34789 éléments (3251 non lus) dans 75 canaux
Quelle psychologie toute en finesse que celle de Lee Martin ! Quel suspense ! Et quelle question ! Comment réagirions-nous si notre enfant disparaissait et que nous apprenions le nom du coupable ? Cet été-là est un roman magnifique qui donne à réfléchir sur notre nature humaine.
Que s’est-il passé le soir du 5 juillet, trente ans auparavant ?
Les Mackey, qui possèdent la verrerie de la ville, sont en train de dîner. Autour de la table, ils sont quatre : le père, la mère, Gilley, le grand frère et Katie, la petite sœur. L’aîné est toujours furieux après la benjamine. L’après-midi, Katie est entrée dans sa chambre avec son amie. Les fillettes ont écouté son album et ont fait une rayure sur l’un des morceaux. Alors, pour se venger, pour que sa sœur ait des problèmes avec leur père, Gilley balance qu’elle n’a pas rapporté les livres empruntés à la bibliothèque. Cela fonctionne. Monsieur Mackey pique une crise. Tous les habitants de la ville ont les yeux fixés sur eux, les riches, les nantis. Ils se doivent d’être respectables. Katie bondit de sa chaise et enfourche son vélo rouge. La bibliothèque ferme à sept heures, elle a le temps de rendre les livres.
Gilley la regardera grimper la colline et puis disparaître de sa vue.
Katie portait un short orange et un tee-shirt noir. Elle est partie sans prendre le temps de chausser ses sandales, pieds nus.
Pour dérouler l’enquête, Lee Martin a choisi la structure du roman polyphonique. Trente ans après le drame, quelques-uns des habitants racontent leurs souvenirs : « Raymond R. Wright » et Clare Mains, sa compagne ; Monsieur Dees, le professeur de mathématiques ; Gilley Mackey, le frère aîné de Katie.
Parmi ces personnes, qui a dit la vérité lors de l’enquête ? Qui a menti ? Et aujourd’hui encore, qui manipule qui ?
Au travers des dires des uns et des autres, l’écrivain explore en profondeur le désir, l’amour, le mensonge et la perte. Au fur et à mesure que les langues se délient, des secrets émergent. Dans cette petite ville écrasée par la chaleur estivale, il était des amours interdites et des amours sincères, d’autres étaient des faux-semblants. Katie disparue, un homme, coupable « idéal », sera tué. Ils seront plusieurs à devoir vivre avec cet autre secret.
Sans exagération aucune, avec une poésie qui n’est pas sans rappeler l’univers mélancolique de Saul Leiter, Lee Martin réussit à raconter l’inracontable tout en maintenant un rythme cadencé : le pourquoi et le comment du meurtre d’une fillette de neuf ans.
L’auteur vit dans l’Ohio où il enseigne la littérature. Cet été-là est son premier roman traduit en français.
Extrait choisi (p.13 à 15)
Le soir où c’est arrivé – le 5 juillet – le soleil ne s’est pas couché avant 20h33. J’ai vérifié par la suite l’illustration de la météo en une de l’Evening Register : un visage souriant sur un soleil brillant férocement. Je l’ai fait parce que c’était le cœur de l’été, et je ne pouvais m’empêcher de penser à cette lumière qui n’en finissait pas et à tous ces gens qui étaient sortis pour en profiter ; je les avais vus assis sous les porches buvant des Pepsi et écoutant le Top 50 de WTHO des transistors. Je savais qu’ils riaient en lisant Snoopy et Hi and Lois dans le journal, qu’ils frémissaient en découvrant les aventures de Steve Canyon. Des voitures passaient dans High street – des Trans-Am et des GTO, des Mustang et des Road Runner, des Charger et des Barracuda. Certaines se dirigeant vers le drive-in à l’est de la ville – une double affiche, Un été 42 et Bless the Beats and Children. D’autres se rendraient dans le centre-ville. Des adolescents entraient discrètement dans le drugstore Rexall ou dans le nouveau supermarché Super Foddliner pour acheter un paquet de Marlboro ou de Kool. Des couples déambulaient sur la place centrale, flânant après un dîner à la Coach House ou un steak et une bière fraîche à la Top Hat Inn. Ils faisaient du lèche-vitrine, les femmes admirant les nouvelles bottes qui montaient jusqu’aux genoux chez le chausseur Bogan’s, les lycéennes lorgnant les premières lunettes à monture d’acier chez l’opticien Blank’s, les pantalons à pattes d’éléphant dans la boutique de vêtements pour femmes Helene’s, les bracelets d’amitié et les bagues de fiançailles de la bijouterie Lett’s.
