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Thème : Le(s) fantasme(s) Par : Joe, Alexia BACOUËL et Cécile MARTIN Invitée : Alétheia (contributrice CCF) Références : Culture Q : Théâtre Chochotte, 34 Rue Saint-André des Arts, 75006 Paris – du lundi au samedi de 12h30 à 00h30. Lecture finale : Drencula, Boris Vian Vous voulez vous faire dessiner par Jineuf ? Découvrez son univers sur sa page facebook ici.
The post Podcast de l’émission radio du 20 mai 2015 sur les fantasmes appeared first on Le Cabinet de Curiosité Féminine.
Les mauvaises conditions de travail ne sont pas rares dans l’industrie pornographique, mais leur dénonciation l’est bien plus. En tant que syndicat qui dénonce depuis toujours les liens entre manque de reconnaissance du travail sexuel et augmentation de l’exploitation des travailleurSEs, le STRASS tient à manifester tout son soutien à Léonarda Guinzburg, en republiant l’article tiré de son témoignage et d’abord paru sur le blog « le cabinet de curiosité féminine ». D’ailleurs, cet article vaut actuellement à Léonarda des menaces anonymes sur Facebook
Le site porno Jacquie et Michel a un concept marketing fort, un storytelling bien rôdé : des femmes leur envoient un mail car elles ont envie de tourner dans une vidéo de cul. Et Jacquie et Michel, en bons samaritains, leur rend ce service. Après tout, il faut faire plaisir à son prochain ! Evidemment, ceux qui s’y intéressent un peu savent que pour la plupart, ces femmes sont des actrices porno qui débutent. On est loin de la girl-next-door-grosse-chaudasse, mais qu’importe.
J’ai eu la chance de rencontrer Léonarda qui a tourné dans une de ces vidéos. Elle a eu envie de partager son expérience.
Nous nous retrouvons dans un bar à Pigalle, rien à voir avec notre sujet mais bien plus avec la rencontre de nos lignes de métro. Léonarda est blonde, belle, vient de l’est de la France mais son accent est russe et lui donne un charme supplémentaire. Elle m’attend en sirotant une bière. Elle est venue avec son amie, Doris, transgenre qui préfère la tisane et m’exprime très vite son mépris pour Jacquie et Michel. Doris préfère le porno américain ou à la rigueur Explicit’Art. Avant que l’on ne débatte de la qualité cinématographique des films pour adulte, je reprends mon sujet et demande à Léonarda de me raconter son expérience.
Léonarda a toujours aimé le sexe. Quand elle voit ses premiers pornos, ça l’excite et elle se souvient d’avoir été surprise en entendant ses copines dire qu’elles n’aimaient pas ça du tout. Fausse pudeur, culpabilité judéo-chrétienne ?… Elle entame ses études et en parallèle commence un peu de mannequinat. Le sexe, le cul et le porno font toujours partie de sa vie et elle nourrit le désir ou le fantasme de tourner dans un film une fois au moins pour voir. Elle a une petite vingtaine d’années alors. Elle se lance, passe une annonce sur un site spécialisé et reçoit de nombreuses réponses et propositions en tout genre. Dont celle d’un « agent d’actrices de X ». A l’époque, elle ne sait pas que le métier existe d’autant moins qu’il est assimilé à du proxénétisme. Elle se sent au contraire rassurée par le titre et rentre en contact avec lui. « Le tournage avait lieu à Paris. Sur le trajet, il a commencé à me parler du métier d’escorte et à me dire que je pourrais bien gagner ma vie, se souvient-elle. Moi j’étais jeune et je voulais juste faire un porno pour réaliser un fantasme en fait. Je voulais quelque chose de beau, genre Gina Wild*. »
Double pénétration
Le pseudo agent emmène Léonarda dans un appartement où elle est briefée sur le « scénario ». Deux tournages sont prévus : un le matin avec un seul partenaire et un autre l’après-midi avec deux partenaires, le maximum que Léonarda avait dit accepter. Mais une fois sur place, ils sont quatre hommes. « Je me suis sentie prise au piège et évidemment, je n’avais pas d’argent pour rentrer chez moi. En plus, un des acteurs n’avait pas sa carte d’identité. Du coup, je ne me sentais pas rassurée : ni sur la qualité, ni sur l’hygiène ! ». Le tournage se passe, jusqu’à ce que le réalisateur annonce une double pénétration qu’elle refuse. Il râle, se met à négocier en lui proposant une double vaginale (ni Léonarda ni moi ne comprenons en quoi c’est une concession..) mais Léonarda reste ferme. « Ce qui était insupportable, c’était de devoir en discuter. Si je ne voulais pas le faire, je ne voulais pas le faire, un point c’est tout », m’explique-t-elle. A ce stade, personne ne lui a dit que la vidéo était destinée à Jacquie et Michel. Elle ne le découvrira que plus tard, avec déception.
