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Plus le temps passe, plus le porno devient un sujet normal, cette cumpilation en est la preuve : presque toutes les brèves de cette semaine proviennent de grands titres complètement mainstream, ça fait plaisir à voir. Salon, New York Times, Daily Dot… La culture porn est plus que jamais d’actualité. Pour cette vingt-septième cumpilation, on a fait bref. Madison Young sort un livre, Erika Lust déménage et les gonades mâles du monde entier sont en deuil. Bon week-end les petits canards.
Le porn c’est sérieux• Le New York Times nous offre un superbe article sur l’American Institute of Bisexuality, qui change doucement mais sûrement notre opinion de la bisexualité depuis maintenant plus de quinze ans à grand coups d’études scientifiques et académiques de qualité.
• Salon a interviewé Madison Young pour la sortie de sa biographie Daddy, dont on vous avait déjà parlé par ici. On a droit aux sempiternelles questions sur les IST, les blessures anales et l’avis de la maman, mais ça reste une lecture intéressante.
• Erika Lust s’apprête à déménager. Ses nouveaux locaux sont dans le Born, le quartier barcelonais de l’art, de la mode et des jeunes entrepreneurs dynamiques. Vous voyez le truc, ce genre de coin à tendance à coûter cher ; les affaires ont l’air de plutôt bien fonctionner pour elle.
Toujours plus d’Internet• Kinky reprend l’essentiel d’un article de Vice sur le scally, ce fétichisme du lascar qu’on retrouve aussi de l’autre côté de la Manche. Chausse tes TN et va courir autour du ter-ter, jeune brigandin, il y a des types dehors qui sont prêt à payer pour que tu leur envoies tes chaussettes sales.
• Le cosplay est une pratique récréative qui consiste à jouer le rôle d’un personnage dont on a préalablement enfilé le costume. Bon nombre d’homo sapiens sapiens s’adonnent au cosplay avec plaisir ; excellent. Pour la série Stoya Does Everything de Woodrocket, Stoya s’y est essayée. Le résultat ici.
• Il y a quelques jours, l’Internet s’est ému d’un épilogue pornographique d’un goût un peu particulier. Après une vidéo honnête et un final en creampie, on peut lire sur l’écran : “9 mois plus tard, Brooke donnait naissance à un petit garçon. Elle est morte en couches. Mario ne l’a jamais su et creampie toujours des teens à l’heure actuelle.” Explications sur le Daily Dot.
De l’espoir et un rip• Sneeky est une toute nouvelle application à mi-chemin entre Snapchat et Secret qui vous permet d’envoyer des photographies de manière complètement anonyme à vos amis, voire à des inconnus. Des millions de bites se profilent déjà à l’horizon, vous ne les voyez pas ?
• Wesley Warren, l’homme aux couilles de soixante kilos, vient de rendre l’âme à l’âge pas franchement canonique de quarante-neuf ans. Pour le moment, on ne sait pas encore ce qui l’a emporté mais il avait déjà fait deux crises cardiaques, ce n’est jamais très bon signe.
Un pied dans le week-end• Un rideau, une corde à sauter et une fille avec de très jolis seins : voilà tout ce qu’il faut à l’ami Wujaszek pour produire un teaser de soirée. On vous met la vidéo juste pour cette glorieuse paire de gougouttes, comme dirait ton père. Ce serait injuste que tout le monde n’en profite pas.
La digue dentaire fête ses 20 ans d’existence dans la prévention des infections sexuellement transmissibles, mais elle reste toujours aussi invisible, de Nantes à Montaigu, pour les publics concernés par cette barrière qu’on se colle où il faut pour éviter le pire.
The Verge (qui ne veut pas dire la verge) se penche sur l’histoire du carré de latex qui permet à pratiquer des cunnilingus et des rimjobs en toute sécurité. Au début, il s’agissait d’un accessoire de la dentisterie pour isoler un chicot de ses compères pour le triturer tranquillement. En 1994, l’Australien Clive Woodworth, patron de Glyde Health, fut le premier à produire des digues dentaires spécialement destinées à l’usage sexuel. Celles des dentistes étaient « trop petites, trop épaisses et pas vraiment sensuelles ».
