Certains objets ne sont pas faits pour être partagés. L’exemple le plus évident est celui de la brosse à dents ; personne n’a envie de prêter la sienne, encore moins d’utiliser celle d’un autre. Pour les sextoys, c’est encore pire. Qui oserait glisser sa bite dans un masturbateur déjà utilisé ? Ou se pénétrer avec un vibromasseur déjà familier des muqueuses d’un étranger ? Une minorité, sans doute. Pourtant, pour peu que l’on respecte quelques règles d’hygiène basiques, on ne risque pas grand-chose à utiliser un jouet d’occasion. Vous le faire comprendre est l’un des paris de TrocTonPlaisir.
A vous de voir
TrocTonPlaisir est une boutique en ligne conçue pour permettre aux particuliers et aux professionnels de marchander leurs produits érotiques neufs, destockés mais aussi d’occasion. Les jouets pour adultes déjà utilisés s’y baladent librement. La qualité des produits est très variable : ici, un blogueur tente d’écouler à prix raisonnable les produits qu’il n’a fait que tester ; là, un “gode dauphin vibran” dont “la texture s’effrite” cherche acquéreur pour quatre euros. Bien sûr, tous les sextoys disponibles sur le site ne sont pas des secondes mains. Certains vendeurs proposent des produits d’exposition et des vibromasseurs de marque n’ayant apparemment jamais servi. Pour convaincre les internautes de se laisser tenter, le site s’est trouvé une marraine, la sexologue et fondatrice du site Piment Rose Nathalie Giraud. Ses conseils vous rassureront peut-être ceux qui s’inquiètent des questions d’hygiène.
Sextoys et bons plans en tête
TrocTonPlaisir propose bien plus que des jouets : les douze catégories du site concernent aussi la lingerie, l’art, le BDSM, les objets culturels et d’art… Et même les offres de services. Si vous prévoyez un camshow, une soirée échangiste ou que vous êtes un photographe à la recherche de modèles, vos petites annonces sont les bienvenues. Le site propose même des plans location pour les vacances. Si vous aimez les congés naturistes ou libertins, votre prochain séjour est presque réservé. Cette variété dans les annonces différencie TrocTonPlaisr des autres sites de revente de sextoys comme Fextish (plutôt branché BDSM) ou Deaxlr (orienté gay).
Deaxlr est assez clair
Aujourd’hui, TrocTonPlaisir est encore en phase d’ignition. Après tout, il a pris son envol au mois de juillet dernier. Trois personnes ont participé à la création du site : un professionnel du marketing digital, un employé du domaine juridique et un serial entrepreneur qui vient de se séparer de sa conjointe après plus de dix ans de mariage et un enfant. C’est lui qui a eu l’idée de TrocTonPlaisir en faisant le tri dans les affaires de son couple brisé : que faire de tous ces jouets, romans érotiques et jeux ? “ Les jeter ? Non, ça pollue ! s’exclame la page de présentation du site. Les revendre ? Pourquoi pas, ça ferait rentrer 4 ronds ! En faire profiter quelqu’un ? Certainement, c’est généreux et certains ne peuvent pas en acheter au prix fort. Or un constat est là : aucun site sérieux, qui ne soit pas glauque, ne propose de poster une petite annonce pour des produits à tendance érotique.”
Ce qui est intéressant, c’est que les trois géniteurs de TrocTonPlaisir n’ont aucune expérience de l’univers du sexe et de la pornographie sur Internet. “Nos parcours respectifs n’ont jamais croisé la route de l’érotisme, nous a expliqué JLEF, l’un des initiateurs du projet. Comme tout un chacun, nous aimons le sexe, les femmes et avons vécu des aventures insolites ou inédites. Mais ce qui nous anime c’est de faire quelque chose de beau et de rencontrer des gens plus ouverts d’esprit.” Les trois compères ont de l’ambition : “La motivation qui nous a poussée à créer ce site provient (…) de l’envie de combler un vide, de partager une aventure entrepreneuriale et de faire dans le beau et le propre avec l’ambition de devenir incontournable en France et plus tard dans d’autres pays.”
Ce n’est pas si difficile de laver un sextoy
Pour y parvenir, l’équipe dirigeante de TrocTonPlaisir mise sur un business model freemium, façon Le Bon Coin : l’utilisation du site est gratuite par défaut mais il est possible d’augmenter la visibilité de ses annonces en payant quelques euros. Quelques espaces publicitaires sont également à saisir. Et ça ne va pas s’arrêter là, nous confie JLEF : « Nous avons quelques idées novatrices qui seront dévoilées sur la fin de l’année. Nous sommes associés à une agence de publicité, BHB Communication, qui ne manque pas de nous soumettre le fruit de leurs réflexions. Pour l’heure, il nous faut nous attacher à bien lancer ce site et à se faire accepter par l’écosystème, ce qui est plutôt bien parti. » Vu le nombre de sextoys abandonnés qui traînent dans nos tiroirs, on peut comprendre que l’affaire puisse rouler.