« Le boss c’est moi ! »
Près d’un an après cette première expérience, alors qu’elle est à Paris pour quelques jours, elle est contactée en urgence : une actrice les aurait planté, ils ont besoin qu’elle vienne. Elle paie le taxi qui l’emmène jusqu’au Concorde Lafayette où l’équipe de tournage l’attend dans une suite. « La chambre est sublime, il y a de la lingerie très belle, plusieurs acteurs,… Et Michel en personne. Très sympathique. Je vais sous la douche pour me préparer et je remarque Michel en train de me filmer par l’embrasure de la porte de la salle de bains. Je lui demande d’arrêter, je lui dis que je ne suis pas prête, on rigole un peu et je ferme la porte. « Le boss c’est moi ! », se met-il à hurler en ouvrant la porte et en me jetant dehors comme une malpropre. Je lui demande alors de me rembourser au moins le taxi. Il refuse. Je menace d’appeler la police et il me jette l’argent à la figure. C’est pour ça que j’ai eu envie de raconter mon expérience ! Parce que les filles imaginent qu’elles vont vivre une expérience sympa, sexy, mais le plus souvent c’est juste violent et humiliant. », m’explique-t-elle.
Léonarda n’aime pas se voir elle-même. Elle n’a pas regardé sa vidéo sur Jacquie et Michel, mais de toute façon, elle n’aime pas le porno que propose ce site. Si elle avait su que c’était pour Jacquie et Michel, elle n’y serait pas allée. Elle a eu d’autres expériences depuis et y a même pris du plaisir. Elle est aujourd’hui travailleuse sexuelle et trouve que les actrices porno (également travailleuses sexuelles de son point de vu) ne sont pas assez bien payées. « Sur Jacquie et Michel, les mecs viennent juste tirer un coup et ils ont les filles pour pas cher, c’est tout. Il vaut effectivement mieux être escorte. C’est mieux payé et on est son propre patron », conclue-t-elle.
*Gina Wild est une star du porno allemande de la fin des années 90 et des années 2000.
Cet article « J’ai fait une vidéo Jacquie et Michel » Rencontre avec Léonarda Guinzburg est apparu en premier sur Strass Syndicat du travail sexuel.
Pourquoi choisir entre l’humour et l’érotisme? Nous, on aime les deux.
La Revue du Libido, c’est un spectacle éroticomique qui mélange de l’humour, du chant, du strip-tease, des sketches, des performances, de la danse, dans un joyeux ensemble présenté par Arnaud Demanche et Stéphane Rose (fondateurs de la cérémonie des Gérard), accompagnés au piano par Julien Lifszyc et mis en scène par Marie Guibourt.
Le samedi 30 mai à 21h45 au théâtre de la Contrescarpe à Paris.
Pensez à réserver vos places !
http://www.billetreduc.com/138518/evt.htm
Avec nous sur scène:
Elle a révolutionné le cabaret avec ses numéros de cirque érotico-surréalistes complètement barrés et nous fera le privilège de venir de Suisse pour être avec nous : Ava la dame en verte
Ses powerpoints, qui cartonnent sur sa chaine Youtube comme dans son spectacle, servent aussi à expliquer la sexualité, et il est bien décidé à vous en faire la démonstration: Pierre Croce
A la fois chanteuse, danseuse, rock star et grand prêtresse du sexe joyeux et décomplexé, elle enflamme les nuits parisiennes depuis trois ans avec ses shows éroticoburlesques: Julia Palombe
Elle triomphe partout en France avec « Mère indigne », son one-woman-show, et nous dévoilera ses facettes les plus délurées: Olivia Moore
Il est mentalist, sait tout de vos pensées et fera jaillir vos fantasmes les plus enfouis: Laurent Tesla
Révélation de la scène burlesque parisienne, elle viendra nous mettre le feu au sens figuré comme au sens propre: Candy Scream
Vous l’avez vu sur scène ou dans la Nouvelle Edition sur Canal Plus, il est belge, caustique, et volontiers obsédé sexuel : Walter
Tour à tour danseuse, strip-teaseuse, pole-danseuse et autres spécialités hautement sensuelles, elle nous accompagnera dans le but avoué de faire monter la température du théâtre de la Contrescarpe: Cristal Cruze
Certains l’ont vue en costume de schtroumpfette sexy, d’autres en Mère-Noël délurée, d’autres en danseuse de cabaret, dans quel rôle apparaîtra-t-elle cette fois? Surprise!