Chacun son tag après tout
Mais ces carrés salvateurs ne font pas florès, au contraire. Une infime partie des gens les utilisent. Arielle Duhaime-Ross rapporte les chiffres d’une étude australienne de 2010 où seulement 9,7 % des femmes queer s’en servent pour le sexe oral (2,1 % régulièrement) et que l’usage chez les hétéros et les gays est quasi inexistant. Toujours au pays des kangourous, une association de santé publique n’arrive pas à distribuer les digues et à éveiller l’intérêt ; tout le monde s’en bat les régions à protéger pour faire court.
Il faut dire que ce type de protection a une mauvaise image, ni très glamour ni pratique, il est de bon ton de s’en moquer dans les dîners en ville. Mais pourquoi ne porte-t-on pas plus d’attention à la sécurité dans le sexe oral ?
James Deen n’aime pas trop la digue dans le boulot
Début de réponse du côté de la médecine, elle a toujours dit que les risques de transmission du VIH seraient moins importants lors de la fellation, du cunni et de la feuille de rose (rimjob). Alors, ils ont tout basé sur la capote. Ce qui fait que dans les pornos par exemple, vous ne verrez jamais le tag #safesex apposé à #oralsex. Ce qui est bien hypocrite et dommage, parce qu’il n’y a pas que le sida dans les IST. La gonorrhée, le papillomavirus, l’herpès et d’autres vilains trucs, ça s’attrape vachement bien quand on suce ou qu’on lèche. D’ailleurs, les chercheurs viennent de faire une mise à jour de ces mythes de sécurité.
La bactérie responsable de la blennorragie, la célèbre chaude-pisse, devient de plus en plus résistante et prendrait une jolie place dans la liste des maladies intraitables dans un futur proche. Un cas de transmission du VIH entre deux femmes vient d’être publié, la légende disait que c’était impossible. Voilà qui devrait donner un regain d’attention à la digue du cul. Le sexe sans latex comporte toujours des risques.
Tous à la digue !
Une autre raison du désintérêt provient du commerce. N’étant pas populaire, la digue ne se retrouve pas dans les rayons des supermarchés et détaillants divers. Le porte-parole de Walgreens (une chaîne de pharmacie américaine) avoue ne pas distribuer cette protection à cause « d’un certain nombre de facteurs, dont la demande du client ». Pourtant, les usines turbinent, les laboratoires Line One en vendent 300 000 par mois et Glyde en écoule 100 000 dans le même temps. Mais on ne sait pas trop qui les achète. Apparemment, il y aurait un marché en devenir au Salvador, destination vers laquelle Glyde a exporté 460 000 digues il y a peu.
Juliet Richters, chercheur sur la santé sexuelle, pointe la difficulté de soulever des fonds pour financer l’information sur les risques de transmission et sensibiliser les publics à risques : « c’est compliqué de récupérer de l’argent quand les gens ne meurent pas d’être lesbiennes. » En effet, tout au long de l’histoire rapportée par Duhaime-Ross, on voit bien que les femmes queer sont visées principalement par les associations. Existerait-il un désintérêt général de la santé des femmes qui couchent avec des femmes ? On n’est pas loin de penser ça quand on termine la lecture de l’article de The Verge.
Photo de une par D. Robert Wolcheck
Le célèbre monument lacustre se fera solidaire, ce samedi… si la météo le permet. Les Services industriels de Genève éclaireront le Jet d’eau en rose durant la soirée. Une manière de rappeler le sort des personnes LGBT en difficulté dans plusieurs régions du monde, de la Russie à l’Ouganda.
Assemblée générale
Ce message coloré répond à l’initiative de Network. L’association suisse des cadres et dirigeants d’entreprise gay et bi tient son assemblée générale dans la cité de Calvin, ce week-end. Les 430 délégués seront accueillis dans les locaux de l’Organisation mondiale du commerce. Outre les affaires courantes de l’association, les membres profiteront de ce cadre pour se pencher sur le thème des relations internationales.
L’an dernier, Network avait financé une plaque commémorant le supplice de Bartholomé Tecia, un jeune homme condamné à mort pour homosexualité dans la Genève du XVIe siècle.