Tant de temps et de possibilités, et pourtant personne ne pouvait empêcher ce qui allait arriver.
Nous n’étions qu’une minuscule ville de l’Indiana, dans la grand plaine au-delà des collines ondoyantes de la forêt Hoosier – une ville qui abritait une verrerie, proche de la White River qui serpentait vers le sud-ouest avant de se jeter dans la Wabash et de s’écouler jusqu’à la rivière Ohio. Ce jour-là, un mercredi, la température avait atteint les trente-quatre degrés, et l’humidité qui s’était installée avait assommé tout le monde. L’air était chargé de l’odeur des fumées des fours de la verrerie, de la puanteur de poisson mort de la rivière, des sons de la vie de tous les jours : glaçons qui s’entrechoquaient dans les verres, pots d’échappement qui produisaient un bruit de ferraille, portes-écrans qui grinçaient, mères qui appelaient leurs enfants pour rentrer à la maison.
Le soir, quand le vent se levait suffisamment pour agiter les feuilles des gigantesques chênes de la place centrale et que la nuit commençait à tomber, l’air se rafraîchissait juste assez pour faire oublier combien la journée avait été torride et implacable. Après des heures passées à travailler à la verrerie ou à la carrière ou la gravière, les gens étaient heureux d’aller à leur propre allure, de prendre leur temps, de laisser l’obscurité approchante et le bruissement de l’air les convaincre qu’il pleuvrait peut-être bientôt et qu’alors la chaleur retomberait. J’étais pour ma part content de rester à la table de ma cuisine, réfléchissant aux problèmes mathématiques que je proposerais le lendemain aux élèves à qui je donnais des cours pendant l’été, dont l’une était Katie Mackey.
Par la suite, certaines personnes se présenteraient à la police en disant qu’elles avaient peut-être des informations à donner. Leur nom apparaîtrait dans la presse – jusqu’à Saint-Louis et Chicago – et serait mentionné dans les chaînes de télévision de Terre-Haute et d’Indianapolis, il figurerait dans les carnets des reporters qui arriveraient en ville, des beaux parleurs venus d’ailleurs avec leurs questions, des journaleux d’Inside Detective et de Police Gazette qui demanderaient comment trouver untel ou untel.
Je n’ai jusqu’à présent jamais réussi à relater cette histoire et le rôle que j’y ai tenu, mais écoutez, je la raconterai en toute honnêteté : un homme ne peut vivre qu’un temps avec une telle chose sans la partager. Mon nom est Henry Dees et j’étais alors enseignant – professeur de mathématiques et tuteur pendant l’été auprès d’enfants tels que Katie, qui en avaient besoin. Je suis désormais un vieil homme, et même si plus de trente années se sont écoulées, je me rappelle encore cet été et ses secrets, la chaleur et la manière qu’avait la lumière de se prolonger le soir comme si elle n’allait jamais partir. Si vous voulez écouter, vous allez devoir me faire confiance. Sinon, refermez ce livre et retournez à votre vie. Je vous préviens : cette histoire est aussi dure à entendre qu’elle l’est pour moi à raconter.
Cet été-là, Lee Martin, Sonatine éditions, 21 €
Titre original : The Bright Forever
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
L’article Psychologie et suspense : Cet été-là de Lee Martin est apparu en premier sur Impudique Magazine.
