enjeu se jouera là, maintenant, dans les quelques secondes de son arrivée. Je sais qu’en une seule seconde, dans son premier regard ou dans sa première phrase prononcée, il sera en mesure de légitimer cette tenue – et, de là,
de tout embraser – ou de la rendre dérisoire, déplacée. Car à trop d’arrogance, toutes les amantes le savent, on risque échec et mat : il faut toujours faire très attention au dosage qu’on met dans la luxure, rien de pire que d’en faire trop, et c’est une science à se damner, ce satané dosage ; les erreurs y sont fatales aux maîtresses… Mais on dit aussi qu’il n’est pas de plaisir sans le risque que les femmes sont prêtes à prendre pour lui : probablement, oui… Comme c’est fragile en tout cas, miraculeux mais fragile, une femme qui s’est parée pour un regard masculin…
J’ai lancé les dés, je n’ai plus qu’à attendre la réaction de mon amant…
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« Les faveurs des femmes sont dans les romans ce que sont, dans les contes, les souhaits accordés par les fées. Il s’agit de ne pas se tromper. » Patrick Wald Lasowski S’est-il trompé, justement, mon amant tant désiré ? A-t-il mal négocié ce moment si crucial ?
Avant d’avouer sa réaction –
qui n’a pas été exactement celle que j’espérais, béni soit J. de ne jamais trop me céder – je peux déjà dire qu’à aucun moment de la nuit il ne me l’aura enlevé, ce maudit bout de voile transparent recouvrant mes seins, noué dans le dos. Comme s’il ne voulait me voir que comme ça, ce soir là : en body, jarretelles, bas couture, ultra provocante, un peu
fatale.
Confer le bulldozer ? A aucun moment il n’a usé de ses privilèges sur moi pour me déshabiller, et il est des poètes, c’est vrai, pour rappeler combien le déshabillage d’une amante (dégraphage du soutien-gorge ou délaçage du corset, dont les noeuds très serrés font des ceintures de chasteté à la Buñuel) reste la métaphore de sa défloration. Il m’avait assez déflorée comme ça, je suppose, il me voulait à présent tout sauf innocente… Il n’a pas voulu, cette nuit-là, donc, de mon corps nu, de ma chair blanche. Quand il est parti au petit matin, je me trouvais très exactement dans la même tenue qu’à son arrivée. La nuit aura pourtant duré 5 heures…
5 heures passées dans cette tenue ? Oui, disons qu’on ne joue pas impunément à exciter les hommes… Surtout les hommes comme J…. Qui a eu si à cœur de me prendre à revers, cette nuit-là, de ne
surtout pas rentrer dans mon jeu…
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Nota : citation à l’attention de J concernant la suite de ce récit :
« J’écris à l’encre bleue ce petit roman rien que pour toi, tu dois le lire nu, de préférence vers le soir, seul face au miroir pour que tu puisses admirer ta bite en imaginant que c’est moi, ta putain adorée, qui regarde et te mate et se pourlèche les babines. » Max Genève *******
Je me demande ce qu’il ressent, mon amant, à l’instant d’entrer : il pénètre la douceur d’un rêve, la tiédeur troublante d’un asile sombre où l’attend impatiente sa maîtresse amoureuse, et les appels au sexe sont tellement explicites… Je reconnais tout à fait que 'mon univers' peut avoir quelque chose d'un peu suffoquant ; c'est plus de la luxure que de la sensualité d'ailleurs, il faut aimer les hautes températures... L’immeuble entier bruit de la fièvre des désirs, d’ailleurs, il me le dira : «
ce qui est bien ici, c’est que si on a oublié l’étage où tu te trouves, il n’est qu’à se laisser guider par l’odeur des bougies qui se répand dans tout l’escalier »… Ah oui ! Mais nous n’en sommes pas encore là. Tandis qu’il s’apprête à entrer, pour un rendez-vous de baise fixé en plein coeur de la nuit, minuit exactement, je suis douce et recueillie en apparence, mais chaude déjà d’abandon, et tout dans mes yeux s’apprête à lui hurler le SOS des sens survoltés…