Alors que le kit dev 2 de l’Oculus Rift est annoncé pour juillet et qu’il fait déjà bander la moitié de la planète, prêt à mettre un terme à toute vie sociale, reproduction classique et l’humanité toute entière, le jeu de sexe virtuel Chathouse3D Roulette vient de passer en phase de beta test. Disponible sur la plateforme Thri.xxx (qui comporte pour le moment que quelques titres), Chathouse 3D Roulette est ce qu’on appelle un MMOVSG : Massively Multiplayer Online Virtual Sex Game (Partouze Virtuelle En Ligne Où On Délire).
Inspiré du célèbre Chatroulette qui vous mettait en relation en 2009 au hasard avec un gif de pendu, un fappeur fou, un deuxième fappeur fou, les Jonas Brothers (RIP) et parfois une fille avec qui discuter, ainsi que de Second Life pour la partie communautaire de l’affaire, Chathouse3D Roulette veut devenir la nouvelle sensation virtuelle : celle de l’exhibition sans le frisson du réel, mais avec des gens bien réels pris au hasard dernière leur ordinateur. Pour cela, il intègre habilement la technologie de l’Oculus Rift pour proposer un voyage en immersion mais aussi le VStroker pour des sensations encore plus réelles. Une communauté virtuelle de sexe interactif qui n’attend plus que vous.
Le futur du sexe (plus encore que celui du fap) tambourine à la porte du présent comme un étalon fougueux, nous appelle, nous tend les bras… Et vous savez quoi ? On lui lâche un hug comme un vieux pote, on lui dit « mais rentre, tu es ici chez toi, je te prépare un petit café sans sucre comme tu aimes ». Il vient nous parler du futur, on l’écoute, on boit ses paroles, il nous dit que les orgasmes vont devenir prodigieux et que cet excès d’endorphine amènera la paix entres les Hommes. Que peu importe le moyen d’y arriver, le sexe augmenté sera celui de l’amour, celui du partage, du rapprochement entre les êtres aux quatre coins de la planète.
En attendant que ce futur délicieux soit entre vos cuisses et dans vos yeux, vous pouvez vous inscrire à version beta de ChatHouse3D Roulette.
Au matin, les yeux embués des rêves de la nuit passée dans les bras de mon copain Morphée, je me rince la pupille avec les vidéos eFukt. C’est toujours un régal et j’ai été gâté aujourd’hui avec une belle compilation d’orgasmes qui dérapent et explosent les tympans.
Avant le petit-déjeuner, voir Woodman hurler fan-tas-ti-que en lâchant la purée, ça donne le ton de la journée. Tu sais qu’il ne peut t’arriver que des choses meilleures. J’attends donc que mon facteur me livre deux-trois sextoys, dont le masseur de prostate tant désiré. Je compte bien que, ce soir, des filles généreuses me payent des verres avant de repartir du bar avec deux d’entre elles, direction une orgie de lectrices du Tag. Qui a dit que je matais trop de porno ?
Où il y a de la vie, il y a de l’espoir et si l’espoir est perdu, il reste encore le porn. Alors, on garde son optimisme et on s’extasie devant un auto-headshot de toute beauté du Hongrois Frank Gun, ainsi que d’autres bizarreries à base d’injections salines et de coups de marteau. Oh oh ! j’y mettrai tout mon cœur.
