34713 éléments (3171 non lus) dans 75 canaux
Toute relation empreinte d’émotion implique une réaction inconsciente de chacun des protagonistes : le transfert.
Et bien sûr, le BDSM ne fait pas exception à la règle (bien au contraire). En effet, à chaque fois que nous entrons en relation avec une personne qui compte pour nous, nous répétons inconsciemment les émotions, sensations et histoires de notre passé relationnel avec les personnes qui nous ont le plus marquées et nous projetons tout ou partie de cela sur notre interlocuteur, d’autant plus lorsque nous n’avons pas réussi à « réparer » des souffrances ou des manques datant de ces périodes lointaines.
C’est pour cette raison qu’il est parfois utile de réfléchir à certaines de nos réactions qui pourraient paraîtres répétitives ou disproportionnées par rapport à l’événement d’origine. Par exemple, Solange est la soumise de Pierre mais à chaque fois qu’Il lui impose un certain type de devoir, elle ne peut s’empêcher de se rebeller jusqu’à recevoir la punition méritée. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas être soumise mais elle est certainement dans la répétition d’une émotion de son passé dont la blessure a été refoulée sans être exprimée ni « réparée »…
Cet article 22 août 2016 – Transfert est apparu en premier sur La Part De L'Ombre.
On marche beaucoup dans les films de Chantal Akerman, dans des espaces ouverts ou fermés, avec ou sans but. Le 6 octobre 2015, la réalisatrice a mis fin au voyage, l'écran est devenu blanc…
- Cinéma & ThéâtreRaquel Fedato et Chris Philips sont Brésiliens. Il est photographe de mode, elle est étudiante en « cultural and american studies ». Tous deux sont installés à Berlin. Ensemble, ils mènent la barque de Pornceptual, un projet qui cherche à « dé-contextualiser la pornographie au sens classique du terme et montrer que le contenu sexuellement explicite peut être considéré comme de l’art ». Pour ce faire, Fedato et Philips soutiennent la diffusion d’oeuvres X sur leur site officiel et dans leur magazine Pornceptual : photographies, vidéos, peintures, collages… Tout est bon pour prouver qu’art et porno sont solubles.
Pornceptual organise aussi des soirées bien connues des Berlinois. Il y a quelques temps, notre aventureuse collaboratrice Salam avait osé plonger dans l’une d’entre elles, quitte à se déshabiller complètement – après tout, c’est d’abord parce qu’il encourage ses participants à cluber à poil que l’événement est devenu incontournable. Il semble qu’il le soit resté : le 6 août dernier, le magazine Tracks d’Arte a révélé un petit reportage sur le projet de Raquel et Chris, de leurs shootings à leurs drôles de nuits. Pour ne rien vous cacher, on est un peu jaloux. Nous aussi on aimerait danser nu, mais dans un club parisien.
Autant vous le dire de suite, j’ai dévoré ce livre de bout en bout. Intriguée par la couverture j’avais décidé de me lancer dans l’histoire de ce jeune homme initié à tous les plaisirs par une voisine sexy et pouvant être sa mère.
Mais petit à petit l’histoire a évolué et tout comme ce jeune homme, je me suis retrouvée prise dans l’engrenage d’une infiltration dans les milieux bisexuels du libertinage, du BDSM et plus violemment encore. Plaisir, action, suspense, angoisse, vengeance, tous les ingrédients permettant de tenir le lecteur en haleine de la première à la dernière phrase étaient présents.
Vous devez savoir avant de vous engager dans la lecture de cette fiction que certaines scènes sont d’une violence extrême et qu’il faut avoir le cœur bien accroché mais ce livre est tellement addictif qu’une fois commencé vous ne pourrez plus le lâcher…
Un livre réservé à des lecteurs avertis qui, eux aussi, n’ont pas peur de repousser leurs limites.
Disponible en 48 heures par correspondance ici : http://www.sentimentmoderne.com/librairie/produit/celine/
Vu sur Pour faire l’amour, Howard Jacobson
Pour faire l’amour d’Howard Jacobson n’est pas à proprement parler un roman érotique, du moins…
Cet article provient de Littérature érotique
Il existe des hommes qui aiment une femme en secret. Ils l’aiment, mais ils ne l’épousent pas. Malgré tout, la maîtresse espère : un jour peut-être, mon prince divorcera. Les années passent. Plus la maîtresse attend, plus ses «chances» s’amenuisent.
