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D’un côté du ring on a Lou Doillon qui nous parle du féminisme de grand-mère, de l’autre côté du ring les strings de Beyoncé et Nicki Minaj. Des deux côtés, chacune se bat pour la même chose : le féminisme. Mais quel camp choisir ?
Féminisme de l’esprit VS féminisme du corpsDans une interview récente accordée au quotidien El Pais, Lou Doillon a vociféré contre des artistes comme Beyoncé et Nicki Minaj, qui selon elle sont vulgaires. A ses yeux, elles dégradent l’image de la femme et font régresser les combats pour lesquels les « vraies féministes » se sont battues.… Lire la suite
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Dans le monde du BDSM, intégration est un mot qui devrait avoir du sens. Pour beaucoup de soumises, l’objectif n’est pas seulement de trouver un Maître mais aussi d’intégrer le monde passionnant du BDSM. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la deuxième étape n’est pas la plus facile. La communauté chocolat est en effet surtout composée d’êtres humains, et ça, c’est justement ce qui complique la chose. Pour les vanilles, les Maîtres sont des gros dégelasses pervers et sadiques et les soumises ne sont que des salopes dépravées. Ce rejet massif devrait inciter les membres de la communauté à la clémence et la solidarité. Mais il n’en n’est rien.
Il n’est pas rare de tomber sur des gens qui vous prennent de haut car vous ne répondez pas à leurs critères. Si le phénomène est moins marqué chez les dominants, du moins selon moi, il n’en est pas de même pour les soumises. Un article d’une soumise sur Facebook m’a fait réagir. On lui reproche de ne pas être une bonne soumise. Mais qui peut donc se permettre ce type de réflexion ? Certainement pas une autre soumise. Seul un Maître peut tenir ce type propos et pas n’importe lequel. Seul le Maître de la soumise peut dire si c’est une bonne ou une mauvaise soumise. C’est en effet lui qui fixe les règles, et lui seul peut juger de leur respects ou pas. Je me vois mal juger une soumise qui n’est pas mienne. Tout au plus, je me permettrais de lui donner un conseil si elle me le demande. Je suis particulièrement consterné par le manque de solidarité dans notre monde.
On reproche à certaines de ne pas être très dociles. Dociles, certes, mais envers qui ? Un soumise par principe ne doit être soumise qu’envers son Maître et les personnes que ce dernier aura indiquées. Pour les autres, la soumise n’a pas à se soumettre. Elle reste une femme libre auquel le respect est dû. Est-ce qu’il viendrait à l’esprit d’un Maître de dire à une femme inconnue qu’il croise dans la rue « viens ici salope et suce moi la bite ! ». J’en doute fort, alors pourquoi se le permettrait-il avec une soumise qui ne lui appartient pas ? Mais c’est pourtant ce qui arrive de temps à autres aux soumises. Thysminia ne fait pas exception à la règle. Régulièrement des types se permettent de l’accoster en MP sur Facebook en lui parlant comme si elle était la pute coin. Elle ne se gêne pas pour les envoyer balader fermement mais avec politesse. Certains pourraient alors dire qu’elle aussi n’est pas une bonne soumise car se permet d’envoyer valser des Maîtres. A ceux-là je répondrais qu’un Maître digne de ce nom ne se permettrait jamais d’agir ainsi et que de ce fait, elle n’a pas de pitié à avoir pour ces énergumènes.
Beaucoup de personnes considèrent qu’une soumise doit être une carpette mais ce n’est pas une obligation. Certains dominants exigeront une soumission totale et d’autres pas. Il ne faut pas non plus confondre soumise et esclave. Ce sont deux concepts très différents.