Clique pour voir des trucs chelous. #Zaho
Il était le fondateur du «plus nauséabond et [du] plus odieux des groupuscules américains qui propagent la haine», résume l’organisation antiraciste Southern Poverty Law Centre. Le révérend Fred Phelps est décédé jeudi, a annoncé jeudi sa fille Shirley. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il avait 84 ans. A la tête de la Westboro Baptist Church, une secte organisée autour de sa propre famille, ce pasteur du Kansas était devenu une figure marquante – voire une caricature – de l’intolérance religieuse aux Etats-Unis. Il avait acquis une célébrité nationale avec ses manifestations surréalistes, notamment en marge d’obsèques de personnes LGBT (dès les années 1980, avec l’hécatombe causée par le sida), de soldats américains morts au Moyen-Orient ou de stars du show-business. Inscrits sur des placards fluo, les slogans se déclinaient sur le mode de «Dieu hait les pédés», «Seigneur, merci pour les soldats morts» et «Va brûler en enfer»…
Formidable repoussoir
Sur les réseaux sociaux, où la mort de Phelps avait été anticipée, beaucoup ont rendu la monnaie de sa pièce au gourou homophobe en paraphrasant ses messages haineux. Les médias LGBT américains étaient plus modérés, offrant même un hommage paradoxal au pasteur de Topeka. «Nous avons perdu quelqu’un qui a fait bien plus pour la communauté LGBT que nous le réalisons», explique la militante Cathy Renna dans le Huffington Post. Elle rappelle que Phelps, en tant que formidable repoussoir, a été très utile pour la mobilisation des gays et des lesbiennes aux Etats-Unis. Il a notamment créé des occasions très télégéniques d’illustrer la lutte contre l’homophobie. «La juxtraposition du visage de Phelps et d’anges qui lui tournaient le dos et chantaient Amazing Grace a eu un impact bien au-delà de la réaction tripale de colère. Ça voulait dire: nous sommes meilleurs que lui», raconte Cathy Renna, se souvenant d’une manif de la WBC lors des obsèques du journaliste gay Randy Shilts, en 1994. Quand Phelps et ses ouailles ont commencé à perturber les obsèques de soldats tués au Moyen-Orient, ajoute-t-elle, les militants LGBT ont gagné de précieux alliés.
«Sa croisade vicieuse a fait de l’homophobie un sujet débattu au niveau national et a même inspiré une législation contre les crimes de haine et contre le fait d’infliger [à des proches en deuil] une détresse émotionnelle», résumait le site LGBT Queerty, qui a tout de même lancé l’idée d’une manifestation parodique, lors des obsèques du révérend. Il ne le mérite même pas, estime Cathy Renna: «Son héritage sera exactement à l’opposé de ce dont il avait rêvé. Plutôt que de perdre du temps à danser sur sa tombe, je pense qu’il vaut mieux prendre un moment pour se souvenir de ceux qu’il a blessés.»
Divisions
A noter que le vieux leader était en froid avec sa communauté, désormais déchirée par de profondes divisions et décrite par certains observateurs comme moribonde. L’an dernier, plusieurs membres de la famille Phelps se sont retournés contre la communauté. Dans une lettre ouverte diffusée sur internet, Megan Phelps-Roper, 27 ans, et sa sœur Grace, 19 ans, avaient présenté leurs excuses pour leur participation aux rassemblements de la WBC. Par ailleurs, un des treize enfants du pasteur, Nathan, est devenu un militant gay en vue après avoir rompu avec sa famille dans les années 1970.
Un peu partout en France, des préfets mettent à mal le droit au séjour des étrangers gravement malades et ne respectent plus les avis médicaux préconisant la poursuite des soins en France.
Régulièrement interpellés sur ce point, le ministère de l’Intérieur soutient ses préfets défaillants alors que le ministère de la Santé se déclare incompétent.
Vendredi 21 Mars 2014Clayton Cubitt est un photographe et vidéaste new-yorkais.
Il a imaginé, réalisé, et diffusé l’année dernière sur You Tube des vidéos intitulées « Hysterical Literatures », qui ont fait un buzz incroyable. Le principe: une femme, célèbre ou inconnue, lit, devant la caméra, un ouvrage de son choix. La particularité de la lecture? Elle a un vibromasseur en marche, caché sous la table. La lecture s’arrête à l’orgasme.
Le résultat: six vidéos drôles, émouvantes, excitantes, élégantes, sensibles. Une prise de parole contemporaine et intelligente sur l’orgasme féminin.
Steve Carell dans « 40 ans, toujours puceau »
L’âge moyen du premier rapport sexuel a régulièrement baissé au cours du siècle écoulé, mais se stabilise aujourd’hui autour de 17 ans. Qui dit moyenne dit situations variables : certains commencent leur vie sexuelle plus tôt, et d’autres beaucoup plus tard. Ceux-ci vivent souvent difficilement leur situation, se sentant en-dehors d’un monde souvent sexualisé, avec le sentiment d’avoir raté quelque chose.
