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Tumblr, la plateforme qui apparaissait il y a quelques années comme un outil efficace pour la diffusion de contenu explicite, est en train de resserrer la vis à ce sujet. Suivant les traces de Twitter et sans doute pour faire plaisir à Verizon, la société qui a mis la main sur Yahoo en juillet 2016, Tumblr propose désormais un Safe Mode pour filtre le contenu dit « sensible ».
Message reçu de la part de Tumblr mardi 20 juin
Concrètement, tous les posts ou les blogs tumblr sensibles (comprendre le contenu explicite, mais aussi violent, discriminant ou les incitations à l’automutilation. Lire plus à ce sujet ici) seront dorénavant masqués par défaut à partir du 5 juillet si vous avez activé le safe mode, si vous êtes mineur (le safe mode est imposé et ne peut être retiré sauf en changeant sa date de naissance) ou si vous n’êtes pas connecté à votre compte Tumblr.
Disclaimer à l’entrée d’un tumblr « sensible » avec le Safe Mode
Ce changement de politique de la plateforme de David Karp a pour but d’éviter que les mineurs qui fréquentent régulièrement le site ne tombent sur du contenu qui ne leur serait pas destiné. Une intention louable et similaire à la nouvelle politique de Twitter qui s’inscrit dans un mouvement international pour le contrôle de l’accessibilité de la pornographie par les mineurs.
Cependant, ces restrictions auront vraisemblablement pour effet de chasser le contenu porno de la plateforme. En effet, avec une utilisation assez massive sur Tumblr pour diffuser du porno (que ce soit à titre personnel, culturel ou commercial, soit environ 20% du trafic), l’activation du Safe Mode qui a pour second effet d’en limiter sa diffusion, va sans aucune doute réduire son attractivité pour la sphère adulte et rassurer les nouveaux propriétaires du site.
Ce changement arrive à un moment judicieux, pile une semaine jour pour jour après la finalisation du rachat de Yahoo (propriétaire de Tumblr depuis 2013) par la société Verizon. Connaissant les incompatibilités entre les sphères mainstream et adulte, cette nouvelle politique va sans doute au-delà de la simple protection des mineurs.
Disclaimer version mobile
The Internet is for porn. De moins en moins.
Nom de code : «Sagace». Elle a commencé l’échangisme à 18 ans. Elle en a maintenant 39 et ne se dit pas prête d’arrêter : ayant fait le tour de cet univers (le meilleur et le pire), «Sagace» publie –en collaboration avec un auteur de Fluide Glacial– une BD hilarante, décapante et jouissive.
L’expérience du «pluralisme en partenariat sexuel» vous tente ? Avant toute chose, lisez Une vie d’échangiste, BD co-signée par Monsieur le chien et Sagace. Lui est auteur chez Fluide Glacial. Elle se présente comme «une femme de 39 ans, deux enfants, de Montpellier, qui n’a jamais fait passer sa vie de femme derrière sa vie de mère.» Très didactique, et surtout très drôle, la BD met en scène les débuts de Monsieur le chien dans l’univers mystérieux de l’échangisme. Sagace joue les initiatrices. Cela prend beaucoup de temps car Monsieur le chien est non seulement célibataire, mais peureux et surtout fantasmeur. 50 pages de remise au point précèdent donc le passage à l’acte. 50 pages que l’on dévore, avide d’anecdotes croustillantes sur les clubs, racontées au titre de mise en garde. Si vous croyez que l’échangisme, c’est du cul tout cuit, détrompez-vous. Sagace énumère les multiples règles à respecter en club, détruisant sans pitié les pauvres illusions de Monsieur le chien. Et les nôtres, au passage.
Fantasme 1 : toutes celles qui vont en club ont envie de sexe
«Dans les figures classiques, tu as le monsieur qui est TRES content de venir. Sa femme moins», raconte Sagace. Heureusement, il y a aussi le couple «qui a le cul festif : le sexe est devenu un loisir très important, voire le premier.» Mais bon, il y a toujours dans les clubs un pourcentage de femmes qui viennent clairement pour «la paix des ménages». Elles s’assoient au bar, puis attendent que leur mari ait trouvé un couple à son goût en sirotant un verre où puiser de la patience. Le mari fait un tour d’inspection, repère une jolie femme, retourne chercher la sienne qu’il offre «en échange»… Sagace conclue : «C’est pour ça qu’on peut croiser parfois des femmes branlant un type sans grande conviction», ou qui refusent toutes les propositions d’un air maussade, voire pire : qui ont l’air de s’ennuyer alors que leur mari, lui, ne cesse de circuler entre le baisodrome, les coins-calins ou les douches.