Je pressens déjà qu’il n’est pas tellement le genre d’homme à se soumettre, comme ça, aux histoires écrites d’avances… Il se révoltera, c’est certain, il refusera d’être ma simple proie, il voudra à toute force dicter le tempo, me prendre à revers, m’imposer un contretemps… La chance (ah, la chance…) qu’il se jette sur moi pour déchirer ce petit body totalement superflu, et me prenne à la hussarde, debout ou par derrière, d’emblée, dans l’entrée, dès son arrivée est infime, infime, infime, je le sais… Je me rappelle bien la première nuit partagée, le temps infini qu’il a mis à m’embrasser pour la toute première fois, il me fera encore languir, j’en suis presque sure, et d’autant plus languir que je fantasme la nuit depuis tout l’après-midi… Mais je ne peux pas m’empêcher d’espérer, de mouiller, mon sexe est tellement prêt à se faire défoncer, je pourrais en hurler, qu’il déchire tout cela et qu’il me baise, parfaitement nue, qu’il me pénètre et me défonce, vite, à la stricte seconde où il entre…
Quand il entre justement
(après que j’ai bien fait exprès de le laisser attendre 3 ou 4 minutes à la porte, ce qui faisait partie de mon scénario : le désir s’excite aux détours, on le sait, tout autant qu’Eros est l’ami des artifices : il me fallait lui imposer une antichambre, quelques minutes de méditation sur la soirée qui allait se dérouler, quelques minutes d’impatience exaspérée, ce fut donc cette attente imposée dans le hall très moche de l’étage où lui parvenait en guise de mise en bouche l’odeur ultrasuggestive des bougies, et de fait, les 3 ou 4 textos agacés qu’il a eu le temps de m’envoyer pour me prier de le laisser entrer m’ont ravie – notons que je ne serais pas cette amante diabolique s’il ne m’avait magistralement inculqué, d’ores et déjà, quelques leçons de perversité, cf. l’attente interminable de notre 1erbaiser, la première nuit, alors que je me liquéfiais face à lui depuis au moins 15 bonne minutes…), quand il entre, donc, je suis foudroyée sur place par son charme, comme si je voyais cet homme pour la toute première fois de ma vie, et j’ai peine à réaliser, encore, qu’il soit déjà mon amant, tout cela me semble trop beau… Cet homme me plait tellement, malgré l’extrême jeunesse de ses traits, mais c’est plus encore que cela, il me touche, je ne sais pas, difficile de déchiffrer l’effet foudroyant qu’il me fait… D’emblée son regard se précipite et me détaille de bas en haut, immensément lubrique : en un éclair de seconde je suis complètement nue sous son œil sévère, bien plus nue que si je l’étais vraiment, et désemparée dans l’attente de son jugement, en pleine confusion sensorielle, vaguement apeurée et d’autant plus excitée… Son regard sur moi amplifie les reliefs de mes seins sous le voile transparent, les pointes se dressent face à lui ; cette entrée en matière est perverse et torride, il ne dit rien, j’ai chaud, au secours… Comme je désire cet homme… Son regard approbateur m’enveloppe de flammes étouffantes, tout flambe en moi, je perds pieds, et cette expression, de son côté, qui me rattrape vaguement, à l’issue de son examen complet : « T’es incroyable » - prononcée sur un ton amusé et mutin, assez génial, avec le sourire coquin de circonstance… Il sait, surtout, il comprend, il ressent que mes pensées sont encore mille fois plus obscènes encore que ne le sont mes dessous, il sait ce que j’attends de lui, envie qu’il me baise, qu’il s’impose, qu’il m’encule, et qu’il divague pour moi des mots déments (sa pute ou sa chienne, sinon sa petite salope) et qu’il gueule son plaisir, et qu’il transpire sur mon corps, et qu’il pince mes seins, caresse mes cuisses, me prenne encore, et qu’il gicle dans mon ventre, et qu’après tout ça, seulement après tout ça, il me prenne dans ses bras…