Souvent, aussi, ceux qui se retrouvent sans l’avoir voulu dans cette situation vivent un manque d’affection, de contact, en plus du manque de sexe. Hugues est de ceux-là : à trente ans, toujours puceau, il le vivait très mal. Il s’est dépucelé il y a quelques semaines, avec le concours de Justine qui l’a coaché dans sa recherche. Justine m’a raconté cette histoire, et je les ai donc interviewés tous les deux. Hugues nous explique d’abord l’origine de sa situation.
Considérez-vous que votre dépucelage a été tardif?
Oui. Je vais avoir trente ans cette année. Considérant que la plupart des humains ont en moyenne leur première expérience vers 17 ans, j’estime que j’ai perdu près de la moitié de mon existence.
Ce n’était pas un choix ?
Je ne viens pas d’un milieu à forte tradition religieuse, où la conservation de la virginité est considérée comme une valeur. Je ne pense pas que la virginité ait une quelconque valeur, ni qu’elle soit précieuse et encore moins sacrée. Je suis convaincu en revanche que la première expérience sexuelle requiert une confiance et un bien-être total entre chacun des partenaires, que cette confiance a de la valeur et que ce bien-être est précieux.
Je n’ai pas cherché à rester puceau : depuis la puberté j’ai souhaité une relation charnelle avec les femmes qui m’attiraient.
Qu’est-ce qui a permis à ce pucelage de perdurer ?
Je suis resté puceau parce qu’au cours des quinze années qui ont précédé, aucune des quatre femmes qui m’ont plu plus que les autres, que j’ai côtoyées et que j’ai approchées, ne m’a laissé supposer que je pouvais me permettre plus qu’une relation courtoise ou amicale. Mais ces femmes n’ont rencontré qu’un homme emprunté, incapable d’interpréter que les actes ou les mots à son attention n’étaient pas anodins.
Le milieu dans lequel j’ai grandi m’a fait prendre conscience de la violence des hommes, de leur insistance, de leur mépris, de leur autoritarisme, de leur intrusion, de leur manque d’égards, de leur maladresse, de leur impudence, de leur arrogance, de leur lâcheté. En conséquence, je suis resté puceau parce que les femmes n’aiment pas les “gentils garçons”, les mecs mal-assurés, les amis hypocrites qui ne pensent qu’à baiser, qui ne prennent pas de décision, qui ne font pas le premier pas, qui les prennent pour des fleurs bleues, qui ne comprennent pas quand il faut y aller, qui les font attendre trois ans, qui sont toujours puceau.
Qu’est-ce qui vous a motivé à ne plus le rester ?
Après quinze ans, c’est le chagrin, la peine profonde, le sentiment d’être plein d’une envie d’amour en gestation qui finira mort-né à défaut voir le jour ; c’est que déborder de tendresse, de caresses, de gestes qui n’ont pas d’adresse, cela déclenche un flot d’amertume acide qui ronge de l’intérieur un corps qui rêve de contact, de sentir, de goûter, de toucher, d’explorer de tous les sens l’idée salutaire de l’abandon mutuel.
Je voulais juste prendre quelqu’un dans mes bras, comme jamais ça ne m’est arrivé, je voulais embrasser une femme : jamais en trente ans ! Trente années ponctuées de rares et timides avances, pour m’entendre dire a chaque fois : “je suis déjà avec quelqu’un”… Mais qui sont-ils ces hommes-là? Qu’ont-ils fait? Qu’ont-ils dit?
Vous avez donc réussi à sauter le pas… Mais comment avez-vous fait ? Quelle nouvelle stratégie ?
Ce que j’ai changé, c’est ma conviction que je ne pouvais pas déclencher ce changement : j’ai changé mon état d’attente résignée en envie motrice.
Je m’y suis pris par des décisions simples et accessibles : la première a été de considérer que, pour moi, la méthode la plus propice à faire des rencontres, c’était d’avoir recours à un site dédié.
Ca n’a pas été difficile, mais ça a été déstabilisant. En quelque sorte il a fallu que je m’adapte au moyen : changer de forme sans changer de fond, et surtout j’ai dû encaisser le fait que comme partout, un homme grouille au milieu de semblables qui ne s’encombrent pas de considérations trop fines pour leur égo… mais c’est l’occasion d’être une bonne surprise.
Au hasard d’un site de rencontre, Hugues entre en contact avec Justine… qui va l’aider dans sa quête. Suite au prochain épisode de cette super-série-avec-plein-de-suspense.
