En ce jour proclamé (par quels virils ?) de « Journée internationale de l’orgasme »**, je crois qu’il est important de se rappeler les conclusions (demi aveux) de l’Ifop, ce merveilleux organe statistique de la propagande patriarcale :
Petite histoire de la Revanche du bâton.« Ainsi, la pénétration vaginale, qui est de loin l’acte sexuel le plus pratiqué (83 % des femmes la pratiquent souvent), ne permet d’atteindre l’orgasme facilement que pour 28 % des femmes »
« Enseignement majeur de l’étude : les femmes jouissent moins que les hommes. Une femme sur trois (33 %) dit n’avoir pas eu d’orgasme au cours de son dernier rapport sexuel, soit une proportion cinq fois plus grande que leur partenaire (6 %). »
31% disent ne pas avoir d’orgasme toutes les semaines, mais au moins une fois par mois.
« 63%, près des 2/3 des femmes interrogées, disent avoir déjà simulé*** l’orgasme ».http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2886
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/12/17/comment-jouissent-les-femmes-selon-l-ifop_4542157_3224.html
Les hommes, à travers leurs enquêtes « d’opinion », édictent leurs nouvelles règles. Ici, ils édictent leurs attentes sur « l’orgasme féminin » … une nième tentative de noues faire avaler l’hameçon où ils ont piqué le corps de La Femme.
« L’orgasme vaginal » est une technique du patriarcat sadomasochiste qui a émergé avec les Libertins. A l’époque (des Lumières et de toute la réflexion philosophique des « démocraties » martiales et coloniales), la clique dominante s’est rendue compte qu’en régnant par la force brute, on crée des révoltées; alors qu’en s’imposant de l’intérieur, en soignant, après l’annexion, les méthodes d’occupation, on crée des colonisées.
Ainsi ils ont inventé la technique de « l’orgasme féminin par le coït » pour créer des dommages sans précédent sur la conscience (de classe) qu’avaient les femmes. Il était urgent de briser cette conscience à une époque où la vague Féministe, incarnée à nos yeux par Olympe de Gouges, réveillait les souvenirs du génocide des Sorcières et défiait les hommes de démocratiser leurs beaux principes élitistes. D’autant qu’il n’est pas une génération de femmes (avant PornoLand) qui ignore que coït = danger (danger de grossesse, de douleur, et tout simplement danger d’annexion, aujourd’hui danger majoré d’IST), et pas une seule qui n’a pas lutté pour ne plus subir le pilonnage du conquérant.
Fin 19ème-20ème siècle : l’offensive, de philosophique, devient essentiellement sexologique et psychanalytique. Car l’un ne va pas sans l’autre ; la guerre est totale contre les Damnées du plaisir : il faut coloniser les femmes par le corps et par l’esprit, à coup de vibromasseurs électrifiés et de techniques perverses d’hypnose et d’interprétations sidérantes à caractère sexuel.
Puis, la deuxième vague Féministe est arrivée, et les féministes ont réclamé une décolonisation, un retrait des troupes, au motif que le plaisir féminin, et tout simplement la sexualité féminine, sont clitoridiennes.
ça fait donc 50 ans que la clique virile mobilise think tank (psychanalystes, sexologues, sociobiologistes, pornographes) et matons (gynécologues, psychothérapeutes, conjoints porno) pour écraser cette voix féministe qui risque de leur coûter ni plus ni moins que leur colonie millénaire et essentielle : « le corps de La Femme ».
Dans ce projet de remise au pas de la trique, le clitoris avait un rôle central à jouer.
Il leur fallait rétablir le primat du coït sur toute autre contact humain entre femmes et hommes*.
Il leur a donc fallu concéder que stimuler clitoris était indispensable … mais indispensable à la bonne colonisation phallique. En fait, stimuler le clitoris devient une sorte de technique pour lubrifier et préparer l’Acte Sacré, l’extrême ponction. Aujourd’hui, Iflop noues raconte que l’orgasme est « mixte », clito-coïtal … l’aveu est de taille, mais s’inscrit toujours dans la stratégie de la propagande. En effet, l’enquête renforce le mythe des femmes « dysfonctionnelles », en ravalant l’incompatibilité manifeste entre « sexualité féminine » et « sexualité masculine » à des « troubles de l’orgasme » chez les femmes. De fait, l’enquête camoufle scrupuleusement une évidence : ce que les hommes nomment « sexualité » n’est qu’une technique d’occupation de territoire et d’annexion de population dans une stratégie de pouvoir global. Pour camoufler, un beau mensonge : les femmes restent « faites pour » le coït, mais aménagé … un aménagement de peine propre aux régimes autoritaires libéraux.