Anne de Bonbecque
Le tout présenté par Laurel et Hardy Astérix et Obélix Arnaud Demanche et Stéphane Rose
Avec, pour nous accompagner au piano (à queue): Pino Lattuca Richard Lornac Charlie Holeg Julien Lifzyc
Et d’autres invités surprises à découvrir !
***
« Truculent et jubilatoire ! » (Le Nouvel Obsédé)
« Une belle sortie entre amis ! » (Médiapartouze)
« On a du mal à rentrer dedans, mais après ça passe tout seul ! » (Le Poing)
« Un peu trop hétérocentré à notre goût » (Pédérama)
« Les numéros de travestissements sont fantastiques ! » (Trans Dimanche)
Le Festival Explicit, dont la première édition a lieu à Montpellier les 22, 23 et 24 mai 2015, est plus qu’une occasion de voir des performances, vidéos ou conférences consacrées aux représentations sexuelles : il s’agit de se demander si c’est normal de réduire le sexe à du «fun».
Il existe sur «le marché du désir» des millions de personnes en manque d’un(e) partenaire ou d’un bon coup. Ces personnes postent sur Internet leurs photos, en prenant des pauses tellement codifiées qu’il suffit parfois de les mettre bout à bout pour faire un montage de film. C’est à ce petit jeu que s’est amusé le réalisateur Antonio Da Silva, dont le travail est projeté dans le cadre du Festival Explicit, au CND de Montpellier jusqu’à dimanche soir. Antonio Da Siva a collecté 2500 selfies de gays pour en faire une vidéo de 3 minutes (intitulée PIX), passant à la moulinette, sur un rythme staccato, les postures codifiées de la séduction mâle. Qu’ils se photographient dans un miroir, par devant ou par derrière, leurs mimiques et leurs déhanchés sont à ce point répétitifs que le film donne l’impression que les 2500 corps n’en forment qu’un seul et unique. La démonstration est saisissante. Pour Antonio Da Silva, ainsi qu’il l’explique sur son site Internet, «nous vivons à une époque où nos vies sont dominée par Internet et par les réseaux sociaux. Pour les gays qui ont adopté le système de rencontre en ligne, la recherche d’un partenaire relève tantôt du jeu d’exhibitionnisme narcissique, tantôt de la quête voyeuse sans fin. Ma vidéo intitulée PIX est une mosaïque constituée par des milliers de corps mâles dans les pauses typiques de la virilité…». Ces corps sont sans visage. Ce qui pousse parfois les visiteurs des sites de rencontre à se branler sur les photos plutôt qu’à envoyer des messages à leurs auteurs.
A la rencontre, certains préfèrent la masturbation. Et quand la rencontre a lieu, elle ne possède pas forcément pour eux plus de valeur qu’une masturbation à deux. Que penser de ce constat négatif que dresse Antonio Da Silva ? Pour lui, les auto-portraits de séduction sont devenus à ce point codifiés qu’ils ne se distinguent presque plus des clichés de magazines masturbatoires. «Un miroir, un torse exposé et la promesse d’un NSA fun sont devenus les synonymes du comportement banal des gays dans le domaine de la rencontre», dit-il. Le NSA fun (No String Attached fun) pourrait se traduire «de l’amusement sans obligations». Antonio Da Silva fait-il la morale ? Difficile à dire. Il pose d’ailleurs lui-même la question : «le comportement gay en ligne isole-t-il les homosexuels ou les aide-t-il à communiquer ?». Que les règles de séduction soient stéréotypées ne les empêche en effet pas d’être efficaces : aucune communauté ne peut faire l’économie d’un langage corporel commun. Reste à savoir dans quelle mesure ce langage est facteur d’échanges. C’est ici qu’Antonio s’interroge. Pour lui, semble-t-il, l’imagerie gay est à ce point conventionnelle qu’elle élimine même le désir d’une rencontre en réel.
