Fiction proche du documentaire, Drôle de genre se propose d’inverser les rôles que donne habituellement la société aux hommes et aux femmes. Ainsi, Camille (malgré le prénom, c’est l’homme joué par Hippolyte Girardot) est un prof d’anglais qui doit souvent mettre son travail entre parenthèses pour chercher les enfants et s’en occuper. La famille a trois enfants dont un en bas âge. Dominique, la femme (interprétée par Agnès Soral) ,est chef d’entreprise. Elle doit faire beaucoup de management mais elle se mêle également de politique. Du coup, elle ne voit que ses enfants le soir, juste le temps de leur dire d’aller au lit.
Angès Soral est assez épatante en « homme ». Ici c’est elle l’égoïste de la famille, qui trompe son mari avec un jeune éphèbe qu’elle voit juste pour le sexe et le frisson d’une relation adultérine. C’est elle qui botte en touche dès qu’un obstacle se présente (un enfant malade).
Drôle de genre est intéressant car il aborde, sans temps mort, absolument tous les niveaux de la vie familiale : l’engagement politique, l’organisation du quotidien, la vie sexuelle, les relations amicales, la gestion de la vie personnelle et professionnelle, etc. De plus, il propose une évolution de la vie de couple. L’homme, enfermé dans son rôle de nounou au quotidien, trouve une motivation et une énergie dans une lutte de militant politique. Il découvre aussi que sa femme le trompe. Tout cela le met en confiance et il va finir par demander le divorce. Le film semble ainsi légitimer la séparation puisque les deux partenaires s’en trouvent plutôt libérés, notamment celui qui était le plus « prisonnier » des contraintes. Apparemment il n’y a pas de discussion possible dans le couple, ce qui semble un raccourci un peu arbitraire.
Etude de moeurs, peinture sociale, Drôle de genre peine cependant à tirer des conclusions ou à proposer quelque chose. Le réalisateur Jean-Michel Carré est un habitué des documentaires et malgré le fait que ce soit une fiction, les personnages et leur quotidien sont extrêmement détaillés, sans doute inspirés de personnages et de faits réels. Le film est peut-être victime des stéréotypes qu’il tente de véhiculer. Datant de 2003, les choses ont déjà bien évolué. On ne compte plus le nombre de femmes ministres et le chef des patrons du MEDEF est une femme. Aujourd’hui, la place des femmes ET la place des hommes n’est quand même plus aussi tranchée et l’on trouve aussi des papas amenant leurs enfants à l’école ou faisant à manger pour la petite famille.
Le dvd est disponible chez Blaqout.