Il y a des morts injustes. Depuis 26 siècles, l’histoire du supplice de Marsyas hante l’Occident. Il fut écorché vif. Parce qu’il jouait merveilleusement de la flute. Vous trouvez cela logique ?
Dans la mythologie grecque, Marsyas est un satyre phrygien au talent musical inouï. Jaloux, le dieu Apollon le provoque en duel. Le roi Midas (roi de Phrygie) juge Marsyas supérieur mais les muses, elles, déclarent Apollon vainqueur. Pour se venger, Apollon fait arracher la peau de Marsyas. Ovide décrit ainsi la scène : «ses muscles, mis à nu, sont visibles ; on voit ses veines […] tressauter, on pourrait compter les palpitations de ses viscères». Cette scène cruelle, ambiguë, inspire d’innombrables artistes qui, tous, s’interrogent sur la raison d’un tel châtiment. Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi une mort si cruelle ?
A l’âge de 88 ans, Le Titien peint Marsyas, suspendu par les pieds, son corps ruisselant de lumière et de sang : «son nombril placé au milieu du tableau attire l’attention sur cette touche d’intimité qui laisse admirer le ventre troublant, encore intact. […] Le Titien peint ce tableau durant l’été 1576 alors qu’Onazio, son fils préféré, vient d’être emporté par la terrible épidémie de peste qui sévit à Venise. Marsyas, la bouche entrouverte et les lèvres tombantes sanglote, alors que ses bras et ses mains attachées sont comme à l’abandon. Il s’est remis entièrement à la souffrance. Le sentiment d’affliction, de liquéfaction, est accentué par les touches de peinture étirée que le peintre a travaillées avec les doigts, comme s’il caressait l’homme sauvage en proie à la douleur. Le Titien lui-même est présent dans le tableau sous les traits du roi Midas plongé dans le deuil et la méditation. Le corps tout entier de Marsyas n’est que larmes comme celui du peintre, décédé juste après avoir réalisé cette œuvre.» On ne sait pas de quoi est mort Le Titien après avoir achevé ce tableau. De vieillesse ? De la peste ? Ou de douleur ? On meurt parfois de l’injustice d’un monde qui fait périr les innocents.
Un polar noir, très noir, sur le thème de l’écorchement
Dans un ouvrage présenté comme la première partie d’une histoire de l’écorchement (L’Ecorchement. Limite et Transgression, éditions du Murmure), la chercheuse Christine Bergé, anthropologue et philosophe des techniques, s’attaque à l’énigme du meurtre de Marsyas, un meurtre dont le sadisme aggrave l’aspect inique et révoltant. Marsyas n’avait pas mérité de mourir. A l’aide de sa flûte, il guérissait les malades, consolait la souffrance des vivants et faisait vibrer la beauté du monde. «Avec sa musique il tire les larmes, et les larmes en sortant entraînent le mal dans leur linceul.» Usant d’une langue à la fois élégiaque et précise, la chercheuse dissèque le mythe qu’elle replace dans ses multiples contextes, écartant les interprétations faciles qu’on en donne : une histoire de jalousie ? Trop simple. L’idée selon laquelle il est normal qu’une «créature» soit punie pour avoir osé défier un dieu ne la satisfait pas non plus. C’est une histoire de peau, dit-elle, guidée par l’intuition que la solution de l’énigme se trouve là, entraînant son lecteur dans une enquête «palpitante» à l’issue de laquelle, complètement étourdi, on s’aperçoit que le mystère –«le sombre mystère de Marsyas»– ne fait que s’épaissir.