A quoi bon un contact IRL (In Real Life) quand on peut jouir sur une belle photo ? Les Adonis et les Hercule des sites de rencontres, paraissent finalement plus attirants que les vrais hommes qui se cachent derrière ces pectoraux et ces braquemarts dressés en étendard. «Le besoin de presser le bouton “Télécharger plus de mecs“ n’a t-il pas pris le pas sur le besoin de se connecter émotionnellement ?», demande Antonio. Sa question a des allures douteuses. Qui est-il pour juger la sexualité des autres ? Pourquoi le fait de se masturber sur des selfies serait-il condamnable ? Antonio affirme qu’il se contente de renvoyer en miroir ce que la société actuelle génère en termes d’images… Il parle de la «normalité» à laquelle les gays aspirent. Le fait d’être body-buildé, toujours jeune et Très Bien Membré ne semble pas pour lui être une «normalité» pertinente. Mais l’idéal viril des gays n’est au fond guère plus caricatural que celui des hétéros. Les femmes qui veulent trouver l’âme-soeur sur Internet (ou un plan cul pour la soirée) ne prennent pas forcément de pauses plus inventives. Lorsqu’un répertoire d’attitudes identitaires se met en place et que les membres d’une communauté se mettent à avoir tous les mêmes mimiques et les mêmes façons de bouger, il est toujours facile de crier à l’invasion des clones. Surtout lorsque ces clones se multiplient de façon virale sur Internet. Il y a toujours des gens pour s’en inquiéter et leurs arguments, invariablement basés sur le même système de valeur, soulèvent toujours la question du «sentiment».
Dans notre société, la sexualité reste subordonnée au diktat de l’amour. Raison pour laquelle, peut-être, Antonio Da Silva, affirme avec prudence qu’il n’a personnellement aucune opinion. Son travail, PIX, n’a officiellement pour but que de nous confronter à nous-même. «La prochaine fois que vous vous regarderez dans un miroir en prenant des pauses, réfléchissez à cette vidéo», dit-il. PIX est effectivement si magnifiquement réalisée qu’il est difficile de la voir sans se sentir un peu honteux d’avoir soi-même un jour cédé à la facilité des pauses érotico-démagogiques. Le Festival Explicit, à l’image de cette vidéo, se fixe pour objectif de questionner les standards masculins et féminins. Pour ses deux programmateurs, la chercheuse Marianne Chargois (également auteure de livre et performeuse) et le chorégraphe Matthieu Hocquemiller : «La volonté de ce festival est de traiter du sexuel sous toutes ses formes, présentations et représentations, et hors de toute hiérarchie, si ce n’est celle de l’exigence. Cela implique pour nous que des films post-porn puissent côtoyer du discours universitaire, du documentaire, de la danse contemporaine ou encore des installations. Que le sexuel soit abordé ici comme une contre-culture existante, riche de sens politique et d’inventions artistiques. Le festival réunira autour de cette idée des acteurs et actrices de ces marges de la sexualité mainstream et normative. » Le Festival se fait en partenariat avec Rodrigo Garcia, qui a pris la direction du CND de Montpellier, et qui accueille l’événement dans son lieu.
Festival Explicite. Du 22 au 25 mai 2015. CND de Montpellier.
PIX sera diffusé aujourd’hui, vendredi 22 mai, lors du vernissage à 18h.
Pour en savoir plus sur Marianne Chargois.
Le Festival Explicit, dont la première édition a lieu à Montpellier les 22, 23 et 24 mai 2015, est plus qu’une occasion de voir des performances, vidéos ou conférences consacrées aux représentations sexuelles : il s’agit de se demander si c’est normal de réduire le sexe à du «fun».
