Une enseigne de sex shop – flickr/davepatten
Gaëlle a créé récemment son love store Du piment dans mon lit et participe activement au Club sexpress yourself, je lui ai demandé si elle voulait bien nous raconter pourquoi et comment on décide un matin de créer un love store.
Vous pouvez vous présenter, nous expliquer votre parcours ?
Commençons par le début ; j’ai 31 ans, j’habite la région de Nantes et je suis en couple depuis 9 ans. J’ai débuté dans la vie active comme animatrice jeunesse dans les quartiers dit «en zone sensible » durant 6 ans puis je me suis dirigée petit à petit vers un autre secteur pour m’assurer un revenu plus régulier et des contrat plus longs que dans l’animation. J’ai donc souhaité tester le métier de commerciale, et j’ai eu l’opportunité d’accéder à différents postes dans de nombreux domaines (services, agroalimentaire…).
Professionnellement, j’ai toujours rêvé d’ouvrir mon propre magasin sans vraiment savoir pendant longtemps dans quel domaine. Dans tous les cas, ceci était comme une évidence. J’aime le contact humain, j’aime conseiller, j’aime vendre sans avoir cette impression « d’arnaquer » le ou la cliente. Je m’imaginais donc un jour tenir une boutique avec cette possibilité d’y intégrer mes propres valeurs sans devoir me plier aux exigences farfelues d’un patron soucieux d’augmenter son chiffre d’affaire sans vraiment prendre soin de ses salariés et de ses clients.
Quel a été le déclic ?
Il y a environ 1 an, ce fût le bon moment. Le poste que j’occupais ne m‘épanouissait plus, les idées germaient sans cesse quant à mon futur projet et je sentais que je devais m’y atteler le plus rapidement possible. Parallèlement, dans le domaine privé, j’avais assisté il y a quelques années à une « réunion sextoys » chez une de mes amies et ce jour là, ce fût comme une révélation !
J’ai toujours rêvé d’être indépendante professionnellement et j’avais là devant moi le produit qui me séduisai ! Il est vrai que mon éducation m’a toujours permis d’être très à l’aise avec la sexualité en général, et de découvrir que l’on pouvait présenter ces objets sous un angle très ludique et féminin lors d’une soirée pleine de bonne humeur et de franche rigolade m’a séduit instantanément.
Pourquoi une boutique en ligne ?
Après réflexion, je me suis vite rendu compte que l’ouverture d’une boutique érotique physique allait être très coûteuse et que je ne pouvais pas investir financièrement dans un tel projet. En revanche, Il me parut évident que sur internet, je pouvais peut-être trouver une petite place.
Mais alors le contact client ?
En parallèle, je présente quelque uns de mes produits à domicile mais aussi depuis peu dans des bars à Nantes. Je suis ravie de constater que les gens (et pas seulement les femmes puisque de plus en plus d’hommes sont demandeurs) soient de plus en plus intéressés par ce genre de soirées et revendiquent de plus en plus fort leur sexualité.
Et comment ont réagi vos proches à l’idée de vous savoir travailler dans un environnement un peu « marqué » ?
Cela fait environ 3 mois que Du piment dans mon lit a ouvert ses portes et que mon entourage a intégré cette idée. Mon conjoint, mes amis et ma famille m’ont toujours soutenue dans ce projet. Au fond de moi, je savais que j’allais soulever des questionnements mais j’avais confiance quant à la réaction des personnes proches. En effet, je ne m’étais pas trompée.
Donc pas de surprises, pas de mise à l’écart ?
A plusieurs reprises, j’ai constaté que la plupart des hommes plaisantaient maladroitement sur le sujet ou bien n’alimentaient guère sur le thème comme si je venais de les choquer, comme si je venais de passer du côté des femmes « non recommandables » en l’espace d’une seconde!
Je n’avais pas du tout anticipé les commentaires ou les silences que j’allais affronter face aux autres interlocuteurs. La plupart du temps, les femmes étaient celles qui trouvaient le projet intéressant et partait dans une série de question comme : « Mais comment as-tu eu cette idée ? Quels types de produits tu vas vendre ? As-tu une carte de visite? Ca peut m’intéresser… »
A l’inverse, les hommes étaient pour la plupart gênés. Je le remarquais lorsqu’à l’annonce de mon projet, un silence prenait place ou bien lorsque brutalement, la personne changeait de sujet.
Il est vrai que je ne m’étais pas du tout préparée à ce type de réactions, j’étais faussement persuadée que nous assumions plus notre sexualité et l’utilisation des sextoys !