Delphine Bertholon est aussi l’auteur de Twist, de L’effet Larsen et de Grâce.
Extrait choisi
[...]
Il pleut. Il pleut depuis des jours. Elle ne se rappelle même plus la dernière fois qu’il a fait sec ; on dirait la mousson, du mauvais côté de la Terre. Dehors, les trottoirs rutilent comme si jamais personne ne les avait foulés.
Quand la grande restait avec Maman durant le grand sommeil, la petit briquait/lavait/rangeait, une vraie fée du logis (du moins, croyait-elle - elle ne se servait de rien sauf de la balayette, ce n’était pas brillant…). Enfin, le ménage, c’était au début. Quand a-t-elle cessé de jouer les maîtresses de maison, elle ne sait plus très bien. A quatre ans, on n’a pas la notion du temps.
Aujourd’hui, la notion du temps tourne à l’obsession. L’affreux n’est pas qu’il passe mais qu’il ne passe pas, il se loge dans la gorge comme un noyau de pêche jusqu’à vous étouffer. Lingette antiseptique, spray anticalcaire, lotion javellisée - on l’assassine tant qu’on peut à s’en rougir les mains mais il est toujours là, sablier de gravats, plein en haut, vide en bas, avec en son milieu un larynx étranglé.
Au cinéma, le métro roulait juste au-dessus de la salle et les murs résonnaient en Dolby Stéréo. Elle s’est demandé ce qu’il arriverait si, tout à coup, le plafond s’écroulait. Impact au troisième rang. Elle a rêvé cette tragédie et vu le wagon compressé dans les fauteuils de velours rouge, le sang noir, les membres arrachés, elle a vu sa sœur en uniforme de secouriste se délecter là au milieu, la grande ramasser un par un les morceaux de la petite comme des champignons, sous le ciel déchiré des étoiles électriques.
Elle en a rêvé tant et tant qu’elle n’a même pas su de quoi le film parlait.
Maintenant elle marche, protégée par la toile d’un parapluie imprimé camouflage ; elle n’a pas fait exprès, c’était le moins cher au bazar d’à-côté. Il se retourne sans cesse à cause des bourrasques, elle se bat contre lui à chaque carrefour.
Au pied d’un immeuble posé de traviole à un angle de rue, un fourgon est garé, toutes portières ouvertes, gyrophare hurlant. On transporte un vieillard sur une civière. Elle jette un œil réflexe, mais passe vite son chemin. Ce n’est pas son domaine, les débris d’existence.
C’est le domaine de la grande.
Le soir venu, leur mère déclarait : Ma grande, aide la petite à mettre la table. Question taille pourtant, elles ne valaient guère mieux l’une que l’autre. Aujourd’hui, la petite est la plus grande des deux. Grande, très grande. Dans la rue, on lui proposait même d’être prise en photo, mais ça fait belle lurette qu’on ne l’aborde plus.
La grande, elle, est minuscule. Dodue et minuscule et toujours en noir, le visage rond, le cheveu sombre, un instrument à vent faisant office de nez, à renifler sans cesse comme une sorte de tapir. Une fois, la petite lui a rendu visite ; elle n’ira plus jamais. La grande est obsédée et conserve tout ce qu’elle trouve : elle fait les poubelles, vole les morts, fouille les décharges, rackette les sans-abri. Chez la grande, tout est sale et cassé et amoncelé, un peu comme une brocante dans un asile de fous.
La petite se dit souvent qu’elle finira là-bas en pièces détachées, amoncelée au milieu du reste.
Résumé
Deux sœurs, la grande et la petite, emberlificotés dans un secret qui les lient depuis 18 ans. Elles ont 24 et 22 ans…
Mon avis
Quand tout semble écrit, tout peut encore changer.
Du grand Berthelon, redoutable et efficace même si ce roman-ci est très légèrement en dessous de Grâce, son précédent.
Le soleil à mes pieds, Delphine Bertholon, éditions JC Lattès 16 €
Pensez à acheter vos livres dans une librairie
La jeunette Maura Faussell de Virginie,
Saoule comme une grive, s’est foutue à poil
Pour aller visiter en prison son mari
Et apprit à ses dépens que c’est illégal.