Il existe sur «le marché du désir» des millions de personnes en manque d’un(e) partenaire ou d’un bon coup. Ces personnes postent sur Internet leurs photos, en prenant des pauses tellement codifiées qu’il suffit parfois de les mettre bout à bout pour faire un montage de film. C’est à ce petit jeu que s’est amusé le réalisateur Antonio Da Silva, dont le travail est projeté dans le cadre du Festival Explicit, au CND de Montpellier jusqu’à dimanche soir. Antonio Da Siva a collecté 2500 selfies de gays pour en faire une vidéo de 3 minutes (intitulée PIX), passant à la moulinette, sur un rythme staccato, les postures codifiées de la séduction mâle. Qu’ils se photographient dans un miroir, par devant ou par derrière, leurs mimiques et leurs déhanchés sont à ce point répétitifs que le film donne l’impression que les 2500 corps n’en forment qu’un seul et unique. La démonstration est saisissante. Pour Antonio Da Silva, ainsi qu’il l’explique sur son site Internet, «nous vivons à une époque où nos vies sont dominée par Internet et par les réseaux sociaux. Pour les gays qui ont adopté le système de rencontre en ligne, la recherche d’un partenaire relève tantôt du jeu d’exhibitionnisme narcissique, tantôt de la quête voyeuse sans fin. Ma vidéo intitulée PIX est une mosaïque constituée par des milliers de corps mâles dans les pauses typiques de la virilité…». Ces corps sont sans visage. Ce qui pousse parfois les visiteurs des sites de rencontre à se branler sur les photos plutôt qu’à envoyer des messages à leurs auteurs.
A la rencontre, certains préfèrent la masturbation. Et quand la rencontre a lieu, elle ne possède pas forcément pour eux plus de valeur qu’une masturbation à deux. Que penser de ce constat négatif que dresse Antonio Da Silva ? Pour lui, les auto-portraits de séduction sont devenus à ce point codifiés qu’ils ne se distinguent presque plus des clichés de magazines masturbatoires. «Un miroir, un torse exposé et la promesse d’un NSA fun sont devenus les synonymes du comportement banal des gays dans le domaine de la rencontre», dit-il. Le NSA fun (No String Attached fun) pourrait se traduire «de l’amusement sans obligations». Antonio Da Silva fait-il la morale ? Difficile à dire. Il pose d’ailleurs lui-même la question : «le comportement gay en ligne isole-t-il les homosexuels ou les aide-t-il à communiquer ?». Que les règles de séduction soient stéréotypées ne les empêche en effet pas d’être efficaces : aucune communauté ne peut faire l’économie d’un langage corporel commun. Reste à savoir dans quelle mesure ce langage est facteur d’échanges. C’est ici qu’Antonio s’interroge. Pour lui, semble-t-il, l’imagerie gay est à ce point conventionnelle qu’elle élimine même le désir d’une rencontre en réel.
A quoi bon un contact IRL (In Real Life) quand on peut jouir sur une belle photo ? Les Adonis et les Hercule des sites de rencontres, paraissent finalement plus attirants que les vrais hommes qui se cachent derrière ces pectoraux et ces braquemarts dressés en étendard. «Le besoin de presser le bouton “Télécharger plus de mecs“ n’a t-il pas pris le pas sur le besoin de se connecter émotionnellement ?», demande Antonio. Sa question a des allures douteuses. Qui est-il pour juger la sexualité des autres ? Pourquoi le fait de se masturber sur des selfies serait-il condamnable ? Antonio affirme qu’il se contente de renvoyer en miroir ce que la société actuelle génère en termes d’images… Il parle de la «normalité» à laquelle les gays aspirent. Le fait d’être body-buildé, toujours jeune et Très Bien Membré ne semble pas pour lui être une «normalité» pertinente. Mais l’idéal viril des gays n’est au fond guère plus caricatural que celui des hétéros. Les femmes qui veulent trouver l’âme-soeur sur Internet (ou un plan cul pour la soirée) ne prennent pas forcément de pauses plus inventives. Lorsqu’un répertoire d’attitudes identitaires se met en place et que les membres d’une communauté se mettent à avoir tous les mêmes mimiques et les mêmes façons de bouger, il est toujours facile de crier à l’invasion des clones. Surtout lorsque ces clones se multiplient de façon virale sur Internet. Il y a toujours des gens pour s’en inquiéter et leurs arguments, invariablement basés sur le même système de valeur, soulèvent toujours la question du «sentiment».
