Vingt-deux ans seulement après la dépénalisation tardive de l’homosexualité, les électeurs de République d’Irlande ont offert un «oui» massif à un amendement de la Constitution qui permettra aux couples de même sexe de bénéficier de la même protection juridique que les époux hétérosexuels. L’Irlande est le premier pays du monde à adopter le mariage égalitaire par voie de référendum. Seule les Suisses (2005) et les Liechtensteinois (2011) ont voté en faveur des unions pour les personnes de même sexe, en l’occurrence le partenariat enregistré.
«Oui» des villes et «oui» des champs
Les résultats quasi définitifs donnent 62% en faveur du «oui», en tête dans presque toutes les circonscriptions, y compris les campagnes, où l’influence de l’Eglise catholique est réputée forte. Dublin, qui rassemble un quart de la population de la république, a plébiscité le mariage pour tous à plus de 70%.
Leo Varadkar, premier membre ouvertement gay d’un gouvernement irlandais, a salué le vote: «Nous serons le premier pays du monde à inscrire le mariage égalitaire dans la Constitution par décision du peuple. Cela fait de nous une lumière pour le reste du monde. C’est un jour de fierté pour tous les Irlandais.» Des milliers de personnes se sont rassemblés dans la cour du château de Dublin pour fêter la victoire et manifester leur émotion.
Principal défenseur du «non», David Quinn a concédé sa défaite à peine une heure après le début du dépouillement.
Ouvrir les portes à l’avenir
La clé de ce succès est la mobilisation record des électeurs (environ 60%), dont une part d’Irlandais de l’étranger revenus spécialement au pays pour voter. Le mariage pour tous a bénéficié d’un soutien très large au sein de la société civile, des médias et du gouvernement de centre droite et des partis politiques. La campagne pour le «oui», particulièrement dynamique, a mis l’accent sur la visibilité des gays et lesbiennes au sein de la société et la solidarité de leurs famille, amis et alliés.
Parmi les nombreuses personnalités qui ont défendu le «oui», de Bono à Colin Farrell, l’ancienne présidente, Mary McAleese: «Je pense que nous avons ici une merveilleuse occasion d’ouvrir les portes à l’avenir. Je ne vois rien à craindre de cet avenir, alors que je ne vois que la crainte dans le passé», a-t-elle déclaré, allusion à l’extrême lenteur de l’Irlande sur les réformes de société (divorce, avortement, place des femmes).
Seuls les ultraconservateurs ont fait campagne pour le «non», l’Eglise catholique se contentant de mettre en garde contre une «redéfinition de la famille». L’amendement adopté ne comprend pas la reconnaissance des familles homoparentales. Toutefois, une loi sur ce sujet doit entrer en vigueur dans le courant de l’année.