Les canons de mode sexuelle ajoutent à cette « sexualité libérée » de plus en plus de techniques sadiques : on assiste à une véritable sadomasochisation de la colonisation des femmes (pénétrer ne suffit plus aux hommes, il faut pénétrer quand Madame est à genoux, retournée en position d’impuissance et d’animal servile, il faut fesser, insulter, etc.). Le phénomène 50 shits of Grey n’est que le reflet d’une libération sexuelle à visage viril. Ces techniques sadiques ont un but: multiplier les sources de stress ; car les think tank (porno, psycho et sexo en premier) savent parfaitement qu’elles causent une lubrification de protection (préparant l’agression afin de limiter les dégâts physiques) qui laisse croire aux femmes qu’elles sont excitées par ce qui se passe; et ces méthodes provoquent une sidération psychologique propice à la confusion des femmes (sur ce qu’elles veulent réellement, sur la source réelle du désir pour ces pratiques) et à la contamination par l’intentionnalité de l’agresseur (ici son désir pervers)****.
L’effet de ce retournement pervers des revendications féministes, est, lui aussi, sans précédant : en multipliant les techniques pour créer de toute pièce l’orgasme durant le coït, les hommes détruisent, ils « salopent »***** notre sexualité clitoridienne en la ravalant à un pur allumage du devoir coïtal ; et ils noues imposent comme jamais, grâce à la jouissance clitoridienne, « l’amour pour le bâton ».
Cet attachement traumatique pour la trique du maître est l’unique et seul but de leur propagande millénaire sur leur grandeur mâle.
Le but global de cette offensive sexiste est de faire croire aux femmes qu’elles participent pleinement à l’escalade de la violence sexuelle qui caractérise notre époque depuis la deuxième moitié du 20ème siècle.
Relire
Ann KOEDT
Andrea DWORKIN
http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/IntercourseI.html
http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/WomanHating.html
Sheila JEFFREYS
L’érotisation de la subordination : http://sisyphe.org/spip.php?article1063
Les travaux de Dre Muriel SALMONA
sur la mémoire traumatique
http://www.memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/generalites.html#titre31-5
& sur les conduites dissociantes qui sont des tentatives d’auto-guérison
http://memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/conduites-a-risques.html
& voir
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* à phalloLand, le contact humain est soit fraternel soit sexuel : les hommes tendent la main aux hommes, et à noues, ils tendent le bâton.
** un jour de solstice d’hiver ! cela ressemble fort à une blague génocidaire pour recycler et piétiner les célébrations des Sorcières, sur le modèle d’Halloween.
*** pourquoi une femme simule ? car elle n’a pas la liberté de négocier avec son partenaire la fin de ce qui ne la satisfait plus. La simulation est la résistance polie à une sexualité sous contrainte ; « sexualité sous contrainte » est l’expression paradoxale pour violence sexuelle.
**** Le signe que cette « sexualité » est traumatisante est que les femmes ne peuvent en parler sans honte, sans se faire honte ou sans faire honte à d’autres femmes, sans provoquer aussi le dégoût pour les femmes.
***** Un système de pouvoir ne peut perdurer des décennies et a fortiori des millénaires, qu’en créant une morale, une sphère spirituelle cohérente avec ses exactions et ses crimes de masse. Le pouvoir viril repose entièrement sur la privation de ressources vitales et sur le viol. Pour blanchir le premier crime, les hommes traitent les femmes d’assistées, et disent que les femmes « dépendent » d’eux, eux, les braves pourvoyeurs de ressources. Pour blanchir le deuxième crime, ils traitent les femmes de « s*** », et disent que les femmes « aiment la trique », indignes, elles sont des fautes ambulantes. Pour rigidifier l’ossature idéologique du terrorisme sexuel, ils ont injecté du sens « sexuel » partout (du phallus en fait, c’est à dire le bâton du maître, ou du coït, c’est à dire le viol), dans toutes leurs représentations, dans leurs langues et arts, dans leurs sciences … cernant les colonisées de menaces de viol, de rappels des viols originels, pour leur rappeler leur destin et leur être. Si les hommes ont commis un crime spirituel imprescriptible, c’est d’avoir salopé notre monde et nos vies.