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LE PLUS. L’homme n’est pas condamné à une seule source de plaisir. L’orgasme et l’éjaculation sont deux processus bien distincts, explique notre chroniqueuse Alexia Bacouël, sexothérapeute. Le massage de la prostate est capable de procurer d’intenses plaisirs, et ce, quel que soit l’orientation sexuelle, explique-t-elle. Lire la suite sur Le Plus du Nouvel Obs >...
The post Orgasme : stimulez votre prostate ! L’éjaculation n’est pas la seule source de plaisir appeared first on Le Cabinet de Curiosité Féminine.
Hier, j’ai subi une agression. Rien de bien grave, rien que du très classique, rien que des milliards de femmes expérimentent au quotidien.
Il était très tôt, sept heures du matin. J’allais prendre mon train à la gare Part-Dieu (l’une des gares les plus fréquentée de France, même aux aurores) comme tous les matins. Aux abords du hall, j’entends un type, passablement éméché, s’en prendre à un autre. Entendre un mec bourré hurler à un autre mec bourré « espèce de sale arabe on va tous vous brûler, va niquer ta mère », ça attire forcément l’attention. J’ai donc tourné la tête en direction des cris et j’ai croisé son regard. Un homme, tout ce qui a de plus normal. Avec une rage totale dans les yeux et ivre mort, mais normal. Il aurait pu être le père, le frère, le mari de n’importe qui. Pas un marginal. Franchement dérangée par la haine dégagée par cet homme, j’ai accéléré le pas. De toute façon, j’avais un train à prendre.
Sauf que. Je ne lui ai pas plu. J’avais pas fini de tourner ma tête qu’il a changé de cible.
« HEY LA ROUSSE LA ! LA ROUSSE ! OH SALE ROUSSE ! »
Bien sûr que c’était de moi qu’il parlait. Bien sûr que j’ai commencé à avoir peur. Bien sûr que j’ai (encore) accéléré le pas, et que j’ai fait mine de ne pas l’entendre.
« HEY SALE PUTE ! SALE PUTE ROUSSE ! »
J’ai une boule dans la gorge : il n’y a aucun doute, c’est bien de moi et de mes cheveux orange qu’il parle. « Quelle idée de t’être fait une couleur aussi voyante ! » me suis-je alors dit.
« TU PUES DE LA CHATTE SALE ROUSSE, GROSSE PUTE ! T’ENTENDS ? TU PUES DE LA CHATTE ! VIENS LÀ SALOPE, VIENS LÀ AVEC TON CUL DE PUTE ! «
Là je me sens carrément en danger. Sans me retourner, je sais qu’il est derrière moi, qu’il me suit. J’arrive sur le parvis de la gare. Il y a un monde de dingue, mais je ne me suis jamais sentie aussi seule et humiliée. Je cherche des alliés, du soutien, quelque chose, n’importe quoi. Mais il n’y a personne dans cette gare grouillante de monde. Je croise le regard de deux jeunes hommes. Ils me le rendent, et comprennent. Et se mettent à rire. Je me fais poursuivre et insulter, et les seules personnes qui acceptent mon regard rient.
« T’AS UN CUL DE PUTE, TU PUES DE LA CHATTE, VIENS ICI »
Qu’est ce qui m’a pris de sortir de chez-moi ce matin ? Pourquoi est ce que j’ai mis cette jupe moulante ? Pourquoi mes cheveux sont aussi voyants ? Pourquoi ces deux jeunes cons se moquent de moi ? J’ai le coeur au fond de la gorge, et les larmes me montent. J’ai peur, presque peur de mourir, que ce type m’attrape, viole ma chatte qui pue et mon cul de pute et que ces deux mecs le regardent faire en riant. Je cours jusqu’à mon train, je monte dedans, je me planque au fond de mon siège : le mec est là, il me cherche, il ne me voit pas, il fait demi tour. Il est parti. Je vais bien.
J’ai mis plusieurs heures à m’en remettre. Et comme souvent, la peur a fait place à la colère.
Cette société produit des hommes qui insultent les femmes gratuitement dans la rue, et d’autres hommes qui trouvent ça drôle.
— Almira Gulsh (@AlmiraGulsh) 21 Août 2015
Merci @Maellevie pour cette image <3Et on continue de se faire basher dès qu’on a l’outrecuidance de dire qu’on est feministe, parceque c’est bon, vous êtes reloues les filles.
— Almira Gulsh (@AlmiraGulsh) 21 Août 2015
Cette agression classique (oui, classique, quotidienne, NORMALE) m’a encore une fois renvoyé un milliard de choses à la gueule. Sur la légitimité qu’on a en tant que femme à occuper l’espace public quand on est seules. Et sur la signification de notre corps, sur le sens de mon cul, mon cul de femme seule qui va prendre son train le matin, et qui a pris soin de l’envelopper dans une jupe moulante qu’elle trouve jolie et qui lui va bien.
Quand je me suis recroquevillée au fond de mon siège dans le TER, mortifiée de honte, ma première pensée a été de me dire que j’aurais dû m’habiller autrement. Et que donc j’avais PROVOQUÉ mon agression. Moi qui milite pour m’habiller comme je veux. Moi qui suis la première à dire qu’une cuisse apparente ou un décolleté ne sont l’autorisation de rien du tout. Moi qui crie à qui veut bien l’entendre (ou pas d’ailleurs) que ce n’est pas à NOUS de culpabiliser d’exister, mais bien à la SOCIETE et aux hommes de nous accepter, de nous respecter et de nous considérer comme des égales, et ce quelles que soient nos tenues et les heures du jour ou de la nuit.
Mon cul n’est responsable de rien. Les putes ont bien plus de dignité que n’importe lequel de ces connards qui prennent le droit (droit que la société leur laisse, puisque je rappelle que personne ne m’a aidé, et que pire, on a ri à mon agression, preuve de sa banalité) d’emmerder une femme dans la rue. J’ai pas envie d’entendre que j’aurais dû faire ceci ou cela. Une femme agressée fait ce qu’elle peut. Je ne veux pas entendre que j’aurais dû alerter les contrôleurs ou les agents de sécurité. J’estime qu’ils auraient dû voir que je me faisais emmerder, et j’estime avoir été suffisamment humiliée pour prendre le risque de demander de l’aide à une personne en uniforme et qu’elle aussi se mette à rire, qu’elle minimise ou qu’elle m’ignore. Je rappelle qu’en tant que femme seule en jupe moulante, aux yeux d’une grande partie de la société, mon agression j’en suis responsable.
Et aujourd’hui, je vais mettre un short, en emmerdant cordialement ceux qui vont trouver à y redire.
Et si vous avez eu le courage de lire ma diarrhée verbale jusqu’au bout et que vous voulez savoir ce que vous auriez pu faire si vous aviez été témoin, ce post du Projet Crocodile devrait vous plaire.