Dans notre société, la sexualité reste subordonnée au diktat de l’amour. Raison pour laquelle, peut-être, Antonio Da Silva, affirme avec prudence qu’il n’a personnellement aucune opinion. Son travail, PIX, n’a officiellement pour but que de nous confronter à nous-même. «La prochaine fois que vous vous regarderez dans un miroir en prenant des pauses, réfléchissez à cette vidéo», dit-il. PIX est effectivement si magnifiquement réalisée qu’il est difficile de la voir sans se sentir un peu honteux d’avoir soi-même un jour cédé à la facilité des pauses érotico-démagogiques. Le Festival Explicit, à l’image de cette vidéo, se fixe pour objectif de questionner les standards masculins et féminins. Pour ses deux programmateurs, la chercheuse Marianne Chargois (également auteure de livre et performeuse) et le chorégraphe Matthieu Hocquemiller : «La volonté de ce festival est de traiter du sexuel sous toutes ses formes, présentations et représentations, et hors de toute hiérarchie, si ce n’est celle de l’exigence. Cela implique pour nous que des films post-porn puissent côtoyer du discours universitaire, du documentaire, de la danse contemporaine ou encore des installations. Que le sexuel soit abordé ici comme une contre-culture existante, riche de sens politique et d’inventions artistiques. Le festival réunira autour de cette idée des acteurs et actrices de ces marges de la sexualité mainstream et normative. » Le Festival se fait en partenariat avec Rodrigo Garcia, qui a pris la direction du CND de Montpellier, et qui accueille l’événement dans son lieu.
Festival Explicite. Du 22 au 25 mai 2015. CND de Montpellier.
PIX sera diffusé aujourd’hui, vendredi 22 mai, lors du vernissage à 18h.
Pour en savoir plus sur Marianne Chargois.
Quand mon éditeur m’a proposé d’écrire un livre qui aurait pour titre Osez devenir une bête de sexe, j’ai d’abord eu un mouvement de recul. Les méthodes miracle pour devenir un grand séducteur auquel aucune femme ne résiste, je n’y crois pas une seconde. Un bon coup aux yeux d’une femme est un mauvais coup aux yeux d’une autre, et c’est ça qui est bien. Réponse de l’éditeur : je ne te demande pas comment devenir un bon coup, mais comment devenir une bête de sexe, c’est-à-dire comment assumer sa part d’animalité, et comment assumer sa sexualité en général. Et là, d’accord, le projet m’a parlé, car il devenait pour moi l’occasion d’exprimer quelques idées mûrement réfléchies et expérimentées en matière de sexualité humaine, plutôt qu’un énième « guide sexo » qui rabâcherait les sempiternels mêmes conseils inutiles. J’ai donc dit banco, signé le contrat… Et voilà le résultat !
C’est une déception, mais pas vraiment une surprise: l’ultime instance de la justice helvétique a cassé la décision du tribunal administratif du canton de Saint-Gall. En août 2014, il avait reconnu la double paternité d’un couple d’hommes partenariés qui avait eu recours à une mère porteuse, en Californie. L’enfant, un garçon, était né de l’implantation de l’ovule d’une donneuse anonyme fécondé par un des deux papas. Selon les juges de Lausanne, seul ce dernier peut être considéré comme le père légal.
Cette reconnaissance simple constitue déjà une première en Suisse, où la gestation pour autrui (GPA) est interdite. C’est d’ailleurs la première fois que le TF rendait un jugement sur un tel cas, à la suite d’un recours de l’Office fédéral de la justice. Les débats ont été vifs: la décision a été emportée par une majorité de trois magistrats contre deux.
Déception
Dans un communiqué, l’avocate des deux papas (ils sont reconnus comme tels par une cour de Californie, où l’enfant est né) s’est déclarée «très déçue» pour ses clients. Elle a fait valoir le risque d’une atteinte aux intérêts de l’enfant en cas de décès du père biologique ou de séparation du couple, note «Le Temps». La fédération des associations homoparentales suisses, Familles arc-en-ciel, a elle aussi regretté ce jugement qui ne tient pas compte de la «vie actuelle de la famille» et souhaité que cette dernière accède à d’autres moyens de garantir sa protection dans l’intérêt de l’enfant.
Confrontés à des images pornographiques, les jeunes ressentent un éventail d'émotions allant de l'excitation à l'agressivité en passant par la curiosité et le désir de ne plus voir ce type d'images. Peu importe le sentiment éprouvé, une certitude demeure : l'image consommée n'est pas neutre.
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