Dans toute communauté il y a des gens aigris, jaloux, d’autres qui rêvent de devenir des gourous, sans oublier les fanatiques. Le fait que la grande majorité de la population nous rejette ne les rend pas plus sages pour autant. Ces gens ne sont tournés que vers eux-mêmes. Ils sont incapables d’écouter les autres et donc de les comprendre. Leurs propres souffrances (ou névroses) occupent toute la place de leur esprit. En psychologie, lorsque l’on reproche quelque chose à une personne qui ne vous a rien fait c’est que cette personne réveille en vous une souffrance qui dérange et ne parvient pas à être soignée. C’est donc cette névrose qui pousse les individus à rejeter leur propre mal-être sur les autres. Il ne sert à rien d’essayer de leur expliquer leur erreur. Ils ne sont pas capables d’entendre. La seule solution est de les ignorer. Sauf que parfois, ils deviennent particulièrement lourds. On peut toujours se faire un petit coup de colère mais cela ne changera rien.
Par chance, ces boulets ne sont pas majoritaires, et avec un peu de maîtrise, on finit par ne plus les voir. On peut alors se consacrer à tous les autres, ceux qui sont capables d’écouter et de comprendre.
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Une petite fantaisie décorative va coûter cher à la direction d’une école enfantine privée de Riyadh. L’établissement «international» vient de se voir infliger une amende de 100’000 riyals (23’000 euros / 25’000 fr.) à cause d’une frise arc-en-ciel qui ornait le dernier étage du bâtiment. Il avait été dénoncé par la Hay’a, le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice – autrement dit la police des mœurs islamique.
Le juge a estimé qu’il s’agissait d’une promotion (même accidentelle) des emblèmes de l’homosexualité. D’après le compte Twitter «Canal de la société saoudienne», l’arc-en-ciel a été diligemment recouvert d’une couche de peinture bleue. L’homosexualité est théoriquement passible de la peine de mort dans le royaume saoudien.
هيئة الأمر بالمعروف والبلدية والأمارة تزيل الشعار وتغرم "مدرسة أجنبية"في الرياض بمبلغ١٠٠الف بعد وضعها شعار المثليين pic.twitter.com/sLTldRQ8yt
— قناة المجتمع السعودي (@ksa12300) 17 Juillet 2015
C’est un fait, rien n’est jamais acquis. Six mois après les attentats du 7 janvier contre les dessinateurs de Charlie Hebdo, le consensus autour de la liberté d’expression qui semblait prévaloir dans le sillage immédiat de la tuerie parisienne se lézarde. En cause? L’émergence de voix discordantes, selon Caroline Fourest, d’argumentaires qui, sous couvert d’anti-racisme, de respect des croyances d’autrui, laissent entendre que les Wolinski, Cabu, Charb et les autres l’ont, quelque part, bien cherché. La journaliste et militante LGBT (voir notre édition d’avril 2013), qui s’est fait connaître grâce à ses travaux sur l’extrême droite et les intégrismes religieux, ne fait pas toujours l’unanimité dans le débat intellectuel français. Un débat dans lequel nous n’entrerons pas ici, estimant plus utile de privilégier la présentation des idées de fond de son dernier livre, trop souvent escamotées à l’occasion de la sortie médiatique de l’ouvrage, au profit de polémiques et de règlements de comptes d’un goût douteux.
Victimes et bourreaux
Dans «Eloge du blasphème», Caroline Fourest analyse ce qu’elle reconnaît comme une sorte de renversement du discours autour de Charlie Hebdo. Un processus insidieux qui menacerait de faire passer les victimes pour des bourreaux et vice versa. Ces «non-Charlie», ces tenants du «Je suis Charlie, mais…» sèmeraient la confusion «en confondant le fait de blasphémer avec de l’ «islamophobie» ou encore de l’incitation à la haine. Ils seraient composés de lepénistes, de gauchistes à tendance communautariste, de complotistes, mais aussi d’intellectuels soupçonneux de l’effet de masse induit par le grand rassemblement du 11 janvier, voire d’artistes jugés couards.
L’auteur ne leur reproche pas de ne pas suivre la ligne éditoriale du journal, car personne n’est forcé d’aimer le ton des blasphémateurs, mais de ne pas avoir eu le courage de défendre le droit de ceux qui se risquent à blasphémer. Car l’enjeu se situe moins au niveau des susceptibilités des uns et des autres que dans la défense d’un modèle de démocratie laïque. Ce modèle issu de la Révolution française – institué par la fameuse Loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat (dont Genève hérite en 1907) – vise moins à discriminer qu’à assurer l’égalité entre toutes les croyances dans un Etat. Il protège aussi bien les athées que les croyants en délimitant rigoureusement l’espace de la foi et celui du débat.