La peau : une frontière corporelle et culturelle
Partant du principe que la peau renvoie à l’idée d’une frontière, Christine Bergé voit dans le supplice une forme d’ouverture dont elle décline toutes les symboliques, y compris sexuelles, en montrant l’aspect inextricable de leurs intrications. Il n’est pas innocent que Marsyas soit littéralement «déshabillé» de sa peau. La pornographie n’est pas si différente de la torture lorsqu’elle montre des muqueuses en gros plan : chairs béantes, écarlates, liquéfiées… L’ouverture de Marsyas est «fécondante», dit la chercheuse, qui voit sa peau comme une terre labourée et ses blessures comme autant de sillons, promesses de fertilité. Mais l’ouverture, c’est aussi celle qui assure la circulation des êtres : n’oublions pas que Marsyas est phrygien. Il vient d’un territoire «barbare» où l’on s’habille de peaux de bête. Le dieu Dionysos est d’origine phrygienne, autant que cette obsédante musique de flûte (aulos) au rythme syncopé, dont Marsyas serait l’inventeur et que les élites grecques méprisent avant, progressivement, d’en faire un de leurs instruments préférés. On joue de l’aulos pendant les sacrifices.
Marsyas «le barbare» versus Apollon «le grec civilisé» ?
La légende de Marsyas a souvent été présentée comme la métaphore d’un conflit opposant l’idéal grec –celui de l’équilibre harmonique (la lyre) et de la beauté (Apollon)– à la sauvagerie phrygienne –celle d’un chromatisme désordonné (l’aulos) et d’une vitalité orgiaque (Dionysos). ll serait cependant réducteur de penser que la mise à mort de Marsyas marquerait la victoire d’une «pureté» ou d’une «supériorité» grecque. Ainsi que le suggère Christine Bergé, le supplice ne résout pas cette «querelle de territoires», car Marsyas, même mort, continue de chanter : sa peau, retroussée comme un gant, accrochée à un pin (symbole d’éternité), à l’entrée d’une caverne d’où sort un fleuve de larmes, devient une outre «animée» par le vent et qui continue de chanter : elle entre en résonance, chaque fois qu’un musicien joue de l’aulos, envahissant comme par magie la grotte d’un chant venu de l’au-delà. Apollon n’a donc pas vaincu. Il a rendu Marsyas immortel. C’est à se demander si le dieu solaire et le satyre écorché ne sont pas les deux faces d’une seule et unique entité, demande la chercheuse qui interroge les obscures origines d’Apollon : mais au fond d’où vient-il ce dieu-là ?
Apollon : pas si grec qu’on pourrait croire…
Bizarre dieu que cet Apollon qui passe ses mois d’hiver dans le grand nord et ne revient à Delphes ou Délos qu’au printemps… Il est nomade comme les barbares. Il partage d’ailleurs avec les scythes un arc réflexe, qui possède la curieuse faculté de se retourner : débandé, ses branches sont tenues vers l’avant. L’arc s’inverse lorsqu’il est armé, puis s’inverse à nouveau quand la flèche est décochée. Apollon, adepte des «retournements» (1), confie d’ailleurs à un scythe d’écorcher Marsyas, suivant une technique extrêmement raffinée qui permet –en tirant d’un coup sec– d’arracher la peau des humains comme on dépiaute un lapin : en le retournant. Les scythes dépiautaient volontiers la tête de leurs ennemis, en contournant les oreilles, ne gardant que la peau du visage et du cuir chevelu qu’ils accrochaient à leur cheval comme des trophées… Or certaines légendes disent qu’Apollon écorche lui-même Marsyas. Christine Bergé fait même mention d’un mythe archaïque dans lequel Apollon lui-même aurait été «supplicié à un arbre, peut-être même écorché ; mythe refoulé ensuite». Marsyas serait-il la figure inversée d’Apollon, son double négatif ?