Sagace n’hésite pas à dénoncer ce cas de figure, trop fréquent. Il ne faut jamais partir en club, sans avoir clairement énuméré tout ce qu’on est prêt à accepter l’un de l’autre : si tu baises avec une fille, tu le fais à côté de moi. Si un homme te plaît, tu m’en parles avant et tu me dis où tu pars t’isoler avec lui. Si je veux me taper plusieurs mecs à la chaîne, il faut que ce soit toi qui les choisisse et je veux le faire devant toi, avec toi : ne me laisse jamais seule. D’où l’idée des listes. Dresser, chacun de son côté, la liste de ce qu’on veut bien faire avec des inconnu.e.s… ou pas. Embrasser ? Sucer ? Sodomie ? Trio HFF ? Trio HHF ? Plus (combien) ?
La règle du couple : «entrer ensemble, rester ensemble»
Pour Sagace, il est vital qu’un couple ne se sépare jamais à l’intérieur du club mais forme bloc, en permanence. «La règle de rester ensemble, surtout pour les débutants, ne m’apparaît pas comme une règle, ça devrait être la base, le socle. On vient ensemble, on reste ensemble, c’est hyper simple. Beaucoup d’hommes l’oublient, malheureusement. Des nanas font la gueule, toutes seules au bar. Là c’est clair que ça se passe pas comme prévu. Il y a des hommes qui font les avances et s’en foutent de leur femme. Ca m’est arrivé : un homme, la soixantaine, m’offre une coupe de champagne. Je suis assise dans le canapé, mon conjoint est allé chercher à manger au buffet. L’homme s’assoit à côté de moi, cuisses écartées, il a les couilles qui coulent sur le coussin. Ca me fait rire intérieurement. Je lui demande où est sa femme. Et là, le geste vague et méprisant, il me montre un fauteuil seul, à l’autre bout de la pièce, où il y a sa femme, sans coupe, sans rien, à attendre. La violence totale. Même plus la stupéfaction. Non, juste la confirmation que ce type est une merde. Je lui demande si il vient souvent (régulièrement), je lui demande pourquoi ils viennent en club : L’ENNUI !, il me répond…». Sagace se fait un plaisir d’éjecter l’intrus. Pas question de lui «faire l’aumône de mon cul, ni de ma compagnie». Pour elle, c’est une leçon acquise. Son ex lui avait «fait le coup de disparaître», alors qu’elle débutait dans les clubs. «Je l’ai cherché 20 minutes, le retrouvant en train de se faire sucer derrière un rideau.» Plus jamais ça, pense-t-elle.
Fantasme 2 : tous ceux qui vont en club sont beaux et bandants
Il y a aussi des soirées ratées chez les échangistes. «Une soirée-club, c’est comme un vide-grenier. Des fois, il y a des super affaires, des fois rien», raconte Sagace dans la bande dessinée. Les hommes sur place peuvent juste avoir envie de faire l’amour au côte à côte avec d’autres couples. Quand on s’approche d’eux, leur femme dit : «Pas touche». Ou bien l’homme signale : «C’est complet». Certains couples viennent pour voir. D’autres sont mal-appariés. Parfois vous flashez sur une femme, mais l’homme qui l’accompagne ne plait pas à votre partenaire… Comment faire ? Parfois c’est le contraire : votre partenaire veut se taper un mec, mais vous n’avez pas forcément envie de faire l’amour avec la compagne du mec en question. Il faut donc négocier. «OK pour cette fois. La prochaine fois, ma voix compte double». Et que faire en cas de panne ? Sagace mentionne les fois, pas si rares, où la femme s’éclate avec un inconnu tandis que l’homme… s’évertue à bander, en vain, pour la compagne de l’inconnu. Il n’est pas si évident d’être dur ou mouillée dans un lieu de promiscuité. Des gens passent, se masturbent en vous regardant, commentent, vous frôlent… Le mieux, suggère Sagace, c’est de ne pas faire durer la situation (l’un s’éclate, l’autre reste piteusement flasque). S’amuser oui, mais toujours à deux.