Playlist Gainsbourg choisie ce soir-là : Ronsard 58 (une de mes préférées), qui passe en fond sonore… on est raccord, avec ma culotte fendue et mes perles très "putain des palaces"…
Putain des trottoirs putain des palaces
Pour les mecs dans l'fond c'est le même tabac
On lui paye son prix on s'en débarrasse
Faut qu'elle fasse l'amour et pas d'embarras Je ne sais pas précisément combien de temps dure cet instant béni où l’on envisage en même temps que l’on se dévisage l’un l’autre, où l’on savoure l’immensité affolante du possible… En tout cas nos deux regards se défient ouvertement, reconnaissent qu’ils sont complices, pleinement d’accord sur le programme : qu’on va bel et bien passer la nuit à s’aimer… Je suis au cœur du cœur du meilleur de ma passion fervente pour cet homme : à quelques minutes près avant l’instant de me faire baiser… C’est ce que je lis dans son regard, c’est ce que je comprends, tandis qu’il est à peine entré, n’a pas encore retiré son manteau, et juste prononcé ces trois mots que j’ai cités : « t’es incroyable »…
Mais l’essentiel est là : par la force de son regard sur moi il a laissé la nuit de se refermer sur nous, il nous fait entrer tous les deux dans la zone des turbulences, il va prendre le contrôle des opérations maintenant, comme il aime, je n’ai plus qu’à me laisser faire, plus qu’à me laisser prendre, la nuit va être sublime…
Problème : soudain, il change complètement d’attitude… comme s’il se reprenait, tout d’un coup, son regard change… Fin des étincelles séduites, je n’y lis plus qu’une impériale et noble réserve, frôlant l’indifférence absolue… Je ne lis plus du tout dans ses yeux qu’il a l’intention de me baiser d’une seconde à l’autre… D’ailleurs, il ne me regarde plus, il cherche du regard une prise électrique, me propose de « revenir dans 5 minutes » quand je lui dis que je n’ai pas accroché mes bas dans le dos (juste devant, ce qui aurait eu le mérite de nous faire gagner du temps, s’il avait eu la brillante idée de me déshabiller)… Le voilà plein d’une désinvolture affirmée, tandis qu’il pose son manteau, puis branche son iPhone sur la prise de l’entrée (le truc le plus urgent à faire, j’imagine, quand on pénètre chez une amante à demi nue !), et pire, le coup de grâce : consulte rapidement ses mails.
Oh ! Mais d’où sortent ces mauvaises manières mon amour ? Eros se serait-il réfugié ce soir dans un évident sadisme, pour que tu n’ais pas même un baiser pour ta maîtresse qui t’attend à minuit à demi-nue ? Il saisit la détresse qui m’envahit, et décide de ne pas la laisser me submerger, à moins que ce soit le contraire : il décide de me laisser me noyer dans ma frivolité, vu qu’il commence sa phrase par « mais » : «
Mais tu sais Camille, il y a quelque chose que j’ai envie de faire depuis tellement tellement longtemps, je vais commencer par ça… Sans hésitation, c’est la première chose que je vais faire ce soir… Te prendre tendrement dans mes bras ».
Ah ! Et bien alors là, je suis… comment dire… désemparée…
Difficile pour un homme d’être plus insultant auprès d’une femme en petite tenue ! C’est donc officiel, il a saisi mon jeu, et il s’amuse… le salaud… je le déteste, le salaud, il n’a pas du tout le droit de me faire ça… Il me prend longtemps dans ses bras, protecteur, attentionné, infiniment tendre – presque, oserai-je présumer : amoureux - ; donc c’est beau, bien sur, c’est un très beau moment, et je ne lui reproche pas ça, c’est simplement que ce n’est pas du tout, mais alors vraiment pas ce que j’attendais à cet instant… J’ai follement envie de me faire prendre, là, certes, mais pas du tout comme ça, pas dans ses bras, je veux sa bite en moi, je voudrais hurler, le supplier de me pénétrer, de venir en moi, de s’enfoncer dans mon sexe, c’est clair non ?