La flûte qui donne sa voix à la mort
Poussant plus loin son analyse, Christine Bergé s’intéresse au lien qui unit la flûte de Marsyas et les rituels funéraires. La flûte en question –aulos– est en effet utilisée lors des cérémonies de deuil, pour apaiser les chagrins. Une légende grecque raconte que le premier aulos fut inventé par Athéna qui «cherche à imiter la plainte des Gorgones à la mort de leur sœur Méduse». La flûte reproduit le son des sanglots. Le problème, c’est qu’en soufflant dedans on a les joues gonflées et le visage rouge. Vexée, Athéna la jette et lance une malédiction à celui qui la ramassera. C’est Marsyas qui, par hasard, trouve l’aulos. Lorsqu’il meurt, la légende dit que tous ceux qu’il a rendus heureux pleurent au point que leurs larmes coulent dans les profondeurs de la terre avant de rejaillir en source pour donner naissance à un fleuve. Un fleuve nommé Marsyas. Ainsi fait-il sa résurrection. Christine Bergé voit dans ce mythe une «conversion» de sons en liquides qui, passant par les profondeurs chtoniennes avant de resurgir, évoquent, puissamment, «les processus métamorphiques propres aux contextes divinatoires des anciens Grecs.» Mais tiens, comme c’est bizarre, bizarre : Apollon n’est-il pas le dieu par excellence des divinations ?
Marsyas ne meurt jamais
C’est sur cette question, parmi tant d’autres, que le livre s’achève en nous laissant diaboliquement sur notre faim. On attend le tome 2 où il sera question peut-être de Peau d’âne et du roi Midas, celui à qui un mythe prête des oreilles d’âne… L’enquête ne fait que commencer, d’autant plus passionnante que sans privilégier aucune interprétation, la chercheuse s’efforce au contraire d’en déployer les interconnections, dressant la carte d’un système où les contraires cohabitent, laissant à nos parts d’ombre leur légitime raison d’être.
.
A LIRE : L’Ecorchement. Limite et Transgression, de Christine Bergé. Editions du Murmure, Collection Borderline, nov. 2016.
REFERENCES : Apollodore, Bibliothèque (I, 4, 2). Traduction d’Ugo Bratelli / Diodore de Sicile,Bibliothèque historique (III, 59 ; V, 75, 3) / Hérodote, Histoires (VII, 26) / Hygin, Fables (CLXV). Version originale en latin / Ovide, Fastes (VI, 695–709) et Métamorphoses (VI, 382–400) / Pausanias, Description de la Grèce (II, 7 ; X, 30, 9).
NOTE (1) Comme par hasard, n’est-ce pas en retournant sa lyre qu’Apollon gagne le concours ? Christine Bergé rappelle ici que, selon certaines versions du mythe, le duel entre Apollon et Marsyas s’est déroulé en trois manches. D’abord Apollon a joué de la lyre normalement et a perdu. Ensuite il a joué de la lyre en chantant (ce que Marsyas ne pouvait faire) et il a gagné. Puis Apollon a joué de sa lyre à l’envers (ce que Marsyas ne pouvait faire non plus) et il a gagné.
Dans un entretien vidéo dévoilé le 19 février par le site catholique Padreblog, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, affirme que la pornographie est avilissante, que son industrie doit être combattue et que l’accès aux sites web X doit être interdit aux mineurs.
Laurence Rossignol part en guerre contre le pornoInterrogée par l’abbé Grosjean sur les raisons de son engagement anti-X, Laurence Rossignol fonce : “La pornographie est une violence faite aux femmes, c’est une autre forme d’exploitation sexuelle pour celles qui jouent dans ces films. Un documentaire produit il y a peu de temps, Pornocratie, montre à quel point l’industrie du sexe est devenue de plus en plus violente, de plus en plus dégradante pour les femmes”.
Ce n’est pas tout. Pour la ministre socialiste, “l’accès facile à la pornographie est une violence faite aux enfants”. Elle explique : “Je ne crois pas qu’il soit normal et naturel qu’un enfant jeune, onze ans, douze ans, ait accès à des images pornographiques violentes, qui vont lui donner une idée, et des rapports homme-femme, et de la sexualité, qui n’a rien à voir avec ce que l’on souhaite pour lui, pour être un adulte heureux”. Que faire, demande l’intervieweur ? Laurence Rossignol affirme “qu’on travaille beaucoup là-dessus” et regrette, sourire aux lèvres : “On se heurte, c’est assez amusant d’ailleurs, à la liberté de création, à la liberté d’expression sur le net. On voit bien que la liberté d’expression, ça sert à tout, et aussi à défendre la pornographie et l’accès à la pornographie sur le net”.