«Charlie rit des terroristes, Dieudonné rit avec les terroristes»
Corollaire de cette longue histoire de luttes contre l’hégémonie du sacré dans l’espace public, le blasphème en France n’est plus considéré comme un délit depuis 1881 et les lois sur la liberté de la presse. En faire l’éloge consiste, pour Caroline Fourest, à rappeler que la critique de la religion n’est pas un acte raciste, pour autant qu’elle ne contrevienne pas aux limites fixées par le cadre juridique. En France, trois lois délimitent le droit fondamental de s’exprimer librement: «La loi Pléven de 1972 sanctionnant l’incitation à la haine, celle refusant l’«apologie du terrorisme» et celle de 1990 interdisant la propagande négationniste.» C’est ce qui, selon l’essayiste, permet de distinguer la verve satirique distillée par les athées de Charlie Hebdo et la propagande de Dieudonné.
A ceux qui dénonceraient le «deux poids deux mesures» d’une justice autorisant le premier et censurant le second, l’ex-collaboratrice du journal répond que leurs discours ne se situent pas sur le même plan. Quand Charlie Hebdo décide de représenter Mahomet, ce n’est pas pour fustiger l’ensemble des musulmans ou essentialiser l’islam, mais bien épingler ceux qui l’instrumentalisent afin de répandre la violence. Tel fut l’esprit de la «une» de 2006 en réponse à l’affaire des caricatures danoises (objet d’un chapitre éclairant). On y voit le Prophète «débordé par les intégristes» s’exclamer d’un air dépité: «C’est dur d’être aimé par des cons». Illustration de ce droit nécessaire de rire du fanatisme à une époque cernée par les obscurantismes. Quant à Dieudonné, lorsque dans un passage de son film «L’Antisémite», il se représente déguisé en nazi, conduisant un camion avec Faurisson pour écraser un personnage nommé la «Sainte Shoah», il ne se moque pas seulement du judaïsme (ce qui relèverait du droit de blasphémer), mais aussi de l’extermination. La nuance est ici proportionnelle à ce qui sépare deux attitudes que l’essayiste juge radicalement opposées: «Charlie rit des terroristes, Dieudonné rit avec les terroristes. »
Mise en perspective
Livre d’actualité et de fond – puisqu’il rappelle le prix historique du modèle laïque tout en montrant l’importance de le défendre aujourd’hui – «Eloge du blasphème» permet de clarifier un débat complexe où les mots en cachent souvent d’autres. Réglant ses comptes avec diverses postures intellectuelles présentes dans l’espace public français, Caroline Fourest revient également sur le traitement médiatique des attentats dans les pays anglo-saxons où prévaut une liberté d’expression conditionnée par le respect des «totems» et «tabous» de chaque communauté. Tout le contraire d’une «approche laïque à la française [qui] croit au droit de les briser tous…»
Si Caroline Fourest a choisi son camp, c’est au nom de l’esprit des Lumières, du rire salvateur, et d’un impératif de désacralisation qu’elle juge nécessaire au vivre ensemble. Le principal écueil d’un modèle «différentialiste» à l’anglaise, qui place le devoir de ne pas offenser au-dessus de la liberté de dire, étant la censure. Car «les croyances des uns sont presque toujours les blasphèmes des autres». Alors face aux «tueurs», qu’ils se nomment Merah, Coulibaly ou frères Kouachi – auxquels d’ailleurs elle refuse fermement toute circonstance atténuante (intégration ratée, appartenance à une minorité opprimée) – Caroline Fourest réaffirme le droit au blasphème. Comme le symbole d’un modèle laïque et universaliste «où l’on continue à se parler malgré nos disputes, où les croyants et les non-croyants sont à égalité, où toutes les religions s’expriment sans privilèges, où l’on peut rire de ce qui nous fait peur et donc tenir tête, ensemble, aux plus violents».
Caroline Fourest, «Eloge du blasphème», Editions Grasset, 2015, 198 pages.