La relation adultère est toujours perçue à ses débuts comme une «liaison» temporaire : ce n’est pas fait durer. Parfois, ça dure. Mais c’est toujours vécu comme quelque chose qui ne mène nulle part. «Aucune des personnes que j’ai lues ou écoutées n’a fait de l’extraconjugalité durable un projet de vie, aucune d’entre elles ne pense, quelle que soit la durée de la relation en question (deux, trois, cinq ou dix ans...), que cela puisse durer encore. La plupart, d’ailleurs, souhaitent que cela s’arrête, d’une manière ou d’une autre.» Dans son livre Amours clandestines, la sociologue Marie-Carmen Garcia souligne l’étonnant paradoxe des histoires de double-vie : elles se perpétuent comme à contre-coeur, bien malgré elles et souvent «par la faute des hommes», disent les femmes. Car les hommes refusent de divorcer. Pourquoi refusent-ils ?
Première explication : par fidélité à soi-même
Marie-Carmen Garcia s’est penchée sur des histoires très particulières : les unions cachées durables. Pour mener cette enquête inédite, elle a approché des hommes et des femmes engagés depuis parfois 5, 10, voire 40 ans dans une vie parallèle. Première constatation : ces personnes ne considèrent pas comme «infidèles». «La plupart se voient et se donnent à voir comme des personnes qui, à un moment donné de leur vie, font une rencontre exceptionnelle qui les conduit à basculer, malgré elles, dans l’infidélité. Elles ne sont pas infidèles, elles sont amoureuses». Pour appuyer son propos, la sociologue cite un très beau manifeste en faveur de ces amours coupables : «La durée de vie s’allonge et il est fréquent [...] d’avoir plusieurs vies, et sans être pour autant schizophrène. On découvre, on change, on s’enrichit de rencontres, on se métamorphose parfois ; on peut souhaiter vivre des choses différentes sans pour autant abandonner ce qu’on a vécu jusqu’alors. C’est cela la véritable fidélité. Rien à voir avec l’exclusivité. Des vies “différentes”, au lieu de se succéder, peuvent exister en parallèle. Certains peuvent penser cela impossible, d’autres savent que c’est possible, tout simplement parce qu’ils l’ont vécu, de manière officieuse» (Catherine Ternaux, La Polygamie, pourquoi pas ?).
Deuxième explication : par fidélité à l’épouse
«La poursuite de plusieurs relations amoureuses parallèlement les unes aux autres est, comme le suggère Catherine Ternaux, assez fréquente. Cependant, la clandestinité amoureuse apparaît méprisable dans un monde qui fournit la possibilité aux couples de se séparer […] ou de s’échanger d’un commun accord». Dans notre société, dominée par l’idéal de la transparence, adultère rime avec mensonge, trahison, conformisme et lâcheté (1). «Une certaine tolérance sociale existe pour des “infidélités occasionnelles” considérées comme “purement sexuelles” et donc comme ne remettant pas en cause le couple […]. Les relations extraconjugales qui durent constituent une énigme […]. S’il ne s’agit pas d’une “passade”, de quoi s’agit-il ? S’il s’agit d’amour, pourquoi ne pas officialiser ? Si un homme aime une femme, pourquoi ne lui propose-t-il pas la dignité de l’officialisation ?». Marie-Carmen Garcia pose la question aux principaux intéressés. Surprise : il semblerait que les hommes trouvent bien plus méprisable de quitter leur épouse que de la tromper. Elle cite l’exemple de Claude : «Pour lui, ce serait trahir son épouse que de la quitter. Claude dit qu’il s’est progressivement autorisé à aimer Sylvie et qu’il éprouve pour elle un fort attachement. […] Il espère que leur relation ne prendra jamais fin. Cependant, il n’a jamais envisagé de quitter son épouse pour vivre une relation avec Sylvie au grand jour».
Troisième explication : par respect des conventions sociales
De façon très paradoxale, les hommes trompent leur épouse mais s’estiment fidèles à elle tant qu’ils ne la quittent pas. Ils sont victimes d’une «idéologie familialiste», explique la sociologue, c’est-à-dire qu’il s’agit bien souvent d’hommes inféodés à l’image d’Epinal… de la famille Kinder : épouse au foyer, enfants souriants, pater familias responsable. «L’image de soi comme une personne sérieuse, menant une vie familiale sérieuse est ainsi omniprésente dans les discours masculins. Elle est fondée sur l’idée de ne pas déroger à ses obligations de mari et de père et de préserver son épouse de ses penchants sentimentaux et sexuels pour une autre femme. Le respect et l’amour (quel que soit le sens que l’on donne à ce mot) du mari pour son épouse impliquent, dans ce système de pensée, que l’homme préserve cette dernière de ses passions et désirs cachés». Pour beaucoup de ces MMD (Mariés Mais Disponibles), éduqués dans le respect du mariage et de la famille, les apparences comptent plus que la réalité. Il s’agit de préserver l’honneur. N’ont-ils pas promis à leur compagne un engagement à vie ? S’ils ont besoin d’assouvir leurs besoins sexuels et sentimentaux hors du couple, cela ne la concerne pas. Ces hommes pensent en effet qu’il est normal que leur épouse ne puisse pas les satisfaire : les femmes ont moins de libido.