Malgré les difficultés posées par le droit fondamental à la liberté d’expression, la représentante du gouvernement a trouvé des idées pour lutter contre la violence du X. Sa première proposition consiste à “refaire avec les parents la campagne de prévention sur les systèmes parentaux de verrouillage et les contrôles parentaux”. Elle précise connaître la limite de cette proposition, “parce que maintenant les gamins ils ont des smartphones, ils n’ont pas besoin de contrôle parental”.
Du coup, autre piste : censurer le web, tout simplement. “Il faudra contraindre et fermer l’accès à des sites Internet à des gamins”, annonce Laurence Rossignol. Toujours bien documentée, elle reconnaît que cette méthode risque de ne pas marcher : “Ces sites ne sont pas en France, c’est ça notre problème. Ils sont à l’étranger. Alors bien sûr, on va me dire, la Chine arrive bien à empêcher les Chinois de…” Malheureusement, elle est coupée par l’abbé avant la fin de sa phrase. Nous aurions aimé entendre la fin de cette comparaison.
Laurence Rossignol à l’assemblée, en novembre 2015
Lutter à tout prix contre l’industrie pornographiqueNe reste que l’option du contrôle par carte bancaire, à laquelle la ministre se déclare “favorable”. Pour la mettre en place de manière efficace, il faudra obtenir l’accord des hébergeurs étrangers. Cela risque de poser problème, mais le combat continue. “Il faut lutter contre l’industrie pornographique, ce qu’elle suppose d’avilissement pour celles et ceux qui y travaillent, conclut-elle. Et il faut lutter contre l’accès des jeunes, des mineurs à l’image pornographique qui est avilissante pour l’amour, l’égalité femmes-hommes et la représentation qu’on a de ce qu’est la sexualité. (…) Je ne vois pas ce qu’on a à défendre, à défendre cette industrie pornographique, ce n’est plus de la liberté. On n’est plus dans les images que connaissaient nos grands-parents.”
Vous vous en doutez, Le Tag Parfait n’a pas vraiment apprécié cet entretien. Le fait qu’une ministre en fonction dévoile ses projets anti-pornographiques dans un entretien pour un blog religieux nous fait tiquer fort. Ses arguments de l’avilissement de la femme et de la protection de l’enfance ont déjà été brandis par le gouvernement anglais pour justifier la mise en place de lois anti-pornographiques de plus en plus violentes et intrusives. Les mesures qu’elle propose, des filtres parentaux au blocage des sites Internet, parfum Grand Firewall de Chine, sont réputées impossibles à mettre en place sans atteinte grave à la liberté d’expression.
Le nouveau bouc émissaireCe qui nous dérange le plus, c’est la manière dont la ministre conçoit la pornographie. Dans sa bouche, l’industrie du X passe pour une entité monolithique et hétérosexuelle qui ne produit que des images dégradantes en exploitant des femmes forcément victimes. Au Tag Parfait, on craint que Mme Rossignol se soit forgée une opinion de l’industrie à la va-vite devant Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe, un documentaire à charge de la réalisatrice Ovidie. Bien qu’il ait été apprécié par la critique, Pornocratie a reçu un accueil plus que mitigé chez les travailleurs du sexe. Ceux-ci le perçoivent souvent comme anti-porno, à l’instar de Hot Girls Wanted.
De nombreux gouvernements se sont attaqués au porno au cours de l’année 2016. La ministre de la Justice suédoise, Beatrice Ask, l’accuse de véhiculer une image dégradante des femmes et de faire baisser la natalité. Le parlement israélien l’aurait rendu inaccessible sur Internet si le Premier ministre Benyamin Netanyahou n’était pas intervenu. Mentionnons surtout les Anglais, qui ont censuré certaines pratiques comme le fisting et l’urophilie en attendant de trouver un moyen efficace de contrôler l’accès aux sites pour adultes. Aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont déclaré le porno « crise de santé publique » et combattent pour son interdiction. Nous regrettons beaucoup qu’une ministre française ait rejoint cette équipe.