Mais qu’est-ce qu’il est en train de me faire ? Oh, comme il me prend à revers…
Je ne vois pas ce qui l’empêche de se jeter sur moi, enflammé et pris de passion, de me jeter sur le lit pour me baiser quasiment à l’instant de son arrivée : la dernière fois qu’on s’était vu (c’était avant qu’il parte pour un déplacement aux USA), il m’avait dit :
je passerai une heure, pas plus, avant un dîner, alors on n’aura pas le temps de minauder, je te prendrai d’emblée, je te baiserai direct, et je devrais aussitôt filer, ça te va ? Oh là là oui, ça m’allait, ça m’allait même vraiment bien, être baisée d’emblée… J’avais donc approuvé le deal, et cinq minutes après son arrivée, à peine, ce merveilleux soir-là, c’était vers 19h, il me jetait sur le lit, passait mes chevilles sur ses épaules, et il m’avait incroyablement baisée, les fesses bien relevées, avec une virilité qui me fait encore frissonner à l’évoquer ici, je me revois encore hurler sous ses coups puissants… Alors je ne vois pas la différence avec ce soir-là, pourquoi il ne me refait pas le coup, qui était parfait, alors que tout dans ma tenue et mes attitudes lui indique que je n’attends que ça ? En fait, la réponse est évidente. La dernière fois,
IL avait décidé que ça se passerait comme ça.
ILavait écrit l’histoire. Ce soir, il arrive et découvre que j’ai écrit le scénario sans lui :
ILrefuse de s’y soumettre. Ce qui est – avouons-le – juste génial pour une amante : on sait qu’on peut prévoir à l’infini n’importe quel moment avec lui, il se révoltera forcément pour brouiller les cartes.
« Jeu de cartes coupé au hasard d’où sort toujours, rouge, la fidélité au désir ». France HustterJe pourrais en effet penser qu’il esquive sciemment les allusions sexuelles pour exciter le désir, ce n’est pas du tout exclu : pour me pousser à me dépasser dans la provocation sensuelle… C’est totalement lui… C’est un dilettante du plaisir, un épicurien, un artiste, de ceux qui parviennent si bien à s’attacher le désir inconditionnel des femmes en feignant de ne pas le rechercher… De ces stratèges qui pour obtenir une chose seront capables de jurer leurs grands dieux qu’ils désirent exactement son contraire, et raflent toujours la mise au final… Et voilà exactement ce qu’il fait ce soir : il feint de n’avoir rien demandé, et pire encore : de ne rien remarquer de toute cette sensualité déployée, d’en être parfaitement indifférent… Et ça me rend dingue, je suis un lion en cage, plus surexcitée qu’agacée, je retrouve parfaitement le J. qui m’avait tant captivée, la première nuit…
Dilettante nom [mot italien francisé, de l’italien dilettante, de dilettare, du latin delectare, se plaire à) : Personne qui ne suit que les impulsions de son plaisir, de ses goûts, qui exerce une activité de manière fantaisiste. Grand dictionnaire LarousseIl est à fond dans son rôle, il l’incarne à merveille… Oui : J. occupe en ce moment le rôle, dans ma vie, de fantasme… J’entends par fantasme
le Fantasme sexuel, celui que l’on convoque avant de s’endormir, euphorique, prête à jouir à la simple imagination de sa présence dans le lit, celui qui vous entretient dans un état d’excitation et de félicité à la fois, celui qui vous crée des besoins mais ne s’offre toujours qu’à les satisfaire à demi… C’est ça un Fantasme : un désir sublime et excessivement obsédant de toujours donner l’impression de nous échapper à mesure qu’on croit pouvoir enfin en profiter… Le fantasme, ce n’est jamais que de la frustration savamment entretenue… Je savais bien, au fond de moi, que mon scénario de frivolité était mille fois trop huilé pour le Fantasme qu’il est, ennemi de la facilité…
Son attitude me surexcite… Je suis totalement bafouée par l’affront de cette injurieuse indifférence, défiée, galvanisée, ok il a gagné une manche, de ma frivolité trop prévisible il refuse obstinément d’être la proie, mais d’une ma défaite est purement triomphante, de deux, je suis loin d’avoir dit mon dernier mot, la nuit ne fait que commencer…
On échange enfin le premier baiser de la soirée, moi l’esprit submergé d’images licencieuses et d’anticipations lubriques, je n’en peux plus de désir, je plaque mes mains sur ses fesses, ses cuisses, à l’endroit de son sexe ; mais quel est l'auteur qui a écrit, déjà, et il avait bien raison, qu’«
embrasser n’est pas jouir, c’est seulement saliver ensemble » ? Mes attouchements ne semblent pas l’atteindre, vu qu’aussitôt il s’empresse de me dire qu’il a envie ce soir « de tendresse » et « de parler »… Ah ok !! Parler un samedi soir à minuit alors qu’on pourrait être en train de baiser et que je suis déjà, moi, quasiment nue (lui pas, évidemment) ! Bien ! Super !