Et que faire quand on est confronté à des couples désunis ?
«En club on est pas là pour faire la psy de couples, ni pour régler leurs problèmes, explique Sagace. Si je vois une femme un peu en retrait, je lui parle à elle. J’ai largement le souvenir d’hommes qui ne discutent qu’entre eux pour échanger leurs épouses. C’est pourquoi, quand je m’adresse à un couple, je lui parle à elle. C’est à la femme que je demande. Si je la sens sur la réserve, je demande si ils sont débutants, etc. Si vraiment ça ne prend pas, je laisse tomber. Soit on lui plaît pas, soit elle est pas hyper motivée d’être là, et c’est pas mon problème. Ce qui est mon problème, c’est de passer un moment avec une femme qui se force, et ça, c’est clairement non.» Dans la bande dessinée, Sagace se veut encore plus claire : «La seule et unique règle en club ? C’EST LA FEMME QUI DECIDE». Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas d’un libre-service. On ne va pas en club comme on va au bordel. Les échangistes sont là pour s’amuser, si possible en couple. Dans le cas contraire, il y a un problème. Mais c’est leur problème : «Je n’explique pas aux couples qu’ils doivent s’accompagner. Je ne suis pas là pour imposer mon expérience, je ne connais pas leur histoire, leurs arrangements, ni leurs motivations. Le mec peut être impuissant, il peut accepter d’amener sa femme, mais pas envie de voir les rapports qu’elle a avec les autres hommes. La femme peut ne plus avoir envie de sexe, et accompagne son mari pour qu’il ne soit pas trop frustré, etc. Je n’ai pas de leçon à donner.»
L’échangisme c’est «jouer à deux»
Là, en revanche, où Sagace en donne, c’est sur la question vitale du choix : dans un club, le rapport de force est inversé, dit-elle. Idéalement, c’est la femme qui choisit. Idéalement, son compagnon est complice. «Deux est le vrai chiffre sacré chez les libertins», dit Sagace. Contrairement aux idées reçues, l’échangisme n’est donc pas une affaire de jeu à quatre, cinq ou plus. Même quand les clubs sont ouverts aux hommes seuls (les soirées dites «trio», suivant un euphémisme galant), c’est «à deux» qu’un couple entame les négociations : des étrangers se présentent, se donnent à voir, tendent leurs signaux… Le couple choisit. «Chéri, le type là est pas mal».
L’avantage de ce type de jeu, dit Sagace, c’est qu’il permet de se couper du réel, surtout s’il a lieu ailleurs qu’à la maison. «Le club, je le vois comme un terrain de chasse, c’est bien cadré. Je ne veux pas m’asseoir dans mon canapé manger des crêpes avec les gosses, et être en levrette au même endroit le soir, c’est pas possible.» Dans cet espace dédié, coupé de la vie quotidienne, des hommes et des femmes s’amusent à jouer des rôles qui n’ont, si possible, plus rien à voir avec leurs identités sociales… «Pour moi ce qu’il se passe en club est en dehors du temps, c’est un autre monde, et je l’ai intégré à un point que une fois sortie, j’ai même du mal à me dire que j’y étais, que c’était moi dedans. Ce qu’il se passe là bas n’existe pas vraiment, ça n’a pas d’incidence, c’est l’arrière plan. Je suis autre.» Pour Sagace, ce jeu libère. Elle en est si persuadée que non contente d’en faire une BD, Sagace organise maintenant des soirées Découvertes (1) réservées aux femmes.
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A LIRE : Une vie d’échangiste, de Sagace et Monsieur le chien, éditions Carabas, sortie le 7 juin 2017.
NOTE 1 : «Il y a tant à profiter avec les clubs : sécurité pour des rencontres fortuites, installations, relaxation, gratuité, buffet, boisson, massages parfois !, que vraiment c’est très dommage que ça ne soit pas plus connu.» (Sagace)