D’un autre côté, nous ne pouvons pas dire que nous sommes vraiment surpris. Abolitionniste en matière de prostitution, Laurence Rossignol a déjà montré qu’elle aimait faire fi de la réalité pour parler à la place des travailleurs du sexe. En avril 2016, elle a défendu la proposition de loi qui proposait, entre autres, de pénaliser les clients pris en flagrant délit. Après son adoption, elle s’est félicitée : « C’est un peu la loi Veil de notre génération ». Et tant pis pour la sécurité des prostituées, contraintes de se cacher pour préserver leur activité.
Le 1er mars, la ministre doit présenter un nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants. On ne sait pas si l’industrie pornographique sera dans ce plan, mais ce matin sur Itélé, Laurence Rossignol semblait bien déterminée à lutter contre l’accès à la pornographie pour les mineurs (et peu importe des conséquences pour les autres).
#LaMatinaleInfo > "Vers 11 ans, un mineur rencontre des images pornographiques, c'est très jeune", @laurossignol
► https://t.co/wN8mSdxGJP pic.twitter.com/EC0D892CHs— iTELE (@itele) February 21, 2017
Actually it’s been over a year. My surprisingly long — and apparently ongoing — period of celibacy has been partly by choice, and partly by chance. When my last relationship ended, it was as difficult as you’d expect a major break-up to be. I wanted to take some time to work on myself, my apartment, and find my writing muse again. She took a powder when things got rough, and I don’t blame her. I worried she’d never come back, and even made peace with that at one point, which was worse. I couldn’t imagine being any kind of intimate with anyone until I felt like not writing would kill me again. And the subsequent victory of being able to lay down a few words in sequence that made it okay to die, if I did.
My muse has started to come back. I don’t know if that’s related to sex, but I doubt it: in the past, having sex has often made me want to write more. But who knows? I mean, I’m writing this, but partly as a request from someone who wanted to know what my period of celibacy was all about.
I needed to do some thinking and sex was the furthest thing from my personal sphere; though I still loved porn, and erotica, and curating hot sex posts, and pushing for the literacy of pleasure in the world. I needed to paint my apartment and redecorate my life. I wanted to spend time alone, lots of it. My relationship left me broke, cleaned out, and I can’t get my head above water. Stressful. No money, so I went all-in on self-care. I wanted to stay up all night gaming, or drinking with my best friends, and yes, at that club, City’s haunt. I didn’t want to have my time with my friends tainted by the stress of potentially hooking up with anyone, or by having to deal with the pressure of caring what someone else thought about my desirability.
I wanted to live in my skin in a way I hadn’t felt safe to do, ever.
I got tattoos. I went to the gym, a lot. It felt great. It still does.
After about eight months passed, I started to wonder what was going on with me. I liked being alone and owning my own space, and I didn’t miss cuddling. I also happened to luck into being adopted by an extremely cuddly and attentive Bengal kitten. I wasn’t feeling attracted to anyone enough to want to get in their pants, let alone open mine up for inspection. I wondered on many occasions and discussed with friends that maybe I was a shade asexual. Which, as you’d imagine from someone who’s spent most of her life around and educating about sexuality, gender, and orientation, seemed like a normal thing should that be the case. I wasn’t worried. I was just cruising through my life being happy when flirting was just flirting, with no pressure for anything else.
I found that when I told people I’m single and not dating, and that I’m going on a year and a half of not having sex (for no real reason), their reactions would vary widely. Most friends are supportive, of course. Some friends who are attracted to me have expressed that attraction, and are respectful when I say I’m not interested in anyone right now, really. Some men have been idiotic, ignoring my “I’m not interested in anyone right now” and only seeing the fact that I’m single as their green light to … behave in ways that make me avoid them. Some friends have similarly bypassed my expression of happy singleness and not sexing to respond by saying, “You’ll find someone. Don’t worry.”