Quatrième explication : pour ne pas faire souffrir leur conjointe
La plupart des hommes engagés dans une relation extraconjugale longue durée sont non seulement convaincus que leur épouse ne sait rien, mais qu’elle-même leur est parfaitement fidèle. L’image qu’ils se font de leur compagne est celle d’une «personne heureuse en ménage, peu mystérieuse et innocente» qu’il faut avant tout maintenir dans «une bienheureuse illusion». Il s’agit de préserver la cristalline pureté de la conjointe. «Elle n’y survivrait pas à une rupture», disent-ils, persuadés que, sans eux, la mère de leurs enfants ne pourrait que sombrer dans le plus profond désespoir. Leur épouse, c’est la Vierge Marie : pas touche. Que leur maîtresse puisse souffrir au point d’en faire une dépression ne semble pas peser dans la balance. Après tout, la maîtresse est responsable. Christophe, par exemple explique : «Je suis fidèle puisque je ne la quitte pas [ma femme]. Notre projet, ce sont nos enfants et je me suis engagé dans ce projet. Je n’ai plus 20 ans, je ne peux pas faire ce que je veux. Pour un homme, on m’a appris ça, il est important de tenir ses engagements. […]. Ce que je fais avec mon sexe ne regarde que moi, ce que je fais avec mon coeur aussi. Mais je tiens mes engagements».
Quatrième explication : pour ne pas perdre les enfants
Craignant plus que tout au monde de mettre en danger leur foyer, la plupart des hommes qui mènent une double vie le font au nom d’une morale qu’ils croient supérieure : celle de la famille. «La famille avant tout», disent-ils en insistant sur le fait que les enfants ont besoin d’avoir un père, synonyme de «stabilité» et de «sécurité». Ils n’imaginent pas une seconde que les enfants puissent avoir conscience de la mascarade parentale. Ils pensent que les enfants sont trop innocents pour sentir l’odeur du mensonge. Ils estiment, par ailleurs, que leur rôle de père est celui de pilier. Sans eux, les enfants ne pourraient que mal tourner, devenir délinquant ou pire. Ils sont en outre persuadés qu’en cas de divorce, ils perdraient leurs enfants. La loi garantit que la garde soit partagée entre les parents. Mais pour ces hommes, la seule évocation d’une «garde partagée» sonne déjà comme un hallali : leur masculinité est «fondée sur la figure du “chef de famille”», explique Marie-Carmen Garcia. Un homme, un vrai, est un homme de devoir. Il n’est viril qu’à la condition d’avoir une femme et des enfants à protéger. Le fait qu’il puisse entretenir une relation extra-conjugale renforce d’ailleurs cette virilité : cela prouve qu’il a des besoins sexuels supérieurs à ceux de sa femme.
Sixième explication : pour ne pas perdre leur maîtresse
Cloisonnant les univers (d’un côté la maman, de l’autre la putain), les hommes victimes du «double standard» craignent comme la peste l’idée d’épouser leur maîtresse. Ils associent en effet au mariage l’image conventionnelle de l’ordre social. Avoir une épouse, pour eux, c’est «se ranger», se montrer conforme aux attentes de la société. Avoir une maîtresse, c’est s’accorder un jardin secret, le droit de développer leur vrai moi. «Une amante devenant une épouse perdrait, du point de vue de ce modèle, beaucoup de son attrait car elle investirait les sphères des statuts et des rôles liés aux unions officielles», résume Marie-Carmen Garcia. L’homme qui refuse de divorcer désire, plus ou moins consciemment, protéger l’amour qu’il éprouve pour sa maîtresse. Avec la maîtresse, sous «l’influence du discours romantique qui range la passion du côté de la véritable nature des individus et les rapports sociaux de celui de la fausseté», le MMD a l’impression d’être plus authentiquement lui. C’est bien connu : avec l’épouse, on joue un rôle. Avec l’amante, on peut se lâcher. Sincèrement.
Reste à savoir pourquoi les maîtresses acceptent de tenir «le second rôle» et de s’enliser dans une relation qui souvent les fait souffrir ? La réponse au prochain post.
.
A LIRE : Amours clandestines. Sociologie de l’extraconjugalité durable, de Marie-Carmen Garcia, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Sexualités », 2016.
La Polygamie, pourquoi pas ?, de Catherine Ternaux, Grasset, 2012.
.
Cet article fait partie d’un dossier. Première partie : «Amours cachées : pas facile d’être la maîtresse». Deuxième partie : «Marié, mais disponible : portrait-type du mâle adultère». Troisième partie : «Pourquoi les amantes sont-elles humiliées ?».