Je ravale ma fierté, le laisse faire comme il l’entend… Le salaud qui ne m’a pas même caressé les seins… Un peu vexée je m’assois en face de lui, mais loin… Et dans le canapé, tout en l’écoutant me raconter sa semaine et les difficultés de ses activités harassantes, je me lance dans un grand exercice d’exhibitionnisme stratégiquement consciencieux… Sur la playlist, on en est à
L’eau à la bouche, ça me fait marrer, même s’il faudrait qu’elle soit, là, interprétée par une femme pour être conforme à notre équation…
Je t'en pris ne sois pas farouche
Quand me viens l'eau à la bouche
Je ne sais pas quoi faire pour l’exciter, vu que je suis déjà déshabillée… Je décrète que je vais mettre une jupe, et aussitôt je m’exécute, sous ses yeux… On est à fond dans la rhétorique de la séduction, dévoiler pour exciter à son arrivée, puis face à son affront je change mon fusil d’épaule : interdire pour faire désirer… Si j’avais su que l’ultime arme de parure sensuelle, dans ma parade amoureuse, ce soir-là, serait une jupe de tailleur, grise et droite, on ne peut plus sage, presque austère…
« La jupe qui tombe n’achève rien, mais se baisse et se lève, et se lève et se baisse, stimulus érotique, rituel chéri du commencement et des premières entrées en scène : c’est le clin d’œil du théâtre au désir, son battement de cil provocateur. Le libertinage en raffole » Patrick Wald LasowskiOui ! Le libertinage en raffole ! Ce travail de Vénus crapuleuse qu’il m’impose me plait, en fait, j’aime assez qu’il ne cède pas à la facilité… je l’aime pour cette folie en lui, cette capacité à n’en faire qu’à sa tête, comme le soir de notre première nuit, et mes 300 millions de «
non, n’insistez pas » dont il se foutait royalement, et ce soir mes 300 millions de «
oui, baise moi de suite » évidents, dont il se fout tout aussi royalement…
Si je peux croire dans un premier temps que la magie s’est retournée contre moi, je comprends vite que ce n’est pas tout à fait cela : en réalité, je dirais plutôt que ses effets m’échappent. Qu’ai-je mal dosé, dans mon alchimie, pour arriver à un résultat si éloigné de mes prévisions ? Je pensais qu’une sensualité légère, une frivolité aussi assumée parviendrait à ensorceler ses sens, au lieu de quoi, effet non prémédité mais tout aussi intéressant, sinon plus, c’est sa véritable pudeur à lui qui est en train de capituler… Une pudeur bien plus intime, et nettement plus pointilleuse que l’autre, celle du corps, qu’il m’a déjà cédée par le passé… La pudeur de quelques vrais secrets…
Donc voilà où nous en sommes : assis l’un en face de l’autre mais loin, moi à faire vaguement la pute, à croiser et décroiser ostensiblement les cuisses, ballet infiniment exécuté par toutes les séductrices désemparées de la terre, et à feindre à mon tour l’indifférence, puisqu’il semble ne pas vouloir de moi, quand soudain il me prend totalement de cours, en m’annonçant mi-sérieux mi-amusé : «
je vais te dire un secret, et tu seras la première à le savoir, je ne l’ai jamais encore confié à personne avant toi ». J’ai l’impression d’être un chimiste qui vient de découvrir par le plus grand des hasards une nouvelle formule : je pensais que « body + bas couture = baise assurée », j’obtiens en fait « confidence + secrets »… Aurais-je finalement gagné ? Ou lui ? Séduire, c’est toujours détourner du droit chemin : amener l’autre là où il n’aurait pas du aller... Et là, clairement, nous nous trouvons là où je n’avais pas du tout prévu d’aller… Quelle drôle de soirée…