Except I’m the opposite of worried. I’m not missing anything, not in the way I have in the past where I’d sometimes find myself needing someone to have sex with. I mean, I’m sure I’m missing out on experiencing fantasies I hope to enjoy someday, but it’s not bothering me. I’ve met people in the meantime of all this that I’d like to have sex with sometime, twice probably just to be sure, but I’m in zero hurry.
You know, we all read those articles about the supposed benefits or detriments of celibacy. Like, “It clears your head.” “It makes your orgasms stronger.” Or, “it makes you pent up,” as if it could make you emotionally unstable. I think that happens if you’re already emotionally unstable. My orgasms are the same, only different in the way that solo is so very different from shared. Which also happens to be pretty rad, because during this time both Tantus and Lovehoney unknowingly sent me sex toys that kept things interesting.
Others say celibacy can give you a sense of empowerment and control, but that would have to be true for people whose lives already feel out of control and disempowered. Others hate and resent going through what I’ve wandered into, feeling trapped into a gender-adversarial dichotomy where women are “lucky” and men are stuck in a minefield. Some people write about how celibacy makes them really happy, but also parenthesize that happiness with the belief that hedonistic sex or one-night stands are empty and unfulfilling. I don’t believe that; I’ve been plenty fulfilled and stoked after one-nighters, happy too if they don’t stay the night. Everyone has different reasons, I just know that it’s a cycle, and this too shall change.
I don’t know what it has been about, but I think it’s coming to an end soon. I haven’t met anyone or anything like that. There’s no reason. I’m just starting to notice attractive people again. And I’m in no — zero — hurry.
Although, my celibacy has contributed to one thing that may affect my partner choices for a while. I’ve watched a lot of TV in the meantime. So if I happen to meet, say, any of the primary cast of Black Sails or The Magicians, all bets are off.
The post My year of celibacy appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
You Porn n’a rien inventé ! Le SM et tout un tas de paraphilies existaient sous l’antiquité. Qui l’eut cru ? Le mot « orgie »...
The post Orgie : jusqu’où allaient nos ancêtres pendant l’antiquité ? appeared first on Paris Derrière.
En 2011 la comédienne Ina Mihalache crée sa chaîne youtube "Solange te parle" où seule, face à la camera, elle réfléchit, décortique et analyse de façon solitaire.
A travers le livre Très intime, qui m'a été envoyé par les éditions Payot, elle rompt avec ce principe en dialoguant avec 20 femmes entre 18 et 46 ans.
A la naissance de son projet, elle avait décidé de s'inspirer de Sophie Calle en dormant chez les femmes qu'elle souhaitait interviewer. Elle a finalement opté pour des entretiens de 3 heures chez ces femmes. Chaque chapitre constitue donc une interview avec chaque fois des questions différentes. Les parcours sont différents, les sexualités aussi. Elle permet d'accéder à l'intime, aux propos qu'on ne tient presque jamais alors que, pourtant, la sexualité n'a jamais été autant exposée. On y parle sodomie, porno, fellation, fétichisme, consentement, cunnilingus, éjaculation féminine ou sadomasochisme.
Son projet, tient, pour elle, d'une réflexion autour de la sororité afin d'aider les femmes à s'apaiser au sujet de la sexualité.
Sur les vingt femmes interrogées, sept ont été victimes de violences sexuelles. Elles ne le formulent pas toujours de cette façon, le mot "viol" n'est pas forcément prononcé sur des situations le méritant. C'est d'ailleurs peut-être ce qui m'a manqué (même si cela aurait sans aucun doute été un autre livre), qu'il ne soit pas rappelé que certains comportements sont bien des viols même si les victimes ne souhaitent pas les désigner de cette façon.
Les parcours sont tous différents, certains légers et plus anecdotiques, d'autres témoignent de la violence de la sexualité en contexte patriarcal (j'ai encore en mémoire le témoignage de cette femme, qui, ado, a été séquestrée par des camarades) ; certains témoignent enfin d'un empowerment féminin et féministe qui fait plaisir à voir.
The post Très intime de Solange appeared first on Crêpe Georgette.