Est-ce que ce n’est pas plus précieux que de se faire baiser ça ? Je retiens mon souffle… Je me tourne à demi vers lui, toujours dans le canapé, bien recalée… Je recroise à nouveau les cuisses, mais cette fois sans ostentation, sans provocation, juste pour être plus pudique, mieux concentrée, prête à rassembler toute mes intuitions les mieux inspirées, pour accomplir l’acte magique de lui donner confiance en moi…
Il me confie un truc très intime, en effet. Comme on dit : c’est du lourd. Et soudain, ça change tout, absolument tout entre nous. Sait-il, me confiant cela, qu’il est en train de renverser radicalement les perspectives de notre lien ? Disons, sans rien déflorer du secret que je garde précieusement (alors là, il peut avoir toute confiance), qu’il insinue que passer du temps auprès de moi ne le prive pas de vivre d’autres choses. Ca change tout ! Oui, c’est mieux que de me faire baiser, ça ! Mille fois mieux ! C’est un million de fois plus intime et plus précieux ! C’est de la confiance pure, un concentré de confiance pure. Ca change tout, mais alors tout, il insinue en me confiant quelque chose d’aussi personnel qu’il tient à moi plus que comme une simple passade, clairement, et ça fait taire, d’un coup, les mille oiseaux de sinistre augure qui s’abattaient parfois sur mes pensées, leurs vols sinistres d’idées noires, les soirs de solitude à imaginer les raisons qui pourraient nous amener à nous perdre - et celle-là aurait été imparable, aurait poussé la maîtresse que je suis à battre en retrait…
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Commence alors une plage d’une majestueuse douceur. « Plage douce à perte de vue »… Disons que ma magie n’a pas exactement les effets escomptés, mais ce n’est pas grave, aucune importance, je suis tellement heureuse de la tournure que prend cette soirée… Je pensais manipuler les symboles de la séduction, et c’est moi qui me retrouve encore plus séduite que séduite, cuite, totalement retournée par la confiance dont il vient de me témoigner…
Je lui propose de boire un verre, mais tandis que je pensais aller jusqu’à la cuisine, je fais une halte à ses pieds, je me place à ses genoux… Finalement, son indifférence à ma sensualité a trop duré, je redeviens cette amante orgueilleuse qui veut absolument constater, éprouver à nouveau, et le voudra toujours, l’étendue de ses pouvoirs… Il sait très bien tout cela, je lui ai dit dès la toute première nuit : mon amour des hommes, mon obsession de leurs cuisses qui s’ouvrent pour moi, de leurs queues dressées…
Mon regard le supplie… Lui dévoile le fond de mes pensées, à cet instant :
Oh mon amour, laisse-moi faire... Je tombe à genoux devant toi, j’ai envie de te bouffer complètement, donne moi ta bite, tes couilles, je veux t’aimer fort et bien, assagir ma passion pour te troubler, te faire bander, haleter, demander, quémander, supplier… Et jouir… Donne-moi ta bite, mon amour, je la veux maintenant… Laisse ma bouche te prendre, appliquée et dévolue, elle te veut tellement… (à suivre...)